Frédéric Ocqueteau

Directeur de recherche
Politique, pouvoir, organisation.
Centre National de la Recherche Scientifique

Centre de Recherches Sociologiques sur le Droit et les Institutions Pénales
PublicationsENCADREMENT DOCTORAL
  • Patrice Toreau, Le renseignement français dans la lutte contre l’islamisme armé de la guerre du Golfe (1990) à l’attentat du Bataclan (2015), thèse soutenue en 2019 à Bordeaux 3 sous la direction de Sébastien-Yves Laurent présidée par Olivier Forcade, membres du jury : Xavier Crettiez et Bertrand Warusfel    

    Bien souvent les médias abordent la question de la lutte antiterroriste contre l’islamiste armé après un attentat ou lors des arrestations opérées par la police. Malgré ces interventions médiatisées pour rassurer la population, la véritable clé de la réussite d’une lutte antiterroriste demeure le renseignement au sens large (prévisionnel, offensif, …) en ne le réduisant pas seulement aux arrestations des terroristes ce qui serait réducteur. Cette recherche est d’autant plus nécessaire que le terrorisme islamiste est en perpétuel mutation autant pour échapper à la destruction que pour mener des attaques surprenantes qui déstabilisent les démocraties. Dans ce contexte les services de renseignement ont opéré une véritable métamorphose pour adapter leurs structures et leurs organisations de travail. En dehors de l’aspect fonctionnel et organisationnel le renseignement cherche sa place entre une justice organisée par un code de procédure pénal et une police qui se trouve écartelée entre un monde judiciaire et administratif. À ce carrefour le renseignement devient un sujet épineux entre des mondes qui ont des objectifs parfois inconciliables : arrêter les terroristes ou attendre pour connaître les réseaux. Cet équilibre est déjà bien instable est amplifié par nos décideurs politiques qui méconnaissent ce monde l’ombre et éprouvent une méfiance historique que ne ressentent pas les services alliés. Or cette méfiance a une réelle influence sur la politique antiterroriste puisque les débats portent sur les formes et les missions des services comme sur leur place dans l’architecture institutionnelle. Ce débat se prolonge dans le domaine des relations internationales puisque pour contrer efficacement ce terrorisme islamiste les services français coopèrent avec leurs homologues alliés qui disposent ou utilisent des méthodes qualifiées d’illégales dans l’Hexagone. Ainsi cette thèse mettra en relief les multiples aspects et spécificités du renseignement français pour s’opposer aux islamistes depuis la guerre du Golfe.

    Floran Vadillo, L’Élysée et l’exercice du pouvoir sous la Ve République : le cas de la politique de lutte antiterroriste (1974-1997), thèse soutenue en 2012 à Bordeaux 4 sous la direction de Pierre Sadran présidée par Brigitte Gaïti, membres du jury : Jean-Claude Colliard (Rapp.), Bernard Lachaise  

    A rebours des idées reçues, nous postulons que l’intervention de l’Élysée en matière de lutte antiterroriste s’avère peu prégnante, le caractère exceptionnel de l’implication mitterrandienne parasitant souvent le jugement. Quels que soient les facteurs et paramètres d’une intervention, la personnalité du Président de la République décide du périmètre de son rôle qui ne saurait empiéter sur les attributions du ministre de l’Intérieur, s’affranchir d’une configuration institutionnelle et politique. En outre, dans le cas de l’ingérence mitterrandienne, si l’entourage a eu une forte incidence sur l’action gouvernementale en matière de lutte antiterroriste, il représente une indéniable exception. D’une manière générale, il apparaît que l’influence des conseillers sur le Président de la République est occasionnelle, discontinue mais réelle. En sus, les conseillers n’exercent ni pouvoir ni autorité en dehors de la volonté du Président de la République et sont privés de tout relais administratif.

  • Cédric Paulin, Vers une politique publique de la sécurité privée?Réguler la sécurité privée (1983-2014), thèse soutenue en 2017 à Université ParisSaclay ComUE sous la direction de Jacques de Maillard présidée par Patrick Hassenteufel, membres du jury : Yves Surel (Rapp.), Marie-Anne Frison-Roche      

    La création, en 2011-2012, du Conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS), nouvelle agence parapublique chargée de la régulation et du contrôle de la sécurité privée réglementée, a été perçue, tant par les professionnels du secteur que par les autorités publiques et même politiques (« révolution du secteur trente ans après la loi de 1983 »), comme une réforme fondamentale répondant aux évolutions de la sécurité privée. Cette réforme, qui intervient 30 ans après la première loi, celle du 12 juillet 1983, dite fondatrice en matière de sécurité privée, n’en est-elle qu’un lointain avenant ? Elle nécessite de réinterroger, après les avoir d’abord construites, les deux termes de l’articulation entre l’Etat et la sécurité privée, à savoir la régulation de la sécurité privée et la coproduction public/privé de la sécurité, jusqu’à poser la question de l’existence d’une politique publique de la sécurité privée.Associée à la création de la Délégation interministérielle à la sécurité privée (DISP) en 2010, devenue Délégation aux coopérations de sécurité en 2014, la question du sens et de la portée de ces évolutions administratives se pose : pourquoi et comment l’Etat en est-il arrivé à mettre en place une nouvelle régulation de la sécurité privée ? Comment qualifier et caractériser cette « régulation » ? Quelle est sa nature et quels sont les premiers résultats ?Dans le cadre de l’analyse cognitive de l’action publique, le registre de la traduction sera un outil théorique utile pour comprendre les modalités d’avancée de ces réformes.Un prologue définissant la place du chercheur dans l’objet d’étude et un épilogue dépassant la chronologie de l’étude (post-2014) contextualisent un peu plus largement, enfin, cette analyse sociologique de l’action publique.

    Tchéouénou Patient Gandaho, La mise sous surveillance du client roi : analyse sociologique des dispositifs et pratiques d'encadrement des clients-usagers dans les centres commerciaux, thèse soutenue en 2010 à EvryVal dEssonne sous la direction de Frederik Mispelblom Beyer présidée par Régine Bercot, membres du jury : Charles Gadéa (Rapp.), Frédéric de Coninck (Rapp.), Jean-Marie Barbier    

    La seconde moitié du 20e siècle a été marquée par le développement accéléré des agences privées de sécurité, principales organisatrices d’un marché très florissant, qualifié à tort ou à raison de «marché de la peur». Partant de ce constat d’une part, et celui d’une élévation sans précédent des dépenses et des moyens privés mobilisés par les activités de protection et surveillance d’autre part, cette recherche se propose d’en interroger les raisons et d’en décrire les formes en se situant dans une perspective ancrée dans la sociologie du travail. Le terrain de recherche privilégié ici est le centre commercial. En s’inspirant des travaux de Michel Foucault, cette thèse déconstruit les présupposés traits distinctifs entre la sécurité publique et la sécurité privée qui ont longtemps nourri les recherches dans ce domaine en montrant au contraire ce que les deux formes de sécurité ont en commun. L’hypothèse ainsi retenue est que l’activité de surveillance apparaît comme une nouvelle manière de gérer la distance entre classes sociales, dans un contexte où les barrières géographiques entre classes sont de moins en moins visibles. De ce fait, les surveillants se construisent, sur le tas, des catégories de personnes et d’attitudes suspectes  à partir de leur stock d’expériences personnelles. Par ailleurs, la thèse analyse l’identité professionnelle des surveillants, inséparable du fait que la plupart d’entre- eux sont immigrés. Pour expliquer cette "ethnicisation", l’hypothèse retenue est celle du «compromis silencieux»  entre des immigrés que leur situation sociale, économique ou administrative dispose à accepter des conditions de travail et de rémunération peu attrayantes et des entrepreneurs privés disposés à tirer parti de cette main d’œuvre et de l’esprit docile qu’ils comptent trouver chez elle.

    Virginie Malochet, Les policiers municipaux , thèse soutenue en 2005 à Bordeaux 2 sous la direction de François Dubet  

    Sur fond de préoccupations sécuritaires, les polices municipales se développent en France depuis le début des années 1980. Dans un système policier centralisé, leur expansion pose question. Qu'est-ce qui les différencie de la police d'Etat ? A l'échelle de la ville, proposent-elles une réponse policière alternative, plus proche des citoyens, mieux en prise avec leurs problèmes ? Cette recherche sociologique analyse le travail et la dynamique de professionnalisation des policiers municipaux à travers le prisme de la proximité. Elle repose sur une enquête de terrain menée dans neuf polices municipales et met en évidence la diversité des situations locales. Les polices municipales sont au service de la loi, mais aussi des administrés, du maire et de leurs propres intérêts professionnels ; elles combinent ces différentes logiques d'action, localement, chacune à sa manière, et présentent des visages pluriels, tantôt doux, tantôt durs. Qu'on les regarde sous l'angle de l'activité concrète, des territoires d'intervention, des orientations politiques ou bien des idéaux professionnels, force est de constater l'hétérogénéité d'un monde traversé de part en part par les dilemmes de la légitimation policière. Deux alternatives s'opposent : celle d'une police de proximité préventive et consensuelle, tournée vers la communauté, qui cherche l'approbation populaire au risque d'apparaître faiblement dissuasive, et celle d'une police légaliste et répressive, crispée sur la norme pénale, qui vise à raffermir sa crédibilité institutionnelle au risque de rompre avec le public. Les deux options s'équilibrent mal en pratique et les balancements constants entre l'une et l'autre traduisent les ambivalences de la quête de reconnaissance des policiers municipaux.