Présentation de l'éditeur
En commentant l'actualité européenne à partir des seules sciences politiques, économiques ou juridiques, le risque est grand de réduire l'histoire de l'Union européenne à ce qu'est l'UE aujourd'hui. Cette approche court le risque d'une lecture téléologique et déterministe du processus d'intégration et, de surcroît, elle rabat l'histoire controversée de la construction européenne sur le seul discours hégémonique actuel.
Or, à la naissance du projet communautaire, trois grands courants idéologiques s'affrontent dans leur vision du "bon gouvernement" de l'Europe ? : personnalistes, fédéralistes et ordolibéraux ont tous élaboré une définition singulière de la démocratie ? - communautaire pour les uns, populaire pour les autres, "de marché" pour les derniers. De cette synthèse impossible est née la crise politique qui agite l'Europe depuis une dizaine d'années.
Ces tensions - qui font à la fois la richesse et la complexité du modèle démocratique communautaire - ne se comprennent qu'à la lumière des discours concurrentiels qui ont sédimenté le modèle politique actuel. La généalogie "française", c'est-à-dire personnaliste et communautaire, de la construction européenne est abordée dans la première partie de l'ouvrage. Etudiée dans la deuxième partie, la généalogie "italienne", hamiltonienne et populaire, porte le premier discours défendant une intégration par le "peuple européen".
La généalogie ordolibérale et conservatrice de la construction européenne occupe la troisième partie de l'ouvrage. A partir des notions de "constitution économique européenne", de "marché institutionnel" et d'"économie sociale de marché", elle aborde le rapport complexe que la théorie ordolibérale entretient avec la démocratie.