Présentation
Dans sa séance du mois d'avril, le CAC d'Université Côte d'Azur a voté la création d'un Institut Fédératif de Recherche en Epistémologie. Cet institut est actuellement constitué de neuf entités : ARTEMIS, CRHI, ESPACE, GREDEG, ICN, INPHYNI, UAD, MSHS Sud-Est, URMIS (cette liste étant susceptible de s'agrandir si d'autres laboratoires souhaitaient être associés).
L'institut a été créé dans le but d'atteindre plusieurs objectifs. Il s'agit d'abord de fédérer des chercheurs, répartis dans des disciplines différentes, souvent éloignées les unes des autres, et de leur donner un espace où ils peuvent se rencontrer et travailler ensemble. Il s'agit ensuite de susciter de nouveaux projets en épistémologie, dans le domaine de la recherche, mais aussi pour la formation ou la diffusion scientifique. Dans cette perspective, l'IFRE souhaite rassembler largement et associer des collègues spécialisés dans le domaine de l'épistémologie, mais aussi des collègues non spécialistes mais qui ont un intérêt ponctuel dans ce domaine.
La journée d'étude du 31 mai prend la suite de celle qui s'est tenue le 17 novembre 2023 et vise à prolonger les discussions qui ont été alors amorcées. Lors de cette journée, plusieurs collègues de notre université présenteront leurs travaux, passés ou en cours, dans le domaine de l'épistémologie, dans le cadre de conférences ou d'une table-ronde. Par ailleurs, plusieurs temps d'échanges sont prévus et tous les collègues qui assisteront à cette journée auront facilement la possibilité de parler de leurs centres d'intérêt et de leurs activités. Conformément à la nature fédérative de l'Institut, cette journée est résolument pluridisciplinaire et les participants viennent d'horizons variés (chimie, droit, mathématique, littérature, philosophie, physique...).
Enfin, cette journée a vocation à préciser la structuration de l'IFRE. D'une part, il s'agira de se projeter sur les prochains mois et de définir les activités à venir de l'IFRE (colloque, séminaire, etc.). D'autre part, la journée pourra permettre l'émergence de thématiques communes et peut-être l'esquisse de collaborations futures.
Programme
10h | L'a priori comme entrée épistémologique sur et autour du droit (à propos du projet IDEX ANTECEDENT)
Jean-Sylvestre Bergé (GREDEG)
11h15 | L'épistémologie historique
Frédéric Patras (LJAD)
12h30 | Buffet
(buffet ouvert à toutes et tous avec inscription préalable obligatoire).
13h30 | L'épistémologie et l'articulation entre recherche et création dans la littérature et les arts vivants
Emmanuelle Peraldo (CTELA)
14h15 | Table ronde et discussion générale
avec Christian Bracco (Syrte, Observatoire de Paris, CRHI), Christophe Den Auwer (ICN), Sébastien Poinat (CRHI).
15h30 | Pause
16h00 | Mesures de précision extrême - Confiance et incertitudes
Noël Dimarcq (ARTEMIS)[1].
17h30 | Fin des travaux
Résumés des conférences
Jean-Sylvestre Bergé (GREDEG), « L'a priori comme entrée épistémologique sur et autour du droit (à propos du projet IDEX ANTECEDENT 2021-2026) ».
Le projet ANTECEDENT se donne pour ambition de revisiter le droit à travers ses a priori. Par a priori, il faut entendre l'ensemble des précompréhensions qui préexistent aux constructions juridiques et qui ont cette caractéristique d'être généralement faiblement ou pas discutés. La démarche suivie se veut pluridisciplinaire : tenter de sortir du droit pour mieux y revenir. Elle est épistémologique : contribuer à la compréhension du savoir juridique à travers ses a priori.
Lien vers le programme de recherche ANTECEDENT : https://docs.google.com/document/d/11(mDjBprxly-cv3pnAExFYUqkRZifXZW/edit
Frédéric Patras PAD) : « L'épistémologie historique »
On situe en général la naissance de l'épistémologie historique dans les travaux de Gaston Bachelard. Elle s'est développée ensuite dans l'école française d'épistémologie avec en particulier Georges Canguilhem. Du côté Sn on lui associe Louis Althusser et Michel Foucault, mais elle a, de façon plus générale, fortement influencé tout un ensemble d'auteurs et de travaux en mettant en avant l'idée d'une nécessaire conjonction de l'analyse conceptuelle et de l'étude des modalités de genèse historiques. Une autre branche s'est développée en partie indépendamment dans l'univers anglo-saxon, avec souvent des méthodes et des intérêts un peu différents, avec en particulier Thomas Kuhn et lan Hacking. Il s'agit d'une thématique de recherche très active, qui s'est développée dans des directions très variées : physique et mathématiques, biologie, médecine, psychologie, philosophie... L'exposé visera à présenter quelques éléments historiques, idées clés et exemples, dans la perspective du développement possible d'une thématique de recherche interdisciplinaire et de méthodologies partagées au sein de l'Institut.
Emmanuelle Peraldo (CTELA) : L'épistémologie et l'articulation entre recherche et création dans la littérature et les arts vivants
Comme son nom l'indique, le CTELA (Centre Transdisciplinaire d'Epistémologie de la Littérature et des Arts Vivants) favorise la transversalité et a comme fil rouge l'épistémologie. Celle-ci est envisagée sous l'angle tant du discours sur la connaissance que de la science en action et du processus artistique. Un cycle de séminaires a été lancé cette année et sera poursuivi en 2024-2025 sur ce thème : il vise en particulier à trouver un équilibre entre la praxis de la recherche/création et son épistémè et à renforcer un socle théorique fédérateur autour de la notion d'épistémologie. Lors de cette journée, je présenterai comment le CTELA, à travers ce séminaire, souhaite stimuler, en perspective transdisciplinaire, les réflexions sur l'épistémologie des SHS et de l'art ainsi que sur la construction et la structuration des savoirs et leur cadre d'application.
Noël Dimarcq (ARTEMIS), « Mesures de précision extrême - Confiance et incertitudes ».
La métrologie, science de la mesure, a toujours occupé une place fondamentale dans la science et la société. Elle s'appuie sur une démarche et une méthodologie assurant la confiance dans les résultats de mesure, leur comparabilité et leur reproductibilité, dans un large éventail de domaines (recherche, industrie, commerce). Le niveau de confiance, qui repose sur l'incertitude avec laquelle est effectuée la mesure, est une information essentielle lorsqu'il s'agit de tirer une conclusion ou de prendre une décision à partir de la mesure réalisée.
Parmi toutes les grandeurs mesurables, les mesures du temps et des fréquences atteignent aujourd'hui des niveaux de précision exceptionnels, correspondant à des incertitudes en valeur relative de 1E-18, soit une confiance sur la mesure au niveau de 18 chiffres. Elles sont exploitées pour effectuer des tests de physique fondamentale, mais elles sont aussi nécessaires pour assurer le bon fonctionnement de systèmes utilisés au quotidien à fort impact sociétal (référence de temps atomique international, synchronisation de réseaux, positionnement par satellites, datation d'évènements, ...).
Après une introduction décrivant l'organisation internationale de la métrologie pour assurer la cohérence globale du SI - Système d'Unités et la traçabilité au SI de toute mesure, l'exposé se focalisera sur les mesures de temps et de fréquences, avec une présentation des principes de mesure, des principaux résultats, des enjeux actuels et futurs. Quelques exemples seront choisis pour illustrer le rôle crucial des mesures de précision dans la prise d'une décision, en particulier quand il s'agit de valider ou invalider une théorie scientifique.
Lien pour l'inscription au buffet : https://forms.gle/6fZG2Ji5uRFRF8ro9
[1] La conférence de Noël Dimarcq se tient également dans le cadre du séminaire « Histoire et Philosophie des Sciences » (CRHI, LJAD, MSHS axe 5).
Journée d'étude organisée par l'Institut Fédératif de Recherche en Epistémologie, avec le soutien de la MSHS, organisée par C. Bracco, F. Patras, S. Poinat.