Gilles Pollet, Sophie Bouffier, Didier Breton, Philippe Casella, Sophie Chiari-Lasserre [et alii], L’interdisciplinarité sans concession, Éditions A. Athéna et OpenEdition, 2023, Collection ATHENA
À partir de l'expérience des Maisons des sciences de l'homme, ce livre revitalise la question de l'interdisciplinarité à travers une analyse précise des empêchements auxquels la confronte l’organisation de la transmission des savoirs, et les enjeux variés qui y sont associés. Il expose les promesses d’une interdisciplinarité en devenir.
Gilles Pollet, Bruno Dumons (dir.), Elites et pouvoirs locaux: la France du Sud-Est sous la Troisième République, Presses universitaires de Lyon et OpenEdition, 2019, Collection du Centre Pierre Léon
Gilles Pollet, Bruno Dumons (dir.), La fabrique de l'honneur : les médailles et les décorations en France (XIXe-XXe siècles), Presses universitaires de Rennes et OpenEdition, 2019, 238 p.
Depuis longtemps, la pérennisation du pouvoir royal s'était appuyée sur un ensemble de techniques, de dispositifs et de pratiques de gouvernement parmi lesquelles se distinguait l'attribution d'une médaille ou d'une décoration qui permettait de mettre à l'honneur un sujet. Si les révolutionnaires de 1789 ont décrété la suppression de ces ordres royaux, l'Assemblée nationale de 1791 a considéré qu'il y avait toujours lieu d'attribuer des marques d'honneur aux citoyens. Bonaparte reconnaît au Conseil d'État en 1802 qu'une telle technique n'est pas incompatible avec l'idéal républicain : « Je défie qu'on me montre une République ancienne ou moderne dans laquelle il n'y a pas eu de distinctions... » Ainsi, l'honneur devient une affaire de mérite, rationalisable et génératrice d'un nouveau modèle d'élites.Recevoir une décoration, c'est donc être mis à l'honneur publiquement par l'institution qui la décerne. L'individu récompensé incarne un exemple de « vertu » et de « mérite ». L'attribution d'une médaille appartient à une logique de « distinction » et devient progressivement une « technique de gouvernement ». Dès le début du XIXe siècle, un véritable engouement pour les médailles et les décorations s'empare d'ailleurs de la nouvelle société bourgeoise. L'Empire et la République mais également l'Église ont distribué chacun à profusion ces marques de reconnaissance. Cette inflation de récompenses honorifiques qui ne se dément pas jusqu'au milieu du XXe siècle, et dans une large mesure jusqu'à nos jours, appelle une réflexion générale et une analyse socio-historique qui n'a jusqu'alors guère suscité l'intérêt des chercheurs en sciences sociales.Préalablement considéré comme poussiéreux et futile, réservé aux numismates et aux érudits, cet objet d'étude peut être revisité sous une double approche qui envisage la médaille et la décoration comme une technique relevant des « sciences de gouvernement » et un outil de fabrication des nouvelles élites. Pour la première fois, une confrontation entre politistes, juristes et historiens a permis d'envisager, à partir de synthèses et d'études de cas empiriques, les multiples aspects qui entourent cette « technique de gouvernement » et les différents profils d'élites générés et légitimés par la « pratique décorative » d'État
Gilles Pollet, Renaud Payre, Socio-histoire de l'action publique, Cairn et La Découverte, 2013, Repères ( Sciences politiques-Droit ), 128 p.
Juger aujourd'hui des capacités de gouvernement d'un État ou d'une collectivité territoriale revient le plus souvent à analyser et à tenter d'évaluer les actions et politiques publiques qu'ils mettent en œuvre dans différents domaines (éducation, santé, emploi, culture, urbanisme, transport, etc.). Ainsi, l'analyse des politiques publiques est devenue depuis plus d'un demi-siècle, au sein de la science politique, une des spécialités les plus reconnues, fournissant à la fois des cadres analytiques et des outils d'aide à la décision. En son sein, une perspective de socio-histoire de l'action publique s'est fortement développée depuis les années 1980, persuadée que seule une mise en perspective sociologique et historique de ces actions publiques permet d'en comprendre toute la complexité et d'en tirer des leçons pour gouverner. Fort de ce constat, ce livre poursuit trois ambitions majeures : revenir sur la construction sédimentaire de l'analyse des politiques publiques en posant les principaux jalons ; analyser ce que peut représenter, en son sein, le tournant socio-historique, tout en effectuant un bilan des travaux produits depuis une trentaine d'années dans ce cadre et proposer un véritable programme de recherche en socio-histoire de l'action publique.
Gilles Pollet, Olivier Ihl, Martine Kaluszynski (dir.), Les sciences de gouvernement, Economica, 2003, Études politiques, 218 p.
Gilles Pollet, Bruno Dumons (dir.), Administrer la ville en Europe : XIXe-XXe siècles, l'Harmattan, 2003, Logiques politiques, 206 p.
Gilles Pollet, Bruno Dumons, Pierre-Yves Saunier, Les élites municipales sous la IIIe République : des villes du Sud-Est de la France, CNRS éd, 2002, CNRS plus, 210 p.
Gilles Pollet, Bruno Dumons (dir.), Elites et pouvoirs locaux: la France du Sud-Est sous la Troisième République, Presses universitaires de Lyon, 1999, Collection du Centre Pierre Léon, 530 p.
Gilles Pollet, Bruno Dumons, Pierre-Yves Saunier, Les élites municipales sous la IIIe République: des villes du Sud-Est de la France, CNRS éd, 1998, CNRS histoire ( Histoire contemporaine ), 210 p.
Gilles Pollet, Alain Faure, Philippe Warin (dir.), La construction du sens dans les politiques publiques: débats autour de la notion de référentiel, L'harmattan et L'Harmattan, 1995, Collection Logiques politiques, 191 p.
Gilles Pollet, Bruno Dumons, L'État et les retraites: genèse d'une politique, Belin et Impr. Darantière, 1994, Temps présents, 477 p.
En France, au tournant des XIXe et XXe siècles, la vieillesse ouvrière a été perçue comme un "problème social", suscitant nombre de controverses et diverses tentatives de règlement. Ces solutions se sont incarnées, dès 1910, dans la première législation nationale d'assurance sociale, mais également au travers des initiatives de la "société civile", débouchant sur la généralisation d'un mode particulier de gestion de la vieillesse : la retraite. L'analyse de son institutionnalisation, tout en éclairant les déterminants de l'action publique, met en évidence les fondements du compromis social de la Troisième République. Surtout, elle illustre le socle intellectuel, les usages, les pratiques et les réseaux sociaux qui concourent à la difficile construction de l'"État-Providence" et à l'affirmation d'un modèle démocratique moderne.
Gilles Pollet, Volume d'articles et travaux pour l'habilitation à diriger des recherches, 1994
Gilles Pollet, Bruno Dumons, Muriel Berjat, Naissance du sport moderne, La Manufacture, 1987, Les Olympiques, 204 p.
Gilles Pollet, Renaud Payre, « The Socio-History of Public Policy Implementation », in Sager, Fritz, Mavrot, Céline, Keiser, Lael R. (dir.), Handbook of Public Policy Implementation, Edward Elgar Publishing, 2024, pp. 239-251
Gilles Pollet, « Les interdisciplinarités à l’épreuve des cadres disciplinaires : ajustements et recompositions », in Réseau National des Maisons des Sciences de l'Homme (dir.), L’interdisciplinarité sans concession, Éditions A. Athéna, 2023, pp. 75-87
Gilles Pollet, Renaud Payre, « A sócio-história da ação pública », in Porto de Oliveira, Osmany, Hassenteufel, Patrick (dir.), Sociologia política da ação pública : teorias, abordagens e conceitos, Escola Nacional de Administração Pública (Enap), 2021, pp. 60-79
Gilles Pollet, Renaud Payre, « Approches socio-historiques », in Boussaguet, Laurie, Jacquot, Sophie, Ravinet, Pauline (dir.), Dictionnaire des politiques publiques [5e édition entièrement revue et corrigée],, Sciences Po, Les Presses, 2019, pp. 101-108
Gilles Pollet, Renaud Payre, « On the path to public policy analysis : an 'administrative science' between reform and academy », in Halpern, Charlotte, Hassenteufel, Patrick, Zittoun, Philippe (dir.), Policy analysis in France, Policy Press, 2018, pp. 31-46
Gilles Pollet, « Les réseaux libéraux et la construction de l'Etat solidariste : entre libéralisme social et conservatisme politique », in Fournel, Jean-Louis; Guilhaumou, Jacques ; Potier, Jean-Jacques (dir.), Libertés et libéralismes : formation et circulation des concepts, ENS éd., 2012, pp. 345-371
Gilles Pollet, « Sociogenèse de l'État social français : la société civile contre - ou tout contre - l'État ? », in Dupré, Michèle ; Giraud, Olivier ; Lallement, Michel ; (dir.), Trajectoires des modèles nationaux : État, démocratie et travail en France et en Allemagne, P. Lang, 2012, pp. 103-117
Gilles Pollet, Renaud Payre, « Les savoirs de science politique : des savoirs pour l'action politique ? », in Le Marec, Joëlle (dir.), Les études de sciences : pour une réflexivité institutionnelle, Éditions des archives contemporaines, 2010, pp. 43-63
Gilles Pollet, « Nul ne sait de quoi le passé sera fait », in Buton, François;Mariot, Nicolas; (dir.), Pratiques et méthodes de la socio-histoire, Presses universitaires de France, 2009, pp. 183-198
Gilles Pollet, Renaud Payre, « Approches socio-historiques », in Boussaguet, Laurie;Jacquot, Sophie;Ravinet, Pauline; Muller, Pierre (dir.), Dictionnaire des politiques publiques, Presses de Science Po. 2e éd. rev. et corr., 2006, pp. ??
Gilles Pollet, Renaud Payre, « Approches socio-historiques », in Boussaguet, Laurie;Jacquot, Sophie;Ravinet, Pauline; (dir.), Dictionnaire des politiques publiques, Presses de Sciences Po, 2004, pp. 86-93
Gilles Pollet, Olivier Ihl, Martine Kaluszynski, « Introduction. Pour une socio-histoire des sciences de gouvernement », in Ihl, Olivier;Kaluszynski, Martine;Pollet, Gilles; (dir.), Les sciences de gouvernement, Economica, 2003, pp. 1-21
Gilles Pollet, « Administration municipale et assistance publique à Lyon sous la Troisième République : la constitution d'un modèle urbain de protection sociale ? », in Pollet, Gilles;Dumons, Bruno; (dir.), Administrer la ville en Europe: XIXe-XXe siècles, l'Harmattan, 2003, pp. 187-206
Gilles Pollet, « Entrées : La solidarité ; L'administration municipale », in Duclert, Vincent;Prochasson, Christophe; (dir.), Dictionnaire critique de la République, Flammarion, 2002, pp. 256-261628-633
Gilles Pollet, « L'État, une entreprise comme les autres ? », Sciences humaines, 2021, n°332, p. 9
Gilles Pollet, Renaud Payre, « Analyse des politiques publiques et sciences historiques », Revue Française de Science Politique, 2005, n°1, pp. 133-154
Gilles Pollet, « La question des retraites vue par les socialistes français (1880-1956) », Cahier d'histoire de la sécurité sociale (ISSN 1772-1083), 2005, n°1, pp. 197-224
Gilles Pollet, « La solidarité par la coopération et la mutualité », Collection Mémoires (Autrement), 2005, n°1052004, pp. 152-156
Gilles Pollet, Bruno Dumons, « Espaces politiques et gouvernements municipaux dans la France de la IIIe République. Eclairage sur la sociogenèse de l'Etat contemporain », 2001, pp. 15-32
Espaces politiques et gouvernements municipaux dans la France de la IIIe République. Eclairage sur la sociogenèse de l'Etat contemporain Bruno Dumons Gilles Pollet
L'institutionnalisation d'espaces politiques et d'action publique municipaux dans la France de la IIIe République peut être analysée dans le cadre plus large de la sociogenèse de l'Etat républicain. La prise en compte des rapports qui s'établissent entre le local et le national, entre le « centre » et les « périphéries », ou encore entre les communes et la Nation nous offre en effet l'occasion de saisir les figures concrètes de cette structuration institutionnelle et sociopolitique particulière. L'étude précise des activités des municipalités livre alors les bases d'une sociologie de l'action publique et des espaces politiques communaux permettant d'interroger, à travers ces jeux d'échelles, les spécificités du travail municipal et leurs principaux acteurs. Laboratoire innovant, machinerie politique ou bastion de l'immobilisme, le gouvernement municipal se situe finalement au cœur d'un système politico-administratif dont la légitimité est liée à sa capacité à assurer la coordination par le « centre » d'une somme d'intérêts territorialisés.
Gilles Pollet, Bruno Dumons, « Universitaires et construction de l’État-Providence : la formation économique et juridique des élites françaises (1890-1914) », Revue d'histoire des facultés de droit et de la culture juridique, du monde des juristes et du livre juridique, 1999, pp. 179-195
Gilles Pollet, Bruno Dumons, « De l'administration des villes au gouvernement des hommes de la Ville sous la IIIe République », 1997, pp. 52-75
■ Bruno Dumons, Gilles Pollet: De l'administration des villes au gouvernement des «hommes de la Ville» sous la IIIe République La mise en administration et la républicanisation progressives des sociétés locales, suivies d'une centralisation et d'une relative homogénéisation du statut de la fonction publique territoriale, semblent constituer un bon observatoire pour analyser le mouvement plus général d'étatisation de la société française. La bureaucratisation des municipalités ne débouche toutefois pas toujours sur des organisations municipales plus démocratiques. Mais les effets sociaux de ces processus s'incarnent dans la normalisation des pratiques et l'imposition, à travers les règlements et les statuts, de types comportementaux caractérisant l'employé- modèle, «l'homme de la Ville».
Gilles Pollet, Didier Renard, « Genèses et usages de l'idée paritaire dans le système de protection sociale français. Fin 19e - milieu du 20e siècle », 1995, pp. 545-569
La protection sociale se construit en France à partir de plusieurs piliers d'importance inégale, chacun porteur d'une organisation spécifique. Les conflits et les compromis autour des modes d'administration de ces organisations constituent depuis l'origine un élément important et souvent sous-estime de la structuration du système. La gestion paritaire apparaît d'abord sur le terrain très spécifique du traitement du chômage et du placement ouvrier en temps de guerre. Ce n'est qu'à la fin des années 1930 qu'elle commence à devenir un mode d'administration de la protection sociale. Son champ d'action privilégié est celui de la protection des classes moyennes salariées, avant que celles-ci n'intègrent un système d'assurances sociales alors réservé aux plus bas salaires, puis, après l'instauration de la sécurité sociale, dans le cadre de la gestion d'une protection complémentaire. Après 1945, l'opposition entre la revendication traditionnelle de gestion ouvrière et le modèle paritaire apparaît comme une donnée majeure du conflit de logiques, caractéristique d'une protection sociale moderne qui tend à substituer à l'enjeu de la résolution de la question ouvrière celui de la structuration d'une classe moyenne salariée.
Gilles Pollet, Bruno Dumons, « Aux origines du système français de retraite. La construction d’une solution politique au problème de la vieillesse ouvrière au tournant des XIXe et XXe siècles », 1995, pp. 11-39
La loi des retraites ouvrières et paysannes (ROP du 5 avril 1910) inaugure une dynamique assurantielle à caractère obligatoire et une logique interventionniste en matière sociale qui préfigurent le futur État-Providence français. Cette législation particulière constitue toutefois l’aboutissement politique d’un long processus intellectuel et social qui a débuté au milieu du XIXe siècle. Ce dernier a permis l’institutionnalisation de la question de la vieillesse ouvrière en tant que problème politique puis sa légitimation comme catégorie d’intervention publique. Une fois la question inscrite sur l’agenda politique, les cadres intellectuels et pratiques d’exercice du «travail politique» guident et limitent tout à la fois les actions gouvernementales et législatives. Le processus de décision publique peut alors s’éclairer à travers la perception fine de la configuration des réseaux d’action publique et des coalitions d’acteurs qui concourent à l’affirmation d’une réponse politique spécifique au problème de la vieillesse ouvrière à la Belle Époque.
Gilles Pollet, Didier Renard, « Régimes de retraite et paritarisme. La question des classes moyennes salariées dans la structuration de la protection sociale française », 1995, pp. 41-63
L’analyse de l’institutionnalisation progressive du système de retraite français permet une relecture critique de l’histoire de la protection sociale et souligne les processus de structuration, de représentation et de légitimation des divers intérêts sociaux qui sont à l’oeuvre dans ce secteur. À travers cette perspective, les débats et les pratiques concernant les modes de gestion des organismes de protection sociale apparaissent centraux, alors même qu’ils ont souvent été traites comme périphériques dans l’historiographie contemporaine. La pluralité des modèles de gestion des institutions de retraite témoigne en effet de conflits récurrents portant plus largement sur les stratégies visant au contrôle de la protection sociale. Dans le cas particulier des retraites, il est significatif de noter que l’élaboration conventionnelle et le paritarisme représentent au départ le mode de gestion emblématique des institutions créées pour les classes moyennes salariées en cours de structuration. Ces techniques gestionnaires constituent par la suite le fer de lance d’une stratégie patronale de refus ou d’amendement du système étatique de protection sociale ainsi que l’indice et l’emblème de l’intégration progressive d’une classe moyenne salariée de plus en plus nombreuse à une protection sociale initialement conçue pour les seuls ouvriers.
Gilles Pollet, Bruno Dumons, « Politiques de vieillesse et rationalisation dans l'entreprise : la gestion des vieux travailleurs en France au début du siècle », 1993, pp. 241-255
En France, l'initiative des caisses de retraite revient au pouvoir royal. Au XIXe et au début du XXe siècles, des caisses patronales de retraite se sont largement développées, surtout dans la grande industrie, d'abord avec un souci moral et pédagogique, puis, beaucoup plus tard, avec un objectif de meilleure productivité de l'entreprise. Ces caisses permettaient de mettre à l'écart les travailleurs vieillissants moins efficaces. Ce développement des caisses de retraite semble donc avoir été en France jusqu'aux années trente et contrairement aux Etats-Unis, indépendant du mouvement taylorien de rationalisation de la production.
Gilles Pollet, Bruno Dumons, « Les socialistes français et la question des retraites (1880-1914) », 1993, pp. 34-46
French socialists and the problem of pensions (1880-1914), Bruno Dumons, Gilles Pollet.
The article examines the place and strength of the problem of workers' retirement, starting from the origins, among French socialists, closely linked to the conquest of free time and rest. The problem of pensions was important in terms of political culture as it forced socialism to reconcile its dreams of emancipation with the State's management role in a modern society.
Gilles Pollet, Bruno Dumons, « La naissance d'une politique sociale : les retraites en France (1900-1914) », 1991, pp. 627-648
La construction d'une politique nationale de retraite en France résulte d'un long processus historique dans lequel la loi du 5 avril 1910 marque une étape décisive. Entre plusieurs conceptions de société fortement antagonistes finit par s'établir un relatif consensus sur la nécessaire intervention de l'Etat en matière sociale. Dans cette mise en forme législative, le rôle fondamental joué par les «réformateurs sociaux» et une « internationale interventionniste », ainsi que l'action de l'appareil politico-administratif français, véritable clé de voûte mais aussi talon d'Achille du système, doivent être particulièrement soulignés. Ainsi, dès la Belle Epoque, et par-delà les nombreuses difficultés d'application, la loi des retraites ouvrières et paysannes dont l'échec peut être relativisé, marque la victoire d'un modèle spécifique de gestion de la vieillesse et semble accréditer la thèse d'une profonde acculturation sociale du peuple français vis-à-vis de la notion moderne de retraite.