Bernard Pudal

Professeur émérite
Science politique.
UFR de Droit et  Science politique

Centre de Recherches Sociologiques et Politiques de Paris - Cresppa
  • THESE

    Formation des dirigeants et évolution du mouvement ouvrier : le cas du P.C.F. 1934-1939, soutenue en 1986 à Paris 1 sous la direction de Marcel David 

  • Bernard Pudal, Claude Pennetier (dir.), Le sujet communiste: identités militantes et laboratoires du "moi", Presses universitaires de Rennes et OpenEdition, 2019, Histoire  

    En France comme dans nombre de pays ex-« communistes », les archives des partis communistes et des États « communistes » se sont largement ouvertes depuis une vingtaine d'années. La découverte et les analyses des égo-documents (journaux intimes, correspondances, autobiographies de parti, autocritiques, etc.), des entretiens biographiques, et les archives policières ou judiciaires, désormais accessibles, renouvellent nos perceptions, ossifiées et simplificatrices, des « sujets » communistes. Portant aussi bien sur des pays communistes que sur des partis communistes occidentaux (notamment le PCF), cet ouvrage présente ce nouveau domaine de recherche qui, s'affranchissant des controverses historiographiques traditionnelles, ouvre la voie d'un véritable renouveau de l'histoire des communismes et des communistes.

    Bernard Pudal, Claude Pennetier, Le souffle d'Octobre 1917 : l'engagement des communistes français, Les éditions de l'Atelier, 2017, 383 p. 

    Bernard Pudal, Claude Pennetier (dir.), Le sujet communiste: identités militantes et laboratoires du "moi", Presses Universitaires de Rennes, 2014, Histoire, 258 p. 

    Bernard Pudal, Gérard Mauger, Claude Fossé-Poliak, Claude F. Poliak, Histoires de lecteurs, Éditions du Croquant, 2010, Collection Champ social, 537 p.   

    Bernard Pudal, Un monde défait. Les communistes français de 1956 à nos jours: les communistes français de 1956 à nos jours, Éditions du Croquant, 2009, Collection savoir-agir, 216 p. 

    Bernard Pudal, Dominique Damamme, Boris Gobille, Frédérique Matonti (dir.), Mai-Juin 68, Les Éditions de l'Atelier et Les Éditions ouvrières, 2008, 445 p. 

    Bernard Pudal, Michel Dreyfus, Bruno Groppo, Claudio Sergio Ingerflom, Roland Lew, Claude Pennetier, Serge Wolikow (dir.), Le siècle des communismes,, 2008, Points ( Histoire ), 790 p. 

    Bernard Pudal, Claude Pennetier (dir.), Autobiographies, autocritiques, aveux dans le monde communiste, Belin, 2002, Socio-histoires, 367 p.  

    La 4ème de couverture indique : "Fondé sur des matériaux nouveaux, en particulier les archives de l'Internationale communiste, Autobiographies, autocritiques, aveux analyse l'immense travail biographique et autobiographique qui caractérise le fonctionnement de l'URSS, de l'Internationale communiste et des différents partis communistes (notamment français et italiens), et après-guerre, celui des " Démocraties populaires ". Inhérents aux mécanismes de gestion des populations des Etats socialistes et aux mécanismes de sélection, de promotion et de contrôle des élites sociales et politiques, les multiples usages du biographique nous introduisent au cœur du travail de légitimation du système communiste. Le principe idéologique en est simple : le récit de l'histoire sociale et politique de chacun devient le critérium à partir duquel la hiérarchie sociale s'ordonne, l'idéal étant d'épouser par sa trajectoire sociale le mythe prolétarien et par sa trajectoire politique l'histoire du bolchevisme. A partir de ce canevas, les récits obligatoires ou suscités, inventés ou revendiqués, susceptibles de se retourner contre soi ou de servir ses intérêts vont se généraliser. De l'autobiographie communiste d'institution (les fameuses " bios "), exigée de tous les cadres, à la culture autocritique en passant parfois, par les aveux, sans oublier les multiples biographies édifiantes, se met en place la culture stalinienne de " l'homme nouveau ". "

    Bernard Pudal, Michel Dreyfus, Bruno Groppo, Claudio Sergio Ingerflom, Roland Lew, Claude Pennetier, Serge Wolikow (dir.), Le siècle des communismes, les Éditions de l'Atelier-les Éditions ouvrières, 2000, 542 p.   

    Bernard Pudal, Gérard Mauger, Claude F. Poliak, Histoires de lecteurs, Nathan, 1999, Collection Essais & recherches ( Série Sciences sociales ), 446 p.   

    Bernard Pudal, Science politique: des objets canoniques revisités, L'Harmattan, 1995, Sociétés contemporaines, 131 p. 

    Bernard Pudal, Jean Peneff, Gérard Mauger, La biographie: usages scientifiques et sociaux, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1994, 222 p. 

    Bernard Pudal, Prendre parti: pour une sociologie historique du PCF, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1989, 329 p.   

    Bernard Pudal, Les Intellectuels organiques communistes (1936-1939),, 1980, 103 p. 

  • Bernard Pudal, « Postface », in Olivier Fillieule, Catherine Leclercq, Rémi Lefebvre (dir.), Le malheur militant, De Boeck Supérieur, 2022, pp. 255-261 

    Bernard Pudal, « Une philosophie du mépris », in Fondation Copernic (dir.), Manuel indocile de sciences sociales, La Découverte, 2019, pp. 544-552 

    Bernard Pudal, Barrault-Stella Lorenzo, « Retour sur la politisation des classes populaires. Propositions pour une analyse des états de matière du politique et de leur convertibilité », in Lorenzo Barrault-Stella, Brigitte Gaïti, Patrick Lehingue (dir.), La politique désenchantée ? Perspectives sociologiques autour des travaux de Daniel Gaxie, Presses Universitaires de Rennes, 2019, pp. 105-128   

    Bernard Pudal, Boris Gobille, « Deux appropriations de Bourdieu en science politique », in Leclercq, Catherine, Lizé, Wenceslas, Stevens, Hélène (dir.), Bourdieu et les sciences sociales : réceptions et usages, la Dispute, 2015, pp. -- 

    Bernard Pudal, Claude Pennetier, « L’auto-analyse d’un dirigeant communiste et d’un couple communiste  : Albert Vassart et Cilly Geisenberg-Vassard », in Pennetier, Claude and Pudal, Bernard (dir.), Le sujet communiste. Identités militantes et laboratoires du «  moi  », Presses Universitaires de Rennes, 2014, pp. 241-244   

    Bernard Pudal, « Communisme français », in Christian Delacroix, François Dosse, Patrick Garcia (dir.), Historiographies. Concepts et débats, II, Gallimard, 2010, pp. 973-985 

    Bernard Pudal, Claude Pennetier, « Le militant ouvrier, paradigme du militant », in José Gotovitch, Anne Morelli (dir.), Militantisme et militants, Editions de la Vie Ouvrière, 2000, pp. 13-26   

    Bernard Pudal, « Un usage oblique de la biographie de Marcel Léger, député ouvrier et catholique de I9I9 à I924 », Convergences. Études offertes à Marcel David, Éditions Calligrammes, 1991, pp. 371-389   

    Bernard Pudal, « Communisme. - », Appareil et militants du PCF, Communisme, 1986, pp. - 

  • Bernard Pudal, Laurent Willemez, « Les recrutements vus de l’intérieur », 2018  

    La réflexion sociologique sur les recrutements, leurs critères, leur histoire ne peut faire l'économie d'éléments de première main sur les modalités concrètes de fonctionnement d'un comité de sélection -instance d'évaluation et de recrutement – qui, comme toute institution, mêle des aspects formels et informels : loin de nous l'idée de considérer que tout ne serait en définitive que rapports de force, jeux de pouvoir et de réseaux, tractations plus ou moins occultes dans un processus de recru...

    Bernard Pudal, « Robert Loffroy : une esquisse de lecture sociologique d'un récit autobiographique (21/1/2015) », Les Cahiers d’Adiamos 89, 2015, n°13, pp. 27-47   

    Bernard Pudal, « Représenter les classes populaires ? », Savoir/Agir , 2015, n° ° 34, pp. 71-80   

    Bernard Pudal, « Barbusse : jalons pour une étude d’un capital symbolique singulier », Revue d'histoire littéraire de la France , 2015, n° 115, pp. 783-796   

    Bernard Pudal, Lorenzo Barrault-Stella, « Représenter les classes populaires ? », Savoir/Agir, 2015, n°34   

    Bernard Pudal, « Barbusse : jalons pour une étude d’un capital symbolique singulier », Revue d'histoire littéraire de la France, 2015, n°4 

    Bernard Pudal, Lorenzo Barrault-Stella, « Représenter les classes populaires ? », Savoir/Agir, 2015 

    Bernard Pudal, « Les années soixante-huit en France : un champ d’études en plein renouveau depuis 2008 », Bulletin d'histoire politique, 2014 

    Bernard Pudal, « Los enfoques teóricos y metodológicos de la militancia », Revista de Sociología, 2013 

    Bernard Pudal, « Mouvement ouvrier : renouveau comparatiste et biographique », Matériaux pour l’histoire de notre temps , 2012, n° ° 104-105, pp. 1-5   

    Bernard Pudal, Bruno Groppo, Claude Pennetier, « Mouvement ouvrier : renouveau comparatiste et biographique », Matériaux pour l'histoire de notre temps, 2011, pp. 1-5   

    Bernard Pudal, « La bibliothèque de Maurice Thorez, un intellectuel de type nouveau (premiers éléments d’enquête) », 2009  

    Centrale dans le monde communiste comme biocratie, la thématique de l’homme nouveau s’inscrit dans l’horizon d’une société future où, « réconcilié » avec lui-même, l’homme sera « désaliéné ». Pour les communistes, elle fonctionne aussi au présent en leur proposant une sorte d’« idéal militant ». « L’homme nouveau » n’est à maints égards rien d’autre que l’idéalisation du capital politique du communiste, soit tout à la fois un ensemble de propriétés sociales, intellectuelles et « morales » ass...

    Bernard Pudal, Claude Pennetier, « Stalinism : workers'cult and cult of leaders », Twentieth Century Communism: a journal of international history, 2009, pp. 20-29 

    Bernard Pudal, Kimi Timozaki, « Da militância ao estudo do militantismo : a trajetoria de um politologo, Entrevista com Bernard Pudal », Pro-Posicoes, 2009, n°2, pp. 129-138 

    Bernard Pudal, « Mai-Juin 68,  jonction  ou  rendez-vous manqué  entre ouvriers et étudiants ? », Savoir/Agir , 2008, n° ° 6, pp. 11-22   

    Bernard Pudal, Gérard Mauger, Claude Polak, « Mai-Juin 68,  jonction  ou  rendez-vous manqué  entre ouvriers et étudiants ? », Savoir/Agir, 2008 

    Bernard Pudal, « La note à Henri Krasucki (1965) », Nouvelles FondationS , 2006, n° ° 3-4, pp. 55-63   

    Bernard Pudal, « De l'ancien au nouveau Maitron », Nouvelles FondationS , 2006, n° ° 1, pp. 181-182   

    Bernard Pudal, « De l'ancien au nouveau Maitron », Nouvelles FondationS, 2006 

    Bernard Pudal, « La note à Henri Krasucki (1965) », Nouvelles FondationS, 2006 

    Bernard Pudal, « Postface », 2004  

    Dans son introduction, Rose Marie Lagrave affiche l’ambition de ce numéro d’Études rurales : […] rapprocher, dès lors, la marginalité des ruraux dans la politique du PCF et la marginalité des études sur le communisme rural dans le champ de la recherche. On perçoit ainsi que l’effet d’homologie redouble non seulement une lacune en la légitimant scientifiquement mais témoigne plus largement d’un seul univers de pensée donnant le primat au monde ouvrier, en sorte que la relation dite historique ...

    Bernard Pudal, Anthony Krause, « Claude Pennetier et Bernard Pudal (Éd.), Autobiographies, autocritiques, aveux dans le monde communiste, Paris, Belin, 2002, 362 p., 22 €. », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 2004 

    Bernard Pudal, « Récits édifiants du mythe prolétarien et réalisme socialiste en France (1934-1937) », Sociétés & Représentations , 2003, n° ° 15, pp. 77-96    

    RésuméPlus évidemment que toute autre, l’étude de la littérature communiste implique qu’on associe étroitement analyse interne et analyse externe dans la mesure où chaque œuvre est la résultante d’une double stratégie d’auteur qui tient compte à la fois des logiques et des rapports de force du champ littéraire mais aussi du système de positions propre au PCF. En comparant cinq récits édifiants au moment où la revendication du réalisme socialiste devient un enjeu pour les écrivains communistes (1934-1937), en particulier sous l’angle de leurs rapports au mythe prolétarien qui structure symboliquement le monde communiste comme biocratie, on se propose d’objectiver ces stratégies doubles ainsi que ces hiérarchies qui ordonnent les écrivains communistes. »

    Bernard Pudal, Pascal Cauchy, Claude Pennetier, « Autobiographies, autocritiques, aveux dans le monde communiste », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 2003 

    Bernard Pudal, « Récits édifiants du mythe prolétarien et réalisme socialiste en France (1934-1937) », Sociétés & Représentations, 2003 

    Bernard Pudal, « La beauté de la mort communiste », Revue française de science politique, 2002, pp. 545-559    

    Bien que le processus de dissociation du PCF soit vraisemblablement d'une grande complexité, on peut sans doute distinguer, pour des raisons analytiques, ce qui relève des mécanismes de dissociation propres au monde communiste ou d'évolutions diverses auxquelles l'institution communiste ne parvient pas à s'adapter, et ce qui relève des multiples formes directes ou indirectes d'anticommunisme(s). L'étude des aggiornamenti (1961-1977 ; 1991-2002) tend à mon­trer que le « centralisme-démocratique », dimension centrale du communisme, n 'a jamais été réellement mis en cause parce qu'en lui se condense la spécificité de l'expérience communiste. Cet impensé est alors pensé par d'autres selon des logiques anticommunistes structurées par l'ethno centrisme de classe. Pris entre une histoire refoulée et une série de représentations disqualifiantes, le désarroi communiste conduit alors progressivement à la dissociation de l'entreprise politique.

    Bernard Pudal, Stephane Sirot, « Maurice Thorez », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 2001 

    Bernard Pudal, « Symbolic Censorship and Control of Appropriations: The French Communist Party Facing "Heretical" Texts during the Cold War », Libraries & the Cultural Record, 2001 

    Bernard Pudal, Marc Lazar, Michel Dreyfus, Bruno Groppo, Claudio Ingerflom [et alii], « Le siecle des communismes », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 2001 

    Bernard Pudal, « Le peuple dans Fils du Peuple », Sociétés & Représentations , 2000, n° ° 8, pp. 265-279    

    L'association de l'analyse externe et de l'analyse interne s'impose préalablement si l'on veut rendre compte à la fois des conditions de production de Fils du Peuple, du type de récit autobiographique et du mode de réinterprétation du réel qu'il impose. C'est au prix de ce détour que l'on se donne une chance de localiser la place du peuple allégué impliqué par la délégation politique communiste.

    Bernard Pudal, Claude Pennetier, « Le Congres de Tours aux miroirs autobiographiques », Le Mouvement social, 2000 

    Bernard Pudal, « Biographie et biographique », Le Mouvement social, 1999 

    Bernard Pudal, Jean-Noel Retiere, « Identites ouvrieres. Histoire sociale d'un fief ouvrier en Bretagne 1909-1990 », Le Mouvement social, 1999 

    Bernard Pudal, Annie Kriegel, Stephane Courtois, « Eugen Fried (Le grand secret du P.C.F.) », Le Mouvement social, 1998 

    Bernard Pudal, Claude Pennetier, « Écrire son autobiographie (les autobiographies communistes d'institution, 1931-1939) », Genèses, 1996, pp. 53-75    

    ■ Claude Pennetier, Bernard Pudal : Écrire son autobiographie (les autobiographies communistes d'institution, 1931-1939). Le mouvement communiste faisait du contrôle biographique un élément essentiel de sa politique des cadres. Fondée sur une première étude de 364 autobiographies (désormais accessibles grâce à l'ouverture des archives soviétiques) rédigées par les militants à la demande de la commission des cadres entre 1931 et 1939, cette recherche propose un cadre d'analyse de ces textes susceptible de rendre compte des relations tendues entre des visées institutionnelles et des militants plus ou moins prédisposés à réussir le travail à la fois social et psychologique que l'institution leur enjoignait d'effectuer en les «invitant» à écrire leur autobiographie. Inscrite dans une histoire de plus longue durée, celle des contrôles institutionnels du «for intérieur», l'autobiographie communiste d'institution révèle les multiples et parfois contradictoires modalités des remises de soi propres à l'univers partisan communiste.

    Bernard Pudal, Claude Pennetier, « La certification scolaire communiste dans les années trente », Politix, 1996, pp. 69-88    

    La certification scolaire communiste dans les années trente. Bernard Pudal [69-88]. Les autobiographies d'institution du PCF, rédigées à la demande de la commission des cadres entre 1931 et 1939, désormais partiellement accessibles depuis l'ouverture des archives du CRCEDHC de Moscou, permettent d'analyser, plus finement qu'on ne pouvait le faire jusqu'alors, le rôle et les modalités de la certification scolaire interne à l'ordre partisan communiste. Forme spécifique de l'exercice d'un pouvoir de violence symbolique, l'arbitraire culturel qu'on tend à inculquer vise à légitimer la professionnalisation politique des cadres communistes tout en essayant d'en contrôler les usages internes (loyalty et voice) ou d'en prévenir les dérives externes (conversion des ressources et exit). Ce que permettent de mesurer les autobiographies, c'est tout à la fois l'intériorisation plurielle par les militants de ce modèle scolaire mais aussi leurs distances, critiques ou non, conscientes ou non, au modèle

    Bernard Pudal, Claude Pennetier, « La vérification (l'encadrement biographique communiste dans l'entre-deux-guerres) », Genèses, 1996, pp. 145-163    

    ■ Claude Pennetier, Bernard Pudal : La «vérification» (l'encadrement biographique communiste dans l'entre-deux- guerres). Sous l'expression, au singulier, d'autobiographie communiste d'institution, se cachent en réalité, entre 1920 et 1939, plusieurs types d'autobiographies, éla borées dans des contextes différents, avec des visées elles-mêmes différentes. Du «modèle» soviétique à son adaptation et mise en œuvre française, une technologie complexe d'évaluation des cadres communistes est progressivement mise au point par la commission des cadres, entre 1931 et 1939, afin de «vérifier» les militants. L'analyse du schéma d'auto-biographie, celle des «évaluations» (individuelles et collectives) portées ainsi que les données que nous possédons sur la progressive mise en place de la commission des cadres, permettent d'objectiver la conception de la biographie qui animait les cadres évaluateurs chargés de décider de la qualité de l'esprit de parti, des aptitudes et/ou des pré-dispositions à l'hétérodoxie des militants qu'ils «vérifiaient».

    Bernard Pudal, Dominique Damamme, « Entre science et politique. La première science sociale », 1995, pp. 5-30    

    Entre science et politique. La première science sociale. Dominique Dammame [5-30]. L'article revient sur l'invention à la fin du XVIIIe siècle, souvent inaperçue, d'une nouvelle catégorie utilisée par les physiocrates, les «économistes», les «hauts fonctionnaires royaux» : la science sociale. L'article interroge également les nouveaux usages politiques que celle-ci autorise au XIXe siècle.

    Bernard Pudal, « Du biographique entre science et fiction Quelques remarques programmatiques », Politix, 1994, pp. 5-24    

    Pudal Bernard. Du biographique entre "science" et "fiction" Quelques remarques programmatiques. In: Politix, vol. 7, n°27, Troisième trimestre 1994. La biographie. Usages scientifiques et sociaux, sous la direction de Luc Berlivet, Annie Collovald et Frédéric Sawicki. pp. 5-24.

    Bernard Pudal, « Science politique : des objets canoniques revisités », 1994, pp. 5-10    

    Pudal Bernard. Science politique : des objets canoniques revisités. In: Sociétés contemporaines N°20, 1994. pp. 5-10.

    Bernard Pudal, « La seconde réception de Nizan (1960-1990) », 1994, pp. 199-211    

    Pudal Bernard. La seconde réception de Nizan (1960-1990). In: Les Cahiers de l'Institut d'Histoire du Temps Présent, n°26, mars 1994. Intellectuels engagés d’une guerre à l’autre. pp. 199-211.

    Bernard Pudal, « Science politique : des objets canoniques revisités », Sociétés contemporaines, 1994 

    Bernard Pudal, « Nizan : l'homme et ses doubles », Mots, 1992, pp. 29-48    

    NIZAN : L'HOMME ET SES DOUBLES En analysant le travail de réhabilitation et de canonisation dont Paul Nizan a fait l'objet à partir de 1960, on souhaite mettre à jour les logiques qui peuvent coder l'œuvre collective d'exhumation, faire quelques hypothèses sur les représentations de soi qui sont en jeu et, de là, inférer en quoi l'œuvre de Nizan autorisait ces « lectures ».

    Bernard Pudal, « Lettrés, illettrés et politique », Genèses, 1992 

    Bernard Pudal, « A.-M. Thiesse, Ecrire la France. Le mouvement littéraire régionaliste de langue française entre la Belle époque et la Libération », Politix, 1992 

    Bernard Pudal, « Le populaire à l'encan », Politix, 1991, pp. 53-64    

    Pudal Bernard. Le populaire à l'encan. In: Politix, vol. 4, n°14, Deuxième trimestre 1991. Le populaire et le politique (2) - Les usages politiques du populaire, sous la direction de Annie Collovald et Frédéric Sawicki. pp. 53-64.

    Bernard Pudal, « “Choix” de méthode pour une sociologie historique du PCF », 1991, pp. 69-75    

    Pudal Bernard. “Choix” de méthode pour une sociologie historique du PCF. In: Les Cahiers de l'Institut d'Histoire du Temps Présent, n°18, juin 1991. Histoire politique et sciences sociales. pp. 69-75.

    Bernard Pudal, « Quelques éléments de réponse à quelques mondanités savantes », 1991, pp. 83-84    

    Pudal Bernard. Quelques éléments de réponse à quelques mondanités savantes. In: Les Cahiers de l'Institut d'Histoire du Temps Présent, n°18, juin 1991. Histoire politique et sciences sociales. pp. 83-84.

    Bernard Pudal, Irwin M. Wall, « Prendre Parti: Pour une Sociologie Historique du PCF. », The American Historical Review, 1991 

    Bernard Pudal, Jean Baudouin, « Pudal (Bernard), Prendre parti. Pour une sociologie historique du PCF, Paris, Presses de la FNSP, 1989 », Politix, 1991 

    Bernard Pudal, « bernard pudal. Prendre parti: Pour une sociologie historique du PCF. Paris: Fondation Nationale des Sciences Politiques. 1989. Pp. 329. 190 fr », The American Historical Review, 1991 

    Bernard Pudal, Philippe Buton, Henri Heldman, « Prendre parti. Pour une sociologie historique du PCF », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 1990 

    Bernard Pudal, « Maitron (Jean), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Paris, Les Editions Ouvrières, 1989 », Politix, 1989 

    Bernard Pudal, « Le PCF : aggiornamento communiste et reproduction du corps des dirigeants (1960-1985) », Politix, 1988, pp. 6-12    

    Pudal Bernard. Le PCF : aggiornamento communiste et reproduction du corps des dirigeants (1960-1985). In: Politix, vol. 1, n°2, Printemps 1988. Regards sur les organisations politiques. pp. 6-12.

    Bernard Pudal, « Les dirigeants communistes », Actes de la recherche en sciences sociales, 1988, pp. 46-70    

    Les dirigeants communistes. Le PCF se distingue de toutes les autres formations politiques par un taux particulièrement élevé d'ouvriers parmi ses permanents. Ce trait discriminant et revendiqué résulte d'une politique de sélection, de formation et de promotion visant à permettre à des membres de la classe ouvrière l'accession au champ politique. A partir de matériaux tirés de biographies ou d'autobiographies des dirigeants communiste des années 30, il est possible de montrer que l'accès au professionnalisme politique constitue souvent pour ces dirigeants un moyen de résoudre les contradictions de leur histoire sociale personnelle et les prédispose du même coup à servir l'institution qui a su les reconnaître, ces "instituteurs des masses" s'apparentant, par plus d'un trait, aux instituteurs laïques et aux prêtres ruraux. La crise actuelle du PCF, comme celles d'ailleurs de l'Eglise et de l'Ecole, peut s'analyser pour une part comme une crise de la production du corps de ces intellectuels d'institution.

    Bernard Pudal, « Le député communiste : 1920-1940. Éléments pour une analyse des logiques de fidélisation au sein du PCF », 1986, pp. 49-68    

    Bernard Pudal. Le député communiste : 1920-1940. Dans une étude systématique du corpus des députés communistes de l'entre-deux-guerres, sont analysées les articulations entre itinéraires individuels, itinéraire collectif et projet théorico-politique. L'analyse porte sur l'évolution de ce personnel parlementaire composé pour l'essentiel de militants ouvriers dont la mobilité sociale ascendante est avortée, ébauchée ou réussie suivant les cas et auxquels le PCF offre le moyen d'accéder à la professionnalisation politique.

    Bernard Pudal, « Le député communiste : 1920-1940. Éléments pour une analyse des logiques de fidélisation au sein du PCF », Histoire & Mesure, 1986 

    Bernard Pudal, A.-M. Thiesse, Ecrire la France. Le mouvement littéraire régionaliste de langue française entre la Belle époque et la Libération, Association des étudiants en science politique de Paris 1, Paris : Association des étudiants en science politique de Paris 1 et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1992, pp. 146-153    

    Pudal Bernard. A.-M. Thiesse, Ecrire la France. Le mouvement littéraire régionaliste de langue française entre la Belle époque et la Libération. In: Politix, vol. 5, n°17, Premier trimestre 1992. Causes entendues - Les conditions de mobilisation (2) sous la direction de Annie Collovald et Brigitte Gaïti. pp. 146-153.

    Bernard Pudal, Lettrés, illettrés et politique, Éditions Belin, Paris : Éditions Belin et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1992, pp. 169-181    

    Pudal Bernard. Lettrés, illettrés et politique. In: Genèses, 8, 1992. Monnaies, valeurs et légitimité, sous la direction de André Orléan. pp. 169-181.

    Bernard Pudal, Annie Fourcaut, Dreyfus (Michel), Le PCF, crises et dissidences. De 1920 à nos jours, Bruxelles, Complexe, coll. "Questions au XXème siècle", 1990, Association des étudiants en science politique de Paris 1, Paris : Association des étudiants en science politique de Paris 1 et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1991, pp. 94-95    

    Fourcaut Annie. Dreyfus (Michel), Le PCF, crises et dissidences. De 1920 à nos jours, Bruxelles, Complexe, coll. "Questions au XXème siècle", 1990. In: Politix, vol. 4, n°13, Premier trimestre 1991. Le populaire et le politique (1) - Les usages populaires du politique, sous la direction de Annie Collovald et Frédéric Sawicki. pp. 94-95.

    Bernard Pudal, Maitron (Jean), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Paris, Les Editions Ouvrières, 1989, Association des étudiants en science politique de Paris 1, Paris : Association des étudiants en science politique de Paris 1 et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1989, pp. 169-173    

    Pudal Bernard. Maitron (Jean), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Paris, Les Editions Ouvrières, 1989. In: Politix, vol. 2, n°7-8, Octobre-décembre 1989. L'espace du local, sous la direction de Jean-Louis Briquet et Frédéric Sawicki. pp. 169-173.

    Bernard Pudal, Annie Collovald, Goffman (E.), Façons de parler, Editions de Minuit, 1987, Association des étudiants en science politique de Paris 1, Paris : Association des étudiants en science politique de Paris 1 et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1988, pp. 89-91    

    Collovald Annie. Goffman (E.), Façons de parler, Editions de Minuit, 1987. In: Politix, vol. 1, n°1, Hiver 1988. Mobilisations étudiantes, automne 1986. pp. 89-91.

  • Bernard Pudal, Olivier Fillieule, Isabelle Sommier, Sophie Béroud, Camille Masclet et le Collectif Sombrero, Changer le monde, changer sa vie. Enquête sur les militantes et les militants des années 1968 en France, Association pour le développement de la sociologie du travail, 2020  

    Les enquêtes du collectif Sombrero constituent l’un des principaux apports scientifiques du cinquantième anniversaire de « 68 ». Ce collectif, animé par Olivier Fillieule, composé d’une trentaine de politistes et sociologues, a élaboré dès 2012 un dispositif d’enquête d’envergure, fondé sur une construction d’objet et des préalables méthodologiques qu’il convient de rappeler succinctement pour comprendre la place de Changer le monde, changer sa vie dans l’ensemble des publications qui en résu...

    Bernard Pudal, Sirot Stéphane, Maurice Thorez, Centre National du Livre, Paris : Presses de Sciences Po et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 2001, pp. 203-204    

    Pudal Bernard. Sirot Stéphane, Maurice Thorez. In: Vingtième Siècle, revue d'histoire, n°69, janvier-mars 2001. D'un siècle l'autre. pp. 203-204.

  • Bernard Pudal, De l'histoire des idées politiques à l'histoire sociale des idées politiques, 2006 

    Bernard Pudal, Paul-Laurent Assoun, Marie-Claire Lavabre, Jacques Maître, Bernard Vernier [et alii], Transferts disciplinaires. Psychanalyse et sciences sociales. Table ronde avec Paul-Laurent Assoun, Marie-Claire Lavabre, Jacques Maître, Bernard Vernier, introduite par Dominique Memmi et Bernard Pudal, Association des étudiants en science politique de Paris 1, Paris : Association des étudiants en science politique de Paris 1 et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1995, pp. 186-221    

    Assoun Paul-Laurent, Lavabre Marie-Claire, Maitre Jacques, Vernier Bernard, Memmi Dominique, Pudal Bernard. Transferts disciplinaires. Psychanalyse et sciences sociales. Table ronde avec Paul-Laurent Assoun, Marie-Claire Lavabre, Jacques Maître, Bernard Vernier, introduite par Dominique Memmi et Bernard Pudal. In: Politix, vol. 8, n°29, Premier trimestre 1995. Frontières disciplinaires, sous la direction de Loïc Blondiaux et Brigitte Gaïti. pp. 186-221.

    Bernard Pudal, Religion et communisme, Eglise et Parti Communiste : métaphores et analogies (Questions de méthode. NOTE DE RECHERCHE), 1992   

    Bernard Pudal, Claude Grignon, Annie Collovald, Frédéric Stawicki, Un savant et le populaire. Entretien avec Claude Grignon, Association des étudiants en science politique de Paris 1, Paris : Association des étudiants en science politique de Paris 1 et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1991, pp. 35-42    

    Grignon Claude, Collovald Annie, Pudal Bernard, Stawicki Frédéric. Un savant et le populaire. Entretien avec Claude Grignon. In: Politix, vol. 4, n°13, Premier trimestre 1991. Le populaire et le politique (1) - Les usages populaires du politique, sous la direction de Annie Collovald et Frédéric Sawicki. pp. 35-42.

    Bernard Pudal, Pierre Juquin, Jean-Baptiste Legavre, Du côté des indigènes : Pierre Juquin, Association des étudiants en science politique de Paris 1, Paris : Association des étudiants en science politique de Paris 1 et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1988, pp. 80-85    

    Juquin Pierre, Pudal Bernard, Legavre Jean-Baptiste. Du côté des indigènes : Pierre Juquin. In: Politix, vol. 1, n°1, Hiver 1988. Mobilisations étudiantes, automne 1986. pp. 80-85.

    Bernard Pudal, Claude Pennetier, 3. Les mauvais sujets du stalinisme 

  • Bernard Pudal, « Des idées et des partis », le 23 mai 2017  

    Sous la responsabilité scientifique de Thibaut Rioufreyt, Docteur en science politique, Laboratoire Triangle/Lyon

    Bernard Pudal, « Le malheur militant », le 12 décembre 2016 

    Bernard Pudal, Isabelle Charpentier, Bertrand Geay, « Sur la publication "Le For intérieur (1995)" », Les 40 ans des publications du CURAPP-ESS : croiser les champs disciplinaires, Amiens, le 13 janvier 2016   

  • Bernard Pudal, 13 - Discussion autour des thèmes 

    Bernard Pudal, 12 La question pédagogique 

    Bernard Pudal, «Communisme et construction d’objet ». 

    Bernard Pudal, Discussion 1 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Chongjin Kim, Les politiques d'accueil des étudiants étrangers en France et l'évolution de la mobilité étudiante coréenne, thèse soutenue en 2021 à Paris 10, membres du jury : Alain Delissen (Rapp.), Anne-Catherine Wagner (Rapp.), André Désiré Robert et Laurent Bonelli  

    Ce travail étudie les politiques d’accueil des étudiants étrangers en France de la fin du XIX siècle jusqu’à aujourd’hui en se focalisant particulièrement sur l’évolution de la mobilité étudiante coréenne. En empruntant à la notion de champ, il analyse trois grandes périodes de l’« Esprit d’État » en matière d’étudiants étrangers. L’étude appréhende la politique à leur égard comme le produit des rapports entre champ universitaire, champ diplomatique et le groupe d’agents administratifs ou politiques, notamment ceux du ministère de l’Intérieur œuvrant dans ce domaine. À partir du dépouillement d’archives, d’analyses statistiques et d’entretiens, cette thèse éclaire les logiques d’actions et les intérêts propres aux champs étudiés et leur jonction autour de l’utilité économique des étudiants étrangers dans les années 1990. Par une approche socio-historique, la thèse montre le développement des instances d’État chargées de ces questions et le rôle des organismes s’occupant des étudiants boursiers du gouvernement français depuis les années 1960. Ce travail est complété par une étude de cas portant sur la Corée du Sud. Elle permet d’observer l’évolution des stratégies françaises face à la mondialisation du marché de l’enseignement supérieur. L’enquête de terrain en Corée atteste aussi que la politique d’attractivité du gouvernement actuel est une réponse aux demandes extérieures des « étudiants internationaux » et qu’elle vise à attirer des étudiants solvables en France. Contribution à l’histoire de l’immigration, cette recherche met en évidence que la construction de la politique migratoire estudiantine se situe dans le prolongement des luttes internes du champ national de l’État.

    Gauthier Fradois, La sexualité comme enjeu éducatif : sociologie historique d'une politique scolaire, thèse soutenue en 2019 à Paris 10 sous la direction de Christophe Le Digol, membres du jury : Anne-Cécile Douillet (Rapp.), Virginie Barrusse (Rapp.), Laurent Gutierrez et Nathalie Bajos    

    Objet d’affrontements régulièrement actualisées au 20e siècle, la production de discours pédagogiques sur la sexualité au sein de l’institution scolaire ne fait pas consensus. L’École ne parvient pas à constituer un monopole pédagogique relatif à l’éducation sexuelle. Si des connaissances biologiques concernant la reproduction humaine trouvent droit de cité dans le curriculum dès 1968, l’éducation sexuelle, rendue facultative en 1973, puis obligatoire en 1998, échappe en partie aux agents du système d’enseignement au profit d’associations en concurrence pour l’imposition de la morale familiale légitime. Des mobilisations hygiénistes contre la syphilis à la lutte contre le sida, en passant par la promotion du mariage ou de la contraception pour prévenir l’IVG, il s’agit d’étudier dans cette thèse le processus d’élaboration de ce bien pédagogique. En combinant observations en classe, entretiens biographiques et dépouillement de divers fonds d’archives, l’investigation s’attache ainsi à reconstruire les configurations où s’invente, se formalise et se vulgarise cet enjeu éducatif, objet d’une politique scolaire indissociable de l’expansion d’une École d’État et de la recomposition du mouvement familial.

    Danielle Papiau, Psychiatrie, psychanalyse et communisme : essai de sociobiographie des psychiatres communistes (1924 – 1985), thèse soutenue en 2017 à Paris 10, membres du jury : Frédérique Matonti (Rapp.), Patrice Pinell (Rapp.), Marie-Claire Lavabre, Laurent Jeanpierre et Francine Muel-Dreyfus      

    Cette thèse se donne pour objet les relations entre psychiatrie, psychanalyse et communisme durant la période 1934-1985, du Front populaire au déclin du PCF dans les années 1980. Elle étudie cette histoire dans sa relation au courant réformateur de l’ordre psychiatrique institué par la loi sur les aliénés du 30 juin 1838 qui émerge dans le champ médical dans les années trente, jusqu’à la normalisation du sous-champ de la psychiatrie publique à la fin des années 80, courant conforté par l’introduction en France de la psychanalyse. A partir de l’analyse des trajectoires biographiques des psychiatres communistes et de la biographie collective du groupe qu’ils constituent en 1945, il s’agit d’articuler l’analyse compréhensive des raisons d’agir avancées par les acteurs et l’objectivation des positions occupées, tant au plan professionnel qu’au plan politique, dans la perspective d’un engagement partisan rapporté à son insertion dans l’histoire sociale du groupe des psychiatres publics. Articulant sociologie des mobilisations et sociologie des professions, l’étude se centre sur les formes d’hybridation sociale pratique et intellectuelle qui se nouent dans l’action entre pratiques militantes et activité professionnelle vécue comme un engagement.Après avoir mis au jour les dispositions des acteurs et les événements qui créent les prémisses d’une identité de psychiatre communiste, seront étudiées l’action conjointe des mécanismes d’homogénéisation et d’encadrement mis en place par le PCF et les appropriations réalisées par les acteurs, en relation avec les différentes configurations de l’entreprise militante et les reconfigurations de l’espace professionnel. On montre en quoi le capital acquis dans l’espace professionnel est mis au service des objectifs de l’entreprise politique, et en quoi le capital militant est une ressource dans les luttes de reconnaissance de la psychiatrie dans le champ médical. Dans le jeu de ces interactions se construit une identité de psychiatre communiste appelée à se rénover suite à la crise internationale du communisme de 1956 et à l’autonomisation de la psychiatrie qui se réalise en 1968.A la différence d’autres espaces médicaux spécialisés, la nature de l’objet de la psychiatrie, la maladie mentale, met en jeu des conceptions indissociablement médicales et philosophiques quant à la nature de l’individu, à son rapport au monde social et aux normes qui définissent le normal et le pathologique. A ce titre les débats qui traversent la psychiatrie ne sont pas indépendants des controverses philosophiques et du développement des sciences sociales. L’étude s’inscrit donc aussi dans une sociologie historique des intellectuels et dans la problématique du rapport des professions intellectuelles avec le politique. Sont aussi interrogées, les relations entre professions intellectuelles et cadres ouvriers devenus des intellectuels d’institution au sein de l’intellectuel collectif communiste, le lien entre discours savant et discours politique, et les tensions entre définition identitaire et clôture du groupe, et vocation messianique impliquant une ouverture aux évolutions du monde social. En modulant l’image d’un affrontement irréconciliable entre marxisme et psychanalyse, la thèse met au jour un lien fort, fait d’alliances et de concurrences entre le marxisme et la psychanalyse, contre les conceptions biologiques du psychisme.

    Paul Lehner, Les conseillers d’orientation dans l’enseignement secondaire (1959-1993) : un métier « impossible » ?, thèse soutenue en 2017 à Paris 10, membres du jury : Sandrine Garcia (Rapp.), Frédéric Sawicki (Rapp.), Stéphane Beaud, Odile Henry et André Désiré Robert  

    Grâce aux apports de la sociologie de l’action publique, des groupes professionnels et de l’institution, on cherche à comprendre dans cette recherche, consacrée à une sociogenèse du métier de conseiller d’orientation de 1959 à 1993, l’échec (relatif) des conseillers d’orientation pour imposer, et, corrélativement, occuper un domaine de compétences stable, reconnu et valorisé, au sein de l’enseignement secondaire, de 1959 à 1993. Convoitant le champ de compétences du cycle d’observation des aptitudes des élèves – apparaissant dans l’Entre-deux-guerres -, les conseillers d’orientation n’intègrent qu’officiellement l’enseignement secondaire en 1959 avec la réforme de l’enseignement Berthoin. Néanmoins, l’examen du processus d’élaboration des politiques scolaires des années 1950 montre que leurs savoirs et pratiques professionnelles, hérités de la psychologie expérimentale, se heurtent aux logiques dominantes structurant les politiques scolaires, à savoir la préservation de l’ordre scolaire, « menacé » par l’explosion scolaire, et la recherche d’une adéquation de l’École avec l’économie. Ces finalités génèrent une redéfinition du métier de conseiller d’orientation dans les années 1960 neutralisant du même coup les dimensions critiques de leur expertise psychologique. Le conseiller d’orientation est alors censé dépister les « inadaptés scolaires » et informer les élèves des débouchés professionnels. Profitant de la critique de l’arbitraire, dénoncé notamment durant Mai-Juin 68, et de l’avènement de l’échec scolaire comme problème public légitime au début des années 1970, les conseillers d’orientation réussissent à préserver l’unité relative de leur métier et à occuper le champ d’intervention professionnelle de l’échec scolaire. Pour les acteurs des politiques scolaires, ils doivent participer à la fabrication du consentement des élèves à leurs destins scolaires et professionnels, mais doivent également assurer l’information professionnelle des jeunes. Le métier de conseiller d’orientation oscille entre ces deux finalités, y compris de 1981 à 1989. Sous le ministère de l’Education nationale de Lionel Jospin, l’idée du nécessaire consentement de l’élève à son devenir scolaire et professionnel est à nouveau au cœur de la politique scolaire. Elle s’inscrit dans le sillage de l’entreprise de modernisation de l’Ecole, nouvelle thématique au milieu des années 1980. C’est dans ce contexte que s’organise la revendication des porte-paroles des conseillers d’orientation d’être reconnu comme psychologue, statut protégé par la loi de mars 1985. Garantissant leur légitimité à intervenir dans le champ d’intervention professionnelle de l’échec scolaire, le statut de psychologue prémunit le groupe professionnel de redéfinitions illimitées de leur métier ou, du moins, en délimite le champ des possibles.

    Bastien Amiel, La tentation partisane , thèse soutenue en 2017 à Paris 10  

    En combinant une sociologie historique du politique et des rapports entre intellectuels et le champ politique, cette thèse revient sur la création et les quelques mois d’activité du Rassemblement Démocratique Révolutionnaire. Créé en février 1948 par des écrivains et journalistes, des parlementaires de la S.F.I.O. et des militants syndicalistes et politiques, le R.D.R. devait rassembler autour d’un discours de refus du positionnement en fonction de l’alternative entre les « blocs » atlantistes et soviétiques. Il s’agissait pour un certain nombre de ses membres exerçant une profession intellectuelle d’inventer une position au sein du champ politique.A partir d’une biographie collective du groupe, complétée par une sociographie, ce travail met en évidence les particularités sociales de son recrutement et les positions qu’occupaient ses membres en 1948. La perméabilité entre les champs politiques et de production des biens symboliques permet d’expliquer la tentation partisane collective au principe de la création du Rassemblement.L’étude précise de la mobilisation en train de se faire montre que les multiples tentatives d’institutionnalisation du groupe se heurtent finalement à l’impossible stabilisation d’un répertoire de l’action collective. Tout se passe comme si la mobilisation autour du R.D.R. n’était aboutit que pour ses membres intellectuels et qu’à défaut de constituer une entreprise politique légitime, ce parti avait surtout fonctionné comme un « intellectuel collectif ». La réinscription de l’engagement au sein du R.D.R. dans une histoire longue des rapports entre champ politique et de production des biens symboliques souligne comment la conjoncture spécifique allant de la libération du territoire au début de la « guerre froide » a rendu possible une telle tentative de subversion des frontières symboliques au sein du champ du pouvoir.En renonçant à une analyse univoque du RDR comme un « échec », ce sont les enjeux liés à l’intervention politique des intellectuels que ce travail donne à voir.

    Bastien Amiel, La tentation partisane, thèse soutenue en 2017, membres du jury : Rémi Lefebvre (Rapp.), Anne Simonin (Rapp.), Éric Agrikoliansky, Philippe Gottraux et Gisèle Sapiro      

    En combinant une sociologie historique du politique et des rapports entre intellectuels et le champ politique, cette thèse revient sur la création et les quelques mois d’activité du Rassemblement Démocratique Révolutionnaire. Créé en février 1948 par des écrivains et journalistes, des parlementaires de la S.F.I.O. et des militants syndicalistes et politiques, le R.D.R. devait rassembler autour d’un discours de refus du positionnement en fonction de l’alternative entre les « blocs » atlantistes et soviétiques. Il s’agissait pour un certain nombre de ses membres exerçant une profession intellectuelle d’inventer une position au sein du champ politique.A partir d’une biographie collective du groupe, complétée par une sociographie, ce travail met en évidence les particularités sociales de son recrutement et les positions qu’occupaient ses membres en 1948. La perméabilité entre les champs politiques et de production des biens symboliques permet d’expliquer la tentation partisane collective au principe de la création du Rassemblement.L’étude précise de la mobilisation en train de se faire montre que les multiples tentatives d’institutionnalisation du groupe se heurtent finalement à l’impossible stabilisation d’un répertoire de l’action collective. Tout se passe comme si la mobilisation autour du R.D.R. n’était aboutit que pour ses membres intellectuels et qu’à défaut de constituer une entreprise politique légitime, ce parti avait surtout fonctionné comme un « intellectuel collectif ». La réinscription de l’engagement au sein du R.D.R. dans une histoire longue des rapports entre champ politique et de production des biens symboliques souligne comment la conjoncture spécifique allant de la libération du territoire au début de la « guerre froide » a rendu possible une telle tentative de subversion des frontières symboliques au sein du champ du pouvoir.En renonçant à une analyse univoque du RDR comme un « échec », ce sont les enjeux liés à l’intervention politique des intellectuels que ce travail donne à voir.

    Fabien Carrié, Parler et agir au nom des « bêtes » : production, diffusion et réception de la nébuleuse idéologique « animaliste » (France et Grande-Bretagne, 1760-2010), thèse soutenue en 2015 à Paris 10, membres du jury : Fabrice Bensimon (Rapp.), Dominique Guillo (Rapp.), Johanna Siméant-Germanos, Laurent Jeanpierre et Gisèle Sapiro    

    On propose une sociogenèse de la nébuleuse idéologique « animaliste », une histoire sociale de l’idée de représentation politique des bêtes au Royaume-Uni et en France depuis la seconde moitié du 18ème siècle jusqu’à la période contemporaine. Le point de départ de l’étude réside en un constat, à savoir l’existence de rapports et de représentations différenciés à l’animal de chaque côté de la Manche. Ces rapports et représentations s’objectivent dans le niveau de développement des mobilisations collectives pour la libération et le droit des animaux, puissant au Royaume-Uni, faible en France. Il s’agit ici de rendre compte des logiques sociales de production, diffusion, réception et réappropriation, d’une configuration nationale à l’autre, des acceptions successives de l’idée de porte-parolat des bêtes. L’examen des trajectoires, propriétés et positions des agents et des groupes qui se sont saisis de cette idéologie, articulé à l’analyse interne de leurs prises de position, met au jour les enjeux des luttes engagées autour de la prise de parole au nom de l’animal, la prescription des interactions appropriées entre les hommes et les bêtes permettant aux producteurs de l’idée d’affirmer, par analogies, une définition légitime du monde social . En s’attachant à suivre les processus pluriels à l’aune desquels est structurée la nébuleuse, on peut ainsi expliquer les modalités de naturalisation ou non de l’idée de porte-parolat des bêtes en France et au Royaume-Uni et rendre compte des mécanismes de l’universalisation des idéologies au sein des configurations nationales.

    Samir Hadj Belgacem, Représenter les "quartiers populaires" ? : une socio-histoire de l'engagement électoral et partisan dans les cités d'une municipalité communiste, thèse soutenue en 2015 à Paris Ecole normale supérieure sous la direction de Stéphane Beaud, membres du jury : Éric Agrikoliansky (Rapp.), Sylvie Tissot (Rapp.), Céline Braconnier et Annie Collovald  

    Au croisement d’une histoire sociale du pouvoir local, d’une ethnographie des mobilisations électorales et d’une sociologie des porte-parole, cette thèse se consacre à l’étude des conditions de représentation électorale des habitants des cités dans une ancienne municipalité communiste de la banlieue parisienne. Elle s’intéresse aux processus de production de porte-parole et à leur accès au pouvoir municipal. L’enquête s’appuie sur des entretiens approfondis et croisés avec les différents protagonistes, sur des observations directes, sur l’analyse d’archives ainsi que sur des statistiques descriptives. La thèse montre que la faible représentation des porte-parole de cités parmi les élus n’est pas tant liée à une crise des vocations qu’à une crise des débouchés dans un marché électoral fermé et dans un contexte de dévaluation du militantisme partisan. La première partie rend compte du déclin du modèle ouvriériste de représentation des classes populaires et du creusement de la distance sociale entre les élus de la gauche municipale et les fractions minoritaires des classes populaires. La seconde partie explique comment les métiers « d’éducateurs » deviennent une filière propice au porte-parolat et offrent un modèle alternatif de militantisme, faisant de l’encadrement de la jeunesse populaire, un nouvel enjeu de luttes dans l’espace du pouvoir local. Enfin, la dernière partie envisage les logiques d’importation de ces conflits associatifs et professionnels dans le champ électoral. La mobilisation des éducateurs de cités aux élections se déroule en plusieurs étapes, passant de la recherche d’alliances avec la gauche municipale à des logiques de concurrence partisane, puis d’opposition.

    Christelle Dormoy-Rajramanan, Sociogenèse d’une invention institutionnelle : le centre universitaire expérimental de Vincennes, thèse soutenue en 2014 à Paris 10, membres du jury : Laurent Jeanpierre (Rapp.), André Désiré Robert (Rapp.), Brigitte Gaïti et Charles Soulié    

    Relevant de l’intérêt renouvelé de l’histoire sociale pour la période des « années 1968 », ce travail cherche à comprendre à la fois les conditions de possibilité de la création d’une institution telle que le « Centre universitaire expérimental de Vincennes » et comment celle-ci a été initialement façonnée par les investissements pratiques et les projections de ses concepteurs, fondateurs et premiers acteurs. A la croisée de la sociologie des politiques publiques éducatives et de l´histoire sociale des champs intellectuels, la socio-histoire de cette expérience universitaire participe de la connaissance des effets de la crise symbolique sans précédent de Mai 68, et offre une voie d´entrée à l´histoire des idées qui prend en compte simultanément les acteurs mobilisés et mobilisables que sont les étudiants et les enseignants, et leurs négociations avec le pouvoir politique. A l’échelle macro-sociologique, cette recherche s’attache à éclairer les logiques qui président au développement morphologique et symbolique de l´Université depuis les années 50 et participe de la connaissance du fonctionnement de l’Etat et du pouvoir politique en conjoncture de crise. A l’échelle micro-sociologique, elle se veut attentive aux logiques d’action des acteurs sociaux et aspire à comprendre comment et pourquoi, suivant quels représentations, dispositions et intérêts, les acteurs (individuels et collectifs) investissent leurs rôles et « métiers » (de hauts fonctionnaires, responsables politiques, « intellectuels », enseignants-chercheurs, étudiant), sans sous-estimer les contraintes qui pèsent sur eux. Ce travail s’appuie sur des matériaux complémentaires (archives, entretiens, biographies, statistiques) qui permettent de mettre en perspective « données quantitatives » et « données qualitatives », et de renseigner les deux échelles d’analyse.

    Isabelle Gouarné, Philosoviétisme et rationalisme moderne , thèse soutenue en 2010 à Nantes en co-direction avec Martine Mespoulet  

    Le parti communiste français s'est longtemps présenté comme « le Parti de la Raison militante » et de « l'intelligence française », en raison de l'afflux dans ses rangs de nombreux intellectuels. Cette recherche se propose d'étudier comment, dans l'entre-deux-guerres, se sont noués les rapports entre le monde universitaire-scientifique français et le monde communiste, alors en voie de formation. Son parti pris méthodologique est de suivre au plus près un groupe concret d'une quarantaine d'intellectuels dans divers espaces sociaux. Celui-ci s'est formé à partir de 1932 au sein de la Commission scientifique du Cercle de la Russie neuve et fut à l'origine, en 1939, du lancement de la revue La Pensée, Revue du rationalisme moderne, publiée par les éditions sociales internationales, la maison d'édition du Parti communiste français. Réaliser la biographie collective de ce groupe permet d'examiner les rapports entre milieux intellectuels et monde communiste sous trois angles : 1°/les conditions d'émergence dans les années 1920, de ce qu'on appellera le philosovi étisme et qu'on définira comme l'ensemble des attitudes favorables et des rapports positifs envers le communisme soviétique ; 2°/le travail d'homogénéisation et de construction d'une nouvelle position épistémologique, celle du « rationalisme moderne » ; 3°/la mise à l'épreuve de cette nouvelle posture intellectuelle et la définition d'un programme marxiste dans l'univers des sciences sociales.

    Ludivine Balland, Une sociologie politique de la crise de l'Ecole , thèse soutenue en 2009 à Paris 10  

    La thématique de la crise de l'Ecole est aujourd'hui omniprésente dans les discours publics. Si l'on peut attester de l'existence de ces nombreux discours à différentes périodes, le début des années 1980 est décisif car il constitue un moment de solidification et de politisation de cette doxa. A partir de ces années charnières, cette thèse se propose d'examiner les différents niveaux de formulation de la "crise de l'Ecole" : le débat public (l'espace des livres publiés sur l'Ecole, émissions télévisées, presse écrite) ; le champ politique et en particulier, le rôle des cabinets ministériels dans le travail de la consécration étatique de la crise ; les établissements scolaires enfin, pour apprécier aujourd'hui la manière dont les enseignants se positionnent, reprennent on non cette vision dominante de leur métier.

    Ivan Bruneau, La Confédération paysanne , thèse soutenue en 2006 à Paris 10  

    Consacrée à la Confédération paysanne, cette recherche se donne pour objet le travail social qu'effectuent ses militants pour donner forme simultanément à leur existence propre et au collectif qu'ils investissent à cette fin, ce que l'expression à multiples sens de "juste distance" tend à désigner. Fondée sur les archives de l'organisation, des entretiens biographiques approfondis et répétés, un suivi ethnographique de plusieurs années sur deux sites choisis pour le système des différences qu'ils permettent d'appréhender (l'Orne et l'Aveyron), elle vise à inscrire cette histoire dans une histoire occultée, celle de Mai juin 1968, et dans l'actuelle constellation des mouvements de contestation (l'altermondialisation). Sociologie des engagements à la fois professionnels, syndicaux et "idéologiques" attentive au sens que les acteurs donnent à leur(s) lutte(s), elle cherche enfin à rendre compte de l'inscription de ces histoires individuelles et collectives dans le monde agricole français.

    Boris Gobille, Crise politique et incertitude , thèse soutenue en 2003 à Paris EHESS  

    La thèse propose une contribution à l'analyse des événements de mai-juin 1968 en France. Sous l'angle d'une socio-histoire du temps court, elle prend pour objet les répertoires et les logiques d'action collective des écrivains dans la crise, en les resituant à la fois par rapport à la dynamique spécifique des événements et par rapport aux trajectoires et aux positions sociales, politiques et littéraires des auteurs engagés. En construisant la notion d'événement comme " rupture d'intelligibilité ", elle place au cœur de l'analyse la rencontre entre l'incertitude de la vie d'écrivain, mise en lumière par la sociologie des professions artistiques, et l'incertitude tactique et cognitive caractéristique des crises politiques. Elle entend ainsi repérer les imaginaires lettrés et la critique artiste qui façonnent à la fois le sens que les écrivains confèrent à des événements largement inattendus et les formes qu'ils donnent à leurs mobilisations.

    Isabelle Charpentier, Une intellectuelle déplacée , thèse soutenue en 1999 à Amiens  

    Cette thèse se propose de penser selon une problématique de science politique tant l'oeuvre de l'écrivain français Annie Ernaux, bénéficiant d'un important succès public, que ses réceptions et usages sociaux et politiques. La trajectoire sociale de l'auteur est d'abord reliée aux particularités de son oeuvre et de sa position dans le champ littéraire : sont ainsi reconstitués l'histoire personnelle et sociale ainsi que les engagements politiques d'Annie Ernaux et la genèse de son rapport à l'ecriture, les déterminants et enjeux sociaux, politiques et littéraires de son travail d'écriture, enfin l'invention d'une position originale (sinon marginale) au sein du champ littéraire français contemporain. Sont ensuite étudiées les réceptions des récits de l'écrivain : les appropriations contrastées et évolutives des principaux critiques littéraires semblent ainsi à relier à la position ambigüe qu'occupe (et dont joue) Annie Ernaux entre littérature et sociologie, ainsi qu'à son souci constant de contrôler sa propre réception. LL (dé)valorisation et les usages de l'oeuvre par deux catégories de médiateurs culturels (bibliothécaires et professeurs de lettres notamment de l'enseignement technique-) sont encore envisagés. Enfin, les réceptions "ordinaires" de l'écrivain sont analysées à travers son courrier des lecteurs. Grâce à un objet "littéraire", cette étude vise donc à progresser dans la compréhension de la diversité des rapports au monde social et politique (gestion et consolidation des dispositions politiques). Une homologie de position et de dispositions entre le "cas Ernaux" et ses lecteurs peut aider à trouver dans le succès de l'oeuvre la manifestation d'une communauté de perception du monde, révélatrice d'un rapport à la politique d'agents sociaux marqués par l'expérience d'une mobilité sociale ascendante. Enfin, l'analyse restitue à la variable du "genre" ("gender") toute son importance dans la gestion des rapports de domination qui structurent le monde social

  • Camelia Runceanu, Les intellectuels et la recomposition de l'espace public roumain après 1989. Le cas du Groupe pour le Dialogue Social., thèse soutenue en 2018 à Paris Sciences et Lettres ComUE sous la direction de Gisèle Sapiro, membres du jury : Daniel Barbu, Ioana Cîrstocea et Frédérique Matonti  

    Le but de cette recherche est de rendre compte de quelques dominantes de l’espace intellectuel roumain lors du passage du socialisme d’État à la démocratie représentative et des effets dans différentes sphères d’activité intellectuelle dus aux changements dans l’ordre social tenant de l’installation des du marché et de la disparition progressive d’une économie régie par l’État. Le terrain de la recherche est constitué par un groupement d'intellectuels mis en place les derniers jours de décembre 1989, au moment même des transformations politiques déclenchées par la chute du régime communiste en Roumaine. Le Groupe pour le Dialogue Social (GDS) fut le premier et resta le plus influent et stable groupement de la période postcommuniste ayant dans sa composition des auteurs ayant acquis leur reconnaissance sous le communisme, ainsi que de jeunes scientifiques formés également avant 1989. L’une des raisons de cette réussite consiste dans l’autorité culturelle accumulée par sa publication, l’hebdomadaire 22, qui se distingua parmi les publications intellectuelles et contribua de façon paradigmatique à la redéfinition de cet espace marqué après 1989 par l’intérêt accru pour des questions politiques et le monde politique. La nouveauté et la singularité du Groupe consistèrent en la durabilité du cumul des notoriétés : prestige obtenu par la majorité des membres comme auteurs de la période communiste, notoriété acquise par d'autres en tant que dissidents, mais aussi reconnaissance gagnée par certains autres à partir de 1990. Ces types de notoriété mis ensemble se sont manifestés par des engagements, collectifs et individuels, dont les formes furent multiples et diverses, consécutives et simultanées : textes publiés dans l'hebdomadaire du Groupe, interventions à l’occasion des rencontres avec des politiques, lettres ouvertes, expertise fournie aux organisations civiques ou à des structures politiques, articles publiés dans la presse spécialisée, essais et études politiques, participation à des associations civiques, enrôlement dans des partis politiques. La notoriété obtenue par bon nombre d’intellectuels du GDS, la durabilité du Groupe, sa tribune, 22, des investissements successifs dans la politique, du Groupe mais aussi individuellement, donnent du pouvoir à ses (re)présentations lorsque l’espace politique se structure autour du refus du communisme, l’« anticommunisme », et des anciens « communistes », membres de la nomenklatura surtout. Le GDS inclut des représentants des professions littéraires qui ont acquis leur reconnaissance et sont même devenus des figures notoires avant 1989, mais le GDS n’hésitera pas à intégrer aussi bien des journalistes que des juristes qui n’ont pas acquis leur reconnaissance comme auteurs, ne sont ni artistes ni scientifiques. L’hétérogénéité qui le caractérise, à travers une analyse de leurs trajectoires sociales et professionnelles et de leurs liens avec d’autres intellectuels et des politiques, permet d’esquisser des idées sur la situation et la place des intellectuels dans l’espace social pendant la période communiste mais surtout après 1989, et non seulement de ceux qui sont des membres de ce groupement. Ce travail traite des pratiques proprement intellectuelles, mais surtout discursives, dans une analyse des textes à visée scientifiques et des textes journalistiques, regardant du côté des modes et des moyens d’occuper l’espace public formé par ces discours et ceux qu’ils suscitaient. Empruntant une approche socio-historique et s’inscrivant dans une approche relationnelle, ce travail porte sur les diverses formes que prend la politisation au sein des champs spécifiques – militantisme, entrée en politique, mobilisation politique et démobilisation des intellectuels – et sur les professions intellectuelles à l’aube et à l’épreuve de la démocratie et au service du processus de démocratisation.

    Mathilde Sempé, L’invention d’une identité régionale : la Bretagne et le livre (1945-2014), thèse soutenue en 2014 à Paris 10 sous la direction de Emmanuel Wallon, membres du jury : Romain Pasquier (Rapp.), Gisèle Sapiro (Rapp.), Marine de Lasalle    

    À partir d’une approche socio-historique, la thèse propose une analyse des mécanismes de fabrication d’une politique du livre en Bretagne. En restituant les logiques sociales à l’œuvre dans le processus de naturalisation d’une politique publique de la culture, de la période de la Libération à la période actuelle, l’étude entend retracer les configurations successives de négociations et de luttes – entre les agents de l’Etat et les agents sociaux qui composent l’espace régional (notamment au sein des champs éditorial et politique) – pour le monopole de la définition d’une « identité régionale ». Dans cette perspective, « le livre » constitue un instrument légitime de production et de promotion de perceptions antagonistes de « la culture ». De sorte que le retour sur les conditions sociales et historiques d’émergence d’une catégorie d’intervention publique révèle les usages différenciés du « livre » et les enjeux politiques de « la culture », en les rapportant aux trajectoires individuelles et collectives des agents investis dans l’espace des mouvements sociaux bretons, en fonction d’une conjoncture nationale de prise de conscience régionale et de remise en cause de l’ordre symbolique établi. Il conduit par ailleurs à repérer le travail de représentation politique des institutions régionales consistant à homogénéiser une politique culturelle et le sens public qui en découle. De l’incorporation d’une indignité culturelle au renversement de l’ordonnancement légitime du monde social, l’histoire de la politique du livre en Bretagne met ainsi au jour les rapports de force engagés, avec et contre l’Etat, pour l’institutionnalisation de la région.

  • Pauline Clech, Engagement et mobilité sociale par la culture : étude de trois configurations politiques et artistiques en banlieue rouge (1960-2014), thèse soutenue en 2015 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Marco Oberti et Edmond Préteceille, membres du jury : Olivier Schwartz (Rapp.), Vincent Dubois  

    La thèse porte sur l'étude comparée de trois configurations artistiques situées dans des espaces historiquement gérés par des élus communistes (Saint-Denis, Nanterre, Conseil général de la Seine-Saint-Denis). Dans ces configurations, il s'est agi de mettre au jour les logiques sociales et historiques permettant la reconnaissance de certaines formes artistiques (théâtre, fêtes de ville, cirque, arts de la rue, hip hop, musique principalement). L'approche repose sur une analyse dispositionnelle et relationnelle des individus impliqués dans ces phénomènes de légitimation ou d'illégitimation artistiques. Remonter aux schèmes de perception du monde social et aux contextes de leur actualisation permet d'en comprendre les ressorts. Cette analyse a permis d'identifier l'existence d'individus politisés s'engageant dans les mondes de l'art ou dans le champ politique pour subvertir les rapports sociaux dominants. Outre l'analyse des conséquences de ces engagements sur le paysage artistique, la thèse porte sur l'étude des incidences biographiques, territoriales et politiques croisées. Position sociale, engagement et institutions locales sont dialectiquement liées. Au cours de leur engagement, ces individus atteignent les classes moyennes et en constituent une strate bien spécifique : politisée, autochtone et disposant d'un capital culturel non certifié par des diplômes. L'existence de cette strate, dans les espaces étudiés, a des incidences sur la structuration de la société locale. L'autochtonie et les essais de définition d'une société basée sur un "roman national" post-colonial sont les deux dimensions qui ont été principalement étudiées.

    Frédéric Chateigner, "Education populaire" : les deux ou trois vies d'une formule, thèse soutenue en 2012 à Strasbourg sous la direction de Vincent Dubois et Gérard Mauger, membres du jury : Françoise Laot (Rapp.), Alice Krieg    

    L'expression « éducation populaire » connaît en France une nouvelle fortune depuis les années 1990. La recherche vise à éclaircir le sens et les causes de ce retour en grâce discursif. On définit la séquence « éducation populaire » comme une formule, au sens de l'analyse du discours, en lien avec la notion de catégorie. L'étude du retour contemporain de celle-ci impose un long détour par son histoire. Celle-ci se décompose en deux cycles complet constitués de phases d'émergence, de consécration et de déclin autour d'un usage de la formule comme quasi-catégorie : sous-catégorie de l'Instruction publique entre la Révolution française et les années 1930, puis catégorie détachée de l'École mais associée à des formules concurrentes et bientôt reléguées par elles au rang d'ancêtre mythique. La période contemporaine se présente comme l'émergence d’un usage détaché de l’animation socioculturelle et orientée vers la formation militante et la repolitisation des politiques culturelles ; ce nouvel usage, qui demeure toutefois en concurrence avec une remobilisation du secteur Jeunesse et Éducation populaire, réintroduit en outre les pratiques d’origine scolaires que ce dernier avait écartées.

  • Tristan Rouquet, Vies et morts symboliques des intellectuels collaborateurs : perdre et tenir position face au stigmate, thèse soutenue en 2022 à Paris 10 sous la direction de Valérie Tesnière et Antonin Cohen, membres du jury : Anne Simonin (Rapp.), Gisèle Sapiro (Rapp.), Jacques Cantier    

    Cette thèse porte sur le (re)positionnement, après-guerre, des gens de lettres ayant collaboré durant l'Occupation. Cet objet questionne, dans le cadre d'une sociologie des intellectuels, la contradiction qui s'opère entre la valorisation du patrimoine littéraire et la gestion mémorielle de Vichy et, ainsi, interroge de manière plus générale les interactions entre le champ littéraire et le champ politique. La perspective proposée pour saisir les termes de ces interférences est l'étude du stigmate de collaborateur, en tant que contrainte et en tant que ressource. A ce titre, la prosopographie de la population considérée, le recensement de l'ensemble de leurs œuvres (éditions, rééditions, préfaces, genre) ainsi que la restitution de certaines trajectoires biographiques et, surtout, l'analyse de la façon dont ces acteurs furent perçus dans leur espace social de référence se présentent comme autant de manières d'appréhender empiriquement une histoire longue des écrivains ayant collaboré.

    Nicolas Simonpoli, La Griffe Cégétiste : une sociologie historique de la reconversion professionnelle des cadres syndicaux de la CGT (années 1970-2010), thèse soutenue en 2020 à Paris 10 sous la direction de Stéphane Beaud, membres du jury : François Buton (Rapp.), Cécile Guillaume (Rapp.), Anne-Catherine Wagner et Manuel Schotté    

    Cette thèse s’intéresse aux politiques de reconversion professionnelle des cadres syndicaux menées par la Confédération générale du travail (CGT) au cours des décennies 1970-2010. Elle se propose d’étudier leur mise en œuvre au prisme d’une grille d’analyse relationnelle et située prenant en compte la construction du capital militant des syndicalistes, la structure des espaces professionnels traversés ainsi que l’histoire des dispositifs d’accompagnement qu’ils fréquentent au moment de leur transition professionnelle. À partir de terrains d’enquête multiples, comprenant aussi bien le siège de l’organisation, les formations universitaires ou la Troisième voie d’accès à l’ENA (1983-1986), cette étude cherche à comprendre comment se façonne une griffe cégétiste, marque sociale stigmatisée et/ou valorisée, dont la valeur se révèle au moment de la reconversion. Pour ce faire, elle veille à restituer le phénomène dans son historicité, en le réinscrivant dans l’ensemble des déplacements sociaux réalisés tout au long de la carrière syndicale ou encore en signalant l’inégalité des syndicalistes devant les dispositifs de reclassement. Loin des modèles volontaristes et individualistes qui président généralement à son explication, cette thèse envisage ainsi la reconversion comme une réalité construite, négociée et collective. Les itinéraires des reconvertis ne pouvant être appréhendés qu’au regard des institutions – militantes, scolaires et professionnelles – qui participent à les fabriquer.

    Alexandre Mamarbachi, Emergence, construction et transformations d’une « cause » , thèse soutenue en 2020 à Paris 10 sous la direction de Annie Collovald  

    Cette thèse est une contribution à la sociologie des problèmes publics, de l’action collective et des groupes d’intérêt. Elle interroge les conditions d’émergence d’une « cause » au début des années 1960 et ses transformations successives. Comment la défense d’un intérêt particulier, celui des populations palestiniennes, a-t-elle conduit à l’affirmation d’une identité politique par les groupes revendiquant une nation palestinienne ? On montre que la construction de cette cause s’est inscrite dans une conjoncture marquée par l’indépendance de l’Algérie et la décolonisation : elle a été indexée à la cause algérienne et au Tiers-Monde. Le ralliement de soutiens extérieurs a contribué à renforcer et légitimer cette revendication. A la fin des années 1970, le problème est reformulé dans le cadre de la protection des droits de l’homme : des associations de juristes se mobilisent en invoquant le droit international humanitaire (DIH) pour plaider en faveur de ces populations. Une défense juridique et morale est mise en œuvre pour promouvoir cette cause : le soutien international s’insère dans l’espace des mobilisations humanitaires et l’aide au développement ; de nouveaux acteurs, les ONG et les collectivités territoriales, mènent des coopérations en faveur du développement avec les collectivités palestiniennes. Les ressources mobilisées sont l’expertise, le droit, le plaidoyer international, caractéristiques du répertoire transnational-solidariste. L’enquête de terrain montre précisément de quelle façon une municipalité en France a conduit une coopération avec un camp de réfugiés en Cisjordanie. Les élus municipaux et les acteurs associatifs se sont investis dans un « jumelage » en soutenant un micro-projet porté par des femmes. Cette action publique vise à promouvoir la « culture de la paix » et les « coopérations solidaires » : l’action humanitaire permet de justifier l’engagement municipal et de mobiliser les habitants.

    Alexandre Mamarbachi, Emergence, construction et transformations d'une « cause », thèse soutenue en 2020 sous la direction de Annie Collovald, membres du jury : Frédérique Matonti (Rapp.), Pénélope Larzillière (Rapp.), Lilian Mathieu      

    Cette thèse est une contribution à la sociologie des problèmes publics, de l’action collective et des groupes d’intérêt. Elle interroge les conditions d’émergence d’une « cause » au début des années 1960 et ses transformations successives. Comment la défense d’un intérêt particulier, celui des populations palestiniennes, a-t-elle conduit à l’affirmation d’une identité politique par les groupes revendiquant une nation palestinienne ? On montre que la construction de cette cause s’est inscrite dans une conjoncture marquée par l’indépendance de l’Algérie et la décolonisation : elle a été indexée à la cause algérienne et au Tiers-Monde. Le ralliement de soutiens extérieurs a contribué à renforcer et légitimer cette revendication. A la fin des années 1970, le problème est reformulé dans le cadre de la protection des droits de l’homme : des associations de juristes se mobilisent en invoquant le droit international humanitaire (DIH) pour plaider en faveur de ces populations. Une défense juridique et morale est mise en œuvre pour promouvoir cette cause : le soutien international s’insère dans l’espace des mobilisations humanitaires et l’aide au développement ; de nouveaux acteurs, les ONG et les collectivités territoriales, mènent des coopérations en faveur du développement avec les collectivités palestiniennes. Les ressources mobilisées sont l’expertise, le droit, le plaidoyer international, caractéristiques du répertoire transnational-solidariste. L’enquête de terrain montre précisément de quelle façon une municipalité en France a conduit une coopération avec un camp de réfugiés en Cisjordanie. Les élus municipaux et les acteurs associatifs se sont investis dans un « jumelage » en soutenant un micro-projet porté par des femmes. Cette action publique vise à promouvoir la « culture de la paix » et les « coopérations solidaires » : l’action humanitaire permet de justifier l’engagement municipal et de mobiliser les habitants.

    Nicolas Azam, Se confronter à "l'Europe" : prises de position et recompositions du PCF, thèse soutenue en 2015 à Paris 1 sous la direction de Yves Déloye, membres du jury : Antoine Roger (Rapp.), Jean Vigreux (Rapp.)  

    Cette thèse est une étude de la production des prises de position partisanes sur l'intégration européenne. Elle entend rompre avec la logique classificatoire privilégiée dans les travaux sur « l'euroscepticisme ». Pour ce faire, elle adopte une approche relationnelle de la compétition politique attentive aux contextes international, interpartisan et intrapartisan. A partir de ce cas particulier qu'est le Parti communiste français, il s'agit de restituer l'émergence progressive d'une catégorie « Europe » associée à la construction européenne, et la manière avec laquelle le problème communautaire et les enjeux afférents ont été construits, les grilles de lecture à travers lesquels ils ont été interprétés. Ainsi, elle interroge à nouveaux frais les changements occasionnés par l'intégration européenne sur les espaces nationaux en montrant des dynamiques de spécialisation et l'éclosion d'un personnel politique spécifiquement en charge de ces questions au sein d'un parti politique pourtant souvent classé parmi les partis hostiles ou critiques envers le processus d'intégration européenne. Par ce biais, elle met aussi en évidence les recompositions plus générales dont ce parti politique est l'objet.

    Nedjib Sidi Moussa, Devenirs messalistes (1925-2013) : sociologie historique d'une aristocratie révolutionnaire, thèse soutenue en 2013 à Paris 1 sous la direction de Johanna Siméant-Germanos, membres du jury : Todd Shepard (Rapp.), Alexis Spire (Rapp.), Raphaëlle Branche  

    Cette thèse propose une sociologie de l'engagement révolutionnaire et, plus singulièrement, des trajectoires révolutionnaires en situation coloniale et des trajectoires coloniales en situation révolutionnaire. Son objectif est de comprendre comment des Algériens colonisés deviennent révolutionnaires, comment ils font la révolution et comment ils cherchent à lui rester fidèle) à l'indépendance de l'Algérie. En prenant pour objet les dirigeants du courant de Messali Hadj membres du Conseil national révolutionnaire (CNR) à l'été 1954, nous tentons de dépasser les bornes chronologiques traditionnellement associée à la « guerre d'Algérie» pour étudier la formation d'une aristocratie révolutionnaire attachée à la forme partisane et à son chef historique. Sans réduire les devenirs messalistes au destin de leur leader emblématique, pionnier du nationalisme depuis l'entre-deux-guerres, nous soulignons le caractère situationnel du charisme messalien. Cette recherche invite à prendre en considération tout le travail des protagonistes intéressés par la trajectoire de la révolution algérienne (anticolonialistes, forces de répression, organisations concurrentes) et à prêter attention aux effets de structure dans l'analyse. À cet effet, des archives institutionnelles et privées ont été consultées, ainsi que la presse militante et des revues publiées sur plusieurs décennies. Des entretiens ont été réalisés avec des militants et leurs descendants en Algérie et en France.

    David Gouard, La "banlieue rouge" face au renouvellement des générations : une sociologie politique des cités Maurice Thorez et Youri Gagarine à Ivry-sur-Seine, thèse soutenue en 2011 à Montpellier 1 sous la direction de Jean-Yves Dormagen, membres du jury : Florence Haegel (Rapp.), Michel Hastings (Rapp.), Céline Braconnier et Olivier Masclet  

    Durant plusieurs décennies, au sein de ce qui s'est appelé la « banlieue rouge », Ivry-sur-Seine faisait figure de « bastion » modèle pour le Parti Communiste Français. Le communisme municipal ivryen avait fait de ses cités ouvrières des espaces laboratoires au service d'un creuset d'affiliation sociopolitique particulièrement efficace. Jusqu'au tournant des années 1980, aux cités Maurice Thorez et Youri Gagarine, les résultats électoraux enregistrés par les différents représentants communistes en ont attesté. Avec la remise en cause du modèle de politisation fondé sur l'écosystème industriel, le renouvellement des générations pose avec acuité la question des conditions de reproduction d'une affiliation sociopolitique favorable aux représentants communistes. Une approche ethnographique sur la longue durée a permis de renseigner cette question. Depuis le milieu des années 1980, la trajectoire sociopolitique contrastée des deux quartiers atteste des ruptures infra-communales touchant ce type de territoire de la banlieue parisienne. Dans le quartier Youri Gagarine, la majorité des anciennes familles ouvrières a été remplacée par les nouveaux milieux populaires essentiellement composés de populations issues de l'immigration. Entretenant une historicité tout à fait différente à l'égard de l'étiquette « communiste(s)», les nouvelles générations participent, parfois activement, d'une contestation de l'ancienne autorité politique locale. À l'inverse, dans le quartier Maurice Thorez, situé au cœur du centre-ville, les descendants des familles ivryennes les plus proches de l'appareil partisan et/ou municipal ont maintenu résidence. Dans ce quartier, autour d'une endocratie politique locale, se maintiennent des liens communautaires fonctionnant de manière relativement indépendante de l'ancien encadrement partisan. Pour de nombreuses familles ivryennes appartenant à la classe moyenne, le maintien d'une certaine autorité communiste facilite leur accompagnement social, politique et électoral des métamorphoses contemporaines du communisme municipal.