« Vous devinez la joie que j'éprouve à me retrouver parmi vous ». C'est par ces mots que Pierre-Henri Teitgen, alors ministre de l'Information, entamait le discours qu'il prononça à la faculté de droit de Montpellier le 3 novembre 1944, deux ans après avoir été révoqué par Vichy.
Professeur à la faculté de Nancy, il fut accueilli en 1940 à celle de Montpellier, foyer précoce de résistance : « Vous m'avez accueilli aux jours sombres de 1940 et vous m'avez tout de suite, - mes chers Collègues, et vous, mes chers étudiants, - entouré d'une précieuse sympathie ». Dispensant, comme René Courtin, des cours qui « n'ont pas été autre chose qu'une école de Résistance » (H. Frenay, La nuit finira, Robert Laffont, 1973), il fonda le mouvement Liberté qui deviendra Combat.
En cette année de quatre-vingtième anniversaire de la Libération, la faculté de droit et de science politique de l'université de Montpellier a rendu hommage au professeur Teitgen - dont le nom a été donné, par le Conseil municipal de Montpellier, au parvis de son entrée principale -, tout comme elle a honoré deux de ses étudiants résistants, Raymond Migliario et Jean-Marie Pitangue fusillés le 31 mai 1944 après avoir arrêtés par la Sipo-SD.
Plonger dans cette histoire est tout autant un acte de mémoire qu'une intention pour le présent, face aux dangers qui guettent, pour dire avec Teitgen que, « quand vous entendrez ridiculiser la liberté politique sous toutes ses formes et tourner en dérision la démocratie, vous aurez le devoir de répondre: " Vous n'êtes pas de notre tradition ; en réalité, et sans le savoir, vous ne parlez pas français " ».