Bertrand Geay

Professeur
Science politique.

Centre Universitaire de Recherches sur l'Action Publique et le Politique - Épistémologie et Sciences Sociales
PUBLICATIONS ENCADREMENT DOCTORAL
  • THESE

    La Fin de l'univers primaire : les instituteurs français et la représentation syndicale, soutenue en 1994 à Paris EHESS sous la direction de Pierre Bourdieu 

  • Bertrand Geay, Joanie Cayouette-Remblière, Patrick Lehingue (dir.), Comprendre le social dans la durée: Les études longitudinales en sciences sociales, Presses universitaires de Rennes et OpenEdition, 2022, 233 p.  

    En 1966, H. Becker écrivait que « les sociologues aiment parler de fonctionnement, de processus, etc., mais [que] leurs méthodes les empêchent, en général, de saisir concrètement les processus dont ils parlent si abondamment ». Près de cinquante ans plus tard, les techniques permettant de saisir les processus in itinere, que l'on a pris pour habitude de qualifier de longitudinales se sont développées. Ce qui frappe aujourd'hui, c'est moins l'absence de méthodes ajustées à l'étude longitudinale des phénomènes que la diversité des techniques et la dispersion des lieux où elles sont débattues. Ces méthodes de recueil et d'analyse longitudinales sont rarement discutées ensemble et sont au contraire souvent présentées comme constitutives de traditions de recherche opposées. C'est à ces différentes manières de faire usage des techniques longitudinales que cet ouvrage voudrait constituer une introduction. En partant d'exemples précis d'études conduites dans des domaines aussi différents que la participation électorale, la socialisation enfantine ou l'intégration des populations migrantes, on souhaite d'abord restituer les enjeux pratiques, théoriques et épistémologiques des différentes techniques de type longitudinal, qu'elles relèvent de l'ethnographie, de la statistique sur grands échantillons de population, du traitement de corpus de documents ou d'archives et de tous les cas intermédiaires de production et d'analyse des données. Résolument pratique, l'approche proposée pourra suggérer la part d'illusion qu'enferme la démarche longitudinale elle-même, comme ambition de rendre exhaustivement compte du social en train de se faire

    Bertrand Geay, Bruno Ambroise (dir.), Langage et politique: L'efficacité du langage en question, Presses Universitaires du Septentrion, 2016, Paradoxa, 225 p.    

    En politique tout particulièrement, parler, c’est déjà agir, ordonner la réalité, produire une vision du monde. Le domaine politique est aussi le théâtre d’échanges qui prennent, pour une large part, la forme de rapports de force. Ce faisant, le langage intéresse pour son efficacité propre, qui ne se réduit pas aux effets rhétoriques qu’il produit. La politique offre ainsi un champ d’étude particulièrement stimulant à qui veut comprendre comment le langage peut se voir doté de cette efficacité particulière qui lui permet, selon les cas, de conforter l’état des choses ou de changer le monde. S’inspirant en toile de fond des études séminales sur les actes de parole de J. L. Austin et des réflexions sur le pouvoir symbolique de P. Bourdieu, ce volume réunit des travaux pluridisciplinaires qui s’attachent à comprendre, dans leur diversité d’aspects, les effets que le langage peut avoir dans les rapports sociaux d’ordre politique

    Bertrand Geay, Jérôme Camus, Sandrine Garcia (dir.), Les structures contemporaines de la "parentalité", Seuil, 2016, 107 p. 

    Bertrand Geay (dir.), Luttes, espérances, utopies, l'Harmattan, 2013, Question sociologiques, 240 p. 

    Bertrand Geay, Le syndicalisme enseignant, Cairn et La Découverte, 2011, Repères  

    Quelles sont les spécificités du syndicalisme dans l’Éducation nationale ? Quelles sont ses origines et quelles évolutions a-t-il connu récemment, de la crise de la fin des années 1980 aux grandes grèves du printemps 2003 ? Comment la syndicalisation dans l’Éducation nationale a-t-elle évolué ? Cet ouvrage apporte tous les éléments objectifs qui permettent d’appréhender les formes de représentation professionnelle caractéristiques du secteur de l’enseignement. Au-delà, l’auteur rend compte des processus de construction et de reconstruction des identités professionnelles propres à ce secteur d’activité. Dans un contexte marqué par de nombreuses tentatives de réforme du système d’enseignement, il met en perspective, en particulier pour les enseignants les plus jeunes ou pour les usagers, les réactions des personnels à ce qu’ils perçoivent comme une remise en cause du service public d’éducation. Il permet aux enseignants les plus insérés dans la profession de se réapproprier une histoire connue le plus souvent sur un mode intuitif

    Bertrand Geay (dir.), La protestation étudiante: le mouvement du printemps 2006, Raisons d'agir, 2009, Cours et travaux, 247 p. 

    Bertrand Geay, Jean-Claude Bourdin, Frédéric Chauvaud, Vincent Estellon, Jean-Michel Passerault (dir.), Michel Foucault. Savoirs, domination et sujet: savoirs, domination et sujet, Presses universitaires de Rennes, 2008, Essais, 300 p. 

    Bertrand Geay, Laurent Willemez (dir.), Pour une gauche de gauche, Ed. du Croquant, 2008, Savoir-agir, 316 p. 

    Bertrand Geay, Sandrine Garcia, Franck Poupeau (dir.), Les contradictions de la démocratisation scolaire, Seuil, 2003, 94 p. 

    Bertrand Geay, Arlette Meunier (dir.), La déscolarisation en France, ARES, 2003, 304 p. 

    Bertrand Geay, Profession, instituteurs: mémoire politique et action syndicale, Seuil et Normandie Roto impression, 1999, Liber, 283 p.   

    Bertrand Geay, Le syndicalisme enseignant, Éditions La Découverte, 1997, Repères ( Sociologie ), 122 p.   

  • Bertrand Geay, Sandra Fontanaud, « Socialisation familiale et fabrication des dispositions langagières précoces », Socialisation familiale des jeunes enfant, Érès, 2021, pp. 75-86 

    Bertrand Geay, Claire Kersuzan, Séverine Gojard, Christine Tichit, Xavier Thierry [et alii], « Les déterminants sociodémographiques et culturels de l'initiation de l'allaitement en France au XXIe siècle », Premiers cris, premières nourritures, Presses Universitaires de Provence, 2019, pp. 460   

    Bertrand Geay, « L'impératif d'autonomie... et ses conditions sociales de production », in in : M. Jouan et S. Laugier (dir.) (dir.), Penser l'autonomie. Entre compétences et dépendances, Paris, PUF, 2008 

    Bertrand Geay, « Déscolarisation », in in : A. Van Zanten (dir.) (dir.), Dictionnaire de l'éducation, Paris, PUF, « Quadrige », 2008, pp. 120-122 

    Bertrand Geay, J.-P. Lecureuil, « Instituteurs en milieu rural : la redéfinition d'un territoire professionnel », in in : Y. Jean (dir.) (dir.), Géographies de l'école rurale. Acteurs, réseaux, territoires, Paris, Ophrys, « Essais géographiques », 2007, pp. 107-121 

    Bertrand Geay, « Réapprendre l'égalité. Les luttes enseignantes du printemps 2003 », in in : J. Lojkine, P. Cours-Salies, M. Vakaloulis (dir.), Nouvelles luttes de classes, Paris, PUF, « Actuel Marx confrontation », 2006, pp. 193-207 

  • Bertrand Geay, « Jeunes aidants : Formes d’aide et relations familiales », Revue des politiques sociales et familiales , 2023, n° °146-147, pp. 131-146    

    Cet article est issu des résultats d’une recherche participative menée en 2020 dans laquelle 48 entretiens ont été réalisés avec des personnes étant ou ayant été jeunes aidants, des professionnels du secteur médico-social, de la santé, de l’Éducation nationale, ainsi que des personnes ressources (experts du handicap, de l’enseignement, du soutien aux aidants, etc.). Il se propose d’analyser comment la situation de « jeune aidant » transforme les relations au sein du foyer. À partir de quand un jeune devient-il aidant de son frère, de sa sœur ou de son parent ? Quelles sont les formes d’aide apportées ? Quels sont les effets de cette aide et sont-ils spécifiques aux jeunes aidants ? Comment transforment-ils les relations familiales ? Cet article a pour vocation de montrer la pluralité et la porosité de la catégorie de « jeune aidant », de décrire les effets de cette aide sur les aidants, notamment ceux qui sont positifs et de détailler la manière dont cette catégorie hybride les modalités relationnelles qui fondent les liens de parenté.

    Bertrand Geay, Flore Moulin, Marion Bailhache, Maeva Monnier, Xavier Thierry [et alii], « Longitudinal impact of psychosocial status on children's mental health in the context of COVID-19 pandemic restrictions », European Child and Adolescent Psychiatry, 2023, n°6, pp. 1073-1082 

    Bertrand Geay, Marion Bailhache, Maeva Monnier, Flore Moulin, Xavier Thierry [et alii], « Emotional and attention-deficit/hyperactivity disorder symptoms of preterm vs. full-term children during COVID-19 pandemic restrictions », Pediatric Research, 2022   

    Bertrand Geay, Maëva Monnier, Flore Moulin, Xavier Thierry, Stéphanie Vandentorren [et alii], « Children's mental and behavioral health, schooling, and socioeconomic characteristics during school closure in France due to COVID-19: the SAPRIS project », Scientific Reports, 2021, n°1, p. 22373   

    Bertrand Geay, Xavier Thierry, Ariane Pailhé, Nathalie Berthomier, Jérôme Camus [et alii], « Les enfants à l’épreuve du premier confinement », Population et sociétés, 2021, n°585, pp. 1-4     

    Bertrand Geay, Marie-Aline Charles, Xavier Thierry, Jean-Louis Lanoë, Corinne Bois [et alii], « Cohort Profile: The French National cohort of children ELFE: birth to 5 years », International Journal of Epidemiology, 2020, n°2, p. 368369     

    Bertrand Geay, Jérôme Camus, Julie Pagis, « Des serious games sociologiques dans la cohorte d'enfants ELFE : faire jouer les enfants pour accéder à leurs visions du monde », Bulletin de Méthodologie Sociologique / Bulletin of Sociological Methodology, 2020, n°1, pp. 99-123   

    Bertrand Geay, « Sociabilité et rapport au voisinage dans les familles homo et hétéroparentales », Dialogue , 2017, n° ° 215, pp. 95-110    

    Basé sur l’exploitation de deux études longitudinales quantitatives ( elfe et devhom) et d’une étude longitudinale qualitative (Génération 2011), cet article interroge le rapport à l’environnement social et les pratiques de sociabilité dans les familles homo et hétéroparentales. On analyse en particulier en quoi les homoparents se rapprochent ou se distinguent des hétéroparents en matière de sociabilité amicale, de pratiques de sorties et de perception du quartier et du voisinage. À partir d’analyses multivariées, il s’agit ainsi de comprendre quelques aspects des logiques selon lesquelles se construit le style de vie des parents et comment il trouve son prolongement dans un style éducatif. À caractéristiques sociales et sexe équivalents, des écarts s’observent entre les deux populations, pointant ainsi leurs spécificités.

    Bertrand Geay, Pierig Humeau, « Sociabilité et rapport au voisinage dans les familles homo et hétéroparentales », Dialogue (Los Angeles, Calif. : 1986), 2017, n°1, pp. 95-110 

    Bertrand Geay, « Devenir parents : Les appropriations différenciées de l’impératif de procréation », Actes de la recherche en sciences sociales , 2016, n° ° 214, pp. 4-29    

    Il est peu de comportements sociaux qui semblent aujourd’hui aller de soi autant que celui consistant à vouloir « avoir un enfant ». À partir de l’exploitation secondaire de deux enquêtes nationales (l’ Enquête histoire familiale et l’ Étude des relations familiales et intergénérationnelles) et d’une étude qualitative longitudinale sur 50 familles, cet article analyse les différentes manières d’entrer dans la vie de famille. Sont tout d’abord examinés les principaux déterminants des variations des modes d’accès au statut de parent. On propose ensuite une approche synthétique de ces variations, à la fois statistique et ethnographique, en reconstituant l’espace des différenciations sociales à l’œuvre dans la production des représentations de la famille et des manières d’entrer dans la vie. Des fractions les plus précaires des classes populaires aux différentes fractions des classes dominantes, on analyse ainsi le poids relatif des ressources économiques et culturelles, des origines sociales, de la trajectoire scolaire et des parcours d’entrée dans la vie dans la constitution des stratégies de reproduction telles qu’on peut les saisir au moment où l’on devient parent.

    Bertrand Geay, Mélissa Arneton, Amélie Courtinat-Camps, Corinne Bois, Corine Bois, « Intérêts et limites des suivis de cohorte pour comprendre les situations de handicap de l’enfant », Spirale - Revue de Recherches en Éducation , 2016, n°57, pp. 109-119        

    L’évolution des compréhensions du handicap dans une perspective situationnelle et relationnelle, et l’apparition du concept «besoins éducatifs particuliers» (BEP), incitent à prendre en compte des besoins individuels de chaque enfant et ce, dès la prime enfance. Dans cette perspective, les bases de données quantitatives construites avec un recueil longitudinal sont une opportunité pour étudier et comprendre les liens entre le contexte familial, les éléments socio-économiques et les expériences vécues. Elles permettent de considérer les BEP et/ou les situations de handicap, dans une perspective vie entière, dès leur apparition, ou dès leur prise en compte, dans le parcours de l’enfant. Notre article se propose de discuter les intérêts et limites de telles bases pour aborder la petite enfance de ces enfants. Deux cohortes pluridisciplinaires de grande envergure sont présentées : la Millennium Cohort Study et la National Educational Panel Study. Deux cohortes françaises sont décrites plus précisément : ELFE et Epipage-2. La conclusion met en perspective les critiques fréquemment adressées aux cohortes avec leur pertinence pour étudier les enfants en situation de handicap.

    Bertrand Geay, Pierig Humeau, « Devenir parents »: Les appropriations différenciées de l’impératif de procréation, Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 2016, n°4, pp. 4-29 

    Bertrand Geay, Pierig Humeau, « Effects of the family structures and the family education on the early development of children. First outcome of the French cohort ELFE at one year », International journal of psychology, 2016, n°1, p. 362 

    Bertrand Geay, « Enquêter sur la socialisation. Les relations entre famille et école maternelle », 2016, pp. 23-28    

    Il existe une grande diversité dans les manières d’entrer à l’école maternelle et dans les relations qui se développent alors entre les familles et l’institution scolaire. L’étude longitudinale ELFE, qui suit la génération d’enfants nés en 2011, permettra d’analyser ces différenciations et de les replacer dans l’ensemble des processus de socialisation précoce. L’objectif est de mieux saisir comment, entre famille et école, s’acquiert le «métier d’élève».

    Bertrand Geay, Claire Kersuzan, Séverine Gojard, Christine Tichit, Sophie Nicklaus [et alii], « Durée de l’allaitement en France selon les caractéristiques des parents et de la naissance. Résultats de l’étude longitudinale française Elfe, 2011 », Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire - BEH, 2015, n°27, pp. 522-532     

    Bertrand Geay, « La territorialisation éducative, entre dynamiques structurales et action politique », 2015, pp. 29-33    

    Je souhaiterais évoquer ici l’évolution des modèles d’analyse en sociologie de l’éducation depuis vingt-cinq ans en France, en particulier autour de la dimension territoriale des phénomènes éducatifs. Bien entendu, une telle évolution n’est pas disjointe des transformations objectives du système d’enseignement et des politiques scolaires. Malgré tout, il existe une dynamique propre au champ de production des sciences sociales, où les déterminations externes se redéfinissent dans la logique spécifique des controverses scientifiques, avec leurs règles particulières de validation et leurs héritages historiques.

    Bertrand Geay, Claire Kersuzan, Severine Gojard, Christine Tichit, Xavier Thierry [et alii], « Prévalence de l’allaitement à la maternité selon les caractéristiques des parents et les conditions de l’accouchement. Résultats de l’Enquête Elfe maternité, France métropolitaine, 2011 », Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire - BEH, 2014, n°27, pp. 440-449     

    Bertrand Geay, Sandra Wagner, Claire Kersuzan, Séverine Gojard, Sophie Nicklaus [et alii], « P231: Déterminants socioculturels de l’initiation et de la durée d’allaitement en France : premiers résultats de l’étude nationale ELFE », Nutrition Clinique et Métabolisme, 2014, n°12014, pp. 189-190   

    Bertrand Geay, « Les relations entre parents et personnels d’accueil de jeunes enfants. La transmission des normes au prisme des rapports entre classes sociales », 2014, pp. 35-44    

    À partir d’une enquête conduite pendant un an auprès de cinquante familles appartenant aux catégories sociales les plus variées, l’auteur examine les relations que les parents entretiennent avec les différents types de personnels d’accueil des jeunes enfants. L’analyse permet de mettre en évidence un espace de différenciations dans les manières d’être parent et de percevoir les normes transmises par les différentes institutions qui concourent à l’encadrement de la vie familiale. Elle souligne également le poids de l’appartenance sociale des personnels dans la manière dont ils entrent en relation avec les familles. Par exemple, des relations spécifiques d’affinité sont observées entre les assistantes maternelles agréées et les catégories intermédiaires, entre les classes populaires et les classes moyennes. Se dessinent également des relations privilégiées, mais plus dissymétriques, entre, d’une part, les crèches collectives et le pôle cultivé des classes supérieures et, d’autre part, les employées à domicile et le pôle économique des classes supérieures. Les fractions les plus précaires des classes populaires restent à distance de toute prise en charge extérieure à la famille et aux proches.

    Bertrand Geay, « La socialisation des enfants saisie par l'enquête quantitative : Entretien avec Bertrand Geay sur l'Étude longitudinale française depuis l'enfance (ELFE) », Politix , 2012, n° ° 99, pp. 201-215   

    Bertrand Geay, Wilfried Lignier, Cédric Lomba, « La socialisation des enfants saisie par l'enquête quantitative. Entretien avec Bertrand Geay sur l'Étude longitudinale française depuis l'enfance (ELFE) », Politix, 2012, pp. 201-215 

    Bertrand Geay, Véronique Rauline, « Faire et défaire la mondialisation », Regards Sociologiques, 2012, n°4344 

    Bertrand Geay, « La construction institutionnelle de la déscolarisation », 2012, pp. 77-85    

    Si la question de la déscolarisation fait l’objet actuellement de tout un travail institutionnel, on ne peut dissocier celui-ci de l’espèce d’invisibilisation des enjeux sociaux et des enjeux proprement scolaires qui accompagnent sa mise en scène. Derrière des catégories floues s’opère une mise en cause larvée et à l’économie de l’École unique.

    Bertrand Geay, « Les libertés démocratiques au sein de l'enseignement primaire français », Les Sciences de l'éducation pour l'ère nouvelle : revue internationale, 2008, pp. 59-74 

    Bertrand Geay, R. Bodin, J. Camus, « Le corps mobilisé. Les étudiants en lutte contre le CPE », Regards Sociologiques, 2008, pp. 93-109 

    Bertrand Geay, « L'ordinaire du congrès. Les fonctions sociales d'un rituel syndical », Cahiers de la recherche sur l'éducation et les savoirs, 2006, n°5, pp. 297-321 

    Bertrand Geay, « Du cancre au sauvageon : Les conditions institutionnelles de diffusion des politiques d' insertion et de tolérance zéro », Actes de la recherche en sciences sociales , 2003, n° ° 149, pp. 21-31    

    RésuméDepuis la fin des années 1980, la question scolaire est de plus en plus posée en termes d’intégration normative des élèves et de relations entre l’école et le « monde du travail ». Par le développement des politiques de lutte contre les « violences scolaires » et contre l’absentéisme, ainsi que par l’appropriation des pratiques qui s’étaient développées dans le secteur de « l’insertion », l’institution scolaire a opéré une sorte d’adaptation structurelle aux transformations des conditions sociales et scolaires en développant à ses marges de nouveaux modes de gestion des publics déviants. Une enquête, menée auprès d’un ensemble de professionnels de l’Éducation nationale, du travail social, du secteur de la police et de la justice, montre que l’un des aspects majeurs de ces transformations est d’avoir constitué un espace élargi de coopérations inter-institutionnelles. Dans ces interactions se jouent tout à la fois le traitement appliqué aux différentes espèces de déviants ou « sans affectation » et la redéfinition des attributions respectives des différentes catégories professionnelles impliquées. Les reconfigurations institutionnelles induites par ces nouvelles politiques publiques accompagnent le développement des mesures de type répressif et des pratiques issues de « l’insertion », tout en créant les conditions de leur propre perpétuation.

    Bertrand Geay, « Du cancre au sauvageon », 2003, pp. 21-31    

    Du «cancre» au «sauvageon». Les conditions institutionnelles de diffusion des politiques d'«insertion» et de «tolérance zéro». Depuis la fin des années 1980, la question scolaire est de plus en plus posée en termes d'intégration normative des élèves et de relations entre l'école et le «monde du travail». Par le développement des politiques de lutte contre les «violences scolaires» et contre l'absentéisme, ainsi que par l'appropriation des pratiques qui s'étaient développées dans le secteur de «l'insertion», l'institution scolaire a opéré une sorte d'adaptation structurelle aux transformations des conditions sociales et scolaires en développant à ses marges de nouveaux modes de gestion des publics déviants. Une enquête, menée auprès d'un ensemble de professionnels de l'Éducation nationale, du travail social, du secteur de la police et de la justice, montre que l'un des aspects majeurs de ces transformations est d'avoir constitué un espace élargi de coopérations inter-institutionnelles. Dans ces interactions se jouent tout à la fois le traitement appliqué aux différentes espèces de déviants ou « sans affectation » et la redéfinition des attributions respectives des différentes catégories professionnelles impliquées. Les reconfigurations institutionnelles induites par ces nouvelles politiques publiques accompagnent le développement des mesures de type répressif et des pratiques issues de «l'insertion», tout en créant les conditions de leur propre perpétuation.

    Bertrand Geay, « La construction institutionnelle de la déscolarisation », 2003, pp. 19-27    

    Si la question de la déscolarisation fait l’objet actuellement de tout un travail institutionnel, on ne peut dissocier celui-ci de l’espèce d’invisibilisation des enjeux sociaux et des enjeux proprement scolaires qui accompagnent sa mise en scène. Derrière des catégories floues s’opère une mise en cause larvée et à l’économie de l’École unique.

    Bertrand Geay, « Entre symbole et instrument : le dictionnaire à l'école primaire », 1995, pp. 59-68    

    Aujourd'hui largement diffusé, le dictionnaire de langue française a toutes les caractéristiques d'un objet banal, et son utilisation scolaire semble relever d'une logique purement technique. Pourtant, sa fonction quasi-officielle de normalisation linguistique en fait un objet bien particulier, concentré de l'histoire de la langue et témoin de sa standardisation. Comme le montre une rapide investigation historique, le dictionnaire a occupé une place de première importance dans le développement de l'Ecole et des pratiques scolaires sous la III ème République, devenant un véritable symbole de la culture primaire. Sa diffusion et son utilisation connaissent actuellement un regain manifeste, dont il est encore difficile de savoir s'il recouvre une forme nouvelle de fétichisme linguistique ou le développement d'une pédagogie rationnelle d'appropriation de la langue.

    Bertrand Geay, « Espace social et coordinations », 1991, pp. 2-24    

    Espace social et "coordinations". Les "coordinations" d'instituteurs qui se sont constituées en janvier-février 1987 furent le révélateur et l'instrument d'une remise en cause des formes traditionnelles de représentation syndicale de ce groupe professionnel. On tente ici de décrire les nombreux liens existant entre l'organisation de l'Ecole primaire et la structure du champ syndical des instituteurs, ainsi que la diversification des attitudes politiques qui résulte de la transformation du recrutement de cette profession. Le développement de cette nouvelle forme de luttes sociales représentée par la "coordination" apparaît en effet comme le résultat d'un travail de mobilisation qui réactive des oppositions culturelles nées de la transformation des logiques d'accès au métier d'instituteur. Les modalités de regroupement et le style des "coordinations" renvoient aux contraintes, parfois contradictoires, du jeu syndical propre au groupe professionnel des instituteurs et à celles du jeu politique. Ce travail qui associe l'analyse statistique à de nombreuses observations ethnographiques permet, à partir d'un cas particulier mais significatif, de dégager certaines tendances à l'oeuvre dans l'actuelle transformation des luttes pour la représentation des groupes sociaux.

  • Bertrand Geay, Amélie Courtinat-Camps, Mélissa Arneton, Cécile Girault, Laurence Joselin [et alii], Les enfants à besoins éducatifs particuliers de 0 à 2 ans : analyses secondaires de données longitudinales (issues de ELFE et de Génération 2011) , 2017   

    Bertrand Geay, Processus de déscolarisation et interventions institutionnelles, 2002 

  • Bertrand Geay, Sandra Fontanaud, « Socialisation familiale, jeu symbolique et construction de l’identité sociale et sexuée de l’enfant », Le jeu : entre familles et institutions. Approches pluridisciplinaires des acteurs, des territoires et des enjeux sociaux, Bordeaux, le 19 octobre 2020 

    Bertrand Geay, Sandra Fontanaud, « L’imagination morale des enfants, une étude des goûts et des pratiques de jeu symbolique à l’âge de 5 ans et demi », XXIe congrès international des sociologues de langue française (AISLF), Tunis (Université de Tunis) Tunisia (TN), le 06 juillet 2020 

    Bertrand Geay, Sandra Fontanaud, Maíra Mamede, Christophe Joigneaux, « Primes socialisations langagières, classements et inégalités scolaires », Classer, Déclasser, Reclasser, Aix-en-Provence, le 27 août 2019 

    Bertrand Geay, Sandra Fontanaud, « Socialisation familiale et fabrication des dispositions langagières précoces », Colloque international « Bébé, petite Enfance en COntexte », Toulouse (Museum d'Histoire Naturelle), le 15 mai 2019 

    Bertrand Geay, Mélissa Arneton, Amélie Courtinat-Camps, Cécile Girault, Sandra Fontanaud [et alii], « Approches individuelles et environnementales du handicap dans le cadre d’une cohorte longitudinale pluridisciplinaire d’enfants, ELFE & Génération 2011 », 57e Congrès annuel de la Société Française de Psychologie, Nanterre, le 07 septembre 2016   

    Bertrand Geay, Isabelle Charpentier, Bernard Pudal, « Sur la publication "Le For intérieur (1995)" », Les 40 ans des publications du CURAPP-ESS : croiser les champs disciplinaires, Amiens, le 13 janvier 2016   

    Bertrand Geay, Blandine de Lauzon-Guillain, Sandra Wagner, Claire Kersuzan, Camille Davisse-Paturet [et alii], « Allaitement et préparations infantiles », Journées parisiennes de pédiatrie, Paris, le 07 octobre 2016 

    Bertrand Geay, Sandra Wagner, Claire Kersuzan, Séverine Gojard, Christine Tichit [et alii], « Initiation de la diversification alimentaire selon les caractéristiques des parents, de l’enfant et de la naissance. Résultats de l’étude longitudinale française Elfe (2011) », 13. journées francophones de nutrition (JFN), Marseille, le 08 décembre 2015 

    Bertrand Geay, Sandra Wagner, Claire Kersuzan, Severine Gojard, Christine Tichit [et alii], « Les déterminants sociodémographiques et culturels de l’initiation de l’allaitement en France : une analyse exploratoire des données de la cohorte Elfe », Colloque international "Allaitement et pratiques de sevrage : approches pluridisciplinaires et diachroniques", Paris, le 06 novembre 2014       

    Bertrand Geay, Sophie Richardot, Nathalie Oria, « Trajectoires socioprofessionnelles, systèmes de valeurs et modes d'entrée dans la vie chez les jeunes d'origine populaire », Communication au 4èmes rencontres Jeunes & Sociétés (RJS) en Europe et autour de la Méditerranée organisé par l'Université de Bologne, Forli Italy (IT), le 23 mars 2009 

    Bertrand Geay, R. Bodin, J. Camus, N. Lefol, « Usages de la violence et de la non-violence dans les mobilisations étudiantes », Congrès international L'homme au cœur des dynamiques sociales, territoriales et culturelles, MSHS de Poitiers, le 01 octobre 2008 

    Bertrand Geay, R. Bodin, J. Camus, « "Massification", integration and collective action. A French student movement in comparative perspective », XIIIe World Congress of Comparative Education Societies “Living together”, Sarajevo Bosnia and Herzegovina (BA), le 03 septembre 2008 

    Bertrand Geay, N. Lefol, « Dispositions et pratiques politiques lors du mouvement étudiant français du printemps 2006 », XVIIIe congrès international de l'AISLF, Istanbul Turkey (TR), le 07 juillet 2008 

    Bertrand Geay, R. Bodin, J. Camus, « Massification, lutte contre le déclassement et engagement . La mobilisation anti-CPE comme analyseur », Ce que l'école fait aux individus, Nantes, le 16 juin 2008 

    Bertrand Geay, « Parole, corps et action collective », Langage et politique. Linguistique, sociologie, épistémologie, Amiens, le 26 mars 2008 

    Bertrand Geay, « Objectivation et autoanalyse : une sociologie de la pratique militante », Théories de la pratique. Bourdieu et l'idée de sociologie critique, Amiens, le 06 février 2008 

    Bertrand Geay, « Intervention au colloque », Cent ans de mouvements étudiants en questions, Paris, le 17 novembre 2007 

    Bertrand Geay, « Les transformations des modes d'engagement dans le premier degré », Intervention à l'Université d'automne du SNUipp-FSU, La Londe les Maures, le 28 octobre 2007 

    Bertrand Geay, R. Bodin, J. Camus, « Jeunesse, travail et action collective : le cas des étudiants français mobilisés contre le Contrat Première Embauche », 3e Rencontres Jeunes & Sociétés en Europe et autour de la Méditerranée, Marseille, CEREQ, le 24 octobre 2007 

    Bertrand Geay, « L'impératif d'autonomie : une critique non anti-individualiste de l'autonomie », Colloque international Autonomie, moralité, affectivité, Amiens, Curapp, le 06 mars 2007 

    Bertrand Geay, R. Bodin, J. Camus, « Une politique de l'apolitisme. La fabrication d'une mobilisation exceptionnelle », Carrières militantes et trajectoires professionnelles : l'engagement dans les mouvements étudiants comme lieu de socialisation politique, ENS-LSH Lyon, le 24 novembre 2006 

    Bertrand Geay, « La production de l'ordre scolaire : dispositifs disciplinaires et modes de socialisation », Savoirs, domination et sujet. Usages contemporains de l'œuvre de Michel Foucault, UFR Sciences Humaines et arts, Poitiers, le 31 mai 2006 

Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Yannick Martell, Les recompositions de la cause de l'"économie autrement" : genèse, usages et institutionnalisation de la catégorie d'"innovation sociale" en France, thèse soutenue en 2022 à Amiens, membres du jury : Matthieu Hély (Rapp.), Xabier Itçaina (Rapp.), Anne Bory et Florence Ihaddadene  

    Reposant sur l'analyse d'entretiens, de statistiques, d'archives et d'observations, cette thèse s'intéresse aux représentations de la cause de l'"économie autrement" et à l'institutionnalisation de ces dernières dans l'action publique locale à partir du cas de l'"innovation sociale". En analysant ces dynamiques à travers le concept de catégorie d'action publique, cette thèse entend étudier les modalités par lesquelles cette cause se (re)formule en fonction des configurations socio-historiques qu'elle traverse. En examinant le succès contemporain de l'innovation sociale, nous avons montré dans une première partie que pour s'imposer cette catégorie a eu recours à des mots d'ordre déjà en circulation dans le champ politique tout comme à la légitimité de productions scientifiques afin d'apporter à cette cause la crédibilité qui lui fait défaut. La seconde partie, tout en interrogeant les conditions de mise en place d'actions spécifiques pour l'innovation sociale, cherche à interroger la manière dont ces représentations, une fois légitimées par l'État, participent différemment à redéfinir l'identité des acteurs du secteur en les incitant à se penser à travers cette dernière. À la croisée d'une sociologie des catégories d'action publique et de l'"économie sociale et solidaire", cette thèse entend apporter un éclairage à la question du lien entre la cause de l'"économie autrement" et l'action publique

    Nada Chaar, Entrer dans l'action : socialisation au métier et socialisation à l'action collective des enseignants débutants du second degré général et technologique public, thèse soutenue en 2020 à Amiens, membres du jury : Anne Barrère (Rapp.), Sandrine Garcia (Rapp.), Ludivine Balland  

    Les enseignants forment un groupe mobilisé et marqué par une forte tradition syndicale. Cet héritage semble néanmoins en crise dans un contexte de renouvellement socio-démographique et générationnel du groupe et de transformations institutionnelles importantes de l'école. Certes, les analyses les plus récentes insistent sur le maintien d'une forte politisation et d'un fort investissement collectif des individus. Elles n'en soulignent pas moins le rapport désormais plus distancié des individus à la profession et à ses organisations. Les débuts de carrière offrent un cadre idéal pour analyser la manière dont les enseignants débutants entrent à la fois dans le métier et dans le groupe organisé. C'est la rencontre entre les dispositions que les individus importent dans l'espace professionnel et les processus de socialisation à l'action collective que ce travail s'attache à analyser. Une enquête longitudinale, quantitative et qualitative, par questionnaires et entretiens, a été menée auprès de 112 enseignants du second degré général et technologique public pendant leurs trois premières années dans les trois académies d'Île-de-France. Ce travail décrit d'abord les propriétés socio-scolaires des enquêtés et leurs représentations du métier, qui sont proches de celles des enseignants recrutés depuis la rénovation institutionnelle de la formation et la création des IUFM dans les années 1990. On s'attache ensuite à décrire une entrée dans le métier par la difficulté : celle de l'année de stage, dans un contexte particulier de réforme, entre 2010 et 2013, des modalités d'entrée dans le métier, mais aussi plus généralement celle des premières années, qui sont celles des affectations sur postes de remplacement et dans les établissements "difficiles" de l'éducation prioritaire. Dans ces contextes, la troisième partie montre que presque tous les individus participent de manière différenciée à l'action collective, à la fois en fonction de leurs dispositions politiques importées et de leur capacité à s’ancrer dans des espaces locaux de mobilisation. Si les individus reçoivent le syndicalisme enseignant selon des modalités différenciées en fonction de leur propre politisation et de leur situation professionnelle, l'établissement apparaît, pour ceux qui trouvent à s'y stabiliser, comme un espace particulièrement efficace d'enrôlement des individus, quelles que soient leurs dispositions politiques importées, dans l'action collective. Une analyse des correspondances multiples, complétée par une classification ascendante hiérarchique, achève ce travail, en inscrivant la diversité des rapports individuels à l'action collective dans une typologie qui prend en compte à la fois les formes, les temporalités et les trajectoires de mobilisation des individus. Une partie minoritaire des individus évitent l'action collective professionnelles dans ses dimensions les plus syndicales et politiques mais finissent par y entrer par la participation à la vie institutionnelle locale de l'établissement. Les individus les plus isolés professionnellement mettent à profit l'assistance et les informations des syndicats. Enfin, une partie minoritaire mais importante des individus, politisés à gauche et favorablement disposés à l'égard de l'action collective contestataire/revendicative et inscrits dans des situations locales de mobilisation, apparaissaient comme investissant l'action collective dans toutes ses dimensions

    Marion Berard, Pratiquer la philosophie par la discussion. Le cas de la philosophie avec les enfants, thèse en cours depuis 2019 en co-direction avec Layla Raid  

    Matthew Lipman et Ann Margaret Sharp, pionniers des pratiques de philosophie avec les enfants qui se répandent aujourd'hui sur tous les continents, se donnaient pour but de « transformer la classe en communauté de recherche philosophique ». La « communauté de recherche », qui désigne le dispositif pédagogique concret de pratique de la discussion philosophique qu'ils ont élaboré, est aussi une notion philosophique dont ils attribuent l'origine au courant pragmatiste (Charles S. Peirce, John Dewey) et qui renvoie à un modèle épistémologique caractérisé par l'intersubjectivité. Cette étude vise à caractériser et à questionner la notion d'intersubjectivité – en son sens épistémologique, qui fait de la discussion entre plusieurs sujets un critère de validité des énoncés – à partir du cas de la discussion philosophique avec des enfants. Revenant aux sources pragmatistes du travail de Lipman et Sharp, elle montre en quoi l'intersubjectivité en tant que critère épistémologique est indissociable pour eux d'enjeux anthropologiques, éthiques et politiques. À partir de là, ce travail prend ses distances avec une représentation abstraite et formelle de l'intersubjectivité comme rencontre des points de vue, pour en construire une conception incarnée, comprise comme dialogue entre des voix, qui implique d'être capable d'exprimer sa voix et de prêter attention à celle des autres. L'étude adopte une méthode de philosophie de terrain, appuyée sur une enquête de terrain constituée d'observations participantes d'ateliers de philosophie en milieu scolaire, et sur un cadre théorique caractérisé par le refus du dualisme entre théorie et pratique et l'attention à l'ordinaire (pragmatisme, éthiques particularistes du care, philosophie de l'éducation wittgensteinienne et cavellienne). Au-delà du cas de la discussion philosophique avec les enfants, elle propose une réflexion conceptuelle qui touche à la philosophie de la connaissance, la méta-philosophie, l'éthique, la philosophie politique et la philosophie de l'enfance.

    Sandra Fontanaud, La production des ancêtres , thèse soutenue en 2012 à Amiens en co-direction avec Laurent Willemez  

    Le statut particulier de la généalogie au sein des pratiques culturelles et sociales est problématique depuis les années 1990. A mi-chemin entre l'histoire universitaire et le loisir traditionnel, la généalogie cherche sa place, La recherche d'ancêtre n'est pas un fait nouveau ; on la retrouve à toutes les époques de l'histoire de la France. Après avoir permis à une classe dominante de justifier et conforter sa place dans la société pendant des siècles, la généalogie est devenue un loisir plébiscité par la classe moyenne, un passe-temps peu ordinaire à la portée de tous. Alors que les historiens n'y voient toujours qu'une pratique amateur, sans méthode de recherche reconnue, sans diplôme la sanctionnant, l'espace généalogique s'organise. A travers la généalogie, en tant qu'objet, c'est institutionnalisation d'une pratique culturelle, l'appropriation et la démocratisation d'une discipline par des amateurs qui sont données d'étudier.

    Pierig Humeau, Sociologie de l'espace punk indépendant français , thèse soutenue en 2011 à Amiens  

    Cette thèse a pour objet l'espace punk "indépendant" français : elle s'intéresse à la sociogenèse de ce style, aux dispositions à devenir et à être punk, au viellissement politico-artistique et à ses spécificités contemporaine d'existence. En étudiant la morphologie sociale des avant-gardes punks anglo-saxonnes et françaises, sous le prisme des échanges internationaux de biens culturels et symboliques, elle rend compte, à partir des analyses prosopographiques, de la façon dont se transmettent et se réapproprient des manières de faire et de penser Do It Yourself ("fais-le toi même") pour les générations suivantes. A partir de là, elle appréhende successivement les trajectoires, la topographie de l'espace punk contemporain, l'apprentissage par corps et l'incorporation de ce goût définissant l'hexis corporelle punk, pour dévoiler, dans un premier temps, comment ces carrières s'étayent, dans la pratique, par des modalités spécifiques de vieillissement politico-artistique.

    Nicolas Lefol, L'espace social de l'entrée dans la vie , thèse soutenue en 2011 à Poitiers sous la direction de Jean-Paul Géhin  

    Cette thèse se propose d'interroger l'entrée dans la vie des jeunes de classes populaires dont une partie d'entre-eux passent par des filières dites « adaptées ». Par filière « adaptée » nous entendons une forme de régulation institutionnelle qui s'exerce dans le système éducatif et qui travaille au « devenir adulte » des classes populaires. Qui sont ces jeunes ? Que retiennent-ils de l'école ? Comment s'insèrent-ils à la sortie du système éducatif ? Comment perçoivent-ils le marché du travail, et le monde social autour d'eux? Nous discutons l'idée de condamnation à la jeunesse associée aux difficultés que les classes populaires rencontrent sur le marché de l'emploi. Nous avons mis à jour l'espace des pratiques sur le marché du travail ou sur le marché relationnel-matrimonial en tenant compte des différenciations internes qui travaillent les groupes sociaux dont ils sont issus. Nous montrerons comment le marché relationnel-matrimonial, devient à terme une compensation à l'exclusion dont ils font l'objet sur le marché du travail. Enfin, nous interrogeons les formes des encadrements institutionnels qui sont rencontrées au cours des trajectoires, dans le but de cerner les effets de ces rencontres, en nous intéressant aux moyens mis en œuvre, discours, pratiques des professionnels qui les accompagnent.

    Frédérique Petit Ballager, Le traitement scolaire de "l'élève difficile", de la prévention à la précaution, thèse soutenue en 2008 à Amiens en co-direction avec Françoise Ropé 

    Romuald Bodin, Sens pratique et sens de la pratique en éducation spécialisée , thèse soutenue en 2008 à Paris EHESS en co-direction avec Remi Lenoir  

    L'objectif de cette thèse est de travailler tout à la fois sur les pratiques concrètes des éducateurs spécialisés et sur le sens de cette pratique tel qu'il peut varier avec le contexte social, institutionnel et politique. On décrit et analyse en ce sens des activités professionnelles certes complexes et ambivalentes, voire équivoques, mais que l'on montre être inscrites dans un processus beaucoup plus général de contrôle et de régulation bureaucratiques des rapports sociaux institué par l'État social moderne. Pour ce faire, il a d'abord fallu reconstruire le «sens pratique» de l'éducateur spécialisé au moyen de la méthode de l'observation ethnographique. Il a ensuite fallu saisir les trajectoires sociales qui prédisposent à cette activité et replacer l'ensemble de ces observations dans le cadre historique de leur apparition puis de leur évolution.

  • Florence Cesbron, Les enseignants liés aux immigrations et transmission du cadre culturel de l'école publique française dans le bassin creillois entre 2003 et 2007, thèse soutenue en 2014 à Amiens sous la direction de Claude Carpentier  

    Qu'il s'agisse de la place des « enseignants liés aux immigrations » dans l'ensemble de la profession ou de leurs représentations du métier, cette thèse constate que ces professionnels sont avant tout des « enseignants comme les autres ». Cette caractéristique essentielle est cependant à nuancer si l'on approfondit l'analyse. Des différences assez faibles, mais non négligeables, existent quant aux types de postes qu'ils occupent et quant à leurs perceptions des élèves et du rôle de l'enseignant. Les contradictions propres au système scolaire, relatives aux inégalités de transmission des savoirs et d'orientation des élèves, sont observées de manière légèrement différente par les enseignants selon leurs liens aux immigrations. Les jeunes enseignants liés aux immigrations postcoloniales et socialisés dans les quartiers populaires forment la catégorie la plus sensible à ces questions, dans toutes les acceptions du terme. Cependant, à l'instar de leurs collègues non liés aux immigrations, la trajectoire personnelle de l'ensemble des enseignants liés aux immigrations ainsi que les caractéristiques du segment professionnel dans lequel ils exercent (principalement le public scolaire de leur établissement) sont les facteurs déterminants de l'élaboration de leurs représentations concernant la diversité culturelle et les rapports sociaux et scolaires, qu'ils considèrent plus ou moins de façon ethnicisée. Leurs liens aux immigrations contribuent à leur singularité, sans constituer pour autant des atouts particuliers dont l'institution scolaire pourrait se contenter. Ils ont, comme l'ensemble de leurs collègues, besoin que celle-ci s'engage le plus clairement possible sur ces axes.

    Sylvie Aebischer, « Mettre l’élève et le management au centre du système » , thèse soutenue en 2010 à Lyon 2 sous la direction de Jean-Louis Marie  

    Cette thèse revient sur l'élaboration de la loi d'orientation sur l'éducation de 1989 et examine plus particulièrement les conditions de la circulation des idées pédagogiques au sein du ministère de l'éducation nationale. Elle interroge les liens entre pensée pédagogique innovante et réforme managériale de l'Etat et propose un double point de vue sur la genèse de cette loi. Elle s'interroge d'abord sur le temps court de la réforme par une étude détaillée des acteurs, des activités et des productions discursives du cabinet Jospin. Elle propose ensuite une contextualisation historique de temps long à travers une histoire des politiques scolaires et des positions pédagogiques défendues à la fois par le parti socialiste et la Fédération de l'Education Nationale. La question de la circulation des idées est abordée notamment au travers de la constitution des cultures professionnelles, politiques et syndicales et des mécanismes concrets de l’appropriation et de la restitution des idées par les acteurs.

    Sylvie Aebischer, « Mettre l'élève et le management au centre du système », thèse soutenue en 2010 sous la direction de Jean-Louis Marie, membres du jury : Frédéric Sawicki    

    Cette thèse revient sur l'élaboration de la loi d'orientation sur l'éducation de 1989 et examine plus particulièrement les conditions de la circulation des idées pédagogiques au sein du ministère de l'éducation nationale. Elle interroge les liens entre pensée pédagogique innovante et réforme managériale de l'Etat et propose un double point de vue sur la genèse de cette loi. Elle s'interroge d'abord sur le temps court de la réforme par une étude détaillée des acteurs, des activités et des productions discursives du cabinet Jospin. Elle propose ensuite une contextualisation historique de temps long à travers une histoire des politiques scolaires et des positions pédagogiques défendues à la fois par le parti socialiste et la Fédération de l'Education Nationale. La question de la circulation des idées est abordée notamment au travers de la constitution des cultures professionnelles, politiques et syndicales et des mécanismes concrets de l’appropriation et de la restitution des idées par les acteurs.

    Marie Pierre Dencuff, L'éducation dans la presse , thèse soutenue en 2010 à AixMarseille 1 sous la direction de Samuel Johsua  

    Cette recherche se situe dans le domaine de la manifestation organisée des systèmes sociaux dans une perspective de changement. Elle vise à observer l'École en tant qu'institution où les acteurs agissent collectivement en reproduisant certains aspects du système. On pourrait même avancer que ce sont les pratiques quotidiennes de ces acteurs (ensemble de règles) qui assurent le maintien de l'institution dans le temps et dans l'espace. À partir de la théorie de la structuration d'Antony Giddens (1987) et de la théorie morphogénétique de Margaret Archer (1995), considérant que le thème de l'École revient régulièrement dans les médias et supposant que le système scolaire s'adapte à la société, la recherche s'intéresse à trois aspects de l'éducation : 1) la perméabilité de l'école aux changements sociaux 2) la représentation d'un modèle éducationnel accessible au sens commun et en particulier à un lecteur type, lisant quotidiennement Le Monde durant l'année 2000 3) les comportements scolaires susceptibles de participer ou de nuire à l'établissement de la situation d'enseignement. L'analyse de contenu, a permis d'observer des articles, des fragments de ces articles contenant des règles, des programmes et des attentes sur l'École et des énoncés formalisés par le chercheur. Deux niveaux d'analyse ont ainsi pu être obtenus : le premier analyse la Règle, le Mandat et le Programme considérés en tant que paradigmes. Le deuxième observe les segments de mandat, de programme et de règle dans la réalité empirique du discours médiatique (axe syntagmatique). Les résultats permettent de modéliser la dynamique portée par les interactions dans l'École et entre l'École et la société

  • Camille Amilhat, Apprendre le métier de citoyen : contribution à l'étude de la socialisation politique scolaire, thèse soutenue en 2021 à Paris 1 sous la direction de Daniel Gaxie, membres du jury : Stéphane Beaud (Rapp.), Julien Fretel, Stéphane Bonnéry, Julie Pagis et Céline Braconnier  

    En 2015, à la suite des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, le ministère de l’Éducation nationale a doté l’école française d’un nouvel enseignement moral et civique (EMC), du CP à la terminale. Jusqu’alors, et malgré la valorisation internationale de l’éducation à la citoyenneté face aux tensions démocratiques croissantes, cette dernière était peu enseignée dans les classes. Depuis l’instauration de l’EMC, dans quelles conditions le système scolaire français participe-t-il à équiper les futurs citoyens d’une compétence politique et civique ? En prenant ancrage dans la sociologie politique, les sciences de l’éducation et l’analyse des politiques publiques, notre recherche propose de comprendre ce processus de socialisation politique scolaire à partir de l’observation directe de cours d’EMC sur les institutions publiques dans sept classes de primaire et de secondaire de deux villes franciliennes entre 2016 et 2019, de la conduite d’entretiens approfondis avec les élèves et leur enseignant, et de l’étude des documents officiels du Ministère concerné. Bien que la dimension civique de l’EMC soit mise au second plan par le contexte d’action de la réforme et ses implications matérielles, certains professeurs, mus par un idéal démocratique, font quand même le choix de l’enseigner. Les effets de cette inculcation scolaire sur la familiarisation des élèves avec l’univers politique et judiciaire peuvent alors être forts et inattendus par rapport aux modèles sociologiques connus. Au-delà de l’influence des contextes scolaires, ils révèlent en effet des mécanismes de transmission et d’appropriation d’une nouvelle espèce de capital culturel : le capital culturel civique.

    Marie-Charlotte Allam, Innover pour réformer l'école ? : politiques et pratiques d'expérimentation dans l'enseignement public, thèse soutenue en 2020 à Université Grenoble Alpes sous la direction de Martine Kaluszynski et Emmanuel Taïeb, membres du jury : Laurent Gutierrez (Rapp.), Guillaume Gourgues et Agnès Van Zanten    

    Cette thèse porte sur l'histoire des pratiques, des mobilisations collectives et des politiques en faveur depédagogies qui se revendiquent comme « alternatives » à l'enseignement public français depuis lesannées 1970 jusqu'en 2005. Adoptant une perspective de sociohistoire de l'action publique, elle met aujour les interactions entre l'élaboration d'une politique d'innovation et d'expérimentation pédagogique,son appropriation par les enseignants qui l'investissent, et ses effets sur leurs pratiques pédagogiques« alternatives ». Elle met au jour les influences réciproques entre les mobilisations collectives en faveurd'une « autre École » et la fabrique de l'action publique éducative grâce à l'observation des circulationsd'acteurs qui promeuvent ces pédagogies.La réflexion articule l'ethnographie historique d'une expérience éducative locale avec l'analyse del'élaboration de la politique qui l'encadre. D'un côté, la collecte d'archives publiques et privées, et laconduite d'une trentaine d'entretiens avec des enseignants et des militants, ont permis de réaliser unemonographie de l'expérience socioéducative du quartier de la Villeneuve de Grenoble. De l'autre, laconstruction de la politique d'expérimentation et d'innovation est analysée à partir d'archives desinstitutions centrales et déconcentrées de l'Éducation nationale. Celles-ci sont complétées par destémoignages oraux et par des entretiens semi-directifs menés avec des fonctionnaires du ministère.La politique d'innovation et d'expérimentation introduit des instruments de gouvernement à distancedes conduites pédagogiques et fait reposer la responsabilité du changement éducatif sur les enseignants.Les enseignants de la Villeneuve interprètent les politiques scolaires au prisme de leur politisation etdéploient des stratégies (de résistance, de contournement, ou d'adhésion) face aux nouvelles contrainteset normes institutionnelles. Ce faisant, la mise en administration de leurs expériences - jusqu'alorsretranchées dans le domaine du militantisme et de l'informel - réoriente leur engagement militant.

    Juliette Fontaine, Vichy face au corps enseignant : réformer les politiques scolaires en contexte autoritaire, thèse soutenue en 2019 à Paris 1 sous la direction de Brigitte Gaïti, membres du jury : Patricia Legris et Francine Muel-Dreyfus  

    Sous Vichy, une réforme de l’institution scolaire en rupture avec celle de la Troisième République est affichée comme prioritaire par les gouvernants du nouveau régime et des décisions sont prises en ce sens : les fondements de la citoyenneté républicaine et les acquis démocratiques de l’entre-deux-guerres sont contestés. Comment et à quelles conditions le Gouvernement de Vichy a-t-il réformé le secteur de l’éducation alors que le corps enseignant sur lequel repose la politique éducative sous la Troisième République lui est majoritairement hostile ? C’est la question à laquelle cette thèse propose de répondre, dans la continuité des travaux qui critiquent la mise à distance de la dimension politique de l’action publique et qui interrogent les tournants de l’action publique notamment dans des contextes autoritaire et d’alternance politique. Pour ce faire, la thèse retrace le déploiement des politiques scolaires sous Vichy, en prêtant attention aux configurations historiques et administratives particulières dans lesquelles elles s’inscrivent. En nous appuyant principalement sur l’analyse de revues, de mémoires et d’archives, nous montrons d’une part que les changements impulsés par Vichy sont préparés sous la Troisième République et trouvent leur fondement dans des alliances nouées entre de futurs dirigeants du régime et une branche conservatrice et minoritaire du groupe enseignant ; nous montrons d’autre part que même si le nouveau régime se donne pour priorité le renouvellement du corps enseignant, les pratiques professionnelles et les habitus des instituteurs sur le terrain entravent largement le volontarisme des dirigeants de l'État français.

    Delia Guijarro Arribas, Du classement au reclassement : sociologie historique de l'édition jeunesse en France et en Espagne, thèse soutenue en 2019 à Paris EHESS sous la direction de Gisèle Sapiro, membres du jury : Pascale Garnier (Rapp.), Bertrand Legendre, Pura Fernández et Jean-Yves Mollier  

    Cette thèse cherche à comprendre et expliquer l’interdépendance entre l’évolution des pratiques classificatoires des éditeurs jeunesse et la construction d’un sous-espace éditorial autonome, intégré et doté d’une forte puissance de légitimation. Ce travail vise ainsi à restituer à partir des exemples de deux pays – la France et l’Espagne – les contours de l’édition jeunesse d’un point de vue national et transnational. À travers l’étude des systèmes de classification du marché éditorial jeunesse dans deux sous-champs nationaux et deux aires linguistiques cette recherche s’inscrit au croisement d’une sociologie historique de la culture et d’une sociologie des classifications. Elle se veut à la fois comparative, croisée et transnationale. Elle s’intéresse particulièrement aux logiques et pratiques des agents du sous-champ de l’édition jeunesse – en tenant compte de leur espace des possibles tant au sein de la maison d’édition que dans le marché éditorial – qui visent l’imposition de catégories circulant dans et par-delà les États-nations. Il s’agit d’aller au cœur des systèmes de classification pour mieux comprendre le marché éditorial et culturel, mais aussi la genèse des représentations et des pratiques sociales, les acceptions du local et du global ainsi que l’interaction de stratégies symboliques et économiques orientées vers la construction sociale de la valeur du produit.

    Julie Le Mazier, Pas de mouvement sans AG , thèse soutenue en 2015 à Paris 1 sous la direction de Isabelle Sommier  

    La thèse s'attache à rendre compte des conditions pratiques et symboliques d'appropriation par les étudiants grévistes de la seconde moitié des années 2000 en France d'une forme d'organisation, l'assemblée générale (AG), qui fait partie de leur répertoire contestataire depuis les années 1960. Il s'agit ainsi de comprendre comment des formes d'action se reproduisent d'une mobilisation à l'autre, c'est-à-dire comment des acteurs en viennent à avoir recours à l'une plutôt qu'à d'autres qu'ils connaissent, comment ils en font l'apprentissage et comment ils la transforment à la marge en la pratiquant. Elle s'appuie principalement sur une enquête ethnographique menée sur les mobilisations qu'ont connu trois sites universitaires entre 2006 et 2010. Les usages des AG sont façonnés par les luttes internes aux groupes sociaux, politiques et syndicaux impliqués dans l'espace de ces mobilisations, de sorte que leur succès tient à la fois à une entreprise symbolique de justification de ces dernières au nom de la « démocratie » par des courants minoritaires, et à leur plasticité. Elles sont en effet investies de toute une palette de rôles – qui n'ont parfois rien à voir avec des normes « démocratiques ». Elles sont ainsi promues par des militants auxquelles elles permettent d'avoir le sentiment de peser sur une masse d'étudiants, et cela d'autant plus qu'ils appartiennent à de petites organisations qui sont loin de pouvoir mobiliser autant d'adhérents.

    Julie Le Mazier, Pas de mouvement sans AG, thèse soutenue en 2015 sous la direction de Isabelle Sommier, membres du jury : Olivier Fillieule (Rapp.), Paula Cossart   

    Paolo Stuppia, Les tracts du mouvement « anti-CPE » de 2006 : sociologie d'une technologie militante, thèse soutenue en 2014 à Paris 1 sous la direction de Isabelle Sommier, membres du jury : Jean-Gabriel Contamin (Rapp.), Frédéric Sawicki, Danielle Tartakowsky et Jean-Philippe Legois  

    Objet délaissé et relativement méconnu par le champ scientifique, le tract est relégué, le plus souvent, à un simple outil « d'illustration » des luttes politiques, qu’il s’agisse de campagnes électorales ou de mouvements sociaux. Avec leurs définitions multiples, ouvrant autant de perspectives d’analyse (historique, sociologique, linguistique), les feuilles éphémères n’ont jamais été interrogées du point de vue de leur matérialité, de leur contexte de fabrication et de diffusion encore moins de celui de la multiplicité des usages. L’objectif de cette thèse est de questionner le tract en tant que « technologie militante » au sein d’une mobilisation sociale particulière, celle dite « anti-CPE » de 2006 qui, par son caractère débouchant sur une crise politique d’abord latente, puis de plus en plus « ouverte », se présente comme un cadre idéal pour analyser tant la matérialité de l'objet que ses différents emplois et les principales pratiques militantes qui y sont reliées.

    Grégory Hû, Les roses déracinées , thèse soutenue en 2014 à Strasbourg sous la direction de Yves Déloye et Hélène Michel  

    Cette thèse entreprend d’examiner les transformations du recrutement du personnel politique socialiste de la fin du XIXe siècle à 2012 en établissant le passage d’une logique sociale à une logique politique du renouvellement des élus et cadres partisans à partir des années 1990. Sur la base d’une enquête de terrain croisant plusieurs méthodes (entretiens, observations, archives et base de données prosopographiques), cette recherche montre, dans une première partie, les filières sociales de renouvellement du personnel politique socialiste de la fin du XIXe siècle jusqu’en 1990. En changeant de jeu d’échelle, la seconde partie révèle la dévaluation des ressources des groupes mobilisés en 1971 (enseignants laïcs et catholiques de gauche) à partir des années 1990. Enfin, la dernière partie s’attache à démontrer en quoi la réévaluation des ressources politiques et partisanes transforme le recrutement et renouvelle le capital politique des élus.

    Grégory Hû, Les roses déracinées, thèse soutenue en 2014 sous la direction de Yves Déloye et Hélène Michel, membres du jury : Éric Agrikoliansky (Rapp.)      

    Cette thèse entreprend d’examiner les transformations du recrutement du personnel politique socialiste de la fin du XIXe siècle à 2012 en établissant le passage d’une logique sociale à une logique politique du renouvellement des élus et cadres partisans à partir des années 1990. Sur la base d’une enquête de terrain croisant plusieurs méthodes (entretiens, observations, archives et base de données prosopographiques), cette recherche montre, dans une première partie, les filières sociales de renouvellement du personnel politique socialiste de la fin du XIXe siècle jusqu’en 1990. En changeant de jeu d’échelle, la seconde partie révèle la dévaluation des ressources des groupes mobilisés en 1971 (enseignants laïcs et catholiques de gauche) à partir des années 1990. Enfin, la dernière partie s’attache à démontrer en quoi la réévaluation des ressources politiques et partisanes transforme le recrutement et renouvelle le capital politique des élus.

  • Cédric Laheyne, La construction du management emotionnel : dispositions, dispositifs, appropriations. le cas d'une classe preparatoire litteraire B/L, thèse soutenue en 2020 à Paris 8 sous la direction de Stéphane Bonnéry, membres du jury : Luc Ria (Rapp.), Yves Verneuil (Rapp.), Gaële Henri-Panabière  

    La thèse traite de la question des émotions éprouvées par l’élève lors de l’entrée en classe préparatoire et au cours de son cursus, particulièrement au sein de la filière littéraire B/L. La recherche analyse les processus émotionnels dans une perspective de sociologie des émotions importée dans les sciences de l’éducation en l’outillant d’apports de la psychologie et de l’étude des processus d’enseignement-apprentissage. La perspective heuristique est de mieux comprendre la construction du management émotionnel, en référence au concept forgé par la sociologue Peggy Thoits (1990). La perspective ethnographique s’est traduite par le choix d’un établissement privé d’enseignement supérieur, particulièrement emblématique d’une socialisation traditionnelle des classes dominantes. L’investigation empirique repose sur des observations de classe, d’épreuves académiques et au sein de groupes de pairs, puis sur deux vagues d’entretiens avec les élèves et les enseignants de la filière concernée. L’entrée en hypokhâgne constitue un moment faisant rupture avec le quotidien scolaire des élèves, dont l’enjeu majeur est la capacité à agir sur ses émotions, opération nécessaire à l’acculturation au dispositif. Ce moment de l’autonomisation de l’élève s’opère sous l’action des deux registres, cognitif et comportemental, du management émotionnel, dont l’articulation est au service du processus intellectuel. La thèse montre que les pratiques de management émotionnel des élèves varient en fonction des dispositions acquises au cours de la trajectoire scolaire et par la spécificité de pratiques parentales, soulignant que les émotions s’inscrivent dans des rapports sociaux de genre et de classe, compte tenu de la distance sociale, physique et symbolique entre le milieu d’origine et le milieu scolaire.

    Florian Olivier, L'impact des études supérieures sur les valeurs des étudiants, thèse soutenue en 2017 à Paris EHESS sous la direction de Jean-Louis Fabiani, membres du jury : Hervé Touboul  

    Ce travail de thèse part d'une idée simple : ce que l'on fait, ce que l'on vit nous change. Or au sein des expériences collectives vécues, l'une tend à devenir de plus en plus partagée : le passage par des études supérieures. Aussi peut-on être surpris de constater que peu nombreuses sont les études s'intéressant à l'impact que peuvent avoir les cursus disciplinaires sur le jugement des étudiants, population dont l'identité – ne serait-ce que professionnelle – reste en construction. A partir d'une enquête par questionnaire inspirée des European Values Survey et des Enquêtes sur les pratiques culturelles des Français et menée auprès d'un échantillon final d'étudiants de 11 filières universitaires, notre travail montre que l'idée controversée d'une socialisation disciplinaire mérite d'être considérée. Car si dès la première année, les disciplines tendent à s'attirer les faveurs de populations aux profils déjà différenciés, l'avancée dans les études tend de son côté à remodeler ces particularisme initiaux. Les contenus disciplinaires jouent indéniablement un rôle dans ce remodelage, via l'acquisition ou le renforcement de dispositions et (sentiments) de compétences spécifiques. Mais de façon concomitante, la particularisation des profils étudiants au fil des études apparaît relever d'un phénomène de socialisation anticipatrice faisant qu'avancée dans les études et appropriation de la future et probable place occupée dans l'espace social vont de pair.

    Kelly Poulet, L’hypothèse migratoire comme horizon d’émancipation ? : une ethnographie des jeunesses dakaroises, thèse soutenue en 2016 à Amiens sous la direction de Alain Maillard et Vanina Bouté, membres du jury : Nathalie Mondain (Rapp.), Mahamet Timera (Rapp.), Philippe Antoine  

    Au croisement d'une sociologie des migrations et d'une sociologie de la jeunesse, cette thèse s'attache à saisir le sens de l'émigration envisagée par les jeunes de trois quartiers de Dakar. Alors que cet horizon collectif ne se concrétisera que pour bien peu d'entre eux, il s'agit en l'interrogeant d'explorer les contraintes sociales qui enserrent cette jeunesse urbaine et ses aspirations. Mais ce travail met également en relief ce qui différencie ces mondes juvéniles et ce qui leur est commun. L'étude de l'« hypothèse migratoire » montre comment la circulation de représentations communes du « Nord » se traduit différemment selon la position occupée par les jeunes dans l'espace social. En prenant en compte la place des jeunes dans les rapports sociaux – d'âge, de sexe, de caste (« Waaso ») et de classe – structurant la société sénégalaise, l'ethnographie de ces trois quartiers socialement différents dévoile la diversité des hiérarchies et des obstacles que les jeunes doivent contourner pour s'« accomplir » et réussir socialement (« Tekki »). En analysant les tensions créées par ces velléités d'émancipation à l'égard des structures sociales et les différentes formes de rappels à l'ordre exercées par ces dernières (stigmatisations, sanctions mystico-religieuses…), on peut comprendre la prégnance de l'hypothèse du départ : elle permettrait de s'extraire momentanément de rapports sociaux entravant une ascension sociale vécue comme possible, et de se distancier géographiquement pour s'élever socialement au retour. Moins qu'une volonté de bouleverser l'ensemble des structures sociales sénégalaises, l'émigration est envisagée comme le chemin le plus rapide pour obtenir une reconnaissance sociale de la part des différentes catégories dominantes : les plus âgés, les nobles (« géér »), les hommes, les riches. Cependant, seuls les plus armés économiquement et scolairement réussiront à partir. Pour la grande majorité des autres, l'émigration reste une migration « en puissance » (en suspens, différée ou reformulée), continuant d'exister comme la principale voie de réalisation de soi. L'étude montre enfin comment ces jeunes connaissent alors différents destins, qui sont autant d'ajustements plus ou moins réussis de leurs aspirations individuelles et collectives aux institutions clefs de la société sénégalaise..

    Jessica Pothet, Le soutien à la parentalité : élaboration institutionnelle, éclectisme de ses mises en oeuvre professionnelles, réception par ses publics, thèse soutenue en 2015 à Université Grenoble Alpes ComUE sous la direction de Dominique Glasman, membres du jury : Claude Martin (Rapp.), Benoit Bastard (Rapp.)  

    L'affirmation au sein des politiques éducatives mais également au sein des politiques familiales de l'impératif de coéducation entraine un mouvement de responsabilisation des parents, cela qu'il s'agisse de favoriser la réussite éducative de tous dans un dessein d'égalité des chances ou de poursuivre un dessein collectif et républicain lequel marque particulièrement l'actualité en ce début d'année 2015. Dans ce contexte, la « parentalité » tend à constituer, en France mais ailleurs en Europe, un problème public majeur (Martin, 2003), dont les politiques publiques se saisissent en mettant en œuvre des programmes de « soutien à la parentalité ». C'est bien à cette politique publique émergente au périmètre incertain et aux contenus encore flous que s'attache, au moyen d'une approche ethnographique de l'action publique, du travail social et de la famille, le travail de thèse. La thèse s'organise en trois grandes parties, et collecte des cas d'étude, d'où la référence à la notion de jurisprudence ethnographique. La première partie de la thèse s'intéresse au processus d'élaboration politique du soutien à la parentalité et tente de dégager les référentiels d'action publique mobilisés et les instruments empruntés dans cet effort d'institutionnalisation de l'aide aux parents. La seconde partie de la thèse souhaite éclairer les pratiques qui répondent de cette politique. A partir de quatre études de cas, il s'agit de faire jour sur des pratiques hétérogènes marquant le champ de l'aide à la parentalité. Alors que rien ne semble rapprocher les actions éducatives familiales, comme dispositif de formation et d'étayage à la parentalité scolaire, du dispositif du placement à domicile poursuivant des enjeux liés à la protection de l'enfance, les formes d'accompagnement des parents que l'on relève dans chacun des espaces étudiés offrent pourtant à penser des logiques convergentes de prise en charge des parents. Nous verrons que l'appel à la parentalité constitue de plus une opportunité qui contribue à redéfinir les objectifs d'autres politiques publiques. Enfin, la dernière partie de la thèse porte le regard du côté du travail parental de ceux dont les deux premières parties auront préalablement montré que la politique publique vise plus particulièrement. Ainsi, la focus s'opère sur « ce que fait » le soutien parentalité aux parents appartenant aux franges vulnérables de la population. L'approche qui gouverne la thèse ne vise pas d'une part à à narrer l'exhaustivité du soutien apporté aux parents, d'autre part à produire une monographie de chacun des dispositifs étudiés. Il s'agit davantage de décrire précisément et dans le détail des actions et des situations qui organisent un espace d'action publique controversé et fragmenté.

    Halima Aït-Mehdi, Les obstacles à l'intégration sociale et scolaire dans la France coloniale et post-coloniale , thèse soutenue en 2014 à Amiens sous la direction de Claude Carpentier  

    Dans un contexte sociohistorique marqué par l'expérience de la domination coloniale et post-coloniale, cette thèse examine les facteurs structurels et culturels de l'intégration sociale et en questionne les limites. Pour ce faire, elle s'appuie à la fois sur la distinction opérée par F. Dubet, M. Duru-Bellat et A. Vérétout (Les sociétés et leur école) entre intégration et cohésion et sur celle proposée par E. Durkheim entre "milieu interne" et "milieu externe" dans le contexte politique de la IIIème République. Cette dernière distinction permet de construire un espace de cohésion sociale reposant sur le partage de valeurs communes alors que l'intégration sociale et scolaire liée aux inégalités structurelles, reste problématique, comme le montre l'existence de deux ordres d'enseignement par exemple. Articuler les différents éléments du "milieu interne", défini par un espace unifié dans sa diversité (la nation) mais hiérarchisé (à chacun la place qui lui revient dans la société), constitue à cette époque une tâche prioritaire alors que le domaine colonial en construction relève du "milieu externe". De la nation à l'empire il y a toute la distance entre "milieu interne" et "milieu externe". Avec l'effondrement de l'empire qui se dessine après la Seconde guerre et se confirme au début des années soixante en France, la décolonisation et les immigrations post-coloniales ré-interrogent la frontière entre ces deux "milieux" à travers la question de l'intégration et de la cohésion sociale et scolaire en situation post-coloniale.

    David Pioli, Le petit enfant dans les politiques publiques , thèse soutenue en 2003 à Paris 5 sous la direction de Régine Sirota  

    Au début des années 1970, la politique à l'égard de la petite enfance devient le support d'un projet de modernisation de l'Etat qui doit notamment se traduire par une transformation des rapports entre les usagers et les services publics. La référence à la logique du "capital humain", qui avait dominé les logiques d'action à l'égard du petit enfant depuis la fin du XIXe siècle, s'efface alors progressivement face à celle du "capital d'humanité", et les politiques à l'égard de la petite enfance deviennent, au début des années 1980, les moyens d'un projet politique démocratique et idéaliste, dominé par une logique d'émancipation, et promu en référence aux valeurs de l'enfance. En ce sens, la centration sur l'enfant s'accélère, puisque la personne de l'enfant est le dépositaire naturelle des dites valeurs. Cependant, en s'accélérant, les contradictions de ce processus s'accentuent aussi. Le risque de voir ce projet émancipateur se retourner contre certaines catégories d'individus, et en particulier contre les plus faibles, incite alors les pouvoirs publics à élaborer une contrepartie en terme de protection ; ce dont rend compte la socialisation parallèle de la politique familiale, mais aussi, le renouveau des politiques de sauvegarde de l'enfant, et la référence croissante à une éthique des droits de l'Homme. Le régime de "régulartion plurivoque" actuel tend ainsi à intégrer une recherche de transcendance qui s'inscrit dans une logique de dialogue et de consensus -en accord avec les fondements même du régime de régulation précité-, et is se manifeste par la promotion d'une logique "d'institution", et par le recours à l'éthique et au droit. Il apparaît alors que la réflexivité sociale, portée par les tensions autour des questions relatives à la petite enfance, est un élément moteur des transformations des régimes de la régulation sociale, de sorte que la gestion publique de cette catégorie d'âge se présente comme un élément constitutif de la mécanique du changement social.