Dans certains pays en Afrique, la survenue du handicap a longtemps été accompagnée par des explications mystiques ou par des imaginaires sociaux. C'est pourquoi, certains faisaient l'objet de sacrifices humains car leur sang aurait des pouvoirs magiques. Certaines de ces pratiques demeurent toujours. Selon Fall B. (2018, p.2) « la chasse aux albinos », en Afrique centrale et de l'est, a pris un essor dans les années 90 avec des conséquences comme des meurtres rituels à des fins de sorcellerie. Au Sénégal, avec l'absence d'arguments scientifiques sur la présence du handicap, la société a diffusé des « clichés, des préjugés, des stéréotypes » qui ont eu des effets directs sur certains groupes d'individus conduisant à une exclusion sociale. Cette exclusion se traduit par : « une situation socio-économique dégradée, ainsi que par un accès restreint à l'éducation, à l'emploi et aux soins de santé… » (Fall B., id., p.1). Ce traitement inégalitaire se constate parfois sur le plan éducatif chez les personnes en situation de handicap, les privant de leur droit à l'éducation. La Direction de la Planification et de la Statistique du Sénégal, dans son enquête de 2006 sur la situation sociodémographique, a révélé que 77,8% des personnes handicapées ne disposaient d'aucun niveau d'instruction contre 61,8% des non handicapées. A cela s'ajoute sur le plan matériel, une absence de prise en compte des personnes en fauteuil roulant se traduisant par les constructions en hauteur, les marches d'escalier devant les classes et la non mise en place de passerelles dans les établissements scolaires. Pour ceux qui souffrent de troubles cognitifs, la rareté des établissements pouvant les accueillir et leur non accès à l'école ordinaire rendent l'application du principe d'éducabilité impossible pour eux. Pour les déficients visuels, il n'existe qu'une seule école capable de les accueillir au Sénégal. L'insuffisance de formation du personnel scolaire sur la prise en charge des enfants handicapés dans les écoles ordinaires et la sensibilisation des enfants sur l'acceptation de la différence demeurent un blocage pour l'éducation inclusive. Mais aussi, la volonté des parents de ces enfants pour l'accompagnement scolaire reste un élément fondamental, car peu sont motivés à les soutenir vers la réussite. Dans cette perspective, cette problématique est sociologique et éducative. Sur le plan sociologique, il sera nécessaire d'interroger la représentation faite sur l'image des personnes en situation de handicap à travers les croyances, les mythes et coutumes. Et sur le plan éducatif, il sera question d'étudier les efforts faits en faveur de l'éducation de ces personnes sur le coté institutionnel, matériel et pédagogique ainsi que leurs limites.