Patrick Troude-Chastenet

Professeur
Science politique.
Faculté de droit et science politique
Institut de recherche Montesquieu
Centre Montesquieu de Recherches Politiques
Institut de recherche Montesquieu

Responsabilités administratives et scientifiques :

  • Responsable de la Mention Science politique
  • Responsable du M2 Politique comparée: Pensée et régimes politiques
  • Responsable de l'axe de recherche: "idées politiques"
  • Patrick Troude-Chastenet, Introduction à Bernard Charbonneau, la Découverte, 2024, Repères, 127 p.  

    "On ne peut poursuivre un développement infini dans un monde fini. " Partisan dès les années 1930 d'une limitation volontaire de la croissance économique, Bernard Charbonneau (1910-1996) voulait faire du " sentiment de la nature " au sein du personnalisme ce qu'avait été la conscience de classe pour le socialisme. Selon lui, l'homme a autant besoin de nature que de liberté, mais la civilisation techno-industrielle menace les deux. Dans ses nombreux livres, il fustige la standardisation des goûts et les méfaits d'une agro-industrie provoquant la triple éradication des paysans, des paysages et des nourritures savoureuses. Il souligne le paradoxe du tourisme de masse qui correspond à un désir authentique d'échapper à l'enfer urbain, mais qui saccage les espaces découverts par les pionniers et entraîne ce à quoi le touriste voulait échapper : la promiscuité, le béton et la réglementation. La croissance mène à une impasse et Charbonneau fut le premier à le dire en France. Sa pensée écologiste, humaniste et ironique constitue une joyeuse invitation à la réflexion et à l'action."

    Patrick Troude-Chastenet, Les racines libertaires de l'écologie politique, L'échappée, 2023, Collection Le Pas de côté, 237 p.  

    Les cinq penseurs présentés ici par Patrick Chastenet partagent le même amour de la liberté et de la nature. Trois se réclament de l’anarchisme, deux en sont proches, tous ont profondément enrichi le terreau libertaire de l’écologie politique. L’auteur s’est lié d’amitié avec Jacques Ellul, dont il est un spécialiste reconnu. Il a sympathisé avec Ivan Illich et Bernard Charbonneau avant de découvrir les œuvres d’Élisée Reclus et de Murray Bookchin. Son livre, rigoureux et vivant, nous introduit aux pensées de ces précurseurs encore trop méconnues mais dont l’actualité n’a pas fini de nous étonner.

    Patrick Troude-Chastenet, Introduction à Jacques Ellul, Cairn et La Découverte, 2019, Repères ( Sociologie ), 123 p.  

    « Penser globalement, agir localement. » À tort ou à raison, on a fait de Jacques Ellul (1912-1994) l'inventeur de cette formule rassembleuse qui, associée à son combat pour la protection de la nature et à sa critique du technocapitalisme, a contribué à son statut d'icône écologiste. Ce livre expose l'itinéraire singulier de celui qui se définissait comme un « intellectuel actif ». Il résume et met en perspective ses analyses dans six domaines principaux : la technique, l'information-propagande, la politique, la révolution, l'écologie et la théologie, avec la liberté pour toile de fond. Il a pour ambition de donner un panorama complet des principales thèses d'un auteur à l'œuvre prolifique et dont l'actualité confirme le caractère prophétique.

    Patrick Troude-Chastenet (dir.), Penser et panser la démocratie, Éditions Classiques Garnier numérique, 2017, Rencontres ( Série Science politique ), 353 p. 

    Patrick Troude-Chastenet (dir.), Les marges politiques, Presses universitaires de Bordeaux, 2015, Collection Science politique, 202 p. 

    Patrick Troude-Chastenet (dir.), Comment peut-on (encore) être ellulien au XXIe siècle ?: actes du colloque des 7, 8 et 9 juin 2012, La Table ronde, 2014, 479 p.  

    "« Être ellulien ne signifie pas pour nous se montrer en tout point conforme à une pensée et a une action [...] mais à s'inspirer d'une méthode, d'une grille de lecture des événements et des phénomènes les plus caractéristiques de notre temps. En effet l'oeuvre de Jacques Ellul justifie d'être questionnée en permanence et ne saurait être figée, embaumée ou canonisée. Pensée foncièrement dialectique émanant de surcroît d'un historien, elle se veut - comme celle de Marx - reflet d'un monde lui-même toujours en mouvement. Est-elle toujours d'actualité ? Comment et dans quelle mesure peut-elle nous aider à comprendre le monde dans lequel nous vivons ? »" [Source : 4e de couv.]

    Patrick Troude-Chastenet (dir.), Sur Jacques Ellul, l'Esprit du Temps et Impr. Floch, 2013, Philosophie, 358 p.    

    Jacques Ellul laisse une œuvre considérable dont les historiens des idées commencent à peine à mesurer l'ampleur et l'originalité. Juriste, historien, théologien et sociologue, ce polygraphe au ton volontiers prophétique aura publié de son vivant plus de 600 articles et 48 ouvrages en 53 volumes traduits en une dizaine de langues.Jacques Ellul a pensé le Contrat naturel avant Michel Serres, il a pratiqué le décodage sémiologique avant Roland Barthès et mené une critique de la société moderne préfigurant les principales thèses de Jean Baudrillard. Il a largement anticipé la médiologie chère à Régis Debray et dénoncé la trahison de l'Occident avant Pascal Bruckner. Il a enfin ouvert la voie à Ivan Illich qui lui rend ici un vibrant hommage. Si l'on peut toujours discuter - voire réfuter - les analyses elluliennes, on ne peut plus désormais se contenter de les ignorer. Patrick Troude-Chastenet a rassemblé les textes des plus grands spécialistes de la pensée de Jacques Ellul pour en décrire l'actualité : Daniel Cérézuelle, Pierre de Coninck, Alain Gras, Gilbert Hottois, Ivan Illich, Serge Latouche, Jean-Louis Loubet del Bayle, Lazare Poamé, Friedrich Rapp, Jean-Louis Seurin, Lucien Sfez, Franck Tinland, Gabriel Vahanian, Marc van den Boosche, André Vitalis, Maurice Weyembergh

    Patrick Troude-Chastenet (dir.), La politique, Cairn et L’Esprit du temps, 2012, 233 p.  

    « La politique est l'art de généraliser les faux problèmes, de donner des faux objectifs et d'engager de faux débats », professait Jacques Ellul. Dans une société qu'il qualifie de technicienne, la politique relève du nécessaire et de l'éphémère, les gouvernants s'agitant pour conserver les apparences d'une initiative abandonnée aux techniciens. Pour Ellul, « tout est politique mais la politique n'est qu'illusion » car la souveraineté populaire n'est qu'un mythe et le suffrage universel s'avère incapable de sélectionner les bons gouvernants et de contrôler leur action. Quelles solutions à cet état de fait ? Encore une fois, Ellul est réaliste : l'orientation idéologique n'y changera rien car tous les régimes poursuivent aujourd'hui des fins identiques : l'efficacité, la puissance. Pourtant, loin d'un plaidoyer en faveur d'un apolitisme qui n'aurait pour conséquence que de renforcer l'emprise de l'État, le message d'Ellul vise à réhabiliter les vertus de la résistance personnelle. Pour ce penseur inclassable, « exister c'est résister » et il nous faut réinventer une démocratie qui « a disparu depuis longtemps ». Autour de Jean-Claude Guillebaud qui introduit ce débat, des politistes nous éclairent sur ce qu'est la politique aujourd'hui et ce qu'elle peut être demain

    Patrick Troude-Chastenet, L'économie, L’Esprit du temps et Cairn, 2012 

    Patrick Troude-Chastenet (dir.), La propagande: communication et propagande, L'Esprit du temps, 2006, 269 p. 

    Patrick Troude-Chastenet (dir.), L'économie, L'Esprit du temps, 2005, 223 p. 

    Patrick Troude-Chastenet (dir.), Jacques Ellul, penseur sans frontières, L'Esprit du temps, 2005, 367 p.   

    Patrick Troude-Chastenet, Olivier Blanckart, Jacques Lacan, La Science et la Guerre, Association ANAIS et éditions du Seuil, 2003, 97 p. 

    Patrick Troude-Chastenet, Naissance d'un homme politique ou comment Jacques Chaban-Delmas devint député de la Gironde,, 2000, 263 p. 

    Patrick Troude-Chastenet, Philippe Chastenet, Citizen Hersant: de Pétain à Mitterrand, histoire d'un empereur de la presse, Éd. du Seuil, 1998, L' épreuve des faits, 470 p.   

    Patrick Troude-Chastenet, Les guerillas en Amérique latine, 1998 

    Patrick Troude-Chastenet, Introduction à la science politique: 2ème année DEUG A.E.S., 2ème année DEUG Sciences économiques, Librairie Montaigne, 1998, 130 p. 

    Patrick Troude-Chastenet, La première élection de Jacques Chaban-Delmas,, 1998, 382 p. 

    Patrick Troude-Chastenet, Introduction à la science politique: 2ème année DEUG A.E.S., 2ème année DEUG Sciences économiques, Librairie Montaigne, 1997, 102 p. 

    Patrick Troude-Chastenet, Jacques Ellul, Entretiens avec Jacques Ellul, la Table ronde, 1994, 208 p.   

    Patrick Troude-Chastenet, Lire Ellul: introduction à l'oeuvre socio-politique de Jacques Ellul, Presses universitaires de Bordeaux, 1992, 202 p.   

    Patrick Troude-Chastenet, Philippe Chastenet, Chaban, Éditions du Seuil, 1991, 605 p.   

    Patrick Troude-Chastenet, Philippe Chastenet, Simenon, album de famille: les années Tigy, Presses de la Cité, 1989 

    Patrick Troude-Chastenet, Philippe Chastenet, Les Divas de l'information: voyage en classe médiatique, le Pré aux clercs, 1986, 379 p.   

  • Patrick Troude-Chastenet, Patrick Chastenet, « Des normes et du pouvoir politique : quelques réflexions de base », 2020  

    La norme est consubstantielle à la vie en société, et à ce titre omniprésent dans chacun des actes de la vie sociale. Par exemple, toute personne voulant adresser les félicitations d’usage aux coordinatrices et aux coordinateurs de ce dossier se trouvera immédiatement confrontée à la question de l’écriture inclusive, autrement dit à la dimension normative du langage. À partir du moment où le langage est institué comme symptôme et comme remède à l’inégalité de représentations entre les femmes ...

    Patrick Troude-Chastenet, « Fake news et post-vérité. De l’extension de la propagande au Royaume-Uni, aux États-Unis et en France », 2018  

    « Les faits et la vérité ne sont que cousins, ils ne sont pas frères et sœurs »,Edward Bunker, Aucune bête aussi féroce, Rivages/Noir, 2016. « La liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l’objet du débat », Hannah Arendt, « Vérité et politique », in La Crise de la culture : huit exercices de pensée politique, Gallimard, coll. Folio Essais, Paris, 1989 (1967). « Il n’a pas prononcé des contre-vérités, Ch...

    Patrick Troude-Chastenet, « Cahiers Jacques Ellul »: pour une critique de la société technicienne, 2003   

    Patrick Troude-Chastenet, « La première élection de Jacques Chaban-Delmas », 1998, pp. 381-403    

    L'étude des origines de la carrière de Jacques Chaban-Delmas nécessite de dépasser le récit, forcément intéressé, fourni par l'acteur lui-même. Pourquoi, où, quand, comment et avec quels résultats ce jeune technocrate parisien а-t-il débuté dans le métier politique ? L'analyse de ses ressources est inséparable de l'examen de sa stratégie individuelle. Le contexte girondin de l'automne 1946 était sans doute favorable à la réussite de tout nouvel entrepreneur politique, mais Chaban a manifesté, en la circonstance, une capacité singulière à incarner l'homme providentiel.

    Patrick Troude-Chastenet, « Naissance d’un homme politique ou comment Jacques Chaban-Delmas devint député de la Gironde », 1993, pp. 261-284    

    Troude-Chastenet Patrick. Naissance d’un homme politique ou comment Jacques Chaban-Delmas devint député de la Gironde. In: Revue historique de Bordeaux et du département de la Gironde, tome 35, 1993. pp. 261-284.

    Patrick Troude-Chastenet, « Mai 58 : Jacques Chaban-Delmas et le retour du Général De Gaulle », 1990, pp. 115-148    

    Troude-Chastenet Patrick. Mai 58 : Jacques Chaban-Delmas et le retour du Général De Gaulle. In: Gaullisme et anti-gaullisme en Aquitaine. Bordeaux : Presses Universitaires de Bordeaux, 1990. pp. 115-148. (Institut d'études politiques de Bordeaux, 2)

  • Patrick Troude-Chastenet, « La norme en sciences sociales : regards croisés », le 06 juin 2019  

    Colloque organisé par les Doctorant.e.s de l’Institut de recherche Montesquieu.

    Patrick Troude-Chastenet, « Les Départements français d’Amérique (DFA) au seuil du XXIe siècle », le 13 octobre 2016 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Arthur Brière, Le mythe du complot dans le discours de l’entrepreneur de mobilisation, entre réenchantement et dispositif de cadrage : Alex Jones et Yahia Gouasmi, une analyse comparée, thèse soutenue en 2021 à Bordeaux, membres du jury : Jean-Gabriel Contamin (Rapp.), Céline Bryon-Portet (Rapp.), Sébastien Caré  

    Cette thèse interroge la manière dont le conspirationnisme participe au réenchantement du monde en s’intéressant aux individus qui produisent ce type de discours : les entrepreneurs conspirationnistes. Ce travail postule que le conspirationnisme, lorsqu’il est identifié au sein du discours d’un entrepreneur conspirationniste de mobilisation, ne doit pas être perçu comme une idéologie ou une croyance autonome mais comme un dispositif de cadrage/élément rhétorique subordonné aux pensées et/ou croyances maitresses de cet entrepreneur.La thèse de cette thèse est que le conspirationnisme participe au réenchantement du monde à deux niveaux : d’une manière manifeste, en étant prédisposé à être accueilli par des pensées et des croyances antimodernes, et d’une manière latente en agissant comme un véritable mythe. Cette thèse va donc à contre-courant des travaux faisant du conspirationnisme un discours de dépossession politique puisqu’il apparait ici comme essentiellement mobilisateur.Ce travail pose aussi l’hypothèse que la constellation mythique du complot connait actuellement une nouvelle mutation due à l’intégration, par certains entrepreneurs conspirationnistes, de la panique morale du transhumanisme dans leur discours, créant de fait le mythe du complot transhumain.La vérification de ces hypothèses consiste méthodologiquement en une analyse de cadres comparée entre deux acteurs : le journaliste et réalisateur Alex Jones aux États-Unis et l’homme religieux chiite et président du Parti Anti Sioniste Yahia Gouasmi en France. La première partie consiste en l’analyse des cadrages diagnostic et pronostic de ces deux entrepreneurs, cela dans le but de mettre à jour la prédisposition du mythe du complot à réenchanter politiquement le monde en étant accueilli par des pensées antimodernes, tout en démontrant le caractère mobilisateur de cette association. La seconde partie s’intéresse au réenchantement latent d’ordre mythique : les principaux mythèmes du mythe du complot ayant évolué après avoir été dévoilés par l’oeuvre séminale de Raoul Girardet, il s’agit de mettre à jour cette recherche afin de présenter les spécificités du complot en tant que mythe neuf, au regard du discours des deux acteurs suscités. Il s’agit par la même occasion de relever la survivance de mythes plus anciens insérés dans le discours conspirationniste et d’en apprécier là aussi les effets mobilisateurs. L’insertion des méthodologies durandiennes que sont mythocritique et mythanalyse au sein de l’analyse de cadres permet d’apprécier cette revivance mythique comme dispositif de cadrage.

    Thibaut Dauphin, Le comparatisme politique dans l'oeuvre de Voltaire, thèse soutenue en 2020 à Bordeaux, membres du jury : Philippe Raynaud (Rapp.), Maria Laura Lanzillo (Rapp.), Christophe Miqueu et Myrtille Méricam-Bourdet  

    Ni la science politique, ni l’histoire du comparatisme ne se sont jamais véritablement saisies de l’œuvre politique de Voltaire. Or l’examen des textes, attentif au contexte du siècle où ils sont produits, peut permettre de dégager une nouvelle perspective sur sa dimension politique et comparative. Égrenées dans de très nombreux ouvrages, souvent dans des opuscules qui ont cessé de nous être familiers, les théories de l’auteur de l’Essai sur les mœurs et l’esprit des nations rivalisent et discutent avec celles de l’Esprit des lois et du Contrat social, mais sont aujourd’hui négligées. L’esprit de l’œuvre voltairienne est animé par une philosophie de l’action qui nourrit un examen rigoureux, quoiqu’obscurci par la lancinante question religieuse, des principaux faits politiques de l’histoire. Ce comparatisme historique, à peu près inédit par son ambition et ses dimensions, participe à l’édification d’une philosophie de l’histoire – la première du genre – qui constitue la grille de lecture voltairienne du politique. Sous les auspices de la comparaison, le corps de l’œuvre dessine alors les contours d’un « bon gouvernement » éclairé par la raison et la religion naturelle d’une part, et réglé par les droits naturels et la suprématie de la loi d’autre part. Inspiré des États de l’Europe et de l’Asie et mêlant les trois formes classiques de régime, ce modèle mixte matérialise le système politique de Voltaire.

    Aurélien Montagner, Le nationalisme conspirationniste soralien, une idéologie radicale et marginale de l’extrême droite française contemporaine, thèse soutenue en 2020 à Bordeaux, membres du jury : Marco Tarchi (Rapp.), Stéphane François (Rapp.)  

    Notre thèse est une étude du nationalisme conspirationniste soralien, une idéologie qui doit être considérée comme une des composantes de l’extrême droite française contemporaine. Dans un contexte de résurgence du nationalisme et de développement du conspirationnisme, notre travail consiste à comprendre et expliquer ce phénomène politique, avant tout doctrine mais aussi réseau et mouvement militant qui jouit d’une audience considérable. Notre hypothèse est que cette idéologie, tout en s’inscrivant pleinement dans l’héritage de ce courant politique, en constitue aujourd’hui une branche bien spécifique et certainement la plus radicale. Ce qui s’explique notamment par l’affirmation d’un conspirationnisme généralisé et d’un antisémitisme exacerbé, caractéristiques dont l’essentiel du reste de l’extrême droite française s’efforce au contraire de se défaire. Pour le démontrer, notre travail s’organisera en trois temps. La première étape consistera à décrire cette idéologie, en s’intéressant notamment aux principes fondamentaux de sa doctrine ainsi qu’aux principaux acteurs qui participent à son élaboration et à sa diffusion. Nous procéderons ensuite à une analyse détaillée du nationalisme, du conspirationnisme, et de l’antisémitisme qui en constituent les caractéristiques principales. Enfin, nous tenterons de la situer, historiquement et par rapport à d’autres mouvements et idéologies politiques contemporains, sans omettre les questions primordiales de sa diffusion et de son audience.

    David Bertrand, Analyse structuro-cognitive d'une lutte pour la reconnaissance : l'émergence d'une quatrième vague féministe en France, thèse soutenue en 2020 à Bordeaux, membres du jury : Claire Blandin (Rapp.), Armelle Le Bras-Chopard (Rapp.), Jean-Louis Fabiani  

    Cette thèse a pour objectif de démontrer l’existence d’une quatrième vague féministe ayant émergé en France au début des années 2010. Le concept de vague est défini comme un cycle de mobilisation féministe qui peut être constaté par la conjonction de trois critères interdépendants et empiriquement testables. Le premier critère requiert d’observer une hausse du traitement médiatique de la cause des femmes sur une période donnée. D’un point de vue qualitatif, ce traitement, bien qu’hétérogène, doit être globalement favorable à l’égalité entre les femmes et les hommes. Le deuxième critère implique de constater une transformation des idées et / ou pratiques des mouvements féministes. Ces transformations sont le signe d’une adaptation réussie des mouvements aux évolutions sociales et techniques, elles prouvent qu’ils ont été capables de rendre leur discours audible dans un espace-tempsdonné – ce dont atteste l’existence du premier critère. Enfin, le troisième critère est celui du renouvellement générationnel : il a pour intérêt essentiel d’historiciser l’analyse en confrontant l’émergence d’un cycle de mobilisation à l’évolution des grammaires mobilisatrices et des conditions produisant des incitations à la mobilisation.

    Maureen Bal, Les impensés de l'écoféminisme, étude comparative des écoféminismes français et étasunien (1970-2020), thèse en cours depuis 2020  

    Alliant les principes écologistes et féministes dans sa défense de la Nature et de la justice sociale, l'écoféminisme se défend de n'être qu'une variation de l'écologie politique et du féminisme. À la fois pensée et mouvement politique, l'autonomie de l'écoféminisme n'est cependant pas une évidence et se révèle difficile à appréhender du fait de son syncrétisme fondateur. En effet, ce double emprunt questionne la nature et la cohérence de l'écoféminisme, qui apparaît comme une nébuleuse additionnant les multiples combinaisons issues des rencontres de l'écologie politique et du féminisme. Mais si l'écoféminisme se caractérise ainsi par la diversité de ses pensées et de ses pratiques, il s'affirme tout de même comme une idéologie à part entière. Notre thèse vise alors à interroger la centralité de la notion d'intersectionnalité pour expliquer la cohérence de l'écoféminisme. Au-delà d'une simple superposition de l'écologie politique et du féminisme, l'écoféminisme transcende sa matrice en renouvelant et actualisant le concept d'intersectionnalité. L'articulation écoféministe de la théorie et de la pratique offre ainsi des perspectives de réflexion nouvelles eu égard aux idées et pratiques défendues par l'écologie politique et le féminisme, à l'instar de l'intégration des humains et non-humains au politique. Or, le caractère prétendument fondamental de l'intersectionnalité au sein de l'écoféminisme met en exergue les limites de certaines de ses revendications. La notion d'intersectionnalité faisant l'objet d'interprétations contradictoires, sa centralité expose nécessairement aux accusations d'essentialisme, de transphobie, de racisme, de classisme et de capacitisme. Le caractère intersectionnel de l'écoféminisme n'a donc de cesse d'être remis en question. Dès lors, l'écoféminisme est-il un simple syncrétisme de l'écologie politique et du féminisme ou bien une véritable idéologie intersectionnelle ?

    Clément Rodier, "Une bouteille à la mer" : La réception de « l'École de Francfort » en France, thèse soutenue en 2020 à Bordeaux, membres du jury : Laurent Jeanpierre (Rapp.), Augustin Simard (Rapp.), Frédéric Lambert et Martine Leibovici  

    « L’École de Francfort » constitue l’un des courants de pensée les plus importants du XXème siècle. La mouvance intellectuelle organisée notamment autour de Max Horkheimer, Theodor Adorno, Herbert Marcuse ou Walter Benjamin est à l’origine d’une pensée riche et féconde – la Théorie critique –, aux répercussions vastes. Au sein de sa sphère d’influence, cependant, la France occupe une place singulière. La constellation francfortoise semble, en effet, y avoir rencontré une fortune contrariée. Si le label qui la désigne jouit d’une certaine notoriété, la substance qui la constitue apparaît, quant à elle, imprécise et nébuleuse pour les regards français. Cette exception hexagonale à l’endroit de « l’École de Francfort » tend néanmoins à se dissiper depuis quelques années. Sous l’influence d’une nouvelle génération, les idées portées par la Théorie critique gagnent une résonance inédite et sont la source d’appropriations fertiles. L’enjeu de ce travail de recherche vise, à partir de là, à comprendre la complexité du rapport que le contexte hexagonal entretient avec « l’École de Francfort ». Pour cela, il entreprend, plus précisément, de reconstituer la nature et la teneur du dialogue que le public intellectuel français a noué, et noue aujourd’hui, avec cette mouvance philosophique. À travers cette reconstruction herméneutique, l’étude permet de mettre en lumière tant les obstacles que les relais et les foyers d’appropriation participant à ce processus de réception. Finalement, la trajectoire de la « bouteille à la mer » francfortoise, pour reprendre la métaphore adornienne, offre à la fois le récit d’une aventure philosophique originale et constitue une porte d’entrée unique sur les débats théoriques qui animent la vie intellectuelle nationale.

    Clémence Faure, Les effets du discours sarkozyste de l'identité nationale (2002-2007), thèse soutenue en 2019 à Bordeaux, membres du jury : Michel Hastings (Rapp.), Vincent Martigny (Rapp.), Sylvie Strudel et Vincent Tiberj  

    Nous nous proposons dans ce travail d’éclairer le processus d’émergence, entre 2002 et 2007, du discours de l’identité nationale dans la parole de Nicolas Sarkozy, et cela au prisme du paradigme des actes de langage, prisme nous permettant de mesurer parallèlement l’opérabilité des concepts de la philosophie et de la pragmatique du langage dans la compréhension des discours de nature politique. Notre hypothèse est que la rhétorique sarkozyste sur la nation résulte d’une dynamique discursive régie par la tension entre l’intention de son auteur et les contextes idéologiques et politiques dans lequel celui-ci se trouve inséré. Plus précisément, il s’agit ici de comprendre les attendus de ce discours et les effets cognitifs et politiques qu’il a pu engendrer au travers de la relation que celui-ci entretient à la configuration de l’espace idéologique des Français et des rapports de forces qui structurent l’espace politique. Pour ce faire, nous nous sommes appuyée sur l’analyse automatisée des déclarations de Nicolas Sarkozy prononcées entre 2002 et 2007, confrontant ses résultats à diverses enquêtes d’opinions sur les valeurs des Français mais aussi à l’évolution des dynamiques électorales observables depuis les années 1980. Il ressort de nos recherches que le discours de l’identité nationale sarkozyste est un véritable acte, résultat d’une entreprise discursive de coalescence idéologique menée dès 2003 et qui se caractérise par un pragmatisme. Cherchant à faire exister et à imposer un ordonnancement du réel jusqu’alors impensé, cette entreprise se définit comme une construction sans cesse renouvelée, puisant dans le contexte pour mieux certifier auprès de ses destinataires la pertinence de la grille du réel qu’elle promeut. Passant alors entre 2003 et 2007 d’une rhétorique de cadrage à un problème objectivé socialement et politiquement autorisé, le discours de l’identité nationale aura in fine participé à transformer l’ordre des choses et, corrélativement, à maximiser les chances de Nicolas Sarkozy de remporter les élections présidentielles de 2007.

    Raphaël Demias-morisset, L'illibéralisme, aboutissement ou lendemain du néolibéralisme ?, thèse en cours depuis 2019 en co-direction avec Frédérique Rueda  

    Notre travail vise à interroger la pertinence du concept d'illibéralisme pour penser la crise connue aujourd'hui par les démocraties libérales, crise qui se manifeste par le remise en question de ses deux piliers fondateurs, libéraux et démocratiques. Si l'on interprète souvent cette crise comme la résurgence du conflit entre démocratie et libéralisme, la démocratie représentative apparaissant comme un modèle ontologiquement instable, le conflit entre libéralisme et néolibéralisme est lui entièrement négligé. Or les implications de ce conflit sont primordiales pour comprendre l'avènement de phénomènes « anti-libéraux ». Ces derniers seraient ainsi imputables à la progression d'une rationalité néolibérale diffuse mais très largement impensée

    Aurélien Tourreilles, De l’Encyclopédie des Nuisances à la pensée anti-industrielle : retour sur la construction idéologique d'une utopie contemporaine., thèse soutenue en 2019 à Bordeaux, membres du jury : Frédéric Lambert (Rapp.), Sylvie Ollitrault (Rapp.), François Jarrige et Nathalie Blanc-Noël  

    L’Histoire de la gauche radicale en France connaît deux influences majeures souvent considérées comme incompatibles : le marxisme et l’anarchisme (ou la pensée libertaire). Pourtant face aux échecs répétés des tentatives révolutionnaires à base prolétarienne en Europe, et au manque de « poids » des théories libertaires au sein de la contestation radicale du monde contemporain, la « gauche révolutionnaire traditionnelle » semble aujourd’hui être « dépassée » voire « démodée ». Si depuis les évènements de Mai 68 nombre de courants radicaux de gauche, parfois appelés « ultra-gauche », sont apparus en France, il semblerait qu’émerge aujourd’hui, au sein de la gauche radicale, contestataire et révolutionnaire une volonté de s’unir autour d’une ambition commune : faire la Révolution. C’est d’ailleurs ce que tentent d’expliquer Olivier Besancenot et Michael Löwy dans leur ouvrage intitulé : Affinités révolutionnaires . Souvent associés dans la lutte, les partisans de ces deux écoles de pensée semblent se séparer sur le plan des idées. D’inspiration marxiste et libertaire la pensée anti-industrielle reflète cette volonté unificatrice. Issu de la contestation radicale de Mai 1968, la pensée anti-industrielle se développe en France au cours des années 1980 à travers la revue Encyclopédie des Nuisances dirigée par Jaime Semprun. Rejetant le marxisme comme dogme et considérant qu’aucune critique radicale ne permet à cette époque de réellement comprendre correctement l’organisation du monde et l’idéologie dominante, les penseurs de l’Encyclopédie des Nuisances souhaite proposer à travers ce Dictionnaire de la déraison dans les sciences, les arts et les métiers, une forme de bilan reprenant les échecs de mai 1968 et « les immenses succès remportés depuis 68 par la domination modernisée » afin de « les voir dans toute leur ampleur et dans leurs conséquences, sans se dissimuler en quoi ils étaient, bien plus qu’une simple restauration, une contre-offensive décisive, achevant de ruiner à peu près tout ce sur quoi la critique sociale avait cru jusque-là pouvoir se reposer » . Par la suite, c’est en Mars 2010 que Manuel Amoros a rédigé un manifeste intitulé Nous les anti-industriels dans lequel il tenta de définir la position des penseurs anti-industriels. Il conclut en définissant la pensée anti-industrielle comme suit : La pensée contre le développement, ou anti-industrielle, ne représente pas une nouvelle mode, une critique purement négative de la pensée scientifique et des idéologies progressistes, ni un vulgaire primitivisme qui proposerait de retourner à un moment quelconque de l’Histoire ou de la préhistoire. Elle n’est pas non plus une simple dénonciation de la domestication du prolétariat et du despotisme du capital. Encore moins est-elle quelque chose mystificatrice comme une théorie unitaire de la société, chasse gardée de la dernière des avant-gardes ou du dernier des mouvements. Elle va plus loin que cela. Elle est le stade le plus avancé de la conscience sociale et historique. C’est une forme déterminée de conscience, de la généralisation de laquelle dépend le salut de l’époque. Si les Encyclopédistes peuvent être considérés comme les premiers auteurs appartenant à la pensée anti-industrielle et le manifeste comme étant le socle théorique de base de cette pensée, il ne faut pas négliger d’autres auteurs et d’autres maisons d’éditions qui se rattachent aujourd’hui à ce courant. Citer tous les auteurs anti-industriels. Constitution de corpus. Une fois ces auteurs « recensés », il est intéressant de noter que cette pensée anti-industrielle semble rassembler l’ensemble des critiques radicales du monde contemporain afin d’en dégager une globale, permettant à la fois d’en saisir toutes les « caractéristiques » et « les nuisances », mais également de définir les bases du monde à venir qui devrait se substituer au monde contemporain.

    Pierre Bourgois, Est-il l’un des leurs ? Francis Fukuyama et le néoconservatisme américain, thèse soutenue en 2018 à Bordeaux, membres du jury : Bernard Bruneteau (Rapp.), Jean-Vincent Holeindre (Rapp.), Dario Battistella et Maud Quessard-Salvaing  

    Francis Fukuyama s’est fait connaître aux yeux du grand public à la fin des années 1980 et au début des années 1990, suite à sa célèbre thèse controversée de « la fin de l’histoire ». Érigé comme un parfait défenseur du modèle politique et économique libéral occidental, le politologue fut régulièrement associé au néoconservatisme américain, cela jusqu’à sa rupture clairement affichée au milieu des années 2000. Si Fukuyama dénonce alors la vision « agressive » de la génération post-Guerre froide du mouvement en politique étrangère, on s’aperçoit par ailleurs également, avant cette période, de l’existence de certaines divergences avec les premiers néoconservateurs, notamment en politique intérieure. Dès lors, on peut s’interroger sur la place réelle qu’occupe l’auteur de « la fin de l’histoire » au sein du néoconservatisme américain. À ce titre, nous défendons la thèse selon laquelle l’œuvre fukuyamienne, loin d’être marginale, incarne au contraire pleinement le socle intellectuel du néoconservatisme. Preuve, au-delà de la diversité indéniable, d’une unité idéologique plus large au sein du courant.

    Eric Rouby, « Une voix et un écho » : Analyse des interactions entre le Tea Party et le système politique américain (2009-2013), thèse soutenue en 2018 à Bordeaux, membres du jury : Yves Sintomer (Rapp.), Frédérick Gagnon (Rapp.), François Vergniolle de Chantal et Dario Battistella  

    Début 2009, alors que les Etats-Unis étaient au coeur de la crise économique la plusimportante depuis plus de soixante-quinze ans, Barack Obama prenait place à la Maison-Blanche etmettait en place ses premières mesures sous le mot d’ordre « Hope and Change ». L’opposition à sonaction s’est alors rapidement cristallisée autour du mouvement Tea Party. Le premier objectif de cetravail de thèse consiste à expliquer le succès remporté par ce mouvement, en soulignant le rôle dequatre facteurs issue de la « structure des opportunités politiques » : l’ouverture du système partisanaux challengers, la stabilité des alignements politiques, l’existence de forces relais et, enfin, lastructure du conflit. Ces éléments constitutifs nous donnent aussi les clés nécessaires pour comprendrecomment et sous quelle forme s’est construite l’idéologie du mouvement. Dans un second temps, ilsera question d’analyser les effets du mouvement Tea Party sur son environnement politique. Nouschercherons à comprendre dans quelle mesure et selon quels mécanismes ce mouvement est parvenu àinfluencer le système politique américain dans un contexte marqué, depuis les années soixante-dix, parune polarisation de la politique américaine. Pour cela, nous aurons recours à l’étude comparée desdiscours produits par le Tea Party, le Parti républicain et le Parti démocrate.

    Emilie Himeur, Une autre théorie critique : l'histoire intellectuelle de la revue Nord-américaine Telos 1968-2001, thèse soutenue en 2014 à Bordeaux, membres du jury : Slobodan Milacic, Philippe Portier et Philippe Raynaud  

    Notre thèse d’analyse des idées politiques retrace l’histoire intellectuelle de larevue de pensée critique étasunienne Telos de 1968 à 2001. A travers notre travail denarration critique, nous cherchons à comprendre, au sens wébérien, l’évolution idéologiquesignificative de la publication-organisation, qui est passée en moins de trente ans d’unpositionnement néo-marxiste affilié à la Nouvelle gauche américaine à un populisme prochede la Nouvelle droite européenne. Notre hypothèse de travail est que le rapport que Telosentretient avec la Théorie critique de l’Ecole de Francfort est déterminant pour comprendreson évolution et écrire son histoire. Nous défendons ici la thèse que Telos constitue unorgane dissident de « théorie critique nord-américaine » (Mooney, Calhoun) qui s’exprimesous la forme d’un « traditionalisme critique » qui tient lieu de synthèse entre différentesbranches de théorie critique contemporaine. En tant que synthèse, la théorie telosiennedépasse l'héritage de la vieille Théorie critique francfortoise, dans un double rapportd’intégration et de négation. In fine, Telos produit sa propre critique, une autre théoriecritique.

    Frédérique Ballion, La représentation de l'ennemi dans le cinéma étasunien : de l'après guerre à la chute du mur de Berlin, thèse soutenue en 2014 à Bordeaux en co-direction avec Xavier Daverat, membres du jury : Élise Marienstras (Rapp.), Stephen Launay (Rapp.)  

    Afin d’étudier les différentes représentations de l’ennemi véhiculées pendant laGuerre froide, nous avons privilégié l’analyse croisée du discours politique et dudiscours cinématographique. Le concept d’ennemi, inhérent à la politique étrangèrependant cette période, participe au processus de légitimation des actions menéespar le gouvernement américain. Le traitement de ses représentations par le cinémacontribue à ce processus devenant un vecteur de diffusion des représentations del’ennemi. Cependant, le cinéma peut également être le lieu de cristallisation desinterrogations présentes au sein de la société, battant en brèche le discours politiquedominant. Le discours cinématographique s’appréhende à la fois comme une armeidéologique participant à la désignation et à la diabolisation de l’ennemi maiségalement dans le contexte troublé des années soixante et soixante-dix comme uninstrument de contestation, révélateur des tensions sociales.

    Télesphore Ondo, La responsabilité introuvable du Chef d'Etat africain , thèse soutenue en 2005 à Reims  

    Il n'y a pas de pouvoir sans responsabilité. Cette combinaison inhérente au constitutionnalisme démocratique apparaît irréalisable dans les Etats africains notamment camerounais, gabonais, tchadien et togolais marqués par le régime présidentialiste. En effet, la majesté et la suprématie de l'institution présidentielle, et partant, le verrouillage par le Chef de l'Etat des processus constituant, législatif et électoral constituent des obstacles insurmontables à l'organisation d'un système efficient de sa responsabilité. Cette situation a pour corollaire le glissement des systèmes politiques africains vers des procédures substitutives, formelles et informelles, chaotiques et pacifiques, nationales et internationales, politiques et pénales. Celles-ci visent soit la destitution ou le changement discrétionnaire du dirigeant suprême, soit le contrôle, la limitation et le partage de son pouvoir. Mais en pratique, l'efficacité de ces mécanismes de contestation est complètement dérisoire. Trouver une solution pacifique à l'irresponsabilité du principal gouvernant : telle est la condition essentielle à l'établissement d'une démocratie constitutionnelle en Afrique noire.

  • Élie Baranets, La démocratie irrésistible ? : une explication des défaites des démocraties à travers l'étude des guerres menées par les Etats-Unis au Vietnam et par Israͭl au Liban, thèse soutenue en 2015 à Bordeaux sous la direction de Dario Battistella, membres du jury : Thomas Lindemann (Rapp.), Jonathan Paquin (Rapp.), Jean-Vincent Holeindre  

    Les déboires, notamment récents, des démocraties en guerre ne peuvent êtreexpliqués par les théories de la « victoire démocratique ». Dominantes dans le champacadémique contemporain des Relations internationales, celles-ci confèrent aux démocraties unavantage militaire décisif. Rendre compte de cette anomalie, tel est l’objectif de cette recherche.Pour cela, nous posons l’hypothèse que la défaite survient pour un État démocratique lorsquel’exécutif présente publiquement des objectifs de guerre fallacieux : nous parlons de« contournement » (de la démocratie).Une telle pratique rend la guerre illégitime en interne. Les gouvernants en ont conscience et,anticipant la réaction négative du public, ils se restreignent dans l’engagement armé. Leurschoix stratégiques dépendent de cette contrainte. Trop prudents, et surtout trop discrets pourêtre efficaces, ils connaissent des difficultés sur le terrain. Constatant finalement l’existenced’une tromperie quant aux objectifs de la guerre, le public la conteste à mesure qu’elle provoquela mort des soldats de la nation. Les contraintes pesant sur les gouvernants augmentent, et avecelles les difficultés militaires et donc la contestation. Ces facteurs se renforcent mutuellementjusqu’à ce que les gouvernants renoncent à atteindre les objectifs majeurs qu’ils se sont fixés,trop coûteux politiquement. Un temps affaiblie, la démocratie se rétablit irrésistiblement, auxdépens de ceux qui l’ont contrariée. Ainsi les démocraties perdent-elles des guerres, ce quenous tentons de démontrer par l’analyse minutieuse de deux cas d’études représentatifs : laguerre du Vietnam pour les États-Unis et celle du Liban en 1982 pour Israël.

  • Guillaume Fauvel, La démocratie face à la condition posthumaine : la réponse transhumaniste à l'énigme de l'humanité des hommes, thèse soutenue en 2022 à Rennes 1 sous la direction de Frédéric Lambert, membres du jury : Jean-Michel Besnier (Rapp.), Agnès Bayrou-Louis et Sébastien Caré  

    Le transhumanisme promeut un modèle d’humanité intégralement soumis à la seule puissance technoscientifique qui se trouve elle-même orientée par l’idéologie néolibérale. La figure de « l’homme augmenté » ou « posthumain » se constitue sur la réduction de l’humain à ce qui dans sa condition est le plus « gouvernable », le plus docile, le plus facile à diriger et à adapter aux besoins d’efficacité et de performativité économique. Le transhumanisme devient ainsi le support de création et de conditionnement d’une nouvelle subjectivité disposée à se laisser conduire selon les exigences d’une société de marché. Le « posthumain » permettrait d’atteindre l’objectif ultime d’une dépolitisation totale des individus et de la société au profit d’une économisation intégrale des individus et de la société. Prise dans cette sotériologie transhumaniste, l’humanité des hommes n’apparaît plus comme une énigme (aínigma), comme ce que les hommes peuvent “laisser entendre de leur humanité” quand ils sont libres d’en questionner perpétuellement le sens qui renvoie à une Idée indéfinissable et donc essentiellement énigmatique [Robert Legros]. Lorsque l’énigme de l’humanité des hommes fait signe vers la condition politique [Hannah Arendt], elle constitue le moteur d’une démocratie toujours à venir [Jacques Derrida], invitant les hommes à s’approprier librement l’agir politique comme instrument de problématisation du sens de l’humain. Problématisation éminemment politique qui permet aux individus de refuser toute forme de normalisation aliénante de leur existence.En mobilisant les outils de la Théorie critique, de la philosophie politique, des théories de la démocratie et de l’histoire des idées politiques, l’enjeu de cette thèse réside dans l’analyse du mouvement transhumaniste à l’aune d’une domination de l’idéologie néolibérale qui dissimule le fait que l’utopie d’une posthumanité n’est que l’illusion idéologique d’une démocratie qui aura définitivement épuisé son énergie utopique en même temps qu’elle aura cessé de maintenir l’énigme de l’humanité des hommes comme la source politique d’une émancipation véritable.

    Amaury Giraud, Penser le conservatisme à gauche : genèse, passé, actualité et continuités paradigmatiques d'une philosophie politique singulière, thèse soutenue en 2021 à Montpellier sous la direction de Éric Savarese et Alexandre Viala, membres du jury : Éric Desmons (Rapp.), Bruno Daugeron et Alexandre Dézé  

    Depuis quelques années, une nouvelle forme de pensée critique semble se faire jour du côté de la gauche intellectuelle en France, en Europe et jusqu'aux États-Unis. Majoritairement appuyés sur une base analytique de type marxiste, un certain nombre d'essayistes et de personnages publics tentent, travaux après travaux, discours après discours, d'élaborer une lecture du monde qui mobilise, à beaucoup d'égards, les caractéristiques d'une idéologie conservatrice. Pour tenter de comprendre et d'expliciter les mécanismes qui animent cet hypothétique « mouvement », mais aussi d'en retracer l'itinéraire historique et philosophique, nous nous appuierons sur de nombreux auteurs comme Charles Péguy, Simone Weil, George Orwell, Michel Clouscard, Pier Paolo Pasolini, Régis Debray, Jaime Semprun, Christopher Lasch, Jean-Claude Michéa, Paul Ariès, Michel Onfray, Denis Collin, Alain Finkielkraut et bien d'autres encore. Même si la question de l'existence d'une gauche conservatrice sera le fil conducteur de notre étude, il s'agira également de réaliser l'exégèse de l'antilibéralisme conservateur que l'on opposera ici à l'antilibéralisme progressiste.

    Javier Leonardo Garay Vargas, Idées fausses, actions erronées : le contexte international comme empêcheur du développement, thèse soutenue en 2014 à Paris Est sous la direction de Stephen Launay, membres du jury : Frédéric Lambert (Rapp.)    

    L'hypothèse est que le contexte international a une influence négative sur la génération de ces politiques. En raison de l'interaction, les pays ont adopté des idées fausses - et donc - des politiques erronées de développement. En fin de compte, cette approche peut être exprimée en que le contexte international a conduit aux pays moins avancés à ne pas adopter des politiques de libéralisation, d'une part, ou qu'il n´y a pas des incitations suffisantes pour que les institutions formelles et informelles dans ces pays soient favorables à l'adoption de telles politiques, d'autre part.Cette recherche part de la conception selon laquelle c'est l'existence de politiques, institutions et sociétés de nature libérale (c'est-à-dire des sociétés qui sont ouvertes dans le sens proposé par, entre autres, Karl Popper) qui mieux résolvent le problème de la création de richesses. En ce sens, le contexte international n'a pas atteint l'objectif du développement international car il ne favorise pas la génération des sociétés ouvertes.Pour prouver l'hypothèse, la recherche est basée sur les contributions apportées par deux corps théoriques. D'une part, de la scène internationale, on utilise le constructivisme d´Alexander Wendt, Martha Finnemore, Gerard Ruggie, entre autres. D´autre part, pour comprendre l'impact du contexte international au niveau interne, la contribution de la nouvelle économie institutionnelle, entre autres, Douglass North et Elinor Ostrom sont utilisés.De ce qui précède, ce travail est composé de trois parties. La première examine le cadre théorique proposé. Dans le premier chapitre, on fait un examen des concepts clés autour desquels tournera la démonstration. Avec ces concepts, on propose un modèle pour expliquer l'impact soulevé par l'hypothèse et les phénomènes qui sont stimulés afin d'éviter la production de changements aux échecs répétés. Le deuxième chapitre porte sur la démonstration des postulats de la pensée libérale comme essentielle dans les actions conduisant à la création de richesses.Après du débat théorique, la deuxième partie porte sur la démonstration du modèle proposé pour la scène internationale. Cela se fait en trois chapitres. Dans le premier, on fait un parcours historique à travers des programmes promus du régime de développement international pour démontrer deux aspects.Dans le deuxième chapitre, on décrit les principaux acteurs sur la scène internationale et montre, à partir de la relation entre identité - intérêts, les actions et les contributions à la promotion des idées fausses reflétées dans les programmes développés. Le troisième chapitre examine la construction que le régime international de libéralisme intégré a stimulée et les phénomènes qui entravent la promotion de changements dans les idées et dans les programmes proposés, en raison de l'existence d'un phénomène de dépendance du chemin.La troisième partie porte sur l'étude des pays non développés. Dans le premier chapitre on fait une caractérisation générale de ceux-ci, à partir de la proposition faite par Douglass North, John Joseph Wallis et Weingast R. Barry dans son livre la Violence et des ordres sociaux (2010). Le deuxième chapitre montre comment les pays moins développés ont agi sur le régime international du libéralisme intégré. Le troisième chapitre, d'une manière analogue à la partie précédente, montre comment fonctionne le phénomène de dépendance du chemin pour ces pays.En conclusion, le modèle proposé est utilisé pour conjecturer les effets que peut avoir la crise économique qui, depuis 2008, est passée à travers le monde. Il est considéré qu'il y a suffisamment de preuves pour dire que cette crise sera une nouvelle fenêtre d'opportunité manquée et qui permettra d'approfondir la croyance et la promotion des idées fausses, illibérales, qu'entravent les progrès dans la promotion du développement dans les pays qui ont toujours échoué à résoudre les problèmes de création de richesse.

    Eustache Mandjouhou Yolla, Neo-patrimonialisme, pouvoir personnel et politique étrangère au Gabon, thèse soutenue en 2002 à Bordeaux 4 sous la direction de Daniel Bourmaud  

    Livreville est devenue un centre diplomatique important en Afrique. A cause de sa longevité au pouvoir et de ses interventions en faveur de la paix dans diverses médiations Omar Bongo est devenu le sage de l'Afrique, l' héritier de Félix Houphoue͏̈t-Boigny. En retenant le modèle institutionnel et après un détour par l'histoire, il apparaît que l'institution présidentielle est centrale dans la prise de décision et la conduite de la politique étrangère au Gabon. L'utilisation abondante de la diplomatie parallèle au détriment du ministère des Affaires etrangères est une preuve supplémentaire de la prééminence de ce dernier sur les autres acteurs institutionnels. . .

  • Antonios Vlassis, Stratégie(s) d'acteur(s) et construction des cadres normatifs internationaux , thèse soutenue en 2010 à Bordeaux 4 sous la direction de Dario Battistella  

    Depuis une vingtaine d’années, l’exception culturelle et la diversité culturelle se situent au cœur d’un débat de plus en plus mondialisé sur le rapport entre le commerce et la culture. En 1993, lors des négociations internationales du GATT, l’exception culturelle est vue comme un terme approprié pour certains acteurs dans leur but de préserver la légitimité de l’intervention publique en matière de culture et de soustraire les biens et services culturels de l’agenda de l’accord. Au bout de douze ans, le 20 octobre 2005, les Etats membres de l’UNESCO adoptent la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, censée être un mécanisme de régulation internationale de l’interface « commerce-culture ». Depuis vingt ans, les interrogations sur les normes internationales suscitent de nombreux débats au sein de la discipline des Relations Internationales. La question majeure de cette thèse traite le processus de l’émergence des cadres normatifs internationaux et les dynamiques de leur construction, en contribuant à la recherche des facteurs de l’énonciation des normes internationales. Pour cela, nous cherchons à prendre en compte les séquences de la construction du cadre normatif relatif à l’interface « commerce-culture » et à s’engager dans une lecture temporelle en vue de saisir les mécanismes de sa fabrication et la complexité de son élaboration. Nous prétendons ouvrir la boîte noire du processus et opter pour une analyse favorisant une sociologie politique de la scène internationale en vue d’observer de plus près les acteurs, leurs stratégies, leurs interactions, ainsi que leurs contraintes tout au long du processus de l’émergence et de la construction du cadre normatif.