Claire Visier

Maître de conférences
Science politique.
Faculté de Droit et de Science politique

Arènes
  • THESE

    La cooperation culturelle francaise vers les pays maghrebins : nouveaux acteurs, nouveaux enjeux, soutenue en 1998 à AixMarseille 3 sous la direction de Jean-Robert Henry

  • Claire Visier (dir.), La Turquie d'Erdoğan: avec ou sans l'Europe ?, Presses universitaires de Rennes et OpenEdition, 2022  

    La tentative de coup d'État militaire du 15 juillet 2016, suivie d'un « coup d'État civil » orchestré par le gouvernement afin d'écarter toute opposition potentielle, a largement fini d'enterrer toute perspective d'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne (au moins à moyen terme). En décembre 2015, l'accord entre l'UE et la Turquie sur le dossier des réfugiés syriens et la crise migratoire avaient mené à l'ouverture d'un 15e des 35 chapitres de négociations. Certains s'étaient alors émus de la relance du processus d'adhésion à un moment où l'autoritarisme du président R.T. Erdoğan apparaissait chaque jour un peu plus important. Pour autant, l'ouverture de ce nouveau chapitre de négociation ne signifiait en aucun cas l'avancement de la Turquie dans le processus d'intégration européenne. L'objectif de cet ouvrage, fruit d'une recherche collective, est de réfléchir aux effets du processus d'élargissement initié par l'UE vers la Turquie au-delà de la question de l'adhésion ou même de l'alignement normatif que celle-ci requière. Plus qu'un objectif à atteindre, nous considérerons le processus d'adhésion comme un cadre d'interaction entre la Turquie et l'UE. Nous avons souhaité analyser les changements qu'il contribue à induire dans l'action publique turque au-delà des exigences requises par l'UE. En nous détachant de la finalité présumée du processus, nous avons cherché à réarticuler les enjeux auxquels celui-ci donne lieu à une historicité propre à la Turquie. Quatre études de cas ont été menées sur les migrations, les politiques territoriales, les privatisations et les droits syndicaux. Bien qu'il n'ait pas produit la démocratisation escomptée, le processus initié par l'élargissement de l'UE à la Turquie n'est pas resté sans effet. Il a d'une part joué un rôle dans l'approfondissement de l'intégration de la Turquie à l'économie mondiale et dans le développement de l'interdépendance entre la Turquie et l'UE. Il a d'autre part favorisé une extension du périmètre et du pouvoir d'action de l'État turc, sans que celle-ci ne soit accompagnée d'une transformation en profondeur des modalités de gouvernement. Ces effets mettent au jour les ambivalences turques, mais également européennes

    Claire Visier, Magdaléna Hadjiisky (dir.), Circulation des modèles d'administration, ENA, 2017, 230 p. 

    Claire Visier (dir.), La Turquie d'Erdoğan: avec ou sans l'Europe ?, Presses universitaires de Rennes, 2017, Res Publica, 277 p. 

    Claire Visier, L'État et la coopération, la fin d'un monopole: l'action culturelle française au Maghreb, l'Harmattan, 2003, Collection Logiques politiques, 338 p. 

    Claire Visier, La coopération culturelle française vers les pays maghrébins: nouveaux acteurs, nouveaux enjeux, Atelier national de reproduction des thèses, Université Lille 3, 1999, Lille-thèses 

    Claire Visier, La coopération culturelle française vers les pays maghrébins: nouveaux acteurs, nouveaux enjeux, 1998, 518 p. 

  • Claire Visier, « Reconsidering the role of non-public actors in Turkish policy-making », Mediterranean Politics, 2019, n°3, pp. 311-319 

    Claire Visier, « Circulation internationale et fabrique européenne de l’administration publique », Revue française d'administration publique , 2017, n° ° 161, pp. 5-18   

    Claire Visier, Magdaléna Hadjiisky, « Circulation internationale et fabrique européenne de l’administration publique », Revue française d’administration publique, 2017, n°1, p. 5 

    Claire Visier, « La Turquie : instrument de politisation, objet de politisation », 2009  

    La candidature de la Turquie à l’Union européenne a suscité une importante controverse dans certains pays européens, et en particulier en France. Cette controverse est intéressante à étudier d’autant que de nombreuses études montrent la difficile politisation des questions traitées au niveau européen. La politisation malaisée est souvent expliquée par le décalage qui existe entre l’espace politique communautaire et les espaces publics nationaux. Le premier serait marqué par l’existence de rés...

    Claire Visier, Jean-François Polo, « Les groupes d'intérêt turcs auprès des institutions européennes : une intégration bruxelloise », 2005, pp. 9-24    

    L'analyse des groupes d'intérêts turcs présents à Bruxelles fait apparaître un décalage entre les atermoiements actuels de la candidature et la très forte intégration de ces groupes dans l'espace politique communautaire bruxellois. Cette intégration s'accompagne cependant de conceptions et de pratiques de l'Europe qui demeurent encore fortement centrées sur une promotion de logiques nationales. Ces constats invitent à réfléchir sur les conditions d'accès à l'espace bruxellois et donc sur les caractéristiques et les règles du jeu propres à cet espace ainsi que sur les mécanismes de socialisation à l'UE. La socialisation individuelle des représentants des groupes d'intérêts à Bruxelles permet de saisir les logiques d'intégration dans l'espace politique bruxellois, mais ne suffît pas à rendre compte de l'investissement dans les croyances et manières de faire européennes. Le caractère plus ou moins sectorisé des groupes d'intérêt semble un paramètre majeur pour saisir l'européani- sation des manières d'envisager l'espace politique communautaire et intervenir.

    Claire Visier, « A la recherche de la société civile internationale : le cas de la coopération non gouvernementale en Méditerranée », 2003, pp. 165-185    

    D'un usage généralisé, la notion de « société civile internationale » ou « mondiale » est employée de façon très large et demeure imprécise. Plus qu'une réflexion générale sur ce qu'est ou devrait être la « société civile internationale », nous privilégions ici une analyse empirique d'une dynamique civile internationale. A partir de l'analyse de la coopération d'ONG au niveau euro-méditerranéen et des Forums civils Euromed, il s'agit de décrypter les enjeux inhérents à ce type de mobilisations et de repérer les différents acteurs qui y prennent part. L'objectif est de re-questionner, voire de dépasser l'archéologie simplificatrice de l'émergence d'une « société civile internationale » comme résultat mécanique, spontané et nécessaire de la globalisation. L'analyse met en évidence que la tentative d'organisation au niveau européen des ONG opérant en Méditerranée n'est pas véritablement le fruit d'une démarche autonome mais plutôt le résultat d'un travail avant tout initié de l'extérieur, parla Commission européenne en l'occurrence. Cette hétéronomie de la mobilisation pose aujourd'hui problème. Tandis que la plupart des ONG actives en Méditerranée éprouvent des difficultés à se structurer au niveau européen, les illusions engendrées par la politique communautaire en direction de la Méditerranée, le manque de moyens de la Commission, mais aussi plus fondamentalement sa culture politique vis-à-vis des ONG, rendent l'incantation à la société civile plus perverse que mobilisatrice. Les structures étatiques nationales jouent également un rôle fondamental pour l'accès à l'espace international. Dans le cas spécifique des Forums étudiés, la médiation nationale entraîne toutefois une dilution de la spécificité du positionnement des ONG. Les choix faits dans l'organisation de la manifestation vont dessiner une « société civile internationale » aux contours lissés et simplifiés, finalement peu représentative de la réalité complexe et multiple des sociétés civiles nationales.

  • Claire Visier, Elise Massicard, « Repenser la conditionnalité? L'UE et la politique régionale en Turquie », Ateliers thématiques du projet CoesioNet : réseau d'études et de recherches sur la cohésion et les territoires en Europe (CERI/DATAR), Paris, le 27 juin 2011 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Gözde Aytemur, Les procureurs en Turquie, des « empereurs sans pouvoir » ? Étude d'un groupe professionnel pris entre la managérialisation et la politisation de la justice, thèse soutenue en 2022 à université ParisSaclay sous la direction de Benoit Bastard et Zeynep Verda Irtis-Dabbagh, membres du jury : Cécile Vigour (Rapp.), Élise Massicard (Rapp.), Ipek Merçil et Christian Mouhanna  

    Cette thèse porte sur le groupe professionnel des procureurs en Turquie et s'intéresse plus particulièrement à la transformation de leur activité sous l'effet de l'adoption des réformes du droit dans les années 2000 ainsi que de l'intensification des crises politiques dans le milieu judiciaire suite à l'émergence des affaires de corruption en 2013. Les réformes de la justice, qui avait visé à rendre l'institution plus efficace en s'appuyant sur le développement de pratiques managériales, ont conféré aux procureurs un rôle de premier plan, faisant d'eux les « empereurs de l'enquête ». Or, les procureurs ont connu dans la période étudiée des expériences qui se caractérisent au contraire par une grande impuissance ainsi que par la perte de leur autonomie en raison tant des contraintes managériales que des interventions politiques. Dans la pratique, cette impuissance judiciaire se manifeste d'une part dans la mise en place d'un système dans lequel ils délèguent leurs responsabilités judiciaires à la police durant la conduite de l'enquête ainsi qu'au juge qui reste dominant dans le déroulement des audiences et la décision finale. C'est pourquoi, contrairement au discours des réformes, les procureurs se considèrent comme « empereur sans pouvoir » dans l'exercice de leur métier. D'autre part, comme une conséquence de l'intensification récente des crises politiques, l'impuissance des procureurs résulte du fait que le pouvoir exécutif a pris, pour se protéger, des mesures légales qui affaiblissent les procureurs en les mettant sous la surveillance d'autres acteurs, la police, les préfets et les juges. Les procureurs font l'expérience de toutes sortes d'injustices dans l'évaluation de leur travail et doivent faire face à la normalisation de la pratique du favoritisme au sein du monde judiciaire et à la disparition de la méritocratie dans leur métier.La thèse est composée des chapitres suivants.Le premier chapitre de la thèse évoque les défis méthodologiques qui se sont posés à la chercheuse compte tenu des fluctuations du contexte politique et présente le travail réalisé sur le terrain. La thèse s'appuie notamment sur un ensemble de trente-deux entretiens réalisés entre 2012-2016 ainsi que sur des observations et l'étude de récits biographiques.Le chapitre 2 place le procureur dans le système judiciaire en Turquie dans une perspective socio-historique. Cette quête des racines du groupe professionnel montre les tendances récurrentes des procureurs dans leur réponse à l'instabilité politique.Le troisième chapitre, montre comment les réformes du droit engagées dans les années 2000 ont transformé les pratiques des procureurs et comment ceux-ci ont reçu et traité les impératifs managériaux.Le dernier chapitre examine les effets de l'intensification des tensions politiques sur l'exercice des activités judiciaires des procureurs et propose une analyse de leur positionnement face au renforcement de la politisation de la justice.L'ensemble de la recherche permet d'engager une réflexion plus générale sur l'évolution de ce groupe professionnel pris, depuis sa création, dans des tensions fortes entre la poursuite de l'idéal du métier - en tant que gardien du régime ou protecteur de l'ordre - les nouvelles injonctions managériales et le rapport de force avec les instances politiques.

    Aykız Doğan, L'étatisation turque dans l'entre-deux-guerres et ses acteurs : construire un ordre mondial par l'expertise, thèse soutenue en 2022 à Paris 1 sous la direction de Roser Cussó, membres du jury : Jay Rowell (Rapp.), Johanna Siméant-Germanos (Rapp.), Philippe Bourmaud et Martine Kaluszynski  

    Cette thèse s’appuie sur une enquête multisituée et archivistique et met en dialogue différents travaux scientifiques français, turcs et anglo-saxons en sociologie, histoire et science politique. Examinant le rôle de l’expertise étrangère et des acteurs internationaux dans l’édification d’un État-nation, la thèse s’inscrit dans un domaine de recherche qui n’a pas été étudié en profondeur. L’étatisation turque de l’entre-deux-guerres constitue un exemple d’internationalisation des pays qui, après avoir affirmé leur indépendance politique, se sont construits comme État-nation selon des modèles et des structures internationales hégémoniques. À travers plusieurs études de cas dans les domaines de la statistique, de la justice, de l’éducation et de l’industrialisation, nous analysons le rôle de l’expertise et des acteurs internationaux qui contribuent à la traduction des modèles internationaux dans le contexte national turc et participent de diverses manières à la construction de l’État. Nous observons les interactions et la rencontre de ces acteurs externes avec une culture politique préexistante et ses élites. Ce travail permet de situer et de saisir les conditions de la construction d’un nouvel État et d’une nouvelle économie dans un contexte global, et d’observer les stratégies d’internationalisation de celui-ci pour renforcer sa compétitivité sur la scène internationale. Ce questionnement sur le passé permet de mieux comprendre, non seulement la Turquie contemporaine, mais aussi l’ordre international actuel.

    Catherine Laidin, Quand L'Europe promeut le rural : le programme LEADER en France et en Italie, thèse soutenue en 2019 à Rennes 1 sous la direction de Romain Pasquier et Marielle Berriet-Solliec, membres du jury : Xabier Itçaina (Rapp.), Fabienne Leloup (Rapp.), Andy Smith  

    Le programme européen LEADER mis en place au début des années 1990 renouvelle la question de la prise en charge des zones rurales, à partir d’un nouveau paradigme, le développement rural néo-endogène. Il expérimente une nouvelle forme de conduite de l’action publique fondée sur la coopération des acteurs socio-économiques et des acteurs publics locaux et le partenariat entre les pouvoirs locaux et les autorités de gestion, l’État ou les Régions, suivant les orientations données par l’Union européenne. Cette thèse interroge les effets domestiques du programme européen LEADER près de trois décennies après sa mise en place, tant au niveau des politiques publiques «policies» que de la vie politique «politics». En adoptant une posture de recherche issue du réalisme critique, nous mobilisons le cadre théorique de la sociologie politique de l’action publique et en particulier les travaux sur l’européanisation. Nous portons une double attention sur les acteurs en situation et à leurs échanges et sur les organisations tant du point de vue de leur inertie que des changements qu’elles suscitent. En analysant les usages du programme par les autorités de gestion et les groupes d’action locale, nous montrons la mise en place de processus de convergence et de différenciation au niveau régional puis au niveau local dévoilant un encastrement de pouvoirs asymétriques de l’Europe au local. Nous mettons en évidence trois mécanismes, une socialisation donnant lieu à des apprentissages, un renforcement du réseau d’action publique locale et une politisation au niveau régional et local.

    Jean-Baptiste Le Moulec, Janissaires du savoir : sociologie des producteurs et diffuseurs de savoirs sur le Moyen-Orient en Turquie (1998-2015), thèse soutenue en 2016 à AixMarseille sous la direction de Gérard Groc, membres du jury : Élise Massicard (Rapp.), Mohamed Tozy (Rapp.), François Burgat et Aude Signoles  

    Cette thèse se propose d’explorer les modalités de constitution d’un domaine de production de savoirs dits académiques dépendant du pouvoir politique. La première partie examine la convergence de trajectoires individuelles vers une activité relativement nouvelle, située au carrefour de champ professionnels et centrée sur l’analyse de la politique étrangère turque menée depuis 2003 par le gouvernement du parti AKP. Partant de là, la seconde partie s’attache plus particulièrement aux liens des acteurs de l’espace identifié avec les responsables gouvernementaux. Il apparaît que ce domaine constitue un champ d’activité dont la structure concentrique découle de la proximité d’une communauté épistémique en son sein avec le champ politique. Par voie d’institutionnalisation et de cooptation du reste du champ, les membres de cette communauté parviennent à imposer une conception utilitaire des sciences sociales permettant de produire des savoirs convergent avec les priorités politiques du moment. La troisième partie examine donc le contenu de ces savoirs de sorte à démontrer le rôle de médiateur joué par le champ expert. Il se confirme alors que sa vocation est de convaincre diverses parties-prenantes, en Turquie et à l’étranger, de la légitimité et l’opportunité du projet hégémonique du gouvernement turc en direction du Moyen-Orient arabe. En définitive, par l’étude de cette configuration experte, a été aussi posé la question de la profondeur de la rupture créée par l’AKP dans le mode de gouvernement et les orientations géopolitique de la Turquie. L’analyse conclut à une rupture dans la continuité