• Gilles Pollet, Sophie Bouffier, Didier Breton, Philippe Casella, Sophie Chiari-Lasserre [et alii], L’interdisciplinarité sans concession, Éditions A. Athéna et OpenEdition, 2023, Collection ATHENA  

    À partir de l'expérience des Maisons des sciences de l'homme, ce livre revitalise la question de l'interdisciplinarité à travers une analyse précise des empêchements auxquels la confronte l’organisation de la transmission des savoirs, et les enjeux variés qui y sont associés. Il expose les promesses d’une interdisciplinarité en devenir.

    Gilles Pollet, Bruno Dumons (dir.), Elites et pouvoirs locaux: la France du Sud-Est sous la Troisième République, Presses universitaires de Lyon et OpenEdition, 2019, Collection du Centre Pierre Léon 

    Gilles Pollet, Bruno Dumons (dir.), La fabrique de l'honneur : les médailles et les décorations en France (XIXe-XXe siècles), Presses universitaires de Rennes et OpenEdition, 2019, 238 p.  

    Depuis longtemps, la pérennisation du pouvoir royal s'était appuyée sur un ensemble de techniques, de dispositifs et de pratiques de gouvernement parmi lesquelles se distinguait l'attribution d'une médaille ou d'une décoration qui permettait de mettre à l'honneur un sujet. Si les révolutionnaires de 1789 ont décrété la suppression de ces ordres royaux, l'Assemblée nationale de 1791 a considéré qu'il y avait toujours lieu d'attribuer des marques d'honneur aux citoyens. Bonaparte reconnaît au Conseil d'État en 1802 qu'une telle technique n'est pas incompatible avec l'idéal républicain : « Je défie qu'on me montre une République ancienne ou moderne dans laquelle il n'y a pas eu de distinctions... » Ainsi, l'honneur devient une affaire de mérite, rationalisable et génératrice d'un nouveau modèle d'élites.Recevoir une décoration, c'est donc être mis à l'honneur publiquement par l'institution qui la décerne. L'individu récompensé incarne un exemple de « vertu » et de « mérite ». L'attribution d'une médaille appartient à une logique de « distinction » et devient progressivement une « technique de gouvernement ». Dès le début du XIXe siècle, un véritable engouement pour les médailles et les décorations s'empare d'ailleurs de la nouvelle société bourgeoise. L'Empire et la République mais également l'Église ont distribué chacun à profusion ces marques de reconnaissance. Cette inflation de récompenses honorifiques qui ne se dément pas jusqu'au milieu du XXe siècle, et dans une large mesure jusqu'à nos jours, appelle une réflexion générale et une analyse socio-historique qui n'a jusqu'alors guère suscité l'intérêt des chercheurs en sciences sociales.Préalablement considéré comme poussiéreux et futile, réservé aux numismates et aux érudits, cet objet d'étude peut être revisité sous une double approche qui envisage la médaille et la décoration comme une technique relevant des « sciences de gouvernement » et un outil de fabrication des nouvelles élites. Pour la première fois, une confrontation entre politistes, juristes et historiens a permis d'envisager, à partir de synthèses et d'études de cas empiriques, les multiples aspects qui entourent cette « technique de gouvernement » et les différents profils d'élites générés et légitimés par la « pratique décorative » d'État

    Gilles Pollet, Renaud Payre, Socio-histoire de l'action publique, Cairn et La Découverte, 2013, Repères ( Sciences politiques-Droit ), 128 p.  

    Juger aujourd'hui des capacités de gouvernement d'un État ou d'une collectivité territoriale revient le plus souvent à analyser et à tenter d'évaluer les actions et politiques publiques qu'ils mettent en œuvre dans différents domaines (éducation, santé, emploi, culture, urbanisme, transport, etc.). Ainsi, l'analyse des politiques publiques est devenue depuis plus d'un demi-siècle, au sein de la science politique, une des spécialités les plus reconnues, fournissant à la fois des cadres analytiques et des outils d'aide à la décision. En son sein, une perspective de socio-histoire de l'action publique s'est fortement développée depuis les années 1980, persuadée que seule une mise en perspective sociologique et historique de ces actions publiques permet d'en comprendre toute la complexité et d'en tirer des leçons pour gouverner. Fort de ce constat, ce livre poursuit trois ambitions majeures : revenir sur la construction sédimentaire de l'analyse des politiques publiques en posant les principaux jalons ; analyser ce que peut représenter, en son sein, le tournant socio-historique, tout en effectuant un bilan des travaux produits depuis une trentaine d'années dans ce cadre et proposer un véritable programme de recherche en socio-histoire de l'action publique.

    Gilles Pollet, Olivier Ihl, Martine Kaluszynski (dir.), Les sciences de gouvernement, Economica, 2003, Études politiques, 218 p. 

    Gilles Pollet, Bruno Dumons (dir.), Administrer la ville en Europe : XIXe-XXe siècles, l'Harmattan, 2003, Logiques politiques, 206 p. 

    Gilles Pollet, Bruno Dumons, Pierre-Yves Saunier, Les élites municipales sous la IIIe République : des villes du Sud-Est de la France, CNRS éd, 2002, CNRS plus, 210 p. 

    Gilles Pollet, Bruno Dumons (dir.), Elites et pouvoirs locaux: la France du Sud-Est sous la Troisième République, Presses universitaires de Lyon, 1999, Collection du Centre Pierre Léon, 530 p.   

    Gilles Pollet, Bruno Dumons, Pierre-Yves Saunier, Les élites municipales sous la IIIe République: des villes du Sud-Est de la France, CNRS éd, 1998, CNRS histoire ( Histoire contemporaine ), 210 p.   

    Gilles Pollet, Alain Faure, Philippe Warin (dir.), La construction du sens dans les politiques publiques: débats autour de la notion de référentiel, L'harmattan et L'Harmattan, 1995, Collection Logiques politiques, 191 p.   

    Gilles Pollet, Bruno Dumons, L'État et les retraites: genèse d'une politique, Belin et Impr. Darantière, 1994, Temps présents, 477 p.    

    En France, au tournant des XIXe et XXe siècles, la vieillesse ouvrière a été perçue comme un "problème social", suscitant nombre de controverses et diverses tentatives de règlement. Ces solutions se sont incarnées, dès 1910, dans la première législation nationale d'assurance sociale, mais également au travers des initiatives de la "société civile", débouchant sur la généralisation d'un mode particulier de gestion de la vieillesse : la retraite. L'analyse de son institutionnalisation, tout en éclairant les déterminants de l'action publique, met en évidence les fondements du compromis social de la Troisième République. Surtout, elle illustre le socle intellectuel, les usages, les pratiques et les réseaux sociaux qui concourent à la difficile construction de l'"État-Providence" et à l'affirmation d'un modèle démocratique moderne.

    Gilles Pollet, Volume d'articles et travaux pour l'habilitation à diriger des recherches, 1994 

    Gilles Pollet, Bruno Dumons, Muriel Berjat, Naissance du sport moderne, La Manufacture, 1987, Les Olympiques, 204 p.   

  • Gilles Pollet, Renaud Payre, « The Socio-History of Public Policy Implementation », in Sager, Fritz, Mavrot, Céline, Keiser, Lael R. (dir.), Handbook of Public Policy Implementation, Edward Elgar Publishing, 2024, pp. 239-251   

    Gilles Pollet, « Les interdisciplinarités à l’épreuve des cadres disciplinaires : ajustements et recompositions », in Réseau National des Maisons des Sciences de l'Homme (dir.), L’interdisciplinarité sans concession, Éditions A. Athéna, 2023, pp. 75-87   

    Gilles Pollet, Renaud Payre, « A sócio-história da ação pública », in Porto de Oliveira, Osmany, Hassenteufel, Patrick (dir.), Sociologia política da ação pública : teorias, abordagens e conceitos, Escola Nacional de Administração Pública (Enap), 2021, pp. 60-79   

    Gilles Pollet, Renaud Payre, « Approches socio-historiques », in Boussaguet, Laurie, Jacquot, Sophie, Ravinet, Pauline (dir.), Dictionnaire des politiques publiques [5e édition entièrement revue et corrigée],, Sciences Po, Les Presses, 2019, pp. 101-108   

    Gilles Pollet, Renaud Payre, « On the path to public policy analysis : an 'administrative science' between reform and academy », in Halpern, Charlotte, Hassenteufel, Patrick, Zittoun, Philippe (dir.), Policy analysis in France, Policy Press, 2018, pp. 31-46 

    Gilles Pollet, « Les réseaux libéraux et la construction de l'Etat solidariste : entre libéralisme social et conservatisme politique », in Fournel, Jean-Louis; Guilhaumou, Jacques ; Potier, Jean-Jacques (dir.), Libertés et libéralismes : formation et circulation des concepts, ENS éd., 2012, pp. 345-371 

    Gilles Pollet, « Sociogenèse de l'État social français : la société civile contre - ou tout contre - l'État ? », in Dupré, Michèle ; Giraud, Olivier ; Lallement, Michel ; (dir.), Trajectoires des modèles nationaux : État, démocratie et travail en France et en Allemagne, P. Lang, 2012, pp. 103-117 

    Gilles Pollet, Renaud Payre, « Les savoirs de science politique : des savoirs pour l'action politique ? », in Le Marec, Joëlle (dir.), Les études de sciences : pour une réflexivité institutionnelle, Éditions des archives contemporaines, 2010, pp. 43-63 

    Gilles Pollet, « Nul ne sait de quoi le passé sera fait », in Buton, François;Mariot, Nicolas; (dir.), Pratiques et méthodes de la socio-histoire, Presses universitaires de France, 2009, pp. 183-198 

    Gilles Pollet, Renaud Payre, « Approches socio-historiques », in Boussaguet, Laurie;Jacquot, Sophie;Ravinet, Pauline; Muller, Pierre (dir.), Dictionnaire des politiques publiques, Presses de Science Po. 2e éd. rev. et corr., 2006, pp. ?? 

    Gilles Pollet, Renaud Payre, « Approches socio-historiques », in Boussaguet, Laurie;Jacquot, Sophie;Ravinet, Pauline; (dir.), Dictionnaire des politiques publiques, Presses de Sciences Po, 2004, pp. 86-93 

    Gilles Pollet, Olivier Ihl, Martine Kaluszynski, « Introduction. Pour une socio-histoire des sciences de gouvernement », in Ihl, Olivier;Kaluszynski, Martine;Pollet, Gilles; (dir.), Les sciences de gouvernement, Economica, 2003, pp. 1-21   

    Gilles Pollet, « Administration municipale et assistance publique à Lyon sous la Troisième République : la constitution d'un modèle urbain de protection sociale ? », in Pollet, Gilles;Dumons, Bruno; (dir.), Administrer la ville en Europe: XIXe-XXe siècles, l'Harmattan, 2003, pp. 187-206 

    Gilles Pollet, « Entrées : La solidarité ; L'administration municipale », in Duclert, Vincent;Prochasson, Christophe; (dir.), Dictionnaire critique de la République, Flammarion, 2002, pp. 256-261628-633 

  • Gilles Pollet, « L'État, une entreprise comme les autres ? », Sciences humaines, 2021, n°332, p. 9     

    Gilles Pollet, Renaud Payre, « Analyse des politiques publiques et sciences historiques », Revue Française de Science Politique, 2005, n°1, pp. 133-154 

    Gilles Pollet, « La question des retraites vue par les socialistes français (1880-1956) », Cahier d'histoire de la sécurité sociale (ISSN 1772-1083), 2005, n°1, pp. 197-224 

    Gilles Pollet, « La solidarité par la coopération et la mutualité », Collection Mémoires (Autrement), 2005, n°1052004, pp. 152-156 

    Gilles Pollet, Bruno Dumons, « Espaces politiques et gouvernements municipaux dans la France de la IIIe République. Eclairage sur la sociogenèse de l'Etat contemporain », 2001, pp. 15-32    

    Espaces politiques et gouvernements municipaux dans la France de la IIIe République. Eclairage sur la sociogenèse de l'Etat contemporain Bruno Dumons Gilles Pollet L'institutionnalisation d'espaces politiques et d'action publique municipaux dans la France de la IIIe République peut être analysée dans le cadre plus large de la sociogenèse de l'Etat républicain. La prise en compte des rapports qui s'établissent entre le local et le national, entre le « centre » et les « périphéries », ou encore entre les communes et la Nation nous offre en effet l'occasion de saisir les figures concrètes de cette structuration institutionnelle et sociopolitique particulière. L'étude précise des activités des municipalités livre alors les bases d'une sociologie de l'action publique et des espaces politiques communaux permettant d'interroger, à travers ces jeux d'échelles, les spécificités du travail municipal et leurs principaux acteurs. Laboratoire innovant, machinerie politique ou bastion de l'immobilisme, le gouvernement municipal se situe finalement au cœur d'un système politico-administratif dont la légitimité est liée à sa capacité à assurer la coordination par le « centre » d'une somme d'intérêts territorialisés.

    Gilles Pollet, Bruno Dumons, « Universitaires et construction de l’État-Providence : la formation économique et juridique des élites françaises (1890-1914) », Revue d'histoire des facultés de droit et de la culture juridique, du monde des juristes et du livre juridique, 1999, pp. 179-195 

    Gilles Pollet, Bruno Dumons, « De l'administration des villes au gouvernement des hommes de la Ville sous la IIIe République », 1997, pp. 52-75    

    ■ Bruno Dumons, Gilles Pollet: De l'administration des villes au gouvernement des «hommes de la Ville» sous la IIIe République La mise en administration et la républicanisation progressives des sociétés locales, suivies d'une centralisation et d'une relative homogénéisation du statut de la fonction publique territoriale, semblent constituer un bon observatoire pour analyser le mouvement plus général d'étatisation de la société française. La bureaucratisation des municipalités ne débouche toutefois pas toujours sur des organisations municipales plus démocratiques. Mais les effets sociaux de ces processus s'incarnent dans la normalisation des pratiques et l'imposition, à travers les règlements et les statuts, de types comportementaux caractérisant l'employé- modèle, «l'homme de la Ville».

    Gilles Pollet, Didier Renard, « Genèses et usages de l'idée paritaire dans le système de protection sociale français. Fin 19e - milieu du 20e siècle », 1995, pp. 545-569    

    La protection sociale se construit en France à partir de plusieurs piliers d'importance inégale, chacun porteur d'une organisation spécifique. Les conflits et les compromis autour des modes d'administration de ces organisations constituent depuis l'origine un élément important et sou­vent sous-estime de la structuration du système. La gestion paritaire apparaît d'abord sur le ter­rain très spécifique du traitement du chômage et du placement ouvrier en temps de guerre. Ce n'est qu'à la fin des années 1930 qu'elle commence à devenir un mode d'administration de la protection sociale. Son champ d'action privilégié est celui de la protection des classes moyennes salariées, avant que celles-ci n'intègrent un système d'assurances sociales alors réservé aux plus bas salaires, puis, après l'instauration de la sécurité sociale, dans le cadre de la gestion d'une protection complémentaire. Après 1945, l'opposition entre la revendication traditionnelle de ges­tion ouvrière et le modèle paritaire apparaît comme une donnée majeure du conflit de logiques, caractéristique d'une protection sociale moderne qui tend à substituer à l'enjeu de la résolution de la question ouvrière celui de la structuration d'une classe moyenne salariée.

    Gilles Pollet, Bruno Dumons, « Aux origines du système français de retraite. La construction d’une solution politique au problème de la vieillesse ouvrière au tournant des XIXe et XXe siècles », 1995, pp. 11-39    

    La loi des retraites ouvrières et paysannes (ROP du 5 avril 1910) inaugure une dynamique assurantielle à caractère obligatoire et une logique interventionniste en matière sociale qui préfigurent le futur État-Providence français. Cette législation particulière constitue toutefois l’aboutissement politique d’un long processus intellectuel et social qui a débuté au milieu du XIXe siècle. Ce dernier a permis l’institutionnalisation de la question de la vieillesse ouvrière en tant que problème politique puis sa légitimation comme catégorie d’intervention publique. Une fois la question inscrite sur l’agenda politique, les cadres intellectuels et pratiques d’exercice du «travail politique» guident et limitent tout à la fois les actions gouvernementales et législatives. Le processus de décision publique peut alors s’éclairer à travers la perception fine de la configuration des réseaux d’action publique et des coalitions d’acteurs qui concourent à l’affirmation d’une réponse politique spécifique au problème de la vieillesse ouvrière à la Belle Époque.

    Gilles Pollet, Didier Renard, « Régimes de retraite et paritarisme. La question des classes moyennes salariées dans la structuration de la protection sociale française », 1995, pp. 41-63    

    L’analyse de l’institutionnalisation progressive du système de retraite français permet une relecture critique de l’histoire de la protection sociale et souligne les processus de structuration, de représentation et de légitimation des divers intérêts sociaux qui sont à l’oeuvre dans ce secteur. À travers cette perspective, les débats et les pratiques concernant les modes de gestion des organismes de protection sociale apparaissent centraux, alors même qu’ils ont souvent été traites comme périphériques dans l’historiographie contemporaine. La pluralité des modèles de gestion des institutions de retraite témoigne en effet de conflits récurrents portant plus largement sur les stratégies visant au contrôle de la protection sociale. Dans le cas particulier des retraites, il est significatif de noter que l’élaboration conventionnelle et le paritarisme représentent au départ le mode de gestion emblématique des institutions créées pour les classes moyennes salariées en cours de structuration. Ces techniques gestionnaires constituent par la suite le fer de lance d’une stratégie patronale de refus ou d’amendement du système étatique de protection sociale ainsi que l’indice et l’emblème de l’intégration progressive d’une classe moyenne salariée de plus en plus nombreuse à une protection sociale initialement conçue pour les seuls ouvriers.

    Gilles Pollet, Bruno Dumons, « Politiques de vieillesse et rationalisation dans l'entreprise : la gestion des vieux travailleurs en France au début du siècle », 1993, pp. 241-255    

    En France, l'initiative des caisses de retraite revient au pouvoir royal. Au XIXe et au début du XXe siècles, des caisses patronales de retraite se sont largement développées, surtout dans la grande industrie, d'abord avec un souci moral et pédagogique, puis, beaucoup plus tard, avec un objectif de meilleure productivité de l'entreprise. Ces caisses permettaient de mettre à l'écart les travailleurs vieillissants moins efficaces. Ce développement des caisses de retraite semble donc avoir été en France jusqu'aux années trente et contrairement aux Etats-Unis, indépendant du mouvement taylorien de rationalisation de la production.

    Gilles Pollet, Bruno Dumons, « Les socialistes français et la question des retraites (1880-1914) », 1993, pp. 34-46    

    French socialists and the problem of pensions (1880-1914), Bruno Dumons, Gilles Pollet. The article examines the place and strength of the problem of workers' retirement, starting from the origins, among French socialists, closely linked to the conquest of free time and rest. The problem of pensions was important in terms of political culture as it forced socialism to reconcile its dreams of emancipation with the State's management role in a modern society.

    Gilles Pollet, Bruno Dumons, « La naissance d'une politique sociale : les retraites en France (1900-1914) », 1991, pp. 627-648    

    La construction d'une politique nationale de retraite en France résulte d'un long processus historique dans lequel la loi du 5 avril 1910 marque une étape décisive. Entre plusieurs conceptions de société fortement antagonistes finit par s'établir un relatif consensus sur la nécessaire intervention de l'Etat en matière sociale. Dans cette mise en forme législative, le rôle fondamental joué par les «réformateurs sociaux» et une « internationale interventionniste », ainsi que l'action de l'appareil politico-administratif français, véritable clé de voûte mais aussi talon d'Achille du système, doivent être particulièrement soulignés. Ainsi, dès la Belle Epoque, et par-delà les nombreuses difficultés d'application, la loi des retraites ouvrières et paysannes dont l'échec peut être relativisé, marque la victoire d'un modèle spécifique de gestion de la vieillesse et semble accréditer la thèse d'une profonde accultu­ration sociale du peuple français vis-à-vis de la notion moderne de retraite.

  • Gilles Pollet, Jean Viard, Jérôme Dubois, Jean-Pierre Gaudin, [Entretien ] Quel avenir pour le maillage territorial français ?, 2015, pp. 207-218 

    Gilles Pollet, Bruno Dumons, Les retraites en France : du centenaire à la réforme, 2010 

  • Gilles Pollet, Jacques Walter, Pascal Buleon, Marc Filser, Jean-Luc Minel, « Politiques d’établissement, politiques de réseaux », Table ronde dans le cadre de la journée d'étude : La recherche universitaire en sciences humaines et sociales, au-delà des équipes d'accueil, quelles perspectives ?, Paris, le 23 octobre 2019   

    Gilles Pollet, « Sciences de gouvernement. Circulation(s), traduction(s, réception(s) », le 16 décembre 2010 

    Gilles Pollet, « Le contexte politique », L'intelligence d'une ville - Vie culturelle et intellectuelle à Lyon entre 1945 et 1975, Matériaux pour une histoire / Bibliothèque de la Part Dieu, Lyon, le 01 juin 2005 

  • Gilles Pollet, Pour conclure et poursuivre 

    Gilles Pollet, Gilles Pollet - À propos de l'accompagnement à la structuration de réseaux interdisciplinaires #JourneeEcologieClimatRnMSH 

    Gilles Pollet, Journées du pôle éditorial PRAIRIAL 2022 (1) : organiser le soutien à l’échelle française et européenne 

    Gilles Pollet, Table ronde 2 : Quels besoins d'accompagnement à la structuration de réseaux interdisciplinaires ? Comment mutualiser ? Quelles actions communes ? Sur quelles problèmatiques de recherche croisées ? 

ActualitésPublicationsENCADREMENT DOCTORAL
  • Lucie Lerbet, Autonomie, conflit, complexité , thèse soutenue en 2023 à Lyon 2 en co-direction avec Gilles Pollet  

    Cette thèse étudie les imaginaires qui (s’)instituent (par) les expériences d’habiter vécues au sein de la dite alternative écologique en milieux ruraux. Cette nébuleuse est éprouvée à travers deux cas, complémentaires parce que contrastés. Le premier cas, la Vallée Longue, située dans les Cévennes, lieu rural emblématique du retour à la terre, a vu naitre ces dernières années un collectif informel de réflexion autour des enjeux localisés de l’écologie et de la transmission de savoirs situés. Le deuxième cas, la communauté de l’Arche de Saint-Antoine, située en Isère, dans un village calme mais plus proche des centres urbains, est depuis une trentaine d’années un lieu de vie et de formation orienté vers la spiritualité et la non-violence. Une catégorisation des significations imaginaires de cet habiter émerge de l’analyse d’entretiens menés auprès d’habitant·e·s de la Vallée Longue, autour d’un triptyque : résister, prendre soin et instituer. L’intention de cohérence, la volonté d’harmonie et l’exemplarité envisagée sont traversées par des tensions, individuelles et collectives. Par une démarche de recherche subjective et incarnée d’élucidation des imaginaires enchevêtrés dans les expériences ordinaires, sur la base d’une immersion au sein de l’Arche relatée dans un carnet de terrain, cette catégorisation est remaniée et épaissie.Faisant dialoguer les entretiens des habitant·e·s des deux terrains, une mise en miroir finale met en évidence leurs résonances et leurs tensions qui laissent entrevoir la généricité d’un rapport au monde en émergence dans ces expériences d’habiter – autour du temps, des autres et du sol. Ce travail dessine ainsi les lignes imaginaires d’une autonomie en projet dans et par l’habiter, avec pour horizon des écologies dès lors revisitées.

    Lucie Lerbet, Autonomie, conflit, complexité, thèse soutenue en 2023 en co-direction avec Gilles Pollet    

    Cette thèse étudie les imaginaires qui (s’)instituent (par) les expériences d’habiter vécues au sein de la dite alternative écologique en milieux ruraux. Cette nébuleuse est éprouvée à travers deux cas, complémentaires parce que contrastés. Le premier cas, la Vallée Longue, située dans les Cévennes, lieu rural emblématique du retour à la terre, a vu naitre ces dernières années un collectif informel de réflexion autour des enjeux localisés de l’écologie et de la transmission de savoirs situés. Le deuxième cas, la communauté de l’Arche de Saint-Antoine, située en Isère, dans un village calme mais plus proche des centres urbains, est depuis une trentaine d’années un lieu de vie et de formation orienté vers la spiritualité et la non-violence. Une catégorisation des significations imaginaires de cet habiter émerge de l’analyse d’entretiens menés auprès d’habitant·e·s de la Vallée Longue, autour d’un triptyque : résister, prendre soin et instituer. L’intention de cohérence, la volonté d’harmonie et l’exemplarité envisagée sont traversées par des tensions, individuelles et collectives. Par une démarche de recherche subjective et incarnée d’élucidation des imaginaires enchevêtrés dans les expériences ordinaires, sur la base d’une immersion au sein de l’Arche relatée dans un carnet de terrain, cette catégorisation est remaniée et épaissie.Faisant dialoguer les entretiens des habitant·e·s des deux terrains, une mise en miroir finale met en évidence leurs résonances et leurs tensions qui laissent entrevoir la généricité d’un rapport au monde en émergence dans ces expériences d’habiter – autour du temps, des autres et du sol. Ce travail dessine ainsi les lignes imaginaires d’une autonomie en projet dans et par l’habiter, avec pour horizon des écologies dès lors revisitées.

    Christophe Parnet, Du modernisateur au notable , thèse soutenue en 2021 à Lyon sous la direction de Gilles Pollet  

    Cette recherche interroge le processus contemporain de construction institutionnelle des métropoles en France, à travers la comparaison des cas de Lyon et d’Aix-Marseille-Provence. Elle analyse ces créations institutionnelles dans une perspective historique, depuis la politique des métropoles d’équilibre dans les années 1960 jusqu’à l’entrée en vigueur des deux métropoles (2015-2016). D’un projet porté par l’Etat modernisateur, la question métropolitaine est appropriée localement à mesure que les élus locaux gagnent en autonomie durant cette période. L’analyse de la séquence réformatrice des années 2010 renseigne à la fois sur les configurations territoriales singulières forgées historiquement, en même temps qu’elle fournit de nouvelles ressources politiques permettant d’en modifier les équilibres. Adoptant un regard multi-situé de la réforme métropolitaine, cette recherche renseigne sur l’exercice du pouvoir urbain et ses hiérarchies, en soulignant l’importance des ressources politiques conférées par la multipositionnalité, caractéristique de trajectoires politiques notabiliaires. En ce sens, la métropolisation comme processus politique concourt à renforcer les hiérarchies au sein du pouvoir local.

    Christophe Parnet, Du modernisateur au notable, thèse soutenue en 2021 sous la direction de Gilles Pollet    

    Cette recherche interroge le processus contemporain de construction institutionnelle des métropoles en France, à travers la comparaison des cas de Lyon et d’Aix-Marseille-Provence. Elle analyse ces créations institutionnelles dans une perspective historique, depuis la politique des métropoles d’équilibre dans les années 1960 jusqu’à l’entrée en vigueur des deux métropoles (2015-2016). D’un projet porté par l’Etat modernisateur, la question métropolitaine est appropriée localement à mesure que les élus locaux gagnent en autonomie durant cette période. L’analyse de la séquence réformatrice des années 2010 renseigne à la fois sur les configurations territoriales singulières forgées historiquement, en même temps qu’elle fournit de nouvelles ressources politiques permettant d’en modifier les équilibres. Adoptant un regard multi-situé de la réforme métropolitaine, cette recherche renseigne sur l’exercice du pouvoir urbain et ses hiérarchies, en soulignant l’importance des ressources politiques conférées par la multipositionnalité, caractéristique de trajectoires politiques notabiliaires. En ce sens, la métropolisation comme processus politique concourt à renforcer les hiérarchies au sein du pouvoir local.

    Julie Vaslin, Esthétique propre , thèse soutenue en 2017 à Lyon en co-direction avec Gilles Pollet  

    Dans cette thèse, le graffiti désigne, négativement, toute pratique d’inscription murale qui contribue à altérer l’« ordre esthétique » d’une ville, produit par les pouvoirs publics. Cette expression permet de désigner d’un côté l’ordre, c’est-à-dire le pouvoir politique, que l’inscription d’un graffiti sur un mur vient troubler. De l’autre la dimension esthétique de ce pouvoir, c’est-à-dire quelque chose qui dépasse la simple régulation de l’expression politique et s’inscrit, plus largement, dans le gouvernement des espaces publics. Ainsi défini, le graffiti n’est pas seulement analysé comme un message, une déviance, un dommage aux biens, une pratique culturelle ou un art, mais il devient un concept opératoire pour la science politique. Cette définition en termes de « désordre esthétique » permet d’interroger les dispositifs d’action publique qui contribuent à produire l’ordre esthétique propre à la ville. Elle permet aussi de questionner les catégorisations, les problèmes véhiculés par ces dispositifs ainsi que leurs effets sur la construction du sens commun, sur les représentations associées au graffiti, et surtout sur l’aspect physique, matériel, et donc esthétique de la ville.Inscrite dans la perspective d’une socio-histoire de l’action publique, cette thèse retrace l’histoire de la « mise en administration » du graffiti à Paris, la production d’un « ordre esthétique » dans cette ville de 1977 à 2017. À Paris, la municipalité administre ces peintures comme des « souillures » à travers des dispositifs d’effacement portés par les politiques de propreté, mais aussi comme des objets culturels à travers des dispositifs d’encadrement culturel, portés par différents domaines d’action publique (aménagement, culture, tourisme). En retraçant la genèse des dispositifs de répression et de promotion des graffitis au sein de l’administration parisienne, cette thèse propose de comprendre la manière dont s’articulent plusieurs domaines d’action publique et d’analyser la construction municipale d’un problème du graffiti. Dommage aux biens, nuisance visuelle, facteur du sentiment d’insécurité, culture populaire ou art urbain symbole de la vitalité artistique de Paris, le graffiti est un problème public qui, de 1977 à 2017, connaît plusieurs redéfinitions dans lesquelles les acteurs publics municipaux jouent des rôles variables. S’appuyant sur des archives, des entretiens semi-directifs, des observations et des photographies, ce travail s’attache à rendre compte de la variété de ces rôles, des conditions de la redéfinition du problème et ses mises à l’agenda successives. Au cœur de cette socio-histoire de la « mise en administration » du graffiti, une hypothèse : la saisie du graffiti par les acteurs municipaux est révélatrice de l’ambition municipale de monopoliser la définition légitime du « bel » espace public, de l’image de la Ville, au propre comme au figuré. L’enjeu de la thèse est alors de mettre en lumière les conditions historiques, sociales et politiques de la construction de cette légitimité.La démonstration s’organise en deux parties qui retracent chronologiquement la genèse des deux facettes du problème public qui se construit autour du graffiti. Dans la première partie, on montre la manière dont les pouvoirs publics norment l’esthétique des espaces urbains à travers les politiques de propreté qui font du graffiti le résultat d’un acte déviant, une source de désordre. La seconde partie analyse la manière dont différentes actions culturelles promeuvent progressivement certaines formes de graffitis et opèrent ainsi une normalisation de l’esthétique urbaine. Il s’agit finalement de montrer quels comment les acteurs urbains organisent le contrôle de l’esthétique urbaine, quels sont les enjeux sociaux et politiques contenus dans la production d’un certain « ordre esthétique ».

    Julie Vaslin, Esthétique propre, thèse soutenue en 2017 en co-direction avec Gilles Pollet    

    Dans cette thèse, le graffiti désigne, négativement, toute pratique d’inscription murale qui contribue à altérer l’« ordre esthétique » d’une ville, produit par les pouvoirs publics. Cette expression permet de désigner d’un côté l’ordre, c’est-à-dire le pouvoir politique, que l’inscription d’un graffiti sur un mur vient troubler. De l’autre la dimension esthétique de ce pouvoir, c’est-à-dire quelque chose qui dépasse la simple régulation de l’expression politique et s’inscrit, plus largement, dans le gouvernement des espaces publics. Ainsi défini, le graffiti n’est pas seulement analysé comme un message, une déviance, un dommage aux biens, une pratique culturelle ou un art, mais il devient un concept opératoire pour la science politique. Cette définition en termes de « désordre esthétique » permet d’interroger les dispositifs d’action publique qui contribuent à produire l’ordre esthétique propre à la ville. Elle permet aussi de questionner les catégorisations, les problèmes véhiculés par ces dispositifs ainsi que leurs effets sur la construction du sens commun, sur les représentations associées au graffiti, et surtout sur l’aspect physique, matériel, et donc esthétique de la ville.Inscrite dans la perspective d’une socio-histoire de l’action publique, cette thèse retrace l’histoire de la « mise en administration » du graffiti à Paris, la production d’un « ordre esthétique » dans cette ville de 1977 à 2017. À Paris, la municipalité administre ces peintures comme des « souillures » à travers des dispositifs d’effacement portés par les politiques de propreté, mais aussi comme des objets culturels à travers des dispositifs d’encadrement culturel, portés par différents domaines d’action publique (aménagement, culture, tourisme). En retraçant la genèse des dispositifs de répression et de promotion des graffitis au sein de l’administration parisienne, cette thèse propose de comprendre la manière dont s’articulent plusieurs domaines d’action publique et d’analyser la construction municipale d’un problème du graffiti. Dommage aux biens, nuisance visuelle, facteur du sentiment d’insécurité, culture populaire ou art urbain symbole de la vitalité artistique de Paris, le graffiti est un problème public qui, de 1977 à 2017, connaît plusieurs redéfinitions dans lesquelles les acteurs publics municipaux jouent des rôles variables. S’appuyant sur des archives, des entretiens semi-directifs, des observations et des photographies, ce travail s’attache à rendre compte de la variété de ces rôles, des conditions de la redéfinition du problème et ses mises à l’agenda successives. Au cœur de cette socio-histoire de la « mise en administration » du graffiti, une hypothèse : la saisie du graffiti par les acteurs municipaux est révélatrice de l’ambition municipale de monopoliser la définition légitime du « bel » espace public, de l’image de la Ville, au propre comme au figuré. L’enjeu de la thèse est alors de mettre en lumière les conditions historiques, sociales et politiques de la construction de cette légitimité.La démonstration s’organise en deux parties qui retracent chronologiquement la genèse des deux facettes du problème public qui se construit autour du graffiti. Dans la première partie, on montre la manière dont les pouvoirs publics norment l’esthétique des espaces urbains à travers les politiques de propreté qui font du graffiti le résultat d’un acte déviant, une source de désordre. La seconde partie analyse la manière dont différentes actions culturelles promeuvent progressivement certaines formes de graffitis et opèrent ainsi une normalisation de l’esthétique urbaine. Il s’agit finalement de montrer quels comment les acteurs urbains organisent le contrôle de l’esthétique urbaine, quels sont les enjeux sociaux et politiques contenus dans la production d’un certain « ordre esthétique ».

    Olivier Quéré, L’atelier de l’État : des Instituts régionaux d'administration pour former les cadres intermédiaires de la fonction publique (1966-2013), thèse soutenue en 2014 à Lyon 2 en co-direction avec Gilles Pollet  

    Chaque année, près de 700 attachés d'administration de l'État sont recrutés par concours. Ni agents de guichet ni hauts fonctionnaires, ce personnel peuple les échelons intermédiaires de la fonction publique, mais reste invisible aux usagers et peu connu des sciences sociales. Depuis 1970, les Instituts régionaux d'administration (IRA) ont la charge d’unifier le recrutement et d’homogénéiser les pratiques de ces fonctionnaires. L'étude de cette formation permet d’entrer dans l’atelier où se construit le mandat confié par l’État à ces cadres intermédiaires.Alliant sociologie de l'administration et sociologie de la socialisation, nous adoptons trois regards sur la formation de cet encadrement administratif intermédiaire. D'abord, l'analyse socio-historique des réformes des IRA éclaire à la fois les obstacles à la constitution d'un « corps interministériel » des attachés, et les compromis entre ministères qui permettent de stabiliser l'architecture de formation. À l'échelle de l'institution ensuite, l'étude des savoirs prescrits et enseignés donne à voir comment sont valorisées les activités des cadres intermédiaires au cours de leur formation, modélisant différentes figures de l'attaché. L'approche ethnographique du travail socialisateur de l'institution montre enfin que le mandat de l'attaché se fabrique aussi dans la variation des modes d'appropriations et dans les décalages par rapport aux attentes institutionnelles. Ces trois scènes d'investigation constituent un observatoire de la double tension qui travaille l'encadrement administratif intermédiaire : celle qui oppose l’unification du groupe à sa dispersion, et celle qui défend l’autonomie de l’attaché dans le processus de délégation hétéronome des tâches. À la fois encadré et encadrant, « technique » et « généraliste », « juriste » et « manager », le mandat de l'attaché oscille en fonction de ce que l'État – depuis les administrateurs des ministères jusqu'aux formateurs des IRA – veut faire de son administration.

    Helene Richard, Comment les Russes sont-ils devenus (co)propriétaires ? : illégalismes administratifs et socialisation au droit en Russie postcommuniste, thèse soutenue en 2014 à Lyon 2 en co-direction avec Gilles Pollet  

    Instauré en 1991, le droit à la privatisation gratuite de son logement a favorisé l'accession des anciens locataires soviétiques au statut de propriétaire, transformant du même coup les immeubles collectifs en copropriétés. Sur la base d'une enquête ethnographique, cette thèse étudie la mise en œuvre du nouveau Code du logement (2005) à Moscou, qui réorganise la gestion publique de l'habitat collectif autour de l'assemblée générale des copropriétaires. Contribution à l'analyse du changement social postcommuniste, cette recherche examine comment la copropriété passe du statut de texte abstrait au statut de pratiques sociales situées. Combinant les apports de la sociologie de l'État, de la sociologie des mobilisations et de l'étude des rapports ordinaires au droit, ce travail se focalise sur trois groupes d'acteurs : les agents subalternes de l'administration de Moscou ayant recours à des pratiques illégales pour mettre en œuvre localement la nouvelle législation ; des acteurs politiques tournés vers la vulgarisation et le conseil juridique dans la perspective de défendre les droits des habitants et, enfin, certains habitants particulièrement engagés dans les affaires de leur immeuble. En s'appuyant sur une approche wébérienne des usages sociaux du droit, cette recherche montre que infractions légales, batailles d'interprétation de la législation, ainsi qu'appropriations profanes du droit sont autant de mécanismes à travers lesquels le régime copropriétaire acquiert une véritable existence sociale. L'analyse de ces rapports et concurrences donne à voir la fabrique de nouvelles pratiques habitantes et subjectivités postcommunistes, reconfigurant les rapports ordinaires à l'État et au marché.

    Eric Farges, Dynamique professionnelle et transformations de l’action publique , thèse soutenue en 2013 à Lyon 2 en co-direction avec Gilles Pollet  

    L’article 2 de la loi n°94-43 du 18 janvier 1994, transférant l’organisation des soins en milieu carcéral du ministère de la Justice au service public hospitalier, a souvent été présenté comme une réforme de santé publique s’imposant au vu de l’état des prisons françaises. L’épidémie de sida et le volontarisme des ministres de la Santé suffiraient à rendre compte de ce qui a été qualifié de « révolution sanitaire ». Pourtant au-delà de ces facteurs conjoncturels, les conditions de possibilité de cette réforme s’inscrivent plus largement au croisement d’une double dynamique, professionnelle et carcérale, que cette recherche propose de retracer. En effet, la loi du 18 janvier 1994 est également la réforme d’une profession et d’un secteur d’action publique tous deux fortement contestés. La réforme de l’organisation des soins en prison marque l’échec d’une stratégie de spécialisation médicale, entendue comme la tentative opérée par certains praticiens d’occuper une position spécifique au sein du secteur médical.Initiée au début des années soixante par le premier Médecin-inspecteur des prisons, Georges Fully, l’affirmation d’une « médecine pénitentiaire » spécifique avait alors pour but de conférer aux praticiens une plus grande légitimité, et ainsi autonomie, à l’égard de leur employeur, l’Administration pénitentiaire. La spécialisation était ainsi conçue comme une ressource supplémentaire afin de mettre fin au tiraillement auquel étaient confrontés les praticiens travaillant en détention entre leur statut de vacataire du ministère de la Justice et celui de médecin-traitant des détenus. Toutefois, après la violente contestation des prisons survenue durant les années soixante-dix, l’affirmation d’une médecine pénitentiaire devient pour le nouveau Médecin-inspecteur, Solange Troisier, le moyen de légitimer un secteur d’action publique discrédité : l’organisation des soins en milieu carcéral. La consécration d’une médecine spécifique aux détenus est également pour elle le moyen de faire prévaloir les exigences du Code de procédure pénale sur celles issus du Code de déontologie. La spécialisation de la médecine pénitentiaire devient ainsi un moyen de s’autonomiser non pas du ministère de la Justice mais du secteur médical. La réforme de 1994 marque l’échec de cette tentative de spécialisation médicale. Elle résulte de la rencontre entre un « segment » de praticiens défendant l’idée d’une médecine non-spécifique avec quelques magistrats-militants, issus du Syndicat de la magistrature, en poste à l’Administration pénitentiaire favorables à un « décloisonnement » de l’institution carcérale. La loi du 18 janvier 1994 marque l’aboutissement de cette stratégie et l’échec de la tentative de spécialisation. A la « médecine pénitentiaire », désormais rattachée à un passé stigmatisant révolu, succéderait une « médecine exercée en milieu carcéral ».L’enjeu de cette thèse est par conséquent de retracer la sociogenèse d’une réforme à partir des dynamiques qui traversent un groupe professionnel, d’une part, et des transformations qui affectent un secteur d’action publique, d’autre part. On montrera également que la spécialisation de la médecine ne peut être comprise que si elle est articulée à d’autres logiques et qu’elle ne peut ainsi être réduite à sa seule dimension médicale.

    Eric Farges, Dynamique professionnelle et transformations de l'action publique, thèse soutenue en 2013 en co-direction avec Gilles Pollet    

    L’article 2 de la loi n°94-43 du 18 janvier 1994, transférant l’organisation des soins en milieu carcéral du ministère de la Justice au service public hospitalier, a souvent été présenté comme une réforme de santé publique s’imposant au vu de l’état des prisons françaises. L’épidémie de sida et le volontarisme des ministres de la Santé suffiraient à rendre compte de ce qui a été qualifié de « révolution sanitaire ». Pourtant au-delà de ces facteurs conjoncturels, les conditions de possibilité de cette réforme s’inscrivent plus largement au croisement d’une double dynamique, professionnelle et carcérale, que cette recherche propose de retracer. En effet, la loi du 18 janvier 1994 est également la réforme d’une profession et d’un secteur d’action publique tous deux fortement contestés. La réforme de l’organisation des soins en prison marque l’échec d’une stratégie de spécialisation médicale, entendue comme la tentative opérée par certains praticiens d’occuper une position spécifique au sein du secteur médical.Initiée au début des années soixante par le premier Médecin-inspecteur des prisons, Georges Fully, l’affirmation d’une « médecine pénitentiaire » spécifique avait alors pour but de conférer aux praticiens une plus grande légitimité, et ainsi autonomie, à l’égard de leur employeur, l’Administration pénitentiaire. La spécialisation était ainsi conçue comme une ressource supplémentaire afin de mettre fin au tiraillement auquel étaient confrontés les praticiens travaillant en détention entre leur statut de vacataire du ministère de la Justice et celui de médecin-traitant des détenus. Toutefois, après la violente contestation des prisons survenue durant les années soixante-dix, l’affirmation d’une médecine pénitentiaire devient pour le nouveau Médecin-inspecteur, Solange Troisier, le moyen de légitimer un secteur d’action publique discrédité : l’organisation des soins en milieu carcéral. La consécration d’une médecine spécifique aux détenus est également pour elle le moyen de faire prévaloir les exigences du Code de procédure pénale sur celles issus du Code de déontologie. La spécialisation de la médecine pénitentiaire devient ainsi un moyen de s’autonomiser non pas du ministère de la Justice mais du secteur médical. La réforme de 1994 marque l’échec de cette tentative de spécialisation médicale. Elle résulte de la rencontre entre un « segment » de praticiens défendant l’idée d’une médecine non-spécifique avec quelques magistrats-militants, issus du Syndicat de la magistrature, en poste à l’Administration pénitentiaire favorables à un « décloisonnement » de l’institution carcérale. La loi du 18 janvier 1994 marque l’aboutissement de cette stratégie et l’échec de la tentative de spécialisation. A la « médecine pénitentiaire », désormais rattachée à un passé stigmatisant révolu, succéderait une « médecine exercée en milieu carcéral ».L’enjeu de cette thèse est par conséquent de retracer la sociogenèse d’une réforme à partir des dynamiques qui traversent un groupe professionnel, d’une part, et des transformations qui affectent un secteur d’action publique, d’autre part. On montrera également que la spécialisation de la médecine ne peut être comprise que si elle est articulée à d’autres logiques et qu’elle ne peut ainsi être réduite à sa seule dimension médicale.

    Bertrand Depigny, L’agencification et la recomposition des scènes locales d’action publique , thèse soutenue en 2011 à Lyon 2 en co-direction avec Gilles Pollet  

    Cette thèse analyse le processus de genèse de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) et ses effets sur les scènes locales de l'action publique. Elle s'appuie sur un travail de terrain composé de deux scènes principales. La première est constituée de l'ensemble des acteurs concernés par le processus de fabrique de l'Agence. La seconde s'articule autour des acteurs de la mise en oeuvre sur trois sites enquêtés (Bourges, Lyon, Marseille) et au sein de l'ANRU. Ce travail se propose de participer à l'analyse de l'action publique urbaine à travers deux entrées. La première revient sur le processus de légitimation d'un impératif de changement à l'origine de la genèse de l'ANRU qui résulterait de la représentation d'une situation problématique dans le champ de la rénovation urbaine. La seconde s'articule autour de l'idée que cette représentation façonne la nature des effets engendrés par la logique de fonctionnement de l'ANRU. Ce travail a pour fil directeur le rapport au phénomène de bureaucratisation que donne à voir l'ANRU, aussi bien au cours de l'étape de sa création que dans la phase de mise en oeuvre de l'action. Cette thèse permet de montrer que, sous couvert d'une recherche d'efficacité et la mobilisation d'un dispositif d'action publique teinté de néomanagérialisme, la mise en action de l'ANRU produit à son tour des pesanteurs et des routines qui vont à l'encontre de ses raisons d'être. Ces effets révèlent une tendance à la bureaucratisation à laquelle l'ANRU n'échappe pas et dont les premières victimes sont les agents des services déconcentrés de l'État mis à sa disposition. L'analyse montre qu'au-delà de cette conséquence, ce sont également les rapports centre-périphérie et la régulation politico-administrative locale qui se trouvent recomposés par l'agencification de la rénovation urbaine.

    Harold Mazoyer, Les calculs de la puissance , thèse soutenue en 2011 à Lyon 2 en co-direction avec Gilles Pollet  

    A partir du début de la Vème République, l’économie des transports s’institutionnalise progressivement comme une science de gouvernement. Peu à peu, le recours aux économistes, et à leurs savoirs, dans les processus de décision publique s’impose comme une nécessité sociale. Cette recherche vise à comprendre les ressorts de cette dynamique. Elle s’efforce, plus généralement, de saisir l’origine et la nature de l’autorité dont ils bénéficient dans un domaine d’action publique. Pour ce faire, le regard est porté, tout d’abord, sur les services de l’administration centrale où des ingénieurs-économistes deviennent alors perçus comme d’influents « conseillers du prince », puis s’imposent comme les principaux animateurs d’une tentative de réforme de l’administration. La thèse interroge également le développement d’une expertise savante en investiguant l’univers académique. L’enquête porte, enfin, sur le processus d’expertise et de décision d’un projet, le métro de Lyon, pour saisir comment les économistes interviennent dans le dialogue noué entre le pouvoir central et le pouvoir local. La dynamique d’institutionnalisation d’une science de gouvernement est envisagée à travers les processus qui participent à la construction, et à l’affirmation, des rôles de l’économiste dans ces trois univers distincts. Il s’agit ainsi d’éclairer les processus singuliers se déroulant dans chacun d’eux mais également de comprendre ce qui se joue dans leurs connexions. Cette approche donne à voir le succès des économistes dans le gouvernement des transports comme l’appropriation d’un projet de réforme de l’action publique porté, à l’origine, par des élites et des institutions « centralistes ». En outre, elle montre comment la gestion des affaires publiques territoriales constitue alors un enjeu décisif qui participe à forger les attentes qui pèsent sur les économistes. Empruntant une démarche socio-historique, l’analyse se nourrit d’un matériau essentiellement archivistique mais également de plus de soixante-dix entretiens semi-directifs.

    Harold Mazoyer, Les calculs de la puissance, thèse soutenue en 2011 en co-direction avec Gilles Pollet    

    A partir du début de la Vème République, l’économie des transports s’institutionnalise progressivement comme une science de gouvernement. Peu à peu, le recours aux économistes, et à leurs savoirs, dans les processus de décision publique s’impose comme une nécessité sociale. Cette recherche vise à comprendre les ressorts de cette dynamique. Elle s’efforce, plus généralement, de saisir l’origine et la nature de l’autorité dont ils bénéficient dans un domaine d’action publique. Pour ce faire, le regard est porté, tout d’abord, sur les services de l’administration centrale où des ingénieurs-économistes deviennent alors perçus comme d’influents « conseillers du prince », puis s’imposent comme les principaux animateurs d’une tentative de réforme de l’administration. La thèse interroge également le développement d’une expertise savante en investiguant l’univers académique. L’enquête porte, enfin, sur le processus d’expertise et de décision d’un projet, le métro de Lyon, pour saisir comment les économistes interviennent dans le dialogue noué entre le pouvoir central et le pouvoir local. La dynamique d’institutionnalisation d’une science de gouvernement est envisagée à travers les processus qui participent à la construction, et à l’affirmation, des rôles de l’économiste dans ces trois univers distincts. Il s’agit ainsi d’éclairer les processus singuliers se déroulant dans chacun d’eux mais également de comprendre ce qui se joue dans leurs connexions. Cette approche donne à voir le succès des économistes dans le gouvernement des transports comme l’appropriation d’un projet de réforme de l’action publique porté, à l’origine, par des élites et des institutions « centralistes ». En outre, elle montre comment la gestion des affaires publiques territoriales constitue alors un enjeu décisif qui participe à forger les attentes qui pèsent sur les économistes. Empruntant une démarche socio-historique, l’analyse se nourrit d’un matériau essentiellement archivistique mais également de plus de soixante-dix entretiens semi-directifs.

    Bertrand Depigny, L'agencification et la recomposition des scènes locales d'action publique, thèse soutenue en 2011 en co-direction avec Gilles Pollet    

    Cette thèse analyse le processus de genèse de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) et ses effets sur les scènes locales de l'action publique. Elle s'appuie sur un travail de terrain composé de deux scènes principales. La première est constituée de l'ensemble des acteurs concernés par le processus de fabrique de l'Agence. La seconde s'articule autour des acteurs de la mise en oeuvre sur trois sites enquêtés (Bourges, Lyon, Marseille) et au sein de l'ANRU. Ce travail se propose de participer à l'analyse de l'action publique urbaine à travers deux entrées. La première revient sur le processus de légitimation d'un impératif de changement à l'origine de la genèse de l'ANRU qui résulterait de la représentation d'une situation problématique dans le champ de la rénovation urbaine. La seconde s'articule autour de l'idée que cette représentation façonne la nature des effets engendrés par la logique de fonctionnement de l'ANRU. Ce travail a pour fil directeur le rapport au phénomène de bureaucratisation que donne à voir l'ANRU, aussi bien au cours de l'étape de sa création que dans la phase de mise en oeuvre de l'action. Cette thèse permet de montrer que, sous couvert d'une recherche d'efficacité et la mobilisation d'un dispositif d'action publique teinté de néomanagérialisme, la mise en action de l'ANRU produit à son tour des pesanteurs et des routines qui vont à l'encontre de ses raisons d'être. Ces effets révèlent une tendance à la bureaucratisation à laquelle l'ANRU n'échappe pas et dont les premières victimes sont les agents des services déconcentrés de l'État mis à sa disposition. L'analyse montre qu'au-delà de cette conséquence, ce sont également les rapports centre-périphérie et la régulation politico-administrative locale qui se trouvent recomposés par l'agencification de la rénovation urbaine.

    Sébastien Gardon, Gouverner la circulation urbaine : des villes françaises face à l'automobile (années 1910 - années 1960), thèse soutenue en 2009 à Lyon 2 en co-direction avec Gilles Pollet  

    Notre thèse porte sur l’analyse du gouvernement de la circulation urbaine pour la période allant des années 1910 aux années 1960. Elle s’appuie sur un travail de terrain constitué principalement d’une monographie du cas lyonnais que nous avons enrichie à partir d’autres exemples urbains (Marseille, Lille, Bordeaux, Nice, Saint-Étienne, Villeurbanne). Nos sources sont principalement constituées de fonds d’archives municipaux, mais également nationaux (des ministères concernés), internationaux (SdN, ONU) et d’autres documents de première main (archives privées et consulaires, périodiques). Notre travail se structure autour de deux grandes questions concernant l’analyse de l’action publique urbaine : la construction et l’identification d’un problème public ; la régulation d’un secteur d’intervention publique. Ces deux niveaux d’analyse sont appréhendés au niveau des scènes locales, nationales ou transnationales, de discussion des problèmes automobiles. En questionnant la structuration des pouvoirs urbains, on peut mettre en évidence l’existence d’un gouvernement par commissions, rassemblant des institutions et des acteurs divers et éclatés, et concourant à une co-production de l’expertise et de l’action publique en matière de circulation urbaine. Cette étude sur un temps long permet de montrer que, dans ce secteur, des formes de « gouvernance » articulant intérêts privés et enjeux publics ont émergé progressivement et se sont structurés au moment même où l’automobile devenait un enjeu urbain et un problème public central pour les villes du XX° siècle. Le gouvernement de la circulation urbaine constitue un excellent observatoire de la dynamique de constitution des pouvoirs urbains autour de dispositifs d’action publique pluralistes et largement participatifs qui renvoient au final à des débats situés au cœur même de la science politique contemporaine (pluralisme, gouvernance, réseaux, interfaces public/privé, démocratie participative...).

    Nicaise Ondo Nguema, De la défense de la cause "des plus démunis" à la construction d'une action publique , thèse soutenue en 2007 à Lyon 2 en co-direction avec Gilles Pollet  

    La thématique de « l’exclusion » est le sujet de débat public dominant lors de l’élection présidentielle de 1995. Cette problématique sociale et politique met en lumière la double posture des groupes de défense de la cause des plus démunis en tant que médiateurs et groupes de pression. Ces derniers ont joué un rôle déterminant tant dans l’émergence de celle-ci dans l’espace public que dans la construction des politiques publiques qui ont élaborées par les décideurs politiques, celles-ci se matérialisant par l’adoption de la loi d’orientation relative à la lutte contre les exclusions du 29 juillet 1998. L’articulation des relations pouvoirs publics/groupes de défense de la cause des plus démunis renvoie en définitive à s’interroger sur le cadre et les mécanismes interactionnels entre gouvernements, parlementaires et groupes de défense de la cause des plus démunis.

    Aisling Healy, Le gouvernement privé de l’action publique urbaine , thèse soutenue en 2007 à Lyon 2 en co-direction avec Gilles Pollet  

    À la fin des années 1990, les élus et les agents de la communauté urbaine de Lyon qualifient les modes d’action de cette institution de « gouvernance », de manière à souligner son action d'« animation » de politiques auxquelles participerait la « société civile ». Érigée en emblème de Lyon, cette « gouvernance » permettrait d'accroître le rayonnement international de la métropole et de favoriser ainsi son développement économique. Les deux dispositifs précisément dits de « gouvernance économique métropolitaine » que nous étudions n'incarnent pourtant pas les transformations des modes de régulation intercommunaux que cette expression voudrait résumer. Loin de conduire à la participation de nombreux acteurs locaux aux politiques économiques intercommunales, ces dispositifs perpétuent plutôt une tradition de coopération avec des acteurs érigés au rang officiel de partenaires de la communauté urbaine : les instances patronales. Depuis les années 1970, la capacité d'action des élus et des agents communautaires se construit en réalité en associant étroitement les représentants patronaux aux politiques économiques intercommunales. Si les chefs d’entreprise lyonnais sont profondément rivaux sur le marché économique, ils sont en effet également capables de s'associer pour intervenir dans l'action publique. La place et le rôle des élus et des agents communautaires demeurent néanmoins importants dans ce gouvernement privé de l'action publique urbaine.

    Julie Gervais, La réforme des cadres de l’action publique ou la fabrique d’un « nouveau » corps des Ponts et Chaussées , thèse soutenue en 2007 à Lyon 2 en co-direction avec Gilles Pollet  

    Le Journal officiel du 16 avril 2002 annonce la création d’un nouveau grand corps de l’État dont les statuts regroupent les anciens corps des Ponts et Chaussées, de l’Aviation civile, de Météo France et de l’Institut géographique national. Créé en 1716, le corps des Ponts et Chaussées réapparaît ainsi sous le même nom mais avec des contours redéfinis. Cette fusion des quatre corps techniques supérieurs du ministère de l’Équipement s’accompagne d’une longue réflexion sur l’identité de cette nouvelle entité, à laquelle il s’agit désormais d’insuffler un « esprit de corps » propre à unifier ses membres. C’est dans la figure de l’« ingénieur manager » que ces hauts fonctionnaires entendent l’incarner. Dans cette perspective, une vaste réforme des enseignements est entreprise au sein de l’École nationale des Ponts et Chaussées, qui vise à la création d’une formation initiale au management de l’action publique. Ce processus de réforme, qui s’étend sur plus de sept années, est mené au nom de l’impératif managérial et sous les auspices de la « modernisation » de l’État. Il révèle néanmoins, à l’analyse, des enjeux d’un autre ordre, mêlant des logiques corporatistes et administratives qui s’opposent et se complètent tout au long de cette fabrique. Étudier cette « réforme des cadres de l’action publique » (au double sens du mot « cadre »), c’est restituer les enjeux symboliques et matériels des négociations interministérielles sur les statuts, c’est également mettre au jour les attendus stratégiques et les intérêts différentiels de la revendication d’une identité propre au corps des Ponts, c’est enfin donner à voir les représentations de l’action publique véhiculées par une formation au management des cadres qui s’apprêtent à la produire et à la mettre en œuvre. L’analyse de chacune des scènes où elle se construit révèle combien cette réforme ne participe pas d’un tournant néolibéral mais relève d’un processus inverse qui voit des agents de l’État tenter, au nom de l’impératif managérial, de se renforcer et de « remettre l’État au centre ».

    Sarah Russeil, L'Espace transnational, ressource ou contrainte pour l'action internationale des villes à la fin du XXe siècle ? , thèse soutenue en 2006 à Lyon 2 en co-direction avec Gilles Pollet  

    La compétition inter-urbaine, les politiques urbaines dites de "rayonnement international" et l’articulation entre villes et international sont aujourd’hui des objets bien étudiés. Peu de travaux repèrent toutefois le travail politique à l’œuvre lors de la quête d’une dimension internationale au sein des municipalités. En appréhendant le transnational comme la résultante d’interactions entre diverses scènes, l’analyse comparée de la gestion d’un label international (patrimoine mondial) à Lyon et à Québec, donne à voir les ressources et les contraintes que les relations multi-niveaux constituent pour des municipalités urbaines. L’étude des conditions dans lesquelles les municipalités s’emparent de ce label international souligne la pluralité des acteurs participant à la fabrique de biens du patrimoine mondial et donne à voir un espace transnational de circulation spécifique à cet objet. Le travail politique, les circulations générées par l’espace transnational et les relations multi-niveaux engagent les municipalités urbaines dans des activités internationales scientifiques et politiques à l’égard du patrimoine mondial. Ils engendrent également, en fonction des conditions locales et nationales préexistantes, un renouvellement de pratiques locales à l’égard du patrimoine. Le transnational constitue finalement une ressource pour les municipalités urbaines dans leur positionnement concurrentiel et dans leurs modes de gouvernement. En restant toutefois largement traversé et structuré par des logiques et des dynamiques étatiques, cet espace apporte également des contraintes à l’action publique urbaine.

    Jérôme Aust, Permanences et mutations dans la conduite de l'action publique , thèse soutenue en 2004 à Lyon 2 en co-direction avec Gilles Pollet  

    En prenant l'exemple de deux projets d'implantation universitaire conduits dans l'agglomération lyonnaise, ce travail tente de prendre la mesure de ces changements qui affectent l'action publique des années 1960 aux années 2000. La période d'analyse retenue est marquée par l'entrée, dans la période contemporaine, des exécutifs des collectivités territoriales dans les réseaux d'action publique qui gouvernent les politiques d'implantation universitaire. Pour autant si les programmes sont co-financés, leurs objectifs ne sont pas co-construits. Ce sont en effet les présidents d'université et le recteur d'académie qui voient leur influence la plus confortée par rapport aux années 1960. Les services centraux du ministère de l'Education nationale ne sont que modérément affectés par l'inclusion des collectivités territoriales dans les politiques d'implantation universitaire. Comme dans les années 1960, c'est l'entourage proche du ministre qui, à l'inverse des directions d'administration centrale, dispose d'un pouvoir d'influence sur la conduite de ces programmes. Paradoxalement, la polyarchie institutionnelle croissante du réseau ne se traduit pas par un affaiblissement de la capacité de ses membres à établir des compromis. Si c'est seulement dans l'urgence que les membres du réseau agissent dans les années 1960, ils parviennent dans la période contemporaine à établir des compromis plus durables qui aboutissent cependant à une inflation du nombre d'opérations financées.

    David Guéranger, La coopération entre communes dans le bassin chambérien (1957-2001) , thèse soutenue en 2003 à Université Pierre Mendès France Grenoble 19902015 en co-direction avec Gilles Pollet  

    La thèse s'appuie sur l'étude monographique de la coopération entre les communes du bassin chambérien, depuis la création du premier syndicat en 1957, jusqu'aux élections municipales de 2001. Sur cette base empirique, la thèse interroge l'institutionnalisation de la coopération, c'est-à-dire les processus qui lui confèrent une existence objective, sur les plans pratiques et cognitifs. L'hypothèse centrale du travail est que cette institution produit localement des effets qui orientent durablement l'action des agents qui l'habitent, mais aussi leurs représentations. La structure intercommunale s'autonomise ainsi, en légitimant son action et ses référents, mais plus encore son intégration. La thèse emprunte donc très largement aux analyses néo-institutionnalistes. Plus encore, le point de vue défendu par la thèse est que l'entrée par l'institution - et l'institutionnalisation - est une clé d'analyse privilégiée pour comprendre et expliquer les dynamiques intercommunales en France.

    Guillaume Marrel, L'élu et son double , thèse soutenue en 2003 à Université Pierre Mendès France Grenoble 19902015 en co-direction avec Gilles Pollet  

    Dans une démarche socio-historique, la thèse explore les logiques électorales de l'essor de la monopolisation individuelle des mandats représentatifs, réputée "traditionnelle" en France, et légitimée dans les discours pratiques et les représentations savantes par les rigidités d'un système politico-administratif centralisé. La recherche repose sur une double enquête mettant en regard les usages du cumul parmi les parlementaires et les discours produits sur le phénomène de 1871 à 1940. Le cumul apparaît comme un instrument de contrôle des territoires d'implantation républicains et radicaux, un outil de réduction de l'incertitude électorale et un facteur de la stabilisation des carrières individuelles. Il contribue alors à la régulation notabiliaire de la professionnalisation politique. Mais le poids des élus locaux dans les Chambres influence également la définition des règles du jeu électoral et facilite la mise en place d'un appareil d'Etat centralisé capable de coordonner l'expansion de l'intervention publique locale.

    Xavier Piechaczyk, Les commissaires enquêteurs et la fabrique de l'intérêt général , thèse soutenue en 2000 à Université Pierre Mendès France Grenoble 19902015 en co-direction avec Gilles Pollet 

    Véronique Dimier, Formation des administrateurs coloniaux français et anglais entre 1930 et 1950 , thèse soutenue en 1999 à Université Pierre Mendès France Grenoble 19902015 en co-direction avec Gilles Pollet  

    Partant d'une controverse franco-britannique sur la nature et l'étendue des différences entre systèmes français et anglais d'administration coloniale en Afrique tropicale, nous baserons notre analyse sur les discours comparatifs et scientifiques de quatre personnes participant activement à la formation des administrateurs coloniaux en France et en Grande-Bretagne entre 1930 et 1950 et tentant d'y développer une certaine science administrative ou politique des colonies. Cette science vise à comparer les différents systèmes d'administration coloniale des pays colonisateurs tels qu'ils fonctionnent dans la pratique, au niveau local, et c'est sur ce point que porte d'ailleurs la controverse entre ces spécialistes francais et anglais d'administration coloniale, les uns (anglais) voyant beaucoup de différences, les autres (français) beaucoup de similarités. Notre but ici ne sera pas de trancher leur controverse, mais d'analyser leurs comparaisons elles-mêmes en tant que discours spécifique portant sur l'administration coloniale. Nous verrons ainsi dans quelle mesure leurs discours scientifiques et comparatifs, et les représentations qu'ils véhiculent, ont été influencés par certaines conceptions du pouvoir propres à une certaine élite et par certains enjeux a la fois institutionnels, corporatifs et politiques (internationaux).

    Laure Chebbah-Malicet, La problématique d'intégration des "populations immigrées" dans la politique de gestion de l'immigration (de la fin des années 1960 à 1997) , thèse soutenue en 1999 à Université Pierre Mendès France Grenoble 19902015 en co-direction avec Gilles Pollet 

  • Sylvère Angot, La "modernisation de l'Etat", indifférente à l'expertise des services en territoires : la réforme de l'Administration Territoriale de l'Etat dans les domaines de la Cohésion sociale et du Développement durable (2009-2015), thèse soutenue en 2020 à Pollet co-présidée avec Gilles Pollet  

    La « modernisation de l’État » est une thématique récurrente des exécutifs qui se succèdent à la tête du pays. La Réforme de l’Administration Territoriale de l’État (2010) modifie durablement le paysage des services déconcentrés et porte des dynamiques contradictoires. D'abord, la réforme s’appuie sur certains objectifs du new public management (Hood 1981) : performance de l’action publique, réduction des coûts et des effectifs, fusions de services, « mutualisation des fonctions supports », développement d’agences, informatisation du service public. Mais elle délaisse d’autres principes de cette doctrine : expertise territoriale, évaluation de l’action publique, nodalité territoriale, prélèvement d’informations sur le social, remontées d’expérience. Ensuite, la RéATE renforce un échelon régional déconcentré chargé du pilotage, de la coordination, de l’observation et de l’évaluation des politiques publiques (notamment les DREAL et DRJSCS). Mais le développement de cette expertise rare, de haut niveau, se heurte à de nombreux défis : celui de la formation des fonctionnaires pour assurer ces missions ; celui de l’incertitude générée par la dissociation entre services régionaux (maintenus sous la tutelle ministérielle) et départementaux (rapprochés de la tutelle préfectorale) ; celui des concurrences de légitimités entre des services déconcentrés affaiblis, des agences renforcées dans leurs prérogatives budgétaires et des collectivités territoriales bénéficiant de transferts de compétences. La déconcentration apparaît en déclin dans le système institutionnel français, alors que les interfaces entre l’État et les collectivités territoriales sont peu investies. Enfin, la réforme véhicule une vision et des méthodes profondément institutionnelles et centralisatrices : négociations au sommet de l’État, logique d’application descendante, timing serrés, renforcement de la tutelle préfectorale, coordination hiérarchique, isomorphisme institutionnel. La réorganisation institutionnelle exclut une réflexion sur l’expertise locale, les contenus professionnels des missions, les ajustements mutuels partisans entre acteurs. Les réformes se succèdent, impactant durablement le sens de l’action et l’autonomie des groupes professionnels sur le terrain, mettant beaucoup d’agents en souffrance et laissant les services dans une situation d’incertitude. On peut dès lors douter de l’atteinte du niveau de performance globale de l’action publique affiché par la réforme. Appuyant notre analyse du travail dans le secteur public sur le triptyque institutions, organisations, professions, nous montrons que le contenu concret du travail des agents des services déconcentrés fusionnés reste un impensé des réformes. Cette thèse se situe dans la perspective du récit de tensions existantes dans le champ bureaucratique, entre la « modernisation » portée par l’exécutif, le ministère du Budget, la « haute noblesse d’État » d’une part, et la lutte des ministères sectoriels et des services territoriaux pour maintenir leurs fonctions et leurs conceptions de l’État d’autre part. Trois analyses de politiques publiques sont mobilisées pour traiter cette problématique. Dans le nouveau champ de la « cohésion sociale », nous montrons que la convergence des politiques d’hébergement et d’accès au logement des personnes défavorisées s’effectue principalement à l'échelon départemental (le cas de l’Ile-de-France n’est pas étudié). L’étude de l’extinction du corps des Conseillers d’éducation populaire et de jeunesse (CEPJ) pose la question du maintien d’une expertise de conseil et de relais des problématiques territoriales au sein de l’appareil d’État. Le cas des politiques de rénovation énergétique de l’habitat présente un paysage complexe, situé entre plusieurs secteurs de politiques publiques (logement, énergie-climat, industrie, politiques sociales), montrant la difficulté à construire une coordination des dispositifs nationaux et locaux dans le champ du « développement durable »

    Amandine Gautier, Douleurs en chaîne : une approche multi-niveaux de la santé au travail des agents de l'État en abattoir, thèse soutenue en 2017 à Lyon co-présidée avec Gilles Pollet  

    Cette thèse examine la question de la santé au travail des agents publics en abattoir dans sa multi-dimensionnalité. Elle livre une analyse du travail dans le secteur public non seulement à partir de son cadre institutionnel, mais aussi des multiples interactions, souvent interdépendantes, entre l’activité, les organisations et la trajectoire de la politique du contrôle en abattoir. Elle bat en brèche à la fois la présomption de qualité au travail dans le secteur public et la forte étanchéité de ce secteur. Elle montre comment les douleurs sont négociées, entre activité quotidienne et dispositifs de déclaration en maladie professionnelle et de reclassement. A partir des années 2000, une part croissante des agents de l’Etat en abattoir souffrent de troubles musculo-squelettiques. Les TMS sont l’occasion pour l’encadrement intermédiaire de négocier avec les abattoirs mais aussi d’énoncer le « vrai travail » des agents en abattoir. La mise sur l'agenda de la santé au travail des agents affectés dans les abattoirs surgit dans le contexte de redéfinition des missions de l'Etat et les évolutions de la politique du contrôle en abattoir contribuent tantôt à faire émerger la santé au travail, tantôt à l’occulter en laissant de côté la question du devenir des agents dont les missions évoluent et dont le métier est susceptible de disparaître. Au croisement de la sociologie des groupes professionnels, de la santé au travail et de la sociologie de l’action publique, le cadre d’analyse propose d’articuler les régulations liées à la santé et aux conditions de travail à celles de l’activité et du métier d’inspecteur lui-même.

    Nicolas Leprêtre, Les transformations de l’action publique au prisme des réseaux électriques intelligents. Le cas des expérimentations de smart communities au Japon, thèse soutenue en 2016 à Lyon présidée par Gilles Pollet  

    Dans un contexte de multiplication d’expérimentations de « réseaux électriques intelligents » (REI) et de « villes intelligentes » à travers le monde, cette thèse questionne les reconfigurations qui affectent l’action publique liée à l’énergie depuis l’émergence de ces innovations technologiques. À partir d’une analyse de l’instrumentation des politiques énergétiques et de la gouvernance de quatre démonstrateurs de « smart communities » au Japon, nous souhaitons saisir la reformulation du rôle de l’État et de ses modes d’interaction avec les collectivités territoriales et avec les acteurs privés. Nous défendons la thèse que la pratique de l’expérimentation tend à devenir un instrument privilégié de la conduite des politiques locales, en réponse à d’importantes transformations qui affectent les politiques énergétiques. En nous appuyant sur une analyse néo-institutionnaliste, nous montrons que l’introduction des REI est marquée par des permanences dans le processus d’élaboration des politiques publiques et dans les cadres cognitifs mobilisés, mais aussi par un « changement graduel transformateur » dans les instruments déployés. À travers l’étude des quatre premiers démonstrateurs de smart community mis en place entre 2010 et 2015 par le Ministère de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie (METI) à Yokohama, Toyota, Kyōto Keihanna et Kitakyūshū, nous procédons à une analyse de l’influence de la pratique expérimentale sur la production de politiques énergétiques locales et sur les modes d’interaction entre l’État et les acteurs locaux. Il apparaît alors que la pratique expérimentale est appropriée par les acteurs locaux volontaristes comme un moyen de valoriser leurs « bonnes pratiques » et d’ériger leur territoire en vitrine de l’exemplarité. Cette démarche s’inscrit dans une perspective stratégique visant à capter les financements privés et publics, mais elle résulte aussi d’un repositionnement de l’appareil étatique visant à renforcer son contrôle au sein de politiques énergétiques territorialisées par la promotion d’expérimentations en phase avec ses stratégies. Nous mobilisons en particulier les notions de « méta-gouvernance » et de « gouvernement à distance » pour qualifier les dispositifs déployés par l’État pour conférer des marges de manœuvre aux acteurs locaux et accorder des concessions ponctuelles qui s’inscrivent dans ses perspectives stratégiques, tout en effectuant un contrôle sur ce processus afin de maintenir la structure du réseau.

    Marie-Pierre Escudie, Gaston Berger, les sciences humaines et les sciences de l’ingénieur : Un projet de réforme de la société, thèse soutenue en 2013 à Lyon 2 co-présidée avec Gilles Pollet  

    Notre thèse étudie la pensée et l'action de Gaston Berger et plus particulièrement la philosophie en action qui était la sienne au sein d’un projet de réforme de la société. Par une démarche reconstructive de l’œuvre, nous questionnons chez l’auteur les liens entre philosophie et politique dont la mobilisation se veut une réponse à la crise spirituelle et morale présente en Europe au XXe siècle. En s’inspirant de la phénoménologie, Berger affirme la nécessité d’une métaphysique, seule à même de penser le monde social tel qu’il apparaît. Il construit cette recherche à partir de l’idée d’intentionnalité ainsi que de l’anthropologie prospective, sources d’un savoir sur l’esprit humain, qui lui permettent de penser la figure du « philosophe en action », lequel doit posséder un rôle décisif dans les réformes sociales et politiques. Le projet de réforme de la société, tel que Berger le met en œuvre au travers de l’éducation, concerne d’abord la formation des ingénieurs. Ainsi s’élabore une « politique de l’esprit », qui met en avant le rôle essentiel de la philosophie et des sciences humaines et sociales dans le renouvellement intellectuel et politique de la fonction de l’ingénieur. Elles permettent, selon Berger, de replacer science et technique dans la culture et de comprendre ce qui fait l’humanité de la pratique des ingénieurs et la distingue d’une simple activité technique. En cela, cette thèse étudie la création de l’INSA de Lyon en 1957 comme le témoignage exemplaire de cette politique.

    Maxime Huré, Les réseaux transnationaux du vélo , thèse soutenue en 2013 à Lyon 2 co-présidée avec Gilles Pollet  

    Le développement du vélo en ville constitue aujourd’hui un impératif pour les élus, notamment au regard des injonctions en faveur du développement durable. Dans les années 2000, les dispositifs de vélos en libre service se sont imposés dans la majorité des villes européennes. Si leur développement a été guidé par des considérations écologiques, ces dispositifs valorisent plus généralement l’innovation politico-institutionnelle et le dynamisme économique des villes. Ces dispositifs se sont imposés grâce à des réseaux transnationaux structurés autour de la thématique du vélo. Ces réseaux invitent à considérer les échanges transnationaux comme vecteurs de transformations dans l’action publique urbaine. Les préoccupations pour le développement du vélo ont une histoire qui s’inscrit dans une série d’interactions entre les villes depuis les années 1970. L’analyse de la formation et des effets des réseaux transnationaux du vélo permet de définir des périodes et des régularités dans ces recompositions qui affectent à la fois les politiques du vélo en ville et l’organisation des pouvoirs politiques urbains. Une première période structurée par l’activité transnationale des associations de défense du vélo invite à comprendre le rôle des échanges dans la définition d’un problème public puis sa mise à l’agenda dans l’ensemble des villes européennes au cours des années 1970. Le traitement des problèmes pousse les élus et les agents administratifs à s’investir dans les échanges transnationaux pour construire une nouvelle compétence municipale fondée sur les expertises associatives. Cet investissement des municipalités caractérise la deuxième période, dans laquelle les municipalités s’affirment dans la mise en œuvre des politiques publiques du vélo en institutionnalisant des réseaux de collectivités au cours des années 1980-1990. Enfin, une troisième période s’engage à partir des années 2000 avec l’arrivée des entreprises du mobilier urbain et de l’affichage publicitaire dans les échanges transnationaux. Cet investissement des entreprises engendre une intense circulation des systèmes de vélos en libre service et confronte les élus urbains à l’exercice d’une régulation des relations avec ces grandes firmes, autant dans les interactions transnationales que dans celles qui se déroulent sur les territoires pour la gestion des services urbains. Ces réseaux transnationaux du vélo sont un moyen d’organiser les pouvoirs locaux et de légitimer les élus municipaux dans la conduite de l’action publique urbaine.

    Maxime Huré, Les réseaux transnationaux du vélo, thèse soutenue en 2013 co-présidée avec Gilles Pollet    

    Le développement du vélo en ville constitue aujourd’hui un impératif pour les élus, notamment au regard des injonctions en faveur du développement durable. Dans les années 2000, les dispositifs de vélos en libre service se sont imposés dans la majorité des villes européennes. Si leur développement a été guidé par des considérations écologiques, ces dispositifs valorisent plus généralement l’innovation politico-institutionnelle et le dynamisme économique des villes. Ces dispositifs se sont imposés grâce à des réseaux transnationaux structurés autour de la thématique du vélo. Ces réseaux invitent à considérer les échanges transnationaux comme vecteurs de transformations dans l’action publique urbaine. Les préoccupations pour le développement du vélo ont une histoire qui s’inscrit dans une série d’interactions entre les villes depuis les années 1970. L’analyse de la formation et des effets des réseaux transnationaux du vélo permet de définir des périodes et des régularités dans ces recompositions qui affectent à la fois les politiques du vélo en ville et l’organisation des pouvoirs politiques urbains. Une première période structurée par l’activité transnationale des associations de défense du vélo invite à comprendre le rôle des échanges dans la définition d’un problème public puis sa mise à l’agenda dans l’ensemble des villes européennes au cours des années 1970. Le traitement des problèmes pousse les élus et les agents administratifs à s’investir dans les échanges transnationaux pour construire une nouvelle compétence municipale fondée sur les expertises associatives. Cet investissement des municipalités caractérise la deuxième période, dans laquelle les municipalités s’affirment dans la mise en œuvre des politiques publiques du vélo en institutionnalisant des réseaux de collectivités au cours des années 1980-1990. Enfin, une troisième période s’engage à partir des années 2000 avec l’arrivée des entreprises du mobilier urbain et de l’affichage publicitaire dans les échanges transnationaux. Cet investissement des entreprises engendre une intense circulation des systèmes de vélos en libre service et confronte les élus urbains à l’exercice d’une régulation des relations avec ces grandes firmes, autant dans les interactions transnationales que dans celles qui se déroulent sur les territoires pour la gestion des services urbains. Ces réseaux transnationaux du vélo sont un moyen d’organiser les pouvoirs locaux et de légitimer les élus municipaux dans la conduite de l’action publique urbaine.

    Mourad Ouchichi, L’obstacle politique aux reforme économiques en Algérie, thèse soutenue en 2011 à Lyon 2 co-présidée avec Gilles Pollet  

    Depuis le début des années quatre-vingt, l’économie algérienne a connu un vaste mouvement de restructurations et de réformes. Curieusement, après plus de deux décennies de mise en œuvre de mesures censées ajuster l’économie du pays en la soumettant aux règles de concurrence et de rentabilité, la réalité des performances économiques algériennes demeurent pratiquement inchangée. En effet, mis à part le rétablissement des équilibres macro financiers grâce à l’augmentation des prix internationaux du pétrole, l’économie algérienne demeure loin des dynamiques d’accumulation. Visiblement, ni les contraintes internes, ni les conditionnalités du FMI et ses recommandations, n’ont résisté à la « réalité algérienne ». La présente thèse, qui se veut une contribution à la définition des conditions de succès de la transition économique vers le marché à la lumière de l’expérience algérienne des réformes, pose dans toutes ses dimensions la question des obstacles aux réformes dans les périodes de transition. L’analyse du système politique, de ses contraintes et ses contradictions est le point de départ de toute réflexion sur les problématiques des transitions. Le poids du passé, et son influence déterminante sur le déroulement du passage d’une organisation économique à une autre est, quant à lui, un facteur que nous questionnerons dans cette perspective.

  • Charles-Antoine Wanecq, Sauver, protéger et soigner : une histoire des secours d'urgence en France (années 1920-années 1980), thèse soutenue en 2018 à Paris Institut détudes politiques, membres du jury : Gilles Pollet (Exam.)  

    Cette thèse porte sur l’élaboration et les usages sociaux de la notion d’urgence vitale dans la France contemporaine. Entendue comme la nécessité d’agir vite pour éviter une mort probable, l’urgence constitue un mode de plus en plus ordinaire de prise en charge des pathologies. À partir d’une étude de sources multiples, médicales, administratives, hospitalières ou encore associatives, cette recherche doctorale propose de saisir les logiques sociales, économiques et politiques que suscite un accident, lorsqu’une ou plusieurs vies humaines sont menacées. Alors que, dans l’entre-deux-guerres, les innovations médico-chirurgicales de la Première Guerre mondiale ne trouvent que rarement une traduction dans le monde civil, le risque nucléaire et l’augmentation rapide de la mortalité routière contribuent à la mise en œuvre d’une politique publique d’organisation des secours d’urgence, orchestrée par un bureau du ministère de la Santé et centrée sur l’hôpital public. Fondée sur une analyse de la division du travail et des dispositifs techniques qui rendent possible la rationalisation de l’offre de secours, la thèse replace les débats qui portent sur la valeur accordée aux vies humaines dans l’histoire de la santé et des institutions en charge de la protection des populations.

    Camilo Argibay, De l’amphithéâtre à l’hémicycle ? Socialisation au métier politique et réseaux militants des dirigeants étudiants de la MNEF (1962-1986), thèse soutenue en 2011 à Lyon 2, membres du jury : Gilles Pollet (Exam.)  

    Cette thèse analyse l’entrée en politique des dirigeants de la Mutuelle nationale des étudiants de France (MNEF). Cet organisme prenait en charge la gestion de la sécurité sociale étudiante. Il était dirigé par des étudiants élus. Au cours des années 1960 et 1970, l’engagement de ces responsables devient de plus en plus politique. Leur activité militante et professionnelle constitue une forme de socialisation particulière, en ce sens qu’ils apprennent des savoir-faire et intériorisent des représentations assimilables à des apprentissages politiques. La conversion de ce capital militant en capital politique constitue le cœur de la thèse. Elle est favorisée par des configurations d’acteurs au sein desquels les mondes de la représentation étudiante et les partis politiques sont fortement intriqués. Le recours à l’analyse des réseaux sociaux a permis d’objectiver ces configurations et de les situer historiquement. Les interpénétrations sont beaucoup plus fortes dans les années 1970 et 1980 que lors des années 1960. Au cours de ces deux décennies, un dirigeant sur de la mutuelle sur deux entre – en tant qu’élu ou que membre d’un cabinet – dans le champ politique. L’analyse de l’engagement de ces militants étudiants nous renseigne plus généralement sur l’entrée en politique comme processus.

    Carolina Gutiérrez Ruiz, Une décentralisation en kit : analyse des trajectoires des politiques de régionalisation et de décentralisation dans la construction de l'État au Chili (1964-1996), thèse soutenue en 2010 à Lille 2, membres du jury : Gilles Pollet (Exam.)    

    Cette thèse retrace les trajectoires des politiques de régionalisation et de décentralisation au Chili ainsi que celles de leurs promoteurs/médiateurs. Ce faisant, elle montre que ces acteurs, constituant une « communauté réformatrice », agissent en réseau. Cette communauté devra non seulement imprégner l’administration pour agir sur elle mais elle devra aussi s’adapter et ajuster ses idées, révélant ainsi la fragilité d’un certain nombre de mécanismes institutionnels tant au niveau national qu’international, en particulier ceux relatifs à la coopération.

    Christophe Capuano, Le "familial" en France sous le régime de Vichy , thèse soutenue en 2008 à Dijon, membres du jury : Gilles Pollet (Exam.)  

    Cette thèse vise à analyser les usages politiques, juridiques et sociaux de l’objet « famille » sous le régime de Vichy. Elle tend d’abord à réévaluer le rôle de l’Etat français dans le champ familial. Longtemps présentée comme prééminente, l’action étatique en matière familiale connaît plusieurs formes de limites dues aux effets de l’Occupation, au fonctionnement interne de l’appareil d’Etat. Ses réalisations effectives reposent également largement sur la mobilisation et l’investissement d’institutions non-étatiques, tant publiques que privées, tant centrales que locales – observées à travers les exemples de la Bourgogne et de la Franche-Comté. Cette recherche étudie ainsi dans un second temps les stratégies poursuivies par les institutions de la sphère familiale à différentes échelles tant dans leurs objectifs communs que dans leurs approches spécifiques. Il s’agit de mettre en évidence la diversité des formes d’interactions entre l’Etat et les institutions privées mais aussi de montrer les importantes tensions qui en résultent. Cette étude examine enfin le processus de construction d’une représentation apolitique et non compromettante de l’action familiale dont les effets jouent à différents niveaux. Elle permet d’abord sous l’Occupation le double engagement des familiaux, à la fois au service de Vichy et de la résistance. Elle rend possible ensuite le maintien de ces acteurs, qui vont bénéficier de l’indulgence des épurateurs, dans les instances familiales de la Libération. Elle explique enfin la pérennité d’une politique familiale et nataliste dans la France de l’après guerre, même si les principes républicains sur lesquels elle repose constituent une rupture radicale avec le régime précédent.

    Stéphane Cadiou, La cité de l'expertise , thèse soutenue en 2002 à Bordeaux 4, membres du jury : Gilles Pollet (Exam.)  

    Cette thèse vise à s'interroger sur les modalités d'existence et le rôle de l'expertise dans le gouvernement des villes. Un premier constat s'impose : il est très difficile de livrer une définition stabilisée de l'expertise. Celle-ci concerne une diversité d'acteurs aux compétences et positions diversifiées. Les rapports entre les acteurs (chercheurs, praticiens, intellectuels des administrations, etc) tracent les contours d'un espace relationnel (la cité de l'expertise), structuré par l'enjeu d'une reconnaissance experte et traversé par des logiques de connivence et de concurrence. Dans un premier temps l'accent est mis sur la construction savante d'une vision consensuelle de la "nouvelle gestion urbaine" faisant du recours à certains types d'experts une exigence indispensable pour détecter et traiter les "problèmes" censés menacer les villes. La deuxième parrtie se concentre sur les effets, au niveau municipal, de ce nouveau savoir et sur les transformations du pouvoir d'expertise. Dans le contexte de redéfinition des représentations et de multiplication des politiques urbaines, on assiste à un durcisement des oppositions entre praticiens. . .