Présentation de l'éditeur
Parmi les différentes justices qui existaient sous la Révolution, la justice militaire est originale et bien mal connue, en raison de sa complexité et de l’accès peu aisé aux sources. C’est pourquoi elle conserve une bien mauvaise réputation chez ceux qui s’y sont intéressés. Néanmoins, en étudiant l’Armée des Côtes de Cherbourg (1793-1795), alors en position depuis la Normandie jusqu’au Maine, les sources disponibles – inédites - permettent de se faire une idée bien précise de ce qu’elle fut, les infractions qu’elle a poursuivies (au premier chef desquelles on trouve la désertion, le vol…) et les sanctions qu’elle a rendues. Pas moins de 973 prévenus ont été inquiétés par la justice militaire et 391 d’entre eux ont été condamnés à des peines variées (mort, fers, détention, dégradation civique…). Rendre la justice à l’encontre de soldats n’est pas une affaire facile : les difficultés rencontrées sont en effet immenses, depuis le choix des juges, leurs moyens d’action, les obstacles qu’ils peuvent rencontrer (lenteur, impunité, intervention des représentants du peuple…). Cependant, ces juges se sont efforcés de punir autant que possible les infractions et de réfréner les violences commises par des militaires : la République, en effet, ne pouvait accepter que ses enfants qui la servent en armes ne deviennent des « soudards ».