Camille Hamidi

Professeur
Science politique.
UFR d’Anthropologie, de Sociologie et de Science politique

Triangle : Action, Discours, Pensée Politique et Économique
  • THESE

    Les effets politiques de l'engagement associatif : le cas des associations issues de l'immigration, soutenue en 2002 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Nonna Mayer 

  • Camille Hamidi, Simon Cottin-Marx, Arnaud Trenta (dir.), Financement et fonctionnement du monde associatif: la marchandisation et ses conséquences, La documentation française, 2023, 362 p.  

    L’année 2023 de la RFAS se clôt avec un dossier analysant les transformations à l’œuvre dans les associations à travers dix articles, un "point de vue" et trois entretiens. Il est suivi d’un article en varia portant sur le travail et l’emploi dans un centre hospitalier de dépistage et de vaccination. Nous vous en souhaitons bonne lecture.

    Camille Hamidi, olivier fillieule, Florence Haegel, Vincent Tiberj (dir.), Sociologie plurielle des comportements politiques : je vote, tu contestes, elle cherche..., Cairn et Presses de Sciences Po, 2017, 396 p. 

    Camille Hamidi, Nicolas Fischer, Les politiques migratoires, Cairn et La Découverte, 2016, Repères ( Sociologie ), 127 p.    

    Si la « crise migratoire » à laquelle l’espace Schengen est confronté depuis la fin de l’année 2015 est souvent considérée comme inédite, elle s’insère dans une « problématique migratoire » omniprésente dans les débats et les politiques publics en Europe depuis les années 1980. Cet ouvrage présente une synthèse des travaux les plus récents sur les politiques migratoires dans leur ensemble : politiques d’acquisition de la nationalité et de naturalisation, d’accueil et de séjour des migrants, asile, reconnaissance des droits des minorités et contrôle de l’immigration. Il adopte une perspective disciplinaire large, croisant science politique, sociologie, anthropologie, économie, géographie et histoire. L’analyse est centrée sur les pays d’Europe et accorde une place importante à l’impact de la construction européenne sur les politiques nationales. Pour autant, les auteurs effectuent des comparaisons régulières avec certains États, essentiellement d’Amérique du Nord, dont la création a reposé historiquement sur une politique d’immigration active contrastant avec le modèle européen.

    Camille Hamidi, La société civile dans les cités : engagement associatif et politisation dans des associations de quartier, Économica, 2010, Études sociologiques, 230 p.   

    Camille Hamidi, La spécificité du comportement politique des jeunes de la deuxième génération d'origine algérienne, 1997 

    Camille Hamidi, Du PCI au PDS: vers un parti de gouvernement ?, s.n, 1995, 101 p. 

  • Camille Hamidi, « Associations, politisation et action publique : un monde en tensions », in Fillieule, Olivier, Haegel, Florence, Hamidi, Camille, Tiberj, Vincent (dir.), Sociologie plurielle des comportements politiques : je vote, tu contestes, elle cherche..., Sciences Po, Les Presses, 2017   

    Camille Hamidi, olivier fillieule, Florence Haegel, Vincent Tiberj, « Introduction. Le langage des fleurs de la sociologie des comportements politiques », in Olivier Fillieule, Florence Haegel, Camille Hamidi, Vincent Tiberj (dir.), Sociologie plurielle des comportements politiques : je vote, tu contestes, elle cherche..., Sciences Po, Les Presses, 2017, pp. 13-36 

    Camille Hamidi, « Franchir les frontières du politique, engagement associatif et socialisation politique : vers une théorie des effets limités et cumulatifs », in Le Gall, Laurent ; Offerlé, Michel ; Ploux, François ; (dir.), La politique sans en avoir l'air : aspects de la politique informelle, XIXe-XXIe siècle, Presses universitaires de Rennes, 2012 

    Camille Hamidi, « L'ethnicité en politique : éléments sur le rapport au politique des jeunes issus de l'immigration dans les quartiers populaires », in Béroud, Sophie ; Gobille, Boris ; Hajjat, Abdellali; Zancarini-Fournel, Michelle (dir.), Engagements, rebellions et genre dans les quartiers populaires en Europe (1968-2005), Editions des archives contemporaines, 2011 

    Camille Hamidi, « Rapports sociaux de domination en contexte associatif : les associations locales de jeunes femmes maghrébines », in Lorcerie, Françoise (dir.), Pratiquer les frontières : jeunes migrants et descendants de migrants dans l'espace franco-maghrébin, CNRS éd., 2010 

    Camille Hamidi, « Riots and protests cycles : immigrants' mobilizations in France, 1968-2008 », in Waddington, David;Jobard, Fabien;King, Mike; (dir.), Rioting in the UK and France, 2001-2006 : a complete analysis, Willan Pub., 2009, pp. ?? 

    Camille Hamidi, Alexandre Dézé, Marie Poinsot, Djabarat Nadine, « Les discriminations dans la société française d’aujourd’hui », Pour une société plus juste. Le droit international, communautaire et français en matière de discrimination, International Organization for Migration (IOM-OIM), 2004, pp. 32-51 

    Camille Hamidi, Nonna Mayer, « Capital social, lien associatif et démocratie en France », in Chopart, Jean-Noël (dir.), Action associative, solidarités, territoire, Publications de l'Université de Saint-Étienne, 2001 

    Camille Hamidi, Sophie Duchesne, « Associations, politiques et démocratie : les effets de l’engagement associatif sur le rapport au politique », in Le Béguec, Gilles, Tartakowsky, Danielle, Andrieu, Claire (dir.), Associations et champ politique, la loi de 1901 à l'épreuve du siècle, Publications de la Sorbonne, 2001 

  • Camille Hamidi, Alix Felgerolles, Lucas Morel, Vianney Soumagbo, « La néomanagérialisation prise aux mots : interroger le succès des associations de promotion de l’égalité des chances », Revue française des affaires sociales, La documentation française, 2024, n°242 

    Camille Hamidi, Simon Cottin-Marx, Arnaud Trenta, « Financement et fonctionnement du monde associatif : la marchandisation et ses conséquences. Avant-propos », Revue française des affaires sociales, La documentation française, 2023, n°234, pp. 7-43     

    Camille Hamidi, Simon Cottin-Marx, Arnaud Trenta, « Financement et fonctionnement du monde associatif : la marchandisation et ses conséquences », Revue française des affaires sociales, La documentation française, 2023, p. 366   

    Camille Hamidi, Claire Dupuy, « Micro-Macro: why focus on Levels of Data Collection and Analysis? Introduction to the BMS Micro-macro Section », Bulletin de Méthodologie Sociologique / Bulletin of Sociological Methodology, SAGE Publications, 2022, n°1, pp. 9-17 

    Camille Hamidi, « Cherry Picking and Politics: Conceptualizing Ordinary Forms of Politicization », International Journal of Politics, Culture, and Society, Springer Verlag, 2022 

    Camille Hamidi, « Les minorités doivent-elles être représentées par des minorités ? Une color line dans les représentations ordinaires de la représentation en France », Participations - Revue de sciences sociales sur la démocratie et la citoyenneté, De Boeck Supérieur, 2021, n°30, pp. 65-96 

    Camille Hamidi, Philip Balsiger, Marc-André Bodet, Mathieu Brugidou, Damien Cartron [et alii], « Un numéro précaires pour quoi faire ? », Bulletin de Méthodologie Sociologique / Bulletin of Sociological Methodology, SAGE Publications, 2020, n°12, pp. 3-7   

    Camille Hamidi, Philip Balsiger, Marc-André Bodet, Mathieu Brugidou, Damien Cartron [et alii], « Why a special issue on ‘precarity’? », Bulletin de Méthodologie Sociologique / Bulletin of Sociological Methodology, SAGE Publications, 2020, n°12, pp. 8-12   

    Camille Hamidi, Arnaud Trenta, « Des classes populaires et des associations : quelles redéfinitions des rapports au politique ? [introd. et coord. n° 118 de : Sociétés contemporaines] », Sociétés contemporaines, Presses de Sciences Po, 2020, n°118, pp. 5-102   

    Camille Hamidi, Mireille Paquet, « Redessiner les contours de l’État : la mise en œuvre des politiques migratoires », Lien social et Politiques, Anjou, Québec : Éd. Saint-Martin ; Rennes : Presses de l'EHESP, 2019   

    Camille Hamidi, « Saisir les processus de catégorisation ethniques, sociales et territoriales dans les rapports ordinaires au politique : le prisme de la réanalyse », Recherches Qualitatives, ARQ Association pour la Recherche Qualitative, 2017, n°21   

    Camille Hamidi, Nicolas Fischer, « Les politiques migratoires en Europe : perspective historique et modèles d’analyse », Idées économiques et sociales, Réseau Canopé, 2017, n°189, pp. 28-37 

    Camille Hamidi, Nicolas Fischer, « Les politiques d’asile en Europe, un révélateur des tensions contemporaines du contrôle de l’immigration », Idées économiques et sociales, Réseau Canopé, 2017, n°189, pp. 38-45 

    Camille Hamidi, « Penser le lien social aux États-Unis », Informations sociales, CNAF, 2013, n°177, pp. 16-24 

    Camille Hamidi, « De quoi un cas est-il le cas ? Penser les cas limites », Politix, De Boeck Supérieur, 2012, n°100, pp. 85-98 

    Camille Hamidi, « Catégorisations ethniques ordinaires et rapport au politique : éléments sur le rapport au politique des jeunes des quartiers populaires », Revue Française de Science Politique, Presses de Sciences Po, 2010, n°4 

    Camille Hamidi, « Le scandale n'aura pas lieu ou l'affaire Pechiney saisie par la presse », Revue française de sociologie, Presses de Sciences Po / Centre National de la Recherche Scientifique, 2009, n°1 

    Camille Hamidi, « Éléments pour une approche interactionniste de la politisation : engagement associatif et rapport au politique dans des associations locales issues de l'immigration », Revue Française de Science Politique, Presses de Sciences Po, 2006, n°1, pp. 5-25   

    Camille Hamidi, Emmanuelle Tricoire, Blandine Ripert, Sébastien Tank, « L'individu comme ressort théorique dans les sciences sociales : partager l'individu [Coordination du dossier] », EspacesTemps.net, Association Espaces Temps.net, 2006, n°10022006 

    Camille Hamidi, « Voluntary associations of migrants and politics : The case of North African immigrants in France », Immigrants & Minorities, , 2003, n°232003 

    Camille Hamidi, « Les raisons de l'engagement associatif », Revue française des affaires sociales, La documentation française, 2002, n°42002 

  • Camille Hamidi, Éloïse Cohen de Timary, Éric Doidy, Viviane Le Hay, Steve Le Huédé [et alii], Du favoritisme à la corruption : les représentations sociales des Français en matière d’atteintes à la probité publique: Phase II : analyses qualitative et quantitative, 2008, 339 p. 

  • Camille Hamidi, [Trad.] L'évitement du politique: comment les Américains produisent l'apathie dans la vie quotidienne / Nina Eliasoph, 2010, 352 p. 

    Camille Hamidi, [Trad.] Des révolutions culturelles : la politique du quotidien en Grande-Bretagne, en Amérique et en France (XVIIe-XIXe siècle) / Leora Auslander, 2010, 298 p. 

  • Camille Hamidi, 3ème session 

    Camille Hamidi, Institutions publiques et relégation sociale 

PublicationsENCADREMENT DOCTORAL
  • Francesca Quercia, Les mondes de l'action théâtrale : une comparaison dans les quartiers populaires en France et en Italie, thèse soutenue en 2018 à Lyon en co-direction avec Lilian Mathieu, membres du jury : Matthieu Hély (Rapp.), Jean-Louis Briquet (Rapp.), Marie-Hélène Bacqué  

    Depuis une trentaine d’années, avec la redéfinition des politiques culturelles et de la ville, les artistes se voient assigner des missions sociales : renforcer le lien social, contribuer au décloisonnement des quartiers et à l’intégration sociale des « exclus ». Dans ce contexte, de nombreuses associations de théâtre ont investi les quartiers populaires européens, en proposant des projets comportant la « participation » des « habitants ». Des nouveaux mondes sociaux semblent ainsi se dessiner dans ces territoires, se situant au croisement de différents univers : le champ du théâtre professionnel, le champ politique, l’espace des mouvements sociaux et celui de l’animation socio-culturelle.Basée sur une enquête ethnographique dans deux quartiers en France et en Italie, cette thèse analyse l’émergence et les évolutions de ces nouveaux univers, que nous désignons sous le terme de « mondes de l’action théâtrale ». D’une part, elle s’intéresse à l’élaboration des politiques de soutien à l’action théâtrale dans les quartiers et au rôle social qui est assigné aux intervenants artistiques dans ces territoires. D’autre part, elle analyse les effets de ces politiques sur lesassociations de théâtre, acteurs intermédiaires entre les pouvoirs publics et les habitants. Elle s’intéresse donc à la façon dont les metteurs en scène endossent leur rôle d’intervenants dans les quartiers, en l’ajustant à un ensemble d’aspirations et dispositions dont ils sont porteurs. Enfin, cette thèse interroge les effets de l’action théâtrale sur les « habitants » qui y participent. Les projets mis en œuvre finissent par véhiculer des représentations misérabilistes des classes populaires, ce qui constitue un obstacle aux missions d’empowerment qu’ils affichent.

  • Noemi Casati, Une parole raciste décomplexée ? : référence aux appartenances ethno-raciales et réflexivité dans deux villes européennes gérées par l'extrême droite, thèse soutenue en 2023 à Paris EHESS sous la direction de Cyril Lemieux, membres du jury : Patrick Simon (Rapp.), Tommaso Vitale (Rapp.), Michel de Fornel, Carole Gayet-Viaud et Ann-Juanita Morning  

    Qu’est-ce qui fait que les habitants de deux villes d’extrême droite ne semblent pas du tout soumettre les catégories ethno-raciales aux mêmes normes sociales de dicibilité ?Cette thèse analyse la façon dont les habitants de Béziers, ville moyenne française qui depuis les élections municipales de 2014 s’est souvent vue qualifier de « raciste » dans le discours médiatique, évoquent les appartenances ethno-raciales et réfléchissent aux normes censées réguler leur expression. Nous comparons cela avec l’expression quotidienne de ces appartenances à Raguse, ville moyenne de Sicile (Italie) qui partage avec Béziers plusieurs indicateurs démographiques, socio-économiques et politiques, notamment au vu de son administration municipale apparentée au parti d’extrême droite Fratelli d’Italia. À partir de données recueillies lors d’interactions formelles et informelles, publiques et privées, nous décrivons les jugements de compétence et d’incompétence discursive que les habitants s’adressent mutuellement lorsqu’il s’agit de penser l’altérité, en s’accusant tantôt de « racisme », tantôt de « bien-pensance ».Lorsqu’un voisin les empêche de dormir en jouant de la guitare jusqu’au petit matin, quelle pertinence les habitants accordent-ils au fait que ce voisin se dise « Gitan » ? Lorsque des élèves demandent s’ils « peuvent manger » les plats de la cantine, quelle importance les institutrices accordent-elles à l’appartenance religieuse de ces familles ? Et lorsqu’un groupe d’anciens habitants d’une cité fonde une association pour aider les jeunes à « s’en sortir », quelle place font-ils à l’origine familiale de ces jeunes ? Contrairement à ce que tend à indiquer une grande part de la littérature en sciences sociales disponible sur ce sujet, les habitants sont loin d’ignorer les enjeux qui s’attachent à la façon de parler de ces questions. En particulier, ils se montrent facilement insatisfaits, en privé, tant par les limites des discours individualisants, consistant à renvoyer celui dont il est question à un statut d’individu abstrait et pleinement autonome, que par celles des discours essentialisants, consistant à l’assigner mécaniquement à des déterminismes liés à son appartenance ethno-raciale. Nos deux terrains se distinguent toutefois nettement concernant la parole qui finit par prévaloir en public. Dans le cas biterrois, les habitants tendent à se rappeler davantage les dangers du discours essentialisant, le discours individualisant étant jugé somme toute préférable. L’inverse se produit dans le cas ragusain, où les habitants tendent plutôt à se rappeler la fausseté d’une conception individualisante et à adopter avec moins d’hésitation le discours essentialisant, jugé finalement plus acceptable quoique pas non plus totalement satisfaisant. La posture sociologique—en ce qu’elle se démarque tant des discours individualisants que de ceux essentialisants—peine alors à se faire une place dans la parole publique ordinaire des deux villes, mais pour des raisons différentes. Nous montrons enfin en quoi ces différences ne dépendent pas seulement de la configuration propre aux situations d’interaction, mais encore de la configuration sociale d’ensemble des deux terrains, c’est-à-dire de la place qui revient à l’individualisme normatif dans les idéaux des habitants, que nous analysons comme étant dépendante de l’organisation sociale et de son évolution. Nous tentons de rendre compte de cela en revenant sur la structuration spatiale des rapports sociaux qui est prédominant à l’intérieur des deux villes étudiées, ainsi que sur les modalités historiques de leur insertion politico-économique dans le territoire et sur le type d’intégration juridique à la nation offerte aux populations d’origine étrangère dans chacun des deux pays. Le type de réflexivité langagière qui prime sur ces questions ne peut donc s’analyser pleinement qu’à condition de considérer la place que l’Autre occupe dans les processus de différenciation et d’intégration sociales.

    Maureen Clappe, Les deux corps de l’interprète : sociologie de l'interprétariat dans les politiques d'asile en France, thèse soutenue en 2023 à Université Grenoble Alpes sous la direction de Ewa Bogalska-Martin, membres du jury : Andrea Rea (Rapp.), Karen Akoka, Bruno Jobert et Marine Bourgeois  

    À partir du cas des interprètes, cette thèse s’intéresse à la formation et à la mise en oeuvred’un gouvernement des publics par les publics au sein des politiques d’asile. Elle analyse d’unepart, la manière dont se constitue un corps intermédiaire d’interprètes au sein des exilés etd’autre part, comment ces derniers sont sollicités et « mis au travail » par les institutions del’asile. En envisageant l’interprétariat comme un instrument d’action publique, depuis sonapplication à l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA) dans lesannées 1980, la thèse étudie conjointement les logiques de production et de réception de cedispositif. Elle formule l’hypothèse principale selon laquelle les interprètes sont soumis augouvernement des publics en même temps qu’ils « gouvernent » à leur tour d’autres chaînes dedomination vis-à-vis de leurs homologues et des demandeurs d’asile. L’enquête s’appuie surune ethnographie historique multi-située au sein de deux associations locales d’aide auxdemandeurs d’asile et à l’OFPRA. Elle repose sur des entretiens, des observations participantes,des archives et des documents institutionnels. Ses résultats soulignent un processusd’externalisation particulier qui se déroule à l’intérieur des frontières de l’État, où la gestionconcrète des politiques d’asile n’est plus seulement confiée aux associations mais aux individuseux-mêmes, dans la continuité d’une gouvernementalité néolibérale.

    Yoletty Bracho, Militer dans l'Etat : sociologie des intermédiations militantes de l'action publique au sein des classes populaires à Caracas (Venezuela), thèse soutenue en 2022 à Lyon 2 sous la direction de David Garibay, membres du jury : Vincent Dubois (Rapp.), Hélène Combes (Rapp.), Verónica Zubillaga et Julien Talpin  

    Dans quelle mesure l’insertion d’acteurs et de pratiques militantes dans le processus de mise en œuvre des politiques participatives façonne la relation entre l’État et les classes populaires ? En prenant appui sur le cas des politiques participatives des gouvernements chavistes au Venezuela, cette thèse propose le concept d’intermédiations militantes de l’action publique afin de rendre compte des transformations et des continuités qui caractérisent les rapports populaires à l’État et au politique. En suivant des militants issus des organisations populaires vénézuéliennes différemment positionnés entre leurs structures militantes d’origine et les institutions de la participation, il est question d’analyser la façon dont les catégories administratives s’imposent aux organisations populaires, ainsi que la manière dont les catégories militantes s’intègrent aux rouages de l’État.D’une part, les intermédiations militantes de l’action publique insèrent des catégories et des pratiques militantes dans le quotidien des administrations, et modèlent les manières de faire et d’être des agents de l’État. D’autre part, elles réorientent les stratégies des organisations populaires, qui cherchent à adapter leurs structures aux exigences participatives des pouvoirs publics. Enfin, elles entrelacent le politique et l’action publique tout en permettant des réappropriations très politiques de la circulation des biens publics par les classes populaires. Néanmoins, et en dépit de la nouveauté qu’elles représentent, les intermédiations militantes de l’action publique participent à la reconduction de la conditionnalité de l’accès des classes populaires à l’action publique. Ce faisant, elles contribuent à la reproduction de la situation de domination des classes populaires vis-à-vis des structures du champ politico-administratif.

  • Louise Tassin, Sous-traiter le contrôle migratoire : Le rôle des acteurs non étatiques dans la mise en oeuvre de l'enfermement administratif des étrangers (Paris, Lampedusa, Lesbos), thèse soutenue en 2023 à Université Côte dAzur sous la direction de Jocelyne Streiff-Fénart, membres du jury : Philippe Bezes (Rapp.), Aurélie Mathilde Darley  

    Depuis les années 2000, l'enfermement des étrangers est devenu un instrument central des politiques migratoires dans l'Union européenne, où se sont multipliés les centres de rétention destinés à organiser l'expulsion des personnes sans titre de séjour. Fondée sur des enquêtes ethnographiques menées en France, en Italie et en Grèce, cette thèse explore un aspect encore peu documenté de ces dispositifs au cœur du contrôle des frontières : leur délégation croissante à des acteurs privés lucratifs ou associatifs. En conjuguant analyse d'archives, observations dans ces lieux et entretiens auprès de leurs professionnels, elle étudie les transformations de la rétention sous l'effet de l'externalisation et ses conséquences sur les étrangers enfermés. Son premier apport a trait aux conditions socioprofessionnelles de la sous-traitance. L'analyse de l'organisation du travail et des trajectoires des employés montre que les tâches subalternes ont été déléguées à une main d'œuvre précaire - immigrée dans le cas français, locale dans les cas grec et italien -, et que la dégradation des conditions de travail se répercute sur les conditions d'enfermement. La seconde contribution de cette thèse porte sur les recompositions de l'action publique dans un domaine régalien par excellence : le contrôle migratoire. Il apparaît que l'externalisation relève moins d'un désengagement de l'État que d'une transformation de ses modalités d'exercice, entre délégation du contrôle et contrôle de la délégation, qui favorise des formes à la fois d'instrumentalisation politique et de dilution des responsabilités. Enfin, notre recherche éclaire la normalisation des mesures d'expulsion. Elle montre que la politisation de la lutte contre l'immigration irrégulière est le pendant d'une dépolitisation du travail en rétention, entre émiettement des tâches, diffusion d'une rhétorique de l'assistance et criminalisation des retenus. En définitive, à la croisée de la sociologie du travail, de l'action publique et de l'immigration, la thèse met à l'épreuve l'idée que des prestataires de service ne disposant a priori pas d'un pouvoir discrétionnaire peuvent façonner discrètement les politiques publiques. Si les modalités et les effets de l'externalisation varient sensiblement selon les cas étudiés, force est de constater que la mise en scène de la fermeté étatique en matière d'immigration dans l'UE, qui s'appuie sur un dispositif d'enfermement difficilement conciliable avec le respect des droits, repose pour partie sur une délégation sourde de sa mise en œuvre à un personnel flexible qui, sauf exception, n'est guère en mesure de contester les abus observés, quand il n'y contribue pas.

    Frédéric Ballière, L'Entre-mondes de l'aide aux déboutés : une reconfiguration de l'assistance aux marges de l'État, thèse soutenue en 2021 à Amiens sous la direction de Pierre-Yves Baudot et Nehara Feldman, membres du jury : Maryse Bresson (Rapp.), Estelle d' Halluin  

    Au croisement d'une sociologie des migrations et de l'action publique, cette thèse analyse les recompositions de l'assistance en direction d'une population exilée, déboutée du droit d'asile. L'enquête repose sur une ethnographie multi-située dans les mondes militant, professionnel et communautaire et combine une observation des pratiques d'assistance et des entretiens biographiques avec les exilés et les intervenants. Elle met en exergue la façon dont l'illégalité du séjour contraint l'expérience des acteurs concernés. Tout d'abord, elle s'intéresse à la manière dont l'absence de papiers détermine le rapport à l'action publique des personnes déboutés elles-mêmes. Elle explore ensuite les implications d'une action sociale qui associe logiques humanitaires et répressives. Enfin, elle met en évidence les limites d'une action militante qui coopère avec les services de l'État. Au-delà, en se tenant au plus près de l'expérience des acteurs concernés, les résultats de cette recherche révèle l'existence d'une forme de protection sociale locale qui se déploie dans l'ombre des institutions tout en mobilisant en partie les ressources et les intervenants. Cet espace intermédiaire, qualifié d'"Entre-mondes de l'aide aux déboutés" voit émerger une action collective qui permet aux acteurs de prolonger, dans les marges, leur intervention en direction des exilés sans titre de séjour. À partir de l'agencement de logiques discrétionnaires, d'un accès résiduel à certaines ressources de l'action publique et de répertoires d'action militant ou communautaire, elle rend possible le maintien sur le territoire de cette population sans droit au séjour, tout comme la pérennisation de l'engagement de ceux qui leur viennent en aide. Au terme de ce travail, se dessine alors un ultime filet de rattrapage de l'État social, qui se déploie dans une relative autonomie vis-à-vis des services de l'État tout en prolongeant son action. Ces résultats invitent alors à reconsidérer le rapport à l'action publique des exilés sans droit au séjour ainsi que les formes de l'engagement militant et/ou professionnel

  • Sarah Rétif, Formes d'engagement de « mères du quartier » : ethnographie d'un monde minoritaire, féminisé et populaire, thèse soutenue en 2023 à Tours sous la direction de Hélène Bertheleu, membres du jury : Élise Palomares (Rapp.), Julien Talpin (Rapp.), Pierre Gilbert    

    Cette recherche doctorale analyse sous l'angle de l'imbrication des rapports sociaux de sexe, de classe et de race, les formes d'engagement de mères issues des migrations dans des associations implantées en quartier populaire. Ce travail repose sur une ethnographie de 28 mois, complétée par une quarantaine d'entretiens, au sein d'associations (centres sociaux et association de mères d'enfants scolarisés) dans trois quartiers classés prioritaires de la politique de la ville de la région Centre-Val de Loire. Les femmes enquêtées sont toutes des mères de famille, majoritairement issues des fractions précaires des classes populaires. Certaines sont nées en France ou arrivées lorsqu'elles étaient encore enfants, d'autres ont migré à l'âge adulte lors de la mise en couple et dans le cadre du regroupement familial. En portant un regard renouvelé sur la maternité, ce travail étudie à partir d'une approche sociologique le rapport mobilisé que ces mères entretiennent à leur condition sociale, mais également les processus de politisation de leurs expériences vécues. L'enquête montre d'une part les rapports différenciés à la maternité à l'aune des trajectoires migratoires, matrimoniales, professionnelles et des aspirations sociales. Elle propose une typologie des mères en fonction de leur rapport à la maternité, à partir de laquelle sont mises en lumière les différentes formes d'engagement observées. Ces rapports à la maternité, reflétant une reproduction d'une division sexuée du travail domestique, conduisent ces femmes à se mobiliser à l'école en espérant améliorer le destin scolaire et social de leurs enfants et les aider à faire face au risque de stigmatisation raciale. Ce travail montre d'autre part que la constitution d'un réseau de sociabilité dans l'espace local et la circulation des ressources matérielles, relationnelles et symboliques entre les sphères associative, familiale, religieuse et professionnelle, favorisent l'engagement et le maintien dans les associations étudiées. Les mères rencontrées prennent appui sur ces associations ou détournent certains espaces institutionnels pour réaliser des tâches domestiques, des démarches administratives, du suivi scolaire ou encore parfaire l'éducation religieuse des enfants. L'engagement au sein de ces associations facilite souvent l'inscription dans des réseaux professionnels informels (auto-entrepreneures, assistantes maternelles), ou des reconversions professionnelles dans le milieu associatif pour les employées de l'aide à la personne. Pour celles qui sont exclues du marché de l'emploi, il devient un substitut professionnel et un espace de requalification symbolique. Enfin, la dimension collective de ces engagements alimente la production d'un « nous » minoritaire, féminin et populaire, traversé par des hiérarchies internes. Ces dernières définissent la position sociale de chacune dans des jeux de différenciation où être une « bonne » mère et une pratiquante musulmane « respectable » sont des qualités discutées et valorisées. L'autre dimension du « nous » est la capacité à faire entendre un point de vue minoritaire. Elle se traduit par l'expression d'injustices dont certaines se font les porte-parole et dénoncent le racisme et les représentations négatives liées à l'islam. Lorsque ces mères inscrivent leur association dans la scène politique locale, elles travaillent collectivement à la respectabilité de leur action, notamment auprès des élu·e·s municipaux.

    Yacine Boukhris-Ferré, Constructions sociopolitiques de la notion de pauvreté en France et en Suède : les vies à l'aide alimentaire, thèse soutenue en 2023 à Bordeaux sous la direction de Vincent Tiberj, membres du jury : Nicolas Duvoux (Rapp.), Nathalie Morel (Rapp.), Pierre Blavier et Anne Daguerre  

    Cette thèse de doctorat porte sur la pauvreté dans la France et la Suède d’aujourd’hui. Elle part du paradoxe suivant : la grande pauvreté semblait avoir presque disparu des pays riches et développés et, pourtant, une partie de la population vivant dans ces deux pays ne parvient pas à se nourrir comme elle le souhaiterait et doit compter sur le concours des associations d’aide alimentaire. C’est ainsi que les sollicitations se font plus nombreuses d'année en année et viennent bouleverser les pratiques du travail associatif. Ce travail de recherche se penche donc à la fois sur les aidants et les aidés au sein de deux structures d’aide alimentaire : l’antenne Amédée Alins du Secours populaire de Bordeaux et le supermarché social et solidaire Matmissionen, situé en banlieue de Stockholm et appartenant à la grande association Stockholms Stadsmission. L’une a choisi de distribuer un panier de denrées mensuel et l’autre d’ouvrir, sept jours sur sept, un supermarché social et solidaire. Ces deux associations sont un lieu de co-construction de savoirs pratiques, le site de nombreuses interactions qui redessinent la notion de « pauvreté » et une interface entre les publics qu’elles soutiennent, l’Etat qu’elles appuient dans sa mission de lutte contre la pauvreté, ou encore les acteurs privés que sont les supermarchés partenaires. Pour une partie des publics reçus, parfois en grande difficulté, les associations jouent le rôle de « guichet associatif », fournissant non seulement une aide alimentaire et vestimentaire mais également un accompagnement dans les démarches administratives. Outre cette comparaison entre deux modèles, l’étude met en lumière les parcours professionnels hachés et les situations administratives compliquées qui ont mené certains bénéficiaires jusqu’à ces associations d’aide.

    Morgan Lans, Les dynamiques de l'intégration. Associations d'aide aux migrants et sociétés au coeur des espaces français, espagnol, et danois, thèse soutenue en 2022 à Bordeaux sous la direction de Olivier Cousin, membres du jury : Pierre Monforte (Rapp.), Razmig Keucheyan (Rapp.), Xabier Itçaina, Florence Passy et Claire Schiff  

    Cette thèse traite de la façon dont se conçoivent les modalités d’intégration des émigrés/immigrés et le rapport légitime qui se déploient à leur égard dans les espaces français, espagnol et danois. Alors que les recherches classiques se sont concentrées sur les « pensées d’Etat » pour saisir les manières de faire et d’imaginer ces processus, nous avons mené une enquête qualitative, comparée et approfondie auprès d’une dizaine d’associations d’aide aux migrants, agissant dans des contextes locaux (Bordeaux, Bilbao et Aarhus), afin d’analyser les dynamiques sociétales qui les structurent. À Bordeaux, les associations s’inscrivent dans la continuité d’une logique civique des modalités d’intégration étatique en mettant l’accent sur la question du droit et en défendant la figure de l’individu-citoyen. L’examen de leurs activités montre quelles sont les derniers bastions d’un idéal républicain, dans la mesure où elles considèrent que l’Etat n’est plus en accord avec les valeurs qu’il prône et les réalités multiculturelles auxquelles il répond. En ce sens, les associations françaises refusent les démarches assimilationnistes pour revendiquer l’émergence d’un interculturalisme républicain. À Bilbao, les acteurs associatifs sont les principaux garants du soutien aux étrangers. Ils interviennent au même titre qu’ils le font auprès des plus exclus de la société basque, selon une logique intégrale reconnaissante de l’entièreté, ainsi que de la particularité, de chaque personne et ses problèmes. D’une manière générale, leurs activités sont pensées dans un cadre local et de façon pragmatique. Dans une logique de coopération-conflictuelle avec les autorités publiques, elles défendent par ailleurs l’idéal d’une société interculturelle reconnaissante de son pluralisme inhérent. À Aarhus, les associations agissent dans la continuité d’un imaginaire ethnique de la citoyenneté étatique, tout en défendant des postures universalistes. Elles estiment ainsi qu’il importe de maintenir les fondements d’une spécificité danoise. Dans une logique de coopération avec les pouvoirs publics, elles cherchent donc à la diffuser auprès des nouveaux arrivants. Toutefois, elles résistent sur le terrain à la logique d’exclusion promue par l’Etat, en mettant en œuvre un accueil bienveillant, considérant en dernière instance les étrangers comme des Danois à en devenir. Nos résultats montrent que les dynamiques d’intégration résultent de la façon d’agir, de penser, de ressentir, ainsi que de s’organiser, d’acteurs encastrés dans des configurations sociohistoriques cohérentes, animées par des logiques de stratifications spatiales, de protection sociale, ainsi que de cultures civico-politiques, productrices d’interdépendances sectorielles particulières. Elles ne se limitent donc pas à des « pensées d’Etat ». Par conséquent, les comparaisons portant sur la fabrique des modalités d’intégration, doivent prendre en compte la force déterminante des cohérences sociétales qui produisent, à partir de ce qu’elles sont, certaines régularités dans le rapport aux « autres ». Il serait pertinent de multiplier les lieux d’enquête afin d’affiner nos connaissances sur les mécanismes que nous avons mis en avant dans ce travail. Par ailleurs, il conviendrait d’étudier de manière plus approfondie les relations entre associations d’aide aux migrants et autorités publiques, en nous positionnant de façon plus systématique du côté de ces dernières. Enfin, une analyse détaillée et comparée des logiques intra-organisationnelles, interindividuelles ainsi que cognitives du rapport aux étrangers, préciserait nos connaissances des dynamiques de l’intégration.

    Manon Veaudor, Les « frontières » de l’ordre carcéral : Affectation, négociation des identités et surveillance en maison d'arrêt, thèse soutenue en 2020 à université ParisSaclay sous la direction de Jacques de Maillard et Christian Mouhanna, membres du jury : Gilles Chantraine (Rapp.), Martine Kaluzsynski (Rapp.)  

    Résumé : Cette thèse porte sur les pratiques d’affectation des détenus à l’intérieur des maisons d’arrêt. À partir d’une enquête ethnographique dans deux établissements pour hommes, elle interroge les modalités de production de l’ordre à l’appui de l’observation des pratiques des surveillant•es pénitentiaires, à travers les manières de classer, de catégoriser, d’affecter et de surveiller les détenus. L’analyse met également en regard les pratiques observées avec les points de vue des détenus. En combinant l’étude des modes d’identification de ces derniers avec celles des modes d’organisation des secteurs de détention, elle montre que la gestion de l’espace façonne également les « carrières » individuelles au sein de l’institution.Elle analyse pour cela les modalités de gestion de l’ordre carcéral en lien avec l’environnement extérieur, et notamment les territoires d’origine des détenus. Dans cette perspective, trois entrées sont privilégiées : l’une porte sur l’étude du quartier arrivants, l’autre sur les pratiques d’affectation telle que mises en place et perçues ; la troisième, enfin, s’intéresse à l’implantation du renseignement pénitentiaire. Ces points d’entrée permettent de saisir la façon dont les pratiques et les catégories pénitentiaires sélectionnent des informations sur l’environnement extérieur mais également sur les parcours antérieurs des détenus. On interrogera donc sous cet angle la reconfiguration des pratiques de surveillance à l’aune des réformes contemporaines de l’enfermement pénal. Le matériau mobilisé est issu d’une enquête de neuf mois dans deux maisons d’arrêt de régions différentes. Il combine l’observation des pratiques professionnelles en détention et au sein des commissions pluridisciplinaires d’affectation. Il se compose également d’entretiens semi-directifs menés auprès de détenus, de personnels de surveillance et de direction.

    Linda Haapajârvi, Le passage à la citoyenneté. Analyse comparée des politiques d’intégration des femmes migrantes en France et en Finlande, thèse soutenue en 2018 à Paris Sciences et Lettres ComUE sous la direction de Serge Paugam, membres du jury : Florence Weber, Eeva Luhtakallio, Claude Martin et Sylvie Mazzella  

    La mise en pratique des politiques d’intégration des femmes migrantes est un objet d’études dont les sciences sociales s’emparent peu. La majorité des recherches, surtout comparées, sur les politiques d’intégration des immigrés ont procédé par des analyses normatives et discursives, et cela à l’échelle nationale. Cette recherche s’efforce de compléter les savoirs antérieurs à partir de résultats tirés d’une enquête de terrain réalisée au sein de deux maisons de quartier, des institutions sociopolitiques chargées des politiques sociales participatives, une à Paris et une autre à Helsinki. De cette façon, elle confronte les discours officiels sur l’intégration des femmes migrantes à la réalité du terrain, aux contextes, aux acteurs et aux pratiques situées. Elle montre que bien que les politiques françaises et finlandaises soient fondées sur des objectifs similaires — faire passer les femmes migrantes de leur situation de marginalité à une citoyenneté complète — les dispositifs locaux et les pratiques ordinaires varient considérablement. Pour analyser la pratique ordinaire des politiques d’intégration, cette thèse développe la notion de travail d’attachementdont le but est le tissage d’un lien de citoyenneté plus fort chez les femmes migrantes. Elle porte donc sur les interactions à travers lesquelles ce lien est formé. Elle interroge d’un côté les rituels d’attachement par lesquels les agents des maisons de quartier aspirent à l’intégration des femmes migrantes et d’un autre côté les tactiques d’attachement que les femmes migrantes déploient au sein des maisons de quartier afin de poursuivre l’intégration telle qu’elles la comprennent. Si la comparaison franco-finlandaise permet de mettre en évidence des mécanismes généraux du travail d’attachement, elle nuance aussi l’analyse de la citoyenneté féminine en montrant que cette dernière est solidifiée plutôt selon les logiques de l’éthique de care en Finlande et selon celles de l’éthique de la justice en France. De façon plus générale, cette thèse étudie les pratiques du travail social qui visent le renforcement de l’attachement des populations marginalisées à l’ensemble de la société, pratiques davantage tournées aujourd’hui vers la production de l’expérience émotionnelle de l’égalité citoyenne.

    Agathe Voisin, Ethnicité et cultures juvéniles dans les quartiers populaires : une comparaison France-Angleterre, thèse soutenue en 2017 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Marco Oberti, membres du jury : Michel Kokoreff (Rapp.), Patrick Simon (Rapp.), Tim Butler  

    Cette thèse analyse l'impact des modèles nationaux (multiculturalisme britannique, d'un côté, et modèle républicain français, de l'autre) sur la saillance de l'ethnicité dans les cultures juvéniles des quartiers populaires. Elle repose sur une enquête ethnographique menée entre 2007 et 2012 dans la ville de Bondy en Seine-Saint-Denis et dans le district de Newham à East London, auprès d'adolescents et de jeunes adultes, par entretiens individuels, entretiens collectifs et observations. Elle montre comment modèles nationaux et particularités des contextes locaux se combinent pour produire une saillance ethnique sociale, locale et éclatée, à Newham, politique et collective, à Bondy. A Bondy, l'ethnicité est expérimentée et représentée comme redoublant les diverses dimensions des inégalités sociales ; elle rassemble les enquêtés dans un "nous" proche et multidimensionnel ("Noirs et Arabes", "jeunes de banlieue", "pauvres") opposé à un "eux" distant (les "institutions", les "politiques", les "Français"). L'expérience des discriminations ethniques y est une expérience centrale qui structure le rapport des enquêtés aux institutions locales et à la société française. A Newham, l'ethnicité organise la séparation de différentes socialisations et sociabilités dans l'espace local entre jeunes "Black", "White" et "Asian". Perçue comme découplée des autres dimensions des inégalités sociales, l'ethnicité reste peu politisée et peu conflictuelle dans le rapport aux institutions locales. L'expérience de classe prédomine, alors, dans les rapports conflictuels des enquêtés à la société britannique.

    Lucas Guffanti, Pleurer les morts, gueuler la mort : disposer des défunts "indigents", thèse soutenue en 2016 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Sophie Duchesne, membres du jury : Dominique Memmi (Rapp.), Christophe Traïni (Rapp.), Richard Charles Keller  

    Cette thèse revient sur les moyens de la prise en charge publique et par les associations de défunts dits ‘indigents’. Si la littérature sur ce sujet insistait grandement sur la catégorie des personnes de la rue et sur les idées de délaissement et de sacrifice, ce travail met en avant les différentes facettes, parfois conflictuelles, de l’intérêt public porté à ces morts. Cette recherche est principalement l’aboutissement d’une ethnographie menée auprès de l’association parisienne du Collectif les Morts de la Rue. Cette association dénonce depuis 2001 les conditions de vie et de morts des personnes de la rue et s’occupe, depuis 2003, des cérémonies funéraires pour tous les corps non-réclamés de la ville de Paris. L’enquête revient sur les motivations des deux groupes de bénévoles coexistant au sein de la même association, l’un se concentrant sur l’activisme en faveur des personnes de la rue (‘gueuler’) et l’autre sur les rituels des défunts non-réclamés, quelle que soit leur origine sociale (‘pleurer’). Ces deux groupes créent des communautés symboliques de morts et de vivants à travers des cérémonies, émotions et rituels. L’insistance du groupe des fondateurs sur l’activisme en faveur des vivants de la rue est parfois en contradiction avec l’implication plus générale de certains bénévoles pour tous les défunts non-réclamés. La thèse revient sur leur cohabitation au sein de la même association et montre comment des références communes à la fraternité humaine et à l’universalité de la mort ne suffisent pas à couvrir des motifs d’engagements divergents.