Karen Akoka

Maître de conférences
Science politique.
UFR de Droit et  Science politique

Institut des Sciences Sociales du Politique
  • THESE

    La fabrique du réfugié à l'Ofpra (1952-1992) : du consulat des réfugiés à l'administration des demandeurs d'asile, soutenue en 2012 à Poitiers sous la direction de Alain Tarrius, membres du jury : Alexis Spire (Rapp.), Stéphane Dufoix (Rapp.), Patrick Weil et Mohamed Kamel Doraï   

  • Karen Akoka, El Asilo y Exilio: Una Historia de la Distincion Refugiado/Migrante, 2022 

    Karen Akoka, Becky Taylor, Marcel Berlinghoff, Shira Havkin (dir.), When Boat People were Resettled, 1975–1983: A Comparative History of European and Israeli Responses to the South-East Asian Refugee Crisis, Springer International Publishing, 2021, Palgrave studies in migration history  

    This book traces the reception and resettlement of Vietnamese, Cambodians and Laotians in France, Germany, the United Kingdom, the Netherlands and Israel during the 'boat people' crisis of 1975-79. These years saw hundreds of thousands of people displaced by the emergence of the Socialist Republic of Vietnam and political instability across south-east Asia. Using a comparative historical approach, the authors demonstrate the multiple ways in which refugees were contested, accepted, received and resettled across different national contexts. This episode is held up today as an example of European generosity. Yet this book illustrates how the reception of boat people in Western Europe and Israel was shaped by the Cold War, and by specific national preoccupations over international prestige, immigration, labour supply and the place of foreign-born strangers in their increasingly diverse societies. While the post-2015 refugee crisis in Europe has often been construed as a new challenge requiring an unprecedented coordinated international response, this book shows the longer history of such dilemmas. Chapter 4 is available open access under a Creative Commons Attribution 4.0 International License via link.springer.com

    Karen Akoka, L'asile et l'exil: Une histoire de la distinction réfugiés/migrants, Cairn et La Découverte, 2020, Sciences humaines, 352 p.  

    La distinction entre réfugiés politiques et migrants économiques s'est aujourd'hui imposée comme une évidence, tout comme la hiérarchie qui légitime l'accueil des réfugiés au détriment des migrants. Ce livre montre que ces définitions en disent plus long sur les États qui les appliquent que sur les individus qu'elles sont censées désigner. Car il n'existe pas de réfugié en soi que les institutions pourraient identifier pour peu qu'elles soient indépendantes ou en aient les moyens. La catégorie de réfugié se reconfigure en réalité sans cesse, au fil du temps, au gré des changements de rapports de force et de priorités politiques. Plutôt que d'analyser les parcours des exilés pour déterminer s'il s'agit de réfugiés ou de migrants, cet ouvrage dissèque l'institution qui les nomme : l'Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra), depuis sa création en 1952. Il établit que la chute du taux de reconnaissance du statut de réfugié est moins liée à la transformation des profils des requérants, à l'obsolescence de la Convention de Genève ou à une perte d'indépendance de l'Ofpra qu'à un changement de subordination. Alors que, pendant la guerre froide, l'assujettissement du droit d'asile aux politiques diplomatiques et le besoin de main-d'oeuvre favorisaient un taux élevé d'accords, son instrumentalisation par les politiques migratoires, dans le contexte de la construction de l'immigration comme problème, entraîne un taux élevé de rejets. En s'intéressant aux acteurs du droit d'asile, à leurs profils et à leurs pratiques les plus quotidiennes, cette sociohistoire, par le bas, des politiques d'asile en France apporte une contribution nouvelle à l'analyse du pouvoir d'État en actes à l'égard des étrangers

    Karen Akoka, David Hamelin, Patrick Gonin (dir.), Migrants d'ici et d'ailleurs du transnational au local: du transnational au local, Atlantique, éditions de l'actualité scientifique Poitou-Charentes, 2009, Cinq heures avec, 194 p.   

  • Karen Akoka, Philippe Hanus, « Requis, rapatriés, transplantés, exilés : les migrations du sud- est asiatique entre décolonisation et guerre froide », Immigrations est et sud-est asiatiques depuis 1860, 2023 

    Karen Akoka, « Les bancs du tribunal de grande instance de Bobigny », Une histoire de l'immigration en 100 objets, 2023   

    Karen Akoka, Emmanuelle Hellio, Laurence Pillant, « Ce que la libre circulation des marchandises fait à celle des individus », Atlas des migrations dans le monde, Armand Colin, 2022, pp. 76-77 

    Karen Akoka, « ‘Boat people’ brought by plane », When Boat People were Resettled, 1975–1983. A Comparative History of European and Israeli Responses to the South-East Asian Refugee Crisis, 2021   

    Karen Akoka, Becky Taylor, Marcel Berlinghoff, Shira Havkin, « Introduction. When Boat People were Resettled », When Boat People were Resettled, 1975–1983, Springer International Publishing, 2021, pp. 1-46 

    Karen Akoka, Camille Schmoll, Olivier Clochard, Iris Polyzou, « What's in a street? Exploring suspend Cosmopolitanism in Trikoupi, Nicosia », Migration, Urbanity and Cosmopolitanism in a Globalized World, Springer, 2021, pp. 101-110   

    Karen Akoka, Olivier Clochard, Iris Polyzou, Camille Schmoll, « What’s in a Street? Exploring Suspended Cosmopolitanism in Trikoupi, Nicosia », in Catherine Lejeune, Delphine Pagès-El Karoui, Camille Schmoll, Hélène Thiollet (dir.), Migration, Urbanity and Cosmopolitanism in a Globalized World, Springer, 2021, pp. 101-110   

    Karen Akoka, Pascaline Chappart, Olivier Clochard, « Les trois subordinations des politiques d'asile », in Yann Scioldo-Zürcher, Marie-Antoinette Hily et Emmanuel Ma Mung (dir.), Étudier les migrations internationales, Presses universitaires François-Rabelais, 2019, pp. 299-320       

    Karen Akoka, « Les transformations de l’Ofpra (1952-2018) », Faire musée d'une histoire commune, 2019 

    Karen Akoka, « Le réfugié, une catégorie au carrefour des discours juridique et politique », in Calabrese Laura, Veniard Marie (dir.), Penser les mots, dire la migration, Academia-L'Harmattan, 2018   

    Karen Akoka, « La création de l’Ofpra entre l’acteur et le champ », in Angoustures Aline, Kévonian Dzovinar, Mouradian Claire (dir.), Réfugiés et apatrides. Administrer l’asile en France (1920-1960), Presses Universitaires de Rennes, 2017, pp. 165-180     

    Karen Akoka, « La demande d'asile en Israël: vers la nationalisation de la procédure de prise en charge », in Luc Cambrézy, Smaïn Laacher, Véronique Lassailly-Jacob, Luc Legoux (dir.), L'asile au sud, La Dispute, 2014     

    Karen Akoka, David Hamelin, Patrick Gonin, « Immigration : histoire et actualité », Migrants d'ici et d'ailleurs du transnational au local, Atlantique, 2009, pp. 9-24   

    Karen Akoka, « La demande d'asile en Israël », L'asile au Sud, La Dispute, 2008 

  • Karen Akoka, « La fabrique des réfugiés dans la Guerre froide : une ethnographie historique des vingt glorieuses de l’attribution de l’asile en France (1952-1972) », Politique et Sociétés, 2019, n°1, pp. 19-48 

    Karen Akoka, « Réfugiés ou migrants ? Les enjeux politiques d’une distinction juridique », Nouvelle revue de psychosociologie, 2018, n°25, pp. 15-30     

    Karen Akoka, Olivier Clochard, Albena Tcholakova, « Editorial: The Condition of Refugee: Subjective Experiences and Collective Mobilisations », Revue Européenne des Migrations Internationales, 2017, n°4 

    Karen Akoka, Olivier Clochard, Albena Tcholakova, « Editorial: The Condition of Refugee: Subjective Experiences and Collective Mobilisations », 2017  

    On Wednesday 8 January 2014, a tent surrounded by banners with various slogans was set up in front of the main entrance of the Cypriot Ministry of the Interior in Nicosia (see Photograph 1). Three people who had been recognised as refugees in Cyprus for almost ten years had been on hunger strike for several weeks; they were asking the authorities to grant them rights similar to those of Cypriots, to take action against the discrimination they face and in favour of the right to naturalisation....

    Karen Akoka, Olivier Clochard, Albena Tcholakova, « Éditorial : La condition de réfugié·e : expériences subjectives et mobilisations collectives », 2017  

    Mercredi 8 janvier 2014, une tente entourée de banderoles sur lesquelles figurent différents slogans est installée devant l’entrée principale du ministère de l’Intérieur chypriote à Nicosie (cf. Photographie 1). Trois personnes reconnues réfugiées à Chypre depuis près de dix ans sont en grève de la faim depuis plusieurs semaines ; elles demandent aux autorités de leur accorder des droits similaires à ceux des Chypriotes, d’agir contre les discriminations qu’elles subissent et pour le droit à ...

    Karen Akoka, « Ce n’est pas une crise des migrants mais une crise des politiques d’hospitalité », Revue Projet, 2017, n°360 

    Karen Akoka, Olivier Clochard, Albena Tcholakova, « Éditorial : La condition de réfugié·e : expériences subjectives et mobilisations collectives », Revue Européenne des Migrations Internationales, 2017, n°4, pp. 7-21   

    Karen Akoka, Olivier Clochard, Albena Tcholakova, « Reconnu.e.s réfugié.e.s et après ? », Revue Européenne des Migrations Internationales, 2017, n°4 

    Karen Akoka, « Telle la marge qui tient la page », Esquisse(s), 2016   

    Karen Akoka, Olivier Clochard, « Régime de confinement et gestion des migrations sur l’île de Chypre », L'Espace Politique, 2015, n°25    

    Chypre, île du sud-est de la mer Méditerranée, est à bien des égards un territoire spécifique : porte d’entrée de l’Union européenne (UE) au carrefour de trois continents (l’Europe, l’Asie et l’Afrique) ; île-État où les questions de souveraineté et d’identité sont d’autant plus exacerbées qu’elle est divisée par une ligne de démarcation séparant deux États et communautés ethnico-religieuses (grecque-orthodoxe et turque-musulmane) ; terre d’émigration de longue date devenue récemment pays d’i...

    Karen Akoka, Alexis Spire, « Pour une histoire sociale de l'asile politique en France », Pouvoirs - Revue française d’études constitutionnelles et politiques, 2013, n°1   

    Karen Akoka, « L’archétype rêvé du réfugié », Plein Droit, 2011, n°90   

    Karen Akoka, « L'archétype rêvé du réfugié », Plein droit , 2011, n° ° 90, pp. 13-16    

    L’idée selon laquelle les étrangers qui sollicitaient l’asile jusqu’au milieu des années soixante-dix étaient de « vrais » réfugiés, à la différence des demandeurs d’asile d’après la fermeture des frontières à l’immigration de travail en 1974, est aujourd’hui largement répandue. Contre cette idée d’un « détournement » de la procédure d’asile par les demandeurs, d’autres défendent, au contraire, celle d’un détournement de la convention de Genève par les institutions. Dans un cas comme dans l’autre, c’est faire l’impasse sur la nature éminemment construite de la qualité de réfugié et éminemment politique de la convention.

    Karen Akoka, « dans la jungle des villes », Vacarme , 2009, n° ° 48, pp. 86-91    

    Résuméde numéro en numéro, reportages aux frontières et sur ceux qui les traversent

    Karen Akoka, Olivier Clochard, « Dans la jungle des villes », Vacarme, 2009, n°48, pp. 86-91   

    Karen Akoka, « Underprivileged Israeli Youth: Changing Perceptions of the Conflict »: This youth is moderating its views under the influence of a changing political climate and of global cultural trends. , Palestine-Israel Journal , 1999, n°4, pp. 37-42   

  • Karen Akoka, Du consulat des réfugiés à l’administration des demandeurs d’asile : la fabrique des réfugiés à l’Ofpra (1952-1992), Migrinter, MSHS, 2013  

    Cette thèse se propose de revenir sur soixante ans de « fabrication » des réfugiés par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) depuis sa création, en 1952, jusqu’en 1992. Ce faisant, elle étudie la trajectoire et la « carrière » de la catégorie de réfugié sur cette période. Cette étude, à la fois sociologique et historique, se situe au carrefour de plusieurs domaines de recherche : une sociologie de l’action publique, du droit et des institutions qui s’inscrit elle-...

  • Karen Akoka, Olivier Clochard, La loi des "jungles" : la situation des exilés sur le littoral de la Manche et de la mer du Nord, 2008, 185 p. 

    Karen Akoka, Access to Quality Education by Asylum-seeking and Refugee Children in France, 2007, 125 p. 

  • Karen Akoka, Nathalie Bernardie-Tahir, Olivier Clochard, Camille Schmoll, Un dimanche à Nicosie, UMR 7301 Migrinter - Migrations internationales, espaces et sociétés, 2013 

    Karen Akoka, Le réfugié est une notion fabriquée au gré des priorités politiques, 2013 

    Karen Akoka, Du consulat des réfugiés à l'administration des demandeurs d'asile: la fabrique du réfugié à l'Ofpra (1952-1992), UMR 7301 Migrinter - Migrations internationales, espaces et sociétés, 2013   

  • Karen Akoka, « Par le droit, pour les droits : cinquante ans de combats du groupe d’information et de soutien des immigré·es », le 15 mars 2024  

    Colloque organisé par La Contemporaine et le Groupe d’information et de soutien des immigré·es (GISTI)

    Karen Akoka, « Droit des étrangers / Droit d’asile », le 04 mars 2020  

    Colloque organisé par le Centre de recherche Léon Duguit, sous la direction scientifique de Claire Brice-Delajoux.

  • Karen Akoka, Medhi Alioua, Chowra Makaremi, Albin Wagener, Objets et sujets de la migration dans l'espace médiatique : construction des discours et des représentations. / Objets et politiques des images 2 : Usages politiques.: Colloque International Migrobjets. 

    Karen Akoka, Valise n°2 : C'est quoi, un réfugié ? 

    Karen Akoka, C’est quoi, un réfugié ? 

    Karen Akoka, Politiques de l'exil - Première partie 

    Karen Akoka, Politiques de l'exil - Deuxième partie 

    Karen Akoka, Babels : la ville comme frontière 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Luca Taiariol, Les vies infâmes de l'asile. La fabrique des réfugiés indignes par le système d'asile français, thèse en cours depuis 2022 en co-direction avec Michèle Baussant  

    Depuis 1951, l'exclusion du statut de réfugié permet aux institutions de l'asile (OFPRA et CNDA en France) de refuser à titre exceptionnel le statut de réfugié à une personne jugée "indigne". Traditionnellement mobilisée contre de hauts responsables politiques ou militaires impliqués dans des crimes de guerre, l'exclusion du statut de réfugié se reconfigure depuis la fin du XXe siècle selon des considérations plus sécuritaires et contre de nouveaux profils, notamment "criminels de droit commun" et "terroristes". Outre ces mutations sociologiques récentes, ce travail entend explorer la manière dont les décisions d'exclusion "débordent" le cadre juridique, c'est-à-dire la façon dont une telle mesure d'exception tend à se normaliser au sein du système d'asile par un ensemble de nouvelles normes et méthodes d'instruction. En considérant dans un même ensemble toutes les personnes jugées indignes de l'asile, au prisme de l'"infamie", cette étude entend ainsi interroger les soubassements moraux et politiques de la fabrique des réfugiés.

    Manon Derue, Parcours d'hébergement des publics exilés dans les dispositifs de "l'urgence sociale, thèse en cours depuis 2022 en co-direction avec Pascale Laborier  

    Cette thèse vise à explorer les modalités de prise en charge des publics exilés – demandeurs d'asile et réfugiés – au sein des dispositifs d'hébergement du secteur de l' « urgence sociale » sur le territoire francilien. L'insuffisance du Dispositif national d'accueil (DNA) en matière d'hébergement des publics exilés les conduit à recourir à des « solutions de replis » pour leur hébergement : campements, squats et bidonvilles, hébergement privé chez des tiers ainsi qu'hébergement dans les dispositifs de prise en charge des publics sans abri. La recherche s'appuie sur une enquête qualitative, principalement réalisée au sein des structures d'hébergement du Samusocial de Paris. À partir d'une analyse des parcours de rue et d'hébergement des personnes exilées, la thèse se propose de cartographier les acteurs, dispositifs et modalités d'hébergement rencontrés par ce public en amont puis au sein de l'hébergement généraliste. Elle vise, réciproquement, à comprendre les effets de l'accueil de ces publics sur le secteur de l'urgence sociale, tant par l'observation des pratiques concrètes d'accueil au sein des structures d'hébergement que par l'analyse des modalités de (re)structuration du secteur et de ses liens avec les politiques migratoires et d'asile. La recherche retrace enfin, dans une perspective socio-historique, la façon dont s'est organisé et structuré l'hébergement des publics demandeurs d'asile et réfugiés depuis l'ouverture des premières structures à leur intention dans les années 1970 jusqu'aux évolutions récentes du DNA et des dispositifs d'hébergement généralistes. A la croisée de la sociologie des migrations et de la sociologie des politiques publiques, la thèse met ainsi au jour les logiques de “cadrage” et de définition qui ont guidé la prise en charge des publics exilés et propose une réflexion plus large sur la sectorisation des politiques sociales et d'asile.

  • Maureen Clappe, Les deux corps de l’interprète : sociologie de l'interprétariat dans les politiques d'asile en France, thèse soutenue en 2023 à Université Grenoble Alpes sous la direction de Ewa Bogalska-Martin, membres du jury : Camille Hamidi (Rapp.), Andrea Rea (Rapp.), Bruno Jobert et Marine Bourgeois  

    À partir du cas des interprètes, cette thèse s’intéresse à la formation et à la mise en oeuvred’un gouvernement des publics par les publics au sein des politiques d’asile. Elle analyse d’unepart, la manière dont se constitue un corps intermédiaire d’interprètes au sein des exilés etd’autre part, comment ces derniers sont sollicités et « mis au travail » par les institutions del’asile. En envisageant l’interprétariat comme un instrument d’action publique, depuis sonapplication à l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA) dans lesannées 1980, la thèse étudie conjointement les logiques de production et de réception de cedispositif. Elle formule l’hypothèse principale selon laquelle les interprètes sont soumis augouvernement des publics en même temps qu’ils « gouvernent » à leur tour d’autres chaînes dedomination vis-à-vis de leurs homologues et des demandeurs d’asile. L’enquête s’appuie surune ethnographie historique multi-située au sein de deux associations locales d’aide auxdemandeurs d’asile et à l’OFPRA. Elle repose sur des entretiens, des observations participantes,des archives et des documents institutionnels. Ses résultats soulignent un processusd’externalisation particulier qui se déroule à l’intérieur des frontières de l’État, où la gestionconcrète des politiques d’asile n’est plus seulement confiée aux associations mais aux individuseux-mêmes, dans la continuité d’une gouvernementalité néolibérale.

    Charlotte Grégoreski, L’accueil de l’Étranger en France et au Chili : esquisse ethnographique et dramaturgique de traumatismes historiques, thèse soutenue en 2021 à Paris EHESS sous la direction de Maria Emilia Tijoux et Véronique Bénéï, membres du jury : Enrique Aliste (Rapp.), Alain Morice (Rapp.), Richard Rechtman, Cécile Canut et Carolina Kobelinsky  

    Ce travail de thèse s’intéresse aux histoires ordinaires et extraordinaires traversant deux lieux d’accueil de l’Étranger séparés par un océan. Il propose de se plonger dans l’univers du Centre Sing, un Centre d’Hébergement d’Urgence pour Migrants situé en région parisienne, et dans celui du Bureau Song, un Bureau Municipal pour les Migrants et les Réfugiés de la commune de Las Violetas, en banlieue de Santiago du Chili. Le Centre Sing accueille des « migrants » (des demandeurs d’asile, des réfugiés, des « dublinés ») évacués des campements se formant dans les rues parisiennes depuis 2015. Le Bureau Song est apparu concomitamment à l’arrivée progressive des Haïtiens au Chili autour des années 2010 ; il s’adresse à toute personne étrangère arrivant et/ou résidant dans la commune de Las Violetas. C’est à partir de la description dense du quotidien de ces deux lieux que les différentes temporalités de l’accueil de l’Étranger, en France et au Chili, se dessinent et dialoguent : de l’actualité et de la cruauté des politiques migratoires contemporaines humanitaires, surgissent, entre autres, des traces laissées par des passés historiques traumatiques. Dans cette thèse, le traumatisme historique est appréhendé comme transgénérationnel et collectif. Il est articulé à l’idée que des événements historiques violents (guerres, colonisations, dictatures, etc.) puissent avoir laissé des traces, palpables au Centre Sing et au Bureau Song. Saisir ce double niveau analytique (décrire des réalités migratoires et remonter, en leur sein, des traces de traumatismes historiques) implique une posture de recherche expérimentale et créative, ainsi qu’une approche interdisciplinaire voire transparadigmatique. Ce travail de recherche s’ancre dans une démarche ethnographique réflexive, une participation-observante et des expérimentations méthodologiques (co-construction des savoirs, création audiovisuelle). Ces expériences de terrain mettent en mouvement différentes disciplines des sciences sociales, parmi lesquelles l’anthropologie, la psychanalyse et la psychogénéalogie, les sciences politiques, le droit, la micro-histoire. Elles ouvrent à de nouvelles pistes conceptuelles : de l’effet disruptif/sensation de choc, à la résonance, de la cruauté d’État à la colère, du malaise à la trace juridique, des mémoires en actes à la résistance/résilience, etc. Structurée en « actes », en référence à la trame narrative du théâtre, cette thèse porte une attention simultanée et sensible à l’ensemble et aux détails de la vie (extra)ordinaire du Bureau Song et du Centre Sing. C’est dans ce double mouvement, dans toute la violence et l’humanité de ces lieux, que s’esquissent, au fil des lignes, de manière diffuse (dans les corps, les mots, les affects, les pratiques, les interactions, les textes de droit, les représentations de l’histoire, etc.) des traces de traumatismes historiques.

    Pauline Brücker, En quête de statut : mobilités et mobilisations des demandeurs d'asile soudanais en Egypte et en Israël (1995-2015), thèse soutenue en 2020 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Catherine Wihtol de Wenden, membres du jury : Michel Agier (Rapp.), Choukri Hmed (Rapp.), Alain Morice et Ibrāhīm ʿAwaḍ  

    A la croisée de la sociologie de l’asile, de la sociologie des politiques migratoires et de la sociologie des mobilisations sociales, cette thèse analyse le phénomène des réfugiés sans asile, et des quêtes de statut qui se déploient dans le temps et l’espace. En analysant cet enjeu partir du cas des exilés soudanais en Egypte et en Israël, cette thèse entend ainsi contribuer, depuis des terrains situés au « Sud », à l’analyse d’une mondialisation de la « crise de l’accueil ». En effet, les dispositifs qui se déploient dans ces deux pays n’offrent que des statuts juridiques précaires et temporaires qui placent continuellement les réfugiés en marge du droit d’asile. Face à ces mécanismes, les réfugiés, souvent perçus comme de simples objets des politiques migratoires, sont définitivement acteurs de cette quête. En manifestant, en résistant, en attendant comme en migrant ailleurs par-delà les frontières, ils agissent et tentent de s’adapter aux formes d’exclusion qu’ils rencontrent pour tracer leur voie vers un avenir meilleur. La quête statutaire étudiée ici apparaît ainsi perpétuellement alimentée par deux forces contraires : des modes d’exclusion qui illégalisent et précarisent les migrants d’un côté ; de l’autre, de multiples formes de résistances déployées pour contrer les exclusions subies. A partir d’une étude ethnographique, transnationale et multisituée, cette thèse reconstitue donc vingt ans de quêtes d’asile soudanaises, en observant les différentes étapes d’exclusion comme des tentatives d’inclusion qui les structurent et en analysant les effets du temps sur la réception des politiques migratoires par les réfugiés.

    Sébastien Thibault, Pour une sociologie politique de la Cour nationale du droit d'asile : histoire, acteurs et fabrique d'une sentence administrative à l'égard des étrangers., thèse soutenue en 2016 à Université ParisSaclay ComUE sous la direction de Patrick Hassenteufel, membres du jury : Guillaume Devin (Rapp.), Alexis Spire (Rapp.), Laurent Willemez et Emmanuel Blanchard  

    Résumé : La Cour nationale du droit d’asile (CNDA) est une juridiction vers laquelle se tournent les demandeurs d’asile après un premier refus du statut de réfugié à l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (OFPRA). Si notre recherche porte sur le phénomène bureaucratique que représente la CNDA, le cœur de cette étude vise le fonctionnement de sa sentence administrative. La sentence désigne aussi bien l’acte du jugement que le verdict rendu suite au délibéré. C’est bien à travers ce double aspect que notre enquête propose d’étudier son exercice en relation avec son histoire, ses acteurs et les conditions de son processus décisionnel. L'objectif est ici de contribuer aux fondations d’une sociologie politique de cette institution qui doit être appréhendée comme une activité sociale et politique, dont le fonctionnement ne peut se départir aussi bien des luttes de pouvoirs et des usages sociaux du droit que de la situation politique générale du pays. En cela, la question se pose : comment le traumatisme et l’exil sont-ils racontés comme récits de vie et compris comme arguments juridiques auprès d’une instance publique dont la tâche est d’accorder un statut social à des individus privés de la protection de leur État d’origine ? Pour y répondre, nous nous intéressons moins aux conditions de production de la loi qu’à sa pratique et à sa place au quotidien, dans une institution où les trajectoires et les discours posent le rapport souvent ambivalent entre la pitié d’un côté, et la légalité de l’autre.