Delphine Dulong

Professeur
Science politique.
Département de Science politique

Centre Européen de Sociologie et de Science Politique
  • THESE

    Un président de la République à l'image d'une France "moderne", soutenue en 1996 à Paris 1 sous la direction de Jacques Lagroye 

  • Delphine Dulong, Anne Catherine Wagner (dir.), Le gouvernement des conduites masculines, Éditions de la Sorbonne, 2024, Sciences sociales du politique, 202 p.   

    Delphine Dulong, Premier ministre, CNRS éditions, 2021, Culture & société, 390 p. 

    Delphine Dulong, Brigitte Gaïti (dir.), La coordination du travail gouvernemental, ENA, 2020, 559 p. 

    Delphine Dulong, Muriel Darmon, Elsa Favier (dir.), Temps et pouvoir, Seuil, 2019, 125 p. 

    Delphine Dulong, Thomas Collas, Frédéric Sawicki (dir.), Sociographie des cabinets ministériels, ENA, 2019, 744 p.  

    La 4ème de couv. indique : "Situés au sommet de l’Etat, à l’interface de la haute administration et des responsables politiques, les cabinets ministériels français sont réputés jouer un rôle clé dans l’élaboration des décisions publiques. L’étude de leurs membres et des mécanismes qui président à leur recrutement constitue en conséquence une entrée privilégiée pour dresser le portrait des élites gouvernantes. Fondés sur l’exploitation des résultats d’une enquête collective portant sur l’intégralité des membres des cabinets entre mai 2012 et août 2014 (sous les gouvernements Ayrault et Valls I) et sur la comparaison avec des enquêtes antérieures, les différentes contributions à ce dossier thématique mettent en évidence les continuités, les éléments de changement mais aussi la diversité des profils selon les ministères et selon les responsabilités occupées. En étudiant de manière approfondie les trajectoires des membres des cabinets sous la présidence de François Hollande, les articles font également apparaître en creux les nombreux bouleversements que l’Etat a connus ces dernières décennies. VARIA : l’administré dans ses rapports avec l’Etat. Governance and policy making : the mismatch between the challenges Israel faces and its capability to govern. The ongoing Israeli civil service reform : comparing current achievements to past attempts.”

    Delphine Dulong, Christine Guionnet, Érik Neveu (dir.), Boys don't cry !, OpenEdition Press et OpenEdition, 2019, Le sens social  

    « Les féministes en font trop ! » Les hommes seraient devenus sinon le sexe « faible », ou du moins stigmatisé. Les moindres performances scolaires des garçons viendraient d'une perte d'estime de soi du masculin. La plus discrète avance sexuelle serait recodée en harcèlement, le goût de la compétition en agressivité. Voici quelques aspects d'un discours de la plainte, de la hargne parfois, par lesquels des groupes d'hommes s'emploient à inverser la rhétorique féministe pour se poser en victimes, revendiquer des droits dont ils seraient privés. Le présent ouvrage se propose d'analyser ces discours, notamment en portant attention aux propos « masculinistes », tels qu'ils s'affirment par exemple dans certaines organisations de pères divorcés. Quels sont les arguments de ces groupes ? En quoi sont-ils symptômatiques des évolutions et des perceptions des rapports de genre ? Peut-on évaluer leur impact, qui varie entre Amérique du Nord et Europe ? Quels enjeux inséparablement politiques et scientifiques portent des notions comme « coûts de la masculinité » ou « rôles de sexe » ? Côté scientifique, l'enjeu est clair : il s'agit de poursuivre le travail de déconstruction de la domination masculine en montrant que celle-ci n'a rien de naturel. Elle suppose des investissements et implique des coûts, pour les femmes bien sûr, mais également pour les hommes, comme le montrent des contributions sur la santé au travail, sur les effets de l'association virilité-alcool, sur le double-jeu identitaire auxquels sont contraints certains gays affirmant « homosexuels, oui, mais virils avant tout » ! Combinant prudence, rigueur et refus des tabous, ce livre revendique donc la vertu de l'insolence scientifique en posant la question des coûts des masculinités. Le radicalisme qui consiste à refuser de parler d'une thématique sous prétexte qu'elle a été inaugurée par des mouvements étymologiquement réactionnaires n'est en effet guère satisfaisant. Les sciences sociales doivent reconquérir…

    Delphine Dulong, Sociologie des institutions politiques, Cairn et La Découverte, 2012, Repères. Sciences politiques-Droit, 124 p.  

    Les institutions politiques des régimes démocratiques contemporains (Parlements, gouvernements, présidents, partis politiques, etc.) ont un pouvoir normatif à nul autre pareil qui leur permet de classer, d'organiser et même d'officialiser l'existence des groupes sociaux et leurs différentes activités. Leur étude aide à mieux comprendre le fonctionnement des sociétés contemporaines. Celles-ci soulève cependant un certain nombre de questions. Si, en effet, les institutions politiques sont créées en vue d'établir une coopération stable et pacifique entre des acteurs qui défendent des intérêts contradictoires, comment expliquer le changement ? Comment comprendre la distribution inégale du pouvoir dans nos sociétés ? Quel pouvoir les institutions politiques peuvent-elles bien avoir sur ceux qui les incarnent ? À ces questions, les sciences sociales n'apportent pas de réponse unanime. Mais le développement de l'analyse institutionnelle en France et outre Atlantique depuis une vingtaine d'années permet de faire une synthèse des connaissances sur cet objet

    Delphine Dulong, Christine Guionnet, Erik Neveu (dir.), les coûts de la domination masculine, Presses Universitaires de Rennes, 2012, Le sens social, 330 p. 

    Delphine Dulong, La construction du champ politique, Presses universitaires de Rennes, 2010, Didact ( Sciences politiques ), 375 p. 

    Delphine Dulong, Catherine Achin, Lucie Bargel, Sexes, genre et politique, Économica, 2007, Études politiques, 184 p. 

    Delphine Dulong, Moderniser la politique: aux origines de la Ve République, l'Harmattan, 2006, Logiques politiques 

    Delphine Dulong, Vincent Dubois (dir.), La question technocratique, Presses universitaires de Strasbourg et Impr. Saint-Paul, 1999, Collection Sociologie politique européenne, 253 p.   

    Delphine Dulong, Didier Georgakakis (dir.), L'Europe en formations(s), L'Harmattan et L'Harmattan Inc, 1998, 191 p. 

    Delphine Dulong, Un Président de la République à l'image d'une France "moderne", Atelier national de reproduction des thèses, Université Lille 3, 1998, Lille-thèses 

    Delphine Dulong, Moderniser la politique. Aux origines de la Ve République: aux origines de la Ve République, l'Harmattan, 1997, Collection Logiques politiques, 291 p.   

  • Delphine Dulong, « Paradoxal institutions », Gérald Ledent et Cécile Vandernoot, eds, Institution and the City :The role of architecture, Zurich, Park Books, été 2022, 224 pages., 2022 

    Delphine Dulong, Eric Darras, Daniel Gaxie, Dominique Marchetti, Erik Neveu, « "Débats : le capital médiatique en question" », in Presses universitaires de Rennes (dir.), in Un capital médiatique ? Usages et légitimation de la médiatisation en politique (Clément Desrumaux, Jérémie Nollet, dir.), 2021   

    Delphine Dulong, Christine Guionnet, « Lui, c’est un vrai mec ! », Manuel indocile de sciences sociales, La Découverte, 2019, pp. 729-741 

    Delphine Dulong, « La Ve République, un coup d’État permanent ? », Manuel indocile de sciences sociales, La Découverte, 2019, pp. 336-346 

    Delphine Dulong, « Dulong D, Lévêque S, Matonti F. 2. Drôles de dames. In Barrault et alii, dir., La politique désenchantée, Presses universitaires de Rennes, 2019 », La politique désenchantée, 2019 

    Delphine Dulong, Frédérique Matonti, Sandrine Lévêque, « Drôles de dames. Les femmes en politique ou la fabrique d’une compétence politique », in Barrault-Stella, Lorenzo, Gaïti, Brigitte, Lehingue, Patrick (dir.), La politique désenchantée : perspectives sociologiques autour des travaux de Daniel Gaxie, Presses universitaires de Rennes, 2019, pp. 35-47 

    Delphine Dulong, « Conclusion. Du temps, et ce que les professionnels de la politique en font », Temporalité(s) politique(s), De Boeck Supérieur, 2018, pp. 225-231 

    Delphine Dulong, « Postface : De la sociologie des entourages à celle du marché des emplois en lien avec les activités politiques », Dans l’ombre des élus, Presses universitaires du Septentrion, 2017, pp. 243-248 

  • Delphine Dulong, Cécile Robert, « European Foresight (1950–2020): A History of Contrasts: Intellectual Inspirations and the Political Conditions for Success », European Law Journal, 2024, n°062024 

    Delphine Dulong, « Alain Bergounioux, Mathieu Fulla (dir.) (2020). Michel Rocard Premier ministre : la  deuxième gauche  et le pouvoir (1988-1991), Paris, Presses de Sciences Po », Gouvernement & action publique, 2022, n°3, pp. 125-127 

    Delphine Dulong, Catherine Achin, « Les cabinets ministériels : la zone grise du pouvoir », La vie des idées, 2022 

    Delphine Dulong, « La résistible ascension des femmes : revue de littérature sur la féminisation des métiers à dominance masculine », Bulletin de l'Académie Nationale de Médecine, 2021, n°8, pp. 970-975   

    Delphine Dulong, « Les poisons et délices de la Cinquième République. L’histoire politique de la coordination du travail gouvernemental », Revue française d’administration publique, 2020, n°3, pp. 587-601 

    Delphine Dulong, Pierre France, Julie Le Mazier, « À quoi riment les RIM ? Les réunions interministérielles ou l’ordinaire du travail gouvernemental », Revue française d’administration publique, 2020, n°3, pp. 697-712 

    Delphine Dulong, Brigitte Gaïti, « Introduction », Revue française d’administration publique, 2020, n°3, pp. 559-563 

    Delphine Dulong, Muriel Darmon, Elsa Favier, « Temps et pouvoir », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 2019, n°1, pp. 6-15 

    Delphine Dulong, « Maîtriser le temps pour asseoir son pouvoir », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 2019, n°1, p. 72 

    Delphine Dulong, Catherine Achin, « Au-delà des apparences : la féminisation des cabinets ministériels durant la présidence Hollande », Revue française d’administration publique, 2018, n°168 

    Delphine Dulong, Thomas Collas, Frédéric Sawicki, « Sociographie des cabinets ministériels (2012-2014) : présentation générale », Revue française d’administration publique, 2018, n°4, p. 745 

    Delphine Dulong, Frédérique Matonti, « Comment devenir un(e) professionnel(le) de la politique ? », Sociétés & Représentations, 2007, n°2, p. 251 

    Delphine Dulong, Vincent Dubois, « Dubois Vincent, Dulong Delphine. Les ruses de la raison juridique [Le contrôle sur place des bénéficiaires de prestations familiales]. In: Recherches et Prévisions, n°73, 2003. Famille et droit social. pp. 53-64. », Recherches et prévisions, 2003 

    Delphine Dulong, Vincent Dubois, « Les ruses de la raison juridique. »: Le contrôle sur place des bénéficiaires d'allocations familiales, Recherches et prévisions, 2003, n°73, pp. 53-64   

  • Delphine Dulong, « Champ politique », in Gisèle Sapiro (dir.), Dictionnaire international Pierre Bourdieu, CNRS Editions, 2020 

    Delphine Dulong, « Propos sur le champ politique », in Gisèle Sapiro (dir.), Dictionnaire international Pierre Bourdieu, CNRS Editions, 2020 

    Delphine Dulong, « Vélo », Rencontres avec Michel Offerlé, 2019 

    Delphine Dulong, « André Michel », Dictionnaire des féministes, 2019 

    Delphine Dulong, « Caroline de Haas », Dictionnaire des féministes, 2019 

    Delphine Dulong, « Gautier Gisèle », Dictionnaire des féministes, 2019 

    Delphine Dulong, « Sugier Annie », Dictionnaire des féministes, 2019 

  • Delphine Dulong, Vincent Dubois, François Buton, Luc Chambolle, Les conditions socio-politiques de la rigueur juridique: Politique de contrôle et lutte contre la fraude aux prestations sociales, 2003   

    Delphine Dulong, The DSK Scandal :communication au colloque "Transatlantic Reflections on Sex, Law and Politics".1-2 december, 2001, New York City, 2001   

  • Delphine Dulong, « La Constitution de la 5e République : 65 ans, l'âge de la retraite ? », le 04 octobre 2023  

    Journée d’études organisée par le CREDESPO, Université de Bourgogne sous la direction d'Aurore Granero et Raphaël Porteilla

    Delphine Dulong, « Alternance politique, continuité administrative ? », le 18 septembre 2023  

    Colloque organisé par Kévin Bernard, Tanguy Levoyer et Raphaëlle Sors et co-financé par l'Institut de Recherche Interdisciplinaire en Sciences Sociales (IRISSO, Université Paris-Dauphine, PSL) et l'Institut de Recherche Interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS, Ecole des hautes études en sciences sociales, EHESS)

    Delphine Dulong, « Revue de littérature sur la féminisation des métiers à dominance masculine », Académie de médecine, Paris, le 05 avril 2021 

    Delphine Dulong, « Temps, pouvoir et institutionnalisation. Eléments de réflexion à partir du cas du rôle de Premier ministre », Classer, déclasser, reclasser, AFS-RT 34 Axe 3 : Sociologie des institutions politiques, Aix-en-Provence, le 01 janvier 2019 

    Delphine Dulong, « Temporalité(s) politique(s) », le 30 novembre 2017  

    Organisé par JB. Devaux, doctorant de science politique, Triangle, G. Marrel, Maître de conférences de science politique, UAPV-LBNC-CHERPA, R. Payre, PR de science politique, Sciences Po Lyon - Triangle

    Delphine Dulong, Catherine Achin, « Les femmes dans les cabinets ministériels », Journée d'étude "Les élites gouvernementales en France", université de Lille 2, Lille, le 01 mars 2017 

    Delphine Dulong, « Rôle de genre et drôle de genre. Edith Cresson Premier Ministre ou le mauvais genre en politique », Les identités de genre en politique, Dijon, le 23 juin 2011   

    Delphine Dulong, « Le premier ministre en actes et en coulisses. L'histoire comme outil et objet d'analyse sociologique des institutions », Histoire/science politique, Paris, le 04 mars 2003   

    Delphine Dulong, Sandrine Leveque, « Une révolution conservatrice ? La loi sur la parité à l'épreuve du jeu politique (Ethnographie de campagne dans le Vème arrondissement de Paris) », Journée d'études: "Regards croisés sur la parité", Evry, le 14 février 2002   

    Delphine Dulong, Frédérique Matonti, « L'indépassable féminité. La mise en récit des femmes en campagne », La mobilisation électorale municipale : Permanences et mutations , Lille, le 10 janvier 2002   

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Clémentine Lehuger, L'Etat "magnégné" : Imaginaires, pratiques et rapports à l'Etat à Mayotte, thèse soutenue en 2022 à Paris 1 sous la direction de Florence Brisset-Foucault, membres du jury : Johanna Siméant-Germanos (Rapp.), Patrick Le Lidec (Rapp.), Stéphanie Guyon  

    La thèse étudie le champ politique local dans le département de Mayotte, en considérant ce microcosme insulaire comme un observatoire privilégié de l’État « au concret » aussi bien qu’idéalisé. En questionnant la dialectique centre-périphérie constitutive de la catégorie « outre-mer », que l’on retrouve dans les discours et les pratiques locales, cette thèse montre en effet comment l’État et ses agents se « réinventent » en outre-mer, à travers entre autres ce qui est souvent désigné sur place comme du « bricolage » (magnégné, en shimaoré). Attentive à l’histoire aussi bien qu’à ses usages politiques, la thèse décrit au moyen d’entretiens, d’observations et d’archives les différents rapports à l’État ainsi que les diverses formes de participation au gouvernement du territoire des agents de l’État métropolitain.es (préfecture, rectorat), de ses représentant.es loca.ux/les (élu.es et agents des collectivités territoriales), mais aussi de ses habitant.es (mahorais.es, « expatrié.es »). Elle analyse ainsi les luttes symboliques, sociales et politiques dans lesquelles l’État est pris à Mayotte, et via lesquelles il se déploie, proposant ainsi une redéfinition du gouvernement des marges en contexte post-colonial.

    Romain Aubert, (En)quête de légitimité. La réforme du CESE ou la conversion participative d’une institution marginalisée., thèse en cours depuis 2021 en co-direction avec Laurent Jeanpierre  

    Face à la « crise de la représentation politique » mais également aux défis environnementaux et climatiques, ce travail à l’ambition d’apporter une contribution aux recherches sur l’activité réformatrice des institutions ainsi que sur la construction de leur légitimité. Pour ce faire, il a vocation à s'intéresser particulièrement à une institution peu connue et oubliée par la recherche universitaire : le CESE, troisième assemblée constitutionnelle. À l’occasion de son actualité (projet de réforme constitutionnelle, organisation de Conventions citoyennes …) elle constitue pourtant un terrain fécond, de par les caractéristiques qu’elle présente, pour approfondir les réflexions sur les conditions de conversion des institutions notamment vers la participation citoyenne ainsi que sur l’articulation et les luttes entre démocratie sociale, participative-délibérative (principalement par la pratique du tirage au sort) et élective. Plus largement, ce travail sera l’occasion de s’intéresser à l’essor et au déploiement d’une conversion participative de l’État ainsi qu’aux imaginaires et possibles autour de la question d’une troisième assemblée pour la réalisation d’une « représentation politique autrement ».

    Antonio Athayde sauandaj, Masculinité stratégique et pouvoir de représentation. Socio histoire de l'entreprise politique de Jair Bolsonaro (1991-2022), thèse en cours depuis 2021 

    Emma De andreis, "Sine quota non" Diffusion et résistances d'un instrument de modernisation de l'action publique, thèse en cours depuis 2021 en co-direction avec Sophie Pochic 

    Claire Bloquet, Aux marges du Palais , thèse soutenue en 2021 à Paris 1 en co-direction avec Daniel Gaxie  

    La faiblesse du pouvoir législatif du Parlement français, souvent déplorée, ne signifie pas que les parlementaires ont abandonné tout espoir de peser sur la fabrique des lois. Chaque jour, au contraire, des députés s’impliquent dans l’hémicycle, se battent pour amender un projet, et parfois même finissent par l’emporter. Prenant au sérieux cet investissement, ce travail entend éclairer l’importance de ce qui se passe au Parlement, à partir de l’exemple de la Délégation aux droits des femmes de l’Assemblée nationale. Espace parlementaire marginal, on retrouve pourtant son influence derrière l’adoption de certaines mesures. Le choix de ce point de vue – celui du travail législatif depuis ses marges – permet de mettre en lumière toutes les stratégies et les efforts des députés pour prendre part au processus législatif. L’enquête s’appuie sur des entretiens ainsi que sur des archives parlementaires. Au-delà des ressorts du féminisme parlementaire, cette thèse veut contribuer à la sociologie de la professionnalisation politique et à la sociologie du travail législatif en général. Une première partie met en lumière la manière dont, même au sein d’un espace marginal, se met en place un apprentissage spécifique du métier de parlementaire qui contribue à intéresser durablement les membres de la Délégation au travail législatif, et à construire leurs carrières. La seconde partie est consacrée à l’activité concrète des députés, et présente le travail législatif comme prolongement de l’activité de représentation. On vient alors montrer le travail de recadrage symbolique et d’entretien des relations sociales qui leur permet de contourner les règles, et de gagner, parfois, l’avantage.

    Claire Bloquet, Aux marges du Palais, thèse soutenue en 2021 en co-direction avec Daniel Gaxie, membres du jury : Marc Milet (Rapp.), Cécile Vigour (Rapp.), Olivier Rozenberg et Catherine Achin    

    La faiblesse du pouvoir législatif du Parlement français, souvent déplorée, ne signifie pas que les parlementaires ont abandonné tout espoir de peser sur la fabrique des lois. Chaque jour, au contraire, des députés s’impliquent dans l’hémicycle, se battent pour amender un projet, et parfois même finissent par l’emporter. Prenant au sérieux cet investissement, ce travail entend éclairer l’importance de ce qui se passe au Parlement, à partir de l’exemple de la Délégation aux droits des femmes de l’Assemblée nationale. Espace parlementaire marginal, on retrouve pourtant son influence derrière l’adoption de certaines mesures. Le choix de ce point de vue – celui du travail législatif depuis ses marges – permet de mettre en lumière toutes les stratégies et les efforts des députés pour prendre part au processus législatif. L’enquête s’appuie sur des entretiens ainsi que sur des archives parlementaires. Au-delà des ressorts du féminisme parlementaire, cette thèse veut contribuer à la sociologie de la professionnalisation politique et à la sociologie du travail législatif en général. Une première partie met en lumière la manière dont, même au sein d’un espace marginal, se met en place un apprentissage spécifique du métier de parlementaire qui contribue à intéresser durablement les membres de la Délégation au travail législatif, et à construire leurs carrières. La seconde partie est consacrée à l’activité concrète des députés, et présente le travail législatif comme prolongement de l’activité de représentation. On vient alors montrer le travail de recadrage symbolique et d’entretien des relations sociales qui leur permet de contourner les règles, et de gagner, parfois, l’avantage.

    Mélodie Breton-Grangeat, La cause des femmes au Yémen : contribution à une analyse intersectionnelle des rapports de domination, thèse soutenue en 2017 à Paris 1, membres du jury : Mounia Bennani-Chraïbi (Rapp.), David Garibay (Rapp.), Blandine Destremau, Franck Mermier et Isabelle Sommier  

    À partir d'une enquête qualitative, principalement fondée sur des entretiens et une observation participante, cette thèse restitue dans une perspective intersectionnelle les conditions sociales et politiques de la construction de la cause des femmes au Yémen. Après avoir montré comment les rapports sociaux de sexe ont progressivement été constitués en enjeu politique au cours du XXe siècle aussi bien entre les pouvoirs politiques, les partis politiques, mais aussi l'aide publique internationale (chapitre 1), on interroge les conditions d'émergence d'une conscience de genre du côté des femmes « ordinaires » (i.e. non issues de l'élite politisée et militante). Dans le chapitre 2, l’hypothèse selon laquelle un espace d’entre-soi féminin permettrait l’émergence d’un discours alternatif caractérisé par une conscience de genre est ainsi testée via une enquête ethnographique au long cours dans une petite association féminine de province porteuse d'un projet d'empowerment financé par l'UE. Comme on le montre alors, si cette expérience conduit les salariées associatives enquêtées à renégocier certaines normes de genre, les effets de cette socialisation s'avèrent néanmoins limités et même ambivalents. Car outre le fait que les salariées continuent de veiller aux intérêts des hommes de leur famille dont elles demeurent tributaires, leur nouveau statut les conduit à se distinguer des femmes des classes inférieures, obérant ainsi les possibilités d’émergence d’une conscience de genre. On appréhende mieux dès lors les mécanismes de délégation politique au sein de l'espace de la cause des femmes qui amènent les femmes de l’élite à revendiquer la représentation des femmes yéménites dans leur totalité, notamment des femmes pauvres. Cela explique aussi pourquoi, au sein de l’espace de la cause des femmes au Yémen, l’accent est mis sur certaines questions plutôt que d’autres. L'analyse des caractéristiques sociales de celles qui participent à la révolution en 2011 (chapitre 3), puis à la Conférence du dialogue national (chapitre 4), éclaire en effet le succès de certaines revendications, et plus particulièrement du quota politique, lequel fonctionne comme une rétribution du militantisme pour les femmes de l’élite qui, malgré leurs capitaux scolaire, social et militant, ont un accès extrêmement limité aux mandats et postes politiques.

    Aylin Sunam, Les nouvelles formes de rencontre et de mariage chez les femmes musulmanes et les usages des sites de mariage en Turquie, thèse soutenue en 2017 à Paris 1 en co-direction avec Hülya Tanrıöver, membres du jury : Isabelle Charpentier, Virginie Julliard et Nazlı Aytuna  

    Le mariage et les pratiques de sélection du partenaire sont deux sujets très importants dans la vie d'adulte en Turquie et ailleurs. De plus, le mariage a une grande importance pour les sociétés vu son rôle dans la vie des individus, et sa fonction de régulation de la« sexualité», de la «procréation», de la «monogamie» et de «l'économie politique» ; et de définition du «droit à la citoyenneté», et de «l'ordre de genre.» (Scott, 2002; Thernborn, 2004). Pourtant, de nos jours le mariage est largement perçu comme un lien entre les couples, basé sur le libre arbitre, l'amour et l'engagement (Scott, 2002; Borneman, 2005; Ingoldsby, 2006; Smart, 2011) malgré les critiques des académiciens qui questionnent « la liberté » de sélection de partenaires et les pratiques de mariage, tout en tenant compte des fonctions socio-économiques et politiques actuelles des institutions de mariage et des régulations sur le mariage (Ingoldsby, 2006). À ce jour, dans la société turque actuelle où les styles de vie conservateurs sont en hausse en raison de l'influence du revivalisme religieux, les conditions et opportunités pour rencontrer des partenaires, sont de plus en plus réduites et les possibilités de socialisation des individus de sexes opposés deviennent de plus en plus limitées, particulièrement dans les régions sous-développées de la Turquie. À côté de cela, à la fois, la migration interne, l'urbanisation néolibérale et les projets de gentrification dans les zones urbaines compliquent la pratique de trouver un( e) partenaire dans leur environnement immédiat. Par conséquent, la création de nouveaux moyens de socialisation pour les individus est cruciale pour ceux qui ne disposent pas d'opportunités pour rencontrer leur futur partenaire. Dans ce contexte, il est possible de supposer que les formes de communication récemment induites, qui ont obtenu une popularité dans le monde entier et qui peuvent substituer l'interaction face à face, offrent de nouvelles possibilités aux individus cherchant des partenaires. Un exemple significatif de cette tendance serait les sites de mariage qui ont connu une grande popularité en Turquie lors de la dernière décennie. Comme les constats de cette étude le soulignent, un pourcentage considérable de turcs à la recherche de partenaires consulte des sites internet de mariage. Cette étude a pour objectif de proposer une perspective des nouvelles pratiques de rencontres et de mariage des femmes musulmanes en Turquie, par l'analyse des nouvelles technologies de communication. Elle vise à rechercher sur quels points les nouvelles formes de médias utilisées par les femmes musulmanes pour les rencontres et les mariages, se superposent et/ou sont en contradiction avec les pratiques de sélection de partenaires et aux normes de genre ; et comment les utilisateurs de sites internet négocient ensemble les normes de ces sites, les normes de sélection traditionnelles/modernes de partenaires et les normes de genre turques. Ainsi, cette étude se base sur des données qui comprennent : l'analyse de sites internet de mariage islamiques et libéraux en Turquie, l'étude de la présentation de soi des utilisateurs de ces sites et leur usage pratique en prenant en compte l'épistémologie relationnelle de Bourdieu ; et elle présente une analyse comparative de la présentation de soi genrée et des pratiques par le biais de l'analyse des sites web de mariage libéraux et islamiques en Turquie. Par conséquent cette thèse propose une analyse comparative des sites de mariage les plus populaire en Turquie avec une approche transdisciplinaire puisque l'étude et l'analyse du sujet nécessitent l'apport de diverses disciplines dont les sciences de la communication.

  • David Rotman, La science politique en France : contribution à l'histoire sociale d'une discipline, thèse soutenue en 2022 à Paris 10 sous la direction de Éric Phélippeau, membres du jury : Loïc Blondiaux (Rapp.), Emmanuelle Picard (Rapp.), Gisèle Sapiro et Charles Soulié    

    À rebours d'une histoire intellectuelle sous forme d'histoire des idées, et au-delà d'une histoire des disciplines académiques limitée à leurs cadres institutionnels, ce travail entend contribuer à une histoire sociale de la science politique replaçant les produits intellectuels dans leurs contextes de production, c'est-à-dire dans les conditions concrètes dans lesquelles des chercheurs et enseignants-chercheurs produisent des travaux portant le label « science politique ». L'enquête porte en particulier sur les transformations des conditions d'accès aux postes académiques et sur les évolutions morphologiques de la discipline, définies dans le cadre de politiques publiques d'enseignement supérieur et de recherche, qu'il convient également d'analyser. Il s'agit par là d'éclairer la façon dont ces transformations, et plus spécifiquement l'évolution des différents modes d'entrée dans les carrières académiques et de socialisation à cet univers professionnel, sont susceptibles de se traduire chez les nouveaux entrants par des formes variables de rapport au métier, des manières de se positionner, de concevoir la recherche et l'enseignement dans la science politique, et ainsi de contribuer aux luttes pour sa définition.

    Lisbeth Gasca Agudelo, Gouverner la famille en Colombie : institutionnalisation et usages de l'adoption dans un État "d'origine", thèse soutenue en 2022 à Paris 1 sous la direction de Jean-Louis Briquet, membres du jury : Sébastien Roux (Rapp.), David Garibay (Rapp.), Laura Victoria García Matamoros  

    L’objectif de celte thèse est de comprendre comment un État, en l’occurrence la Colombie, est devenu un « État d’origine » dans l’espace social de l’adoption internationale. Si l’on considère l’administration de la filiation en tant que « dispositif de protection de l’enfance visant à donner une famille à un enfant qui n’en a pas », il s’agit d’interroger ce qui a rendu l’adoption pensable, puis souhaitable comme dispositif public malgré les contestations dont elle a pu faire l’objet. L’adoption est ici définie comme un instrument d’action publique, traversé par des représentations et des significations qui organisent les rapports entre gouvernants et gouvernés. Une des hypothèses consiste à envisager l’émergence de l’adoption comme une solution à des problèmes publics tels que la responsabilisation des géniteurs envers leurs descendants, ou encore la maltraitance. Cela s’est accompagné en Colombie d’un travail de cadrage de renversement de stigmates qui a rendu souhaitable publiquement la possibilité de créer juridiquement une filiation aussi valable socialement que celle issue du biologique. De telles évolutions ont été rendues possibles car l’adoption s’est construite comme une institution en Colombie. En ce sens, elle apparaît comme un dispositif de savoir et de pouvoir qui révèle le rapport de l’État colombien à la parenté qu’il fonde sur une dimension fonctionnelle. Dès lors, la capacité démontrable à être parent devient un impératif dans un cadre cognitif et pratique marqué par l’internationalisation des droits de l’enfant. La famille constitue ainsi une construction déconstructible par le biais de l’appréciation publique de sa fonctionnalité.

    Léna Ngouebeng, Planifier le genre dans les projets humanitaires : enquête au cœur d'un processus (in)contournable de l'aide., thèse soutenue en 2021 à Paris 1 sous la direction de Tania Angeloff, membres du jury : Blandine Destremau (Rapp.), Charles Gadéa (Rapp.), Benoît Prévost  

    Cette recherche part d’un paradoxe. Depuis plusieurs années, l’idée que le genre est institutionnalisé dans l’aide internationale humanitaire et au développement, intégré pars ses organisations ou encore pris en compte dans les projets internationaux, est communément admise. Tout nous pousse donc à nous attendre, en pénétrant dans l’une de ces organisations, à un discours bien rodé sur le genre et à divers instruments techniques le mettant en pratique. Pourtant, ce n’est pas tout à fait le cas. Comment expliquer l’écart entre les positionnements formels et les pratiques réelles sur le genre ? Pourquoi, dans la plupart des cas, les praticien.ne.s ne semblent-ils/elles pas très satisfait.e.s de la prise en compte du genre dans l’ensemble des projets mis en œuvre ? Pourquoi, de manière générale, les analyses scientifiques et militantes ne semblent-elles pas non plus très enthousiastes quant à la réussite de cette entreprise ? Que se joue-t-il ainsi dans l'opérationnalisation du genre, c'est-à-dire dans son passage de la théorie à la pratique ? Quels sont les enjeux, autour de sa codification ? Telles sont les interrogations auxquelles j'ai tenté de répondre à partir d’une enquête ethnographique de trois années. Cette recherche se situe à la croisée d’une littérature sur l’aide internationale et ses évolutions récentes ainsi que d’une littérature sur le genre et son traitement international. Elle vise à contribuer à une épistémologie du genre dans l’aide internationale de manière multidimensionnelle, en s’intéressant à la fois à une pratique, à sa professionnalisation et en même temps à l'élaboration et à la circulation des savoirs théoriques et pratiques sur le genre.

    Louise Protar, Produire le genre, fabriquer la parenté : ethnographie du travail domestique et horticole à Kiriwina, thèse soutenue en 2020 à Paris 1 sous la direction de Tania Angeloff, membres du jury : Yasmine Siblot (Rapp.), Florence Weber (Rapp.), Marie-Clémence Le Pape et Niko Besnier  

    Commencée en septembre 2015, ma recherche doctorale porte sur la division du travail dans l'archipel de Kiriwina, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, région plus connue sous le nom d'îles Trobriand. Le cœur de cette thèse consiste à réinterroger trois dimensions de la société kiriwinienne : les rapports entre hommes et femmes, les liens de parenté et la culture des jardins. Je propose de regarder ces thèmes classiques de l'anthropologie des Trobriand au prisme du travail, avec l'idée que le travail est un puissant révélateur des rapports de pouvoir. Pour cela, j'ai mené entre 2016 et 2018 une enquête ethnographique d'une durée de 10 mois, dans un village du sud de l'île. Accueillie avec mon compagnon par une famille dont nous partagions la vie quotidienne, j'ai observé le détail de la division du travail dans cette maisonnée. Cette recherche propose d'utiliser les outils de la sociologie du travail et du genre pour offrir un autre point de vue sur l'organisation sociale des Kiriwiniens. La première partie de la thèse décrit et explique l'enquête que j'ai menée, son contexte, ses objets et ses modalités. Une seconde partie interroge les conceptions émiques du travail : la limite entre le travail et le hors-travail et la façon dont les activités productives et reproductives sont hiérarchisées. Une troisième partie est consacrée à la division sexuée du travail et analyse l'organisation du travail au sein de la maisonnée pour éclairer les rapports de pouvoir dans la famille. Enfin, la quatrième partie consiste en un retour sur les célèbres jardins d'ignames trobriandais pour décrire le contrôle social dont le travail fait l'objet. L'objectif de ma thèse est double: sortir Kiriwina de l'exotisme en mettant l'accent sur les rapports sociaux qui y organisent la vie quotidienne; questionner, par ce détour océanique, nos catégories scientifiques.

    Anahi Alviso-Marino, Les artistes visuels au Yémen : du soutien à la contestation de l'ordre politique, thèse soutenue en 2015 à Paris 1 sous la direction de Isabelle Sommier et Mounia Bennani-Chraïbi, membres du jury : Silvia Naef (Rapp.), Franck Mermier (Rapp.), Irène Maffi  

    Cette thèse s'attache aux rapports au politique des artistes visuels yéménites dans un contexte de domination, recouvrant trois États (les deux républiques qui précédent l'unification du Yémen et la république actuelle créée en 1990, jusqu'en 2015). En étudiant la domination en acte à travers une démarche ethnographique, ce travail interroge les conditions de production et d'action des artistes en soutien ou en contestation au régime, comme au cours du moment révolutionnaire de 2011. On observe ainsi le processus de politisation des mondes de l'art au Yémen contemporain, processus compris en tant qu'acquisition d'une signification politique par la pratique artistique et par les réseaux de relations entretenus par les artistes visuels. Ces requalifications de leur travail ou de leur pratique se font dans un contexte traversé par des luttes concurrentielles pour la répartition du pouvoir internes et propres à leurs mondes d'activité, mais aussi externes et propres à l'espace politique institutionnel. La politisation des mondes de l'art apparaît dès lors moins comme un instrument d'accès à cet espace qu'une voie pour accéder à plus de visibilité, à la reconnaissance, et à un meilleur positionnement dans les rapports agonistiques qui configurent ces mondes.

  • Jean-Baptiste Devaux, L'Etat technologique , thèse soutenue en 2021 à Lyon sous la direction de Emmanuel Taïeb et Martine Kaluszynski  

    Le Crédit d'impôt recherche, les pôles de compétitivité, les structures de valorisation de la recherche ou de transfert de technologie sont autant d’instruments au travers desquels les pouvoirs publics se proposent de « soutenir l’innovation ». Cette thèse cherche à comprendre comment et pourquoi « l’innovation » est devenue un problème d’Etat et un enjeu d’action des pouvoirs publics. À rebours des discours qui envisagent l’émergence de ces politiques publiques comme la conséquence mécanique des transformations des systèmes économiques ou scientifiques, celles-ci apparaissent plutôt comme le produit de luttes et concurrences au sommet de l’État entre le début des années 1960 et le début des années 2000. Cette thèse porte sur ces concurrences. Alliant sociologie des instruments de gouvernement, sociologie des institutions et sociologie des administrations, nous explorons les ressorts du changement dans l’action publique. Pour cela, nous nous intéressons aux activités de réformateurs, c'est-à-dire de hauts fonctionnaires, d’acteurs du monde patronal, de professionnels de la politique ou d’experts patentés qui, au sein ou auprès des administrations de la Recherche et de l’Industrie entre 1963 et 2003 ont transformé les règles, les normes et principes organisationnels qui structuraient la politique technologique en France depuis 1945. En éclairant ces transformations, nous contribuons empiriquement à une analyse des interdépendances entre l’État et le capitalisme en France. Il apparaît que l’innovation est un instrument de pouvoir à deux niveaux. D’abord, de l’appareil administratif sur l’espace économique. La politique d’innovation naturalise certaines pratiques scientifiques et industrielles au regard d’un ordre économique présenté comme allant de soi. Ensuite, elle est un instrument de pouvoir des hauts fonctionnaires généralistes à l’intérieur de l’État, contribuant pas à pas au dépérissement de l’État technique.

    Jean-Baptiste Devaux, L'Etat technologique, thèse soutenue en 2021 sous la direction de Emmanuel Taïeb et Martine Kaluszynski, membres du jury : Philippe Bezes (Rapp.), Jérôme Aust et Benjamin Lemoine    

    Le Crédit d'impôt recherche, les pôles de compétitivité, les structures de valorisation de la recherche ou de transfert de technologie sont autant d’instruments au travers desquels les pouvoirs publics se proposent de « soutenir l’innovation ». Cette thèse cherche à comprendre comment et pourquoi « l’innovation » est devenue un problème d’Etat et un enjeu d’action des pouvoirs publics. À rebours des discours qui envisagent l’émergence de ces politiques publiques comme la conséquence mécanique des transformations des systèmes économiques ou scientifiques, celles-ci apparaissent plutôt comme le produit de luttes et concurrences au sommet de l’État entre le début des années 1960 et le début des années 2000. Cette thèse porte sur ces concurrences. Alliant sociologie des instruments de gouvernement, sociologie des institutions et sociologie des administrations, nous explorons les ressorts du changement dans l’action publique. Pour cela, nous nous intéressons aux activités de réformateurs, c'est-à-dire de hauts fonctionnaires, d’acteurs du monde patronal, de professionnels de la politique ou d’experts patentés qui, au sein ou auprès des administrations de la Recherche et de l’Industrie entre 1963 et 2003 ont transformé les règles, les normes et principes organisationnels qui structuraient la politique technologique en France depuis 1945. En éclairant ces transformations, nous contribuons empiriquement à une analyse des interdépendances entre l’État et le capitalisme en France. Il apparaît que l’innovation est un instrument de pouvoir à deux niveaux. D’abord, de l’appareil administratif sur l’espace économique. La politique d’innovation naturalise certaines pratiques scientifiques et industrielles au regard d’un ordre économique présenté comme allant de soi. Ensuite, elle est un instrument de pouvoir des hauts fonctionnaires généralistes à l’intérieur de l’État, contribuant pas à pas au dépérissement de l’État technique.

    Victor Marneur, Rapports sociaux de sexe et pouvoir municipal dans les espaces ruraux : le cas des ₀ petites ε communes de Gironde au tournant des réformes paritaires, thèse soutenue en 2016 à Bordeaux sous la direction de Marion Paoletti et Magali Della Sudda, membres du jury : Christian Le Bart (Rapp.), Nicolas Renahy  

    La parité s’est enrichie d’une consolidation en 2013, avec l’abaissement du seuil pour son application aux communes de plus de 1000 habitants. L’étude de la sélection et des carrières des élu-e-s ruraux-ales des années 1970 à 2015, à partir du cas girondin, permet de saisir la manière dont l’espace des activités politiques est investi par les hommes et par les femmes et le rôle qu’y joue la nouvelle contrainte paritaire. À l’aide d’une méthodologie reposant à la fois sur des techniques qualitatives et quantitatives, cette thèse s’efforce de relier les transformations constatées dans la sélection du personnel politique des « petites » communes aux mutations des mondes ruraux contemporains. Elle se veut tout autant une contribution à la sociologie politique des espaces ruraux qu’à la sociologie du genre en politique.

  • Fatima Khemilat, Quand "l'islam de France" entre en scène : entre permanence et résistibilité de la représentation des musulmans en France des années 80 à nos jours, thèse soutenue en 2022 à AixMarseille sous la direction de Philippe Aldrin, membres du jury : Valérie Amiraux (Rapp.), Yves Déloye, Claire de Galembert et Haoues Seniguer    

    Depuis 1986, les tentatives d’institutionnalisation de la représentation des musulmans en France se sont multipliées. Impulsées par les autorités publiques, ces dernières se sont peu à peu imposées comme les véritables « faiseurs de représentation » (Saward 2010). Les différentes séquences de politiques publiques ainsi que les configurations d’acteurs publics et leurs partenaires musulmans à l’œuvre à chaque étape de celles-ci, donnent de précieuses indications sur les conditions d’émergence d’un champ de la représentation musulman. À travers l’étude des conditions de félicité de « l’islam de France », cette thèse propose de revenir sur les actes de la représentation ; les conditions historiques de création de cette politique publique ; la galaxie des acteurs étatiques, des représentants musulmans et ce qu’ils entendent représenter ; la nature des missions assignées aux représentants officiels (courtage, gouvernance et gouvernementalité) ; les différentes scènes publiques où se déroulent la représentation et la réception de celle-ci par les publics musulmans. Depuis les attentats de 2012, un changement paradigmatique est survenu dans la politique publique musulmane de la France et a participé à modifier les termes du contrat de représentation. De cette façon, la structuration de « l’islam de France » est passée d’une question confinée dans les arènes politico-administratives entre 2005 et 2012 à un problème public directement lié à la lutte contre la radicalisation. Les interlocuteurs musulmans officiels ont ainsi été amenés à sous-traiter la mise sous surveillance et le contrôle tant des ministres du culte que des populations musulmanes en elles-mêmes

    Miguel Andrés Herrera Ríos, Gouverner la justice en Équateur (1979-2019) : réformes institutionnelles et modes concurrents de régulation d'un pouvoir d'État, thèse soutenue en 2019 à Paris 1 sous la direction de Jean-Louis Briquet, membres du jury : Camille Goirand (Rapp.), Jacobo Grajales Lopez (Rapp.), Cécile Vigour  

    Cette thèse porte sur les transformations du pouvoir judiciaire survenues en Équateur entre 1979 et 2019. En se démarquant des approches dominantes en Amérique latine qui se concentrent sur l’ indépendance» du pouvoir judiciaire envers les acteurs politiques, cette recherche propose une analyse en termes de gouvernement de la justice qui permettra d’aborder cette problématique selon un autre angle d’observation. Il ne s’agit donc pas de mesurer le degré d’indépendance de la justice ou la qualité des décisions judiciaires, mais plutôt d’examiner comment ont changé les règles et les logiques qui régulent le mode de fonctionnement de ces institutions en Équateur. S’appuyant sur des débats parlementaires, des articles de presse et des entretiens réalisés auprès de magistrats de la Cour suprême, cette thèse tente de reconstituer, d’une part, la trajectoire de la question judiciaire depuis 1979 – année qui marque la fin des gouvernements militaires en Équateur – et d’autre part, les principales initiatives de réforme concernant la composition et les compétences des institutions au sommet du pouvoir judiciaire : la Cour suprême de justice et le Conseil de la magistrature. À partir de ces deux axes, l’on pourra envisager la place qu’occupe la question de la justice dans la lutte politique, les enjeux qui entourent les tentatives de réforme et surtout la manière dont se sont reconfigurés les liens unissant justice et politique au cours des quatre dernières décennies. Autant d’éléments qui peuvent nous fournir des pistes pour mieux comprendre les transformations de l’État équatorien durant cette période.

    Jonathan Chibois, « L’Assemblée du 21e siècle ». Anthropologie et histoire des infrastructures de communication d’une institution politique d’État, thèse soutenue en 2019 à Paris EHESS sous la direction de Marc Abélès, membres du jury : Olivier Costa (Rapp.), Caroline Ollivier-Yaniv (Rapp.), Delphine Gardey, Jérôme Denis et Éric Wittersheim  

    Cette thèse pose la question de la transformation d'une institution politique d'État, l'Assemblée nationale française, du fait de l’apparition des technologies de communication électriques et numériques depuis la fin du XIXe siècle. Elle prend pour hypothèse que l’évolution des moyens de communiquer pourrait avoir engendré une évolution des modalités d’existence des États modernes. Elle s’inscrit en cela dans une anthropologie politique et technique dont le projet est de décrire le changement de l’ordre social.Afin de vérifier cette assertion, une enquête ethnographique a été entreprise au Palais Bourbon à Paris, avec pour objet d’étudier l’infrastructure parlementaire. Un travail aux archives de l’administration de l’Assemblée a été menée en parallèle, afin de conférer une profondeur historique aux observations réalisées in situ. Dans une telle approche, les élus de l’Assemblée ne sont pas considérés comme les seuls protagonistes du monde parlementaire, mais seulement comme une catégorie spécifique d’individus qui le constitue. Ce travail s’intéresse en effet à l'ensemble des réseaux de coopérations qui permettent au pouvoir législatif de concrétiser l’idéal d’une souveraineté nationale.Du fait de la spécificité du corpus de données, cinq études de cas ont été réalisées, qui sont autant de chapitres de ce manuscrit. Le premier s’attache à dépeindre la fragmentation de l’espace parlementaire que permettent les technologies de contrôle d’accès. Le second détaille la manière dont les outils de travail collaboratif permettent d’envisager autrement l’activité de représentation parlementaire. Le troisième présente la réorganisation de l’administration parlementaire à la suite de la création du service des systèmes d’information. Le quatrième s’attarde sur les enjeux médiatiques qui s’articulent aujourd’hui autour de la machine de vote électronique de l’hémicycle. Le cinquième expose la stratégie médiatique déployée par l’Assemblée pour lutter contre l’antiparlementarisme.Finalement, s’il est clair que l’Assemblée d’aujourd’hui ne ressemble plus à l’Assemblée d’autrefois, il est tout aussi net que l’ensemble des évolutions de son infrastructure de communication a eu pour visée de préserver un certain nombre de principes considérés comme fondateurs de l’ordre parlementaire. De ce point de vue, l’Assemblée s’est tout autant transformée qu’elle est restée immuable, ce qui invite à interroger l'idée même du changement de l'ordre social. De la sorte, cette thèse entend proposer aussi bien des éléments de contribution à la réflexion sur les enjeux de la « révolution numérique », que sur ceux du devenir de la démocratie représentative dans le cadre de l'État-nation.

    Lucie Drechselová, Femmes et pouvoir local : processus d'engagement et trajectoires politiques féminines en Turquie, thèse soutenue en 2018 à Univerzita Karlova Prague sous la direction de Hamit Bozarslan et Jitka Malečková, membres du jury : Jan Zouplna et Élise Massicard  

    Cette thèse étudie la question de la sous-représentation des femmes dans la politique locale dans la Turquie contemporaine. Le niveau intermédiaire du politique – l’implantation locale des partis à l’échelle des municipalités – est abordé à travers une double approche : une différenciation parmi les principaux partis politiques (AKP, CHP, MHP, et les partis pro-kurdes – HDP et DBP) et une autre parmi trois configurations locales (Izmir, Trabzon et Diyarbakır). Les travaux de la littérature sociologique anglo-américaine sont mis en dialogue avec la sociologie politique française du militantisme, du personnel politique et des institutions. La perspective genrée est adoptée à travers l’ensemble de la thèse. Les recherches de terrain se sont déroulées en 2014, 2015 et 2016 à Izmir, à Trabzon et à Diyarbakır et ont pris la forme d’observations non-participantes et d’entretiens semi-directifs avec quelques deux cent élues municipales et femmes responsables de partis politiques. Conceptuellement, l’approche relative aux partis en tant qu’entités hétérogènes permet de relever les échanges qui se déroulent à travers la hiérarchie partisane. La place et le rôle des femmes dans le processus de sélection des candidats permettent de remettre en question la séparation artificielle entre le « local » et le « national ». Il devient apparent que les profils et carrières des femmes politiques sont intrinsèquement liés aux modalités de leur accès au mandat électif, qui à leur tour façonnent les manières par lesquelles les élues se saisissent de leur rôle. Les ethos partisans différenciés contribuent également à privilégier certaines stratégies d’action individuelle et collective sur d’autres. La recherche conclut que pour expliquer le niveau et les modalités de représentation féminine locale, le critère « partisan » prime sur les configurations locales, même si les deux perspectives sont in fine indissociables.

    Saliou Ngom, Femmes et politique au Sénégal : les dynamiques imbriquées d'inclusion-exclusion dans l'espace politique de l'indépendance à nos jours, thèse soutenue en 2017 à Paris 1 sous la direction de Jérôme Valluy, membres du jury : Abdou Salam Fall (Rapp.), Claire Lévy-Vroelant (Rapp.), Jane Freedman et Rémy Bazenguissa  

    Cette thèse interroge l’évolution de la place des femmes dans la société sénégalaise post-indépendance. Un partant de la présidence de Léopold Sédar Senghor, marquée par un fort nationalisme politique, une centralisation du pouvoir, puis une ouverture démocratique qui consacre le pluralisme politique, elle analyse toutes les configurations politiques post-indépendance (période du parti unique, ouverture politique, wolofisation, entrée des acteurs internationaux, alternance politique, parité) pour montrer comment s’y imbriquent à la fois des dynamiques d’exclusion et d’inclusion politique des femmes. Elle constitue ainsi une innovation en ce qu’elle rompt avec une tradition dans la recherche sur la condition politique des femmes qui s’inscrivait jusque-là dans une perspective linéaire ou séquentielle (étudiant la condition des femmes en partant d’une période d’exclusion à une période d’inclusion). Elle montre que dans les premières années post-indépendance, la construction élitiste du pouvoir politique autour du diplôme contribue à renforcer la position dominante des hommes (« évolués » puis technocrates). Cette configuration institue surtout une division sexuelle du travail politique qui cantonne les femmes « non instruites » ou wolofones dans leur rôle de mobilisatrices et d’animatrices dans les partis politiques et les femmes instruites dans les marges de la politique (mouvements sociaux et syndicaux). Mais les transformations sociales et culturelles (wolofisation), le développement du mouvement pour les femmes, l’intérêt progressif des organisations internationales à l’égalité de genre depuis les aînées 1980 permettent une féminisation de l’espace politique sans pour autant remettre en cause les rapports de genre. Ainsi les politiques de quotas, la constitutionnalisation de la parité, la mise en place de mécanismes de promotion de la femme comme la wolofisation, bien qu’elles permettent une féminisation des instances dirigeantes (Assemblées locales et nationale), montrent leurs limites quant à la transformation des rapports de genre aussi bien dans l’espace privé que dans l’espace public. Les résistances sociales et religieuses au féminisme confortent l’inefficacité des lois émancipatrices.