Didier Mineur

Professeur
Philosophie.
Sciences Po Rennes

Responsabilités administratives et scientifiques :

  • Directeur de la stratégie internationale
  • THESE

    Archéologie de la crise de la représentation politique, soutenue en 2004 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Jean-Marie Donegani

  • Didier Mineur (dir.), Désordres dans la démocratie, PUF, 2020, 197 p. 

    Didier Mineur, Carré de Malberg: Le positivisme impossible, Cairn et Michalon, 2019, Le Bien Commun  

    Raymond Carré de Malberg, considéré comme l'un des guides de la pensée juridique française, a tenté de concilier deux traditions. Celle, allemande, de l'Isolierung, qui veut faire du droit une science positive en libérant son étude de toute considération extra-juridique pour se concentrer sur sa rationalité; et celle, française, qui recherche "l'esprit des lois", un idéal politique transcendant

    Didier Mineur, Le Pouvoir de la majorité: Fondements et limites, Éditions Classiques Garnier numérique, 2017, PolitiqueS, 403 p.  

    La 4e de couverture indique : "Pourquoi la volonté du plus grand nombre doit-elle prévaloir ? Les décisions prises à la majorité sont-elles soumises à une obligation de justice pour être légitimes ? Après avoir retracé l'histoire des justifications du principe majoritaire, cet ouvrage se penche sur les deux principales d'entre elles, celle, substantielle, de la rationalité du nombre, et celle, procédurale, selon laquelle il accorde un poids égal à chaque voix, pour déterminer laquelle est la mieux à même de fonder le gouvernement de la majorité, et tenter d'en déduire les conditions de légitimité de son exercice. L'enjeu en est la possibilité d'un concept de la démocratie qui articule procédure de décision à la majorité et exigence de justice."

    Didier Mineur, Felix Heidenreich, Daniel Schulz (dir.), Die Bürger und ihr Staat: Les citoyens et leur etat, LIT, 2014, Kultur und Technik, 130 p. 

    Didier Mineur, Archéologie de la représentation politique: structure et fondement d'une crise, Cairn et Presses de Sciences Po, 2011, Académique  

    Ce livre prend pour objet ce que l'on appelle la « crise de la représentation » : partant de l'idée qu'elle est affaire de discours, il se propose d'en mettre au jour les régimes de vérité. La représentation politique a été conçue, à ses origines, comme l'invention d'une communauté qui ne lui préexiste pas. C’est pourquoi les discours critiques de la représentation se référant à la réalité du peuple, et à la « bonne représentation », ont toujours existé, et peuvent être lus à la lumière de trois grandes présuppositions relatives au peuple « réel »: l’unité substantielle, trahie par des divisions politiques factices, la diversité d’opinions fallacieusement réduite par la représentation, les majorités réelles auxquelles manquent les courroies de transmission qui permettraient de les traduire. L’ouvrage, s’appuyant sur le cas français, analyse ainsi les critiques émises au cours de quatre périodes de l’histoire du régime parlementaire en France, et s’interroge sur la persistance de la « crise de la représentation » dans la période contemporaine, alors que l’économie du régime représentatif a été transformée par les partis politiques et, en particulier, par l’avènement du phénomène majoritaire. En définitive, les individus ne sauraient se reconnaître durablement dans la représentation qui est donnée d’eux, en raison de l’indéfinition des fins, propre à la modernité démocratique. La « crise de la représentation », ainsi, se confond ultimement avec le politique lui-même en régime de modernité

    Didier Mineur, Archéologie de la représentation politique: structure et fondement d'une crise, Presses de la fondation nationale de sciences politiques, 2010, Domaine Fait politique, 292 p. 

    Didier Mineur, Carré de Malberg: le positivisme impossible, Michalon Éditions, 2010, Le bien commun, 113 p. 

    Didier Mineur, Identité et représentation: les structures conceptuelles du gouvernement représentatif, 1999 

  • Didier Mineur, « L’élection, plus démocratique que le tirage au sort ? », Raison Publique, 2023, n°1, pp. 81-103   

    Didier Mineur, « Les justifications de la règle de majorité en démocratie moderne », Raisons politiques , 2010, n° ° 39, pp. 127-149    

    RésuméCet article porte sur les fondements de la légitimité de la règle majoritaire en démocratie. Les différents principes de la légitimité formulés par les philosophies des Lumières se conjuguent avec l'unanimité plutôt qu'avec la majorité : l'idéal selon lequel la raison est créatrice de ses normes plutôt qu'elle ne les découvre dans l'ordre des choses, l'idéal de l'autonomie de chacun et l'idéal du peuple souverain. On dégage donc de l'histoire des idées politiques modernes trois types de légitimations du principe majoritaire, chacune d'entre elles faisant du principe majoritaire une approximation de la raison, de l'autonomie et de l'unité. On fait par ailleurs l'hypothèse que ces justifications sous-tendent la pratique du vote en démocratie, ce que l'on tente de montrer en évoquant les débats tenus lors de deux référendums contemporains, exceptionnels en ce qu'ils ont été l'occasion d'une mise en  uvre explicite de ces justifications ordinairement implicites, le référendum national de ratification du TCE du 29 mai 2005, et le référendum interne au Parti socialiste de décembre 2004.

    Didier Mineur, « Représentation et régime représentatif chez kant », Revue Française d'Histoire des Idées Politiques , 2005, n° °21, pp. 73-87    

    RésuméPar l’expression « régime représentatif », Kant entend une distinction entre la volonté à l’oeuvre dans la législation, qui doit être universelle, et la volonté exécutive, qui peut être particulière. Il s’agit pour les gouvernants, dans l’acte même de la législation, de se représenter, et de représenter par là-même le peuple sous l’espèce d’une volonté une. De sorte que l’on pourrait croire que le « régime représentatif » ne désigne pas un gouvernement représentatif proprement dit. Cet article se propose au contraire de mettre en lumière le lien entre Repräsentation et Volksvertretung : c’est l’impératif de représentation du peuple sous l’espèce de l’unité qui rend nécessairela représentation politique.

  • Didier Mineur, Une certaine idée de la représentation politique sous la Ve République, 2011   

  • Didier Mineur, Bertrand Guillaume, « L'impact des migrations climatiques sur la démocratie », Un monde en mutation : changement climatique et migrations humaines, Paris, le 01 janvier 2012 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Tong Fu, Société cachée et liberté efficace, le libéralisme étrange de Tocqueville, thèse soutenue en 2023 à Université Paris Cité, membres du jury : Charles Ramond (Rapp.), Vincent Valentin (Rapp.), Laurence Guellec, Agnès Antoine et Hélène L'Heuillet  

    En révélant les liens souterrains entre Tocqueville d'une part, Rousseau et Pascal, d'autre part, cette thèse vise à donner une nouvelle interprétation de La démocratie en Amérique et de L'Ancien Régime et la Révolution. Rousseau et Tocqueville partagent un même thème : le rapport entre l'homme et sa société. D'un côté, Rousseau déclare que l'homme est né comme un tout parfait et solitaire, de l'autre, il estime que s'il existait une société qui fonctionne bien, elle devrait aussi être un tout indépendant. Il rencontre donc un problème : comment transformer l'homme en une partie d'un plus grand tout dont il recevra sa vie et son être ? Afin de résoudre cette question, dans Du contrat social, il propose trois plans, dont le troisième est le plus étrange. Selon ce dernier plan, le Souverain doit forcer ses sujets à croire qu'ils sont nés avec des sentiments de la sociabilité. En d'autres termes, Rousseau veut que « tous » forcent « chacun » à croire qu'il aime ses devoirs. Tocqueville prend au sérieux ce dernier plan proposé par Rousseau, parce que, lors de son voyage en Amérique, il a constaté que ce plan étrange avait été mis en pratique par les habitants du Nouveau Monde. Rousseau appelait cette contrainte imposée à chacun par tous la Religion civile. Dans le tome I de La démocratie en Amérique, Tocqueville indique que cette religion est, en réalité, un culte de l'opinion publique. Grâce à ce culte, non seulement le peuple américain est devenu le véritable Souverain, mais la société américaine s'est également transformée en un tout indépendant. Mais aux yeux de Tocqueville, il n'a pas réussi à accomplir la tâche ultime que Rousseau lui avait assignée, à savoir, réaliser la transformation de l'homme. En fait, il a transformé tous les Américains en individus hypocrites. Tocqueville trouve que l'esprit de l'homme peut entrer en conflit avec ses sentiments. C'est pourquoi, son influence de Pascal devient de plus en plus évidente. Dans le second tome de La démocratie en Amérique, inspiré par la vision de l'homme de Pascal, Tocqueville a non seulement inversé l'histoire de l'humanité présentée par Rousseau, mais également remis en question l'idée-mère de ce génie du XVIIIe siècle. Il explique qu'en se croyant né libre, l'homme démocratique a trahi sa société, et est ainsi devenu un homme disproportionné : il remplit son esprit de connaissances sur sa société, mais il ne peut plus sentir sa présence. D'après Tocqueville, le conflit entre l'esprit et les sentiments des hommes démocratiques les conduira inévitablement à embrasser un nouveau type de despotisme. Et dans L'Ancien Régime et la Révolution, il propose une liberté inouïe comme seul remède contre cette division interne. La liberté dont il parle comporte les caractéristiques suivantes : elle est une fin en soi, un plaisir, et n'est partagée que par les élus de Dieu. Si personne n'a défini la liberté de cette manière, ces caractéristiques ont été utilisées par Pascal pour décrire la grâce divine dont les descendants corrompus d'Adam peuvent jouir. Ainsi, chez Tocqueville, il existe un libéralisme étrange inspiré par Pascal.

  • Liang Pang, Le concept de souveraineté à l'époque moderne : autonomie et hétéronomie chez Hobbes et Rousseau, thèse soutenue en 2020 à Université Paris Cité sous la direction de Yves Charles Zarka, membres du jury : Bernard Bourdin (Rapp.), Myriam-Isabelle Ducrocq (Rapp.), Raffaella Santi, Lauréline Fontaine et Wladimir Barreto Lisboa  

    Cette thèse vise à étudier la tentative philosophique à l'époque moderne qui a pour but de concilier la tension entre la souveraineté absolue et l'autonomie individuelle. Autrement dit, la constitution du pouvoir souverain sans domination est-elle possible ? Jean Bodin et Hugo Grotius fournissent une possibilité de construire ce pouvoir suprême politique, qui est pourtant non-absolutiste et susceptible de protéger la liberté de l'individu. Chez les deux penseurs, apparaissent les concepts modernes fondamentaux de la souveraineté, de la citoyenneté, du contrat, du droit subjectif, etc., qui impliquent le maintien de l'autonomie individuelle au sein de l'État. Or, leurs théories de la souveraineté ne se libèrent pas entièrement du modèle de domination. Cela conduit nécessairement à l'aliénation de l'autonomie de l'individu. Les pensées de Bodin et de Grotius inspirent les réflexions de Thomas Hobbes. Héritant les idées de ses prédécesseurs et les critiquant, le philosophe anglais, à travers sa théorie du pacte social et de l'autorisation, parvient à libérer radicalement l'homme de toute domination traditionnelle et à établir un corps politique purement artificiel dont la personne possède la souveraineté absolue. En même temps, cette théorie hobbesienne insiste sur l'inaliénabilité du droit de l'individu et envisage son autonomie lors de la constitution de l'État. Ainsi, le droit de l'individu devient la seule source juridique de la souveraineté. Or, Hobbes ne cache pas sa préférence pour le monarque souverain et c'est la volonté de celui-ci qui donne la légitimité aux actions des sujets dans la vie politique. À cet égard, il existe un retour réel de l'hétéronomie politique dans la théorie hobbesienne. Afin de sauvegarder l'autonomie de l'individu, Jean-Jacques Rousseau souligne l'absoluité et l'inaliénabilité de la souveraineté du peuple. Le pouvoir suprême reste toujours et uniquement au sein du peuple tout entier, de sorte que l'individu est libéré de toute domination individuelle ou sociale. De surcroît, par les principes d'égalité et de généralité, le contrat social rousseauiste protège l'individu contre la domination du corps politique, car celui-ci est composé d'individus et empiéter sur la liberté de l'individu porte atteinte à la souveraineté du corps tout entier. De cette manière, le citoyen s'avère du moins aussi libre que l'homme sauvage dans l'état de nature. Néanmoins, cette théorie idéale rencontre des difficultés lorsqu'elle s'applique à la réalité politique : la démocratie directe dans un large État moderne, la distinction entre la volonté générale et la volonté particulière de tous ou de la majorité, la sacralisation de la souveraineté du peuple. En d'autres termes, il existe, chez Rousseau, un décalage infranchissable entre la théorie et son exécution qui conduirait à la domination réelle au nom du peuple sacré sur l'individu. À cet égard, il conviendrait de chercher la souveraineté sans domination dans la réflexion et la modification des théories de Hobbes et de Rousseau. En gardant la souveraineté absolue du peuple, inaliénable et indivisible, il faudrait protéger par la loi l'expression de l'opinion de l'individu, et son droit inaliénable de contester et de résister. Cela ne conduirait qu'au bien commun et à celui de chaque individu.