Yves Buchet de Neuilly

Professeur
Science politique.
Département de Science politique

Centre Européen de Sociologie et de Science Politique
  • THESE

    Les cheminements chaotiques de la politique étrangère européenne : interdépendances, concurrences, échanges croisés et processus d'institutionnalisation dans un univers de jeux multiples, soutenue en 2001 à Paris 1 sous la direction de Daniel Gaxie

  • Yves Buchet de Neuilly, L'Europe de la politique étrangère, Economica, 2005, Études politiques, 255 p. 

    Yves Buchet de Neuilly, La Décentralisation à l'épreuve de l'aménagement urbain. Restructuration des espaces territoriaux et coopération intercommunale dans la boucle de Montesson, l'auteur, 1996 

  • Yves Buchet de Neuilly, « Les frontières des organisations internationales. Autonomie et dépendances des engagements de sécurité collective », in Lilian Mathieu, Violaine Roussel (dir.), Penser les frontières sociales, Presses Universitaires de Lyon, 2019   

    Yves Buchet de Neuilly, « Février 2012 et l'élargissement de l'Union européenne à la Serbie. Coups imbriqués et connexions d'enjeux », in Brigitte Gaïti, Johanna Siméant (dir.), La consistance des crises Autour de Michel Dobry, Presses Universitaires de Rennes, 2018, pp. 197-221   

    Yves Buchet de Neuilly, « La crise ? Quelle crise ? »: Dynamiques européennes de gestion des crises, Crises extrêmes. Face aux massacres, aux guerres civiles et aux génocides, La Découverte, 2006, pp. 270-286   

  • Yves Buchet de Neuilly, « Y a-t-il un pilote dans la gestion des crises ? Attentes et enjeux de cohérence dans les interventions européennes extérieures », Revue française d’administration publique, 2022, n°1, pp. 149-165 

    Yves Buchet de Neuilly, « Presence on the Ground: Expectations, Resources and Tactical Moves in the Negotiation of a UN Peacekeeping Operation in the Central African Republic », Journal of Intervention and Statebuilding, 2019, n°3, pp. 323-339 

    Yves Buchet de Neuilly, « Le diplomate et le journaliste : Intérêts et enjeux du sourcing d'informations de politique étrangère », Politiques de communication , 2013, n° ° 1, pp. 181-208    

    Les relations entre les journalistes et leurs sources sont généralement appréhendées à partir de la production médiatique. Cet angle d’approche ne permet pas suffisamment de saisir les logiques structurelles qui relient le champ journalistique à d’autres champs - ici diplomatique - dans lesquels sont localisées des sources, ni les raisons pour lesquelles certains acteurs de ces champs investissent dans la fourniture d’informations à destination des médias, ponctuellement ou non. Nous analysons ici dans quelles conditions et avec quelles difficultés certains acteurs du champ diplomatique peuvent faire de cette circulation d’informations une ressource, dans leur propre champ, dans le champ journalistique ou dans le champ politique.

    Yves Buchet de Neuilly, « Sous l'emprise de la présidence : Déplacements structurels, construction des intérêts et stratégies des diplomates au Conseil », Politique européenne , 2012, n° ° 35, pp. 83-113    

    L’accès à la présidence de l’Union européenne est généralement perçu comme l’opportunité pour un État membre d’occuper le devant de la scène et de faire progresser son agenda. Mais cette approche stato-centrée, homogénéisante, et qui naturalise les intérêts nationaux, ne permet pas de saisir le véritable impact de ce déplacement dans la structure des jeux européens. Les ressources que procure ce statut, mais aussi ses contraintes, modifient la position relative des représentants de l’État, leurs options, leurs aspirations et leurs stratégies. Ce déplacement structurel n’opère pas pour tous les représentants d’un même état (ici la France en 2008) dans une même direction. L’investissement différentiel du rôle de présidence est d’abord tributaire des équilibres, des dynamiques et des arrangements propres à chaque secteur de l’action publique européenne.

    Yves Buchet de Neuilly, David Ambrosetti, « Les organisations internationales au cœur des crises »: Configurations empiriques et jeux d'acteurs, Cultures & conflits, 2009, n°75, pp. 7-14   

    Yves Buchet de Neuilly, « L'irrésistible ascension du haut représentant pour la PESC : une solution institutionnelle dans une pluralité d 'espaces d 'action européens », Politique européenne , 2002, n° ° 8, pp. 13-31    

    Pour comprendre la place centrale qu’occupe le Haut Représentant pour la PESC, on ne peut se contenter de focaliser l’attention sur les qualités personnelles de Javier Solana, premier titulaire de la fonction. Cet article montre qu’il faut repérer et étudier les espaces structurellement différenciés dans lesquels sont statut et son rôle se sont définis. En effet, c’est pour des motifs différents, dans des circonstances variées et selon des modes de pensées et d’action divers que cette innovation institutionnelle a été mise en avant par des acteurs concurrents dans l’espace de la conférence intergouvernementale puis dans celui de la pratique de la politique étrangère européenne.

    Yves Buchet de Neuilly, « La politique étrangère et de sécurité commune. Dynamique d'un système d'action », 1999, pp. 127-146    

    Buchet de Neuilly Yves. La politique étrangère et de sécurité commune. Dynamique d'un système d'action. In: Politix, vol. 12, n°46, Deuxième trimestre 1999. La santé à l'économie, sous la direction de Patrick Hassenteufel. pp. 127-146.

  • Yves Buchet de Neuilly, European External Relations Fields: The Multi-Pillar Issue of Economic Sanctions Against Serbia, 2003   

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Maïlys Mangin, La conversion de l'AIEA à la lutte contre la prolifération nucléaire : une internationalisation tactique des jeux gouvernementaux nord-américains, d'Atoms for peace aux sanctions contre les « Atomic ayatollahs », thèse soutenue en 2022 à Université de Lille 2022, membres du jury : Grégoire Mallard (Rapp.), François-Xavier Dudouet (Rapp.), Florent Pouponneau    

    Cette thèse analyse les transformations des missions de non-prolifération nucléaire de l’AIEA (Agence Internationale de l'Énergie Atomique) et des usages qui en sont faits, de sa création pendant la guerre froide à la crise nucléaire iranienne. Elle expose les fondements sociaux d'un processus de politisation de l’AIEA, caractérisé par l'intensification et la conflictualisation des échanges de coups entre les acteurs et secteurs sociaux qui mobilisent les ressources institutionnelles de cette OI. A partir d'entretiens et d'archives variés, la thèse met ainsi en lumière les contraintes que ce contexte de politisation exerce sur les perceptions et les pratiques des acteurs à l'intérieur comme à l'extérieur des frontières institutionnelles de l'AIEA. La thèse retrace d’abord comment le système bipolaire, puis son effondrement, pèsent sur la façon dont les acteurs de la politique étrangère nord-américaine se saisissent du problème de la prolifération nucléaire, et structurent les formes de mobilisation de l'AIEA à cet égard. Après avoir été un effet secondaire de la politique d'exportation nucléaire civile des États-Unis, les activités de non-prolifération de l'AIEA sont remises en question dans le cadre de luttes étasuniennes pour la restructuration post-guerre froide de la politique étrangère au Moyen-Orient. Cette thèse analyse ensuite comment ce processus de politisation, en tant que logique de situation, structure la façon dont l’expertise de l'AIEA est produite et mobilisée dans le cadre du dossier iranien. Elle démontre que l'enquête de l'AIEA en Iran, à partir de 2003, constitue autant un processus technique autonome qu'un carburant de la compétition pour la définition des activités nucléaires iraniennes (in)acceptables. En cela, cette thèse propose une alternative à la sociologie « circulatoire » en substituant à l'étude des logiques d'import-export entre espaces nationaux celle d'une interdépendance tactique entre des espaces sociaux sans proximité géographique. Dépassant l’opposition entre usages instrumentaux et vertus légitimantes des OI, cette approche participe à renouveler l’analyse des usages stratégiques des OI et leurs effets.

    Bogdan Topan, Transgression de la logique de transgression de l'OTAN dans le contexte des guerres hybrides., thèse en cours depuis 2022 en co-direction avec Ruxandra Ivan 

    Cosme Journiac, La Chine se mobilise. Acteurs et dynamiques d'engagement dans les opérations de maintien de la paix., thèse en cours depuis 2019 

    Mélissa Haussaire, La fabrique de l'Etat sous régime d'aide. Construction d'une administration extravertie au Sénégal., thèse soutenue en 2019 à Université de Lille 20182021 en co-direction avec Olivier Nay    

    Depuis les années 2000 les programmes de coopération internationale mettent l’accent sur le renforcement de l’État et de nombreuses interventions sont consacrées à la « bonne gouvernance ». Mais l’étude des interventions internationales dédiées à ces réformes ne suffit pas à cerner les effets de la présence des bailleurs sur la construction de l’Etat. Les dispositifs d’aide ont des effets sur l’architecture administrative et la professionnalisation des agents qui sont plus larges et qui s’ancrent dans le temps long. En prenant pour objet la construction et la mise en œuvre des dispositifs de gestion de l’aide au niveau national et la manière dont les élites dirigeantes, politiques et administratives, s’en saisissent, cette thèse observe les stratégies d’extraversion et les reconfigurations de pouvoir qui en résultent. Elles reposent sur la réappropriation et la création d’instruments qui correspondent aux mots d’ordre internationaux par des acteurs multiples. Nous étudions plus spécifiquement les stratégies d’extraversion des agents du ministère des Finances et les directeurs et salariés des projets financés par les fonds extérieurs. La construction d’une administration extravertie, si elle donne lieu à des concurrences autour de la gestion et de l’usage des fonds, n’entraîne pas seulement une fragmentation de l’État. Au-delà de la création d’enclaves bureaucratiques ou de l’apparition d’une élite internationale, l’aide est appropriée par les acteurs locaux qui l’inscrivent dans des logiques endogènes à l’administration (les luttes administratives, les hiérarchies existantes, les liens avec le monde politique) dans laquelle ils sont fortement ancrés.

    Piero fabio Tellerias melgarejo, La traduction d'une fiction. Formations Community Emergency Response Team , thèse en cours depuis 2018 

    Maxime Godefroy, Maintenir la paix, mais laquelle ? : Interdépendances, zones d'action et conjoncture de maintien de la paix dans le secteur de la sécurité collective, thèse soutenue en 2016 à Lille 2 en co-direction avec Olivier Nay    

    A travers l’exemple des opérations de maintien de la paix (OMP) conjointes entre les Nations Unies et l’Union européenne au Tchad et en République centrafricaine (Eufor Tchad-RCA et Minurcat) entre 2008 et 2010, cette thèse questionne les mécanismes qui mènent au déclenchement d’une opération de sécurité collective dite de maintien de la paix ainsi que son déroulement. Alors que les analyses anglo-saxonnes du maintien de la paix dans le champ des Relations internationales questionnent peu le processus qui mène à leur déploiement, faisant de celui-ci une réponse quasi rationnelle à l’émergence ou la reprise d’une « crise », cette thèse analyse finement le processus non linéaire qui mène au déploiement des opérations Eufor Tchad-RCA et Minurcat. Cela permet d’interroger de manière originale les disfonctionnements du maintien de la paix en ne s’intéressant pas uniquement à l’appropriation locale d’une OMP comme dans la littérature sur la paix libérale mais en analysant les continuités entre les phases dites de décision et celles de mise en oeuvre. La thèse défendue ici est que le déclenchement d’une OMP se comprend comme le produit de l’activité sociale ayant lieu autour d’un enjeu sécuritaire qui mène à la structuration d’une zone d’action conjoncturelle dans le secteur de la sécurité collective. On parle de conjoncture de maintien de la paix. Le déroulement de l’OMP s’analyse alors comme la poursuite de l’activité au sein de cette zone d’action qui intègre de nouveaux acteurs durant la phase de conduite des opérations. La reconfiguration de la zone d’action peut mener à la poursuite de l’OMP ou à sa fin suivant la dynamique sociale qui se met en place.

  • Youssef Saber Hanna, La politique étrangère égyptienne à l'égard des Etats-Unis : le rôle de l'Economie Politique dans la définition des enjeux réciproques, thèse soutenue en 2020 à Bordeaux sous la direction de Daniel Compagnon, membres du jury : Jean-Vincent Holeindre (Rapp.), Andy Smith  

    La thèse porte sur l'examen de l'influence de trois facteurs économiques majeurs, sur l'élaboration de la politique étrangère égyptienne vis-à-vis les Etats-Unis. Ces trois facteurs sont : l'aide américaine, le commerce extérieur et les investissements. A partir de ces trois pistes d'analyse, nous pouvons mesurer le degré d'asymétrie de l'économie égyptienne vis-à-vis les Etats-Unis. Cela se fait en introduisant des paramètres, plutôt quantitatifs, qui nous servent comme des indices au degré de réciprocité ou celui de dépendance unilatérale. Cette analyse sera complétée par l'élaboration d'autres indicateurs, plutôt politiques, qui reflètent le degré de subordination ou d'indépendance de la politique étrangère égyptienne à l'encontre des Etats-Unis. De plus, la thèse met l'accent sur les relations existantes entre les décideurs de la politique étrangère dans le champ interne. Cela comportera une analyse minutieuse des réseaux d'intérêts des acteurs de la politique étrangère égyptienne selon un modèle bureaucratique. Il s’agit plutôt d’approfondir ces questions à travers une combinaison de l’approche de l’économie politique internationale et les théories d'analyse de la politique étrangère, en démontrant jusqu’à quelle mesure l’aspect économique des relations égypto-américaines rend les pratiques d'interdépendance banales.

    Lison Guignard, La fabrique de l'égalité par le droit. Genèse et usages transnationaux du protocole de Maputo sur les droits des femmes de l’Union africaine, thèse soutenue en 2018 à Université ParisSaclay ComUE sous la direction de Benoit Bastard, membres du jury : Ioana Cîrstocea (Rapp.), Rachel Murray (Rapp.), Laurence Dumoulin et Marième N'Diaye  

    L’enjeu de cette recherche doctorale est d’explorer le processus de fabrique du protocole additionnel à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes. À l’intersection des corpus théoriques de la sociologie de la production du droit et de celle des mobilisations, ce travail porte sur la genèse et la trajectoire de ce texte dans différents espaces, c’est-à-dire dans le cadre des jeux d’acteur.rice.s intervenus sur la scène de l’OUA/UA mais aussi, de façon simultanée ou successive, sur les scènes nationale et internationale. C'est donc une approche multi-niveaux qui est adoptée pour analyser cette production normative à travers les enjeux et le sens épistémologique que les différent.e.s acteur.rice.s lui confèrent. Cette recherche s’intéresse ainsi aux projections, aux projets d'usages et aux mobilisations vis-à-vis de ce qui deviendra le protocole de Maputo tels qu'ils sont produits par différents pôles : le « pôle de l'instrument juridique, judiciaire et juridicisant » (ou pôle expert), le « pôle de l'instrument d'action publique, de promotion/protection des droits des femmes » (ou pôle militant), le « pôle légitimant et cérémoniel » (ou pôle étatique), le « pôle du référentiel universaliste » (ou pôle du Nord) et le « pôle du statu quo et de l’ineffectivité » (ou pôle résistant). C’est en effet par l’interaction entre ces différents pôles, qui agissent et se mobilisent autour de la création d’un texte juridique africain portant sur l’égalité hommes-femmes, qu’est analysé le processus de production du droit (compris, conformément à notre approche sociologique du droit comme la construction aussi bien que la mise en œuvre du texte). Cette recherche doctorale investigue en particulier la façon dont la tension structurante entre dimension instrumentale et symbolique du droit traverse l’histoire et les mobilisations autour de ce processus.

  • Stefan Waizer, Institutionnalisation d’un rôle politique au sein de la diplomatie internationale : l'ascension du haut représentant de l'UE dans le dossier nucléaire iranien, 2003-2015, thèse soutenue en 2018 à AixMarseille sous la direction de Philippe Aldrin et François Foret, membres du jury : Sophie Vanhoonacker (Rapp.), Rostane Mehdi et Christian Olsson    

    Cette thèse analyse l’institutionnalisation du Haut représentant de l’UE dans les négociations sur le programme nucléaire iranien entre 2003 et 2015. En combinant la sociologie de l’UE avec la sociologie des RI, elle interroge les dynamiques qui ont amené le Haut représentant à être reconnu comme légitime par l’ensemble des acteurs de la configuration du dossier nucléaire iranien. À partir de ce questionnement, ce travail propose un cadre d’analyse pour étudier l’institutionnalisation de l’Europe de la politique étrangère. En m’appuyant sur l’hypothèse de la différenciation des espaces sociaux, je prendrai en compte les logiques distinctes structurant l’arène globale de la négociation nucléaire et l’arène de la PESC, tout en les appréhendant comme des arènes enchevêtrées. À partir de l’analyse de l’institutionnalisation du rôle du Haut représentant dans le dossier nucléaire et en s’inspirant de la sociologie de Michel Dobry, ce travail permet de concevoir la variation de l’emprise des différents espaces sociaux sur l’institutionnalisation de l’action extérieure commune. Plutôt que de privilégier l’analyse d’une dimension sur l’autre, il est nécessaire de saisir la trajectoire de leur rapport afin d’appréhender le caractère aléatoire de la construction de l’Europe de la politique étrangère dans toute sa complexité. Au-delà de cela, l’étude de cas questionne l’idée de l’institutionnalisation de l’UE en tant que processus d’intégration. En effet, l’inscription de l’UE dans l’espace global de la diplomatie internationale nous permet de voir qu’il s’agit aussi bien d’une dynamique d’autonomisation, de différenciation et d’exclusion

    Jan Wörlein, Gouverner l'humanitaire : une sociologie politique du monde des acteurs de l'aide en Haïti (2010-2016), thèse soutenue en 2017 à Paris 10 sous la direction de Élisabeth Claverie, membres du jury : Nicolas Lemay-Hébert (Rapp.), Franck Petiteville et Laëtitia Atlani-Duault    

    Cette thèse est le résultat d’une enquête documentaire et ethnographique prenant pour objet les acteurs du système de l’aide internationale en Haïti entre 2010 et 2016 ainsi que leurs interactions structurées dans l’objectif de faire une sociologie politique de la gestion des crises dans ce pays. L’enquête montre notamment que la multiplication et l’enchevêtrement des domaines de spécialisation de ces acteurs a produit une « bureaucratie de l’urgence » parallèle à l’État haïtien, ce qui entraîne des superpositions et des incohérences dans la gestion et la prévention des crises. Je présente le travail de cette bureaucratie pour gouverner l’humanitaire comme un art de gouvernement. L’apport principal de cette thèse est de montrer que cet art de gouvernement s’exerce tant sur les humanitaires eux-mêmes que sur les bénéficiaires de l’aide, bien que de manières différentes.

    Milena Dieckhoff, Médiation, médiations ? : typologie d'une activité de pacification dans les conflits politiques violents de l'après-guerre froide, thèse soutenue en 2016 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Guillaume Devin, membres du jury : Valérie-Barbara Rosoux (Rapp.), Jacques Faget et Marie-Joëlle Zahar  

    Comment comprendre, interpréter, et expliquer la médiation internationale ? Peut-on distinguer différentes formes de médiations internationales ? Face au recours croissant à la médiation sur la scène internationale depuis la fin de la guerre froide et à la diversité des acteurs pouvant entreprendre cette activité de pacification, un travail de clarification s’impose. Mêlant réflexion théorique et analyse de cas d’étude, nous proposons une typologie fondée sur la distinction entre une médiation politique, expertise et sociétale. Pour dégager ces types, nous interrogeons les différentes conceptions du conflit et de la paix ainsi que la rationalité à l’œuvre dans la médiation, la variété des pratiques de médiation et, en dernier lieu, les diverses fonctions de la médiation dans la recomposition du conflit et pour le médiateur. Dans un deuxième temps, nous montrons que les limites de la typologie nous informent sur des problématiques communes aux différentes médiations. En pensant « l’unique » ou les limites des types, nous interrogeons les contextes de médiations, en replaçant les activités de médiations dans leur environnement macro et micro. Penser « le multiple » est ensuite un moyen de mettre en évidence des complexes de médiations, qui redonnent une multi-dimensionnalité au phénomène – d’où le regard sur les médiations multi-types – et témoignent aussi des évolutions possibles des formes de médiations. Enfin, « l’entre-deux » permet de questionner les médiations hybrides, marquées par la combinaison de caractéristiques les rattachant à différents types, et qui émergent des décalages entre discours et actes ainsi qu’entre effets recherchés et résultats obtenus.

    Virgile Coujard, La politique étrangère de la France dans les crises internationales, du Golfe à l’Irak : Jeu gouvernemental, jeu diplomatique, système international, thèse soutenue en 2014 à Paris 1 sous la direction de Michel Dobry, membres du jury : Frédéric Ramel (Rapp.), David Ambrosetti et Samy Cohen  

    Cette thèse a pour objet la politique étrangère de la France dans la crise du Golfe (1990-1991) et la crise irakienne (2002-2003). Afin d'expliquer les variations du comportement français la participation à la guerre du Golfe, l'opposition à la guerre d'Irak, trois approches, trois niveaux d'analyse, sont mobilisés. Le jeu gouvernemental met au jour la construction interne de la politique étrangère, retraçant les marchandages au sommet de l'État et révélant les biais par lesquels le champ politique national et les administrations influent sur la politique menée. Le jeu diplomatique, en restituant la complexité des processus d'interaction et de négociation interétatiques, montre comment les enjeux et objectifs tactiques se construisent dans les crises, sont sensibles à la configuration du jeu et aux prises de positions des autres diplomaties. L'analyse structurale souligne le poids de la structure du système international- son état comme sa tendance - et de la position d'un État en son sein sur la politique étrangère. Dévoiler les mécanismes par lesquels ces pressions structurelles agissent nécessite de mettre en relation la structure du système, l'ordre international, les perceptions des dirigeants et les comportements des États. C'est au final un mode d'articulation des niveaux d'analyse et des facteurs de détermination de la politique étrangère en temps de crise internationale qui est proposé - un mode qui puisse éclairer l'interpénétration, les combinaisons et interactions entre ces trois niveaux.

    Médéric Martin-Mazé, Le gouvernement international des frontières d’Asie centrale, thèse soutenue en 2013 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Didier Bigo, membres du jury : Madeleine Reeves (Rapp.), Didier Georgakakis et Mikael Rask Madsen  

    Le gouvernement international des frontières d’Asie centrale (Kirghizstan, Tadjikistan, Ouzbékistan, Kazakhstan, Turkménistan) comprend les projets de gestion des frontières conduits par l’OSCE, la Commission européenne, l’ONUDC et l’OIM entre 1992 et 2012. Ils organisent l’import/export d’une expertise alignant les limites étatiques dans cette région sur un double impératif de mobilité et de sécurité. Comment ces savoirs sur la frontière circulent-ils à travers ces dernières ? Les projets passent par trois univers distincts. Ils prennent attache sur les sociétés centrasiatiques aux intersections entre flux et contrôle. Les équipements qu’ils fournissent n’encadrent toutefois les pratiques de vérification que dans une mesure très variable. Ces investissements sont décidés dans des comités de pilotage situés dans un microcosme qu’on appelle le champ d’opérations. Cet espace se configure selon un capital dont le volume décrit l’autonomie des opérateurs, et dont la structure signale leur niveau de spécialisation dans les mondes du développement et de la sécurité. Sa structure sanctionne positivement les acteurs qui accumulent la plus grande quantité de capital social. Les enceintes d’autorisation sont quant à elles encastrées dans un espace transnational gravitant autour de Bruxelles et de Vienne. Tandis que l’Asie centrale est construite comme un enjeu d’intérêt secondaire au sein du champ de l’Eurocratie, les acteurs de la place viennoise lui accordent une importance plus grande. Les élites transnationales les plus subalternes sont incitées à s’établir dans cette zone de relégation, car elles peuvent plus facilement y rétablir leurs positions respectives.