Jean-René Garcia

Professeur associé
Droit public.
UFR Droit, Sciences politiques et sociales

Juriste de formation et diplômé d'un doctorat de Droit public de l'Université Paris 3 – Sorbonne nouvelle, ainsi que de trois Habilitations à Diriger des Recherches à l'Université Paris 13 (une en Droit public, une en Science politique et une en Philosophie), Jean-René Garcia est directeur de recherche de plusieurs doctorants dans ces disciplines. Il est également chargé de mission auprès du ministre de l'Education Nationale et de la Jeunesse, et pour Madame Catherine Bréchignac, Ambassadeur délégué à la sc
  • THESE

    Contribution à l'étude de la notion d'ambivalence pour l'analyse du pouvoir exécutif : le cas de la Bolivie, soutenue en 2006 à Paris 3 

  • Jean-René Garcia, Denis Rolland, Patrice Vermeren (dir.), Les Amériques, des constitutions aux démocraties: philosophie du droit des Amériques, Éditions de la Maison des sciences de l’homme et OpenEdition, 2017  

    Le défi consiste à appréhender un mécanisme emblématique de la constitutionnalisation de ces pays. C'est-à-dire la conciliation entre la légitimité démocratique et la nécessité de la « puissance de l'État », élément historiquement ancré dans la région des Amériques. À travers leurs recherches, les auteurs entendent cerner ce qui fait la spécificité de cette dynamique afin de comprendre le passage de constitutions républicaines à des constitutions démocratiques contemporaines

    Jean-René Garcia, Denis Rolland, Patrice Vermeren (dir.), Les Amériques, des constitutions aux démocraties: philosophie du droit des Amériques, la Maison des sciences de l'homme, 2015, 54, 532 p. 

    Jean-René Garcia, La Bolivie: histoire constitutionnelle et ambivalence du pouvoir exécutif, l'Harmattan, 2010, Inter-national ( Série générale ), 284 p. 

    Jean-René Garcia, Contribution à l'étude de la notion d'ambivalence pour l'analyse du pouvoir exécutif: le cas de la Bolivie, Atelier national de reproduction des thèses, Université de Lille 3, 2009, Lille-thèses 

  • Jean-René Garcia, « CONTRAINTE, VIOLENCE OU FORCE DU DROIT ? Pour une métaphysique de la Force dans la constitution », Bulletin Annuel de Villetaneuse: la violence, 2021   

  • Jean-René Garcia, « L'injustice », le 31 mars 2023  

    Bulletin Annuel de Villetaneuse N°7 organisé par l'Université Paris 13 - Paris Sorbonne Nord sous la direction scientifique de Franck Laffaille

    Jean-René Garcia, « Maîtres à penser », le 01 avril 2022  

    Organisé par l'IDPS et l’IRDA sous la direction scientifique de Franck Laffaille.

    Jean-René Garcia, « L'argent », le 01 avril 2019  

    Coorganisé par le CERAL, le CERAP et l'IRDA sous la direction scientifique de Franck Laffaille

    Jean-René Garcia, « La justice et les nouvelles formes de défense des droits de l'homme », le 08 novembre 2018  

    2e journée d’études franco-italienne organisé par le Centre d'études et de recherches administratives et politiques (CERAP) de l'Université Paris 13 en partenariat avec l'Université de Vérone

    Jean-René Garcia, « Quelles perspectives pour l’Etat plurinational de Bolivie ? », le 07 juin 2018 

    Jean-René Garcia, « L'Etat plurinational de Bolivie : concepts et réalités », le 06 juin 2017  

    Le Centre d'Etudes et de Recherches sur l'Action Locale (CERAL) de l'Université Paris 13 organise la 2ème journée des Bolivianistes

    Jean-René Garcia, « Utopie(s) », le 16 mai 2017  

    Le premier Bulletin annuel de Villetaneuse, sous l’égide du CERAL, du CERAP et de l’IRDA, propose une réflexion sur la question de l’Utopie(s)

ActualitésPublicationsENCADREMENT DOCTORAL
  • Gisele Anahi Amaya Dal Bo, Vers un devenir autoritaire de l’État ? : Une lecture de la construction de l'incrimination de « terrorisme » en Argentine à la lumière des notions d'ennemi et de politique, thèse soutenue en 2023 à Paris 13 en co-direction avec Jean-René Garcia  

    Une grande partie de la doctrine argentine a souligné que la traduction juridique de la notion de « terrorisme » a remis en cause une série de distinctions caractéristiques du droit pénal libéral. Notre recherche vise à comprendre les raisons de cette situation en appréhendant les conditions de possibilité et la rationalité qui sous-tendent la construction de la notion juridique de terrorisme dans ce pays. Pour ce faire, nous partons d'une approche historico-juridique (car nous analysons les traductions de la notion en droit pénal à partir des années 1950) et politico-philosophique qui problématise la compréhension même des notions de politique, de droit et de violence. Notre thèse soutient, premièrement, qu'une certaine continuité d'une logique guerrière est perceptible dans la conceptualisation et la lutte contre le terrorisme depuis le milieu du XXe siècle, ce qui a donné lieu à ce qui a été qualifié, en philosophie de droit, de « droit pénal de l'ennemi ». Lié à l'adoption d'une perspective orientée vers la dangerosité du criminel et d'un critère préventif, le « droit pénal de l'ennemi » dépolitise les conflits, affectant la conception libérale de l'organisation politique que nous appelons « État de droit », et favorisant un devenir autoritaire de l'État, car il implique un renforcement de la politique en tant que politique gouvernementale et une peur de la politique dans sa perspective émancipatrice. Considérer cette hypothèse implique, en second lieu, de s'interroger sur ce qui, dans la tradition juridique libérale, admet l'adoption de figures ennemies telles que le « terroriste ».

    Sokhna Fatou Kiné Ndiaye, Contribution à l’étude de l’élargissement de la notion de menace contre la paix : le cas de la qualification d'une crise sanitaire par le conseil de sécurité des Nations Unies, thèse soutenue en 2022 à Paris 13 en co-direction avec Jean-René Garcia  

    Si les conférences sanitaires internationales organisées au milieu du XIXème et au début du XXème siècle eurent comme objectif de limiter la propagation des maladies infectieuses sans pour autant entraver le développement du commerce interétatique, il reste que les pandémies et épidémies présentent des enjeux mondiaux de plus en plus importants de nos jours pour la communauté internationale. Depuis décembre 2019, un virus a vu le jour dans la ville chinoise de Wuhan. La maladie à coronavirus (COVID-19) a ainsi fait, en l'espace de quelques semaines (fin janvier 2020), une centaine de morts et près de 7.000 cas confirmés. Le virus s'est propagé ? outre dans d'autres villes chinoises comme Pékin - en Europe (France et Allemagne), aux États-Unis mais aussi au Moyen-Orient (Arabie Saoudite) avant de gagner presque l'ensemble des États du globe. L'Organisation Mondiale de la Santé a d'ailleurs qualifié l'épidémie d'urgence de santé publique de portée internationale. En 2022, la pandémie est toujours d'actualité même si ses effets restent maîtrisés de façon générale. Cela démontre encore une fois à quel point les risques sanitaires internationales pèsent sur l'humanité. L'avancée spectaculaire de la médecine moderne n'empêche pas que des milliers de victimes des maladies infectieuses soient dénombrées depuis le début du XXIème siècle. Entre l'épidémie du VIH/SIDA, de la tuberculose, de la rougeole, de la maladie à virus Ebola, ou encore du choléra, les maladies infectieuses demeurent un ennemi de longue date du droit international. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a d'ailleurs rappelé son inquiétude à l'égard des épidémies et pandémies qui touchent le monde notamment le VIH/SIDA et la maladie à Virus Ebola. Rappelons que dans la pratique onusienne, les débats sur les questions sanitaires ont généralement lieu à l'Assemblée Générale ou au Conseil Économique et Social des Nations Unies. Pourtant, dans ses résolutions 1308 (2000) du17 juillet 2000 et 1983 (2011) du 7 juin 2011, le Conseil de sécurité n'a pas hésité à exprimer ses inquiétudes à l'égard de la pandémie du VIH/SIDA et ira jusqu'à qualifier, en 2014, l'épidémie à virus Ebola, qui sévit en Afrique de l'Ouest, de menace à la paix et à la sécurité internationale (résolution 2177 (2014) du 18 septembre 2014). Assiste-t-on à une volonté du Conseil de s'approprier certaines questions comme la santé au détriment de l'Assemblée générale ? Quel impact peut avoir la qualification d'une crise sanitaire de menace à la paix et à la sécurité internationales par le Conseil de sécurité dans sa gestion ? Dans ce sillage, nous cherchons, à travers cette thèse, à étudier les conséquences de l'élargissement de la notion de menace contre la paix aux crises sanitaires.

    Sabrina Moran, République et démocratie dans le débat intellectuel sur la politique argentine contemporaine : Les controverses entre le Club Político Argentino et Carta Abierta (2008-2015), thèse soutenue en 2022 à Paris 13 en co-direction avec Jean-René Garcia  

    Cette thèse analyse les usages des concepts politiques de république et de démocratie et la relation établie entre eux par leur articulation dans un champ sémantique auquel participe également le populisme, à partir de l'analyse des interventions de deux espaces de sociabilité intellectuelle : Carta Abierta et le Club Político Argentino, entre 2008 et 2015. Ces groupes sont représentatifs de la division des champs politiques et intellectuels entre kirchnérisme et antikirchnérisme, qui s'est accentuée après le conflit de 2008 qui a opposé le secteur agricole au gouvernement. Depuis lors, la république et la démocratie, dans leurs acceptions libérales et populistes, ont été utilisées à la fois pour soutenir et remettre en question la légitimité du gouvernement actuel. Une approche associant histoire conceptuelle et intellectuelle est adoptée pour reconstruire la sémantique conceptuelle de la controverse intellectuelle et pour présenter des alternatives au lien antinomique entre république et démocratie qui a prédominé dans l'Argentine récente. À cette fin, la méthodologie, le champ intellectuel argentin et les utilisations des couples conceptuels république-démocratie et populisme-institutions sont présentés.

    Akofa Akpe Fali Hukportie-Lawson Tychus, Contribution à l'étude de la notion de« cycles de guerre» : le cas coréen, thèse soutenue en 2021 à Paris 13 en co-direction avec Jean-René Garcia  

    La fin de la guerre froide semble avoir entraîné une baisse d’intérêt pour les études stratégiques, mais un renouveau des approches théoriques. Les guerres qui ont suivi la chute de l’Union soviétique, puis les attentats du 11 septembre 2001 ne font que refléter la position prépondérante qu’occupe le recours à la force armée dans les relations internationales. À ce titre, nous avons vu disparaître la traditionnelle déclaration de guerre au profit des « police actions » de l’Organisation des Nations unies. C’est sous cette appellation que la guerre de Corée a débuté en 1950 pour prendre fin avec la signature d’un cessez-le-feu en 1953. Aujourd’hui, les deux Corée n’ont pas signé un traité de paix ; elles sont juridiquement toujours en état de guerre, et connaissent tantôt des escalades de tension, tantôt des périodes d’apaisement. C’est ainsi que ce cas d’étude représente selon nous, un exemple complet pour contribuer à la théorisation de la notion de « cycles de guerre », concept dont l’étude n’a été que très peu développée en science politique. Dans cette thèse, nous tentons d’examiner si le cas de la Corée pourrait être considéré comme un exemple de « cycles de guerre », et quels seraient les facteurs de nature politique qui induiraient le fait que les tensions tendent à se répéter de manière cyclique. Pour répondre à cette problématique, notre analyse prendra en compte des facteurs moins mesurables comme le poids de l’Histoire ou encore les représentations idéologiques, qui sont des éléments pouvant déterminer une décision. Outre ces facteurs, nous examinerons des éléments quantifiables, comme les forces en présence ou les capacités diplomatiques des acteurs en jeu.

    Marine Baron, Contribution à l’étude de la notion de droit objectif chez Léon Duguit, thèse soutenue en 2020 à Paris 13 en co-direction avec Jean-René Garcia    

    Le droit objectif chez Léon Duguit peut se définir comme une notion caractérisée par une appréciation d’ensemble, concrète, d’un droit positif fondé sur la solidarité ou l’interdépendance sociale ; il peut aussi se définir comme le résultat de l’action réciproque des gouvernants sur les gouvernés et des gouvernés sur les gouvernants, en termes d’effets de droit. Cette notion, élaborée durant la période reine du Service Public, permet l'utilisation d'une conception historique du droit pour analyser le droit positif contemporain. Il s'agit en effet de s’attacher à considérer les effets actuels, aussi bien en doctrine qu’en droit positif, de la pensée de Léon Duguit relative à la notion de droit objectif. En ce sens, l’analyse de la notion de droit objectif est inséparable d’un travail en lien avec l’actualité du droit, ayant pour ambition d’éclairer les orientations du droit positif et d’en proposer une lecture originale, notamment sous l’angle du principe de solidarité attaché à la notion de droit objectif, pouvant par exemple s’illustrer en droit du service public.

    Nikolaos Kouloglou, Contribution à l'analyse du concept des "zones grises" en Amérique latine : le cas du Mexique et de la Colombie, thèse soutenue en 2020 à Paris 13 en co-direction avec Jean-René Garcia  

    Le concept des « zones grises » a été fondé sur l’idée des espaces non-couverts par les radars afin de permettre une explication à l’ambiguïté. En termes de science politique, ce concept est apparu en vue d’analyser des phénomènes où la souveraineté et l’autorité étatiques ne sont pas claires. Dans le cas de l’Amérique latine, où les frontières extérieures des pays sont plus au moins bien définies, le phénomène des « zones grises » est notamment présent à l’intérieur des États. Il s’agit aussi du cas de la Colombie et du Mexique. Ce doctorat propose une reconceptualisation du phénomène à travers l’analyse comparative des deux cas intrinsèquement différents selon leurs motivations et leur fonctionnement, comme la guérilla des FARC en Colombie et les organisations criminelles (cartels) au Mexique. Néanmoins, via l’analyse des opérations de ces groupes armés illégaux nous apercevons que les raisons de l’apparition des « zones grises » demeurent similaires dans les deux États mettant en lumière la défaillance de l’État moderne latino-américain, la fragilité de l’État de droit dans ces pays -en raison de la fragmentation des institutions pendant la colonisation espagnole- ainsi que l’échec des systèmes politiques d’exprimer la volonté générale. Notre approche se fonde aussi sur l’analyse du contrôle territoriale et la manière dont les FARC ont réussi à dominer des grandes régions du pays de 1964 à 2016 lorsque les accords de paix ont été mises en place ainsi que sur l’émergence d’un autre type du phénomène au Mexique depuis 2006. À travers la comparaison entre les FARC et les organisations criminelles mexicaines nous proposons une nouvelle typologie des « zones grises » qui met l’accent sur la manière de contrôler le terrain. Ainsi, nous appelons les « zones grises de type de présence non-physique » les espaces contrôlés par les organisations criminelles mexicaines et les « zones grises de présence physique » les espaces sous l’occupation des FARC.

    Tsiory Razafindrabe, De la gouvernance à Madagascar : états d'exception et déliquescence de l'État de droit, thèse soutenue en 2018 à Paris Est en co-direction avec Jean-René Garcia  

    Gouvernance, état d’exception et construction étatique à Madagascar : ces trois notions sont indissociables d’une approche de la composante juridique du concept d’état d’exception. Cette démarche implique, d’une part, l’examen de la construction tourmentée de l’ordre juridique postcolonial et celui, d’autre part, du processus de constitutionnalisation des pouvoirs de crise. Par ailleurs, il conviendra de se pencher sur les applications de l’état d’exception qui, de 1972 à 2002, ont suscité une nouvelle dynamique de conceptualisation et, mutatis mutandis, la perpétuation d’une tradition juridique de l’exception. Cette approche éclairera les dérives liées à la pratique et à l’expérimentation des pouvoirs de crise. Elle en explorera les propriétés. Elle n’en exclura pas, loin s’en faut, les marqueurs comparables avec d’autres cas d’étude et les interférences incontournables avec le droit international. Dans un deuxième temps, cette contribution s’efforcera d’interroger la composante politique de l’état d’exception. En effet, cette dimension prédominante détermine une meilleure compréhension de l’application du dispositif sur le terrain malgache, tout en permettant d’expliciter la construction et les pratiques politiques de l’état d’exception, là où le droit reste muet, discret, inapplicable, obscur ou équivoque. Notre démonstration s’appuiera ici sur une notion-clef de la pensée schmittienne : le « décisionnisme politique ». Par ailleurs, les théories du philosophe italien Giorgio Agamben, relatives à l’état d’exception comme « paradigme normal de gouvernement » et sur le concept-même de « dispositif », viendront enrichir l’analyse de l’usage et de la maîtrise des pouvoirs de crise. Dans un troisième temps, il conviendra de circonscrire et de questionner la thèse de l’«exceptionnel ordinaire», fréquemment soutenue par de nombreuses théories et de confronter sa pertinence au cas malgache, afin d’en apprécier la validité. Le montage politique d’«état d’exception permanent » et la banalisation des crises occasionnent, à l’aune du contexte malgache, l’émergence de la notion inédite d’« état d’exception débridé », sans toutefois éclipser celle, tout autant inédite, d’« exception particulière », comme tend à le démontrer la crise politique de 2009. Cette analyse ne manquera pas de recourir aux apports de l’anthropologie : en effet, dimensions culturelles, spécificités malgaches et imaginaire collectif contribueront à mieux circonscrire les modes d’acculturation de la société malgache aux concepts « importés ». Enfin, sans clôturer la réflexion, cette contribution s’efforcera de mieux saisir la dialectique de « l’État malgache en déliquescence ». Sera explorée l’émergence de nouveaux paradigmes de gestion de crise plus concertée, plus consensuelle, plus inclusive, plus rationnalisée, plus internationalisée, moins autoritaire, moins contestable, moins « débridée ». Tout aussi éloigné des jugements de valeur hâtifs que des reconstructions à dominante « culturaliste » qui privilégient une forme de fatalisme sur la trajectoire et le sort de la Grande Île, notre contribution visera d’abord à expliciter des réalités socio-politiques complexes, et à considérer les nombreux défis qui subsistent dans le processus encore inachevé de construction de l’État de droit à Madagascar

    Victor Audubert, Contribution à l’étude du paradigme juridique de la plurinationalité : le cas de l'Etat plurinational de Bolivie, thèse soutenue en 2018 à Sorbonne Paris Cité en co-direction avec Jean-René Garcia  

    La Bolivie connaît depuis le milieu des années 2000 une refondation du droit dans son ensemble, débouchant sur une reconfiguration de l’État et des rapports avec ses différents sous-systèmes. Cette reconfiguration débouche sur une redistribution originale du pouvoir politique, d’une part entre les différents organes de l’État,mais aussi au sein même de la société civile. La notion de plurinationalité semble donc transcender le nouvel État plurinational de Bolivie et agir sur la substance même du droit bolivien en tant que nouveau paradigme juridique. Nous souhaitons démontrer dans cette thèse que l’État plurinational de Bolivie, au travers de la Constitution politique de l’État de 2009, ne s’inscrit plus dans le paradigme juridique de la Modernité, mais dans un paradigme juridique d’un genre nouveau : le paradigme juridique de la plurinationalité. Ce paradigme, dans sa tentative de dépasser la Modernité, reconfigure plusieurs notions centrales du droit constitutionnel : l’État, la production et l’interprétation du droit, le lien politique qui relie gouvernants et gouvernés, la relation entre l’État et la société. Nous proposons ainsi d’observer les effets de ce nouveau paradigme juridique sur le droit bolivien, et nous considérons que ce dernier est précurseur des évolutions à venir dans nos systèmes juridiques contemporains.

  • Caterina Giusa, Harga as Politics Parcours migratoires, rencontres et mobilisations des ‘Tunisiens de Lampedusa, thèse soutenue en 2022 à Paris 13 co-présidée avec Jean-René Garcia    

    Cette thèse explore l'événement qu'ont constitué les départs de dizaines de milliers de harraga tunisiens au moment de la chute de Ben Ali en 2011 dans sa dimension de rupture. Elle se base sur une enquête qualitative conduite entre la Tunisie, la France et l'Italie, qui s'est étendue de 2012 à 2019. Les parcours migratoires des harraga de 2011 en Italie et en France sont caractérisés par une visibilité sans précédent, qui a permis des rencontres inédites, elles-mêmes génératrices de nouvelles formes d'engagement et de mobilisation. L'espace des campements informels, où se rassemblent les 'Tunisiens de Lampedusa' à Paris et Marseille, sont appréhendés dans la thèse comme des espaces de politisation, d'engagement et de mobilisation. En premier lieu, la politisation du phénomène de la harga de 2011 a rendu possible, pour des émigrés Tunisiens résidants en France, de considérer leur engagement pour l'accueil des harraga comme un engagement à distance pour la révolution tunisienne. En outre, en réponse à la menace de l'arrestation et de l'expulsion, une partie des harraga de 2011 se sont mobilisés en s'appropriant le registre révolutionnaire pour revendiquer leur droit à vivre en France. De plus, les 'départs révolutionnaires' ont contribué à ouvrir un espace de contestation des politiques migratoires restrictives en Tunisie. Malgré les dynamiques de dépolitisation de la question de la harga à l’œuvre dans la Tunisie post Ben Ali, cette contestation continue de se déployer tant au niveau local qu'au niveau transnational.

    Ikram Chebbi, La localisation et la taxation des profits financiers dans les transactions internationales, thèse soutenue en 2021 à CY Cergy Paris Université co-présidée avec Jean-René Garcia  

    À mesure de l’accélération du rythme de la mondialisation, les entreprises ont pris une dimension planétaire alors que les normes fiscales sont restées cantonnées à l’intérieur des frontières. Par la présente étude, il s’agit d’adapter la fiscalité à la mondialisation économique et financière et de travailler sur les critères de localisation et de taxation de l’assiette des profits financiers dans le cadre des opérations transfrontalières. Les tensions entre la souveraineté fiscale des États et la portée sans frontières des activités commerciales ne peuvent être résolues qu’au moyen d’une coopération internationale renforcée. L’absence de règles uniformisées et l’effacement des frontières résultant de politiques libérales ont favorisé non seulement la mobilité de quelques facteurs de production tels que les capitaux mais également le transfert de bénéfices à l’étranger et l’érosion de l’assiette. L’accent est donc mis sur la mobilité des capitaux financiers qui sont susceptibles d’être transférés aisément hors du territoire puisque le caractère volatile des profits financiers empêche la localisation de l’assiette fiscale. Un système équitable d’imposition du capital financier dans un univers dominé par des marchés libéralisés doit ainsi être recherché afin de neutraliser les effets néfastes de la concurrence fiscale engendrés par la mondialisation...................................................................................................................................................................................................................................................Mots-clés Acte anormal de gestion, Assiette fiscale, BEPS, ETNC, Convention fiscale, Échanges automatiques, Érosion de l’assiette, Évasion fiscale, Impôt sur le capital, Prix de transfert, Paradis fiscaux, Profit financier, Territorialité, Transparence, Transfert de bénéfices, Mondialité, Montage fiscal, Optimisation, Sous-capitalisation.

    Assia Aouimeur, Les difficultés de mise en oeuvre de la fiscalité environnementale, thèse soutenue en 2019 à Sorbonne Paris Cité co-présidée avec Jean-René Garcia    

    Face à la crise écologique, les Etats ne mettent pas tout oeuvre pour agir efficacement contre la pollution et ainsi envisager le déploiement d’un ordre public écologique. Les outils appliqués et préférés sont les plus adaptés aux besoins, à la compétitivité des industries et sont les moins efficaces. Les pouvoirs publics préférant recourir aux normes réglementaires et aux permis d’émissions de gaz à effet de serre pour protéger l’environnement excluant la fiscalité jugée impopulaire, trop contraignante pourtant très efficace pour inciter les agents économique à modifier durablement leur comportement. Cette fiscalité liée à l’environnement appelée «fiscalité environnementale» par essence incitative, est confrontée à une panoplie d’obstacles institutionnels, juridiques, politiques, économiques et sociaux difficilement surmontables. Malgré une réelle potentialité, la fiscalité liée à l’environnement ne parvient pas à s’inscrire dans le système fiscal français, en droit de l’UE et en droit international. Les pays nordiques semblent être l’exception. La fiscalité environnementale doit être au service de l’environnement et ainsi répondre à cette finalité. Or, celle-ci n’a pour seule et unique fonction le rendement budgétaire, les dispositifs fiscaux adoptés favorisant la protection de l’environnement sont peu nombreux. La thèse propose d’apporter des réponses face aux obstacles à l’émergence d’une fiscalité environnementale en France, en droit de l’UE et en droit international.

    Anne sofie westh Olsen, Beyond the Migration Divide in Burkina Faso : The role of migration management by sending states, thèse soutenue en 2018 à Sorbonne Paris Cité co-présidée avec Jean-René Garcia  

    Cette thèse s'ajoute aux recherches menées sur le lien entre migration et développement, en introduisant une analyse de la gestion de la migration des États d'origine et de son lien avec la réduction de la pauvreté et la croissance inclusive. Les initiatives des pays d'origine pour l'égalité d'accès à la migration, ou comment les structures impactent l’agence, ont été largement négligées. La thèse propose revenir sur la "fracture migratoire", qui a été analysée comme une conséquence des restrictions de l'immigration dans le grand nord, en ajoutant i) dimensions régionales, ii) une approche de croissance inclusive et iii) perspectives des États d'origine. La thèse cherche à comprendre comment les pays pauvres à forte émigration tentent de tirer parti de la migration pour favoriser le développement, a travers d'une étude de cas sur le Burkina Faso. Cela implique d’enquêter sur l’élaboration des politiques au fil du temps, et sur les lacunes en matière de discours et d’application, tant au niveau national que régional en Afrique. Si de nombreux éléments constitutifs des politiques visant à faciliter la mobilité intrarégionale sont en place, aucun progrès substantiel n’a été accompli pour leur ratification et mise en oeuvre au cours de la dernière décennie. Lors de l'analyse de "l'échec" des politiques migratoires, il est important de prendre en compte à la fois les ‘capacités’ et ‘aspirations’ des décideurs, en réinscrivant la migration dans le phénomène plus général du changement social. Cette recherche révèle un changement du paysage politique en Afrique, mais qu’il y du chemin à parcourir avant que la migration ne devienne une politique «élevée» dans les États d'origine.

    Marine Baron, Norme et volonté chez Michel Foucault, thèse soutenue en 2018 à Paris 1 co-présidée avec Jean-René Garcia  

    Dans Surveiller et Punir, Michel Foucault met en avant le fait que les peines prononcées contre les condamnés, qui s’exerçaient autrefois directement sur leur corps, s’exercent à présent sur leur âme, et plus précisément sur leur volonté. Changer l’individu par la norme en exerçant une influence sur sa volonté propre, laquelle est pourtant communément associée à un caractère irréductible, tel est le défi paradoxal du pouvoir normatif, du moins des relations ou rapports de pouvoir définis par Foucault. À travers une approche sociologique, psychologique, l’individu est appréhendé par l’autorité judiciaire comme s’il était en grande partie le fruit d’un déterminisme. C’est en changeant son milieu que l’on pourrait changer son comportement, que l’on ferait de sa volonté hors norme une volonté normée. Cependant, ces tentatives présentées comme des remèdes ont une efficacité mitigée. La prison, par exemple, qui entretient des mécanismes de mise à l’écart et d’oubli des individus ne peut qu’échouer à normaliser les volontés individuelles car elle cultive en son sein les «volontés déviantes», comme pour faire perdurer les illégalismes nécessaires à la conservation des relations de pouvoir au sein de la société. Mais de quelle façon la norme peut -elle agir sur la volonté individuelle ? Il semble que la pensée de Michel Foucault mettant en lumière les échecs de l’action du pouvoir normatif sur la volonté individuelle ait trouvé en cela certaines réponses juridiques actuelles, par exemple dans les récentes mises en place de procédures du plaider-coupable, par des velléités, finalement abandonnées, de fixation d’un âge de consentement sexuel ou encore par la multiplication des alternatives à la prison.

    Demin Xu, La liberté soufflée : liberté individuelle, liberté politique et démocratie en Chine moderne (depuis 1919), thèse soutenue en 2015 à Paris 8 co-présidée avec Jean-René Garcia  

    Selon Benjamin Constant, l’indépendance individuelle est le premier des besoins modernes. Mais, il semble que la sécurité dans les jouissances privées soit primordiale. Pour réaliser la liberté politique de chacun des individus, il a été mis en place, à partir de processus constitutionnels et du principe de la séparation des pouvoirs, des régimes représentatifs. A contrario de Constant, Alexis de Tocqueville fait procéder la démocratie de l’articulation entre la liberté et l’égalité. Ainsi, chez les deux, s’observe un passage de l’individu sujet à l’individu citoyen. Aujourd’hui, Pierre Rosanvallon affirme que la citoyenneté est plus qu’une « dette », elle est aussi un plaisir spirituel. Cependant, à partir des deux auteurs précités, Constant et Tocqueville, et de l’évaluation qu’ils font d’une tradition qui prend son origine dans les idées de Montesquieu et de Rousseau, on s’interrogera sur les concepts de liberté individuelle et de liberté politique, ainsi que ceux d’individualisme et d’égoïsme, jusqu’aux discours contemporains sur la démocratie en Chine (depuis le mouvement du 4 mai 1919).

    Angélica Montes Montoya, Qu'est-ce qu'un noir ? , thèse soutenue en 2012 à Paris 8 co-présidée avec Jean-René Garcia  

    Cette thèse propose une critique de la théorie du multiculturalisme politique d’origine nord-américaine (Taylor, Kymlicka), en en analysant les limites à l’épreuve d’une singularité, la population noire en Colombie. En effet, le traitement politique et juridique de la pluralité culturelle en Colombie a été mis en œuvre en s’inspirant de cette théorie à partir de la Constitution de 1991. Vingt ans plus tard, on observe que l’application de ce modèle génère des pratiques, sociales et discursives, indésirables autour de la pluralité culturelle, dont la création d’une identité « afro » devenue un élément-clé dans la définition de la condition d’être noir en Colombie. Dans ce contexte, on présente comment le discours du multiculturalisme politique réveille des identités endormies et/ou effacées (Indigènes et Noirs), qui réclament leur place dans la vie sociale et politique, et bénéficier de droits spéciaux tenant compte de leur particularité culturelle et de leur histoire. A cet effet, certaines identités, dont l’identité « afro », vont avoir recours à un « essentialisme stratégique » des identités etnnoculturelles collectives, provoquant des tensions au sein de la société. On explore ensuite l’existence d’une approche alternative de la pluralité culturelle dans la pensée française contemporaine, à travers les propositions de Wieviorka (diversité) et de Glissant (créolisation). Entre ces différentes positions (nord-américaine et française), renvoyant chacune à une vision de la pluralité et de la forme politique que celle-ci doit prendre, il ne s’agit pas tant de choisir que d’examiner en quoi elles traduisent une difficulté commune à penser la pluralité ou la multiculturalité.

    Nestor Bidadanure, La culture de paix face au populisme en Afrique, thèse soutenue en 2012 à Paris 8 co-présidée avec Jean-René Garcia  

    Notre thèse montre que, contrairement à l’idée bien répandue dans les médias et dans de nombreux discours politiques, la crise africaine n’est pas ethnique mais bien politique. Dans les Grands Lacs, objet central de notre étude, il n’y a pas d’ethnies au sens classique du terme car les composantes hutu et tutsi partagent la même langue, la même culture et vivent entremêlées sur un même territoire. Nous rappelons aussi que quand bien même il y aurait une différence identitaire entre ces composantes des nations rwandaises et burundaises, cela n’impliquerait pas pour autant un antagonisme entre ces deux entités ; il n’y a pas de corrélation entre la différence ethnique et le conflit à caractère ethnique. Nous montrons que la crise dans les Grands Lacs, dont le sommet fut le génocide contre les tutsi et le massacre des hutu opposés au pouvoir extrémiste, s’enracine dans le fait politique. Pour comprendre l’origine d’une vision animalisante de l’autre qu’a imposé le pouvoir colonial belge aux élites colonisées, nous revisitons le contexte idéologique de son émergence au 18ème et 19ème siècle. Nous analysons le phénomène de l’aliénation que constitue l’intériorisation par les élites postcoloniales de l’idéologie coloniale ainsi que les processus de sa reproduction radicale dans la période postcoloniale. Nous interrogeons la capacité du concept de culture de paix tel qu’il fut pensé par l’Unesco et les Nations Unis à servir d’antithèse à ce que nous appelons le populisme identitaire radical dans les Grands Lacs. Nous montrons que le concept de Culture de paix doit s’enrichir de la philosophie de l’altérité africaine « Ubuntu » pour mieux servir de contre-culture au populisme identitaire radical. Nous montrons également qu’une culture de paix ne peut être un fait dominant de la conscience des individus sans être porté par les acteurs politiques, que la possibilité de rendre hégémonique une culture de paix est inséparable de l’acte de résistance politique.

  • Jael Loana Ferrari, Renovadas experiencias políticas de la fraternidad revolucionaria francesa : logias masónicas y movimientos anarquistas de Rosario, thèse soutenue en 2018 à Paris 8, membres du jury : Jean-René Garcia (Rapp.)  

    Ce travail analyse la permanence, sous sa forme politique, de la valeur révolutionnaire française qu’est la fraternité, dans deux groupes sociaux qui ont pour caractère commun de revendiquer cette valeur. Ils le font chacun à travers un type particulier d’association fraternelle : la franc-maçonnerie et l’anarchisme. Un débat a lieu actuellement au sein de la Science et de la Philosophie politique, qui questionnent le destin de la dite valeur tout au long de l’histoire. Notre intention est de reconsidérer les appréciations qui ont vidé la fraternité de son contenu politique ; nous proposons pour ce faire d’introduire une nouvelle perspective sur la compréhension qu’ont de la valeur française les deux groupes sociaux de référence, dont l’idéologie maintient pourtant, paradoxalement, une certaine distance avec la politique. Notre chemin commence dans la France révolutionnaire du XVIIIème siècle pour mettre en évidence la construction politique et idéologique qui donne sa base à cette valeur fraternité ; laquelle a donné vie aux groupes sociaux que nous étudions ; d’une certaine manière, elle persiste jusqu’à aujourd’hui, à travers divers changements et agrégats. L’expérience se déplace ainsi de la France à l’Amérique coloniale du Sud, via le pont philosophique de transfert politique que construisirent les publicistes créoles argentins (principalement francs-maçons), constituant par là un programme d’engagement qui créera la République argentine moderne. Nous observons les expériences sociales de groupes maçonniques et anarchistes argentins dont, entre XIXème et XXème siècles, les activités et propositions de ton révolutionnaire modalisèrent pour toujours la logique politique d’un Etat en formation. En cette première décennie du XXIème siècle, nous proposons donc une analyse actualisée de deux groupes sociaux locaux (à Buenos Aires et à Rosario) et de la construction politique-idéologique présente dans l’un et dans l’autre. Une analyse qui peut contribuer à l’ouverture d’un regard scientifique nouveau sur la fraternité.

    Anouk Colombani, L'après-violence : (ré)conciliations (im)possibles ?, thèse soutenue en 2017 à Paris 8, membres du jury : Jean-René Garcia (Rapp.)  

    Plus d'une cinquantaine de processus de réconciliation nationale ont vu le jour depuis la fin des années 80, pourtant la réponse reste incertaine, est-il possible de se réconcilier ? Il semblerait que les violences extrêmes qui ont émergé durant le XXe siècle aient créé un paradoxe insoluble : d'un côté, il faut se réconcilier pour éviter de nouveaux massacres (la violence n'entraîne-t-elle pas la violence?), de l'autre, il n'a jamais paru aussi incongru d'en appeler à se réconcilier. Qui a le droit d'intimer l'ordre à un survivant de génocide d'accepter la réconciliation ? La thèse fait l'hypothèse que la réconciliation n'en est jamais vraiment une à cause de l'incapacité de la pensée libérale à penser la violence et plus largement de la difficulté des sciences humaines et sociales à faire face à la violence. Il s'agit dès lors de comprendre le roman scientifique que racontent la philosophie libérale et la justice transitionnelle, puis de réfléchir à une philosophie du concret et du détail, qui se rapprocherait de l'histoire et de l'anthropologie afin de saisir au vif ce que nous appelons, sans vraiment nous y intéresser, violence.

    Belgacem Krissaane, Communication et émancipation : la transformation communicationnelle du concept de l'émancipation chez Habermas, thèse soutenue en 2015 à Paris 8, membres du jury : Jean-René Garcia (Rapp.)  

    L'objectif de ce travail est de réunir deux concepts dont il n’est pas courant de le faire communiquer : l’émancipation qui remonte aux débuts de la réflexion philosophique et dont il est le cœur actif ; et la communication qui renvoie à notre présent historique et dont il est l’emblème le plus répondu.Le projet philosophique de Habermas peut être lu en tant qu’actualisation du projet de la Théorie critique et en tant que lieu de repenser le concept de l’émancipation dans les sociétés complexes du capitalisme avancé à travers la communication. C’est dans le cadre du tournant pragmatique que Habermas reconstruit le paradigme communicationnel, ce qui permet d’articuler le tournant linguistique avec la théorie de l’action dans le cadre d’une théorie de la société. La présente recherche enquête sur l’argument philosophique de Habermas qui peut justifier la thèse que face à une colonisation de plus en plus violente du monde vécu par les impératifs systémique, il nous est encore possible d’organiser une émancipation réelle, collectif et effective. Assumant les contraintes multiformes de ce travail théorique faillible Habermas défend l'idée selon laquelle une politique délibérative fondée sur le principe de discussion (l’implication politique de la pragmatique universelle) peut être la condition de cette émancipation. La délibération active le rôle de la communication intacte et exempte de violence pour retrouver un accord rationnellement fondé, mais faillible. Tournée vers la vie concrète des hommes de la société actuelle, la délibération ira jusqu’à légitimer et même légaliser la désobéissance civile.

    Natalia Roberta Taccetta, Cinéma et représentation historique , thèse soutenue en 2014 à Paris 8, membres du jury : Jean-René Garcia (Rapp.)  

    Cette thèse est basée sur l’importance de la dimension esthétique dans la construction du sens historique, tandis que les liens entre le passé, le présent et l’avenir, et analyse la relation entre la représentation historique, la subjectivité et le cinéma. De l'examen des Histoire(s) du cinéma (Jean-Luc Godard, 1988-1998), Shoah (Claude Lanzmann, 1985), Berlin Alexanderplatz (Rainer Werner Fassbinder, 1980) et Hitler, un film d'Allemagne (Hans -Jürgen Syberberg, 1977) tente d'évaluer la capacité du cinéaste à s'attaquer au problème de l'histoire en interrogeant les formes hégémoniques de représentation. Face à l'effondrement des histoires unifiés, les coordonnées spatio-temporelles sont radicalement modifiées et il y a besoin de moyens de présentation (dans le langage et l'art) plus en phase avec la chute de toute téléologie et de contester la représentation artistique et historique conventionnel. L'objectif est d'explorer le problème de la construction du sens historique et les possibilités du cinéaste de projeter des cadres de compréhension de l’histoire sans reproduire les significations historiques hégémoniques du modèle progressif. Elle s'appuie principalement à la perspective de Walter Benjamin, avec des approches à l'esthétique et à la philosophie de l'histoire comme la lecture du modernisme de Hayden White et l’écriture warburgienne de Georges Didi-Huberman pour revenir sur la relation entre l'art et la politique. La contribution originale de cette thèse tente à être double: d'abord, de repenser le lien entre le cinéma et l'histoire comme une matrice à partir de laquelle réfléchir sur la construction du sens historique dans la représentation esthétique; d'autre part, concevoir le cinéaste comme une «figure de la subjectivité» dans le sens de la conceptualisation figure / analogon de Giorgio Agamben, qui reprend la logique historique et s’inscrit artistique et politiquement dans le domaine de la culture contemporaine.

    Luis Gonzalo Ferreyra, Philosophie et politique chez Arturo Andrés Roig, thèse soutenue en 2012 à Paris 8, membres du jury : Jean-René Garcia (Rapp.)  

    Nous avons tenté dans cette thèse, à partir de la mise en relation du discours philosophique avec « le politique », rendre compte des allers-retours d’une pensée. Cette problématique nous a mené à parler de sa radicalisation philosophico-politico-pédagogique d’une part, et du curriculum occultum d’une autre. La première souligne le tournant principal dans sa réflexion qui se concrétise autour de la Philosophie de la Libération des années 70 donnant ainsi naissance à sa période latino-américaniste. Le deuxième concept veut mettre en valeur, malgré les tournants et ruptures opérés dans sa pensée contemporaine, sa fidélité à la période que la précède, à savoir, à la philosophie classique et principalement, dans celle-ci, au platonisme. Le grand enjeu de cette thèse est de rompre avec le commentaire académique de son œuvre. Nous avons voulu mettre en scène un philosophe et son combat au milieu des circonstances institutionnelles et politiques où se produit le discours philosophique. A partir de la confrontation du discours philosophique et universitaire de Roig avec son engagement des années 70, nous voulons donner une nouvelle perspective à sa singularité philosophique : du penseur engagé et philo-marxiste, vers le méconnu ou oublié, spiritualiste, platoniste, pédagogue et « réformiste ».

  • Cleane Chery Prelat, Genèse et institution de l'humanité politique chez Jean-Jacques Rousseau, thèse soutenue en 2017 à Paris 8, membres du jury : Jean-René Garcia (Exam.)  

    Rousseau conteste la théorie aristotélicienne de la sociabilité naturelle à laquelle il supplée sa doctrine de l’asociabilité naturelle. Il rejette du même coup la conception hobbesienne de l’homme naturellement insociable et s’oppose également au dogme du péché originel auquel il oppose sa théorie de la bonté originelle qui n’est, en réalité, qu’une apologie de la justice et de la toute-puissance divine ce qui nous a conduit à la question de la théodicée inspirée par Saint-Augustin, théorisée par Leibniz, contestée par Voltaire et par lui défendue. En rejetant le péché originel et en proclamant la bonté naturelle de l’homme, il disculpe Dieu mais aussi l’homme avant son intégration à la vie sociale. C’est donc pour lui, les liens sociaux qui corrompent l’homme et le rendent mauvais. Il fait découler cette corruption de l’inégalité créée par la propriété car à l’état de nature où il n’y avait pas de propriété, où tout était commun à tous, l’homme n’était pas méchant et c’est pour tenter de revenir à l’état d’égalité naturelle qu’il a institué la loi. Mais il a remarqué qu’une fois entré dans la vie sociale, la propriété est devenu un droit sacré, indispensable. Un revirement s’est donc opéré chez lui. De pourfendeur du droit à la propriété, il en est devenu le défenseur. Aussi, certains commentateurs l’ont-ils classé dans la catégorie des individualistes. D’autres le rangent parmi les communistes et d’autres le rattachent à la doctrine socialiste. Afin de mieux pouvoir le situer, nous avons choisi de confronter ses idées et prises de position avec les tenants de ces différents courants idéologiques : Proudhon pour l’individualisme, Baboeuf pour le communisme et Marx pour le socialisme.

    Selvan Charles Alexius Micheal Antony, La différance comme déconstruction de la violence : des jeux, des traces et des silences, thèse soutenue en 2017 à Paris 8, membres du jury : Jean-René Garcia (Exam.)  

    La thèse intitulée « La différance comme déconstruction de la violence : des jeux, des traces et des silences » nous révèle le jeu stérile, la trace fertile et l’ironie muette de la philosophie contemporaine.L’enquête sur la différance avec un « a », une singularité derridienne, est donc un jeu linguistique et, en même temps, un enjeu métaphysique entre la disparition et l’apparition. Jacques Derrida écrit : « En toute exposition elle (la différance) serait exposée à disparaître comme disparition. Elle risquerait d’apparaître : de disparaître». En 1968, il a prononcé sa fameuse conférence, « la différance », à la Société française de philosophie. La différance est lancée avec une disparition et avec une apparition. Le « e » a disparu mais le « a » est apparu. Il s’agit de cette « différance » avec ce jeu entre le « e » et le « a » et ce jeu est apparemment perturbant et violent. L’absence du « e » est violence et la présence du « a » est violence.La différance est violente envers la violence. Ce terme nouveau est à l’origine d’une déconstruction et d’un déplacement, d’un changement de sens de la « différence ». Derrida a mal orthographié v(i)olontairement la différence pour faire ressortir une dimension plus profonde de la présence et de l’absence dans la signification. Il rattache certaines catégories à la différance comme le jeu, le silence, l’évasion, la rupture, la violence, la rature, la négativité, le non-espace, le non-nom, etc. La différance est un concept du concept, du méta-concept et du non-concept – un concept de la différence, un concept hors de la différence, un concept de non-différence –. C’est une écriture sur l’écriture, une non-écriture, une violence sur la violence, une non-violence.Globalement, cette recherche sur la différance se situe donc dans une perspective de la violence de la présence à l’absence ; elle donne trois lectures à la violence de la différance : une lecture du jeu, une lecture de la trace et une lecture du silence.La première lecture est « jeu ». Elle présente les jeux de la différance. Derrida joue des jeux métaphysiques dans le champ de la différance comme à son habitude. La différance est un jeu parce qu’elle ne veut rien proposer. Et, ne rien proposer, c’est « jouer à jouir », jouer sans arrêt. La différance comme un jeu oblige ses lecteurs à faire une déconstruction de toutes les propositions. Elle nage parmi les Positions contradictoires. Derrida écrit : « Le concept de jeu se tient au-delà de cette opposition ».La deuxième lecture de la différance est la trace. Ne sommes-nous pas toujours déjà tracés ? Pourrions-nous être totalement libérés de la trace des autres ? Tout est dans le cercle de trace. Derrida écrit dans Glas : « C’est pourquoi il n’y a ici que des traces, des traces de traces sans tracé, ou si vous voulez des tracés qui ne traquent et ne retracent que d’autres textes, (…) » Derrida, même ouvertement, accepte d’être influencé par plusieurs pensées. Or, nous énumérons cinq traces importantes dans la différance – Rousseau, Hegel, Nietzsche, Heidegger et Levinas – ; certainement, il y en aura beaucoup plus. La troisième lecture est le silence. Elle remarque une perte silencieuse dans la différance entre le « e » et le « a ». La différance est un projet politique, une politique textuelle contre la souveraineté de la parole pour que la parole réalise sa faiblesse et son absence. Ce qui nous intéresse dans cette politique est qu’une politique du silence se déploie dans la différance. Par sa différance, Derrida lance sa recherche envers une absence présente, envers un mutisme brillant et envers un vide existentiel. [...]

    Nicolas Angelcos-Gutierrez, La construction du politique chez les nouvelles générations de pobladores au Chili, thèse soutenue en 2015 à Paris EHESS, membres du jury : Jean-René Garcia (Exam.)  

    Cette thèse s'interroge sur les formes d'organisation sociale qui caractérisent les pobladores (habitants de faubourgs au Chili) dans l'actualité et comment elles se rapportent avec la politique institutionnelle. Pour ce faire, la thèse cherche a dépasser la conception de la politique en tant que système autonome par rapport au social, dont la faible participation des pobladores dans les élections régulières serait le symptôme d'une dépolitisation progressive des couches populaires, vers une conception plus élargie où le politique façonne directement leur expérience sociale. Ce déplacement conceptuel permettra d'analyser les processus de subjectivation politique que gèrent les pobladores, notamment par rapport à la définition dominante de la pauvreté, et comment à partir de cela ils essayent d'infléchir les conditions à travers lesquelles le pouvoir s'exerce.

    Alberto Bejarano, «Chercher des ponts sur les abîmes» , thèse soutenue en 2014 à Paris 8, membres du jury : Jean-René Garcia (Exam.)  

    La présente thèse est une tentative de discerner le noyau philosophiquelittéraire de l’oeuvre de l’écrivain chilien Roberto Bolaño (1953-2003), auteur (surtout) d’un roman-phare, d’un roman total intitulé 2666 (2004). Il s’agit d’un roman qui traverse le XXe siècle autour du problème du mal et des représentations fictionnelles de l’histoire (des révolutions politiques et poétiques du début du siècle jusqu’à Auschwitz, en passant par les crimes actuels contre les femmes à la frontière du désert de Sonora au Mexique). Notre question principale est de penser ce qu’est la littérature et de réfléchir aux méthodes philosophiques qui permettraient de saisir ses frontières. Notre but a été de faire résonner autrement les problématiques politiques, éthiques et esthétiques que Bolaño développe à la fin du XXe siècle et de voir comment il révolutionne le genre du roman, suivant les pas de grands auteurs du siècle passé, tels Proust, Joyce, Kafka, Broch, Faulkner, Perec, Bioy Casares, Cortázar. Nous proposons donc dans cette recherche esthétique un dialogue approfondi entre un camp philosophique et un écrivain-monde-frontière comme Bolaño, autour des questions liées à la survivance de la littérature à l’heure actuelle. Il est important de souligner que nous avons suivi les routes d’investigation littéraire proposées par des philosophes français contemporains qui n’ont pas cessé de questionner les sens de la littérature et ses rapports avec la philosophie (Abensour, Blanchot, Deleuze, Derrida, Macherey, Rancière, Sartre). Ils ont tous en commun une interrogation profonde sur la naissance de la littérature moderne au XIXe siècle autour des inventeurs du roman (Balzac, Stendhal, Flaubert) et des étonnants-voyageurs (Baudelaire, Rimbaud et Mallarmé) qui sont aussi la base d’une pensée de la littérature, c’est-à-dire des liens entre le réel et la fiction, chez Roberto Bolaño.