Haoues Seniguer

Maître de conférences
Science politique.
Sciences Po Lyon

Triangle : Action, Discours, Pensée Politique et Économique
  • Haoues Seniguer, La République autoritaire : Islam de France et illusion républicaine (2015-2022), Le Bord de l'eau et Impr. CPI Firmin-Didot, 2022, Documents, 279 p.   

    Haoues Seniguer (dir.), De la politisation des racismes et antiracismes en France, L'Harmattan, 2022, 199 p. 

    Haoues Seniguer, Pierre Conesa, Sofia Karampali Farhat, Régis Soubrouillard, Sofia Farhat, Le Lobby saoudien en France : comment vendre un pays invendable, Denoël, 2021, 256 p.   

    Haoues Seniguer, Les (néo) Frères Musulmans et le nouvel esprit capitaliste entre rigorisme moral, cryptocapitalisme et anticapitalisme: entre rigorisme moral, crypto-capitalisme et anticapitalisme, Le Bord de l'eau, 2020, 146 p. 

    Haoues Seniguer, L'islamisme décrypté, L'Harmattan, 2020, La bibliothèque de l'iremmo, 207 p. 

    Haoues Seniguer (dir.), Jeux de pouvoirs au maghreb, Editions l'Harmattan, 2020, 235 p.  

    Le Maroc, l'Algérie et la Tunisie ne sont certainement pas des sociétés figées, condamnées en quelque sorte définitivement aux conservatismes de toutes sortes. La forme et la nature des États ne disent pas tout des sociétés sur lesquelles s'exercent leurs pouvoirs. Cette image d'Épinal (la passivité ou résignation supposée des Arabes face à la tyrannie du Prince) a été sérieusement battue en brèche, sans disparaître complètement, depuis la période révolutionnaire de 2010-2011. Ces sociétés, aux histoires multiples, aussi proches que lointaines les unes des autres, sont au contraire marquées par une profonde vitalité sociale, culturelle et intellectuelle, des aspirations à la liberté et à la justice sociale constantes, en dépit des nombreuses vicissitudes et incertitudes politico-économiques qui les affectent. En effet, elles connaissent toutes, sous des formes diverses, des spasmes, heureux ou plus malheureux, dans des régimes qui oscillent entre dispositifs institutionnels semi-autoritaires/semi-démocratiques, réflexes néo-autoritaristes (Maroc et Algérie), percées ou lueurs démocratiques (Maroc et Algérie), et solidification d'institutions démocratiquement élues comme en Tunisie.Plutôt que de chercher à embrasser, vainement, l'ensemble des dynamiques à l'oeuvre dans ces trois pays majeurs du Maghreb, cet ouvrage essaie, plus modestement, de mettre au jour les jeux de pouvoir, civils, politiques, sécuritaires et économiques, qui s'y donnent à voir, en en soulignant le caractère relationnel et ambivalent, autrement dit, aussi bien dialectique que contradictoire.

    Haoues Seniguer, Jérôme Alexandre, Philippe Corcuff, Isabelle Sorente, Spiritualités et engagements dans la cité: Dialogue entre un musulman critique, un agnostique anarchiste, un catholique libertaire et une romancière, Le Bord de l'eau, 2018, Collection Documents, 110 p. 

    Haoues Seniguer, République et islam , 106e éd., l'Harmattan, 2018   

    Haoues Seniguer (dir.), République et Islam: défis croisés, L'Harmattan, 2018, 225 p. 

    Haoues Seniguer, Robert Bistolfi (dir.), L'Islam de France: nouveaux acteurs, nouveaux enjeux, l'Harmattan, 2015, 184 p. 

    Haoues Seniguer, Petit précis d'islamisme: des hommes, des textes et des idées, l'Harmattan, 2013, La Bibliothèque de l'Iremmo, 158 p.   

  • Haoues Seniguer, « Comment envisager la dimension religieuse des conflits et de la violence au nom de l'islam? Quelques pistes de réflexion au croisement de l'islamologie et des sciences politiques », in Pisani, Emmanuel, Zemirli, Zohra Aziadé (dir.), Renouveau et dynamiques de l'islamologie en Europe, Cerf, 2023, pp. 153-163 

    Haoues Seniguer, « La logique du soupçon est devenue la boussole de l'Etat dans sa gestion de l'islam », in Mathieu, Mathilde (dir.), La haine ordinaire : des vies percutées par le racisme, Seuil, 2023, pp. 154-158 

    Haoues Seniguer, « Islamists like no Other? The case of "Musulmans de France" », in Ceylan, Rauf, Kiefer, Michael (dir.), Der islamische Fundamentalismus im 21. Jahrhundert, Springer Fachmedien Wiesbaden, 2022, pp. 173-183 

    Haoues Seniguer, « Islamisme », in Mayer, Nonna, Corcuff, Philippe, Policar, Alain (dir.), Les mots qui fâchent : contre le maccarthysme intellectuel, Éditions de l'Aube, 2022, pp. 87-92 

    Haoues Seniguer, « 'Radicalisation', politisation et hégémonisme religieux au nom de l'islam », in Fall, Khadiyatoulah (dir.), Djihadisme, radicalisation et islamophobie en débats, Presses de l'universié de Laval, 2021, pp. 153-179 

    Haoues Seniguer, « Où va l'islamisme institutionnel ? Entre contraintes politiques et résilience idéologique », in de Montbrial, Thierry, David, Dominique (dir.), Ramses 2021 [Le grand basculement ?], Institut français des relations internationales, 2020, pp. 152-157 

    Haoues Seniguer, « 'Radicalización', politización y hegemonismo religioso en nombre del islam: ¿es culpa del 'Occidente' y de la laicidad francesa? », in Capdevielle, Pauline, Blancarte, Roberto (dir.), Política, religión y violencia ¿el retorno de los fundamentalismos?, Universidad Nacional Autónoma de México, Instituto de Investigaciones Jurídicas, 2019, pp. 77-105   

    Haoues Seniguer, « La France et la question migratoire : la voie royale pour les populismes d'extrême droite », Çinâ'at al-khawf: rihâb al-yam\ⁱn al-mutatarrif wa al-sha'bawiyya [La fabrique de la peur : la xénophobie de la droite extrémiste et populiste], Al Mesbar Studies & Research Centre, 2019, pp. 133-170 

    Haoues Seniguer, « The islamists of Morocco's Party of Justice and Development and the foreign policy problem: between structural constraints and economic imperatives », in Adraoui, Mohamed-Ali (dir.), The foreign policy of islamist political parties: ideology in Practice, Edinburgh university press, 2018, pp. 20-46 

    Haoues Seniguer, « La question religieuse au Moyen-Orient depuis 1918 », in Chantin, Jean-Pierre, Martin, Philippe (dir.), Religions : les clés pour comprendre, les clés pour enseigner, CNRS Éditions, 2018, pp. 287-308 

    Haoues Seniguer, « La galaxie néo-salafiste quiétiste: un apolitisme en trompe l’oeil? », in Mostfa, Ali, Younès, Michel (dir.), L'islam au pluriel : foi, pensée et société, l'Harmattan, 2018, pp. 61-83 

    Haoues Seniguer, « Le religieux dans et par-delà les manuels scolaires d'histoire au Maroc : la prédominance d’une conception intégrale de l’islam », in Avon, Dominique, Saint-Martin, Isabelle, Tolan, John (dir.), Faits religieux et manuels d’histoire : contenus –institutions – pratiques : approches comparées à l’échelle internationale, Arbre bleu éditions, 2018, pp. 289-307 

    Haoues Seniguer, « Marie en Islam », in Henryot, Fabienne, Martin, Philippe (dir.), Dictionnaire historique de la Vierge Marie : sanctuaires et dévotion XV-XXI siècle, Perrin, 2017, pp. 214-218 

    Haoues Seniguer, « Les autorités religieuses sunnites au défi de l’histoire », in Avon, Dominique (dir.), Faire autorité : les religions dans le temps long et face à la modernité, Presses universitaires de Rennes, 2017, pp. 63-80 

    Haoues Seniguer, « Perceptions et actions des États-Unis face à Daech », in Coppolani, Antoine, Razoux, Pierre (dir.), Les États-Unis au Moyen-Orient : évolutions et perspectives stratégiques, Institut de recherche stratégique de l'École militaire, 2016, pp. 39-51 

    Haoues Seniguer, « Les islamistes marocains du Parti de la justice et du développement et le pouvoir: une comparaison critique avec les socialistes français », in Ferjani, Mohamed-Chérif (dir.), Religion et démocratisation en Méditerranée, Riveneuve, 2016, pp. 237-260 

    Haoues Seniguer, « Le néo-salafisme et l'islamisme, deux fondamentalismes? Réflexions sur le cas égyptien », in Younès, Michel (dir.), Le fondamentalisme islamique : décryptage d'une logique, Karthala, 2016, pp. 35-59 

    Haoues Seniguer, « L'Union des jeunes musulmans à Lyon (UJM) et les acteurs religieux lyonnais (2008-2010) », in Durand, Jean-Dominique (dir.), Les minorités religieuses à Lyon (XVIe-XXIe siècles) [Journées d'étude des musées Gadagne], Silvana editoriale, 2016, pp. 81-97 

  • Haoues Seniguer, « Que reste-t-il du Parti de la justice et du développement (PJD) », Moyen-Orient, 2024, n°62, pp. 24-25 

    Haoues Seniguer, Abdessamad Belhaj, « Théologies islamiques des catastrophes: entre religion, science et messianisme », MIDEO - Mélanges de l'Institut Dominicain d'Etudes Orientales , 2023, n°38, pp. 3-22   

    Haoues Seniguer, Abdessamad Belhaj, « Théologies islamiques des catastrophes [Coord. n° 38 de : MIDEO] », MIDEO - Mélanges de l'Institut Dominicain d'Etudes Orientales , 2023, n°38   

    Haoues Seniguer, Abdessamad Belhaj, « Théologies islamiques des catastrophes », 2023  

    La théologie musulmane des catastrophes trouve ses origines dans des passages coraniques ou des traditions dites prophétiques (sunna) qui rapportent des calamités, avérées, allégoriques ou eschatologiques : nous pensons à la bataille d’Uḥud, aux scènes de l’Apocalypse (ou apocalyptiques), à la punition des peuples « mécréants » par la destruction, la noyade, etc. À la suite du Coran, plusieurs générations de clercs musulmans dans l’histoire ont ainsi produit différents types de littérature re...

    Haoues Seniguer, « La sécularisation des discours et des pratiques en contexte islamique : le cas du Parti pour la justice et le développement au Maroc », Social Compass, 2023, n°3 

    Haoues Seniguer, « L'islamisme est-il (toujours) hégémonique ? Réflexions depuis la France sur un objet incandescent », Confluences Méditerranée , 2023, n°127, pp. 135-154   

    Haoues Seniguer, Vincent Geisser, « L’islamophobie interroge les ressorts imaginaires, symboliques et matériels de notre construction nationale », Confluences Méditerranée , 2022, n°121, pp. 125-137   

    Haoues Seniguer, « Le diagnostic et les remèdes aux maux du séparatisme islamiste sont-ils les bons ? Quand l'exécutif s'emmêle les pinceaux », Germinal. Bulletin, 2022, n°4, pp. 15-21 

    Haoues Seniguer, Anca Munteanu, « The Party for Justice and Development's Specialization'' in Politics: Metamorphosis and Contradictions », Middle East Law and Governance , 2022, n°082022, pp. 1-27 

    Haoues Seniguer, « Dépasser les polarisations autour de l'islam en France », Revue du MAUSS, 2022, n°59, pp. 253-267151-165 

    Haoues Seniguer, « Identités, identitarismes : réflexions philosophiques et sociologiques », En dialogue : lettre du SNRM , 2022, n°18, pp. 30-45 

    Haoues Seniguer, « De la politisation des racismes et antiracismes en France [n° 2022/2 (121) de : Confluences Méditerranée] », Confluences Méditerranée , 2022, p. 199   

    Haoues Seniguer, « Et si l'on parlait d'islamismo-capitalisme ? », Analyse Opinion Critique, 2021   

    Haoues Seniguer, « Maroc : le roi resserre l'étau autoritaire », Alternatives Economiques. Hors - série, 2021, n°122, pp. 80-81   

    Haoues Seniguer, « Les 'néo -Frères Musulmans ou le conservatisme légaliste : le cas de Musulmans de France », Moyen-Orient, 2021, n°52, pp. 66-71 

    Haoues Seniguer, « De la résilience de l'islamisme », Analyse Opinion Critique, 2021   

    Haoues Seniguer, Hassan Zouaoui, « De la   modération   chez des cadres du Parti de la justice et du développement au Maroc : réhabiliter la religion/l’idéologie dans l’analyse de l’islamisme », 2020  

    Depuis la fin des années 1980, la lecture et l’interprétation du fait islamiste en tant que forme exacerbée de politisation de l’islam donnent lieu à des débats ininterrompus. Il ressort des principaux travaux francophones et anglophones sur le sujet deux approches prédominantes : la première estime que le courant islamiste, depuis les origines au cours de la première moitié du XXe siècle, fut spontanément enclin à épouser les dynamiques de modernisation sociale et politique, tandis que son v...

    Haoues Seniguer, Vincent Geisser, « L’islamisme en nos banlieues ?À propos de : Bernard Rougier (dir.), Les territoires conquis de l’islamisme, Puf », La vie des idées, 2020 

    Haoues Seniguer, Hassan Zouaoui, « De la modération chez des cadres du Parti de la justice et du développement au Maroc : réhabiliter la religion/l'idéologie dans l'analyse de l'islamisme », L'Année du Maghreb, 2020, n°22, pp. 77-95 

    Haoues Seniguer, « Jeux de pouvoirs au Maghreb [coord. n° 114 de : Confluences Méditerranée] », Confluences Méditerranée , 2020, n°114, p. 235   

    Haoues Seniguer, Robert Bistolfi, « Les musulmans dans la République : des enjeux majeurs de société », Confluences Méditerranée , 2018, n°106, pp. 9-20 

    Haoues Seniguer, « Entretien avec Abdelaziz Chaambi », Confluences Méditerranée , 2018, n° ° 106, pp. 165-179    

    Militant lyonnais d’origine tunisienne. Il est issu d’une famille très fortement engagée contre la présence coloniale française en Tunisie. Il a été un acteur important de la construction de l’islam de France hors région parisienne au cours des années 1980. En effet, il fut, entre autres, l’une des chevilles ouvrières de l’Union des Jeunes Musulmans de France qu’il a cofondée à Lyon en 1987. Très tôt sensible à la cause des plus démunis, de la condition coloniale et postcoloniale, il a milité dès son plus jeune âge dans différentes structures associatives ou au sein de mouvements politiques à l’instar de Lutte Ouvrière. Dans l’entretien accordé à Confluences Méditerranée, Abdelaziz Chaambi revient, sans ambages, sur les grandes étapes de ses engagements successifs et multiples dans la cité, sur la façon dont il articule foi musulmane et militantisme, sa lutte sans relâche contre les effets du capitalisme néo-libéral, le regard qu’il porte sur la situation de l’islam de France, le conspirationnisme dans les milieux musulmans, etc., notamment dans le contexte post-attentats de 2015 qu’il a vécu avec beaucoup de tristesse et de sidération.

    Haoues Seniguer, « Penser le fait islamique en France en périodes troublées », Confluences Méditerranée , 2018, n°106, pp. 21-33 

    Haoues Seniguer, « Les islamistes ont-ils évolué ? Retours critiques sur une idéologie résiliente », Confluences Méditerranée , 2017, n° ° 100, pp. 159-175    

    L’islamisme, qui est une forme exacerbée de politisation de l’islam, a généralement pour synonyme islam politique. Ce courant idéologique, aussi bien de l’islam sunnite que de l’islam chiite, a connu des mutations plus ou moins importantes depuis ses origines (première moitié du XXe siècle), et ce, suivant les acteurs individuels et collectifs concernés, les contrées et les périodes données. Si évolution(s) il y a par rapport à certaines questions et modes d’actions autrefois employés (renoncement dans bien des cas à la lutte armée et acceptation de l’ordre institutionnel établi), l’islamisme comporte cependant des invariants qui n’ont pas complètement disparu, y compris au sein des mouvements légalistes. Aussi, leur pragmatisme politique, consistant à s’adapter aux contraintes systémiques, n’équivaut pas ipso facto à un renoncement effectif à l’exercice d’une forme d’hégémonie culturelle et religieuse là où ils prospèrent, au premier chef dans les sociétés majoritairement musulmanes. C’est pourquoi il est possible encore à ce jour de repérer quelques intersections idéologiques entre mouvements islamistes légitimistes et mouvements islamistes plus radicaux.

    Haoues Seniguer, « Repères Maroc : Taqi al-Din al-Hilali : une figure méconnue, mais influente du salafisme marocain », Moyen-Orient, 2017, n°33, pp. 40-43 

    Haoues Seniguer, Pierre Blanc, « Moyen-Orient : l’incubation démocratique malgré tout », La revue internationale et stratégique, 2017, n°106, pp. 91-100   

    Haoues Seniguer, « De quelques réflexions sur les sinuosités de la radicalisation », Histoire, monde et cultures religieuses, 2017, n°39, pp. 13-31 

    Haoues Seniguer, « Les islamistes ont-ils évolué ? Retours critiques sur une idéologie résiliente », Confluences Méditerranée , 2017, n°100, pp. 159-175 

    Haoues Seniguer, « Le communautarisme : faux concept, vrai instrument politique », Histoire, monde et cultures religieuses, 2017, n°41, pp. 15-37 

    Haoues Seniguer, « Islam, musulmans et question de la violence : une relation complexe », Les Cahiers de l’Islam, 2017, n°2, pp. 53-85 

    Haoues Seniguer, Pierre Blanc, « Moyen-Orient : l’incubation démocratique malgré tout », La revue internationale et stratégique, 2017, n°2, pp. 91-100 

    Haoues Seniguer, « Comprendre les violences au Moyen-Orient et leurs conséquences », La revue du Projet, 2016, n°57, pp. 13-15 

    Haoues Seniguer, « Al-Hijra: mâ ba'd al-tafjîrât wa al-hurûb fî al-sharq al-awsat [= L'exil : l'après attentats et les guerres au Moyen-Orient] », Al-Mesbar monthly book (Al-Mesbar Studies & Research Center, Dubaï), 2016, n°112, pp. 285-300 

    Haoues Seniguer, « Islam de France : défis collectifs », Confluences Méditerranée , 2016, n° ° 95, pp. 9-11   

    Haoues Seniguer, « Enseignement d’un parcours militant », Confluences Méditerranée , 2016, n° ° 95, pp. 109-118    

    Dans l’entretien accordé à « Confluences Méditerranée », Moustafa Mansour revient sur un engagement actif de vingt-cinq ans contre les discriminations raciales et les inégalités de classe. Ses multiples expériences, sa connaissance du terrain et ses responsabilités associatives (en particulier au sein du CRI : « Coordination contre le racisme et l’islamophobie ») lui permettent avec le recul de porter des critiques fortes sur de nombreux sujets : les instrumentalisations politiques, le positionnement de diverses associations ayant pignon sur rue, les formes de lutte contre l’islamophobie, l’élitisme d’une certaine intelligentsia musulmane… La déception ayant été au bout de tous les dialogues classiques comme des promesses d’intégration, une démarche radicalement autonome s’imposerait désormais en privilégiant l’auto-organisation de tous les mouvements de libération de l’immigration postcoloniale et des quartiers populaires.

    Haoues Seniguer, « Islamophobie : construction et implications », Confluences Méditerranée , 2016, n° ° 95, pp. 143-152    

    Dans l’entretien qu’il a accordé à « Confluences Méditerranée », Raphaël Liogier revient sur les raisons qui l’ont conduit, alors qu’il n’était pas islamologue au départ, à s’interroger sur l’imaginaire occidental et la construction d’une vision négative de l’islam et des musulmans. En France, il en est découlé un respect inégal des principes républicains de liberté, égalité et fraternité, ainsi qu’une approche plus idéologique de la laïcité. Le mythe touchant à une islamisation menaçante doit être déconstruit, et d’abord en s’appuyant sur les données démographiques. Ses racines historiques – les chocs de la décolonisation, la révolution islamique en Iran… – sont bien sûr à prendre en compte aussi. Puis, avec les jeunes générations issues de l’immigration qui sont mieux conscientes de leurs droits, l’idée a crû que l’identité française était menacée : d’où, entre autres, une « laïcité patrimoniale » promue en défense. L’islamophobie – bien réelle – est niée ; le terme lui-même critiqué. Est-ce parce qu’il renverse de manière gênante les termes de problème, ceux que la présence musulmane agresse étant confrontés à leurs propres agressions, qui relèvent d’un racisme culturel ? Le problème ne se réduit cependant pas à une dénonciation plus active de l’islamophobie : tous les autres facteurs économiques et sociaux sont à prendre en compte.

    Haoues Seniguer, « Le printemps marocain a-t-il eu lieu? Comment la religion publique a eu raison du mouvement social. Essai d'interprétation », Revue marocaine des sciences politiques et sociales, 2016, n°9, pp. 93-98 

    Haoues Seniguer, « L'implantation de l'islam en France : un champ religieux fragmenté », Les Cahiers français : documents d'actualité, 2015, n°389, pp. 54-59 

    Haoues Seniguer, « La France face à la violence totale de Daech », Histoire, monde et cultures religieuses , 2015, n° ° 36, pp. 187-191   

    Haoues Seniguer, « Une terreur sacrée ? La violence à l’heure des crises du Moyen-Orient », Confluences Méditerranée , 2015, n° ° 94, pp. 63-80    

    Depuis les attentats de New York, le 11 septembre 2001, préparés et exécutés par des membres d’al-Qaïda, on ne compte plus les exactions de plus ou moins grande ampleur perpétrées aux quatre coins du monde par des organisations, mouvements ou individus se réclamant de l’islam. Celles-ci, qui ne sont désormais plus confinées à des territoires extra-européens, provoquent terreur et effroi chez une majorité de gens, y compris chez les musulmans eux-mêmes. Pour autant, il est nulle question de chercher à distinguer un supposé bon islam d’un tout aussi supposé mauvais islam, opposer un supposé « islam des Lumières » à un supposé islam « obscurantiste », traquer les supposés mauvais musulmans pour les opposer aux supposés bons musulmans, ou l’inverse. Force est simplement de constater qu’à l’aube du XXIe siècle, l’islam est fréquemment l’objet d’investissements ou de commentaires fortement contradictoires, sinon passionnés, avec une islamophobie qui s’enracine en Europe. Il est impossible de nier la dimension religieuse des conflits qui sévissent au Moyen-Orient. Cela paraît évident. Il faut donc l’interroger en précisant un cadre théorique rigoureux.

    Haoues Seniguer, « L’islamisme en terre d’islam majoritaire : Entre culture et culturalisme », Histoire, monde et cultures religieuses , 2015, n° ° 33, pp. 99-125    

    Les échecs subis en 2014 par l’islamisme dans l’aire arabo-musulmane annoncent-ils son déclin et l’autonomisation du politique à l’égard des autorités religieuses ? Ou masquent-ils la réalité de sociétés dans lesquelles l’autonomie du politique, qui suppose l’État de droit, en est encore à son début ? Selon l’auteur, sans tomber dans le piège du culturalisme, il faut revenir à l’imbrication du religieux et du politique dans les sociétés musulmanes pour comprendre l’assise sociale de l’islamisme, sa longévité et sa force de pénétration.

    Haoues Seniguer, « Point de vue. Schizophrénie… ou le blogueur de Djeddah », Histoire, monde et cultures religieuses , 2015, n° ° 32, pp. 157-160   

    Haoues Seniguer, Robert Bistolfi, « L’islam de France : nouveaux acteurs, nouveaux enjeux [introd. et coord. n° 95 de : Confluences Méditerranée] », Confluences Méditerranée , 2015   

    Haoues Seniguer, « Le Parti de la Justice et du Développement au Maroc (2002-2008) : des transformations idéologiques sinusoïdales », Revue marocaine des sciences politiques et sociales, 2015, n°8, pp. 113-139 

    Haoues Seniguer, « La France face à la violence totale de Daech », Histoire, monde et cultures religieuses, 2015, n°36, pp. 187-191   

    Haoues Seniguer, « 'Communauté', 'communautarisme' et islam en France : y a-t-il un communautarisme musulman ? », Droit Social, 2015, n°9, pp. 664-673 

    Haoues Seniguer, « L'islam(isme) de marché : joindre le rentable économique au satisfecit apostolique ? », Revue d'éthique et de théologie morale , 2014, n° ° 280, pp. 101-108    

    Tariq Ramadan intervient aussi bien au sein de l’UOIF qu’au sein d’organisations locales moins connues. Néanmoins sa présence en France se fait plus rare ces derniers temps. Ceci ne veut pas dire que son influence décline. Il bénéficie, par exemple, du soutien du Collectif des Musulmans de France. L’aspect « prédicateur idéologique » du personnage est de notoriété publique, mais on passe souvent sous silence le côté managérial et entrepreunarial de T. Ramadan, ce qui n’a rien d’étonnant : il existe aussi un marché religieux des musulmans de France. Les deux logiques coexistent.

    Haoues Seniguer, « La civilisation islamique et l'humanisme arabo-musulman : le regard de Malek Bennabi », Confluences Méditerranée , 2014, n° ° 89, pp. 187-209    

    Malek Bennabi (1905-1973) est un essayiste algérien de confession musulmane. C’est une figure très atypique de la pensée islamique contemporaine. Méconnu, ses écrits sont souvent investis et récupérés par les théoriciens et militants de l’islamisme, qui revendiquent, à tort ou à raison, son héritage. Bien que par certains côtés travaillé par une forme d’islamisme, Malek Bennabi s’est néanmoins efforcé de sortir de l’ornière purement dogmatique, hyper normative et exaltée de l’islam, pour se consacrer davantage à une profonde réflexion autocritique de l’ ethos musulman.

    Haoues Seniguer, « Genèse et transformations de l’islamisme marocain à travers les noms. Le cas du Parti de la justice et du développement », 2013  

    Le Parti de la justice et du développement marocain (PJD) appartient à la famille de l’islamisme (ou islam politique), qui se distingue par le recours aux ressources symboliques de la religion musulmane en vue de construire un projet de société total. Le but de cette note de recherche est d’illustrer, au travers de l’examen des noms et des symboles attribués aux groupes successifs qui donneront naissance au PJD en 1998, comment les islamistes marocains ont construit leur façon de concevoir le...

    Haoues Seniguer, «  Terrorisme(s) , islamisme(s) et violences politiques dans le monde musulman contemporain », Confluences Méditerranée , 2013, n° ° 85, pp. 177-189    

    Cet article poursuit un triple objectif : primo, interroger les origines probables du terme « terrorisme » affleurant à l’occasion d’événements majeurs de l’époque moderne et contemporaine ; deuxio, expliquer la genèse des violences politiques dans le monde musulman en général et en Afrique en particulier, avec pour focale le cas malien ; puis, tercio, contextualiser la violence attribuée uniformément au « terrorisme islamiste » pour relativiser in fine le poids de l’islam dans les phénomènes de radicalisation politique.

    Haoues Seniguer, « Le Qatar et l'islam de France : vers une nouvelle idylle ? », Confluences Méditerranée , 2013, n° ° 84, pp. 101-115    

    Il n’existe pas beaucoup de sources scientifiques sur le Qatar, son régime et les dessous de sa politique étrangère en général, et moins encore sur le montant de ses financements de l’islam ou des projets qui tournent autour de la religion musulmane, que ce soit dans le monde arabe ou en Occident. La relation des mécènes qataris à l’islam de France ou européen, œuvrant dans les cercles plus ou moins proches des centres du pouvoir officiel, est tout sauf évidente. En tous les cas, elle mériterait un traitement sur le plus long terme. C’est pourquoi, en la matière, il s’est agi pour nous, au cours de cet article, de formuler une série d’hypothèses explicatives à partir de faits objectifs incontestables : la France est le pays européen qui compte le plus grand nombre de musulmans (entre cinq et six millions de personnes, pratiquantes ou non), dont certains sont victimes d’exclusion socio-économique ; l’absence de magistère centralisateur, ajoutée à l’émergence de nouvelles générations françaises musulmanes de plus en plus détachées des pays dont leurs parents sont originaires, décuplent les capacités d’ancrage et d’attrait d’une idéologie islamiste (dont le Qatar est l’un des hérauts), par essence « déterritorialisée », qui essaye d’articuler réaffirmation identitaire, y compris orthodoxe et orthopraxe, et citoyenneté. En misant sur des personnalités européennes musulmanes de premier plan, en particulier en raison de leur forte audience et médiatisation, tel le prédicateur suisse Tariq Ramadan, la seconde épouse de l’émir Hamad Ben Khalifa Al-Thani, Mozah bint Nasser, tente de promouvoir la valorisation de l’image de son pays auprès des musulmans d’Europe, Français en particulier, entre autres pour faire pièce à ses concurrents salafistes, eux, financés et soutenus par l’Arabie saoudite. Le Qatar, du moins la ligne défendue par l’émir et sa deuxième femme, cherche à faire d’une pierre deux coups : d’une part, réduire, à l’interne et à l’externe, la part d’influence du wahhabisme, et d’autre part, bénéficier d’une bonne image de marque auprès des Européens de confession musulmane. Car, en effet, personne ne pourrait croire, réalistement, que le Qatar s’intéresse à tout, investisse partout, sauf dans l’islam !

    Haoues Seniguer, « Les islamistes à l’épreuve du printemps arabe et des urnes : une perspective critique », 2012  

    Les révoltes sociales du monde arabe ont été un puissant révélateur des ambivalences, voire des contradictions des partis islamistes quant à la nature de leurs rapports aux régimes autoritaires qui oscillent constamment entre acceptation de la contrainte et tentatives pour en limiter les coûts du point de vue pratique. Le Parti de la justice et du développement marocain (PJD) peut, à cet égard, faire figure de cas archétypal de mouvements islamistes qui, du fait de partager généralement avec ...

    Haoues Seniguer, « Les catégories dénominatives de l’islam à l’épreuve d’un objet  mutant  », 2012  

    Le Parti de la justice et du développement marocain (pjd) a remporté les élections législatives du 25 novembre 2011 avec à la clé 107 sièges de députés sur les 395 sièges que compte la Chambre des représentants. C’est une victoire relativement confortable qui comporte néanmoins quelques limites puisque le taux de participation atteint à peine les 45 % restreignant, à tort ou à raison, sa prétention à représenter de larges segments de la société. Certes, ladite victoire ponctue une forme de no...

    Haoues Seniguer, « Le Maroc à l'épreuve du printemps arabe : une contestation désamorcée ? », Outre-Terre , 2011, n° ° 29, pp. 143-158   

    Haoues Seniguer, Karine Bennafla, « Le Maroc à l'épreuve du printemps arabe : une contestation désamorcée ? », Outre-terre. Revue européenne de géopolitique, 2011, n°3, p. 143 

    Haoues Seniguer, « La laïcité à l'épreuve de l'islam et des musulmans : le cas de la France », Revue d'éthique et de théologie morale , 2009, n° °254, pp. 63-96    

    RésuméLa France est le pays européen qui compte le plus grand nombre de personnes de culture ou de religion musulmane, ce qui implique une laïcité capable de faire consensus comme cadre commun à tous. Il devient nécessaire de quitter certains préjugés relatifs à l’islam en pourfendant culturalisme et essentialisme. Ce sont surtout les pouvoirs publics qui politisent l’islam et non les musulmans, en tout cas, dans leur immense majorité. Il n’est pas si sûr que la religion soit en elle-même génératrice de violence. Il n’est pas si sûr non plus, que l’État respecte toujours sa neutralité lorsqu’il place lui-même les frontières entre islam modéré et islam radical. Il n’est pas si sûr que le communautarisme musulman ne soit pas un fantasme. L’islam s’est beaucoup déchiré historiquement. Aujourd’hui, il n’existe pas stricto sensu d’islam démocratique, progressiste, pas plus que totalitaire ou rigoriste. Seule une minorité de littéralistes interdisent d’interpréter le Coran. La Shari’a est souvent caricaturée. En réalité, le communautarisme musulman est une expression destinée à accréditer l’idée que ce sont les musulmans qui rejettent la laïcité au nom de réalités supérieures, ce qui n’est pas juste au regard de l’histoire. Il suffit de se reporter à la politique coloniale de la France en Algérie. À l’heure actuelle, la laïcité française se fait intrusive, comme en témoigne l’affaire du « voile islamique ».

    Haoues Seniguer, « Chronique : Entretien avec Jean-Marc Ferry », Revue d'éthique et de théologie morale , 2008, n° °252, pp. 101-112   

  • Haoues Seniguer, Reflections on the 'Islamic' Dimension of Conflicts in the East and in France: Putting an End to Culturalist Approaches and Reviving the Religious Explanation, 2021, 14 p. 

    Haoues Seniguer, French Brothers and Capitalism: Pragmatism, Radical Questioning, and Impasses, 2021, 26 p. 

    Haoues Seniguer, L'islam de France : laïcité, représentation, politisation et contestation, 2020, 46 p. 

  • Haoues Seniguer, Islamisme et islam politique: tour d'horizon, enjeux et évolutions, Areion Group, 2024, pp. 40-43 

    Haoues Seniguer, Institutions et personnalités musulmanes françaises à l'épreuve des attentats du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, 2023 

    Haoues Seniguer, The French State's Instruments for Combating Islamism: Responses and Shortcomings, 2022 

    Haoues Seniguer, Les (néo)-Frères musulmans et le nouvel esprit capitaliste : le cas français, 2021 

    Haoues Seniguer, L'islam politique : définition et enjeux d'un mouvement pluriel, Areion Group, 2021, pp. 83-88 

    Haoues Seniguer, CR de la Commission d'enquête "Combattre la radicalisation islamiste" du 28 mai 2020 [Sénat, Travaux parlementaires], 2020 

    Haoues Seniguer, Abdelaziz Chaambi, Entretien avec Abdelaziz Chaambi, l'Harmattan, 2018, 165179 p. 

    Haoues Seniguer, lslam et laïcité sont compatibles, 2016 

    Haoues Seniguer, L’impensé idéologique du Collectif contre l’islamophobie en France, 2016, pp. -------------2016-08-25-12007845 

    Haoues Seniguer, Atlas 2016 - Maroc (fiche pays), 2016, pp. 50-51 

    Haoues Seniguer, Le conspirationnisme est l’illusion du savoir, 2015 

    Haoues Seniguer, Raphaël Liogier, Islamophobie : construction et implications [entretien avec Raphaël Liogier ; entretien conduit par Haoues Seniguer], 2015, pp. 143-152 

    Haoues Seniguer, Moustafa Mansour, Enseignement d’un parcours militant [entretien avec Moustafa Mansour ; entretien conduit par Haoues Seniguer], Confluences Méditerranée, n°95, 2015, 2015, pp. 109-118 

    Haoues Seniguer, Éric Marlière, Être radical dans l'islam sans cautionner l'usage de la violence terroriste : usages et mésusages de certaines notions dans le débat public et académique, 2022 

    Haoues Seniguer, Politiser la morale, démoraliser les musulmans: les illusions gouvernementales à propos de l'islam de France, 2020 

  • Haoues Seniguer, « D'un certain rapport à l'altérité chrétienne et juive d'idéologues et acteurs néo-islamistes », Islam et altérité : quelle théologie islamique du pluralisme religieux ?, Paris, le 01 novembre 2021 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Fatima Khemilat, Quand "l'islam de France" entre en scène : entre permanence et résistibilité de la représentation des musulmans en France des années 80 à nos jours, thèse soutenue en 2022 à AixMarseille sous la direction de Philippe Aldrin, membres du jury : Valérie Amiraux (Rapp.), Yves Déloye, Delphine Dulong et Claire de Galembert    

    Depuis 1986, les tentatives d’institutionnalisation de la représentation des musulmans en France se sont multipliées. Impulsées par les autorités publiques, ces dernières se sont peu à peu imposées comme les véritables « faiseurs de représentation » (Saward 2010). Les différentes séquences de politiques publiques ainsi que les configurations d’acteurs publics et leurs partenaires musulmans à l’œuvre à chaque étape de celles-ci, donnent de précieuses indications sur les conditions d’émergence d’un champ de la représentation musulman. À travers l’étude des conditions de félicité de « l’islam de France », cette thèse propose de revenir sur les actes de la représentation ; les conditions historiques de création de cette politique publique ; la galaxie des acteurs étatiques, des représentants musulmans et ce qu’ils entendent représenter ; la nature des missions assignées aux représentants officiels (courtage, gouvernance et gouvernementalité) ; les différentes scènes publiques où se déroulent la représentation et la réception de celle-ci par les publics musulmans. Depuis les attentats de 2012, un changement paradigmatique est survenu dans la politique publique musulmane de la France et a participé à modifier les termes du contrat de représentation. De cette façon, la structuration de « l’islam de France » est passée d’une question confinée dans les arènes politico-administratives entre 2005 et 2012 à un problème public directement lié à la lutte contre la radicalisation. Les interlocuteurs musulmans officiels ont ainsi été amenés à sous-traiter la mise sous surveillance et le contrôle tant des ministres du culte que des populations musulmanes en elles-mêmes

    Fertiana Santy, Representation of Muslim women in French jurisprudence : critical discourse analysis, thèse soutenue en 2019 à AixMarseille sous la direction de Raphaël Liogier, membres du jury : Olivier Le Cour Grandmaison (Rapp.), Valentine Zuber (Rapp.)  

    Les questions du laïcisme et de l’égalitarisme se trouvent être en contradiction dans la société française d’aujourd’hui. On pourrait légitimement avancer que, les minorités musulmanes, peuvent y être confrontées à des discriminations religieuses, sociales et économiques. Cet état de fait a affecté de façon démesurée les musulmanes qui portent des attributs religieux ou des vêtements à caractère religieux, donnant ainsi lieu à une série de litiges juridiques dans le contexte des lois laïques et de la laïcité française.Cette recherche porte sur les discours de la jurisprudence française à travers l’analyse de décisions juridiques s’appliquant à des musulmanes devant les cours suprêmes nationales (Cour de Cassation et Conseil d’État). Afin de disséquer plus finement le problème, la thèse comporte deux études de cas, communément appelés l’affaire Baby-Loup et l’affaire du burkini.Cette étude s’inscrit principalement dans le cadre théorique de l’ACD, avec une analyse secondaire reposant sur la théorie du constructionnisme social. L'analyse corrobore la conclusion selon laquelle les jurisprudences soulèvent des questions de nature sociopolitique sur le pouvoir de l'idéologie dominante présente au sein des institutions juridiques et sur la façon dont elles influencent la représentation des musulmanes en France. En dépit de jugements divergents, l’ACD révèle que les discours juridiques soutiennent également l’idée d’une inégalité de traitement envers elles, en tant que citoyennes « non préférées », constituant, de fait, un fardeau pour une société majoritairement libérale et laïque, renforçant ainsi leur vulnérabilité et exacerbant l’inégalité globale.

    Myriam Filippi, Un catholicisme d’ouverture : les mouvements catholiques d'éducation populaire et leurs membres musulmans en France (années 1960 - années 2010), thèse soutenue en 2019 à Paris Sciences et Lettres ComUE sous la direction de Dominique Avon, membres du jury : Céline Béraud (Rapp.), Jocelyne Cesari (Rapp.), Denis Pelletier et Claire de Galembert  

    C'est à partir des années 1960, dans un contexte de croissance de la population immigrée en France et de réception par les catholiques du concile Vatican II, que s'est faite la rencontre entre des mouvements catholiques d'éducation populaire (la JOC-F, l'ACE et les Unités Soleil des Guides de France) et des jeunes issus de l'immigration maghrébine et turque, souvent par l'intermédiaire de prêtres, religieux et religieuses spécialisés dans l'apostolat en milieu populaire. Très vite, les responsables des mouvements, imprégnés par le tiers-mondisme chrétien, affirment leur souci de respecter ces jeunes dans leur culture immigrée et dans leur religion spécifique, en s'appuyant sur les conseils de spécialistes catholiques de l'islam. Certains de ces jeunes musulmans prennent des responsabilités et affirment l'importance de cet engagement dans leur vie d'un point de vue politique mais aussi religieux. Ils témoignent ainsi être devenus « meilleurs musulmans », tout en ayant conscience de l'originalité de leur foi par rapport à celle de leurs parents, du fait d'un phénomène de mimétisme spirituel qui accentue une tendance à l'individualisation du rapport au religieux constatée à partir des années 1980 chez la majorité des jeunes musulmans de leur génération. Dans les années 1980, cette présence de jeunes musulmans est à l'origine de questionnements à l'ACE et à la JOC-F, mouvements qui tendent à réaffirmer leur projet apostolique dans le contexte du pontificat de Jean-Paul II. Les débats, parfois conflictuels, portent principalement sur les temps spirituels entre musulmans et sur la prise de responsabilités par des musulmans. Ils s'estompent dans les années 1990, à un moment où le nombre des jeunes musulmans « rejoints » par l'ACE et la JOC-F décline. À partir des années 1990, c'est aux Scouts de France puis aux Scouts et Guides de France que les musulmans sont les plus nombreux, grâce à la mise en place de propositions spécifiques à destination des jeunes de milieux défavorisés. Dans ces mouvements, la présence de jeunes musulmans est alors analysée et valorisée en termes de dialogue interreligieux, dans un contexte de croissance des initiatives interreligieuses en France.

    Younes Johan Van Praet, Transmettre et être en quête du "'ilm" : ethnographie des modalités de transmission des savoirs islamiques dans l'agglomération rouennaise, thèse soutenue en 2019 à Normandie sous la direction de Patrice Cohen, Brigitte Maréchal et Élise Palomares, membres du jury : Mahamet Timera (Rapp.), Sabrina Mervin (Rapp.), Simona Tersigni  

    Dans cette thèse, j'ai cherché à comprendre comment, à l'échelle d'une agglomération de province, la structuration d'une aspiration collective à transmettre l'islam en vient-elle à générer des offres et expériences différenciées du "'ilm"entendu comme l'ensemble des pratiques et discours en lien avec la transmission des savoirs islamiques. Ce travail vise à contribuer à la question de la transmission de l'islam en France par le biais d'une observation empirique des structures et pratiques d'enseignement confessionnel de l'islam dispensé aux adultes au sein de l'agglomération rouennaise. L'enquête, de type ethnographique, a été menée de 2013 à 2018 de façon participative, ce qui permet de mieux rendre compte des expériences et trajectoires des acteurs de la transmission. Pour cela j'ai circonscrit le terrain à l'agglomération rouennaise située en Normandie. Ce choix vient à contre-pied de la prévalence souvent accordée aux structures les plus visibles ayant une portée nationale. J'ai réalisé des entretiens par récit de vie auprès de plus d'une vingtaine d'enseignant-e-s et d'apprenant-e-s, ainsi que des entretiens semi-directifs auprès de responsables d'associations et de lieux de culte. Toutefois la majeure partie des données est avant tout constituée d'observations d'enseignements et de situations informelles au quotidien.

    Fatiha Chouiref, La question amazighe en Algérie : le passage d'une revendication culturelle et linguistique au pouvoir politique., thèse soutenue en 2018 à Pau sous la direction de Jean-Pierre Massias, membres du jury : Slobodan Milacic (Rapp.), Lauréline Fontaine (Rapp.)  

    Cette thèse porte sur la structure interne et les relations extérieures du berbérisme en Algérie, et le passage de cette tendance d’une revendication culturelle et linguistique à des demandes politiques autonomistes, au nom de l’amazighité du pays et l’antériorité de l’existence du peuple Amazigh sur son territoire. Ce peuple autochtone, présent dans tous les pays de l’Afrique du Nord, l’Afrique subsaharienne et dans les îles Canaries, jouit d’une particularité dans l’épreuve algérienne. En effet, la mobilisation berbériste est passée d’une revendication pour plus de valorisation culturelle et linguistique à une protestation politique qui ambitionne l’autonomie, voir l’autodétermination de la région de Kabylie.Afin d’arriver à une explication objective et épistémologique de la spécificité berbère en Algérie, incarnée essentiellement par la composante kabyle, nous procédons à un tour d’horizon de la situation des Amazighs dans les pays du Maghreb, dans une approche comparative qui nous aidera à comprendre l’enjeu de l’amazighité dans le passé et le présent. Nous avons opté pour la comparaison, car nous partons du principe que les sciences humaines et sociales ont construit leur perception scientifique du monde à travers des paradigmes et des branches comparatifs : politique comparée, droit comparé, sociologie comparée, etc. Nous estimons également que la comparaison s’impose aujourd’hui comme une nécessité pour comprendre les réalités politiques et sociales. Cet apport, initié en grande partie par Emile Durkheim, a fait de la comparaison un des mécanismes indispensables des études découlant des sciences humaines et sociales.Les travaux sur les droits des minorités et des peuples autochtones gagnent davantage du terrain dans les sciences humaines et sociales. La pertinence de ce champ d’étude est remarquable dans sa pluridisciplinarité. En conséquence, l’étude de chaque peuple requiert la fusion de toutes les principales mentions en sciences humaines et sociales. Des mentions à la fois distinctes et complémentaires. L’ouverture d’une analyse dans le cadre d’une discipline donnée est forcément susceptible d’orienter le travail du chercheur vers d’autres spécialités, étudiant divers aspects de la réalité humaine sur le plan de l'individu et sur le plan collectif.Notre travail d’analyse politico-juridique, qui nécessite un traitement pluridisciplinaire, comporte des aperçus historiques, ainsi que des notions économiques, géographiques, ethnologiques, sociologique et anthropologiques, jugées nécessaires pour une meilleure compréhension du cas algérien.

    Jamel El Hamri, "L'idée religieuse" dans l'œuvre de l'intellectuel algérien Malek Bennabi (1905-1973) : une injonction pour la société musulmane de faire l'Histoire, thèse soutenue en 2018 à Strasbourg sous la direction de Éric Geoffroy, membres du jury : Souleymane Bachir Diagne (Rapp.), Pierre Vermeren (Rapp.)    

    Assez peu reconnu à son époque et encore largement méconnu aujourd'hui, l'intellectuel algérien Malek Bennabi (1905-1973) a pourtant fait une entrée remarquée dans la vie intellectuelle en Algérie avec sa notion de "colonisabilité " en 1949. Il se fera connaitre ensuite dans le monde musulman notamment avec ses définitions fonctionnelles de la culture et de la civilisation. Néanmoins, sa conception réformiste de la religion, nommée " idée religieuse " et ayant une fonction sociale, a été très peu analysée. Or, elle est la clé de voûte de la compréhension de la pensée de Bennabi. Pour lui, " l'idée religieuse " doit être une idée vécue comme une " vérité travaillante ", authentique avec l'islam et efficace dans le monde moderne. Il mélange des savoirs issus à la fois de la Tradition musulmane et des sciences humaines et propose de connecter l'islam authentique avec l'esprit technique cartésien. Ainsi, dans un contexte de décolonisation, Bennabi veut réaliser, par le déploiement moral et social de " l'idée religieuse " un projet de société pérenne, prospère et ouvert sur la civilisation humaine. Par le biais de cette notion " d'idée religieuse ", nous proposons, tout d'abord, de situer Bennabi dans l'histoire de l'Algérie mais aussi de l'islam contemporain. Nous voulons ensuite comprendre les fondements et les finalités de sa pensée qui est singulière au sein du réformisme musulman. Ce qui permettra enfin de mesurer l'impact de " l'idée religieuse " dans son projet de société sur trois niveaux de réflexion ; l'homme, la société, l'humanité.

    Anna Grasso, Les imâms dans la cité : politisation et syndicalisation des imâms dans la Tunisie contemporaine, thèse soutenue en 2018 à AixMarseille sous la direction de Franck Frégosi, membres du jury : Mohamed Kerrou (Rapp.), Mohamed-Chérif Ferjani, Vincent Geisser, Katia Boissevain et Jean-Philippe Bras    

    L’objectif de cette recherche est de comprendre l’évolution de la place institutionnelle et politique de l’islam en Tunisie à travers la figure des hommes de religion qui se mobilisent depuis la révolution du 14 janvier 2011. Son raisonnement est structuré en trois parties. La première partie de la thèse présente une approche historique du sujet (de la fin du XIXème siècle jusqu’au 14 janvier 2011). La deuxième partie traite des mutations du champ politique et religieux dans l’après-révolution (du 14 janvier 2011 jusqu’à octobre 2017). La troisième partie de la thèse se concentre sur la structuration progressive d’un champ syndical pluraliste destiné à la défense des droits et des intérêts des imams et des chargés de mosquées. Au cours de nos observations, nous avons pu identifier deux types de discours tenus par les imams : un discours « politisé » qui place les chargés des mosquées en concurrence les uns avec les autres (symptomatique de la fracture idéologique entre « modernistes » et « conservateurs ») ainsi qu’un discours « corporatiste » où ces mêmes acteurs partagent une position commune pour la défense de leur profession

    Sanaa El Aji, Sexualité préconjugale au Maroc : représentations, verbalisation, pratiques et socialisation genrée, thèse soutenue en 2016 à AixMarseille sous la direction de Raphaël Liogier, membres du jury : Hassan Rachik (Rapp.), Philippe Combessie (Rapp.), Mohamed Tozy  

    La sexualité préconjugale au Maroc fait face à une triple illégitimité (religieuse, légale et sociale). Toutefois, le cadre normatif restrictif ne signifie pas qu’elle est inexistante. Cette étude tente de décoder les modes de pensée, de vie et de verbalisation de la sexualité préconjugale dans le pays, en dépit de ce cadre normatif restrictif. Elle vise à l’analyser dans ses différents aspects : les représentations, le discours social et médiatique, la verbalisation, le cadre normatif, le monnayage socialisé inscrit en dehors des cadres traditionnels de la professionnalisation du sexe, les nouvelles tendances liées aux transformations technologiques et leur impact sur la sexualité, l’éducation sexuelle, la signification et les impacts du premier rapport sexuel, l’impact de la dynamique démographiques et socioéconomiques sur la sexualité et, enfin, les rapports de genre en matière de parcours sexuels et affectifs. Elle a pour principal objectif de mettre la lumière sur des réalités sociales que les discours et les représentations normatives tentent de minorer. L’objectif n’est donc pas de légitimer des pratiques sexuelles socialement rejetées mais plutôt de les comprendre.