Présentation de l’éditeur
La loi salique a été l’objet d’une attention approfondie à la fin du Moyen Âge, où elle fut utilisée par les partisans du roi de France pour justifier les successions royales et l’éviction du roi d’Angleterre, aussi bien qu’à l’époque moderne et contemporaine, car les érudits y ont cherché l’expression des coutumes germaniques originelles. Pour autant, elle n’a fait l’objet que d’une édition partielle et les manuscrits qui la comportent, copiés à l'époque carolingienne, n’ont encore jamais fait l’objet d’une étude systématique. L’étude revient sur les conditions de l’échec d’une édition scientifique de la loi salique, au milieu du XXe siècle, puis se consacre aux témoins manuscrits, copiés après 750. La comparaison détaillée des différentes versions du texte et des différents recueils manuscrits jette un nouvel éclairage sur l’histoire compliquée de ce texte.
La loi salique constituait, au VIIIe, un ensemble d’articles aux contours flous, dont l’association à l’autorité royale mérovingienne n’empêchait la liberté de composition de chaque copiste, qui élaborait son propre assemblage des articles juridiques. Toutes les versions de la loi salique étaient considérées comme valables et ce n’est qu’à partir du règne de Louis le Pieux que la version la plus récente du texte fut préférée aux autres, probablement en raison de sa clarté. Le nombre important de copies de petit format du texte, dans la première moitié du IXe siècle, semble montrer le recours courant à la loi salique par les détenteurs de l’autorité dans l’ensemble de l’empire carolingien.
Magali Coumert est professeur d’histoire médiévale à l’université de Tours. Ses travaux portent sur le Haut Moyen Âge occidental, et plus particulièrement sur les lois, barbares et romaines, les identités ethniques, l’écriture de l’histoire et l’historiographie.
Sommaire
Liste des manuscrits de la loi salique
Introduction
Chapitre 1 : Éditer la loi salique au XXe siècle
Le jeune rival de Bruno Krusch
L’ascension de Karl August Eckhardt
La course à l’édition
Les éditions perdues de la seconde guerre mondiale
Les éditions de l’après-guerre
Conclusion
Chapitre 2 : L’absence de manuscrits mérovingiens
L’impasse des déductions philologiques
La version B de la loi salique
La recherche d’une version en 65 chapitres
Les fluctuations de la version C
Conclusion
Chapitre 3 : La loi salique à la fin du VIIIe siècle
Un corpus juridique en cours de constitution
Les manuscrits de la version D
Conclusion
Chapitre 4 : Les origines de la loi salique
La datation de la loi salique
Le petit prologue et le Liber Historiae Francorum
Les autres introductions de la loi salique du IXe siècle
Un règlement militaire du IVe siècle ?
Conclusion
Chapitre 5 : Écrire des ajouts aux lois (744-819)
La législation franque au VIIIe siècle
Des lois aux capitulaires
Un espace de liberté
Ajouts et reprises des lois barbares
Une nouvelle préoccupation : le copiste
Conclusion
Chapitre 6 : Une première version carolingienne
La version E, une rédaction carolingienne de la loi salique
Les caractéristiques de la version E
Conclusion
Chapitre 7 : Une nouvelle version sous Charlemagne
La Lex Salica Karolina
Les manuscrits de la loi salique K copiés durant le règne de Charlemagne
Chapitre 8 : Les différentes versions de la loi salique au IXe siècle
Sous les premiers rois carolingiens, Pépin et Charlemagne
Le manuscrit A 1 et le modèle biblique
Copier la loi salique version K entre 814 et 850
La baisse de la diversité des versions de la Loi salique
Conclusion : L'idéal de conservation de la loi
Conclusion générale
Bibliographie
Index des manuscrits cités