Appel à communication

Gouverner les transformations, transformer les gouvernements

Doctoriales 2025 du LIPHA, IEP de Fontainebleau, 3 juin 2025

Date limite le lundi 31 mars 2025

Les doctorant·es du LIPHA organisent les Doctoriales 2025 du LIPHA à l’IEP de Fontainebleau - UPEC le 3 juin 2025. Cette journée sera organisée autour du thème « Gouverner les transformations, transformer les gouvernements ». Elle a pour objectif de permettre aux doctorant·es et jeunes docteur·es travaillant sur des objets liés au politique de se rencontrer, de présenter leurs travaux et d’échanger autour de leurs hypothèses, méthodes et résultats.  

Cette journée organisée par les doctorant·es du LIPHA s’inscrit dans la continuité de la réflexion collective entamée dans le cadre du séminaire Interdisciplinarité porté par Fabien Carrié et Natália Frozel-Barros. Ce séminaire visait à penser les moments d’incompréhension engendrés par les recherches interdisciplinaires qui peuvent être interprétés par la mise en exergue d’un paradoxe déjà étudié par des sociologues des sciences et de la connaissance : la persistance des disciplines dans l’interdisciplinarité. Il cherchait également à interroger le constat de la résilience des disciplines sous l’interdisciplinarité : que font les chercheur·es en situation d’enquête interdisciplinaire des frontières disciplinaires ? Si cet appel s’inscrit dans l’interdisciplinarité, il a ainsi conscience des limites, des contraintes et des réalités des pratiques de la recherche interdisciplinaire. Il s’adresse aux doctorant·es qui interrogent dans leur travail de thèse les transformations politiques et sociales.  

La participation est ouverte à tou·te·s les doctorant·es et jeunes docteur·es, et les contributions peuvent s’inscrire dans toutes les disciplines relevant des sciences humaines et sociales (sociologie, droit public et droit privé, sciences politiques, économie, philosophie pratique, sciences de gestion, sciences de l’éducation, histoire, géographie...). La présentation de recherches en cours de construction est fortement encouragée. Les communications proposées peuvent s’inscrire dans un ou plusieurs axes de l’appel à communications.  


Appel à communications 

Cette journée aura pour objectif d’étudier, entre autres, les transformations dans les manières de gouverner, c’est-à-dire de « conduire les conduites » (Foucault, 2018) dans les différentes sphères de la vie sociale : quels effets ont les transformations politiques et sociales sur les manières d’organiser le gouvernement ? Comment sont construites et appréhendées ces transformations par les organes de gouvernement d’institutions diverses ?  

Cet appel invite à interroger, d’une part, la manière dont les transformations politiques et sociales peuvent produire des changements dans les modes d’organisation de la vie collective, mais aussi les résistances auxquelles elles font face. Il propose ainsi d’accueillir des propositions qui, par un jeu d’échelles, se pencheront sur les transformations des outils de gouvernement à différents niveaux : international (ONU, OMS, Union européenne...), national, local (communautés d’agglomérations, mairies, assemblées citoyennes...) voire ultra-local (conseils de quartiers ou citoyens, conseils d’école et conseils d’enfants, associations locales...). Dans le cadre de cette journée, la notion de gouvernement est prise au sens large, comme toute institution permettant d’organiser la vie en communauté dans un espace, quelle que soit sa taille, son niveau d’action ou son ancrage spatial. Les communications présentées pourront porter sur des espaces variés de la vie sociale – lieux de travail, structures militantes, institutions d’enseignement et de formation, marchés –et ne se limiteront pas à l’étude des structures de gouvernement stato-nationales. Ainsi, cette journée sera l’occasion de réfléchir aux questions de transitions écologiques, politiques (de ou vers la démocratie, entre différents modes d’organisation démocratique...), de transformations du monde du travail, et de gestion collective de transformations brusques (gestion de crises sanitaires, guerres, etc.). Les Doctoriales du LIPHA invitent également des communications portant sur la manière dont les transformations politiques et sociales sont construites, produites et appréhendées par les différents acteurs qui s’en saisissent – lobbies, groupes d’intérêt, mouvements sociaux, citoyens, élus, groupes professionnels, etc. Des communications sur les processus de mise à l’agenda et de construction des transformations sociales seront ainsi les bienvenues.  


Axe 1. Gouverner les transformations brusques 

En dépit d’efforts de planification et de prévention marqués de la part du champ scientifique et du champ politique, les sociétés sont parfois confrontées à des transformations brutales, imprévisibles ou imprévues. Les éléments brusques provoquant des transformations sociales et politiques entraînent toutefois des prises en charge de la part des instances et techniques de gouvernement à différentes échelles.  
La récente crise sanitaire liée au Covid-19 en a été un exemple, qui a bouleversé les modes de vie de l’ensemble de la population mondiale. De la même manière, les catastrophes écologiques récurrentes, pourtant parfois prévues et anticipées, tels que les ouragans Milton, Hélène ou Beryl, ou les récentes inondations en Chine, au Brésil et en Espagne, entrainent des changements brusques dans la vie sociale des collectivités impactées par ces événements. Enfin, les conflits armés viennent régulièrement transformer durablement les vies des individus pris dans des territoires, des organisations ou des groupes en proie à ces événements. Ces événements perturbent ainsi le cours ordinaire de la vie sociale des individus dans des sphères variées. Brusques dans leur déclenchement, ces événements appellent parfois à une gestion dans l’urgence de leurs conséquences.  
Cet axe s’intéressera particulièrement aux effets transformateurs d’événements brusques, parfois imprévus, sur les manières de sociétés de s’organiser collectivement et de "conduire les conduites". Il invite des communications prenant en considération la dimension de gestion de l’urgence – politique, économique, mais également sanitaire ou sociale –que ces événements provoquent. Les communications pourront porter sur différentes échelles, sphères de la vie sociale (monde du travail, éducation et formation, marchés, politiques publiques, etc.) et sur des terrains variés. 


Axe 2. Transformer les gouvernements : transitions politiques et innovations démocratiques  

Le champ politique n’est pas exempt de transformations : les régimes politiques changent, sont susceptibles d’être remis en question, ou au contraire trouvent des manières de persister en dépit de mouvements qui appellent des changements. L’offre politique évolue, et avec elle, les acteur·rices du champ : ainsi, le personnel politique, les groupes professionnels et d’intérêts, les militant·es apprennent à jouer avec des règles en évolution, et renouvellent leurs répertoires d’action et leurs stratégies électorales. En dehors du champ politique, les citoyen·nes changent également (Tiberj, 2017), et le renouvellement générationnel a pour conséquence une évolution des valeurs des électeur·rices (Tiberj, 2024).  
Les institutions politiques connaissent également des transformations. Ainsi, si la critique des systèmes représentatifs existe de longue date (Manin, 1995), les discours en soulignant les limites, ou le désamour qu’y porteraient les citoyen·nes, s’accentuent (Courant, Sintomer, 2019). En réponse, de nombreuses institutions de gouvernement à différents niveaux de l’Etat opèrent un « tournant participatif » (Bacqué, Sintomer, 2019) voire un « tournant délibératif » (Blondiaux, Manin, 2021) qui permettrait d’associer différemment les citoyen·nes à la prise de décision, voire de mobiliser des citoyen·nes traditionnellement conçu·es comme éloigné·es du politique.  
Cet axe s’intéressera aux questions de transitions et de changements politiques, depuis ou vers la démocratie. Il invite des communications aux terrains, méthodes et approches variées pour traiter de ces transitions et de ces changements, du point de vue institutionnel, des citoyen·nes ou de l’ensemble des acteur·rices du champ politique. Il accueillera également des communications portant sur les innovations démocratiques mises en place au sein de démocraties établies.  

 
Axe 3. Penser les transformations sociales et médico-scientifiques 

Le champ social et médico-scientifique est traversé par des changements organisationnels, structurels et des bouleversements majeurs. Pour exemple, les évolutions techniques toujours plus innovantes, comme celles du numérique ou encore de l’Intelligence Artificielle, gagnent une place nouvelle dans les activités médico-scientifiques. Ces nouvelles techniques bouleversent l’organisation du travail au sein des services de santé, en même temps qu’elles interrogent le rapport des sociétés à la vie et à la santé humaines. Les professionnel·les de santé sont par ailleurs les témoins privilégiés des manifestations de grandes transformations sociales : la sexualité et la parentalité, l’importance accordée au maintien en vie des patient·es et usager·es, le désenchantement du monde ou encore l’accueil des exilé·es sur les territoires.
Dans ces contextes en pleine mutation et face à un sentiment de déshumanisation, les professionnel·les de santé interrogent leur responsabilité, le bienfondé de leurs actions ou encore la dichotomie corporéité/psyché.
Comme l’énonce Hannah Arendt, la science politique et philosophique doit permettre d'échapper à « l'absence de pensée ». Concrètement, il s’agit dès lors de revenir « aux choses mêmes » sans préjugés (Hüsserl, 1900), et d’adopter une perspective ancrée dans la pratique médico-sociale et soignante. Pour cela, ces disciplines doivent s’appuyer sur les observations dont chercheurs et professionnels sont témoins. Dans le domaine sanitaire et politique, le troisième axe s’appuiera sur les observations concrètes des phénomènes et des situations expérimentales, environnementales ou de pratiques soignantes. Dans ces domaines, il s’agit d’exercer un sens critique, de faire émerger en quoi une régulation éthique contribue à de nouveaux équilibres face à ces transformations. Dans un premier temps, les communications croiseront ainsi leurs regards, mettant en évidence les adhésions bénéfiques et les leviers de résistance. Ces présentations seront ainsi une forme de dialogue où la richesse des pluridisciplinarités des sciences médico-sociales et politiques rend compte du monde contemporain. Dans un deuxième temps, les réflexions que ce monde moderne suscite chercheront à dégager une ouverture vers d’autres horizons.
Enfin, l’axe 3 accueillera des communications portant sur les changements et transformations dans le champ médico-scientifique, et en particulier sur l’impact des changements sociaux et technologiques sur le travail des professionnel·les de santé et son organisation.


Modalités de soumission 

Les propositions de communication sont à adresser par mail à doctorialelipha@gmail.com avant le 31 mars 2025. Elles devront inclure : 
  • Nom et prénom du/des auteur·es
  • Institution de rattachement
  • Titre de la communication
  • Axe(s) dans le(s)quel(s) s’inscrit la communication
  • Résumé de 500 mots précisant clairement la problématique et la méthodologie

Les propositions peuvent s’inscrire dans un ou plusieurs axes de l’appel.  
Les candidatures seront évaluées par le comité scientifique des Doctoriales, qui sélectionnera et informera les candidat·es mi-avril. Le programme complet de l’événement sera diffusé fin avril 2025. 

Laboratoire Interdisciplinaire d'Études du Politique Hannah Arendt de Paris-Est