Présentation de l'éditeur
Le jeu est manifestement perçu comme une activité divertissante destinée à faire passer le temps. Le rapprochement du jeu et du droit pourrait donc apparaître contradictoire. Le jeu est futile, le droit est empreint de gravité. Parfois, la doctrine se plaît à comparer le droit au jeu pour la beauté de la rhétorique. Dans le procès civil, les parties sont à la fois partenaires et adversaires, chacune jouant ses cartes pour gagner et convaincre le juge qui arbitre. Difficile toutefois d’y voir de l’amusement. En réalité, le jeu peut être pris au sérieux. Il doit l’être quand il comporte plusieurs règles à suivre et lorsque l’esprit des joueurs est exacerbé, confinant aux ambitions lucratives. L’opposition entre le jeu et le droit s’amenuise alors progressivement. Les deux sont partout. Difficile d’imaginer une société qui ne joue pas ou une société sans règles de droit. Les connexions entre le jeu et le droit apparaissent d’abord sous un angle hiérarchique. Le jeu comme le droit sont des systèmes normatifs, mais le droit ne s’efface pas devant les règles du jeu. Il encadre très souvent le jeu comme divertissement. Le premier sens du jeu s’estompe pour laisser place aux actions du jeu, le rôle à jouer. Lorsqu’il désigne la manière de se comporter, l’exercice de droits et devoirs, le jeu de l’acteur juridique se dévoile au travers de la persona, ce masque de théâtre romain dissimulant sa vraie nature. Le droit autorise d’ailleurs des jeux d’ombre et de lumière sur la scène juridique comme la fiction, la dissimulation, l’apparence. Plus originalement encore, la manière de jouer laisse place aux actions mécaniques. Le droit peut être expliqué grâce au jeu. Le jeu est alors une méthode utilisée pour dévoiler et expliquer les interactions et connexions dont peuvent faire l’objet différentes disciplines du droit entre elles ou avec tout autre élément. L’analyse économique du droit en est une illustration.
Table des matières
Solenne Hortala, Introduction, p. 11
Premiere partie : le droit des jeux
Chapitre I : le jeu directement saisi par le droit
Quentin Alliez, L'encadrement des jeux d'argent et de hasard par le droit public, p. 17
Tanguy Elkihel, La régulation des jeux d'argent et de hasard & la protection de la santé des joueurs. Etat(s) des lieux et perspectives, p. 25
Grégory Singer, Lutte contre le dopage dans le sport : la préservation du jeu sportif au détriment de la vie privée du joueur, p. 37
Abdesslam Djazouli-Bensmain, Du sport à l'e-sport, la difficile appréhension juridique du jeu en ligne, p. 49
Chapitre II : le jeu indirectement saisi par le droit
Anaïs Piedade, L'enfant & les jouets, p. 63
Rémi Sébal, La complexe appréhension du jeu vidéo en droit de la propriété intellectuelle, p. 67
Seconde partie : les jeux du droit
Chapitre I : l'étude du Droit au travers de ses jeux
Benoît Chambon, Vers un retrait de l'arbitre étatique dans le jeu spéculatif ? Le cas des « Icos », p. 75
Adeline Audrerie & Valentin Garcia, Contrat & procès : double « je », p. 85
Charlotte Revet, Théâtre en droit des contrats, p. 99
Alexandre Charpy, Les jeux de l'amour et du hasard : réflexions sur l'émission de téléréalité : « Mariés au premier regard, p. 113
Chapitre II : l’étude du Droit par la notion de jeu
Sacha Sydoryk, Le Monopoly de Kelsen : de la pertinence d'une analyse normativiste du droit illustrée par l'analyse de règles d'un jeu, p. 129
Guillaume Leguevaques, Le dilemme du prisonnier à l'aune de la procédure pénale, p. 141
Jérôme Julien, Propos conclusifs, p. 151