Présentation
Dans l’article « Deux conceptions de la liberté » (paru en 1958), Isaiah Berlin propose de distinguer deux grandes conceptions de la liberté politique : une conception négative, définissant la liberté comme absence d’interférences extérieures, trouvant sa source chez Hobbes et Bentham ; et une conception positive, définissant la liberté comme réalisation de son moi authentique, et plongeant ses racines dans la philosophie ancienne, en particulier chez les stoïciens. Berlin défend la supériorité de la première, soutenant qu’elle seule est compatible avec le pluralisme des valeurs, et critique sévèrement la seconde, dont la défense conduit selon lui à justifier les pires formes de despotisme.
Dès sa parution, le texte a suscité des débats importants ; le présent volume s’inscrit dans ce cadre. Les contributeurs se concentrent en particulier sur deux points : le concept de liberté négative, dont ils montrent qu’il n’a pas l’évidence et l’univocité que Berlin lui prête ; et la pertinence de la distinction opérée par Berlin, dont il n’est pas évident qu’elle résiste à des analyses informées notamment par les sciences sociales.
Table des matières
Marie Garrau et Delphine Prévost, Introduction. Retour sur les termes d’une distinction, p. 7
Les prémisses d’une distinction
Serge Audier, « Liberté positive » et « liberté négative » : les enjeux négligés du débat politique italien, p. 21
Approches libérales de la liberté négative
Catherine Audard, Rawls et la critique de la liberté négative, p. 53
Emmanuel Picavet, Aspects conventionnels du respect collectif de la liberté de choix, p. 79
Approches libertariennes de la liberté négative
Sébastien Caré, Hayek, Rothbard et Rand : trois conceptions libertariennes de la liberté, p. 101
Christian Lazzeri, De la propriété à l’exploitation. Une critique du libertarisme, p. 133
Delphine Prévost, G.A. Cohen : la liberté négative, un concept politiquement neutre ?, p. 173
Marlène Jouan, « Le personnel est politique » : une aporie dans la liberté négative selon Isaiah Berlin, p. 193
Marie Garrau, Pouvoir et liberté. La distinction de Berlin à l’aune des analyses contemporaines du pouvoir, p. 215