mercredi12avril2023
10:0012:00
Et si on parlait de l’inceste ?

Conférence et cycle

Et si on parlait de l’inceste ?

Droit et transdisciplinarité


Présentation

 

A l'occasion d'un cycle d'étude organisé sur la thématique de l'inceste, le Centre d'histoire et d'anthropologie du droit – CHAD - de l'Université de Paris – Nanterre organise une rencontre entre deux chercheuses.

L'histoire le montre suffisamment, en matière de mœurs, ce sont souvent des faits divers qui servent à réformer le droit ou les institutions. Combien de tableaux illustrant le viol de Lucrèce ou la mort de Virginie ont servi à dénoncer les abus de pouvoir des puissants ? Aujourd'hui, c'est par un livre que la parole se libère et crie la honte du crime dans la famille. Les voix se croisent et toutes appellent une réponse juridique, la répression de l'inceste.

Malgré les lois récentes qui ont fait de l'inceste une condition aggravante des relations sexuelles imposées à un mineur, le droit pénal n'a pas créé une infraction spécifique. D'ailleurs les relations sexuelles entre membres d'une même famille ne sont pas pénalement répréhensibles en France, ni dans la plupart des pays européens, le code pénal italien y apportant une exception en cas de scandale. A quoi tient le silence du législateur ? S'agit-il de pérenniser la sanctuarisation de l'espace privé ?

Mais qu'est-ce que finalement l'inceste ? Si le terme semble faire l'unanimité dans les médias, il pourrait passer comme l'exemple paradigmatique des difficultés qu'il y a à croiser les disciplines. Car entre le tabou de l'inceste tel que l'envisageait Freud, les interdictions au mariage capables de promouvoir l'exogamie ou l'inceste qu'observent les historiens et les anthropologues, force est de constater que l'on ne parle pas de la même chose. Pour les Romains, l'inceste désignait ce qui n'était pas chaste, l'impur. Le plus souvent, le terme fait référence à des interdits matrimoniaux et les transgressions telles que les colportent les mythes mettent en scène des adultes consentants, pris au piège de l'erreur. L'inceste souille parce qu'il déséquilibre les règles fondamentales de la parenté qui sert de pilier aux sociétés segmentaires.

Aujourd'hui parler d'inceste, c'est évoquer l'abus sexuel perpétré à l'encontre de mineurs dans la maison. L'occurrence n'est peut-être pas nouvelle mais elle confère une autre représentation à l'inceste en en faisant une variante des crimes sexuels. L'inceste prend alors rang parmi les rapports de domination, une variante spécifique aux personnes vulnérables en raison de leur âge et de l'emprise qu'elles subissent dans le cadre familial. Les variations législatives, entre pragmatisme et tabou consacré, interrogent sur les fondements de la répression de l'inceste. Liés à la parenté de sang, de lait ou d'esprit, ces interdits s'analysent par le prisme du consentement, une fois la majorité atteinte. Quels dialogues normatifs s'opèrent-ils, lorsque la subjectivité s'en mêle, entre individus et société, entre consentement et interdit ?

Pour comprendre ces différentes représentations de l'inceste, il faut les contextualiser, les questionner aussi à partir d'une analyse transdisciplinaire. Que nous disent l'anthropologue, le juriste, le sociologue ou l'historien de l'inceste ? Il est temps de croiser les disciplines pour savoir de quoi nous parlons finalement.

 

Programme

 

10h00 : Discussion entre Céline Chassang, Maître de conférences, pénaliste de l'Université Paris Nanterre
et Claire Laborde-Menjaud : Doctorante, historienne du droit à l'Université Paris Nanterre

12h00 : Fin

 

 

Conférence hybride, présentielle/ distancielle. Lien teams.


Conférence organisée par le CHAD, Université Paris-Nanterre



Faculté de droit
Salle F141, Bâtiment Simone Veil
200 Avenue de la République
92000 Nanterre

Université Paris Nanterre
UFR de Droit et  Science politique
Centre d'Histoire et d'Anthropologie du Droit