David Garibay

Professeur
Science politique.
UFR d’Anthropologie, de Sociologie et de Science politique

Triangle : Action, Discours, Pensée Politique et Économique

Responsabilités administratives et scientifiques :

  • Directeur, UFR d’Anthropologie, de Sociologie et de Science politique
  • THESE

    Des armes aux urnes : processus de paix et réinsertion politique des anciennes guérillas en Colombie et au Salvador, soutenue en 2003 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Guy Hermet, membres du jury : Graciela Ducatenzeiler, Olivier Dabène, Jean-Michel Blanquer et Daniel Pécaut   

  • David Garibay, Hélène Combes, Camille Goirand (dir.), Les lieux de la colère : occuper l'espace pour contester, de Madrid à Sanaa, Éditions Karthala, Sciences Po Aix et Cyberlibris, 2023, Questions transnationales, 410 p.  

    Dans bien des capitales, des places majestueuses, chargées d'histoire et de symboles, sont investies par des manifestants : les étudiants de la place Tian-An-Men à Pékin, les Indignés sur la Puerta del Sol à Madrid, les mères de disparus sur la Place de Mai à Buenos Aires, les contestataires sur le Zócalo de Mexico... Cette centralité de l'espace dans la construction de la contestation a été notée par de nombreux observateurs au cours des révoltes arabes et du mouvement Occupy. Or, en dépit de cette apparente évidence du lieu, la dimension spatiale n'a que rarement fait l'objet d'une attention en tant que telle dans la sociologie des mobilisations. Cet ouvrage s'attaque à cet angle mort. Il propose au lecteur de comprendre l'importance des lieux physiques et vécus et leurs effets sur l'action collective en suivant des mobilisations très variées - locales ou nationales-, d'hier ou d'aujourd'hui, de la péninsule arabique à la Bretagne, de New York à la Seine-Saint-Denis, de l'Amazonie péruvienne à Madrid

    David Garibay, Marques-Pereira Bérengère, Bérengère Marques-Pereira, La politique en Amérique latine : histoires, institutions et citoyennetés, Cairn et Armand Colin, 2016, Collection U ( Science politique ), 320 p.  

    L'Amérique latine est en train de vivre une transformation démocratique sans précédent. Pour la première fois de son histoire, la sortie des dictatures et les passages à la démocratie politique vont de pair avec un ébranlement des multiples réseaux de tutelle que furent le patrimonialisme, le clientélisme, le corporatisme, et débouchent à la fois sur des processus d'individuation des citoyens et sur la revendication d'identités collectives. La reconnaissance de la diversité ethnique et de l'égalité de genre constituent les ingrédients d'une culture anti-autoritaire. S'appuyant sur l'histoire, mais aussi sur une analyse comparatiste, cet ouvrage s'attache à distinguer les points communs unissant l'évolution de ces régimes, mais aussi les singularités de chaque pays. Il offre un panorama complet des régimes et des systèmes politiques en œuvre en Amérique latine. Il intéressera principalement les étudiants en science politique, en histoire, en sociologie, en langues et civilisations, mais aussi tous ceux qui se passionnent pour ce continent en pleines mutations. Bérengère MARQUES-PEREIRA est professeure de l'Université libre de Bruxelles en sciences politiques et sociales. David GARIBAY est maître de conférences en science politique à l'Université Lumière Lyon 2, chercheur à Triangle (UMR CNRS 5206)

    David Garibay, Sophie Béroud, Nathalie Dompnier (dir.), L'année sociale 2011, Syllepse, 2011, 189 p. 

    David Garibay, Nathalie Duclos (dir.), L'adieu aux armes ?: parcours d'anciens combattants, Karthala et Cyberlibris, 2010, 426 p. 

    David Garibay, Des armes aux urnes: processus de paix et réinsertion politique des anciennes guérillas en Colombie et au Salvador,, 2008   

    David Garibay, Gabriel Périès, Violence et démocratie en Amérique latine [N° 85 de , 85e éd., ENS Editions, 2007, 144 p. 

    David Garibay, Gabriel Périès (dir.), Violence et démocratie en Amérique latine, ENS Éditions, 2007, 140 p. 

    David Garibay, Isabelle Rousseau (dir.), Les hydrocarbures dans les Amériques: les nouvelles règles du jeu, La Documentation française, 2005, 249 p. 

    David Garibay, Fabrice E. Lehoucq, Hélène Combes, Partis et élections, Mexique et Amérique centrale, Institut Choiseul, 2004, 126 p. 

    David Garibay, Les pouvoirs publics face à une catastrophe: l'exemple des inondations de Camargue et de Bollène, 1994 

    David Garibay, "Contaminación" et politique à Mexico: à la recherche d'une mobilisation, s.n, 1992 

  • David Garibay, Sophie Béroud, « El movimiento Nuit Debout y las manifestacionescontra la Ley de Reforma del Trabajo en Francia en 2016 : convergencias en la movilizacióncolectiva y en los usos del espacio público », in Ibarra Güell, Pedro, Martí i Puig, Salvador, Cortina-Oriol, Merçè, Sribman Mittelman, Ariel (dir.), Nuevos movimientos sociales, de la calle a los ayuntamientos, Icaria, 2018, pp. 157-164 

    David Garibay, « Introduction : quand l'espace compte... Spatialiser l'analyse des mobilisations », in Combes, Hélène, Garibay, David, Camille Goirand (dir.), Les lieux de la colère : occuper l'espace pour contester, de Madrid à Sanaa, Éditions Karthala, 2016, pp. 9-31 

    David Garibay, « Les élections de 2014 et 2015 au Salvador : polarisation partisane, nouveaux comportements électoraux », in Compagnon, Olivier, Geoffray, Marie-Laure (dir.), Amérique latine 2015-2016, la Documentation française, 2016, pp. 55-68 

    David Garibay, « Les transitions démocratiques en Amérique latine », in Cohen, Antonin, Lacroix, Bernard, Riutort, Philippe (dir.), Nouveau manuel de science politique, la Découverte, 2015 

    David Garibay, Sophie Béroud, « Syndicats et associations face à la pauvreté laborieuse », in Kerschen, Nicole ; Legrand, Monique ; Messu, Michel ; (dir.), La Symphonie discordante de l'Europe sociale, Éd. de l'Aube, 2013, pp. 198-213 

    David Garibay, « La promotion de la participation politique des femmes : expériences salvadoriennes », in Patternote, David ; Nagels, Nora ; (dir.), Imaginer la citoyenneté, Academia-l'Harmattan, 2013, pp. 227-247   

    David Garibay, « Résolution 693 (1991), Salvador », in Albaret, Mélanie ; Decaux, Emmanuel ;Lemay-Hébert, Nicolas ;Placidi, Delphine ; (dir.), Les grandes résolutions du Conseil de Sécurité des Nations unies, Dalloz, 2012, pp. 149-159   

    David Garibay, « Le conflit armé interne en Colombie : échec des solutions négociées, succès apparent de la solution militaire, poursuite des violences », in Sellin, Corentin (dir.), Résistances, insurrections, guérillas, Presses universitaires de Rennes, 2010, pp. 127-140   

    David Garibay, Sophie Béroud, Thomas Brugnot, Romain Vila, « Les syndicats face à la pauvreté laborieuse, entre intégration dans des réseaux d'action publique et campagnes de sensibilisation : une approche comparée Belgique / Royaume-Uni [Rapport de recherche] », Le rapport est également accessible en ligne : [ http://www.onpes.gouv.fr/Les-Travaux-2009-2010.html ], Bilan de 10 ans d'observation de la pauvreté et de l'exclusion sociale à l'heure de la crise : rapport 2009-2010 [Les travaux de l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale], La Documentation française, 2010, pp. 365-383   

    David Garibay, Hélène Combes, Olivier Dabène, « Inclusion et participation ? La gestion de Mexico, São Paulo et San Salvador », in Camau, Michel;Massardier, Gilles; (dir.), Démocraties et autoritarismes : fragmentation et hybridation des régimes, Karthala, 2009, pp. 141-164 

    David Garibay, « De la guerra civil a la violencia cotidiana, el dificil arraigo de las democracias centroamericanas », in Baby, Sophie ; Compagnon, Olivier ; González Calleja, Eduardo ; (dir.), Violencia y transiciones politicas a finales del siglo XX, Europa del sur, America Latina, Casa de Velazquez, 2009, pp. 213-224   

    David Garibay, « Colombie : Vers une sortie militaire du conflit ? », Ramses 2009, Dunod IFRI, 2008, pp. 128-131   

    David Garibay, « Usages politiques de la surprise pour qualifier un résultat ambigu : le référendum de réforme constitutionnelle et les élections locales d'octobre 2003 en Colombie », in Dabène, Olivier ;Hastings, Michel; Massal, Julie (dir.), La surprise électorale : paradoxes du suffrage universel (Colombie, Équateur, France, Maroc, Suède, Turquie...), Khartala, 2007, pp. 127-150   

    David Garibay, « Un análisis político de la integración en las Américas, entre estrategias nacionales y contextos hemisféricos », in Rousseau, Isabelle; (dir.), ¿Hacia la integración de los mercados petroleros en América?, Publicación del Colegio de México, 2006, pp. 23-44   

    David Garibay, « Le FMLN au miroir des urnes : réflexions sur la transformation d'une guérilla en parti politique », in Bachelier, Christian; (dir.), Voter dans les Amériques, Éd. de l'Institut des Amériques, 2005, pp. 175-184 

  • David Garibay, Odile Hoffmann, « Les Cahiers des Amériques latines dans un paysage éditorial changeant », Cahiers des Amériques Latines, 2015, n°78, pp. 7-17      

    Une nouvelle étape s’ouvre pour les Cahiers des Amériques latines avec des changements dans la direction des publications (Olivier Compagnon pour la direction de l’Institut des hautes études de l’Amérique latine et Sébastien Velut pour la direction du Centre de recherche et de documentation des Amériques), la rédaction en chef de la revue (tenue par Odile Hoffmann et David Garibay), le comité de rédaction et le secrétariat d’édition. Il y a cinq ans, à l’occasion du numéro 65 de la revue, Oli...

    David Garibay, « Vingt-cinq ans après Porto Alegre, où en est (l’étude de) la démocratie participative en Amérique latine ? », Participations - Revue de sciences sociales sur la démocratie et la citoyenneté, 2015, n°11, pp. 7-52 

    David Garibay, « La diffusion des modèles de démocratie participative au niveau local au Salvador : les maires au carrefour de conceptions concurrentes », Participations - Revue de sciences sociales sur la démocratie et la citoyenneté, 2015, n°11, pp. 115-143 

    David Garibay, David Recondo, Héloïse Nez, « Dynamiques de la participation en Amérique latine [coord. du dossier du n°11 de : revue Participations] », Participations - Revue de sciences sociales sur la démocratie et la citoyenneté, 2015, pp. 7-192   

    David Garibay, « Quand la paix se construit sur l'oubli des démobilisés : anciens guérilleros et anciens soldats dans la société salvadorienne de l'après-guerre », Revue internationales des sciences sociales, 2009, pp. 501-512   

    David Garibay, « Diversité des violences contemporaines en Amérique latine », Etudes de la Documentation française, 2008, n°527475, pp. 37-50   

    David Garibay, « Note de lecture - La violence dans l'imaginaire latino-américain, André Corten, Anne-Élizabeth Côté, Paris, éd. Karthala, Sainte-Foy, Presses de l'Université du Québec, 2008, 421 p. », Cahiers des Amériques Latines, 2008, n°5758, pp. 235-238   

    David Garibay, Gabriel Périès, « Présentation », 2007  

    L’ensemble des pays d’Amérique latine a connu, depuis la décennie 1980, des évolutions institutionnelles de gouvernements autoritaires vers des démocraties, ou en tous les cas vers des régimes dans lesquels la démocratie apparait désormais comme la norme, acceptée et revendiquée par tous les acteurs politiques. Ces transitions ont reposé sur des processus négociés et progressifs. Du fait de la présence des militaires au pouvoir, elles ont la plupart du temps eu lieu dans des contextes de faib...

    David Garibay, « Comment l'Amérique latine bascule à gauche », Sciences humaines, 2007, n°6, pp. 54-59   

    David Garibay, « Négocier, célébrer et commémorer la paix au Salvador », Mots: les langages du politique, 2007, n°85, pp. 65-82   

    David Garibay, « La ciencia política en Colombia en el 2005-2006 : el análisis del conflicto armado y de las elecciones, dos temas tradicionales, pero con enfoques nuevos », Revista Política (Chile), 2007, n°47, pp. 183-194   

    David Garibay, « Le Journal de l'année, Amérique centrale et du Sud », L'état du monde, 2007, n°2008, pp. 248-251 

    David Garibay, « Un partido de izquierda radical frente a las reivindicaciones de genero : entre el estancamiento de los numeros y la afirmacion de la radicalidad, el caso del FMLN en El Salvador », Revista Política (Chile), 2006, n°46, pp. 141-172 

    David Garibay, « Jeux d'échelle : ambivalences de la démocratie locale en Amérique latine », Vacarme, 2006, n°35, pp. 44-47   

    David Garibay, « A peace built on forgetting demobilised combatants in post-war El Salvador », International Social Science Journal, 2006, n°189, p. 467478   

    David Garibay, « De la lutte armée à la lutte électorale, itinéraires divergents d'une trajectoire insolite, une comparaison à partir des cas centraméricains et colombien », Revue internationale de politique comparée, 2005, n°3, pp. 283-297   

    David Garibay, « Del conflicto interno a la polarización electoral : diez años de elecciones en El Salvador (1994-2004) », TRACE (Travaux et recherches dans les Amériques du Centre), 2005, n°48, pp. 30-45 

    David Garibay, Isabelle Rousseau, « Les hydrocarbures dans les Amériques : les nouvelles règles du jeu [N° 57/58 de : Problèmes d'Amérique latine] », Problèmes d'Amérique Latine, 2005, p. 249 

    David Garibay, « La démocratie prescrite par les autres : l'Amérique centrale ou les élections à tout prix », Critique Internationale, 2004, pp. 125-137   

    David Garibay, « Salvador, les défis du renouvellement, le FMLN et les élections de 2003 et 2004 », Problèmes d'Amérique Latine, 2004, n°54, pp. 33-52   

    David Garibay, « Partis et élections : Mexique et Amérique centrale [N° 54 de : Problèmes d'Amérique latine ] », Problèmes d'Amérique Latine, 2004, p. 126 

    David Garibay, « Dans l'ombre du pouvoir impérial des États-Unis : variations des registres de l'anti-américanisme en Amérique latine », Le Banquet, 2004, n°21, pp. 201-215   

  • David Garibay, Entrées : América Central y del Sur : diario del año ; Costa Rica ; Guatemala ; Honduras ; Nicaragua; Panamá ; El Salvador, 2010, pp. 478-492 

    David Garibay, Entrées : République du Panama ; République du Nicaragua ; République du Honduras ; République du Guatémala ; République du Salvador ; République du Costa Rica, 2010, - p. 

    David Garibay, Entrées : América Central y del Sur : diario del año ; Costa Rica ; Guatemala ; Honduras ; Nicaragua; Panamá ; El Salvador, 2009, 25e éd., pp. 492-506 

    David Garibay, Entrées : América Central y del Sur : diario del año ; Costa Rica ; Guatemala ; Honduras ; Nicaragua; Panamá ; El Salvador, 2008, 24e éd., pp. 360-374 

    David Garibay, Entrées : Costa Rica 2007-2008 ; El Salvador 2007-2008, 2008 

    David Garibay, América Central y del Sur : diario del año, 2007, 23e éd., pp. 367-368 

  • David Garibay, « L’encadrement des cryptoactifs », le 28 septembre 2023  

    Colloque organisé par le CREDIMI en partenariat avec la Région, la fédération des MSH Bourgogne Franche-Comté, l’Observatoire de l’éthique publique et la Fondation Mainguéné sous la direction de Raphaël Maurel, MCF à l’Université de Bourgogne, CREDIMI et Éloïse Petit-Prevost-Weygand, Post-doctorante en droit public à l’Université de Bourgogne, CREDIMI

    David Garibay, « La démocratie à l'épreuve de l'autoritarisme », le 16 novembre 2017  

    Organisé sous la coordination scientifique de Pascal Bonnard, UJM, Triangle ; Dorota Dakowska, Lyon 2, IUF, Triangle ; Boris Gobille, ENS de Lyon, Triangle, avec l’appui de Marie Laure Geoffray, Université Sorbonne Nouvelle – IHEAL

    David Garibay, Juan Carlos Guerrero, « Identifier et interpréter une crise extrême : la "communauté internationale" face au conflit armé en Colombie », Colloque international "Face aux crises extrêmes", Lille, le 01 octobre 2004   

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Pauline Vandenbossche, S'engager et lutter au nom des droits des victimes : Une sociologie des mobilisations judiciaires à la Juridiction spéciale pour la paix de Colombie, thèse soutenue en 2023 à Lyon 2 en co-direction avec Milena Jakšić, membres du jury : Camille Goirand (Rapp.), Sandrine Lefranc (Rapp.), Juan Carlos De Leon Guerrero Bernal et Sophie Daviaud  

    Depuis le 1er décembre 2016, la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) s’est accordée avec le président de la Colombie d’alors, Juan Manuel Santos,à déposer les armes. L’accord de paix qui résulte de la négociation entre ces deux parties prévoit la mise en place d’un tribunal, la Juridiction spéciale pour la paix (JEP), afin de lutter contre l’impunité des crimes commis pendant le conflit armé avec les Farc (1966-2016). Différents groupes d’acteurs se mobilisent au sein et autour de cette institution judiciaire de justice transitionnelle. À partir d’entretiens, d’une observation participante à la JEP et des observations d’audiences, la thèse recherche s’intéresse aux dynamiques de domination et de résistance au sein de la JEP. Cette recherche analyse les usages militants de catégories juridiques et judiciaires pour traduire la souffrance en droits et fonder des revendications. Elle souligne les tensions entre expertises juridique et militante et le savoir expérientiel, autour de la violence du conflit armé. Confrontant les différentes compréhensions et attentes des magistrats, avocats militants et victimes, au sujet du droit à la justice et au sujet de la JEP, l’étude considère l’espace judiciaire comme un espace réapproprier pour y revendiquer des causes sociopolitiques et subjectiver l’expérience de violence. Mêlant sociologie des mobilisations et sociologie du droit et de la justice, la thèse éclaire sur la difficulté, pour la judiciarisation de la justice transitionnelle, à se détacher de la justice pénale. Elle explique également les enjeux sociaux et politiques relatifs au jugement des crimes commis en temps de crise politique.

    Maria Ghanem, The democratic contributions of political parties that were linked to former armed groups, thèse soutenue en 2023 à Lyon 2, membres du jury : Nathalie Duclos (Rapp.), Salvador Martí i Puig (Rapp.), Agnès Maillot et Véronique Dudouet  

    Cette thèse étudie les contributions des partis politiques précédemment liés à des groupes armés à une meilleure démocratie. La prémisse de base de cette étude est que l’engagement sincère de ces partis à faire avancer la démocratie dans les pays où ils émergent, conduit à un changement positif au niveau national, que le parti survive ou non comme institution politique. Une des principales conclusions de cette étude indique que les valeurs fondamentales qui unissent ces groupes en temps de guerre déterminent la façon dont ils mènent leur vie politique en temps de paix. L'étude porte sur quatre partis politiques, l'Alliance démocratique M-19 (AD M-19) en Colombie, le Front de Libération Nationale Farabundo Martí (FMLN) au Salvador, les Forces libanaises (LF) au Liban et le Sinn Féin (SF) en Irlande. La thèse est organisée en 7 chapitres, dont chacun est brièvement décrit dans les paragraphes suivants.Le premier chapitre décrit les motivations qui ont conduit au développement de cette recherche, examine la littérature existante et présente la méthodologie de recherche. Il montre que très peu d'études se concentrent sur la contribution de ces partis au processus de démocratisation des pays dans lesquels ils émergent et soutient qu'un regard plus approfondi sur les réalisations à long terme de ces acteurs, peut nous aider à mieux évaluer le succès de cette transition non pas en termes de succès électoral mais plutôt en termes du rôle de ces partis en tant que forces conduisant à un changement positif. Le chapitre 2 évalue le rôle de ces partis dans l'élargissement des frontières de la gouvernance démocratique. Cela comprend leur rôle dans la direction des efforts visant à promouvoir les droits de l'homme, à plaider pour la protection des libertés essentielles, à contribuer au développement d’une société civile plus dynamique, à promouvoir des élections libres et justes, et à favoriser un système judiciaire plus indépendant. Le chapitre 3 examine le rôle des facteurs exogènes qui échappent au contrôle des partis examinés. Les facteurs pris en compte incluent l'accord de paix, le système électoral, l'environnement politique, les alliances politiques, ainsi que l'expérience politique antérieure. Ce chapitre détermine que le soutien financier joue un rôle clé dans la survie de ces partis. Cependant, il met aussi évidence le fait que si le poids d'un tel facteur est important pour la survie de ces partis, son absence n’affecte pas leur performance en tant qu'agents de changement.Le chapitre 4 est une analyse comparative du fonctionnement interne des quatre cas examinés. En particulier, il se penche sur la démocratie interne, la cohésion, le mode de communication, le financement et le rôle du leadership au sein de ces partis. Ce chapitre révèle que les cas étudiés souffrent d’une faible démocratie interne et montre que la discipline de parti, l'inclusion des femmes, l'attrait ethnique et un leadership fort ont largement contribué au succès électoral de ces partis. Cependant, ces résultats démontrent également que la capacité de ces partis à promouvoir des pratiques démocratiques au niveau national ne semble pas dépendre de ces caractéristiques. Le chapitre 5 présente l'évolution idéologique des quatre cas étudiés. Il montre que, malgré l'adaptation de leurs idéologies aux besoins du contexte d'après-guerre, en tant que partis politiques, ces groupes sont restés dévoués aux engagements moraux qui ont déclenché leurs luttes armées. Cette section démontre que le système de valeurs de ces partis en temps de guerre s'est reflété dans leur comportement d'après-guerre.Les chapitres 6 et 7 présentent l’héritage politique et les dynamiques contemporaines de ces partis, et tirent quelques enseignements d'autres cas similaires.

    Yoletty Bracho, Militer dans l'Etat : sociologie des intermédiations militantes de l'action publique au sein des classes populaires à Caracas (Venezuela), thèse soutenue en 2022 à Lyon 2, membres du jury : Vincent Dubois (Rapp.), Hélène Combes (Rapp.), Verónica Zubillaga et Julien Talpin  

    Dans quelle mesure l’insertion d’acteurs et de pratiques militantes dans le processus de mise en œuvre des politiques participatives façonne la relation entre l’État et les classes populaires ? En prenant appui sur le cas des politiques participatives des gouvernements chavistes au Venezuela, cette thèse propose le concept d’intermédiations militantes de l’action publique afin de rendre compte des transformations et des continuités qui caractérisent les rapports populaires à l’État et au politique. En suivant des militants issus des organisations populaires vénézuéliennes différemment positionnés entre leurs structures militantes d’origine et les institutions de la participation, il est question d’analyser la façon dont les catégories administratives s’imposent aux organisations populaires, ainsi que la manière dont les catégories militantes s’intègrent aux rouages de l’État.D’une part, les intermédiations militantes de l’action publique insèrent des catégories et des pratiques militantes dans le quotidien des administrations, et modèlent les manières de faire et d’être des agents de l’État. D’autre part, elles réorientent les stratégies des organisations populaires, qui cherchent à adapter leurs structures aux exigences participatives des pouvoirs publics. Enfin, elles entrelacent le politique et l’action publique tout en permettant des réappropriations très politiques de la circulation des biens publics par les classes populaires. Néanmoins, et en dépit de la nouveauté qu’elles représentent, les intermédiations militantes de l’action publique participent à la reconduction de la conditionnalité de l’accès des classes populaires à l’action publique. Ce faisant, elles contribuent à la reproduction de la situation de domination des classes populaires vis-à-vis des structures du champ politico-administratif.

    Marjolaine Bédiat, Mutations du politique et nouvelles formes de légitimités : Ethnographie des enjeux contemporains du conflit électoral de San Sebastian Tutla (Mexique)., thèse soutenue en 2022 à Lyon 2 en co-direction avec Martin Soares, membres du jury : Catherine Neveu (Rapp.), Elisabeth Cunin (Rapp.), Tiphaine Duriez et David Recondo  

    À San Sebastián Tutla, dans le sud du Mexique, à quelques kilomètres de la capitale de l’État d’Oaxaca, la parole est au peuple – paraît-il. Derrière les objectifs affichés au Mexique de renforcer l’unité de la nation, de véritables enjeux de pouvoir émergent et s’articulent autour de la réforme de la loi électorale locale de 1995, permettant aux communautés locales de choisir leur mode de scrutin et les procédures afférentes selon leurs « us et coutumes ». Dans une immense majorité des municipalités de l’État (417 des 570 municipalités), les communautés ont désormais le droit d’élire leurs représentants et de gouverner selon leurs « propres coutumes locales ». La mention des « us et coutumes » dans la réforme constitutionnelle était ainsi destinée à mettre en valeur les pratiques communautaires et à favoriser des populations trop longtemps marginalisées, tout en s’inscrivant dans le mouvement des politiques multiculturalistes. Là encore, ces dynamiques révèlent de multiples stratégies d’acteurs politiques locaux. L’exclusion des « derniers-venus » apparaît dès lors comme un implicite inévitable de ce processus. Ces derniers sont facilement identifiables : il s’agit des habitants du quartier à loyers modérés appelé « El Rosario », créé en 1980 sur le territoire municipal mais situé à plusieurs kilomètres du centre de la commune. Cette mise sous silence est un corollaire de la façon dont les discours des autorités favorisent et encouragent les pratiques des « indigènes zapotèques », coutumes transmises de générations en générations, de manière exclusivement orale, et qui sont présentées comme ne pouvant pas « s’apprendre ». Ainsi, les non « originarios » (autrement dit, les « non Zapotèques »), où qu’ils vivent dans la municipalité, ne peuvent s’ériger en citoyens à part entière – une exclusion qui fait s’entrecroiser des enjeux ethniques et sociaux. Une véritable invisibilisation d’une partie pourtant numériquement majoritaire de la population est ainsi pratiquée par les membres du gouvernement de San Sebastián Tutla et par les habitants du chef-lieu, considérés comme les citoyens légitimes de la communauté. L’activation de mythes unificateurs, la création d’une mémoire collective et certaines pratiques politiques (votes à mains levées sur la place publique, le maintien du pouvoir aux mains de quelques leaders, etc.) et la reproduction de ces inégalités permettent ainsi de « faire taire » et de maintenir l’illusion d’un consensus communautaire.

    Camille Floderer, Du quartier à la politique instituée : émergence de leaderships localisés dans les quartiers populaires du Costa Rica, thèse soutenue en 2017 à AixMarseille en co-direction avec Stéphanie Dechézelles, membres du jury : Camille Goirand (Rapp.), Antoine Roger (Rapp.), Jean-Louis Briquet    

    Le Costa Rica s’est construit comme une société homogène sans valorisation ni représentation des classes populaires. Dans les discours savants et dans le champ politique, la faible représentation des couches inférieures des classes populaires est généralement expliquée par leur atomisation. Incapables de se retrouver autour d’intérêts communs, ces groupes ne pourraient exister collectivement dans l’espace politique institué. À revers de ces analyses, cette thèse interroge l’émergence de porte-parole et leur accès à la politique instituée à travers l’étude de carrières de dirigeants de deux quartiers populaires à San José. En l’absence d’une structuration clientélaire ou corporative, ces dirigeants sont en général considérés comme des acteurs isolés ayant tout pouvoir sur une clientèle de voisins apathiques. Or, leur leadership repose sur des liens personnalisés et localisés et sur des logiques d’unification. Pour résoudre les problèmes locaux, les dirigeants s’attachent à mettre en forme des attentes autour desquelles leur voisinage peut se retrouver. Mais, leur action se déroulant hors de structures d’encadrement préétablies, leur position est précaire. Face aux échecs des projets qu’ils portent et à la position inconfortable que cela leur vaut localement, certains dirigeants tentent de poursuivre leur engagement en entrant en politique. Or, cela est rendue difficile par une gestion partisane des carrières militantes peu favorable à ces groupes sociaux. Ainsi, à travers une analyse par le bas des modes d’action de ces dirigeants, cette thèse contribue à l’analyse des formes d’engagement et de politisation populaires se déroulant à la marge de la politique instituée

  • Antonio Frey, Pouvoir politique et Carabiniers au Chili 1990-2014 : modernisation ou démocratisation?, thèse soutenue en 2022 à Université Grenoble Alpes sous la direction de Sebastian Roché, membres du jury : Jacques de Maillard (Rapp.), Gustavo Rayo Urrutia (Rapp.), Anaïk Purenne  

    Cette thèse porte sur les relations entre pouvoir politique et police au Chili. Le contexte post-autoritaire dans ce pays est encore régi par les règles héritées de la dictature, attribuant aux forces de l´ordre un rôle politique et une indépendance croissante vis-à-vis des autorités civiles. Nous analysons les rapports qu´entretiennent les responsables gouvernementaux et les élites sectorielles policières pour définir l´enjeu de l´efficacité policière. A travers cette étude de cas, nous cherchons à mettre en tension les thèses de l´insularité et de l´instrumentalité, couramment utilisées pour caractériser les rapports entre les uns et les autres. Les gouvernements démocratiques vont faire face à deux enjeux dès leur arrivée au pouvoir en 1990 : l´enjeu du contrôle de la réactivation de la violence politique liée à la transition d´un régime à l´autre et la modernisation des Carabiniers sous l´influence grandissante des préconisations du new public management (NPM). D´une part nous nous intéressons aux rapports que vont tisser les responsables gouvernementaux et les Carabiniers pour se confronter à l´activité croissante des groupes de gauche ayant décidé de prolonger la lutte armée. Les autorités civiles vont détourner les règles issues de la dictature, pour neutraliser les menaces grandissantes des militaires et des acteurs de la droite politique, proposant pour affronter le terrorisme de mettre en œuvre des mesures pouvant éroder l´État de droit. D´autre part, nous analysons les relations entre responsables gouvernementaux et élites sectorielles policières pour entreprendre le processus de modernisation des Carabiniers. Nous proposons le concept d´autonomie négociée pour les caractériser. Cette notion nous permet de soumettre à l´épreuve des faits l´idée mise en avant par le NPM pour améliorer le management du secteur public qui consiste à séparer le rôle stratégique réservé à la sphère politique de celui opérationnel, permettant aux administrations de décliner les orientations venant des responsables ministériels. Nous proposons de souligner l´interdépendance des acteurs impliqués dans l´action publique mise en avant par l´institutionnalisme centrée sur les acteurs .Pour conclure, nous constatons que cette séparation des tâches stratégiques et opérationnelles pour améliorer le management de la performance ne va pas de soi dans le secteur policier. Les élites sectorielles policières vont s´immiscer dans la définition des orientations politiques leur permettant ensuite - dans un mouvement d´anticipation -, de décliner au niveau opérationnel ces priorités. D´autre part, pour affronter la violence politique, les autorités civiles vont définir avec les Carabiniers le management opérationnel en leur imposant une conception particulière de leur efficacité sur le terrain.

    Marion Benassaya, Grands projets et réintégration des marges en situation de conflit armé : l'exemple du barrage d'Ituango en Colombie, thèse soutenue en 2021 à Paris 1 sous la direction de Évelyne Mesclier, membres du jury : Odile Hoffmann (Rapp.), Anne-Laure Amilhat-Szary (Rapp.), Thierry Sanjuan  

    Les grands projets de développement, tels que les grands barrages, entraînent des mutations profondes des territoires ruraux. Ces projets, portés par une variété d’acteurs décentralisés, publics, privés, répondent à des objectifs multiples. Le chantier du barrage d’Ituango, qui sera le plus grand barrage hydroélectrique de Colombie, démarre un an avant l’ouverture des négociations paix avec les Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes (Farc), dans l’un des territoires les plus affectés par le conflit armé. Le territoire acquiert alors une dimension de territoire pilote d’un modèle de développement local post-conflit. Cette qualification englobe un arsenal d’actions publiques et privées visant à « intégrer ce territoire marginalisé » à un système territorial inscrit dans la mondialisation. Ce processus suscite toutefois une opposition radicale. De ces rapports de force naissent de nouveaux conflits qui peuvent représenter un frein à la construction de la paix, ou au contraire qui permettent de construire de nouveaux schémas de gouvernance incluant les communautés locales. On analysera les interactions entre ces conflits locaux et le conflit armé.

    Lionel Cordier, Crise démocratique et mutations contemporaines de la représentation politique : l'exemple islandais (2008-2017), thèse soutenue en 2020 à Lyon sous la direction de Nathalie Dompnier et Irma Erlingsdotir, membres du jury : Yves Sintomer (Rapp.), Nathalie Blanc-Noël (Rapp.), Yohann Aucante  

    Cette thèse entend préciser le concept de crise démocratique à travers l'exemple de la crise politique qu'a traversé l'Islande après 2008. Elle interroge dans un premier temps l'idée d'une exceptionnalité islandaise ainsi que les représentations du pays à l'international à travers le concept de boréalisme. Elle revient ensuite sur les conséquences et les responsabilités politiques de la crise financière et économique de 2008 ainsi que sur le processus participatif de réécriture de la constitution organisé après-coup en expliquant les raisons de son échec. Elle dégage les éléments permettant une comparaison internationale tels que les liens entre les manifestations insulaires de 2008-2009 et les mobilisations globales de 2010-2011, l'apparition du parti pirate dans le contexte des mutations partisanes du monde occidental, ainsi que l'évolution du rapport du public islandais à la représentation politique.

    Pierre-Yves Cadalen, Gouverner les communs environnementaux , thèse soutenue en 2019 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Karoline Postel-Vinay et David Recondo  

    La thèse porte sur les relations de pouvoir autour des communs environnementaux en Bolivie et en Equateur au début de ce siècle. La période étudiée court du début des années 2000 à 2014-2015. Le point nodal du travail consiste à étudier les interactions entre la conflictualité socio-écologique des espaces amazoniens dans ces deux pays avec les projections internationales menées par les gouvernements de Rafael Correa en Equateur, et d’Evo Morales en Bolivie. En effet, la question écologique est devenue centrale dans les récits diplomatiques de ces deux gouvernements, élément crucial de leurs politiques d’influence internationale. Les deux premières parties de la thèse sont consacrées aux modalités de projection internationale des deux diplomaties, et au rattrapage de l’autonomie politique de ces pays périphériques, rattrapage inscrit dans les rapports de pouvoir écologique. Les conclusions tirées de ce rattrapage des dynamiques politiques invitent à penser un cadre général d’analyse des relations de pouvoir écologique, dont la robustesse pourrait être éprouvée par la suite. C’est le cœur de la troisième partie de la thèse. J’y propose le concept d’éco-pouvoir, qui déterminerait, du fait de la réalité structurante de l’anthropocène, des configurations et des dynamiques de pouvoir absolument neuves. Les tensions autour de l’autonomie indigène, la souveraineté nationale de ces Etats périphériques, la justice climatique sont observées à travers ce prisme. L’éco-pouvoir y est défini comme pouvoir polycentrique de vie et de mort sur l’espèce, dont l’instauration et la force d’inertie dépendent foncièrement de l’imposition d’une représentation univoque de l’espace et du temps.

    Pierre-Yves Cadalen, Gouverner les communs environnementaux, thèse soutenue en 2019 sous la direction de Karoline Postel-Vinay et David Recondo, membres du jury : Amandine Orsini (Rapp.), Fabrice Flipo (Rapp.), Gabriela Torres-Mazuera    

    La thèse porte sur les relations de pouvoir autour des communs environnementaux en Bolivie et en Equateur au début de ce siècle. La période étudiée court du début des années 2000 à 2014-2015. Le point nodal du travail consiste à étudier les interactions entre la conflictualité socio-écologique des espaces amazoniens dans ces deux pays avec les projections internationales menées par les gouvernements de Rafael Correa en Equateur, et d’Evo Morales en Bolivie. En effet, la question écologique est devenue centrale dans les récits diplomatiques de ces deux gouvernements, élément crucial de leurs politiques d’influence internationale. Les deux premières parties de la thèse sont consacrées aux modalités de projection internationale des deux diplomaties, et au rattrapage de l’autonomie politique de ces pays périphériques, rattrapage inscrit dans les rapports de pouvoir écologique. Les conclusions tirées de ce rattrapage des dynamiques politiques invitent à penser un cadre général d’analyse des relations de pouvoir écologique, dont la robustesse pourrait être éprouvée par la suite. C’est le cœur de la troisième partie de la thèse. J’y propose le concept d’éco-pouvoir, qui déterminerait, du fait de la réalité structurante de l’anthropocène, des configurations et des dynamiques de pouvoir absolument neuves. Les tensions autour de l’autonomie indigène, la souveraineté nationale de ces Etats périphériques, la justice climatique sont observées à travers ce prisme. L’éco-pouvoir y est défini comme pouvoir polycentrique de vie et de mort sur l’espèce, dont l’instauration et la force d’inertie dépendent foncièrement de l’imposition d’une représentation univoque de l’espace et du temps.

    Marion Di Méo, Une démocratie à l’épreuve des mouvements sociaux : le cas du Chili post-dictatorial de 1988 à nos jours, thèse soutenue en 2018 à AixMarseille sous la direction de Christophe Traïni, membres du jury : Fabien Jobard (Rapp.), Camille Goirand (Rapp.), Isabelle Sommier    

    Cette thèse vise à rendre compte de l'évolution, au Chili, de la gestion des événements protestataires par les institutions en charge de l'ordre public depuis le retour à la démocratie en 1990. Il s'agit d'examiner la manière dont un pays autrefois gouverné par la répression encadre, une fois la démocratie retrouvée, les protestations de différents groupes de la société. La thèse interroge aussi l'existence d'un traitement différencié de la contestation en fonction du public mobilisé. L'enquête a été menée entre mars 2015 et mai 2017 et repose sur un matériau composé d'observations, d'entretiens, d'archives de presse. Ce travail est composé de trois parties. La première revient sur les éléments qui ont façonné le contexte politique chilien de la transition, largement défavorable à la contestation. Il s'agit également de s'intéresser aux caractéristiques et à la culture institutionnelle de la police en charge du maintien de l'ordre, en observant comment s'articulent le caractère militaire de cette institution et les fondements de la doctrine du maintien de l'ordre. Dans la seconde, les mobilisations des peuples autochtones et des étudiants chiliens sont longuement décryptées, en particulier la question de leur répertoire d'action et les interactions entre ces groupes, l'État chilien et les forces de l'ordre. La troisième partie est consacrée à la manière dont le passé récent du Chili devient l'enjeu de discours et de mobilisations, et s'intéresse de près à différentes journées de commémoration. Elle examine enfin les effets de la militarisation de la police sur le maintien de l'ordre, et sur les représentations du monde qui entourent ses pratiques professionnelles

    David Copello, L'usage politique des droits de l'Homme : trajectoires militantes et répertoires discursifs des nouvelles gauches argentines (1971-2012), thèse soutenue en 2017 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Gil Delannoi et Olivier Compagnon, membres du jury : Razmig Keucheyan (Rapp.), Justine Lacroix (Rapp.), Marina Franco  

    Cette recherche explore l’articulation entre les « nouvelles gauches » révolutionnaires et les mobilisations argentines pour les droits de l’Homme à partir des années 1970. Mobilisant archives et entretiens, elle se situe entre sociologie politique et histoire des idées politiques pour reconstruire la trajectoire militante d’un collectif informel d’acteurs et en analyser les répertoires discursifs. La première partie met en évidence le rôle pionnier joué par les nouvelles gauches dans l’émergence des droits de l’Homme comme référence du discours militant en Argentine au début des années 1970. On assiste alors à un processus d’hybridation discursive mêlant radicalité politique et recours à un lexique juridique, dans un contexte de dictature. La deuxième partie montre comment, malgré la domination d’une conception libérale des droits de l’Homme, la spécificité de ce discours radical se préserve suite au retour à l’État de droit à partir des années 1980. Il se précise alors via une série de mises à l’épreuve (procès des juntes, incrimination du militantisme révolutionnaire, attaque d’un régiment militaire par un groupe de gauche armée). La troisième partie, enfin, souligne le fait que l’usage actuel de certaines notions (« génocide », « 30 000 disparus ») relatives au récit de la dictature ne peut être compris que s’il est réinscrit dans les trajectoires étudiées au préalable, lesquelles produisent des significations sui generis. Le répertoire discursif contemporain des droits de l’Homme révolutionnaires est en ce sens tributaire d’une longue évolution, qui rend compte de la fondation d’un nouveau sens commun radical démocrate au sein de la gauche argentine.

    Rene Jara, Un vote sans voix : la réforme des technologies et rituels de vote au Chili (1823-1920), thèse soutenue en 2016 à Université Grenoble Alpes ComUE sous la direction de Olivier Ihl, membres du jury : Yves Déloye (Rapp.), Alfredo Joignant (Rapp.), Nathalie Dompnier et Christophe Voilliot  

    Alors que la démocratie électorale chilienne commence à se défaire lentement de l’héritage du régime de Portales, la modernisation des techniques et rituels de vote devient une question centrale. La réforme électorale de 1874 est ainsi désignée comme le point de départ de la démocratisation du vote. Cependant, l’ampleur des incertitudes qui s’ouvrent avec les modifications que cette réforme introduit nous obligent à remettre en question les rapports, très souvent présupposés, entre innovations technologiques et démocratisation. Afin d’examiner en détail cette problématique, notre thèse explore les transformations successives du cadre légal, des discours et des représentations iconographiques du vote, à partir de la démarche employée par la sociologie historique. La restitution des controverses, des débats et les différentes représentations de l’acte de vote contribuent à mieux nous faire comprendre les limites que la technologie du vote imposent à l‘expression d’une voix politique, dans une période où le système politique est en train de s’institutionnaliser et les métiers politiques en train de se professionnaliser.

    Thomas Posado, Les reconfigurations du syndicalisme dans le Venezuela d’Hugo Chávez : une réincorporation ambiguë ?, thèse soutenue en 2015 à Paris 8 sous la direction de Yves Sintomer, membres du jury : Olivier Compagnon (Rapp.), Emilio Horacio Taddei, Andréia Galvão et Sophie Béroud  

    Cette thèse étudie la reconstitution du lien entre l’État et le mouvement syndical au Venezuela entre 1999 et 2015. Paradoxalement, la radicalisation rhétorique de Chávez est concomitante à des pratiques plus conservatrices, on analyse la contention d’une situation révolutionnaire devenue thermidorienne. Le mouvement syndical, acteur marginalisé au cours de la période, apparaît comme un prisme pour appréhender ces transformations. Souvent utilisé pour caractériser le gouvernement Chávez, le populisme, même affranchi de ses deux principaux écueils, un « dénigrement des masses » et un flou définitionnel, même conscrit à l’aire latino-américaine, nous paraît trop imprécis. Cette étude de cas permet une actualisation du concept d’incorporation de David et Ruth Berins Collier à l’époque post-néolibérale dont le Venezuela s’inscrit dans la variante privilégiant la mobilisation au contrôle. Le champ syndical, dont l’organisation est contrôlée par l’adoption d’une nouvelle loi du travail, est marqué par un haut niveau de politisation. Nous montrons les spécificités de la seconde vague d’incorporation : constituée sur une base territoriale plus que corporatiste, avec le secteur informel plutôt que la paysannerie comme classe populaire non inscrite dans des rapports de production salariés. L’étude des trajectoires des membres des comités exécutifs des trois centrales successivement majoritaires et de quelques récits biographiques permet de mieux comprendre le renouvellement puis l’institutionnalisation des directions syndicales. Nous achevons ce travail en nous intéressant au Bolívar, région du sud-est du pays, reflet des tensions entre le chavisme et le mouvement ouvrier.

    Julio Burdman, El presidencialismo populista : sus efectos en el sistema político argentino contemporáneo, thèse soutenue en 2015 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Olivier Dabène, membres du jury : Manuel Alcántara Sáez (Rapp.), Graciela Ducatenzeiler (Rapp.), David Recondo  

    La Constitution argentine de 1853, comme toutes les constitutions de l'Amérique latine du XIXe siècle, a établi un rôle central du président dans le système politique. Mais ce système, bien que potentiellement démocratique, limitait la participation populaire. Les constituants de 1853 croyaient que la démocratisation du régime se produirait par le Congrès, ayant le pouvoir de représentation. Mais ce qui est arrivé était différent: la présidence étant le centre du système, lorsque les réformes démocratiques du XXe siècle se produisent, une relation entre le président et le public a été institué. Et donc, la présidence a été transformée en quelque chose de très différent de ce que les fondateurs des institutions argentines avaient envisagé. Le président moderne, ou populiste, a un pouvoir électoral incontesté et est devenu le sujet de la représentation populaire. Et en conséquence, le président est devenu aussi l'agent principal du changement dans les politiques publiques. Dans cette thèse, nous proposons de conceptualiser la relation entre le président et le public, appelé «présidentialisme populiste» comme l'un des trois dimensions institutionnelles du pouvoir présidentiel. Cette transformation structurelle de la présidence a également impliqué un certain nombre de changements dans le système politique. La centralité électorale de l'exécutif, en particulier la présidence, a fait que des processus institutionnels comme les élections législatives, les stratégies de nouveaux partis politiques ou les interprétations de l'opinion publique soient trop orientées vers la présidence. La centralité de la présidence est donc en augmentation. La conclusion de cette thèse, qui ouvre un programme de recherche, c'est que le système présidentiel ne doit pas être abandonné, mais que le législateur devrait envisager des mécanismes pour réglementer et équilibrer les effets du présidentialisme populiste.

    Thomas Richard, Mythologies politiques et identitaires dans les conflits du Moyen-Orient à l'heure de la mondialisation, thèse soutenue en 2014 à ClermontFerrand 1 sous la direction de Frédéric Charillon, membres du jury : Ariel Colonomos (Rapp.), Riva Kastoryano (Rapp.)  

    Cette thèse a pour objet d’étudier la façon dont sont constitués et utilisés les systèmes de références des acteurs politiques dans les conflits du Moyen-Orient, de telle sorte que ces références deviennent des normes, par rapport auxquelles leurs actions sont conditionnées. Ceci en prenant en compte à la fois la dimension étatique dans la création de ces normes, et les initiatives privées, et la façon dont ces deux dimensions dialoguent. Par ailleurs, compte tenu du contexte de la mondialisation, cette étude prend en compte la dimension de métissage de ces références. Pour ce faire, elle procède par l’étude des mémoriaux et musées d’une part, et d’un corpus filmique d’autre part, sur les terrains de recherche égyptien, israélien, palestinien, libanais, jordanien et turc.

    Céline Merheb, ”Réinventer” le Liban : De l'Etat tampon à un Etat souverain, thèse soutenue en 2013 à Lyon 2 sous la direction de Mohamed-Chérif Ferjani, membres du jury : René Otayek (Rapp.), Jean-Yves Moisseron (Rapp.)  

    Cette thèse porte sur le statut du Liban comme Etat tampon au sein de la région du Moyen-Orient. L'ambition de cette recherche est de voir comment ce petit pays est devenu le théâtre de différents enjeux régionaux et internationaux qui s'y mêlent pour se transformer en tensions internes engendrant une crise qui s'éternise et prend la forme de conflits armés récurrents. Les tensions à l’œuvre dans la scène politique libanaise sont analysées à partir des spécificités du système socio-politique du Liban, du consociationalisme qui le caractérise et du rôle de la société civile comme un acteur majeur du changement. L'analyse est articulée sur une réflexion sur les points faibles de la constitution libanaise et sur les questions soulevées par l’Accord de Taëf mais qui n’ont fait l'objet que de tentatives de solution partielles comme c'est notamment le cas pour la décentralisation et le désarmement des milices. Ce travail s'est appuyé sur une réflexion théorique sur le consociationalisme ainsi que sur l'analyse critique des travaux consacrés à la question libanaise et sur une recherche empirique à partir d'entretiens effectués avec des personnalités politiques (députés et ministres) représentant diverses confessions et partis politique libanais. L'objectif de ces entretiens est de comprendre les représentations et les approches que ces politiciens ont des questions abordées dans cette thèse.L’incapacité du Liban à retrouver sa souveraineté intégrale apparait, au terme de cette recherche comme la conséquence de la faiblesse de son système consociatif, mais aussi, et surtout, de son statut d’État tampon. Partant, les solutions envisageables, pour atteindre l'objectif d'une souveraineté pérenne du pays des cèdres, passent nécessairement par une meilleure gestion du pluralisme confessionnel et l'observation d'une véritable neutralité par rapport aux conflits de la région.

  • Matthieu Le Quang, Le Bien Vivre entre théorie politique et politique publique : analyse à partir du cas de la Révolution Citoyenne en Equateur, thèse soutenue en 2022 à Université Paris Cité sous la direction de Fabrice Flipo, membres du jury : Franck Gaudichaud (Rapp.), Emmanuelle Sinardet, Diana Sarrade Cobos, Marie Cuillerai et Michael Löwy  

    A la fin du XXème siècle et au début du nouveau millénaire, l'Amérique latine a connu une série de changements d'orientation politique avec l'arrivée de gouvernements post-néolibéraux. L'Equateur fait partie de ces pays avec l'élection de Rafael Correa dont le mandat a duré de 2007 à 2017. Avec l'approbation de la nouvelle Constitution en 2008, un nouveau concept a surgi dans les débats politiques et académiques : le Bien Vivre. En tant que signifiant vide, il a fait l'objet de diverses interprétations dont les débats théoriques ne sont pas isolés des conflits et des controverses que l'on peut trouver au sein des gauches équatoriennes durant la transition post-constitutionnelle et ont des répercussions politiques concrètes sur la direction politique du post-néolibéralisme de la Révolution Citoyenne. L'objectif de ce travail est de montrer quels sont les obstacles et les limites tant internes qu'externes pour la mise en œuvre d'une transition post-néolibérale vers une société du Bien Vivre dans un capitalisme périphérique. Pour cela, nous positionnons les débats du Bien Vivre au sein de la prolifique écologie politique latino-américaine faite de rencontres et de débats entre intellectuels et acteurs sociaux s'intégrant ainsi dans la longue tradition de la pensée critique latino-américaine. Une de nos hypothèses de travail est que le Bien Vivre est un concept encore en construction par sa définition assez large : une vie en harmonie avec soi-même, entre êtres humains et entre ceux-ci et la nature. A partir de cette hypothèse, nous avons identifié trois courants : le courant « culturaliste et indigéniste », l'« écologiste et post-développementaliste » et l'« éco-marxiste et étatiste ». Les interprétations et les débats autour de ce concept peuvent s'expliquer par le fait que la diversité des auteurs et acteurs socio-politiques, qui composent ces trois courants, viennent d'horizons et ont des intérêts différents. La trajectoire sociale et politique de ces auteurs influe sur leur pensée politique d'où les débats que l'on peut rencontrer autour des thèmes comme l'abandon ou non de la notion de développement, le rôle des ressources naturelles dans la transition vers un post-extractivisme ou encore dans la résolution des conflits socio-environnementaux. Ces débats théoriques seront mis à l'épreuve de l'étude du cas de la Révolution Citoyenne en Equateur. La richesse de ce processus politique vient du fait que l'on se trouve face à un gouvernement en dispute dû à son hétérogénéité politique. Les rapports de pouvoir au sein du gouvernement mais aussi la complexité des relations entre le gouvernement et les différents acteurs socio-politiques sont fondamentaux pour comprendre les difficultés de la transition post-néolibérale vers une société du Bien Vivre, tout comme les facteurs géopolitiques et la place de l'Equateur dans la division internationale du travail. L'expérience équatorienne se confronte à une tension, présente dans la Constitution, entre développement économique, extension des droits sociaux et protection de la nature, tout en considérant le respect des droits culturels des peuples et nationalités indigènes, dans un pays dont d'économie dépend de l'exploitation et de l'exportation de ses matières premières. La construction d'un horizon de sens était nécessaire pour dissocier le développement de la simple recherche de la croissance économique et l'associer avec la défense de la nature et des droits culturels et territoriales des peuples indigènes. Quel est le sens à donner à la transition post-néolibérale pour résoudre les tensions entre justice environnementale et justice sociale?

    Lisbeth Gasca Agudelo, Gouverner la famille en Colombie : institutionnalisation et usages de l'adoption dans un État "d'origine", thèse soutenue en 2022 à Paris 1 sous la direction de Jean-Louis Briquet, membres du jury : Sébastien Roux (Rapp.), Laura Victoria García Matamoros  

    L’objectif de celte thèse est de comprendre comment un État, en l’occurrence la Colombie, est devenu un « État d’origine » dans l’espace social de l’adoption internationale. Si l’on considère l’administration de la filiation en tant que « dispositif de protection de l’enfance visant à donner une famille à un enfant qui n’en a pas », il s’agit d’interroger ce qui a rendu l’adoption pensable, puis souhaitable comme dispositif public malgré les contestations dont elle a pu faire l’objet. L’adoption est ici définie comme un instrument d’action publique, traversé par des représentations et des significations qui organisent les rapports entre gouvernants et gouvernés. Une des hypothèses consiste à envisager l’émergence de l’adoption comme une solution à des problèmes publics tels que la responsabilisation des géniteurs envers leurs descendants, ou encore la maltraitance. Cela s’est accompagné en Colombie d’un travail de cadrage de renversement de stigmates qui a rendu souhaitable publiquement la possibilité de créer juridiquement une filiation aussi valable socialement que celle issue du biologique. De telles évolutions ont été rendues possibles car l’adoption s’est construite comme une institution en Colombie. En ce sens, elle apparaît comme un dispositif de savoir et de pouvoir qui révèle le rapport de l’État colombien à la parenté qu’il fonde sur une dimension fonctionnelle. Dès lors, la capacité démontrable à être parent devient un impératif dans un cadre cognitif et pratique marqué par l’internationalisation des droits de l’enfant. La famille constitue ainsi une construction déconstructible par le biais de l’appréciation publique de sa fonctionnalité.

    Ingrid Vanessa Muro Jiménez, Societal Reactions to Insecurity : recurring to Community Organization. The case of Juchitan and Ayutla-Mixe, Oaxaca, thèse soutenue en 2022 à Paris 3 sous la direction de Olivier Dabène, membres du jury : Ernesto Isunza Vera (Rapp.), Camille Goirand, David Recondo et Laurent Gayer    

    Cette recherche analyse les stratégies civiles de lutte contre l'insécurité qui émergent dans les localités traditionnelles et basées sur les partis politiques à Oaxaca, au Mexique. Plutôt que de se concentrer sur les politiques publiques descendantes mises en œuvre par le gouvernement, cette recherche se concentre sur deux stratégies ascendantes qui ont lieu à Juchitán et Ayutla-Mixe. Dans le processus qui part de la création de l'initiative civile jusqu'à l'obtention d'un résultat, ces stratégies civiles ascendantes ont maintenu le contact avec les représentants du gouvernement. L'objectif de cette recherche est de comprendre les interactions entre les représentants municipaux et les civils mobilisés dans le contexte des initiatives civiles ascendantes contre l'insécurité. Cette recherche postule que les systèmes locaux de gouvernance, qu'ils soient communautaires ou non-communautaires, contribuent à expliquer les résultats des initiatives civiles contre l'insécurité. Elle décrit les raisons pour lesquelles les initiatives ascendantes émergent, elle analyse les relations entre l'État et les citoyens tout au long du processus de mise en œuvre de ces stratégies, et elle étudie la manière dont le système local de gouvernance contribue à expliquer les différences dans les résultats des initiatives.

    Andrea Barrera Tellez, “Nunca hemos dejado de movilizarnos” : Carreras militantes y subjetividades políticas de mujeres excombatientes del M-19 y del MAQL (Colombia), thèse soutenue en 2021 à Université Paris Cité sous la direction de Jules Falquet, membres du jury : Enzo Nussio (Rapp.), Mercédès Yusta Rodrigo, Leopoldo Múnera Ruiz, Camille Boutron et Miguel Ángel Beltrán Villegas  

    En Colombie, la reconnaissance sociale des subjectivités politiques des femmes qui ont participé au conflit armé en tant que membres de groupes insurgés se heurte à de grandes difficultés. Les femmes colombiennes font face à d'immenses obstacles pour participer aux espaces publics/politiques et pour être pleinement reconnues comme sujets politiques. À cette situation s'ajoute la négation de l'existence même du conflit armé et du caractère politique des actions et des revendications des guérillas. Les ex-combattantes colombiennes ont été confrontées au déni social de leur existence et de leur histoire, constituant la figure impensable de femmes politisées ayant pris les armes contre le statu quo. L'objectif principal de cette thèse est de contribuer à l'étude et à la reconnaissance des expériences des ex-combattantes en tant que sujettes et actrices politiques dans l'histoire de la Colombie. À cette fin, celle-ci propose une lecture sociologique qui met l'accent sur le caractère politique de leur parcours militant avant, pendant et après leur participation à la lutte armée révolutionnaire. Cette thèse retrace les expériences militantes et la praxis politique des femmes qui ont pris part à deux mouvements armés collectivement démobilisés au début des années 1990 : le Mouvement Armé 19 de Abril (M-19) et le Mouvement Armé Quintín Lame (MAQL). Ce travail se base sur l'analyse de données qualitatives contenues dans une vingtaine d'entretiens semi-directifs, dont certains font partie d'une archive construite par le Réseau National des Femmes Ex-combattantes de l'Insurgence (Red Nacional de Mujeres Excombatientes de la Insurgencia) et qui jusqu'à présent n'avait pas été mobilisée dans des recherches académiques. Il mobilise également des observations participantes réalisées pendant plusieurs mois avec le Réseau et sur l'analyse d'articles d'ex-combattants publiés dans le magazine numérique La 13. Cette recherche s'appuie sur plusieurs champs disciplinaires, notamment les études sur la violence en Colombie, la sociologie interactionniste du militantisme et les études féministes, en particulier le féminisme matérialiste francophone. Grâce au concept de « carrière militante insurgée », cette thèse présente une analyse multi-niveau qui permet une compréhension qui « desexceptionnalise » la période de la lutte armée. Ceci souligne également le caractère processuel et utopique-subversif des expériences militantes qui ne commencent ni ne finissent avec le passage par les groupes armés. Au contraire : après la démobilisation des mouvements armés auxquels elles ont participé, les ex-combattantes prolongent leur militantisme dans des actions collectives émancipatrices en constante évolution.

    Margaret Prado Ramirez, La naissance d'une politique sociale de prévention de la délinquance juvénile en Colombie (2006-2019), thèse soutenue en 2021 à université ParisSaclay sous la direction de Maryse Bresson, membres du jury : Dominique Vidal, Christian Mouhanna et Léa Lima  

    L'histoire républicaine de la Colombie est secouée par de multiples guerres civiles, des conflits politico-armés et par le trafic de drogue. Le pays n'a connu que 50 ans de paix depuis son indépendance de l'Espagne. Le récent conflit remonte aux années 1960 et a imprégné toutes les sphères sociales, politiques et économiques du pays. La guerre, le trafic de drogue, les bandes criminelles ont un impact sur le développement et les pratiques de la délinquance juvénile en Colombie. Les jeunes et les gangs de jeunes sont instrumentalisés par les adultes dans les zones urbaines, où ils commettent des crimes dans une sorte de franchise. Dans les zones rurales, les groupes armés recrutent des jeunes comme main-d'œuvre pour les actions militaires, leur adhésion à ces groupes est alors conditionnée par de multiples facteurs et peut être volontaire ou forcée. Dans cet amalgame, des politiques étatiques et institutionnelles de prévention de la délinquance juvénile de différentes natures sont nées et se sont développées. Le nouveau Code de l’enfance et l’adolescence (2006) marque un tournant complexe. Les actions de prévention se déploient mais, en intégrant le volet répressif. Les domaines couverts sont divers : socio-éducatif, quasi-carcéral, répressif, coercitif et incluent même, selon certaines typologies, le "nettoyage social" que les groupes armés illégaux exercent dans leurs zones d'influence et de contrôle territorial, à l’égard de ceux qui ne respectent pas les règles. Ce développement complexe des réponses aux phénomènes de délinquance juvénile s’observe également dans le traitement juridique des jeunes qui ont commis des délits, et dans la définition du crime et de la délinquance. Des étiquettes différentes sont créées pour les mineurs, considérés selon les cas comme victimes ou comme pénalement responsables. En pratique en Colombie, la déviance n'est pas définie par l’acte criminel commis, mais par le groupe avec lequel l'infraction est commise et la zone, urbaine ou rurale, dans laquelle les actes punissables sont commis. De plus, entre la conception des lois et la mise en œuvre de politiques de prévention de la délinquance juvénile, on constate des délais et retards, des processus trop longs. La recherche menée amène à conclure que, malgré les textes de lois et les dispositifs politiques et institutionnels, il n'y a pas de politique sociale de prévention de la délinquance juvénile en Colombie.

    Julie Lavielle, Mémoires d’une violence rémanente : genèse, appropriations et contestations des lieux de mémoire en Colombie, thèse soutenue en 2019 à Paris 10 sous la direction de Marie-Claire Lavabre, membres du jury : Luc Capdevila (Rapp.), Denis Merklen et Sandrine Lefranc    

    Cette recherche a pour objectif de saisir les mobilisations plurielles et éclatées autour de la mise en récit publique du conflit armé dans un contexte de violence en Colombie. Inspirée par les travaux sur les sorties de conflit et la sociologie de la mémoire, elle prend comme terrain d’observation les lieux de mémoire (musées et maisons de la mémoire, monuments) qui se multiplient depuis la fin des années quatre-vingt-six. Elle envisage les lieux de mémoire comme des objets pertinents pour saisir les rapports de force politiques et sociaux qui se nouent dans un contexte de sortie de conflit très relatif. À partir d’entretiens et d’observations ethnographiques menées dans trois lieux de mémoire, ce travail questionne les effets des lieux de mémoire sur le politique. Il met en évidence les limites du pouvoir des lieux de mémoire à encadrer les mémoires et à participer à la fin du conflit. En revanche, ils pacifient le rapport historiquement conflictuel qu’entretient l’État avec certains groupes sociaux en reformulant des problèmes politiques et économiques sous l’angle du symbolique et en créant de nouvelles formes de luttes et d’engagement politique. Les lieux de mémoire reconfigurent les rapports entre gouvernants et gouvernés : à travers mise en récit du conflit armé, des revendications sociales et politiques en sortent pacifiées et re-politisées.

    Fernando Pineda-Pinzon, L'action de la Commission européenne en Colombie, 1990-2010 : coopération pour le développement et construction des citoyennetés, thèse soutenue en 2018 à Paris 10 sous la direction de Ludovic Tournès, membres du jury : Olivier Compagnon (Rapp.), Pilar González Bernaldo de Quirós et Sandrine Lefranc    

    Au-delà des grands discours, les relations internationales se concrétisent dans des actions de coopération entre les États. Au cours des deux décennies après 1990, dans un contexte d’apparent consensus idéologique international sur la démocratie et le développement, notre travail a étudié la traduction des grands discours dans des actions sur le terrain. Nous avons étudié l’action de l’Union Européenne, un acteur des relations internationales en construction pendant cette période qui se présente comme un champion de la démocratie. Comme terrain de mise en œuvre, nous avons choisi la Colombie, un pays fortement divisé au niveau idéologique, qui a été traditionnellement sous l’influence des États-Unis, mais où l’Union Européenne augmente son investissement après 1990. Nous avons analysé les stratégies de coopération de l’Europe dans des domaines comme la construction de la démocratie, la gestion de fonds et l’éducation. Nous avons aussi étudié des documents concernant 13 projets sur le terrain entre 1990 et 2010. Il s’agit de documents de formulation, de communication externe et de suivi de projets ainsi que d’entretiens avec des personnes ayant participé de leur mise en œuvre. Nous avons pu apprécier la polysémie et les contradictions, les résistances et les interprétations qui ont lieu à l’heure de traduire les idées politiques dans des projets sociaux ou éducatifs. Notre travail a permis d’identifier les caractéristiques du modèle particulier de citoyenneté démocratique qui s’est construit dans les pratiques de coopération de la Commission Européenne en Colombie, mettant ainsi en relief les projets politiques et la nature historique de ces pratiques qui sont le plus souvent analysées d’un point de vue purement technique.Nous avons tiré aussi des conclusions sur les spécificités des pratiques européennes de relations internationales dans la construction de la démocratie par rapport notamment aux pratiques des États-Unis. Enfin, les conclusions de notre travail portent sur le processus de construction de la paix et de la démocratie en Colombie et le rôle de l’action internationale dans le pays par rapport aux dynamiques internes.

    Mélodie Breton-Grangeat, La cause des femmes au Yémen : contribution à une analyse intersectionnelle des rapports de domination, thèse soutenue en 2017 à Paris 1 sous la direction de Delphine Dulong, membres du jury : Mounia Bennani-Chraïbi (Rapp.), Blandine Destremau, Franck Mermier et Isabelle Sommier  

    À partir d'une enquête qualitative, principalement fondée sur des entretiens et une observation participante, cette thèse restitue dans une perspective intersectionnelle les conditions sociales et politiques de la construction de la cause des femmes au Yémen. Après avoir montré comment les rapports sociaux de sexe ont progressivement été constitués en enjeu politique au cours du XXe siècle aussi bien entre les pouvoirs politiques, les partis politiques, mais aussi l'aide publique internationale (chapitre 1), on interroge les conditions d'émergence d'une conscience de genre du côté des femmes « ordinaires » (i.e. non issues de l'élite politisée et militante). Dans le chapitre 2, l’hypothèse selon laquelle un espace d’entre-soi féminin permettrait l’émergence d’un discours alternatif caractérisé par une conscience de genre est ainsi testée via une enquête ethnographique au long cours dans une petite association féminine de province porteuse d'un projet d'empowerment financé par l'UE. Comme on le montre alors, si cette expérience conduit les salariées associatives enquêtées à renégocier certaines normes de genre, les effets de cette socialisation s'avèrent néanmoins limités et même ambivalents. Car outre le fait que les salariées continuent de veiller aux intérêts des hommes de leur famille dont elles demeurent tributaires, leur nouveau statut les conduit à se distinguer des femmes des classes inférieures, obérant ainsi les possibilités d’émergence d’une conscience de genre. On appréhende mieux dès lors les mécanismes de délégation politique au sein de l'espace de la cause des femmes qui amènent les femmes de l’élite à revendiquer la représentation des femmes yéménites dans leur totalité, notamment des femmes pauvres. Cela explique aussi pourquoi, au sein de l’espace de la cause des femmes au Yémen, l’accent est mis sur certaines questions plutôt que d’autres. L'analyse des caractéristiques sociales de celles qui participent à la révolution en 2011 (chapitre 3), puis à la Conférence du dialogue national (chapitre 4), éclaire en effet le succès de certaines revendications, et plus particulièrement du quota politique, lequel fonctionne comme une rétribution du militantisme pour les femmes de l’élite qui, malgré leurs capitaux scolaire, social et militant, ont un accès extrêmement limité aux mandats et postes politiques.

    Serge Ollivier, Existir como comunidad : vivre la démocratie dans les barrios de Caracas sous la IVè république vénézuélienne (1958-1998), thèse soutenue en 2017 à Paris 1 sous la direction de Annick Lempérière, membres du jury : Magaly Sanchez R. (Rapp.), Charlotte Vorms et Virginie Baby-Collin  

    En 1958, la chute de la dictature militaire entraine une démocratisation improvisée du système politique vénézuélien et, tout à la fois, l'occupation des collines de Caracas par des masses de migrants venus de l'intérieur du pays. Ils y construisent leurs logements de fortunes qui forment les barrios, ces quartiers populaires et auto-construits qui accueillent dès les années 1980 la moitié des habitants de la capitale vénézuéliennes. Niés comme quartiers à part entière de la ville, les barrios sont reconnus comme « communautés » de citoyens par l'État via ses politiques sociales de «développement de la communauté». Les enjeux d'intégration à la ville partagés par tous les habitants des barrios ont entraîné ainsi la construction sui generis de la «communauté» du barrio comme un lieu triplement politique : objectivement, comme espace de sociabilités politiques entre les habitants eux-mêmes et entre certains d'entre eux et des réseaux politiques extérieurs au barrio ; institutionnellement, comme cadre d'exercice de droits civiques et de jouissance de droits sociaux via des organes «communautaires», principalement les juntes et associations de voisins ; symboliquement, comme principe unificateur d'un peuple populaire. Cette thèse a pour ambition de saisir l'histoire de cette construction de la «communauté» du barrio comme lieu politique, que ce soit par des acteurs soutenant les partis dominant la Quatrième République ou par des révolutionnaires. De 1958 à 1998, durant toute la Quatrième République vénézuélienne, cette politique de la communauté urbaine populaire participe à la fois la modernité urbaine et à la modernité démocratique vénézuélienne.

    Mathilde Allain, Défendre le territoire : la construction de solidarités internationales par les organisations paysannes colombiennes, thèse soutenue en 2016 à Bordeaux sous la direction de Antoine Roger et Sylvie Ollitrault, membres du jury : Gilles Massardier (Rapp.), Xabier Itçaina, Denis Pesche et Sandrine Lefranc  

    Dans le conflit colombien, qui a fait naître différentes formes de solidarités et a suscité l’intervention de nombreux acteurs internationaux, les paysans que nous avons rencontrés ne se contentent pas d’attendre une solidarité venue d’ailleurs. Réunis en collectifs, ces acteurs locaux cherchent à défendre leur territoire et à proposer d’autres formes de développement. C’est la rencontre entre ces organisations paysannes et différents acteurs de la solidarité internationale qui est au coeur de cette thèse. Pour mieux comprendre comment les paysans construisent ces solidarités, nous proposons de croiser sociologie des mobilisations et sociologie de la solidarité internationale. À partir d’une comparaison et d’un terrain au plus près de deux organisations paysannes, nous postulons que cette solidarité est le résultat de construits sociaux et le produit de rencontres entre acteurs internationaux et locaux à des moments particuliers. Nous analysons ainsi la manière dont les paysans conçoivent et définissent ces relations avec des interlocuteurs internationaux, et comment ils tentent de faire valoir leurs revendications. Les leaders paysans se (ré)-approprient en effet des causes dites« globales », les transforment et adaptent leurs savoirs pour se mobiliser tant aux niveaux local et international que, de manière incontournable, au niveau national.L’internationalisation de leur cause n’apparaît ainsi pas comme une fin en soi pour ces acteurs locaux, mais comme une manière de redéfinir leur place en Colombie.

    Damien Larrouqué, Les politiques d’inclusion digitale en Amérique latine : de la rénovation éducative à la recomposition de l'Etat (Argentine, Paraguay, Pérou, Uruguay), thèse soutenue en 2016 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Yves Surel, membres du jury : Patrick Hassenteufel (Rapp.), Philippe Bezes, Olivier Compagnon et Sabine Saurugger  

    L’enjeu de cette thèse est de mettre en lumière les transformations institutionnelles observables en Amérique latine à l’aune de la gestion des politiques d’inclusion digitale. Instaurés par certains pays de la région au milieu des années 2000, ces programmes socio-éducatifs s’inspirent de l’initiative promue par la fondation philanthropique nord-américaine One Laptop Per Child (OLPC). Ces politiques publiques ont pour double caractéristique d’être relativement coûteuses en termes financiers et d’être, sur le plan logistique, très contraignantes à administrer. Aussi, selon notre postulat de départ, elles nous permettent non seulement d’illustrer le « retour de l’Etat » en matière d’investissement social, mais encore d’apprécier son efficacité à l’heure de mettre en œuvre des initiatives présentées comme révolutionnaires. D’après notre principale hypothèse, leur concrétisation a été conditionnée par la capacité des pouvoirs publics à innover en matière de gestion administrative. La plus-value académique de ce travail repose sur le concept d’Etat néo-wébérien, lequel se situe à mi-chemin entre le modèle bureaucratique classique et le New Public Management. Nous soutenons que les programmes d’inclusion digitale étudiées (plan Ceibal en Uruguay, plan Conectar Igualdad en Argentine, plan Una Computadora por Niño au Pérou, plan OLPC au Paraguay) ont été couronnés de succès dans les deux pays du Bassin de la Plata (Argentine et Uruguay) qui ont su emprunter le plus aux caractéristiques de cette conception, certes idéal-typique, mais néanmoins éclairante à l’heure d’appréhender la réalité des mutations contemporaines de l’Etat en Amérique latine.

    Camille Morel, L'aménagement des espaces publics : objet de débat et d'antagonismes. Le cas des parcs Lezama et Micaela Bastidas à Buenos Aires, thèse soutenue en 2016 à Paris Est sous la direction de Jérôme Monnet et Claire Hancock, membres du jury : Andrés Borthagaray    

    L’aménagement de l’espace public urbain est devenu un sujet central du débat public à Buenos Aires sous le gouvernement de M. Macri ces dernières années par l’effet d’un double mouvement. Durant ses deux mandats (2007-2015), les responsables politiques ont fait de l’aménagement de l’espace public, notamment au centre-ville, l’un des leviers principal de leurs politiques urbaines. Parallèlement, une partie des mouvements sociaux portègnes a désigné l’organisation spatiale de la ville comme l’un des facteurs des inégalités sociales. De ce fait, la délibération autour de l’aménagement urbain a fait ressortir des antagonismes prenant leurs racines dans le reste de la société obligeant la sphère publique à évoluer. D’abord, la recomposition du jeu d’acteurs autour de nouveaux mouvements sociaux, les assemblées de quartier, a bousculé le partenariat traditionnel entre associations de vecinos et pouvoirs publics. Ensuite, de nouvelles oppositions ont émergé concernant la conception des espaces publics de la ville, et notamment autour de la politique de « récupération » du gouvernement qui détermine des usages légitimes de l’espace public. Enfin, le débat public s’est déplacé vers de nouveaux espaces de délibération : l’espace public urbain qui a confirmé sa dimension politique historique en Argentine, et les réseaux sociaux numériques qui ont accueilli de nouvelles formes de mobilisation. Ainsi, l’aménagement de l’espace public est débattu aujourd’hui dans une pluralité de sphères publiques qui sont toutes traversées par des antagonismes renouvelés

    William Herrera Ríos, S'emparer des "absents" : la construction du Secrétariat national du migrant de l'Equateur (2007-2013) entre compétitions politiques, concurrences bureaucratiques et fragilités d'une innovation institutionnelle, thèse soutenue en 2016 à Paris 1 sous la direction de Michel Dobry, membres du jury : Gioconda Herrera Mosquera (Rapp.)  

    Cette thèse se consacre à la gestation et au destin d'une institution étatique conçue pour la gestion de l'émigration et l'encadrement des rapports de l'État équatorien avec ses ressortissants à l'étranger -le Secrétariat national du migrant de l'Équateur (Senami) -et aux activités que cette institution a déployées à ces fins. Au moment où le Senami est créé en mars 2007 par le président Rafael Correa, l'enjeu consiste à assembler une institution «transnationale» capable d'agir au plus près des émigrés comme pour s'emparer des«absents» ou des «oubliés de la Patrie», pour reprendre le langage des acteurs, et les intégrer à l'État d'origine ainsi qu'à l'entreprise politique de la "Révolution citoyenne" dirigée par Correa. Disposant du soutien présidentiel, tout aurait laissé à croire que le Senami bénéficiait des conditions favorables pour se développer au sein de l'État. Or, six ans après sa création, l'acte de disparition de la jeune institution est signé en juin 2013 par celui-là même qui en était l'un de ses principaux promoteurs au départ, le président Correa. Le processus de construction institutionnelle du Senami et les efforts déployés pour l'installer durablement dans l'appareil étatique sont ainsi au cœur de cette thèse. Nous nous attacherons en particulier aux luttes politiques autour de la place de l'émigré en Équateur ainsi qu'aux compétitions bureaucratiques au cours desquelles non seulement se définit l'enjeu migratoire et la politique censée l’encadrer, mais se joue aussi le devenir de l'institution conçue pour les émigrés.

    Anne-Lucie Jarrier, Construire les routes du développement en Amazonie : étude des conflits sur l'aménagement du territoire régional au prisme des instruments, thèse soutenue en 2014 à Paris 2 sous la direction de Yves Surel, membres du jury : Patrick Le Galès (Rapp.), Olivier Dabène et Natacha Gally  

    Avec le lancement de l'initiative pour l'intégration de l'infrastructure régionale sud-américaine (IIRSA), la construction d'un couloir de circulation ≪ bi-océanique ≫ cherche à relier l'Atlantique et le Pacifique par le fleuve Amazone. Ce projet, sous-tendu par un diagnostic économique selon lequel la situation de ≪ sous-développement ≫ est due a l'existence d'un≪ déficit ≫ en matière d'infrastructures, entend pallier ce manque en proposant un programme d'équipement du territoire unifié a l'échelle de l'Amérique du Sud. La pleine réalisation de ce programme ferait perdre leur pertinence aux entraves au commerce et permettrait d'intégrer des espaces marginalisés à l'économie productive. Toutefois, la réalisation de l' ≪ axe amazonien ≫soulève de nombreux enjeux environnementaux et sociaux qui donnent lieu à la mise en forme d'un discours critique sur l'opportunité du projet, a l'émergence d'une mobilisation qui s'y oppose et dans certains cas à la formation de conflits locaux.Cette étude considère l'Amazonie comme un laboratoire de la confrontation de deux paradigmes concurrents : la conquête de la frontière économique comme moteur du développement et celui de la préservation du ≪ poumon de la planète ≫. S'appuyant sur des données collectées dans le cadre de trois projets de l'axe amazonien de l'IIRSA (en Colombie,en Equateur et au Pérou), cette étude propose une enquête comparative sur plusieurs niveaux (international, national et local) afin de mener une réflexion croisée sur l'articulation des différents niveaux de gouvernement (intégration régionale, gouvernance locale), mais aussi d'étudier les rapports de force entre deux modèles de développement contradictoires.

    Jacobo Grajales Lopez, Le pouvoir des armes, le pouvoir de la loi : groupes paramilitaires et formation de l'Etat en Colombie, thèse soutenue en 2014 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Jean-Louis Briquet, membres du jury : Christian Lund (Rapp.), Olivier Dabène et Jean-François Bayart  

    La relation des groupes armés non étatiques à l’Etat ne relève pas nécessairement d’une alternative exclusive entre l’affaiblissement étatique ou la délégation de la violence. Cette thèse prend comme objet la relation entre l’Etat et les groupes paramilitaires en Colombie afin d’étudier le lien entre la violence privée et la formation de l’Etat. L’histoire de ces groupes se caractérise à la fois par des alliances collusives avec des secteurs des élites politiques et administratives et par des processus de dénonciation qui rendent ces relations inavouables. Il s’agit donc d’une situation dans laquelle le pouvoir des armes échoue à se transformer en pouvoir légal. Une double perspective est mobilisée. Une première approche analyse le traitement des groupes paramilitaires par les institutions étatiques centrales, dans les termes d la politique de sécurité, de l’action judiciaire ou encore des politiques de sortie de conflit. Elle montre que ces groupes font l’objet d’une multiplicité de formes d’intervention étatique. Celles- ci ne peuvent se comprendre comme une forme univoque d’action publique, mais plutôt comme le signe de conflits intra-étatiques portant sur le contrôle et la régulation de la violence. Une seconde approche analyse l’action locale des groupes paramilitaires, à la fois dans leur intervention dans le jeu électoral, leur rôle d’entrepreneurs de violence, leur positionnement face aux guérillas et leur relation au marché. Elle montre que les groupes paramilitaires constituent des formes d’autorité locale. Loin de s’opposer à l’Etat, ils cherchent à tirer des bénéfices de leur position dans le maintien de l’ordre et l’exploitation des ressources.

    Johanna María González Mojica, Les FARC et la lutte pour la reconnaissance : aspects symboliques, émotionnels, moraux et identitaires de la violence armée en Colombie, thèse soutenue en 2013 à Bordeaux 4 sous la direction de Thomas Lindemann, membres du jury : Xavier Crettiez (Rapp.), Jacques Faget, Olivier Dubos et Nathalie Duclos  

    RESUME en français : La confrontation armée en Colombie se distingue par sa durée, son intensité et sa complexité. L’un des acteurs principaux de cet affrontement est la guérilla des FARC. Leur étude, à partir de la théorie de la reconnaissance d’Axel Honneth, permet de prendre en compte le rôle des besoins de reconnaissance, exprimés par ce groupe et ses membres, dans le développement du conflit. En effet, la violence guérillera plonge ses racines dans des dénis de reconnaissance dans les sphères de l’affection (maltraitance infantile, violence intrafamiliale, exactions des groupes armés), du droit (privation de droits-exclusion) et de la solidarité (indignité-injustice). Les aspects de la lutte pour la reconnaissance, menée par ce mouvement, ont évolué dans le temps, en fonction des interactions avec d’autres acteurs comme le gouvernement colombien et des variables comme le narcotrafic, passant d’une lutte pour l’obtention de la dignité et de l’égalité, à une lutte pour le prestige et l’affirmation d’identités idéalisées.

    Emilie Doz, Néstor Kirchner (2003-2007) , thèse soutenue en 2013 à Lyon 2 sous la direction de María Angélica Semilla Durán  

    Le 25 mai 2003, le peuple argentin assistait à l’investiture présidentielle du candidat du Frente Para la Victoria, Néstor Kirchner. Suite à la défection de Carlos Menem pendant l’entre-deux tours, il est élu avec 22% des suffrages. Malgré cette faible légitimité, il réussit à insuffler un changement certain dans la politique argentine. L’objectif de ce travail de thèse est de montrer comment Néstor Kirchner est arrivé à imposer un nouveau système de référence et à tourner la page du passé néolibéral qui a conduit le pays à l’effondrement. Pour cela, notre travail se concentre d’abord sur la présentation nécessaire du contexte économique et politique antérieur aux élections de 2003. Cette contextualisation permet de mieux cerner les conditions dans lesquelles Néstor Kirchner est porté au pouvoir. Ensuite, nous étudions la lutte idéologique qui se met en place, notamment à l’intérieur même du péronisme, afin d’identifier les processus qui permettent au discours kirchnériste de devenir discours dominant. Enfin, il s’agira d’étudier les points de ruptures ou de convergences du kirchnérisme avec le populisme et le péronisme afin de mieux le caractériser. De plus, le décès de Néstor Kirchner survenu le 27 Octobre 2010 a provoqué un véritable choc. Aussi, l’étude de la figure post mortem de Kirchner permet de prendre la mesure du phénomène K, dans le sens où il symbolise à la fois une réhabilitation du politique, une reconstruction de la nation argentine et une refondation du péronisme au XXIème siècle.

    Emilie Doz, Néstor Kirchner (2003-2007), thèse soutenue en 2013 sous la direction de María Angélica Semilla Durán, membres du jury : Dardo Scavino et Néstor Ponce    

    Le 25 mai 2003, le peuple argentin assistait à l’investiture présidentielle du candidat du Frente Para la Victoria, Néstor Kirchner. Suite à la défection de Carlos Menem pendant l’entre-deux tours, il est élu avec 22% des suffrages. Malgré cette faible légitimité, il réussit à insuffler un changement certain dans la politique argentine. L’objectif de ce travail de thèse est de montrer comment Néstor Kirchner est arrivé à imposer un nouveau système de référence et à tourner la page du passé néolibéral qui a conduit le pays à l’effondrement. Pour cela, notre travail se concentre d’abord sur la présentation nécessaire du contexte économique et politique antérieur aux élections de 2003. Cette contextualisation permet de mieux cerner les conditions dans lesquelles Néstor Kirchner est porté au pouvoir. Ensuite, nous étudions la lutte idéologique qui se met en place, notamment à l’intérieur même du péronisme, afin d’identifier les processus qui permettent au discours kirchnériste de devenir discours dominant. Enfin, il s’agira d’étudier les points de ruptures ou de convergences du kirchnérisme avec le populisme et le péronisme afin de mieux le caractériser. De plus, le décès de Néstor Kirchner survenu le 27 Octobre 2010 a provoqué un véritable choc. Aussi, l’étude de la figure post mortem de Kirchner permet de prendre la mesure du phénomène K, dans le sens où il symbolise à la fois une réhabilitation du politique, une reconstruction de la nation argentine et une refondation du péronisme au XXIème siècle.

  • Matilde Spoerer, Les peuples autochtones dans la prise de décisions publiques , thèse soutenue en 2018 à Paris 1 sous la direction de Loïc Blondiaux  

    En mars 2008, l'État chilien ratifiait la Convention 169 de l'OIT, premier instrument juridique de droit international à protéger les droits fondamentaux des peuples autochtones. Un nouveau scénario politique et juridique s'ouvrait ainsi dans un pays où, comme ailleurs, ces peuples connaissent une histoire de domination, de marginalisation et d'exclusion. Cette ratification génère de nouveaux enjeux tant pour les peuples concernés que pour l'État et la société chilienne en plaçant la question de la participation aux décisions qui concernent les peuples autochtones au centre du débat. L'objet de cette thèse est de comprendre les tenants et les aboutissants de la mise en œuvre de la consultation libre, préalable et informée en explicitant le processus d'institutionnalisation de la participation des peuples autochtones au Chili ainsi que les ambivalences de cet espace participatif, censé produire un consentement aux politiques publiques mais qui se heurte à la contestation des autochtones. L'apport de cette recherche réside dans la capacité de montrer la complexité de ces dispositifs de consultation, dans lesquels s'entremêlent des processus de domination et de résistance. Cette thèse rend en effet manifeste leur ambivalence dans la mesure où, tout en reproduisant les asymétries du pouvoir, ces dispositifs participent au renforcement des acteurs dominés. Cette recherche a été réalisée à partir d'une enquête menée au sein et dans les« coulisses» de procédures de consultation mises en place au Chili où se rencontrent autochtones et fonctionnaires gouvernementaux.

    Elodie Giraudier, Le Parti démocrate-chrétien au Chili (1957-2010) : de la troisième voie au néolibéralisme, thèse soutenue en 2018 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Olivier Compagnon, membres du jury : Annick Lempérière, Olivier Dard, Sol Serrano et Jimena Paz Obregón Iturra  

    Apparu dès les années 1930 sous la forme d’un parti, la Phalange nationale, le mouvement démocrate-chrétien chilien devient en 1957 un parti de masse, le Parti démocrate-chrétien (PDC). Celui-ci a occupé une place centrale sur la scène politique chilienne dans le tournant des années 1950-1960, puis au début des années 1990. À travers la victoire électorale d’Eduardo Frei Montalva, le PDC est en 1964 la première démocratie chrétienne latino-américaine à occuper la présidence de la République. En 1990, un président démocrate-chrétien (DC), Patricio Aylwin, conduit le premier gouvernement civil et démocratique après la dictature militaire. Cette thèse propose une histoire de ce parti sous des angles variés avec tout d’abord une histoire électorale qui vise le jeu d’échelles entre les résultats nationaux et l’enracinement du parti dans les villes, les provinces et les régions chiliennes. Puis, une histoire idéologique cherche à comprendre le projet de troisième voie, qui se veut une alternative au communisme et au capitalisme dans le contexte de Guerre froide. Ensuite, une histoire militante a pour objectifs de brosser le portrait type du dirigeant du PDC et de distinguer des générations de dirigeants DC. Enfin, une histoire de l’insertion internationale de la démocratie chrétienne chilienne témoigne de l’importance de ses relations avec les États-Unis et avec les « partis frères » européens et latino-américains dans le contexte de la Guerre froide et de lutte contre la Révolution cubaine. Au travers de l’exemple du PDC chilien, c’est plus généralement à la question de l’historicité du projet démocrate-chrétien de troisième voie que cette thèse est dédiée.

    Matilde Spoerer, Les peuples autochtones dans la prise de décisions publiques, thèse soutenue en 2018 sous la direction de Loïc Blondiaux, membres du jury : Guillaume Boccara, Marion Carrel et Irène Bellier    

    En mars 2008, l'État chilien ratifiait la Convention 169 de l'OIT, premier instrument juridique de droit international à protéger les droits fondamentaux des peuples autochtones. Un nouveau scénario politique et juridique s'ouvrait ainsi dans un pays où, comme ailleurs, ces peuples connaissent une histoire de domination, de marginalisation et d'exclusion. Cette ratification génère de nouveaux enjeux tant pour les peuples concernés que pour l'État et la société chilienne en plaçant la question de la participation aux décisions qui concernent les peuples autochtones au centre du débat. L'objet de cette thèse est de comprendre les tenants et les aboutissants de la mise en œuvre de la consultation libre, préalable et informée en explicitant le processus d'institutionnalisation de la participation des peuples autochtones au Chili ainsi que les ambivalences de cet espace participatif, censé produire un consentement aux politiques publiques mais qui se heurte à la contestation des autochtones. L'apport de cette recherche réside dans la capacité de montrer la complexité de ces dispositifs de consultation, dans lesquels s'entremêlent des processus de domination et de résistance. Cette thèse rend en effet manifeste leur ambivalence dans la mesure où, tout en reproduisant les asymétries du pouvoir, ces dispositifs participent au renforcement des acteurs dominés. Cette recherche a été réalisée à partir d'une enquête menée au sein et dans les« coulisses» de procédures de consultation mises en place au Chili où se rencontrent autochtones et fonctionnaires gouvernementaux.

    Jaime Aragon Falomir, Les réseaux politiques autour de Carlos Salinas de Gortari (1950-2012). Construction et reproduction des élites au cœur du processus de démocratisation au Mexique, thèse soutenue en 2016 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Renée Fregosi, membres du jury : Étienne Gérard et Israel Covarrubias González    

    Après soixante-dix années au pouvoir, le Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI) perd les élections de 2000 au niveau national. Pourtant, si l’on peut parler d’alternance politique, il ne s’agit pas vraiment d’une transformation radicale de type de régime. Cette thèse propose un nouvel éclairage sur la question du changement politique. Au travers d’une étude biographique de personnages publics autour de l’ex-président priiste Carlos Salinas de Gortari (1988-1994), elle apporte une analyse des modalités de construction du groupe politique (1950-1979) ainsi que les mécanismes et stratégies mobilisés pour accéder au pouvoir (1979- 2000). Cette accession prend place dans un contexte de crises nationales, internationales et de déplacement de paradigmes. Les acteurs étudiés parviennent alors à « déformer » les règles d’un régime fermé, pour être à l’initiative d’un processus de « démocratisation », entendu comme la promotion des « flux d’ouverture ». Les membres du groupe politique de l'ex- président vivent, à partir des années 2000, une extraordinaire « dissémination » dans d’autres secteurs (économiques, politiques et consultants). On pourra alors identifier comment un groupe politique parvient à acquérir et conserver des fiefs de pouvoir, avant, pendant et après avoir quitté formellement le gouvernement. La thèse expose, tant du point de vue théorique qu’empirique, ce mouvement, tout à fait paradoxal, entre disparition, circulation et reproduction d’une élite.

    Jessica Brandler-Weinreb, Participation politisation et rapports de genre : changement social en milieu populaire (Venezuela, 2002-2012), thèse soutenue en 2015 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Denis Merklen, membres du jury : Yves Sintomer, Bérengère Marques-Pereira et Polymnia Zagefka  

    Cette thèse porte sur le rapport des femmes au politique, étudié à travers le prisme de la participation locale des classes populaires. Au Venezuela, sous les gouvernements Chávez, la volonté étatique de favoriser la participation locale et de lutter contre les inégalités de genre, croise et rend visible des dynamiques et des trajectoires individuelles d’acteurs ordinaires, qui sont en majorité des femmes. La politique bolivarienne de la participation se réalise à partir de l’expérience quotidienne et des relations interpersonnelles. Les structures étatiques locales que sont les Conseils Locaux de Planification Publique et les Conseils Communaux articulent ainsi espace public et espace privé. Dans ce pays matrifocal, la pratique de cette politique territorialisée permet aux femmes des classes populaires de transformer leur autorité en une ressource politique qui est désormais reconnue et institutionnalisée. Ce processus modifie le rapport à soi, à la famille, à la communauté, mais aussi au pouvoir institué, allant jusqu’à transformer les rapports gouvernants-gouvernés. Fruit de sept années de recherche et de près de deux ans de terrain, cette thèse allie les techniques classiques de l’enquête sociologique à de nouveaux outils révélant l’importance du tournant affectif induit par l’expérience participative dans la vie des enquêtés.

    Hervé Ghannad, Rupture et continuité dans la politique étrangère de la République Islamique d'Iran, thèse soutenue en 2015 à Lyon 2 sous la direction de Mohamed-Chérif Ferjani, membres du jury : René Otayek  

    Depuis la révolution iranienne de 1979, la diplomatie du régime en place semble marquer une rupture avec un anti-occidentalisme affiché –l’affrontement sous forme de guerre asymétrique avec les USA-, un antisionisme déclaré-les déclarations du Président Ahmadinejad- et le réveil de la vieille rivalité arabo-musulmane –Guerre Iran/Irak et perturbations par des fidèles iraniens du pèlerinage de la Mecque. Des moyens conventionnels et non conventionnel sont employés, du terrorisme avec de nombreux attentats, au pan chiisme avec l’utilisation à des fins politiques de communautés chiites dans les pays du Golfe, en passant par le chantage de la fermeture du détroit d’Ormuz où transitent près de 40 % du pétrole de la planète. Pourtant, cette attitude, si ambiguë et si violente par certains égards, semble n’est que le reflet de la continuité diplomatique, au regard de l’histoire de cette antique civilisation. La peur de l’éclatement interne, comme d’ailleurs celle des pays limitrophes, ont poussé ce pays depuis des millénaires à adopter une diplomatie de l’équilibre, dans une sorte de diplomatie des 4 points cardinaux. De plus, la Perse puis l’Iran a toujours possédé un désir hégémonique régional au niveau du Golfe persique, désir qui s’est traduit par de nombreuses guerres avec ses voisins, notamment avec l’ex Mésopotamie- L’Irak. Cela s’est traduit par la recherche d’une armée puissante, le nucléaire n’étant qu’un moyen pour affirmer sa grandeur ou diplomatie de la synthèse. Les négociations actuelles placent la République islamique d’Iran au centre du grand jeu asiatique où s’affrontent deux supers puissance en devenir, l’Inde et la Chine. Offrir la possibilité à l’Iran d’être reconnu comme un acteur civil du nucléaire la positionne comme une référence vis-à-vis des pays arabes : l’Iran devient , de facto , hégémonique Les ruptures ne sont en fait que des continuités liées aux valeurs perses, fondées sur l’indépendance, le désir de briller et de dominer. L’histoire, la religion, et l’Iranité sont la source de ces valeurs identitaires, terreau et fondement de la diplomatie de la République islamique d’Iran

    Clémentine Berjaud, « Cinq sur cinq, mi comandante ! » : contribution à l'étude des réceptions des discours politiques télévisés, thèse soutenue en 2014 à Paris 1 sous la direction de Jacques Gerstlé, membres du jury : Brigitte Le Grignou (Rapp.), Éric Darras (Rapp.)  

    Cette thèse porte sur les réceptions des discours politiques télévisés par les citoyens ordinaires. En prenant pour terrain le Venezuela d’Hugo Chavez, ce travail propose un cadre d’analyse de la réception des discours politiques, focalisé sur les récepteurs, leurs pratiques concrètes, et attentif aux ancrages sociaux de ces processus. La réception se compose de différentes étapes, entre exposition, attention, interprétations et réceptions différées. Pour chacune de ces étapes, les rapports au politique des citoyens entrent en jeu, guidant et conditionnant leurs réceptions. Cette enquête multimodale et approfondie, entre entretiens collectifs, questionnaires, observations et entretiens individuels, met ainsi d’abord en lumière l’importance des conditions sociales de réceptions des discours politiques. Les résultats obtenus soulignent ensuite le rôle des compétences politiques et politisées, et plus largement des rapports au politique sur les interprétations, analysées ici en quatre types distincts : les interprétations par lecture politique, par moralisation, par identification et par matérialisation. Ces interprétations comme l’ensemble des mécanismes de réception relèvent en outre d’une forte dimension collective, socialement ancrée et tributaire des interactions qui se jouent au sein des collectifs de réceptions ordinaires, qu’ils soient domestiques, familiaux ou plus larges. Enfin, cette thèse permet de revenir sur les effets de la communication politique, par le bas et du point de vue de la réception.

    Maya Collombon, Les bâtisseurs de Mésoamérique , thèse soutenue en 2012 à AixMarseille sous la direction de Olivier Dabène  

    En mai 2001, un mouvement social transnational connecte des acteurs indigènes du sud mexicain et d'Amérique centrale qui s'opposent à une politique publique de développement le Plan Puebla Panama (PPP). L'étude de la promotion et de la contestataion du PPP au Mexique et au Nicaragua vise à interroger le concept de transnationalisation appliqué à l'action publique comme à la protestation collective. La thèse montre que les acteurs indigènes mis sur le devant de la scène par les acteurs contestataires, puis par les acteurs publics en réponse aux mobilisations, ne sont pas les acteurs centraux de la transnationalisation. La sociogenèse de la contestation au PPP permet de saisir les configurations localisées où d'anciennes allégeances continuent de primer sur l'allongement des réseaux à l'international. Ce sont des enjeux agraires, des liens notabilaires et religieux, ou encore le legs zapatiste, qui forgent la matrice du mouvement. Le Chiapas constitue à ce titre un condensé d'une topographie rurale et indigène des luttes dont les connexions à l'international ne sont finalement que secondaires pour une majorité d'acteurs. De même, la transnationalisation de la politique publique ne dépend pas simplement du poids des institutions financières internationales fortement impliquées dans le développement régional mais surtout de reconfigurations élitaires mexicaines qui s'assurent domination sur leurs partenaires centraméricains et maintien de leurs positions politiques, au lendemain de l'alternance de 2000. Ces configurations réticulaires différenciées entre promoteurs et opposants aux politiques de développement n'opèrent pas de connexions explicites.

    Julien Cleyet-Marel, Le développement du système politique tibétain en exil, thèse soutenue en 2012 à AixMarseille sous la direction de Richard Ghevontian et Marc Péna, membres du jury : Xavier Magnon, Jean-Pierre Massias et Guy Scoffoni  

    Cette thèse de droit public se propose d'étudier le développement du système politique tibétain en exil. Ce travail est basé sur une analyse détaillée des normes tibétaines encadrant le fonctionnement du Gouvernement tibétain en exil et de son Administration centrale, lesquels n'ont pas été reconnus au plan international. Mené principalement sous l'angle du droit constitutionnel tibétain, ce travail décrit le fonctionnement des différentes institutions centrales, instances décisionnelles, ayant autorité au sein de la communauté tibétaine en exil. L'institutionnalisation du pouvoir politique tibétain a pris avec la Charte de 1991 une nouvelle dimension car les rapports politiques au sein du système passent désormais par la médiation du droit. Cette médiation du droit est liée à l'établissement d'un ordre général et collectif dépassant les volontés individuelles

    Maya Collombon, Les bâtisseurs de Mésoamérique, thèse soutenue en 2012 sous la direction de Olivier Dabène, membres du jury : Isabelle Sommier (Rapp.), Salvador Martí i Puig (Rapp.), Philippe Aldrin    

    En mai 2001, un mouvement social transnational connecte des acteurs indigènes du sud mexicain et d'Amérique centrale qui s'opposent à une politique publique de développement le Plan Puebla Panama (PPP). L'étude de la promotion et de la contestataion du PPP au Mexique et au Nicaragua vise à interroger le concept de transnationalisation appliqué à l'action publique comme à la protestation collective. La thèse montre que les acteurs indigènes mis sur le devant de la scène par les acteurs contestataires, puis par les acteurs publics en réponse aux mobilisations, ne sont pas les acteurs centraux de la transnationalisation. La sociogenèse de la contestation au PPP permet de saisir les configurations localisées où d'anciennes allégeances continuent de primer sur l'allongement des réseaux à l'international. Ce sont des enjeux agraires, des liens notabilaires et religieux, ou encore le legs zapatiste, qui forgent la matrice du mouvement. Le Chiapas constitue à ce titre un condensé d'une topographie rurale et indigène des luttes dont les connexions à l'international ne sont finalement que secondaires pour une majorité d'acteurs. De même, la transnationalisation de la politique publique ne dépend pas simplement du poids des institutions financières internationales fortement impliquées dans le développement régional mais surtout de reconfigurations élitaires mexicaines qui s'assurent domination sur leurs partenaires centraméricains et maintien de leurs positions politiques, au lendemain de l'alternance de 2000. Ces configurations réticulaires différenciées entre promoteurs et opposants aux politiques de développement n'opèrent pas de connexions explicites.