• THESE

    Démocratisation et mobilisation populaire à Rio de Janeiro : des années 1970 aux années 1990, soutenue en 1998 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Guy Hermet 

  • Camille Goirand, Marie-Hélène Sa Vilas Boas, Hélène Combes, Marie Laure Geoffray (dir.), Dictionnaire politique de l’Amérique latine, Éditions de l’IHEAL, 2024, Colectivo, 632 p.    

    Que dit l’Amérique latine aux sciences sociales ? Ce dictionnaire présente, de manière synthétique, des notions et des concepts qui sont communément utilisés pour rendre compte du politique en Amérique latine. Ce faisant, il revisite des thématiques majeures des sciences humaines et sociales à l’aune de travaux peu connus en dehors des cercles latino-américanistes et pourtant fondamentaux pour la compréhension de certains débats actuels. Rédigées par une large palette d’autrices et d’auteurs qui ont en commun une fine connaissance de terrain, les notices montrent que les savoirs scientifiques produits dans et autour des « Suds » sont tout aussi généralistes que ceux produits dans et autour des pays du Nord ; et qu’ils revêtent une fécondité certaine pour penser le politique en général. Ce Dictionnaire politique de l’Amérique latine s’adresse aux étudiant·es, aux enseignant·es et chercheur·es en sciences humaines et sociales et à tous les publics qui souhaitent saisir une large diversité d’approches dans une perspective comparative. Il est un outil qui nous aide à penser le politique et ses transformations les plus contemporaines, tant là-bas qu’ici ou ailleurs.

    Camille Goirand, Hélène Combes, David Garibay (dir.), Les lieux de la colère : occuper l'espace pour contester, de Madrid à Sanaa, Éditions Karthala, Sciences Po Aix et Cyberlibris, 2023, Questions transnationales, 410 p.  

    Dans bien des capitales, des places majestueuses, chargées d'histoire et de symboles, sont investies par des manifestants : les étudiants de la place Tian-An-Men à Pékin, les Indignés sur la Puerta del Sol à Madrid, les mères de disparus sur la Place de Mai à Buenos Aires, les contestataires sur le Zócalo de Mexico... Cette centralité de l'espace dans la construction de la contestation a été notée par de nombreux observateurs au cours des révoltes arabes et du mouvement Occupy. Or, en dépit de cette apparente évidence du lieu, la dimension spatiale n'a que rarement fait l'objet d'une attention en tant que telle dans la sociologie des mobilisations. Cet ouvrage s'attaque à cet angle mort. Il propose au lecteur de comprendre l'importance des lieux physiques et vécus et leurs effets sur l'action collective en suivant des mobilisations très variées - locales ou nationales-, d'hier ou d'aujourd'hui, de la péninsule arabique à la Bretagne, de New York à la Seine-Saint-Denis, de l'Amazonie péruvienne à Madrid

    Camille Goirand, Angélica Müller (dir.), Documenter les violences : Usages publics du passé dans la justice transitionnelle, Éditions de l’IHEAL et OpenEdition, 2020, Travaux & mémoires de l'Institut des hautes études de l'Amérique latine, 415 p.  

    Le 10 décembre 2014 à Brasília, la Commission nationale de la vérité (CNV) remettait son rapport à la présidente Dilma Rousseff. Pendant deux ans, la CNV s’est consacrée à ouvrir et organiser les archives de la répression intervenue pendant la période autoritaire, à établir les faits relatifs aux violations graves des droits humains et à en identifier les responsables. Ses travaux ont suscité de larges controverses au Brésil, où la mémoire de la dictature révèle de profonds clivages. À la lumière de cas situés en Colombie, en Argentine, au Chili, à Cuba, en Côte d’Ivoire et en Europe de l’Est, et en faisant le pari d’une approche pluridisciplinaire, cet ouvrage met le cas du Brésil en perspective pour interroger la production de la connaissance et de la mémoire sur les régimes d’exception du passé. Quel rôle pour les universitaires ? Dans quelles conditions conserver et rendre accessibles les archives des régimes d’exception ? Quel statut donner aux connaissances produites par les commissions de vérité et par les processus judiciaires relatifs aux violations des droits humains ? Historiens, politistes et juristes, les auteurs dressent les contours des enjeux démocratiques représentés par les usages conflictuels des références aux passés autoritaires, les politiques de mémoire et la conservation des archives.

    Camille Goirand, Le Parti des travailleurs au Brésil, Editions Karthala, Sciences po Aix et Cyberlibris, 2019, 409 p.  

    Le Parti des travailleurs est-il devenu au Brésil un parti comme les autres au point de perdre son âme ? Longtemps vu comme un parti défenseur des plus pauvres, issu des oppositions au régime autoritaire, formé dans le giron de mobilisations ouvrières dans la région de São-Paulo, le PT est entré dans le jeu des institutions politiques dans les années 1990. Après être arrivé à la tête de plusieurs métropoles régionales, il s'est peu à peu ancré sur l'ensemble du territoire national, jusqu'à la victoire présidentielle de son dirigeant emblématique, Lula, en 2002. Le parcours de cette figure charismatique du PT, depuis les terres déshéritées de l'intérieur du Nordeste jusqu'au palais présidentiel, est significatif des transformations sociales qui ont traversé ce parti, jusque-là contestataire et devenu parti de gouvernement. À partir d'une enquête ethnographique menée à Recife, dans le Nordeste du Brésil, et d'une analyse localisée du politique, cet ouvrage se penche sur les parcours biographiques de militants et de cadres locaux du parti. Il pose la question de l'apprentissage du métier politique, de l'ancrage social du parti, des changements dans le « faire » campagne et des sens de l'engagement partisan. Camille Goirand est professeure de science politique à l'Institut des Hautes Etudes de l'Amérique Latine (IHEAL) et chercheure au Centre d'Etudes et de Documentation sur les Amériques (CREDA – UMR 7227). Elle poursuit des recherches comparées sur l'engagement et la participation politique au Brésil et en Amérique latine ainsi que sur les mobilisations et leur répression. Elle est l'auteure de La politique des favelas (Karthala, 2000), a dirigé Les lieux de la colère (Karthala, 2015, avec David Garibay et Hélène Combes) ainsi qu'un dossier intitulé Destitution(s) au Brésil (paru dans Lusotopie, n°17, 2018), avec Marie-Hélène Sa Vilas Boas.

    Camille Goirand (dir.), Participer: de la contestation à la démocratie participative, De Boeck, 2013, 223 p. 

    Camille Goirand (dir.), Mobilisations en Amérique latine, De Boeck, 2010, 241 p. 

    Camille Goirand (dir.), Amérique latine: les réformes de marché en question, De Boeck, 2010, 28 p. 

    Camille Goirand (dir.), Les gauches en Amérique latine: un état des lieux, De Boeck université, 2005, 390 p. 

    Camille Goirand (dir.), Violences et contrôle de la violence au Brésil, en Afrique et à Goa, Karthala et Centre d'études d'Afrique noire, 2004, 562 p. 

    Camille Goirand (dir.), La politique des favelas, Éditions L'Harmattan, 2001, Recherches internationales, 368 p.   

    Camille Goirand, La résurgence du populisme dans les démocratisations d'Amérique latine, 1993 

  • Camille Goirand, « Militaires, juges et politiques de « l'anti-corruption » au Brésil : configurations d'une dynamique autoritaire », Dynamiques des tournants autoritaires, Le Croquant, 2021   

    Camille Goirand, « Des sociétés face à leur passé : mémoires clivées, travail de justice et droits humains », Documenter les violences : usages publics du passé dans la justice transitionnelle, Éditions de l’IHEAL, 2020, pp. 335-368     

    Camille Goirand, « Red T-shirt or executive suit. About some biographical consequences of contentious engagement in the Workers’ Party in Recife (Brazil) », in Erik Neveu, Olivier Fillieule (dir.), Activists Forever. Long-Term Impacts of Political Activism, 2019 

    Camille Goirand, « Pensar las movilizaciones y la participacíon : continuidad de las perspectivas e imbricación de las posiciones », in Combes, Hélène, Tamayo, Sergio, Voegtli, Michael (dir.), Pensar y Mirar la protesta, Ediciones UAM, 2015, pp. 93-135 

    Camille Goirand, Daniella Rocha, « L’étude locale du Parti des travailleurs : conditions d’enquête et mémoire partisane », in Louault, Frédéric (dir.), Terrains brésiliens, parcours de recherches en sciences sociales, L’Harmattan, 2013, pp. 35-68 

    Camille Goirand, « Le Nordeste dans la configuration sociale du Brésil contemporain », in Centre de recherches internationales, Marie-Françoise Durand, Christian Lequesne (dir.), Ceriscope Pauvreté, Centre de recherches internationales, 2012 

  • Camille Goirand, « Liberté d’expression et libertés académiques face aux extrêmes droites au Brésil », Mouvements : des idées et des luttes, La découverte, 2023, n°4, pp. 99-112 

    Camille Goirand, Marie Hélène Sa Vilas Boas, « Rendre compte de la destitution de Dilma Rousseff : propositions pour un agenda scientifique », Lusotopie, Brill Academic Publishers, 2018, pp. 11-33   

    Camille Goirand, Françoise Montambeault, « Between Collective Action and Individual Appropriation. The Informal Dimensions of Participatory Budgeting in Recife, Brazil », Politics and Society, SAGE Publications (UK and US), 2016, n°1, pp. 143-171 

    Camille Goirand, « Le PT light en campagne. L’institutionnalisation du Parti des travailleurs (Brésil) vue depuis ses campagnes électorales, 1980-2010 », Politix, De Boeck Supérieur, 2016, n°113, pp. 65-89   

    Camille Goirand, « Rituels démocratiques et mise en scène de la participation populaire dans les assemblées du budget participatif à Recife (Brésil) », Participations - Revue de sciences sociales sur la démocratie et la citoyenneté, De Boeck Supérieur, 2015, n°11, pp. 53-85   

    Camille Goirand, « The Worker’s Party, from Contention to Public Action: A Case of Institutionalization », Journal of Politics in Latin America, German Institute of Global and Area Studies, Institute of Latin American Studies, 2014   

    Camille Goirand, « Participation institutionnalisée et action collective contestataire », Revue internationale de politique comparée, De Boeck, 2013, pp. 7-28   

    Camille Goirand, « Penser la participation politique en Amérique latine : questionnements et méthodes d’enquête », Participations - Revue de sciences sociales sur la démocratie et la citoyenneté, De Boeck Supérieur, 2013, n°5, pp. 227-242   

    Camille Goirand, « Penser les mouvements sociaux d'Amérique latine. Les approches des mobilisations depuis les années 1970 », Revue Française de Science Politique, Presses de Sciences Po, 2010   

    Camille Goirand, « Mobilisations et répertoires d'action collective en Amérique latine », Revue internationale de politique comparée, De Boeck, 2010, n°2, pp. 7-27   

    Camille Goirand, Daniella de Castro Rocha, « L'accès aux archives du Parti des travailleurs au Brésil: expériences croisées et jeux d'échelles », Revue internationale de politique comparée, De Boeck, 2010, n°4, pp. 109-125   

    Camille Goirand, « Movimentos sociais na América latina: elementos para uma abordagem comparada », Revista Estudos Históricos, Escola de Ciências Sociais (CPDOC) da Fundação Getulio Vargas (FGV) , 2009, n°44, pp. 323-354   

    Camille Goirand, « Les gauches en Amérique latine: avant-propos », Revue internationale de politique comparée, De Boeck, 2005, pp. 267-282   

    Camille Goirand, « Violence, contrôle de la violence et démocratie », Lusotopie, Paris : Éd. Karthala et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 2003, n°10, pp. 163-172      

    Malgré les pacifications et les démocratisations, les sociétés lusophones d'Afrique et du Brésil continuent à être traversées par de multiples violences, dont les répertoires ont changé, qui se criminalisent et dont les effets sur la sociabilité commencent à se faire sentir avec force. Pour lutter contre ces violences et leur dissémination sociale, les gouvernements, nationaux et locaux, issus d'élections peinent à redéfinir les politiques de sécurité publique, dont la réforme démocratique dépend en priorité du retrait des forces de l'ordre de la sphère politique. Réfléchir aux trajectoires des violences permet d'en mettre en valeur l'historicité, de s'interroger sur les héritages liés au passé portugais commun, et d'évaluer la portée des changements sociaux et politiques d'aujourd'hui.

    Camille Goirand, « Citizenship and Poverty in Brazil », Latin American Perspectives, SAGE Publications, 2003, n°2, pp. 226-248 

    Camille Goirand, « Brésil électoral, le millésime 1998 », Lusotopie, Paris : Éd. Karthala et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1999, pp. 19-35      

    Goirand Camille. Brésil électoral, le millésime 1998. In: Lusotopie, n°6, 1999. Dynamiques religieuses en lusophonie contemporaine. pp. 19-35.

    Camille Goirand, « Philanthropes en concurrence dans les favelas de Rio », Critique Internationale, Centre d'études et de recherches internationales, Paris : Centre d'études et de recherches internationales et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1999, n°1, pp. 155-167      

    Goirand Camille. "Philanthropes" en concurrence dans les favelas de Rio. In: Critique internationale, vol. 4. 1999. Les "bonnes oeuvres" des extrémistes, sous la direction de Christophe Jaffrelot. pp. 155-167.

    Camille Goirand, « De Vargas à Collor, visages du populisme brésilien », Vingtième siècle. Revue d'histoire, Centre National du Livre, Paris : Presses de Sciences Po et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1997, n°1, pp. 142-160      

    From Vargas to Collor: faces of Brazilian populism, Camille Goirand. Brazil is obvioulsy a land of favor for populism. But the term there is used for many regional and national experiences. And today it's losing its force. Is it the sign of the disappearance of an exhausted political form or the announcement of its metamorphosis?

    Camille Goirand, C. Jaffrelot, La démocratie en Inde, Association des étudiants en science politique de Paris 1, Paris : Association des étudiants en science politique de Paris 1 et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1998, pp. 169-172    

    Goirand Camille. C. Jaffrelot, La démocratie en Inde. In: Politix, vol. 11, n°43, Troisième trimestre 1998. L'Europe en formation(s) sous la direction de Delphine Dulong et Didier Georgakakis. pp. 169-172.

  • Camille Goirand, Julie Métais, Maestras et maestros de Oaxaca. École et pouvoir au Mexique, Institut des hautes études de l'Amérique latine, 2021  

    C’est par la description colorée et imagée d’une occupation du Zocalo de Oaxaca par les maestras et maestros que s’ouvre l’ouvrage de Julie Métais, où elle se propose de montrer comment ces derniers en sont venus à jouer un rôle central dans la vie politique locale et à y exercer des fonctions d’intermédiaires entre autorités et populations locales, notamment dans les espaces ruraux indiens. Tiré d’une thèse en anthropologie et appuyé sur une enquête menée entre 2009 et 2013, l’ouvrage restit...

    Camille Goirand, Cristiana Tramonte & Márcio Vieira de Souza, eds, Redes de comunicações : experiencias educativas e comunitárias na América latina, Paris : Éd. Karthala et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1999, 540 p.    

    Goirand Camille. Cristiana Tramonte & Márcio Vieira de Souza, eds, Redes de comunicações : experiencias educativas e comunitárias na América latina. In: Lusotopie, n°6, 1999. Dynamiques religieuses en lusophonie contemporaine. p. 540.

    Camille Goirand, Devoto Fernando, Di Tella Torcuato (dir.), Political Culture, Social Movements and Democratic Transitions in South America in the Twentieth Century, Centre National du Livre, Paris : Presses de Sciences Po et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1998, pp. 154-156    

    Goirand Camille. Devoto Fernando, Di Tella Torcuato (dir.), Political Culture, Social Movements and Democratic Transitions in South America in the Twentieth Century. In: Vingtième Siècle, revue d'histoire, n°60, octobre-décembre 1998. Les engagements du 20e siècle. pp. 154-156.

    Camille Goirand, Sarget Marie-Noëlle, Histoire du Chili de la conquête à nos jours, Centre National du Livre, Paris : Presses de Sciences Po et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1997, 162 p.    

    Goirand Camille. Sarget Marie-Noëlle, Histoire du Chili de la conquête à nos jours. In: Vingtième Siècle, revue d'histoire, n°54, avril-juin 1997. Dossier : Sur les camps de concentration du 20e siècle. p. 162.

    Camille Goirand, Cahiers du Brésil Contemporain, « Le statut de la terre : trente ans de questions agraires au Brésil », Centre National du Livre, Paris : Presses de Sciences Po et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1997, 162 p.    

    Goirand Camille. Cahiers du Brésil Contemporain, « Le statut de la terre : trente ans de questions agraires au Brésil ». In: Vingtième Siècle, revue d'histoire, n°54, avril-juin 1997. Dossier : Sur les camps de concentration du 20e siècle. p. 162.

    Camille Goirand, Enders Armelle, Histoire du Brésil, Centre National du Livre, Paris : Presses de Sciences Po et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1997, pp. 261-262    

    Goirand Camille. Enders Armelle, Histoire du Brésil. In: Vingtième Siècle, revue d'histoire, n°56, octobre-décembre 1997. Les populismes. pp. 261-262.

  • Camille Goirand, Marie-Hélène Sa Vilas Boas, Marie Laure Geoffray, Hélène Combes, « Penser le politique depuis l’Amérique latine », in Marie-Hélène Sa Vilas Boas, Hélène Combes, Marie Laure Geoffray et Camille Goirand (dir.) (dir.), Dictionnaire politique de l’Amérique latine, Éditions de l’IHEAL, 2024, pp. 9-13 

  • Camille Goirand, « La démocratie à l'épreuve de l'autoritarisme », le 16 novembre 2017  

    Organisé sous la coordination scientifique de Pascal Bonnard, UJM, Triangle ; Dorota Dakowska, Lyon 2, IUF, Triangle ; Boris Gobille, ENS de Lyon, Triangle, avec l’appui de Marie Laure Geoffray, Université Sorbonne Nouvelle – IHEAL

    Camille Goirand, Françoise Montambeault, « Participatory Budgeting as ‘Collective Clientelism’: What doesthat Mean for Local Democracy? », Latin American Studies Association (LASA) Congress, Washington United States (US), le 29 mai 2013 

ActualitésPublicationsENCADREMENT DOCTORAL
  • Jonathan Zamir CORONEL ORTIZ, Conflits socio-environnementaux, transformation des espaces et transition énergétique. Configurations autour du projet de corridor interocéanique dans le sud du Mexique, thèse en cours depuis 2023 

    Louise Rebeyrolle, Gouverner l'environnement en Équateur. La fabrique quotidienne de l'État au contact de l'international, thèse soutenue en 2023 à Paris 3, membres du jury : Dominique Darbon (Rapp.), Ingrid Hall (Rapp.), Vincent Dubois, Emmanuelle Bouilly et Franck Poupeau    

    Cette thèse interroge les effets des politiques environnementales sur les transformations de l’action publique et la formation de l’État en Équateur. Par une ethnographie des agents qui fabriquent l’action publique environnementale, tant dans la conception que dans la mise en oeuvre, et tant par ses agents du haut que ceux qui bas, on rend compte de la constitution d’un secteur intrinsèquement internationalisé au sein de l’État équatorien, qui se consolide dans une période de réformes libérales de l’action publique, faisant de ce secteur un point d’entrée particulièrement pertinent pour observer les caractéristiques de ces dernières. Les trajectoires, les circulations et les pratiques des professionnel.les de l’environnement donnent à voir la complexe articulation des acteurs et des niveaux autant que le cadrage internationalisé homogène de l’action publique environnementale qu’ils partagent. Ce dernier est tourné vers la technicisation et la moralisation de l’action, euphémisant les rapports de pouvoir au sein du secteur. L’utilisation au quotidien d’instruments d’action publique, qui produisent autant qu’ils alimentent ce cadrage, approfondit les réformes libérales. Un redéploiement de l’État se produit alors et l’environnementalisation des enjeux devient une opportunité pour étendre sa présence et sa domination aux marges de son territoire. Pour autant, des résistances et des limites au gouvernement de l’environnement et à son cadrage apparemment dépolitisé existent, qui, bien qu’elles ne prennent pas la forme de mobilisations, attestent autant la contestation à ce mode de gouvernement que sa matérialité.

    Laura Carpentier-Goffre, Domestiquer les femmes, privatiser l’État : une analyse sociologique de la frontière public/privé au prisme des rapports ancillaires en Bolivie et au Pérou, thèse soutenue en 2020 à Paris Institut détudes politiques, membres du jury : Andrew Canessa (Rapp.), Stéphanie Rousseau (Rapp.), Christine Delphy et Pascale Molinier  

    Cette thèse de sociologie politique propose d’interroger la doxa de la dichotomie public/privé au prisme des rapports ancillaires contemporains en Bolivie et au Pérou. Elle s’articule autour des deux axes d’interprétation du slogan féministe « le privé est politique » tels que distingués par Anne Phillips : d’une part, ce qui se joue dans la sphère privée est proprement politique ; d’autre part, ce qui s’y passe affecte le champ politique. Ainsi, sans négliger les mécanismes à travers lesquels le racisme structurel façonne les inégalités de classe en Bolivie et au Pérou, cette recherche met en relief le poids des violences masculines intrafamiliales dans l’entrée et le maintien en domesticité des migrantes rurales. Elle interroge ensuite les dynamiques à travers lesquelles les rapports sociaux de sexe, de race et de classe se (re)produisent à l’échelle microscopique des foyers employeurs. L’attention portée là encore au continuum des violences patriarcales conduit à interroger l’idée selon laquelle la travailleuse domestique n’appartient pas à la famille employeuse. Dans le régime de citoyenneté qui a été remis en question en Bolivie depuis l’élection d’Evo Morales mais qui est toujours en vigueur au Pérou, l’administration publique de la question ancillaire demeure largement tributaire des intérêts particuliers de législateurs et de fonctionnaires elles- et eux-mêmes employeur·se·s de travailleuses domestiques. Le contraste entre ces deux univers institutionnels s’estompe dès lors que l’on s’intéresse plus spécifiquement à la gestion étatique des violences sexistes et sexuelles, dont les travailleuses domestiques sont loin d’être les seules femmes victimes.

    Romain Busnel, L’art de saisir l’État : la défense de la culture de coca au Pérou et en Bolivie, thèse soutenue en 2020 à Université de Lille 20182021 en co-direction avec Françoise Montambeault    

    En Bolivie et au Pérou, les régions de production de coca, principales cibles des politiques de lutte contre les drogues depuis les années 1970, sont souvent considérées comme en proie à une certaine « faiblesse », « défaillance » ou « absence » de l’État, et « dominées » par le pouvoir de groupes s’adonnant à des activités criminelles. Menée à partir des cas du Tropique de Cochabamba (Bolivie) et de la Vallée des fleuves Apurímac, Ene et Mantaro (VRAEM, Pérou), premiers foyers de production nationaux d’une coca majoritairement destinée aux marchés illicites, cette recherche s’inscrit à rebours de ces analyses, en montrant que non seulement l’État est bien là, mais qu’il aussi est maintenu et saisi par les organisations rurales de défense de la coca.À partir d’une enquête ethnographique, cette thèse analyse par le bas et dans une perspective comparée les intrications entre économie illicite, mobilisations et États. Elle montre comment fédérations agricoles et syndicales s’appuient sur la coca pour construire des pratiques communales de gouvernement, des identités régionales et des cadrages suffisamment mobilisateurs pour obtenir des politiques de développement censées compenser le « narcotrafic » ou le « narcoterrorisme ». Les dirigeants des organisations sociales construisent leur leadership politique dans la lutte et se positionnent ensuite comme intermédiaires auprès de l’État. Occuper des fonctions administratives et électives leur permet alors de diriger davantage de ressources publiques vers leurs régions d’origine, de défendre la coca dans les institutions, voire de retracer les frontières entre activités légales et illégales. Culture de la coca et politiques de développement deviennent alors des ressources constitutives de l’économie morale des cultivateurs.Ces processus se donnent néanmoins à voir différemment. Au Tropique de Cochabamba, il s’agit d’une saisie corporatiste, propre aux liens forts qui unissent les syndicats de cultivateurs de coca, le MAS, parti au pouvoir jusqu’en 2019, et l’État bolivien. Cette modalité a permis aux syndicats d’obtenir des ressources publiques, des droits, de désigner ses intermédiaires en échange d’un soutien au parti et au gouvernement. Au VRAEM, le faible ancrage des partis politiques dans la société péruvienne laisse le champ libre aux dirigeants de la fédération agricole pour saisir l’État selon une logique entrepreneuriale, par laquelle ils font valoir des ressources propres et des relations pour la plupart extérieures à leur région d’origine.Le détour par ces régions éclaire les relations entre secteurs populaires et État et contribue à décloisonner l’étude des mouvements sociaux. La comparaison en miroir offre une palette d’outils pour appréhender « l’art de saisir l’État » à travers une sociologie des organisations, des syndicats et des partis politiques.

    Louise Cadorel, Les politiques pénitentiaires pour mineurs au Brésil. Droits humains et transformation de l'action publique, thèse en cours depuis 2020 

    Juliette Astorg, Politiques publiques de la transition bas carbone en Amérique latine , thèse en cours depuis 2019 

    Guillaume Fleury, Football et politique en Argentine , thèse soutenue en 2019 à Paris Institut détudes politiques  

    Cette thèse s’intéresse à la mobilisation des supporters du Club Athlétique San Lorenzo de Almagro, un club de football de la ville de Buenos Aires en Argentine, qui se sont manifestés en plusieurs occasions face à l’Assemblée municipale de cette ville entre 2010 et 2012 afin d’obtenir le vote de la loi dite de Restitution historique. Cette loi, approuvée en novembre 2012, a ouvert la voie à la récupération par le club de San Lorenzo des terrains situés dans le quartier de Boedo où s’élevait son ancien stade, le Vieux Gazomètre, détruit sous la dernière dictature militaire qu’a connue l’Argentine. Au croisement de la reconfiguration et de l’actualisation de logiques d’identification entre quartiers et clubs à Buenos Aires issues du début des années 1900, cette mobilisation a également éclairé sous un jour nouveau les rapports étroits tissés entre politique et football en Argentine depuis le début du XXème siècle. L’analyse des carrières des membres de la Sous-commission du supporter – principale organisation de cette mobilisation –, des dispositifs de sensibilisation que ces supporters ont mis en place et de leurs interactions avec le champ politique a permis de décrire une fabrique du politique se footballisant par bien des aspects. Ainsi, construit par des individus se situant hors du champ politique, se pensant comme tels et revendiquant cette extériorité, le politique s’est-il vu investi et colonisé par des pratiques et des représentations reposant sur une identité supporteriste valorisée qui est considérée comme légitime à l’heure d’interagir avec les représentants du champ politique argentin.

    Guillaume Fleury, Football et politique en Argentine, thèse soutenue en 2019, membres du jury : Olivier Compagnon (Rapp.), Jean-Gabriel Contamin (Rapp.), Françoise Montambeault et Fabien Archambault    

    Cette thèse s’intéresse à la mobilisation des supporters du Club Athlétique San Lorenzo de Almagro, un club de football de la ville de Buenos Aires en Argentine, qui se sont manifestés en plusieurs occasions face à l’Assemblée municipale de cette ville entre 2010 et 2012 afin d’obtenir le vote de la loi dite de Restitution historique. Cette loi, approuvée en novembre 2012, a ouvert la voie à la récupération par le club de San Lorenzo des terrains situés dans le quartier de Boedo où s’élevait son ancien stade, le Vieux Gazomètre, détruit sous la dernière dictature militaire qu’a connue l’Argentine. Au croisement de la reconfiguration et de l’actualisation de logiques d’identification entre quartiers et clubs à Buenos Aires issues du début des années 1900, cette mobilisation a également éclairé sous un jour nouveau les rapports étroits tissés entre politique et football en Argentine depuis le début du XXème siècle. L’analyse des carrières des membres de la Sous-commission du supporter – principale organisation de cette mobilisation –, des dispositifs de sensibilisation que ces supporters ont mis en place et de leurs interactions avec le champ politique a permis de décrire une fabrique du politique se footballisant par bien des aspects. Ainsi, construit par des individus se situant hors du champ politique, se pensant comme tels et revendiquant cette extériorité, le politique s’est-il vu investi et colonisé par des pratiques et des représentations reposant sur une identité supporteriste valorisée qui est considérée comme légitime à l’heure d’interagir avec les représentants du champ politique argentin.

    Léa Lebeaupin-Salamon, Sous l’emprise de la mine , thèse en cours depuis 2018  

    À la croisée de l’analyse de l’action publique et de celle des mouvements sociaux, ma recherche doctorale porte sur la manière dont les activités d’extraction parviennent à s’imposer, tant au niveau local qu’au niveau global, malgré un contexte de défiance causé par les catastrophes minières (notamment à Mariana et Brumadinho) et la violence politique. Je m’intéresse également à la manière dont les pratiques des entreprises extractives privées s’imposent comme mode de domination des conduites par des processus de décharge et de transformation de l’État au Brésil, par une approche de sociologie politique et d’enquêtes ethnographiques. Cette thèse relie les théories de la domination en proposant une définition de l'emprise de l'entreprise privée sur la société.

    Elodie Gamache, Les études de genre comme grille de lecture des conflits armés , thèse en cours depuis 2013 

  • Pauline Vandenbossche, S'engager et lutter au nom des droits des victimes : Une sociologie des mobilisations judiciaires à la Juridiction spéciale pour la paix de Colombie, thèse soutenue en 2023 à Lyon 2 sous la direction de David Garibay et Milena Jakšić, membres du jury : Sandrine Lefranc (Rapp.), Juan Carlos De Leon Guerrero Bernal et Sophie Daviaud  

    Depuis le 1er décembre 2016, la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) s’est accordée avec le président de la Colombie d’alors, Juan Manuel Santos,à déposer les armes. L’accord de paix qui résulte de la négociation entre ces deux parties prévoit la mise en place d’un tribunal, la Juridiction spéciale pour la paix (JEP), afin de lutter contre l’impunité des crimes commis pendant le conflit armé avec les Farc (1966-2016). Différents groupes d’acteurs se mobilisent au sein et autour de cette institution judiciaire de justice transitionnelle. À partir d’entretiens, d’une observation participante à la JEP et des observations d’audiences, la thèse recherche s’intéresse aux dynamiques de domination et de résistance au sein de la JEP. Cette recherche analyse les usages militants de catégories juridiques et judiciaires pour traduire la souffrance en droits et fonder des revendications. Elle souligne les tensions entre expertises juridique et militante et le savoir expérientiel, autour de la violence du conflit armé. Confrontant les différentes compréhensions et attentes des magistrats, avocats militants et victimes, au sujet du droit à la justice et au sujet de la JEP, l’étude considère l’espace judiciaire comme un espace réapproprier pour y revendiquer des causes sociopolitiques et subjectiver l’expérience de violence. Mêlant sociologie des mobilisations et sociologie du droit et de la justice, la thèse éclaire sur la difficulté, pour la judiciarisation de la justice transitionnelle, à se détacher de la justice pénale. Elle explique également les enjeux sociaux et politiques relatifs au jugement des crimes commis en temps de crise politique.

    Ingrid Vanessa Muro Jiménez, Societal Reactions to Insecurity : recurring to Community Organization. The case of Juchitan and Ayutla-Mixe, Oaxaca, thèse soutenue en 2022 à Paris 3 sous la direction de Olivier Dabène, membres du jury : David Garibay (Rapp.), Ernesto Isunza Vera (Rapp.), David Recondo et Laurent Gayer    

    Cette recherche analyse les stratégies civiles de lutte contre l'insécurité qui émergent dans les localités traditionnelles et basées sur les partis politiques à Oaxaca, au Mexique. Plutôt que de se concentrer sur les politiques publiques descendantes mises en œuvre par le gouvernement, cette recherche se concentre sur deux stratégies ascendantes qui ont lieu à Juchitán et Ayutla-Mixe. Dans le processus qui part de la création de l'initiative civile jusqu'à l'obtention d'un résultat, ces stratégies civiles ascendantes ont maintenu le contact avec les représentants du gouvernement. L'objectif de cette recherche est de comprendre les interactions entre les représentants municipaux et les civils mobilisés dans le contexte des initiatives civiles ascendantes contre l'insécurité. Cette recherche postule que les systèmes locaux de gouvernance, qu'ils soient communautaires ou non-communautaires, contribuent à expliquer les résultats des initiatives civiles contre l'insécurité. Elle décrit les raisons pour lesquelles les initiatives ascendantes émergent, elle analyse les relations entre l'État et les citoyens tout au long du processus de mise en œuvre de ces stratégies, et elle étudie la manière dont le système local de gouvernance contribue à expliquer les différences dans les résultats des initiatives.

    Natália Pacheco Cruz, L'analyse de la mise en oeuvre locale du Mécanisme de Développement Propre : le cas de la gestion des déchets solides urbains à Rio de Janeiro., thèse soutenue en 2019 à Toulouse 2 sous la direction de Marie-Christine Zélem et Carlos José Saldanha Machado, membres du jury : Sébastien Velut (Rapp.), Béatrice Quenault et Geoffrey Carrère  

    La thèse porte sur l’étude de la mise en œuvre de projets du Mécanisme de Développement Propre (MDP) dans les décharges à Rio de Janeiro, au Brésil. Le MDP est un instrument de la politique environnementale onusienne inscrit dans le cadre du Protocole de Kyoto. Ce mécanisme permet la participation des pays en voie de développement au marché du carbone mondial à travers l’installation de technologies de réduction des émissions Gaz à Effet de Serre (GES) dans différents secteurs d’activités sur leurs territoires. Selon l’article 12 du Traité de Kyoto, le MDP vise la promotion du développement durable dans ces pays. Cette étude discute la mise en œuvre de ce mécanisme dans les décharges de la métropole de Rio ayant employé la captation du biogaz comme une technologie de réduction de gaz méthane (CH4) provenant de la décomposition des déchets. En s’inscrivant dans une perspective critique, notre analyse se focalise sur le dévoilement des rapports de pouvoirs derrière le processus socio-politique d’appropriation locale de cet instrument global de réduction des émissions. Les éléments constitutifs de la notion de « développement durable » présents dans les documents attachés à la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique ont servi de point de départ à notre analyse. De cette manière, nous avons utilisé les notions d’« écologisation des pratiques », de « marché » et de « justice environnementale » comme paramètres pour examiner la dynamique du MDP dans les décharges. Notre thèse défend l’idée selon laquelle l’organisation du domaine de traitement des déchets à Rio est un reflet du programme néo-développementaliste brésilien. La gouvernance locale du secteur est notamment tournée vers la satisfaction des intérêts économiques des acteurs les plus puissants du secteur. Dans ce contexte, nous montrons que le caractère néolibéral du MDP combiné à cette gouvernance locale se traduit par une mise en œuvre controversée des objectifs socio-environnementaux du MDP.

    Anaís Medeiros Passos, The military mystique : democracies and the war on crime in Brazil and Mexico, thèse soutenue en 2018 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Olivier Dabène, membres du jury : Leonardo Avritzer (Rapp.), David Pion-Berlin (Rapp.), Carlos Schmidt Arturi et Laurent Gayer  

    Cette thèse étudie pourquoi et comment les forces armées déploient des activités anticriminelles, et évalue l'impact de ces interventions sur les régimes démocratiques. À partir de l’institutionnalisme historique et de la théorie du choix rationnel, la thèse porte sur deux villes, Rio de Janeiro (Brésil) et Tijuana (Mexique), où les gouverneurs de l'Etat ont demandé aux militaires d’assister dans les tâches de sécurité publique entre 2007 et 2014. À partir de l'analyse des 100 entretiens semi-structurés, des archives historiques et des informations obtenues grâce à des lois sur la liberté d'information, la recherche suit les différentes phases des opérations militaires en matière de sécurité, de la prise de décision à la mise en œuvre de ces politiques. L'analyse systématique des statistiques criminels avant et après les opérations montre que ces actions ont un effet très limité sur la réduction permanente de la violence criminelle. En autre, les interventions militaires sont généralement suivies d'une série d'actions sociales susceptibles d'améliorer la réputation des forces armées au détriment de l'image des agences civiles. Finalement, la recherche montre que ces interventions militaires transforment la législation, la juridiction, la doctrine militaire et l’éducation, et entraînent des changements permanents dans la portée des activités militaires et des actions policières. En raison de ces modifications institutionnelles, les politiciens de façon générale et les gouverneurs des États en particulier sont plus que jamais tentés d’utiliser les forces armées pour obtenir des gains politiques à court terme, même au détriment de la dimension libérale de la démocratie.

    Pablo Madriaza, La révolte des individus : la nouvelle éthique contestataire des mouvements sociaux au Chili (2006-2012), thèse soutenue en 2017 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Danilo Martuccelli, membres du jury : François Dubet (Rapp.), Paola Rebughini (Rapp.), Émmanuelle Barozet et Didier Lapeyronnie  

    Cette étude a eu pour but d'analyser le rôle de l'individu et de l'individualisme au sein des mouvements sociaux au Chili, notamment pendant la dernière vague de mobilisations entre les années 2006 et 2012. Elle a essayé de comprendre la montée des mobilisations dans le pays malgré la forte influence que l'individualisme a eue au sein de la société chilienne à partir de la dictature ; et plus particulièrement de répondre à la question : comment construire une action politico-collective à partir de l'individu ? Pour ce faire, une étude comparative a été menée ayant deux composantes. La première a été une comparaison sociohistorique des événements de protestation à Santiago du Chili, basée sur la quantification de l'information de médias et d'autres sources d'information ainsi que sur l'information disponible provenant du domaine de l'histoire sociale, notamment les données d'événements de violence contestataire de l'historien Gabriel Salazar pendant la période allant de 1947 à 1987. La deuxième composante a été la comparaison de deux mouvements sociaux qui ont été mobilisés pendant la période à l'étude : le mouvement d'élèves du secondaire et le mouvement LGBTQ. L'analyse a été de plus bonifiée par des entretiens réalisés à activistes du mouvement de pobladores. À partir de ces éléments, il est possible de conclure que pendant la période à l'étude, il se produit une répolitisation de l'individualisme dans le pays et que cette répolitisation a été la manifestation d'une transformation de la structure de valeurs au sein de ces groupes qui a placé l'individu au centre de l'action politique. Il s'agit de la configuration d'un cadre normatif maître partagé par plusieurs organisations.

    Camille Morel, L'aménagement des espaces publics : objet de débat et d'antagonismes. Le cas des parcs Lezama et Micaela Bastidas à Buenos Aires, thèse soutenue en 2016 à Paris Est sous la direction de Jérôme Monnet et Claire Hancock, membres du jury : David Garibay (Rapp.), Andrés Borthagaray    

    L’aménagement de l’espace public urbain est devenu un sujet central du débat public à Buenos Aires sous le gouvernement de M. Macri ces dernières années par l’effet d’un double mouvement. Durant ses deux mandats (2007-2015), les responsables politiques ont fait de l’aménagement de l’espace public, notamment au centre-ville, l’un des leviers principal de leurs politiques urbaines. Parallèlement, une partie des mouvements sociaux portègnes a désigné l’organisation spatiale de la ville comme l’un des facteurs des inégalités sociales. De ce fait, la délibération autour de l’aménagement urbain a fait ressortir des antagonismes prenant leurs racines dans le reste de la société obligeant la sphère publique à évoluer. D’abord, la recomposition du jeu d’acteurs autour de nouveaux mouvements sociaux, les assemblées de quartier, a bousculé le partenariat traditionnel entre associations de vecinos et pouvoirs publics. Ensuite, de nouvelles oppositions ont émergé concernant la conception des espaces publics de la ville, et notamment autour de la politique de « récupération » du gouvernement qui détermine des usages légitimes de l’espace public. Enfin, le débat public s’est déplacé vers de nouveaux espaces de délibération : l’espace public urbain qui a confirmé sa dimension politique historique en Argentine, et les réseaux sociaux numériques qui ont accueilli de nouvelles formes de mobilisation. Ainsi, l’aménagement de l’espace public est débattu aujourd’hui dans une pluralité de sphères publiques qui sont toutes traversées par des antagonismes renouvelés

    Carla Guerra Tomazini, L’État et ses pauvres : la naissance et la montée en puissance des politiques de transferts conditionnels au Brésil et au Mexique, thèse soutenue en 2016 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Yves Surel et Valeriano Mendes Ferreira Costa, membres du jury : Olivier Dabène, Oswaldo E. do Amaral, Patrick Hassenteufel et Bruno Palier    

    Les années 1990 ont vu naître de nouvelles politiques sociales, les « transferts monétaires conditionnels » : allocations attribuées aux familles pauvres à condition qu’elles incitent leurs enfants à poursuivre leur scolarité ou qu’elles les conduisent dans les centres de santé, avec pour objectif de réduire la pauvreté et d’assurer un meilleur avenir aux « pauvres » de demain. Avec leur développement, ces politiques ont créé un nouveau champ de protection sociale, dont les principes et les manières de faire s’éloignent du fonctionnement traditionnel de l’assistance. Ces politiques ont fait leur apparition au Brésil et au Mexique dans les années 1990. L’analyse de leur genèse met en évidence une structuration progressive, marquée par des contextes institutionnels et des trajectoires distincts qui se soldent néanmoins par des résultats semblables. Comment expliquer ce parallélisme ? L’objectif de cette étude a consisté à dégager une ou plusieurs variables permettant d’expliquer l’émergence et l’expansion des programmes de transferts monétaires conditionnels dans ces pays et à mettre en évidence la manière dont l’évolution de ces politiques a pu susciter des oppositions plus ou moins fortes de la part de certains acteurs, ainsi que les contraintes institutionnelles auxquelles ces politiques se sont confrontées. On peut observer la structuration de groupes défendant des causes diverses autour de ces politiques, et qui ont déterminé largement leur élaboration et mise en oeuvre, rentrant tantôt en concurrence tantôt en alliance. C’est, notamment, la coalition dominante « pro-capital humain » qui entend définir et encadrer l’ensemble des politiques menées. L’apport de cette recherche est donc de nuancer l’idée d’une réforme consensuelle des politiques de lutte contre la pauvreté au Mexique et au Brésil, sans pour autant nier l’ampleur des transformations intervenues. Il en résulte que le changement institutionnel au Brésil s’est opéré par l'ajout de nouveaux dispositifs aux institutions existantes ; et au Mexique, en première instance, le processus de changement et de consolidation de la politique de transfert monétaire s’est produit sous la forme d'un déplacement et, par la suite, afin de maintenir le statu quo, les acteurs défenseurs des institutions ont modifié de façon marginale le programme pour maintenir leurs intérêts. Les instruments monétaires qui visent à lutter contre la pauvreté sont, en effet, l’objet d’un consensus ambigu, plusieurs acteurs issus de différentes coalitions finissant par le revendiquer. Enfin, la variable intérêt, nécessaire à différents moments, s’est constituée comme une variable essentielle pour comprendre la permanence de ces politiques par l’intermédiaire des phénomènes de verrouillage.

    Osmany Porto De Oliveira, Ambassadeurs de la participation : la diffusion internationale du Budget Participatif, thèse soutenue en 2015 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Yves Surel, membres du jury : Eduardo Fernandez-Caldas, Guillaume Gourgues, Patrick Hassenteufel et Franck Petiteville  

    Cette thèse de doctorat porte sur une facette encore peu explorée dans les études sur la démocratie et la participation : la diffusion internationale d’idées et de technologies sur la gouvernance participative. Les recherches récentes sur ce thème ont insisté sur l’influence des différents acteurs afin d’expliquer le phénomène de la diffusion, en accordant une attention particulière aux organisations internationales. La préconisation de modèles spécifiques de la part de ces institutions est fréquente, comme dans le cas du Budget Participatif (BP), qui, de nos jours, compte plus de 2800 expériences réparties à travers le monde. Cependant, les orientations des institutions internationales suffisent-elles à expliquer la diffusion d’idées et de technologies de gouvernance participative ? Située entre analyse de politiques publiques et étude des relations internationales, cette recherche de doctorat se propose d’examiner le processus de diffusion du BP, au travers d’une méthodologie qualitative, combinant entretiens approfondis, observation participante et analyse de documents. L’étude a été développée à partir d’un cas précurseur, Porto Alegre, et de différents cas de transfert en Afrique Subsaharienne et en Amérique Latine. Les résultats de la recherche semblent indiquer l’existence d’un flux global, de mouvements de diffusion régionale – comme dans la région des Andes –, et de mouvements ponctuels de transfert, au sein desquels le BP se déplace d’une institution à une autre, comme de Porto Alegre, au Brésil, vers la municipalité de Cotacachi, en Équateur, ou encore à Maputo, au Mozambique. L’action d’un ensemble d’individus a été fondamentale pour introduire le BP dans l’agenda international, ainsi que pour aider les processus de transfert à l’étranger. Une fois le BP légitimé au niveau international, les organisations internationales se démarquent, car elles financent les expériences, organisent des ateliers de formation de cadres et produisent du matériel d’implantation.

  • David Amalric, Le port en révolte : écologies de la contestation dans la région portuaire de Rio de Janeiro, thèse soutenue en 2023 à Paris EHESS sous la direction de Daniel Cefaï et Mariana Cavalcanti, membres du jury : Mathieu Berger (Rapp.), Dominique Vidal, Patrícia Birman et Agnès Deboulet  

    Abritant en son cœur la première favela de la ville, la région portuaire de Rio de Janeiro a été profondément affectée depuis 2009 par les grands projets d’aménagement urbain et la politique de « pacification » policière mis en place à la veille des grands événements sportifs – ainsi que par la crise et l’abandon partiel de ces derniers. Cette thèse est une enquête sur les formes d’action contestataire qui émergent dans ce contexte de transformations urbaines. Centrée sur l’ethnographie, à la veille des Jeux Olympiques de 2016, d’une occupation lycéenne située au pied de la favela, elle s’attache également à décrire le quotidien de plusieurs activités militantes (éducation populaire, ciné-clubs, visites touristiques engagées) et à remonter le fil de mobilisations passées, en particulier le mouvement des squats de sans-domicile et la lutte des habitants de la favela de Providência contre les évictions mises en œuvre par la Mairie. Elle s’appuie pour ce faire en grande partie sur l’observation participante, mais aussi sur des entretiens rétrospectifs et sur l’analyse de nombreuses sources et publications récentes (sites officiels, médias, réseaux socio-numériques). Il s’agit alors de revisiter les questionnements sur le « droit à la ville » ou sur les « mouvements sociaux urbains » et leur résurgence, à partir d’une perspective que nous qualifions ici d’écologique, située au croisement des études urbaines et de la sociologie des mobilisations. Puisant dans la tradition de l’école de Chicago, dans la conception abbottienne des « écologies liées » et dans les apports d’une écologie de l’expérience, cette approche se déplie en deux volets principaux : elle réinscrit les activités contestataires dans la configuration urbaine spécifique des quartiers portuaires, que la première partie de la thèse s’attache à étudier en détails, sous les angles successifs de l’expérience et de l’agencement des formes urbaines (chapitre 1), du passé de la région et de ses mises en intrigue (chapitre 2), et enfin de ses transformations inachevées, c’est-à-dire des conséquences matérielles, socio-économiques et territoriales des politiques urbaines puis de leur crise (chapitre 3). L’étude du contexte spatial apparaît de ce point de vue, non pas comme un simple préambule obligé, mais comme un enjeu central de l’analyse, soutenu par un travail approfondi d’ethnographie urbaine. La deuxième partie de la thèse est quant à elle focalisée sur les activités contestataires proprement dites : elle associe l’étude historique des dynamiques et des cycles de la contestation portuaire entre 2004 et 2018 (chapitre 4) ; l’ethnographie détaillée, au cœur des quartiers portuaires (et dans le cadre plus large d’un mouvement de grande ampleur qui touche tout l’État de Rio de Janeiro), de l’occupation d’un lycée, à laquelle j’ai pu quotidiennement prendre part au cours de ses deux mois d’existence (chapitre 5) ; et enfin l’analyse plus conclusive de ce que je qualifie d’écosystème contestataire, constituant le second volet de cette approche écologique (chapitre 6) : à savoir, l’imbrication d’acteurs, de lieux, de répertoires d’action, de sens et d’identités collectives qui, par leurs multiples jeux d’interactions et de circulations, contribuent à la « fertilisation croisée » des activités contestataires (mais parfois aussi à son contraire). Plusieurs objets se dégagent à ce titre de l’analyse – comme le rôle matriciel, dans les dynamiques de mobilisation, de la relation pédagogique entre élèves et enseignants; ou encore l’importance de l’occupation comme mot d’ordre commun rassemblant des modes d’action divers (mais communicants), et plus largement comme relation à l’espace et à la ville. Ce dernier chapitre est alors l’occasion de fournir quelques réponses à l’étonnement initial qui anime cette recherche : comment se fait-il que la région portuaire ait abrité au cours des quinze dernières années une telle densité de mobilisations et d’activités à teneur contestataire ?

    Fabian Felipe Villota Galeano, Émergence, confrontations et résistance du peuple Inkal-Awa à la frontière sud-ouest de la Colombie, thèse soutenue en 2023 à Paris EHESS sous la direction de Irène Bellier, membres du jury : Beatriz Nates Cruz (Rapp.), Clément Thibaud, Olivier Allard et François Correa Rubio  

    Pendant une grande partie du 21e siècle, le peuple autochtone Inkal-Awá a acquis une notoriété sans précédent. Ce peuple et son territoire, situé au sud-ouest de la Colombie, dans le piémont côtier du département de Nariño, à la frontière avec l'Équateur, ont été au cœur de certains des problèmes les plus graves auxquels la Colombie est confrontée : précarité étatique, violence armée, trafic de drogue, entre autres. Cette étude est consacrée à l'explication de la manière dont l'émergence et le soulèvement du peuple Inkal-Awá sont liés et articulés avec les problèmes auxquels il a dû faire face, notamment parce que jusqu'à la fin du 20e siècle, ce peuple vivait pour la plupart caché dans la forêt et certains de ses membres étaient assimilés et intégrés comme des paysans pauvres dans des communautés éloignées du piémont occidental. C’est pourquoi j'ai pris l'idée de la frontière dans un sens large, non seulement comme une limite ou une marge mais comme un champ qui permet d'expliquer les phénomènes que j’y ai observé comme le résultat des multiples convergences et tensions qui l'ont façonnée et qui, en somme, donne une intelligibilité au processus d'organisation et de mobilisation des Inkal-Awá. Il s'agit de reconstruire le contexte dans lequel l'émergence et la mobilisation des Inkal-Awá peuvent être comprises, c'est-à-dire de décrire et d'analyser l'impact de la colonisation, la république, l'action ou l'inaction de l'État pour les intégrer, et plus contemporainement, l'action internationale, le conflit armé, la culture et l'économie de la coca sur le peuple Inkal-Awá. L'enquête montre comment les Inkal-Awá se sont stratégiquement et pertinemment articulés avec des ressources, anciennes et nouvelles, importantes pour les luttes autochtones en Colombie et en Amérique latine. Il s’agit des luttes pour la reconnaissance, la mémoire et les usages du passé, des effets du multiculturalisme et son expression légale, et aussi de l'aide humanitaire et de la coopération internationale. Les premières leur ont permis de renforcer leurs organisations, les autres ont ouvert un champ d'opportunités qui leur ont permis de se positionner sur une échelle d'interlocution et d'interpellation avec l'Etat, au niveau local et régional, et surtout, au niveau national. Les dernières ont contribué au transfert de moyens d’agir (capacités) et de pratiques qui, ensemble, leur ont permis d'affronter les problèmes qui les assaillent et qui ont attiré l'attention sur eux de manière particulière.

    Luis Miguel Rivera-Vélez, Les politiques du cannabis en Amérique latine : légalisations divergentes en Colombie, au Mexique et en Uruguay (2010-2021), thèse soutenue en 2021 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Yves Surel, membres du jury : Laurie Boussaguet (Rapp.), Henri Bergeron et Jacobo Grajales Lopez  

    Cette thèse étudie l’émerge de différents modèles de régulation du cannabis en Amérique latine, pendant la décennie 2010. De manière plus spécifique, elle analyse les processus de création d’un marché légal du cannabis récréatif en Uruguay, le développement d’une industrie de production de cannabis médicinal en Colombie, et les autorisations des usages médicinaux et récréatifs du cannabis au Mexique. À partir d’une recherche de terrain auprès des acteurs clé et d’une démarche de process-tracing, cette recherche permet de comprendre les raisons pour lesquelles ces politiques divergent significativement alors même qu’elles sont conçues de manière simultanée par des acteurs proches. Les résultats de l’enquête montrent que les divergences dans les politiques du cannabis résultent de la capacité des pays à s’affranchir des normes internationales et des ambitions de réforme de la part des présidents et des administrations. L’établissement d’une chronologie détaillée des processus et notre capacité à suivre les acteurs pendant une période d’enquête longue (2014-2021) nous a permis de comprendre que les pressions internationales sont déterminantes pour orienter le contenu des réformes, notamment en ce qui concerne la différence entre cannabis récréatif et médicinal. Les entretiens semi-directifs auprès d’un grand nombre de parties prenantes, nous a montré que l’ampleur des réformes est déterminée par la volonté politique des présidents et des administrations publiques. En somme, plus un président encourage une réforme, plus l’administration imagine des modèles innovants et plus les soutiens politiques augmentent.

    Romain Le Cour Grandmaison, Les courtiers de la violence , thèse soutenue en 2020 à Paris 1 sous la direction de Gilles Dorronsoro  

    Dans le Mexique contemporain, la violence chronique et la présence de multiples organisations armées non-statutaires n’ont jamais conduit à la remise en cause de la stabilité du régime politique et de l’État. Au contraire, ce que nous observons, à partir d’une étude de cas dans la région du Michoacán, est la perpétuation du recours à la violence pour l’obtention ou la conservation d’une position avantageuse à l’intérieur du jeu politique, et non en opposition à celui-ci. Ainsi, les organisations violentes que nous étudions sont toujours en relations, plus ou moins conflictuelles, avec l’État. Elles sont marquées par des tensions constantes quant à la marge d’autonomie dont bénéficient les acteurs violents vis-à-vis des autorités publiques, à l’intérieur des relations d’intermédiation. C’est précisément ces tensions et leurs permanentes reconfigurations dans des contextes de violence que nous étudierons. La rupture que l’on observe dans le Michoacán est la brève appropriation, par des organisations violentes, des canaux d’intermédiation qui lient le centre et la périphérie, avant leur reconfiguration par une coalition de civils armés associés aux autorités publiques. Ainsi, notre thèse porte sur des conflits dont l’enjeu central est le contrôle des règles et des modalités de l’intermédiation politique. Les organisations violentes sont donc toujours intégrées et intéressées à l’établissement des circuits d’intermédiation politique qui fondent, y compris dans les situations de haute violence, les canaux de gestion et de gouvernement de la violence par l’État. L’enjeu de cette thèse est donc de proposer, par des questionnements de sociologie politique, une analyse des pratiques d’intermédiation politique dans des contextes de violence.

    Romain Le Cour Grandmaison, Les courtiers de la violence, thèse soutenue en 2020 sous la direction de Gilles Dorronsoro, membres du jury : Dennis Rodgers (Rapp.), Hélène Combes et Gilles Favarel-Garrigues    

    Dans le Mexique contemporain, la violence chronique et la présence de multiples organisations armées non-statutaires n’ont jamais conduit à la remise en cause de la stabilité du régime politique et de l’État. Au contraire, ce que nous observons, à partir d’une étude de cas dans la région du Michoacán, est la perpétuation du recours à la violence pour l’obtention ou la conservation d’une position avantageuse à l’intérieur du jeu politique, et non en opposition à celui-ci. Ainsi, les organisations violentes que nous étudions sont toujours en relations, plus ou moins conflictuelles, avec l’État. Elles sont marquées par des tensions constantes quant à la marge d’autonomie dont bénéficient les acteurs violents vis-à-vis des autorités publiques, à l’intérieur des relations d’intermédiation. C’est précisément ces tensions et leurs permanentes reconfigurations dans des contextes de violence que nous étudierons. La rupture que l’on observe dans le Michoacán est la brève appropriation, par des organisations violentes, des canaux d’intermédiation qui lient le centre et la périphérie, avant leur reconfiguration par une coalition de civils armés associés aux autorités publiques. Ainsi, notre thèse porte sur des conflits dont l’enjeu central est le contrôle des règles et des modalités de l’intermédiation politique. Les organisations violentes sont donc toujours intégrées et intéressées à l’établissement des circuits d’intermédiation politique qui fondent, y compris dans les situations de haute violence, les canaux de gestion et de gouvernement de la violence par l’État. L’enjeu de cette thèse est donc de proposer, par des questionnements de sociologie politique, une analyse des pratiques d’intermédiation politique dans des contextes de violence.

    Walter Francisco Nique Franz, Faire ou non parti ? : la Centrale des Travailleurs Argentins en quête d'une stratégie politique face au néo-libéralisme (1991-2013), thèse soutenue en 2019 à Paris 1 sous la direction de Frédéric Sawicki, membres du jury : Gabriel Alejandro Vommaro (Rapp.), Karel Yon  

    Décembre 2002, la Centrale des Travailleurs Argentins (CTA) décide de constituer un Mouvement Politique, Social et Culturel. Tout laisse croire que la Centrale va créer un parti politique. L’ambition est de proposer une alternative de gauche à la crise économique et sociale qui affecte le Pays depuis un an. Paradoxalement, ce n’est qu’à partir de 2006 que commence la construction partisane alors qu’un gouvernement de gauche dirige le Pays et que tous les indicateurs socio-économiques se sont améliorés. Pourquoi la CTA hésite à faire parti en 2002 ? Pourquoi le fait-elle en 2006 alors que la crise est déjà passée ? De quelle façon le parti est-il construit ? L’objectif de cette thèse est de déchiffrer cette énigme à travers la compréhension du jeu d’interdépendances constitué entre syndicats, mouvements sociaux et partis politiques. Deux hypothèses sont ici défendues. D’une part, pendant les années 1990, la stratégie de contestation des politiques néolibérales a amené la CTA à se positionner à l’intersection de différents univers sociaux, en nouant de multiples relations avec des syndicats, des mouvements sociaux et des partis politiques. En raison de la densité de ces réseaux et de l’intensité des interactions entre ses composants, un milieu multisectoriel que nous désignerons par l’expression «milieu oppositionnel» s’est alors formé. La stratégie de construction partisane se trouve toutefois entravée du fait des jeux concurrentiels livrés à la fois au sein de la Centrale et du milieu oppositionnel. D’autre part, les stratégies partisanes menées par les syndicalistes sont en réalité le résultat d’un habitus clivé. Leur reconversion dans le champ politique est partielle, de même qu’ils résistent à adopter des pratiques et les logiques propres au jeu politique, au risque de compromettre la viabilité électorale du parti. La démonstration s’appuie sur une enquête socio-ethnographique menée pendant trois séjours de terrain réalisés entre 2011 et 2015.

    Miguel Andrés Herrera Ríos, Gouverner la justice en Équateur (1979-2019) : réformes institutionnelles et modes concurrents de régulation d'un pouvoir d'État, thèse soutenue en 2019 à Paris 1 sous la direction de Jean-Louis Briquet, membres du jury : Jacobo Grajales Lopez (Rapp.), Cécile Vigour et Delphine Dulong  

    Cette thèse porte sur les transformations du pouvoir judiciaire survenues en Équateur entre 1979 et 2019. En se démarquant des approches dominantes en Amérique latine qui se concentrent sur l’ indépendance» du pouvoir judiciaire envers les acteurs politiques, cette recherche propose une analyse en termes de gouvernement de la justice qui permettra d’aborder cette problématique selon un autre angle d’observation. Il ne s’agit donc pas de mesurer le degré d’indépendance de la justice ou la qualité des décisions judiciaires, mais plutôt d’examiner comment ont changé les règles et les logiques qui régulent le mode de fonctionnement de ces institutions en Équateur. S’appuyant sur des débats parlementaires, des articles de presse et des entretiens réalisés auprès de magistrats de la Cour suprême, cette thèse tente de reconstituer, d’une part, la trajectoire de la question judiciaire depuis 1979 – année qui marque la fin des gouvernements militaires en Équateur – et d’autre part, les principales initiatives de réforme concernant la composition et les compétences des institutions au sommet du pouvoir judiciaire : la Cour suprême de justice et le Conseil de la magistrature. À partir de ces deux axes, l’on pourra envisager la place qu’occupe la question de la justice dans la lutte politique, les enjeux qui entourent les tentatives de réforme et surtout la manière dont se sont reconfigurés les liens unissant justice et politique au cours des quatre dernières décennies. Autant d’éléments qui peuvent nous fournir des pistes pour mieux comprendre les transformations de l’État équatorien durant cette période.

    Marion Di Méo, Une démocratie à l’épreuve des mouvements sociaux : le cas du Chili post-dictatorial de 1988 à nos jours, thèse soutenue en 2018 à AixMarseille sous la direction de Christophe Traïni, membres du jury : Fabien Jobard (Rapp.), David Garibay et Isabelle Sommier    

    Cette thèse vise à rendre compte de l'évolution, au Chili, de la gestion des événements protestataires par les institutions en charge de l'ordre public depuis le retour à la démocratie en 1990. Il s'agit d'examiner la manière dont un pays autrefois gouverné par la répression encadre, une fois la démocratie retrouvée, les protestations de différents groupes de la société. La thèse interroge aussi l'existence d'un traitement différencié de la contestation en fonction du public mobilisé. L'enquête a été menée entre mars 2015 et mai 2017 et repose sur un matériau composé d'observations, d'entretiens, d'archives de presse. Ce travail est composé de trois parties. La première revient sur les éléments qui ont façonné le contexte politique chilien de la transition, largement défavorable à la contestation. Il s'agit également de s'intéresser aux caractéristiques et à la culture institutionnelle de la police en charge du maintien de l'ordre, en observant comment s'articulent le caractère militaire de cette institution et les fondements de la doctrine du maintien de l'ordre. Dans la seconde, les mobilisations des peuples autochtones et des étudiants chiliens sont longuement décryptées, en particulier la question de leur répertoire d'action et les interactions entre ces groupes, l'État chilien et les forces de l'ordre. La troisième partie est consacrée à la manière dont le passé récent du Chili devient l'enjeu de discours et de mobilisations, et s'intéresse de près à différentes journées de commémoration. Elle examine enfin les effets de la militarisation de la police sur le maintien de l'ordre, et sur les représentations du monde qui entourent ses pratiques professionnelles

    Camille Floderer, Du quartier à la politique instituée : émergence de leaderships localisés dans les quartiers populaires du Costa Rica, thèse soutenue en 2017 à AixMarseille sous la direction de David Garibay et Stéphanie Dechézelles, membres du jury : Antoine Roger (Rapp.), Jean-Louis Briquet    

    Le Costa Rica s’est construit comme une société homogène sans valorisation ni représentation des classes populaires. Dans les discours savants et dans le champ politique, la faible représentation des couches inférieures des classes populaires est généralement expliquée par leur atomisation. Incapables de se retrouver autour d’intérêts communs, ces groupes ne pourraient exister collectivement dans l’espace politique institué. À revers de ces analyses, cette thèse interroge l’émergence de porte-parole et leur accès à la politique instituée à travers l’étude de carrières de dirigeants de deux quartiers populaires à San José. En l’absence d’une structuration clientélaire ou corporative, ces dirigeants sont en général considérés comme des acteurs isolés ayant tout pouvoir sur une clientèle de voisins apathiques. Or, leur leadership repose sur des liens personnalisés et localisés et sur des logiques d’unification. Pour résoudre les problèmes locaux, les dirigeants s’attachent à mettre en forme des attentes autour desquelles leur voisinage peut se retrouver. Mais, leur action se déroulant hors de structures d’encadrement préétablies, leur position est précaire. Face aux échecs des projets qu’ils portent et à la position inconfortable que cela leur vaut localement, certains dirigeants tentent de poursuivre leur engagement en entrant en politique. Or, cela est rendue difficile par une gestion partisane des carrières militantes peu favorable à ces groupes sociaux. Ainsi, à travers une analyse par le bas des modes d’action de ces dirigeants, cette thèse contribue à l’analyse des formes d’engagement et de politisation populaires se déroulant à la marge de la politique instituée

    Léa Barreau, Les mules de la mode : mobilités de commerçantes angolaises entre le Brésil et la Chine, thèse soutenue en 2016 à Bordeaux sous la direction de Michel Cahen, membres du jury : Didier Péclard (Rapp.), Ricardo Soares de Oliveira et Chloé Buire  

    Cette thèse s’appuie sur les expériences professionnelles de voyage de commerçantestransnationales angolaises qui voyagent à l’étranger pour rapporter des produitsmanufacturés (vêtements, chaussures, accessoires féminins) qu’elles transportentdirectement dans leurs valises sans déclarer l’objectif commercial de leur activité. Cecommerce, pratiqué sur l’ensemble du continent africain s’est intensifiée en Angolaavec la fin de la guerre en 2002 et l’ouverture des relations internationales avec despartenaires comme le Portugal, le Brésil, Dubaï et la Chine. Ce travail analyse deuxvagues de mobilités commerciales féminines : de l’Angola vers le Brésil et de l’Angolavers la Chine. S’intéressant aux rôles spécifiques des femmes africaines sur troisespaces, l’observation menée sur les marchés de São Paulo, Luanda et Canton s’inscritdans la perspective de la globalisation « par le bas ». Interrogeant les processusémancipatoires, ce travail cherche à vérifier si la circulation commerciale permet auxfemmes de prendre conscience des rapports de pouvoir qui les marginalisent et dedévelopper leur capacité à les transformer. Cependant, la thèse défendue est que lescaractéristiques de l’économie « parallèle » où les frontières entre le légal, l’illégal, lelicite et l’illicite se confondent, conditionnent les capacités d’autonomisation desfemmes et pénalisent la revendication de leurs droits. À l’heure de l’accélération de laglobalisation des échanges entre pays du Sud, cette thèse a pour ambition de donnerune vision intimiste et féministe de la mobilité en suivant le parcours et les récits devie de plusieurs femmes angolaises entre le Brésil, l’Angola et la Chine.

    Ceren Ark, Transformation urbaine et réseaux clientélistes : le quartier de Şahintepe à Istanbul, thèse soutenue en 2015 à Paris 1 sous la direction de Jean-Louis Briquet, membres du jury : Jean-François Pérouse (Rapp.), Emmanuel Négrier et Élise Massicard  

    Notre thèse analyse la construction du consentement à l’action publique néolibérale de transformation urbaine dans un milieu populaire initialement réfractaire. Nous examinons cette question à Sahintepe, quartier précaire d’Istanbul, de 2009 à 2014 –période encadrée par deux élections municipales. L’étude montre que le consentement à l’action publique passe avant tout par l’appropriation des idées et des gestes du néolibéralisme dans la vie quotidienne, et que cette appropriation, dans le cas étudié, fait suite à une entreprise de pédagogie politique menée par le parti dominant, en collaboration étroite avec la municipalité d’arrondissement. Pour mener à bien cette entreprise pédagogique, nous trouvons que quatre éléments sont nécessaires au parti : une vision claire de l’avenir proposée et un projet pour l’atteindre ; une structure interne apte à communiquer cette vision ainsi que ce projet de manière disciplinée et cohérente ; l’ancrage politique et social du parti et de ses militants à travers les réseaux informels ; l’utilisation systématique des ressources publiques comme privées faisant du parti le patron prédominant dans un système de clientélisme institutionnalisé. Complétant les données empiriques tirées d’observations de terrain et d’entretiens par l’analyse des résultats électoraux, l’étude affirme que l’action publique néolibérale doit trouver une symbiose avec le clientélisme pour jouer le rôle voulu dans ce milieu. Les effets de la pédagogie se mesurent par la progression électorale du parti dominant, mais aussi par le remplacement, parmi les habitants du quartier, d’une politique de confrontation par une politique recherchant avant tout la compensation.

    Folashadé Ayodélé Soulé-Kohndou, Les "clubs" de puissances "émergentes", fonctions objectives et usages stratégiques : le cas du forum de dialogue IBAS (Inde-Brésil-Afrique du Sud), thèse soutenue en 2014 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Bertrand Badie, membres du jury : Jean-Luc Racine (Rapp.), Chris Alden et Jean-Jacques Gabas  

    A partir de l’étude de cas du forum Inde-Brésil-Afrique du Sud (IBAS), cette thèse aborde la construction sociale de l’émergence en relations internationales, et la dynamique de prolifération de clubs sélectifs entre puissances émergentes comme expression de l’émergence internationale. A travers une approche pluridisciplinaire, mobilisant la sociologie de l’action collective au service des relations internationales, cette thèse démontre que les fonctions des clubs d’émergents, s’élèvent au nombre de trois: la consultation et la coordination politique sur des sujets internationaux d’intérêt mutuel; l’intensification des relations sud-sud multidimensionnelles; et la mise en place de mécanismes financiers communs. A travers ces trois fonctions, les puissances émergentes, se servent de ces clubs, à trois usages stratégiques transversaux, notamment la légitimation, l’autonomisation et la socialisation afin de renforcer leur intégration internationale. L’action des clubs d’émergents aboutit cependant davantage à l’inclusion, sous forme de cooptation de ces puissances, dans les processus décisionnels de gouvernance globale, qu’à leur intégration. Favorisant des stratégies de différenciation, à travers une action séparée des autres Etats du Sud, le défaut d’association des voisins régionaux et sociétés provoque des stratégies de contestation et d’obstruction de la part de ces derniers. Cette action collective des clubs d’émergents apporte enfin des changements institutionnels systémiques amenant les organisations internationales à se réadapter stratégiquement aux pratiques réformistes apportées par ces puissances, et à profiter à leur tour de l’émergence internationale.

    Raphaëlle Parizet, Le politique du développement : les usages politiques des savoirs experts et de la participation des populations indiennes au Mexique, thèse soutenue en 2013 à Lille 2 sous la direction de Olivier Nay, membres du jury : Laurent Jeanpierre (Rapp.), Irène Bellier et Jean-Gabriel Contamin    

    Mot valise véhiculé par les agences internationales, la notion de « développement avec identité » traduit une volonté de prendre en compte les spécificités locales et culturelles des populations autochtones et la promotion d’une approche en terme de développement, présenté comme universel et apolitique. C’est cette contradiction que cette thèse propose d’explorer. À partir du cas mexicain, il s’agit de comprendre comment les dispositifs de développement fonctionnent comme des instruments de connaissance, mais également comme des instruments performatifs par leurs inductions prescriptives et les usages sociaux qui en sont faits. Au final, le « développement avec identité » renvoie à un « art de gouverner » les populations marquées par une disqualification sociale. Celui-ci s’appuie sur deux volets : l’élaboration de savoirs spécifiques sur ces populations et la participation des individus et groupes autochtones aux dispositifs de développement. Cette thèse propose une contribution sociologique à l’analyse du développement et aux travaux sur la question autochtone. Cette étude de la circulation des discours, des instruments et des pratiques du développement se fonde sur une enquête ethnographique de trois espaces où se construisent, s’élaborent et se mettent en pratique les dispositifs du développement autochtone au Mexique : le bureau du Programme des Nations unies à Mexico, l’instance nationale en charge de l’action publique de développement des populations autochtones, et enfin des groupes sociaux de la région du Chiapas dans lesquels des dispositifs de développement sont également élaborés et mis en œuvre.

    Marie-Hélène Sa Vilas Boas, Du quartier à l'Etat , thèse soutenue en 2012 à AixMarseille sous la direction de Daniel Van Eeuwen  

    Pourquoi certains dispositifs participatifs brésiliens réunissent-ils principalement des acteurs habituellement peu participants ? Cette thèse s'attache à analyser une participation « improbable » à partir de l'étude des conférences municipales des femmes de Recife et de Londrina. A la différence des analyses « institutionnelles » qui placent le design des dispositifs en facteur explicatif des pratiques de participation, notre approche vise à mettre en évidence leur ancrage social et l'intrication entre le jeu social et le « jeu participatif ». L'hypothèse développée est que la mobilisation des déshéritées dans les conférences des femmes dépend principalement des enjeux propres à l'espace des quartiers populaires et, plus précisément, des luttes pour la représentation en leur sein. Cette thèse repose sur la combinaison de plusieurs niveaux d'analyse : une approche micro-sociologique d'abord, centrée sur les trajectoires et les pratiques de participation des habitantes et une approche méso-sociologique ensuite, visant à rendre compte de l'émergence de la démocratie participative au Brésil. Ces deux niveaux permettent de montrer que la participation des plus démunis aux dispositifs participatifs est le résultat d'une histoire singulière, au cours de laquelle la notion de participation a été associée à un territoire, les quartiers populaires, et des dynamiques individuelles et collectives de construction de leurs porte-parole légitimes

    Marie-Hélène Sa Vilas Boas, Du quartier à l'Etat, thèse soutenue en 2012 sous la direction de Daniel Van Eeuwen, membres du jury : Érik Neveu (Rapp.), Jean-Pierre Gaudin et Dominique Vidal    

    Pourquoi certains dispositifs participatifs brésiliens réunissent-ils principalement des acteurs habituellement peu participants ? Cette thèse s'attache à analyser une participation « improbable » à partir de l'étude des conférences municipales des femmes de Recife et de Londrina. A la différence des analyses « institutionnelles » qui placent le design des dispositifs en facteur explicatif des pratiques de participation, notre approche vise à mettre en évidence leur ancrage social et l'intrication entre le jeu social et le « jeu participatif ». L'hypothèse développée est que la mobilisation des déshéritées dans les conférences des femmes dépend principalement des enjeux propres à l'espace des quartiers populaires et, plus précisément, des luttes pour la représentation en leur sein. Cette thèse repose sur la combinaison de plusieurs niveaux d'analyse : une approche micro-sociologique d'abord, centrée sur les trajectoires et les pratiques de participation des habitantes et une approche méso-sociologique ensuite, visant à rendre compte de l'émergence de la démocratie participative au Brésil. Ces deux niveaux permettent de montrer que la participation des plus démunis aux dispositifs participatifs est le résultat d'une histoire singulière, au cours de laquelle la notion de participation a été associée à un territoire, les quartiers populaires, et des dynamiques individuelles et collectives de construction de leurs porte-parole légitimes

  • Luis Miguel Camargo Gomez, La production sociale d’un service public en des temps difficiles : secourir, dispenser des soins médicaux d'urgence et pratiquer des expertises médico-légales (Bogotá, Medellín et Cali, 1980 - début des années 2000), thèse soutenue en 2021 à Paris EHESS sous la direction de Stéphane Audoin-Rouzeau et Gonzalo Sánchez G., membres du jury : Sandrine Revet (Rapp.), Valérie Robin Azevedo (Rapp.), Richard Rechtman, Sophie Delaporte et Nicolas Dodier  

    Cette thèse porte sur le travail de prise en charge immédiate des effets corporels des violences armées en Colombie, à savoir : secourir, dispenser des soins médicaux d’urgence et pratiquer des expertises médico-légales. Ce travail de « première ligne » s’est effectué en des temps difficiles – entre 1980 et le début des années 2000 au sein des villes colombiennes –, caractérisés à la fois par le paroxysme des violences armées et par une intense activité réformatrice et de légitimation institutionnelle à tous les échelons. Nous avons ainsi mis en récit une histoire méconnue, occultée par un regard longtemps centré sur l’horizon critique de l’effondrement, et avons tenté de répondre à deux problématiques générales. La première explore les coulisses de ce travail public : si les effets corporels massifs de ces violences ont pu tant bien que mal être pris en charge, quelles ont été les caractéristiques de ce travail ? À l’aide de quels appuis a-t-il été effectué ? De quelle manière s’est-il coordonné avec d’autres activités sociales ? Nous avons montré que, lors des interventions et tout au long de la période, les médecins et les secouristes ont été amenés à composer de manière particulière avec leurs ressources et leurs modes d’organisation et de coordination. Ils ont dû mobiliser de manière particulière les dimensions normative, morale et émotionnelle de leur travail. D’ailleurs, les effets corporels des violences armées ont été redéfinis ici via leur insertion dans la réponse qui leur a été apportée. La seconde problématique, plus transversale, a porté sur les répercussions inattendues des violences armées sur ces services publics. Dans un contexte où les contraintes liées à une situation sociale et institutionnelle critique semblaient déterminer l’expérience des acteurs des institutions dans les villes, comment se peut-il que ce travail spécifique ait conduit à une forme particulière d’engagement et à un renouvellement des modes d’organisation, des répertoires normatifs et des dispositifs spécialisés ? Nous avons conclu que ce même travail, ancré dans des situations spécifiques, a contribué à la production sociale des institutions qui l’encadraient, par le biais des efforts de maintien des services et des significations accordées à certaines initiatives de transformation. Ainsi, nous avons mis en lumière la construction d’horizons communs malgré des circonstances très contraignantes pour ce travail de prise en charge immédiate.

    Antoinette Kuijlaars, La civilisation du samba : Sociologie des ritmistas d'école de samba à Rio de Janeiro, thèse soutenue en 2020 à Lyon sous la direction de Lilian Mathieu et Lionel Arnaud, membres du jury : Dominique Vidal (Rapp.), Marc Perrenoud (Rapp.)  

    « Plus grand spectacle du monde », le défilé carnavalesque des écoles de samba cariocas constitue une pratique culturelle à la fois associée à une population marginalisée, noire et populaire, et portée comme un symbole de la culture nationale brésilienne transcendant les appartenances de classe et de race. L’étude ethnographique du quotidien et des pratiques des ritmistas qui composent les baterias, « cœur » percussif des défilés, a pour objectif de mettre au jour les enjeux de cette contradiction. Celle-ci, inhérente aux écoles de samba depuis leur apparition dans les années 1920-30, se traduit dans une quête de légitimité, de respectabilité et de civilisation de la part de ces institutions comme des individus qui les composent, ce qui conduit à la mise en place d’une discipline caractérisée par l’euphémisation des marqueurs raciaux et le lissage des relations de classe, ainsi que de rapports de légitimité complexes. L’approche repose sur une mise en perspective sociohistorique, théorique et politique du matériau ethnographique. Elle se situe dans le cadre d’une sociologie configurationnelle appliquée à la sociologie de la domination, et attachée à la mise au jour des rapports d’interdépendance à de multiples niveaux ainsi que des reconfigurations en train de se faire. L’objectif de cette thèse est de questionner les matérialisations sociales, symboliques et pratiques d’une configuration de rapports de pouvoirs dans un contexte postcolonial et postesclavagiste. La quête de civilisation des écoles de samba, inscrite dans le processus de civilisation brésilien, engendre un vaste dispositif disciplinaire aux dimensions multiples, qui structure les logiques d’appartenance de classe, de race et de genre, et a des effets concrets sur le développement de pratiques musicales à la portée hautement symbolique, ainsi que sur les représentations et trajectoires des ritmistas. La partie introductive de la thèse apporte un cadrage théorique, historique et méthodologique, structurant l’analyse des enjeux spécifiques du terrain des baterias d’écoles de samba. La première partie aborde les baterias en tant que dispositif institutionnel disciplinaire, tant au niveau collectif qu’individuel, au travers de l’étude des conditions sociales de l’entrée dans la pratique, de la configuration du dispositif disciplinaire interne aux baterias, de son inscription dans les corps, et de ses dimensions temporelles. Les caractéristiques de ce dispositif sont au principe de la bateria comme espace de reconfiguration des appartenances de classe, de race et de genre, du fait de l’imbrication des dynamiques de quête et de processus de civilisation, examinées dans la seconde partie. Enfin, la troisième partie questionne les effets de ce processus de civilisation sur les pratiques musicales, en analysant la configuration des modes d’apprentissage, les pratiques d’écoute musicale des ritmistas, ainsi que la fabrique, l’utilisation et la réception des critères de jugement des baterias.

    Lauriane Dos Santos, Faire justice aux marges : une ethnographie à bord des "tribunaux spéciaux itinérants" du Brésil (État de l'Amapá, région amazonienne), thèse soutenue en 2019 à Paris EHESS sous la direction de Serge Paugam et Patrícia Maria Melo Sampaio, membres du jury : Barbara Truffin (Rapp.), Nicolas Duvoux (Rapp.), Liora Israël, Nadya Araujo Guimarães et Éric Wittersheim  

    Cette thèse revient sur la mise en place des « tribunaux spéciaux itinérants » (juizados especiais itinerantes) dans le Brésil contemporain (de 1996 à nos jours). Mobiles et spécialisés dans le traitement des dits « petits litiges » entre citoyen.ne.s – conflits de famille, de voisinage ou de terres – ces derniers sont chargés de faire parvenir l’institution judiciaire de l’État dans les espaces les plus éloignés d’elle : d’un point de vue géographique, mais aussi social et culturel. Instaurés après la période dictatoriale, durant le processus de re-démocratisation du régime, ces services judiciaires gratuits devaient permettre un accès démocratisé à la justice étatique, notamment pour les catégories les plus pauvres et marginalisées de la société. L’enquête suit le parcours de l’un des premiers tribunaux de ce type à avoir été mis en place à l’échelle du pays. Dans l’État de l’Amapá (région amazonienne), près de la Guyane et du Suriname, tous les deux mois, juges et médiateurs de justice quittent leurs bureaux du centre-ville pour entreprendre des voyages de plusieurs jours voire semaines, naviguant sur l’Amazone jusqu’aux villages et hameaux les plus lointains de leur circonscription. Sur place, ils administrent les conflits entre habitant.e.s, en délivrant une justice voulue rapide, efficace et conciliatoire. La thèse repose sur une enquête de terrain étalée sur cinq ans dans cette partie amazonienne du Brésil. En lisant (les archives), en écoutant (lors d’entretiens) et en observant (par l’ethnographie) les agents de justice au quotidien, il devient possible d’appréhender au concret le travail judiciaire qu’ils mettent en œuvre dans ces espaces. À l’audience comme dans les interactions ordinaires entre agents de justice et justiciables, ce n’est pas alors seulement l’accès au droit qui est fourni comme ressource aux habitant.e.s : c’est aussi un travail d’encadrement juridique et d’ajustement moral des vies qui s’opère. En s’appuyant sur un matériau diversifié qui restitue les représentations et les pratiques des agents, les analyses montrent ainsi comment l’institution judiciaire saisit les vies quotidiennes qui se déroulent dans ces espaces, dans leurs moindres aspects. En intervenant dans l’ajustement des rapports à soi et aux autres, et en redéfinissant, au cas par cas, les manières d’être et de vivre, l’institution judiciaire révèle alors ce qu’elle fait de plus essentiel à la société, pour autant qu’elle est elle-même structurée par des rapports sociaux qui la dépassent, et qu’elle participe à reproduire.

    Maricel Rodriguez Blanco, Du barrage au guichet. Naissance et transformation des mouvements de chômeurs en Argentine (1990 – 2015), thèse soutenue en 2018 à Paris Sciences et Lettres ComUE sous la direction de Philippe Urfalino, membres du jury : Gérard Mauger, Loïc Blondiaux et Françoise Montambeault  

    Cette thèse porte dans une perspective sociohistorique et ethnographique sur le mouvement piquetero en Argentine et ses transformations successives durant les années 2000 en un vaste réseau d’organisation prestataires de services. Ce mouvement est né des actions collectives des chômeurs et travailleurs précaires à la fin des années 1990 contre les effets des réformes « néolibérales » et tient son nom de l’un de ses modes de protestation privilégié, le barrage de route ou piquete. Dès ses débuts, les piqueteros ont fait l’objet d’un double traitement de la part de l’État, entre répression et récupération dans le cadre de la mise en place de programmes de transferts conditionnés des ressources (Conditional Cash Transfer Programs). Dans cette nouvelle configuration de l’action publique ciblée, il s’agit désormais pour l’État de déléguer la distribution des aides sociales aux organisations, au regard de leur proximité territoriale avec les populations précarisées. Or, cette thèse montre que ce rôle flou de guichet, qui tend à introduire d’une manière ou d’une autre de la concurrence entre les organisations, a ainsi rapidement contribué à fragmenter l’espace piquetero, et produit des effets ambivalents sur les pratiques et les trajectoires des participants. La thèse s’appuie sur des méthodes mixtes, qualitatives et quantitatives, à partir d’une enquête de terrain menée pendant 40 mois, entre 2000 et 2015, dans deux provinces argentines. D’une part, à travers une ethnographie et des entretiens biographiques approfondis auprès des leaders, des délégués et des militants de la base (N=104), nous avons observé les interactions entre ces différentes catégories. Une prosopographie des leaders (N=76) nous a, d’autre part, permis à partir des méthodes statistiques de l’analyse factorielle (ACM) et de la classification (CAH) de rendre compte de la structuration de cet espace des organisations. Dans une première partie, la thèse s’attache – à l’appui d’archives et d’entretiens – à mettre en lumière les conditions de possibilité de la cristallisation progressive d’un mouvement social en un espace d’organisations. Nous avons cherché ici à appréhender le contexte, les enjeux et les moyens d’action de ce mouvement contestataire, en rapportant son inscription à l’évolution depuis le début du XXè siècle des rapports entre État, partis politiques et syndicats. La deuxième partie de la thèse est, elle, consacrée à l’analyse des pratiques militantes et des formes d’encadrement au sein des organisations. L’ouverture de la boîte noire des organisations révèle ainsi à quel point leur fonctionnement interne résulte de la capacité d’un ensemble d’intermédiaires à mener un travail de représentation, de mobilisation et de gestion des ressources vis-à-vis de certaines fractions des classes populaires particulièrement disposées à s’engager dans la durée. L’examen statistique des trajectoires de leaders nous renseigne par ailleurs sur les ressources nécessaires à l’occupation d’un tel poste et aussi sur ce que l’engagement fait aux parcours individuels. Enfin, une troisième partie a servi à appréhender les pratiques associatives au sein des organisations. Restituer les logiques de recrutement et les profils des recrutés a donné à voir dans la durée aussi bien les conditions de l’engagement de ces chômeurs et travailleurs précaires que les effets sur leurs trajectoires. L’observation des pratiques notamment lors des assemblées permet de montrer les principes d’encadrement tendus entre militantisme et entreprenariat qui pèsent sur les participants. Si cette fraction de précaires témoigne au sein des classes populaires de formes de mobilisation et de résistance particulièrement exemplaires, ils tendent également à déployer des modalités d’accommodement aux organisations, différenciées suivant leur socialisation et le volume et la nature de leurs ressources.

    Flavio Eiro de Oliveira, La régulation familialiste de la pauvreté : le cas du Programme Bolsa Família dans la région Nordeste du Brésil, thèse soutenue en 2017 à Paris EHESS sous la direction de Serge Paugam et Marcel Bursztyn, membres du jury : Benoît de L'Estoile  

    Cette thèse a pour objet la régulation de la pauvreté au Brésil dans le cadre du Programme « Bolsa Família », une politique sociale de transferts conditionnels de revenus qui cristallise de manière exemplaire le débat et l’expérience vécue de la pauvreté au Brésil. On y explique comment les mécanismes de régulation de la pauvreté interagissent avec les pratiques locales de citoyenneté. En effet, l’accès des pauvres aux droits sociaux et l’exercice de leurs droits politiques sont l’objet d’un processus de régulation par les valeurs familiales dans un contexte de fortes inégalités sociales. Au-delà du fait que l’aide sociale dépende de l’organisation familiale, la mise en œuvre du Programme « Bolsa Família » se fait selon des règles informelles, reflétant les représentations sociales dominantes de la pauvreté au Brésil. De plus, l’octroi des allocations sociales dépend en partie de rapports personnels entre les bénéficiaires et les élus et les candidats politiques. Ces relations varient selon un répertoire d’évaluation des candidats politiques par les bénéficiaires du programme. Ce travail s’appuie sur une étude de cas dans la région Nordeste du Brésil — dans une municipalité moyenne de l’État du Ceará. Une approche ethnographique a permis l’identification de la logique de fonctionnement d’une machine politico-électorale impliquant assistance sociale, élus, assistantes sociales et bénéficiaires. De façon plus générale, cette thèse étudie les interactions qui lient les pauvres à l’ensemble de la société, sous l’angle localisé des enjeux contemporains de la régulation de la pauvreté, et contribue à l’étude de l’utilisation politico-électorale de l’assistance sociale.

    Cécile Casen, La dimension indigène du MAS entre stratégie et culture partisane, thèse soutenue en 2012 à Paris 3 sous la direction de Renée Fregosi, membres du jury : James Cohen, Antoine Roger, Guillaume Boccara et Andrew Canessa    

    Evo Morales, leader du Movimiento al socialismo (MAS), arrive au pouvoir en décembre 2005. Sa victoire électorale, sans précédent depuis le retour de la démocratie (53 % des voix), acquiert une signification historique particulière du fait de son identification comme le premier président indigène bolivien. Le MAS se convertit en la première force politique du pays.Notre analyse se fonde sur deux études de terrain réalisées principalement à La Paz et à Sucre au moment de l'arrivée au pouvoir du MAS, puis alors que se tient l'Assemblée Constituante. Nous avons assisté à de nombreuses manifestations et événements politiques, réalisé des entretiens auprès de dirigeants sociaux, cadres du parti et militants de base ou responsables d'ONG. L'expérience du terrain a permis d'appréhender les « horizons du monde » des partisans du MAS ainsi que les « réseaux de concepts et de récits » (Daniel Cefaï) dans lesquels ils se meuvent.Comme la plupart des partis ethniques, le MAS présente toutes les caractéristiques d'un Parti-Mouvement (Benoît Rihoux). Issus de mouvements sociaux, sa légitimité repose sur son engagement à mettre en oeuvre les revendications dont ces derniers sont porteurs. Si l'analyse de ces liens génétiques le rapproche de nombreux autres partis en Bolivie et ailleurs, nous proposons de rendre compte des spécificités de cette articulation à partir d'une interrogation sur le rôle et l'influence de l'identité indigène en son sein.Pour cela, une distinction est établie entre, d'une part, la référence partisane à l'identité indigène et d'autre part, au-delà de cette revendication, la façon dont la fabrique partisane masiste est informée par la culture politique indigène. Cette double entrée inscrit notre travail dans la discussion qui entoure le statut épistémologique de l'identité indigène et en particulier le constructivisme. Le but de cette étude est de montrer que la dimension indigène du MAS ne renvoie pas seulement à une stratégie électorale mais également à une certaine façon de faire de la politique, dont il faut tenir compte si l'on veut saisir la singularité de ce parti.