Présentation de l’éditeur
Depuis trente ans, la religion musulmane s’approprie la fonction d’aumônier qui lui est pourtant étrangère. Des hommes et des femmes investissent cette fonction dont la loi de séparation a fait une condition du libre exercice du culte dans des institutions fermées. L’apparition puis la banalisation d’aumôneries musulmanes ont même conféré une actualité nouvelle à ce ministère religieux mal connu. Les inquiétudes liées à la radicalisation en prison ont suscité une volonté politique d’améliorer le statut des aumôniers pénitentiaires moins attractif que celui de leurs homologues militaires ou hospitaliers. Voilà près de dix ans que la question d’une harmonisation des statuts circule. Pourtant, à ce stade, la seule avancée substantielle consiste dans l’obligation qui est faite à tout aumônier rémunéré d’être titulaire d’une formation civile et civique.
Si l’aumônerie musulmane s’invente, elle le fait selon des trajectoires différenciées au sein des trois institutions concernées : pénitentiaire, militaire et hospitalière. Son institutionnalisation se trouve modelée par l’idiosyncrasie de chacune des institutions. C’est ce que montre ce livre croisant les compétences de deux sociologues, d’une juriste et d’une politiste.
Première enquête comparative inter-institutionnelle sur l’aumônerie, l’ouvrage montre comment les musulmans s’approprient cette institution d’origine chrétienne, renseigne sur les trajectoires et origines de ceux et celles qui s’engagent dans l’aumônerie. Il livre une compréhension de cette réalité peu connue et donne à voir une laïcité moins uniforme qu’attendue.