Olivier Ihl

Professeur
Science politique.
Sciences Po Grenoble

Politiques Publiques, Actions Politiques, Territoires
  • THESE

    La Citoyenneté en fête : célébrations nationales et intégration politique dans la France républicaine de 1870 à 1914, soutenue en 1992 à Paris EHESS sous la direction de Mona Ozouf 

  • Olivier Ihl, Le Vieux de la Montagne: Filippo Buonarroti à Grenoble, Éditions du Croquant, 2023, Sociologie historique, 319 p. 

    Olivier Ihl, Le premier portrait photographique, Paris 1837, Editions du croquant, 2018, Sociologie historique, 238 p. 

    Olivier Ihl, Olivier Ihl, Gilles J. Guglielmi, Gilles J. Guglielmi (dir.), El voto electrónico: presentación de Ángel Sánchez Navarro, Centro de Estudios Políticos y Constitucionales. Mº de la Presidencia, 2017, Cuadernos y Debates, 415 p. 

    Olivier Ihl, La barricade renversée: histoire d'une photographie, Paris 1848, Éditions du Croquant, 2016, Collection Champ social, 147 p.   

    Olivier Ihl, Une histoire de la représentation: Louis Marie Bosredon et le Paris de 1848, Éditions du Croquant, 2016, Collection Champ social, 421 p. 

    Olivier Ihl, Gilles J. Guglielmi (dir.), Le vote électronique, LGDJ-Lextenso éd., 2015, 323 p.  

    La 4e de couverture indique : "L'adoption de formes de vote électronique est souvent saluée par de bruyantes prophéties, comme l'entrée dans la « cyberdémocratie », l'avènement de la « république électronique », l'éclosion de la « citoyenneté digitale ». Comme si ces équipements électoraux étaient dotés d'une force propre. Comme s'ils annonçaient une mutation radicale et irréversible de la vie civique. Les travaux réunis ici visent à mettre à l'épreuve cette manière de voir. À lui substituer une vue plus concrète et pour tout dire purement matérielle. Que recouvre vraiment cette évolution ? Réunissant les meilleurs spécialistes, portant sur plusieurs pays (Belgique, Chili, États-Unis, France), cet ouvrage explore les enjeux véritables de ce supposé tournant. Juristes, historiens, sociologues, informaticiens, politistes : les auteurs s'attachent à un même objectif. Faire la lumière sur ce qui se joue réellement dans ces dispositifs. Ils mobilisent pour cela les connaissances les plus actuelles, quitte à froisser des préjugés et à bousculer des faux-semblants. Une façon pour eux de prendre acte d'un fait essentiel : le vote électronique ne peut pas être envisagé comme une technique distincte du processus électoral, voire séparée de son environnement social et culturel. D'où leur invitation, lancée aux experts comme aux citoyens : celle de prendre au sérieux l'usage de ces nouvelles méthodes d'expression et de décompte des voix."

    Olivier Ihl, Olivier Cogne, Jean-Claude Duclos, Jacques Loiseau (dir.), Grenoble en résistance, Le Dauphiné, 2015, 169 p.   

    Olivier Ihl, Yves Déloye, Alfredo Joignant (dir.), Gouverner par la science : perspectives comparées, Presses universitaires de Grenoble, 2013, Libres cours, 288 p.  

    Scandales sanitaires, principe de précaution, risque sismique, etc., les médias sont le reflet de ce qu'on ne peut plus gouverner sans prévoir. Aujourd'hui les rapports entre science et pouvoir sont de plus en plus épineux, mais aussi de plus en plus imbriqués. L'analyse des ingénieries de gouvernement constitue une voie de recherche nouvelle, s'attachant à comprendre les interactions spécifiques entre savoirs académiques et pratiques bureaucratiques dans un contexte de mondialisation. Cet ouvrage de référence décrit les rapports entre sciences et action gouvernementale, à l'heure où se multiplient les interrogations sur l'expertise, la technocratie, et la substitution des compétences à la règle de la représentation. À travers les contributions des meilleurs spécialistes, l'ouvrage met ainsi en relief les effets sociaux de la recherche académique, et rend compte de la succession des modèles qui gouvernent les " sciences " de l'action publique. Il montre ainsi combien les sciences dans l'État peuvent se muer en sciences de l'État, et parasiter le jeu traditionnel de la représentation démocratique (4e de couv.)

    Olivier Ihl, Henri-Jacques Stiker, Jean-Louis Ribes, Corinne Théobald-Segalen, Nicolas Flamant [et alii], Réfléchir le management au miroir du handicap, Le bord de l'eau, 2013, 257 p.  

    La 4e de couv. indique : "Réfléchir le management au miroir du handicap, l'expression paraîtra énigmatique ; elle recouvre deux sens. Ce livre réfléchit au management de situations de handicap, toutes singulières. Il esquisse aussi une conception plus générale de la pratique du management. Sous cet angle, le management se réfléchit dans le miroir du handicap. Dix études sont proposées, centrées pour la plupart sur le récit d'un manager opérationnel auquel l'entreprise confie explicitement la responsabilité d'une équipe de travail.

    Olivier Ihl, Yves Déloye, L'acte de vote, Cairn et Presses de Sciences Po, 2012, Références  

    Ce livre se veut une invitation à redécouvrir les savoirs et les pratiques qui façonnent notre expérience du vote. N'en déplaise aux commentateurs de nos soirées électorales, l'élection n'est pas seulement le moyen de faire valoir une opinion, c'est aussi un rituel social, une mise en scène codifiée en fonction de multiples enjeux. Bulletin, scanner optique, carte électorale, urne,machine à voter : notre rapport aux instruments de la vie électorale se métamorphose. De nouvelles interrogations sur la façon d’élire et de se faire élire émergent, et l'histoire matérielle de la démocratie représentative ouvre à la réflexion de stimulantes pistes. Cet ouvrage de synthèse sur la dimension matérielle et socio-historique des opérations électorales rassemble les résultats de plusieurs enquêtes menées depuis une quinzaine d’années. Une histoire qui révèle les défis de l'acte de vote, entre technique et politique, mises en scène et mobilisation, archaïsme et modernité

    Olivier Ihl, Yves Déloye, Alfredo Joignant (dir.), Les sciences du gouvernement en France et au Chili: pratiques, usages, dispositifs, De Boeck, 2012, 200 p. 

    Olivier Ihl, Ghislain Waterlot, Éric Vial, Janine Chêne (dir.), La tentation populiste au cœur de l'Europe, Cairn et La Découverte, 2010, Recherches  

    Depuis quelques années, dans les démocraties européennes, se sont développés des partis et des mouvements qualifiés de « populistes ». En Autriche, en Suisse, aux Pays-Bas, en Italie mais également en France, au Danemark, en Belgique ou au Portugal. Devant l’ampleur du phénomène, certains observateurs ont évoqué le déferlement d’une lame de fond. À quelques semaines d’intervalle, en 2002, l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle française et le succès de la liste Pim Fortuyn aux Pays-Bas ont fini par convaincre les plus réticents. Sans cesse sollicitée, la notion de populisme est ainsi devenue un mot-valise : sans doute irremplaçable mais terriblement équivoque. Gagnant en extension ce qu’il perd en capacité de désignation, ce terme fonctionne autant comme épouvantail que comme principe de mobilisation ou catégorie d’analyse. C’est pour comprendre les ressorts et la portée de ce phénomène qu’a été réalisé cet ouvrage qui rassemble les meilleurs spécialistes européens (philosophes, historiens, politistes, sociologues ou juristes). Les auteurs montrent en particulier combien la notion de populisme doit être réexaminée, d’abord au regard des évolutions des formes de l’action publique dans les sociétés européennes. Ensuite, par rapport à la trame de ses usages les plus immédiats, notamment ceux visant à qualifier les leaders et mots d’ordre de mouvements qui prospèrent surtout par leur dénonciation des « pathologies » d’une démocratie confisquée. Une manière de mieux comprendre l’inscription sociale et historique de ces formes de mobilisation, d’éclairer les enjeux de ce tournant néopopuliste semblable à un nouveau spectre venant hanter le Vieux Continent

    Olivier Ihl, Yves Déloye, L'acte de vote, les Presses de Sciences Po, 2008, Références, 567 p.  

    Ce livre se veut une invitation à redécouvrir les savoirs et les pratiques qui façonnent notre expérience du vote. N'en déplaise aux commentateurs de nos soirées électorales, l'élection n'est pas seulement le moyen de faire valoir une opinion, c'est aussi un rituel social, une mise en scène codifiée en fonction de multiples enjeux - Bulletin, scanner optique, carte électorale, urne, machine à voter : notre rapport aux instruments de la vie électorale se métamorphose. De nouvelles interrogations sur la façon d'élire et de se faire élire émergent, et l'histoire matérielle de la démocratie représentative ouvre à la réflexion de stimulantes pistes. - Cet ouvrage de synthèse sur la dimension matérielle et sociohistorique des opérations électorales rassemble les résultats de plusieurs enquêtes menées depuis une quinzaine d'années. Une histoire qui révèle les défis de l'acte de vote, entre technique et politique, mises en scène et mobilisation, archaïsme et modernité. [4ème de couverture]

    Olivier Ihl, Le mérite et la République: essai sur la société des émules, Gallimard, 2007, NRF ( Essais ), 495 p.  

    La 4e de couverture indique : « Elles sont partout - dans les entreprises, les administrations, les académies, à l'école, à l'armée, dans le sport, la littérature, la science, les médias... abolies en 1790 par la Constituante au nom de l'égalité nouvelle, raillées par Tocqueville comme pâles imitations, "ni bien réglées ni bien savantes", des moeurs aristocratiques, les "distinctions" redeviennent très vite, pour la République, un moyen de conduire les esprits et les corps. On ne compte plus aujourd'hui les décorations officielles qui prétendent être la juste mesure du mérite. La "révolution disciplinaire" de Michel Foucault a érigé la peine en moyen de contrôle social. Or l'emprise de la récompense, autre technique du pouvoir, n'est pas moindre. Surtout depuis que l'émulation managériale en a fait une figure centrale de la dynamique capitaliste. Cette émulation décorative attendait son historien. Aujourd'hui banalisée et professionnalisée, hiérarchisée et fonctionnelle, la récompense au mérite, par des signes purement honorifiques ou des primes en numéraire, est devenue, pour la démocratie libérale, une entreprise permanente de cotation sociale. La démocratie n'a pas abaissé les grandeurs, encore moins avili les dignités comme le craignaient ses détracteurs, effrayés par la montée de la roture et de l'Etat. Non, elle en a fait un nouveau moyen de salut : à chacun de devenir, pour son bien, un émule - tout à la fois un rival et un exemple. »

    Olivier Ihl, Delphine Deschaux-Beaume, Jean-Pierre Galland, André Gauron, Frédérique Niel, Robert Fraisse, Alexandra Jonsson, Pierre Muller, Jean-Louis Quermonne, Anne-Cécile Douillet, Alain Faure, Jean-Pierre Gaudin, Laura Michel, Odile Join-Lambert, Yves Lochard, Jacqueline Estades (dir.), Les « sciences » de l'action publique, Presses Universitaires de Grenoble, 2006, Collection Symposium, 288 p. 

    Olivier Ihl, Jean-Claude Duclos (dir.), Grenoble en résistance: parcours urbains, Éd. "Le Dauphiné", 2004, 129 p.   

    Olivier Ihl (dir.), Catalogue des ouvrages du CERAT: 1968-2004, PACTE-Cerat, 2004, 173 p. 

    Olivier Ihl, El voto, LOM Ediciones, 2004, Serie universitaria, 170 p. 

    Olivier Ihl, Martine Kaluszynski, Gilles Pollet (dir.), Les sciences de gouvernement, Economica, 2003, Études politiques, 218 p. 

    Olivier Ihl, Janine Chêne, Éric Vial (dir.), La tentation populiste au coeur de l'Europe: [colloque, Grenoble, septembre 2001], Éditions La Découverte, 2003, Recherches, 313 p. 

    Olivier Ihl, Le vote, 2e éd., Montchrestien, 2000, Clefs ( Politique ), 160 p.   

    Olivier Ihl, Jean-William Dereymez, Gérard Sabatier (dir.), Un cérémonial politique: les voyages officiels des chefs d'Etat, l'Harmattan, 1998, Collection Logiques politiques, 315 p.   

    Olivier Ihl, La fête républicaine, Gallimard, 1996, Bibliothèque des histoires, 402 p.   

    Olivier Ihl, Le vote, Monchrestien, 1996, Clefs ( Politique ), 158 p.   

    Olivier Ihl, Yves Déloye, Claudine Haroche (dir.), Le protocole ou la mise en forme de l'ordre politique: [colloque international, 7, 8 et 9 juin 1995, Paris], l'Harmattan et Impr. Lavauzelle graphic, 1996, Logiques politiques, 352 p.   

    Olivier Ihl, Yves Déloye, Claudine Haroche (dir.), Le protocole,, Institut international d'administration publique, 1995 

    Olivier Ihl, Rites politiques et intégration nationale: Les Fêtes républicaines dans les campagnes de la Haute-Vienne (1880-1914), sn, 1988, 154 p. 

  • Olivier Ihl, Nathalie Dompnier, « Entrée : Observation of elections », in Déloye, Yves;Bruter, Michael; (dir.), Encyclopaedia of European elections, Palgrave Macmillan, 2007, pp. ?? 

    Olivier Ihl, Nathalie Dompnier, « Observation des élections », in Déloye Yves (dir.), Dictionnaire des élections européennes, Economica, 2005, pp. 485-487 

    Olivier Ihl, Martine Kaluszynski, Gilles Pollet, « Introduction. Pour une socio-histoire des sciences de gouvernement », in Ihl, Olivier;Kaluszynski, Martine;Pollet, Gilles; (dir.), Les sciences de gouvernement, Economica, 2003, pp. 1-21   

    Olivier Ihl, Yves Déloye, « Politix. », Des votes pas comme les autres, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1993, pp. - 

    Olivier Ihl, Yves Déloye, Avant-propos, Association française de science politique, Paris : Fondation nationale des sciences politiques (France), Paris : Association française de science politique et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1993, pp. 3-5    

    Ihl Olivier, Deloye Yves. Avant-propos. In: Revue française de science politique, 43ᵉ année, n°1, 1993. pp. 3-5.

  • Olivier Ihl, préfacier , Démocratiser les honneurs, Éd. Belin, 2004, - p. 

  • Olivier Ihl, « 1. Emmanuelle SIBEUD,  Post-Colonial et Colonial Studies : enjeux et débats , Revue d’histoire moderne & contemporaine, 2004/5 (n° 51-4bis), p. 87-95. [DOI : 10.3917/rhmc.515.0087] [https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2004-5-page-87.htm]. E. SIBEUD,  Du postcolonialisme au questionnement postcolonial : pour un transfert critique , Revue d’histoire moderne & contemporaine, 2007/4 (n° 54-4), p. 142-155. [DOI : 10.3917/rhmc.544.0142]. [https://www.cairn.info/revue-d-his », Outre-Mers , 2021, n° ° 410-411, p. -   

    Olivier Ihl, « L’obsession du réalisme. Sur trois expériences primitives de photographie (1837-1851) », 2019  

    Le critique de cinéma André Bazin proposa, au moment de la Libération, de caractériser la photographie par une donnée psychologique : la capacité de combler « notre appétit d’illusion par une reproduction mécanique dont l’homme est exclu ». Comme le cinéma, ce médium aurait rompu avec le souci esthétique, celui de représenter le monde. En organisant « un transfert de réalité de la chose sur sa reproduction », il viendrait satisfaire « définitivement et dans leur essence même l’obsession du ré...

    Olivier Ihl, « Ce que le populisme nous dit des évolutions de la démocratie représentative », 2019, pp. 713-723    

    Ihl Olivier. Ce que le « populisme » nous dit des évolutions de la démocratie représentative. In: Annuaire international de justice constitutionnelle, 34-2018, 2019. Égalité, genre et constitution - Populisme et démocratie. pp. 713-723.

    Olivier Ihl, « L’atelier du regard », 2017  

    Figure n° 1 – Lithographie de Louis-Marie Bosredon, chez Lemercier, Paris, rue de Seine, 1857 BNF, Estampes et photographie : SNR – 3 (BOSREDON, M. L.), cliché pers. En se constituant en champ de recherche (Terrenoire, 2006), la sociologie visuelle s’est principalement intéressée à la photographie et au film. Elle a délaissé, en revanche, les pratiques de représentation graphique qui restent, du coup, largement à découvrir. Le dessin ouvrier constitue l’un de ses temps forts. Sa capacité à m...

    Olivier Ihl, « Contre la laïcité. Le pavoisement de Jeanne d’Arc dans le Paris de 1909 », Revue d’histoire moderne & contemporaine , 2017, n° ° 64-1, pp. 63-84    

    La pratique du pavoisement n’a guère été interrogée au cœur de l’histoire des mobilisations politiques. Cet article qui porte sur la béatification de Jeanne d’Arc dans le Paris de 1909 l’aborde comme une acclamation visuelle, une forme alternative de mise en scène qui, sous prétexte de lever l’étendard du Peuple, permet aux milieux de la droite monarchiste et catholique de s’opposer à la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. Disqualifier la définition nouvelle de l’espace public : tel était l’enjeu de cet appel au drapeau censé donner naissance à une fête nationale concurrente du 14 juillet. Il faut y voir une prétention à la visibilité publique dressée contre la République du Bloc des gauches et contre la confessionnalisation du catholicisme. Pour dégager les ressorts de cette manifestation, on questionne ici le modèle de représentation dont le pavoisement se revendique ( vox populi, vox dei), puis les dispositifs d’encadrement et de mise en scène qui contribuent à fixer sa signification, enfin on mesure l’étendue de son emprise sociale et spatiale – une façon de savoir à quel degré cette représentation du peuple parisien peut incarner le thème d’une démocratie hostile à la laïcité et aux élections.

    Olivier Ihl, « Dans l’œil du daguerréotype », 2016  

    Le cliché ci-contre passe pour la « première illustration photographique d’un reportage dans les journaux » (fig.1).La rue du Faubourg-du-Temple lors des sanglantes journées de juin 1848 : telle est la scène capturée par ce célèbre daguerréotype. Sur l’image, une barricade se tient en travers de la rue déserte, tandis qu’en face une femme portant un bonnet blanc est penchée à une fenêtre. Elle regarde le photographe. Il est 7 h 30 du matin. En ce dimanche 25 juin, elle est la seule présence h...

    Olivier Ihl, « Trouble-fête en Révolution », Critique , 2016, n° ° 831, pp. 657-667   

    Olivier Ihl, « Le triomphe sonore de la République », Critique , 2016, n° ° 829-830, pp. 519-533   

    Olivier Ihl, « Riposte au dernier édito sur l’Europe », Humanisme , 2016, n° ° 310, pp. 22-24   

    Olivier Ihl, « Louis Marie Bosredon et l’entrée dans le  suffrage universel . Sociogenèse d’une lithographie en 1848 », 2015  

    L’image est devenue emblématique. Un ouvrier, poitrine découverte, délaisse d’une main son fusil pour déposer, de l’autre, un bulletin de vote dans l’urne du « suffrage universel ». La scène tient même lieu d’« icône incontournable ». Manuels scolaires, catalogues d’exposition, articles de presse, ouvrages spécialisés : tous célèbrent sa dimension allégorique. Comme pour en faire un contrepoint à la fameuse déclaration à la salle Saint-Jean au soir du 24 février. Là, au milieu des sabres et d...

    Olivier Ihl, « Le rire et le sacré : La révolte graphique du caricaturiste Louis Marie Bosredon en 1848 », Politix , 2015, n° ° 110, pp. 137-170    

    Après la chute de la Monarchie de Juillet, les images lithographiées se lancent à l’assaut du politique. Dès le printemps 1848, Louis Marie Bosredon, ouvrier socialiste, participe à cette révolte. Il multiplie les caricatures, notamment avec une série de dessins édités par Lordereau, rue Saint-Jacques ou par Bès et Dubreuil, rue Gît-le-Cœur. Comme pour mettre à bas l’éminence visuelle du roi. En s’efforçant de retrouver le temps et la narration de ces images fixes, cet article s’efforce de comprendre en quoi ces tirages participent de l’événement politique. Car la République n’a pas seulement ouvert, en 1848, un espace de libertés, celui des rires de lèse-majesté. Elle a tenté de donner son éclat à la souveraineté d’un peuple-roi. Longtemps inconnu, ce dessinateur n’a pas juste ri des grands qui chutaient. Il s’est appliqué à mettre en scène une autre formule de grandeur. Pour le mesurer, il faut interroger l’art comique de ce graveur. Non pas se contenter d’interpréter chaque dessin, en posant d’hypothétiques « significations », mais renouer avec leur structure sociale, notamment au travers les projets et dispositions qui, concrètement, ont pu les inspirer. Comment ses estampes, aujourd’hui presque sans vie, sont-elles entrées en insurrection ? Quel rôle le rire a-t-il joué dans cette recomposition du sacré en politique ? Un axe de recherche qui invite à expliquer de quoi se nourrit la révolte graphique de Louis Marie Bosredon, en somme, en quoi la caricature a pu donner libre cours à sa critique du gouvernement représentatif.

    Olivier Ihl, « Une autre représentation : Sur les pratiques d’acclamatio dans la France de la seconde à la troisième république », Revue française de science politique , 2015, n° 65, pp. 381-403    

    Le droit de vote n’est ni la première ni la seule forme de représentation politique. Au 19e siècle, sa prééminence lui est disputée par des pratiques qui ont pour nom pavoisement, illumination, hymne ou vivat collectif. Des formes collectives de résolution dont il est difficile rétrospectivement de comprendre la force ou le rôle, sauf à rappeler que la démocratie fut d’abord un gouvernement d’assemblée. Son électoralisation explique pourquoi on ne pavoise et acclame plus guère de nos jours. Cet article s’efforce de comprendre pourquoi, c’est-à-dire ce que ces formes d’expression politique nous apprennent sur la démocratie électorale. L’analyse sociohistorique apporte de précieuses connaissances. Elle montre notamment dans quels termes la représentation-mandat s’est distinguée de la représentation politique dans son ensemble.

    Olivier Ihl, « Sur les origines de la revendication proportionnelle », Revue Française d'Histoire des Idées Politiques , 2013, n° ° 38, pp. 367-388    

    Cet article s’efforce de montrer ce que peut apporter une lecture centrée sur la carrière des revendications proportionnalistes depuis le xixe siècle. L’idée est de faire droit aux processus concrets par lesquels la question du vote proportionnalisé est parvenu à devenir une représentation sociale puis une ingénierie de gouvernement. Ce qui est notamment une manière plus réaliste de rendre compte de la notion d’« influence » en matière de procédé électif. Au final, l’entrée en jeu de chaque nouvelle régulation électorale peut être étudiée par elle-même comme les réseaux et supports de diffusion, penseurs et écrits mobilisateurs, qui ont servi à construire la légitimité de chaque réforme électorale.

    Olivier Ihl, « Avant-propos. Les sciences du gouvernement en France et au Chili : pratiques, usages, dispositifs », Revue internationale de politique comparée , 2013, n° 19, pp. 7-17   

    Olivier Ihl, « Objetividad de Estado. Sur la science de gouvernement des Chicago Boys dans le Chili de Pinochet », Revue internationale de politique comparée , 2013, n° 19, pp. 67-88    

    RésuméCet article s’efforce de circonscrire les formes et enjeux de la circulation internationale de certains modèles d’action gouvernementale en revenant sur la littérature prétendument scientifique consacrée à l’aventure des Chicago Boys dans le Chili autoritaire de Pinochet. La puissance dictatoriale chilienne ne fut pas que militaire. Elle fut aussi économique. Ses « élites scientifiques », formées à l’Université de Chicago, formèrent de véritables bastions d’un nouveau militantisme savant. Les Chicago Boys, menés par Milton Friedman, donnèrent légitimité et objectivité à la doctrine économique d’Augusto Pinochet. Comment ses savoirs spécialisés ont-ils été enrôlés par l’État ? Comment cette prétendue science économique s’est-elle constituée en dispositif de gouvernement ? Il importe pour répondre à ces questions de dégager leurs modes de diffusion (logique d’accréditation), leurs procédures de consécration (logique de certification) ainsi que les mobilisations de soutien ou de défiance dont ils pu faire l’objet (logique de légitimation).

    Olivier Ihl, Yves Déloye, Alfredo Joignant, « Les sciences du gouvernement en France et au Chili : pratiques, usages, dispositifs », Revue internationale de politique comparée, 2012, p. 200 

    Olivier Ihl, « L'Urne et le fusil : Sur les violences électorales lors du scrutin du 23 avril 1848 », Revue française de science politique , 2010, n° 60, pp. 9-35    

    RésuméÉtudier les pratiques de violence électorale, c’est réfuter un idéalisme tenace. La règle électorale ne s’est pas formée contre la violence, ni en dehors d’elle, mais au cœur de celle-ci, en utilisant ses éléments matériels pour se construire et se justifier. C’est ce que montre cette vaste enquête de terrain sur les violences du 23 avril 1848, date du premier scrutin du suffrage universel. De lutte, la politique s’est muée en une compétition. Comprendre la façon dont les règles du jeu électoral ont pu pacifier les luttes pour l’accès aux positions de pouvoir suppose de prendre acte que les violences politiques ont une histoire, une histoire inséparable des formes de l’État comme des rapports sociaux.

    Olivier Ihl, « Pour une histoire matérielle des récompenses », Hypothèses , 2008, n° 12, pp. 233-238   

    Olivier Ihl, « Une fidélité épinglée. Récompenses honorifiques et stratégies clientélaires dans le Grenoble du ministre Alain Carignon », 2008, pp. 493-513    

    L’attribution d’une décoration est l’un des rituels les plus éprouvés pour faire corps : autour d’une figure de notable, autour d’une équipe municipale, autour d’une fierté territoriale. Cérémonie familière, la remise de médaille est pourtant rarement interrogée. Comme si cette pratique était abandonnée au carnet mondain. Elle est pourtant un des moyens les plus efficaces pour comprendre combien la politique peut se transformer en relations personnelles : les mandats d’Alain Carignon dans le Grenoble des années 1983-1995 en offrent une illustration. Cependant, pour en saisir le rôle en matière de récompenses honorifiques, une vigilance toute particulière s’impose. Qui sont véritablement les récipiendaires ? Pour quelles raisons sont-ils distingués ? À qui doivent-ils leur reconnaissance ? Interroger les conditions d’obtention de telles marques d’exemplarité, c’est rencontrer le problème de leurs usages et cela au coeur des stratégies de constitution et de reproduction d’un fief électoral.

    Olivier Ihl, « Hiérarchiser des égaux : Les distinctions honorifiques sous la révolution française », Revue Française d'Histoire des Idées Politiques , 2006, n° °23, pp. 35-53    

    RésuméLa proclamation de l’égalité devait entraîner, non seulement l’abolition des privilèges dès la nuit du 4 août, mais encore celle des « signes de féodalité » le 19 juin 1790 ; les décorations honorifiques seront aussi bientôt frappées de discrédit. Tout système de distinction ne disparaît pas pour autant sous la Révolution française ; cependant « l’égalité absolue étant la base de la Constitution, les récompenses doivent être calculées de manière à ne pas la blesser ». Cette contrainte sera désormais assumée à travers différents procédés qui universaliseront un principe d’émulation honorifique, fondé sur l’exemplarité civique.

    Olivier Ihl, « Pour une histoire matérielle de la démocratie », Critique , 2005, n° ° 697-698, pp. 484-495   

    Olivier Ihl, Yves Déloye, « Pour une histoire matérielle de la démocratie », Critique : revue générale des publications françaises et étrangères, 2005, n°697698, pp. 484-495 

    Olivier Ihl, « Récompenser la vertu: sur la charité scientifique de l’Académie des Sciences morales et politiques », 2005, pp. 871-892    

    Depuis le XIXe siècle, l’Académie des sciences morales et politiques s’emploie à récompenser des «actes de vertu et des services rendus à la société et à l’humanité» par les plus pauvres. Cette rétribution des vertus de la misère ne se limite pas au célèbre prix Montyon. Rien qu’entre 1850 et 1900, ce sont près de 80 concours à caractère humanitaire et philanthropique qui ont été confiés à la «première institution française à couvrir le champ des sciences humaines» . Aujourd’hui encore, cette dernière dispense plus d’une cinquantaine de prix, bourses, médailles et diplômes auxquels s’ajoutent de nombreux secours caritatifs. Cet article vise à prendre la mesure de tels concours de la misère. La préoccupation qui sert de bannière à cette justice distributive ? Transformer des conduites jugées exemplaires en objets de récompense, susciter une émulation apte à moraliser le corps social. Au nom d’un idéal de connaissance se décline une vocation. La science est élevée ici au tribunat d’une «oeuvre» : elle doit célébrer l’indigence vertueuse. C’est pourquoi il importe de revenir sur les attendus de ce qu’il faut bien appeler une technique de gouvernement : celle d’une science politique des récompenses dont il est nécessaire de comprendre les fondements et les enjeux, les origines et l’actualité.

    Olivier Ihl, « Le pouvoir de la règle », 2004  

    La réforme du mode de scrutin ne manque jamais en France de soulever les plus vives controverses. Quelle que soit son ampleur, elle provoque des réactions passionnées, et déjà chez ceux dont la position dépend des configurations de jeu que cette règle délimite. Quel est au juste le pouvoir de régulation d’un mode de scrutin ? De quelle force bénéficie ce type de disposition électorale ? Si le vote est un procédé par lequel les voix recueillies conditionnent une décision collective, ce que l’o...

    Olivier Ihl, « Gouverner par les honneurs. : Distinctions honorifiques et économie politique dans l'Europe du début du xixe siècle », Genèses , 2004, n° 55, pp. 4-26    

    RésuméL’auteur s'interroge, au titre de la genèse d'une science de gouvernement, sur l'entrée des honneurs dans le giron de l'économie politique. À la façon dont les traditionnels « bienfaicts » monarchiques se sont constitués en technique de gouvernement à part entière. En somme, à la manière dont ils sont devenus sous le label de l'émulation un mode de motivation et de classement des agents des administrations publiques, en France, en Grande-Bretagne et en Italie. Car très vite, ce mot d'ordre est devenu un lieu commun : celui d'une science du mérite réputée ouvrir la voie à un gouvernement par les récompenses. C'est à en comprendre les conditions d'invention mais aussi la force d'accréditation qu'est consacrée cette enquête.

    Olivier Ihl, « Conspirations et science du pouvoir chez François Guizot », Revue Française d'Histoire des Idées Politiques , 2004, n° ° 19, pp. 125-150    

    RésuméLa conception que développa François Guizot des complots, brigues et autres attentats, dans un texte publié en 1821, se veut proche d’une science de gouvernement. Science qui, à la manière du caméralisme allemand, prétendait fondre la philosophie politique et les préceptes de l’action administrative en une sorte de savoir d’État destiné à incarner une autre rationalité sur et dans la gestion de l’ordre public. Un travail d’autant plus intéressant qu’il inspirera la loi du 23 avril 1832 et que son auteur sera lui-même confronté, comme ministre de Louis-Philippe, à des mouvements insurrectionnels qui mettront à rude épreuve cette conception de la science du pouvoir.

    Olivier Ihl, « Une ingénierie politique. : Augustin Cauchy et les élections du 23 avril 1848 », Genèses , 2002, n° 49, pp. 4-28    

    RésuméL’article examine ce que recouvre l’expertise des mathématiciens et géomètres de l’Académie des sciences dans l’organisation du suffrage universel lors du scrutin du 23 avril 1848. L’historiographie n’a cessé d’insister sur le rôle prééminent des juristes, emmenés par Louis de Cormenin, dans ces préparatifs. Or, l’emprise des ingénieurs réformateurs fut essentielle. Et avec eux une “ science de gouvernement ” examinée ici. Celle d’un savant : Augustin Cauchy, célèbre mathématicien français du xixe siècle. Celle d’un réseau aussi : celui des Ponts et Chaussées et de l’École polytechnique. Analyser leur part dans les Instructions électorales d’avril 1848 ne revient donc pas à réparer une injustice mais à analyser l’entrée en jeu d’une véritable ingénierie électorale.

    Olivier Ihl, « Pour une sociologie historique des sciences de gouvernement », Revue française d'administration publique , 2002, n° 102, pp. 229-243   

    Olivier Ihl, « Socialisation et événements politiques », 2002, pp. 125-144    

    political judgments for a long time, reducing them to an often one-dimensional construction. This article reconsiders what this work has brought, with a question that acts as the main idea : how can a political experience become a symbol and thus an agent of socialization in and of itself ? In the last few years, stimulating answers have been given to this question, at the inter­section of the problematics, concepts and stakes for each of the major study traditions that orga­nize the understanding of political socialization. This leads to an invitation to widen the usual definition of political socialization so as to better understand the way in which the junction between political events and the formation of attitudes occurs.

    Olivier Ihl, « La république des titres et des honneurs », 2000, pp. 115-137    

    Ihl Olivier. La république des titres et des honneurs. In: Communications, 69, 2000. La déférence, sous la direction de Claudine Haroche. pp. 115-137.

    Olivier Ihl, « De bouche à oreille. Sur les pratiques de commensalité dans la tradition républicaine du cérémonial de table », 1998, pp. 387-408    

    Depuis deux siècles, la pratique des banquets publics est devenue à la lettre un rituel de représentation politique. D'où l'intérêt de s'interroger sur les vertus démonstratives de cette commensalité subordonnée à des fonctions précises. Dégager la structure ordonna­trice de ces repas en commun, c'est en fait se donner les moyens de comprendre comment, à égale distance de l'idéal de civilité aristocratique et de la frugalité ascétique de la Cène chrétienne, cette convivialité d'apparat a pu donner forme à des modes spécifiques de sociabilité et de mobilisation. Comment ce cérémonial de table a pu mettre en scène une intimité collective présentée et parfois expérimenté comme une alternative au rapport de délégation célébrée par le développement de l'État parlementaire.

    Olivier Ihl, Yves Déloy, « Le XIXe siècle au miroir de la sociologie historique », 1996 

    Olivier Ihl, « “Quoi ! Ne faut-il donc aucun spectacle dans une république ?” », Les cahiers de médiologie , 1996, n° ° 1, pp. 201-207   

    Olivier Ihl, « La civilité électorale : vote et forclusion de la violence en France (Partie 1) », 1993  

    Les incitations ne manquent pas qui poussent les acteurs sociaux à concevoir l'ordre politique moderne comme un idéal de rationalité et de fonctionnalité garant d'une véritable pacification des esprits et des corps. En caractérisant l'Etat à travers sa capacité à revendiquer "le monopole de la contrainte physique légitime", Max Weber établit une affinité très forte entre la forclusion de la violence privée et l'avènement d'un mode de domination rationnelle-légale. Parce qu'"il n'existe de nos...

    Olivier Ihl, « La civilité électorale : vote et forclusion de la violence en France (Partie 2) », 1993  

      L'ordre du vote contesté On l'a vu : construit spatialement et normativement, le vote instaure un ordre symbolique qui impose une éradication complète des expériences de violence. Aussi, dans l'imaginaire démocratique, l'électeur-citoyen a-t-il pour figure symétriquement inverse l'insurgé : celui, dont la conduite dans l'espace public opère une sorte d'inversion du comportement idéal que les manuels scolaires assignent au futur citoyen. Cependant, cet ordre aux multiples figures n'a pas a...

    Olivier Ihl, « Les territoires du politique. Sur les usages festifs de l'espace parisien à la fin du XIXe siècle », 1993, pp. 15-32    

    Les territoires du politique. Sur les usages festifs de l'espace parisien à la fin du XLXe siècle. Olivier Ihl [15-32]. L'examen du rôle tenu par Paris dans le système festif républicain permet de saisir l'incidence des représentations territoriales dans le processus de construction de la citoyenneté. Il en dévoile surtout les coordonnées symboliques : au travers des pratiques festives initiées par les autorités, Paris se vit assignée un mode de centralité original, fondée sur la dissociation fonctionnelle du dispositif empirique de la ville et du support imaginaire de la capitale. Une dissociation qui a abouti à déterritorialiser le sentiment d'appartenance à la nation, en suscitant des formes de connivences et de sociabilité affranchies des logiques traditionnelles de l'univers communautaire.

    Olivier Ihl, « L'urne électorale. Formes et usages d'une technique de vote », 1993, pp. 30-60    

    Instrument essentiel de la pratique électorale, l'urne a connu, à l'instar de la plupart des équipements du vote, une mise en œuvre largement improvisée. Véritable « objet total », elle symbolise à elle seule la primauté acquise par cet idéal de rationalité politique que l'on désigne comme démocratique. L'étude de son inscription au cœur du dispositif électoral permet de mieux comprendre le rôle des protocoles techniques qui encadrent la pratique du vote. Car, avant d'être un produit standardisé, la boîte de scrutin a fait l'objet de multiples expériences : des tâtonnements, des résistances, des transactions dont l'importance est révélatrice des attentes qui pèsent sur le suffrage universel.

    Olivier Ihl, Yves Déloye, « Légitimité et déviance. L'annulation des votes dans les campagnes de la IIIe République », 1991, pp. 13-24    

    Déloye Yves, Ihl Olivier. Légitimité et déviance. L'annulation des votes dans les campagnes de la IIIe République. In: Politix, vol. 4, n°15, Troisième trimestre 1991. La politique en campagnes, sous la direction de Jean-Louis Briquet et Yves Déloye. pp. 13-24.

    Olivier Ihl, Yves Déloye, « Des voix pas comme les autres. Votes blancs et votes nuls aux élections législatives de 1881 », 1991, pp. 141-170    

    L'acte de vote représente un terrain d'observation privilégié du travail d'éducation politique à la fin du 19e siècle. Entreprendre une ethnographie de ce geste électoral suppose que l'on soit tout aussi attentif à ses formes légitimes qu'à celles, contestataires ou déviantes, que sont généralement l'abstention ou le vote « blanc et nul ». L'étude approfondie des bulletins annulés au cours des élections législatives de 1881 met notamment en évidence la pluralité des savoir-faire engagés dans cette procédure de désignation. Elle informe également sur la nature des résistances qui ont pu se manifester lors de la mise en œuvre de la citoyenneté républicaine. Une telle perspective aboutit ainsi à reformuler la valeur du suffrage : celui-ci n'est plus envisagé à partir des significations propres à la scène politique mais du point de vue de l'électeur, des attentes qui pèsent sur lui, de l'apprentissage auquel il lui a fallu consentir.

  • Olivier Ihl, A. Corbin : Le village des cannibales, Association française de science politique, Paris : Fondation nationale des sciences politiques (France), Paris : Association française de science politique et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1991, pp. 583-586    

    Ihl Olivier. A. Corbin : Le village des cannibales . In: Revue française de science politique, 41ᵉ année, n°4, 1991. pp. 583-586.

  • Olivier Ihl, « La crise de la démocratie parlementaire », le 21 mars 2024  

    Colloque organisé pour le CMH, Université Paris-Cité par Alain Laquièze, Eric Peuchot et Jean-Félix de Bujadoux

    Olivier Ihl, « Le vote et ses critiques », le 21 avril 2023  

    Cycle d'ateliers organisé par l'ISP et les Universités de Paris-Nanterre et de Franche Comté, avec le CNRS

    Olivier Ihl, « Populisme et démocratie », le 03 septembre 2018 

    Olivier Ihl, « Sciences de gouvernement. Circulation(s), traduction(s, réception(s) », le 16 décembre 2010 

    Olivier Ihl, Martine Kaluszynski, « La peine et la récompense. Entre gouvernementalité et sciences de gouvernement », Le politique vu avec Foucault. Quelle est la fécondité des outils de Michel Foucault pour analyser le politique ? Colloque international / Sciences Po, Paris, le 07 janvier 2005   

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Gabriela Molina-Mendez, Vers un État culturel ? : Métamorphoses de la politique culturelle au Chili (2003-2017), thèse soutenue en 2023 à Université Grenoble Alpes, membres du jury : Fernand Harvey (Rapp.), Emmanuel Négrier (Rapp.), Jonathan Paquette, Maite De Cea Pe et Almudena Delgado Larios  

    Alors que l’État recule son intervention dans divers secteurs depuis le régime d’Augusto Pinochet, dès le retour à la démocratie, le Chili est témoin d’une croissante action publique dans le domaine de la culture et des arts. Cette thèse vise donc à saisir ce paradoxe où le rôle de l’État intervient dans la politique culturelle dans un pays considéré autrefois comme un « laboratoire de réformes néolibérales ». Appuyés sur le néo-institutionnalisme historique dans son versant idéationnel, il s’agit ici d’explorer les métamorphoses de la politique culturelle chilienne selon le rôle que l’État adopte. L’analyse aborde ainsi les idées concernant ce rôle dans la politique culturelle chilienne, les règles formelles et informelles et les ses grandes orientations programmatiques du Conseil National de la Culture et des Arts (CNCA) au cours des quatre gouvernements où il a existé.Notre thèse soutient que le rôle de l’État a toujours répondu au principe de subsidiarité, avec certaines nuances, jusqu’au deuxième gouvernement de centre gauche de Michelle Bachelet. Si la politisation du CNCA — notamment le poste de son président qui possède également le statut de ministre — se manifestait progressivement et mettait en péril le principe d’arm's length, à partir de 2014 une double politisation de la politique culturelle est observée. En effet, l’expansion de notion de culture (le « tout culturel »), de participation, de diversité culturelle, un changement dans la conception du financement public culturel et en définitive, la mise en place d’un projet de démocratie culturelle, expriment un tournant vers un État culturel. Ceci expliquerait la visée politique qui implique le passage d’un Conseil à un Ministère des Cultures, des Arts et du Patrimoine en 2018.

    Benjamin Kernaonet Ledauphin, Théorie Politique de l'alternative socialiste utopiste au concept de mérite Républicain au 19ème siècle en France. Etude exégétique des théories de Charles Fourier, Etienne Cabet, Claude-Henri de Rouvroy de Saint-Simon., thèse en cours depuis 2023  

    Tandis que la France du 19ème siècle cherchait dans l'économie politique et dans les honneurs les fondations d'une nouvelle hiérarchie sociale et un sens de la justice, les utopistes socialistes pensaient dans une autre direction, celle de l'abandon de ce principe de hiérarchie. Depuis, les valeurs républicaines s'imposent à la définition pourtant intellectuellement, philosophiquement et socialement circonstanciée du mérite. Le concept de mérite est l'intermédiaire de la justification du sort des uns et des autres, de l'individu comme de son groupe. Ce processus intellectuel fait appel à un jugement moral des vertus et des défauts de l'individu dans sa généralité, et donc au déploiement d'une définition du mérite. De fait, le mérite, en tant que valeur et concept, demeure incontournable dans la théorisation d'une société plus juste, quand bien même celle-ci respecterait un principe radicalement égalitaire. Les utopistes, précurseurs d'une autre société, sont l'avant-garde moderne du mérite égalitaire et peut-être même, universel.

    Léo Vennin, Administrer l'émancipation : socio-histoire de l'éducation populaire en France (1944-1985), thèse soutenue en 2022 à Université Grenoble Alpes en co-direction avec Emmanuel Taïeb, membres du jury : Brigitte Gaïti (Rapp.), Patricia Loncle-Moriceau (Rapp.), Elsa Guillalot et Francis Lebon  

    Cette thèse vise à questionner les tensions et les ambivalences dans l'action publique en matière d'éducation populaire, à travers l'étude des relations historiquement tissées entre les mouvements d'éducation populaire et l'État. A l'appui d'un matériau empirique croisant les archives administratives et celles des mouvements et fédérations d'éducation populaire, de la Libération jusqu'au milieu des années1980, il s'agit d'historiciser et de mettre à plat les mécanismes à l'œuvre dans ce secteur des politiques publiques en revenant sur sa genèse. Inscrit dans une sociologie historique de l'administration, ce travail fait l'hypothèse que la constitution et l'inscription dans le paysage institutionnel de l'éducation populaire est rendu possible par un consensus façonné par la confrontation d'acteurs publics et privés. A travers leurs interactions, inscrites pour partie dans l'appareil d'État, on observe la production d'une nouvelle norme éducative au cœur des processus de socialisation démocratique et de formation du citoyen. La convergence vers l'institutionnalisation agit alors comme consécration d'une norme co-construite, participant en retour à développer et à légitimer des discours et des pratiques en voie de consolidation et à évincer des voies plus directement contestataires de l'action publique.. Marqués par la diversification des modes d'intervention et des logiques d'action ainsi que par la bureaucratisation et la spécialisation des formes d'entrée dans la sphère publique, les processus que traverse ces pays agissent comme des révélateurs d'un mouvement plus large de recomposition et de renouvellement de la régulation sociale d'un certain rapport au savoir éducatif.

    Ali Khoury, Crise des migrants, crises nationales ? : L'aide aux réfugiés au miroir des sciences administratives (2000-2020), thèse soutenue en 2022 à Université Grenoble Alpes, membres du jury : Gilles J. Guglielmi (Rapp.), Yves Déloye (Rapp.), Elsa Guillalot    

    De récents bouleversements géopolitiques mondiaux ont provoqué l’intense flux migratoire que connait l’Europe ces dernières années. Pressées par des obligations morales et juridiques d’aider ces populations réfugiées, les autorités publiques ont apporté des réponses sujettes à de vifs débats politiques. Quelles sont les différences entre les actions entreprises par les administrations nationales et locales au quotidien ? Ce travail doctoral se penche sur la manière dont la France tente de concilier la gestion de cette question avec des impératifs souvent contradictoires dont l’enquête révèle ici l’étendue et les visages. Que recouvre la volonté d’aide aux réfugiés mise en avant par les acteurs locaux et nationaux en la matière ? Comment se déploie la politique publique qui, depuis le droit d’asile, l’octroi de subventions, les soins médicaux ou l’accès au logement, donne corps à cette volonté ? Quelles formes d’implication et de compétence s’attachent aux différentes strates administratives et territoriales opérant sur un tel secteur d’intervention publique ? La répartition calculée des migrants, l’instauration de grilles de traitement des demandes d’asile ou d’une liste de pays sûrs montre que les instruments d’action utilisés par l’État face à ce problème humanitaire souffrent d’évidentes limites. L’intérêt de ce travail est justement de comprendre pourquoi et d’analyser l’efficacité comme les conséquences qui en résultent, qu’elles soient latentes ou manifestes, positives ou négatives, reconnues ou déniées.

    Laure Gicquel, Sciences sociales et politiques publiques , thèse soutenue en 2019 à Université Grenoble Alpes ComUE  

    Les « sectes » ont été l'objet d'une forte médiatisation à la suite de plusieurs tragédies survenues à l'étranger, puis en France en 1995. Puisque la « secte », vocable non défini en droit, recouvre un concept mouvant selon les époques et les moeurs, en filigrane, la question centrale est celle de la pérennité d’une politique lancée en réponse à une crise sociale et religieuse. Ainsi, la politique publique de lutte contre les dérives sectaires peut-elle perdurer alors que son objet principal est méconnaissable ? Subit-elle de telles transformations qu'à terme, elle disparaît pour laisser place à de nouveaux mécanismes plus adaptés aux évolutions de son objectif initial ?Le thème est complexe et clivant, mettant en jeu la perception du religieux et du sacré, impliquant la conception de la laïcité spécifique à la France. Une première phase de problématisation débute dans les années 1970, avec l'apparition en France de l'Eglise Moon et les mobilisations associatives de parents d'adeptes inquiets. Cette mise à l'agenda débouche sur le rapport Vivien en 1983, rendu au Premier Ministre, mais n'aboutit pas à une réelle action des pouvoirs publics. Le réseau associatif, qui s'étend rapidement, va devenir le fer de lance de la lutte : à la fois experts et acteurs de terrain, les « anti-sectes », souvent militants engagés, impliqués émotionnellement, sont dans une position névralgique. En 1995, après le massacre de l'Ordre du Temple Solaire dans le Vercors, un réel appareil administratif se met en mouvement, attirant des critiques d'une partie de la communauté scientifique aussi bien que d'autres nations, tout particulièrement les Etats-Unis dont la conception traditionnelle de la liberté de religion est heurtée par cette politique proactive.Par la suite, la politique de lutte connaît un âge d'or, jusqu'en 2005, une fois passés la « grande peur de l'an 2000 » et le foisonnement de mouvements apocalyptiques. Une circulaire met fin à l'emploi du terme « secte ». Les grands mouvements religieux ont disparu ou se sont « normalisés », le phénomène sectaire recouvre désormais une nébuleuse de micro-mouvements insaisissables et peu définis au regard du public. La politique entame un lent déclin, qui apparaît inéluctable, lié à l'éclatement de son objet tout comme à une méfiance grandissante envers les institutions qui apparaissent censurer le libre arbitre religieux. Au milieu des années 2010 cependant, le « jihad » devient un problème public central, à la suite des attentats. Les institutions de lutte, détentrices d'une expertise considérable dans le domaine de la radicalisation religieuse, sont soudain sollicitées, alors que parallèlement, la lutte contre les dérives sectaires se poursuit avec l'apparition de nouvelles dérives qui s'entrelacent, soutenues par les théories conspirationnistes. Cette thèse reprend donc, au double prisme de l'analyse des politiques publiques et de la socio-histoire, la chronologie de la création, du développement et du relatif déclin de la politique de lutte contre les dérives sectaires.

    Bouchra Daoudi, Mesurer l'incidence des équipements électoraux : le vote électronique et ses usages sociaux et politiques, thèse soutenue en 2019 à Université Grenoble Alpes ComUE, membres du jury : Gilles J. Guglielmi (Rapp.), Rene Jara (Rapp.), Dominique Glasman et Nathalie Dompnier    

    Depuis l’agora athénienne, les sociétés politiques n’ont eu de cesse d’améliorer les protocoles techniques qui régissent la compétition électorale. Culture du numérique aidant, ce souci de performance mène progressivement à l’informatisation du geste électoral. En France, c’est en 2003 que les machines à voter ont fait leur entrée, certes discrète, mais officielle dans certains bureaux de vote. Réponse technique à une injonction de rapidité et de rentabilité, l’urne électronique enregistre, comptabilise et dépouille les voix, satisfaisant ainsi l’idéal de rationalisation des procédures électorales. Pourtant cet instrument électoral n’est pas sans provoquer désaveux et montée des mouvements anti-vote électronique. Partant de là, ce travail de recherche s’adosse à une hypothèse centrale : l’usage du vote électronique engendre une nouvelle scénographie électorale en constante négociation à travers les rapports de force partisans. Dit autrement, la façon dont est mis en scène le rituel électoral est dépendant de la technologie adoptée mais c’est surtout le résultat de la concurrence entre les acteurs pour l’imposition d’un procédé électoral normatif.

    Maria Cosette Godoy-Hidalgo, Mesurer l’action publique : les dimensions politiques de la mise en place des instruments de mesure de la performance publique au Chili (1990-2010), thèse soutenue en 2019 à Université Grenoble Alpes ComUE, membres du jury : Élisa Chelle (Rapp.), Stéphanie Alenda (Rapp.), Franck Gaudichaud    

    Au même titre que d’autres démocraties capitalistes, le Chili a mis en œuvre des instruments de mesure de la performance visant à améliorer l’efficience et l’efficacité de l’action publique. Sous l’emprise du paradigme de la Nouvelle gestion publique, les gouvernements de la Coalition de centre gauche (1990 à 2010) ont mis en place des outils provenant du secteur privé afin de garantir des standards d’objectivité, d’impartialité et de performance dans le secteur public. À travers l’approche des sciences de gouvernement et de l’instrumentation de l’action publique et suivant l’hypothèse énoncée par Pierre Lascoumes et Patrick Le Galès remettant en question la neutralité de ces outils, ce travail de thèse doctorale s’interroge sur les dimensions politiques de la mise en œuvre des outils de gestion publique et de mesure de la performance au Chili. Ainsi, nous analyserons l’importance du contexte politique dans la mise en place et la traduction de ces instruments à la réalité chilienne, les enjeux de leur mise en œuvre, et leurs effets sur les rapports de pouvoir et de responsabilisation entre les différents acteurs qui ont participé à leur implémentation. Pour ce faire, la recherche utilise des données issues des entretiens semi-directifs réalisés auprès des acteurs concernés comme des sources secondaires telles que le discours des autorités et des documents officiels.

    Laure Gicquel, Sciences sociales et politiques publiques, thèse soutenue en 2019, membres du jury : Franck Frégosi (Rapp.), Yves Déloye (Rapp.), Paul Zawadzki et Yann Raison du Cleuziou    

    Les « sectes » ont été l'objet d'une forte médiatisation à la suite de plusieurs tragédies survenues à l'étranger, puis en France en 1995. Puisque la « secte », vocable non défini en droit, recouvre un concept mouvant selon les époques et les moeurs, en filigrane, la question centrale est celle de la pérennité d’une politique lancée en réponse à une crise sociale et religieuse. Ainsi, la politique publique de lutte contre les dérives sectaires peut-elle perdurer alors que son objet principal est méconnaissable ? Subit-elle de telles transformations qu'à terme, elle disparaît pour laisser place à de nouveaux mécanismes plus adaptés aux évolutions de son objectif initial ?Le thème est complexe et clivant, mettant en jeu la perception du religieux et du sacré, impliquant la conception de la laïcité spécifique à la France. Une première phase de problématisation débute dans les années 1970, avec l'apparition en France de l'Eglise Moon et les mobilisations associatives de parents d'adeptes inquiets. Cette mise à l'agenda débouche sur le rapport Vivien en 1983, rendu au Premier Ministre, mais n'aboutit pas à une réelle action des pouvoirs publics. Le réseau associatif, qui s'étend rapidement, va devenir le fer de lance de la lutte : à la fois experts et acteurs de terrain, les « anti-sectes », souvent militants engagés, impliqués émotionnellement, sont dans une position névralgique. En 1995, après le massacre de l'Ordre du Temple Solaire dans le Vercors, un réel appareil administratif se met en mouvement, attirant des critiques d'une partie de la communauté scientifique aussi bien que d'autres nations, tout particulièrement les Etats-Unis dont la conception traditionnelle de la liberté de religion est heurtée par cette politique proactive.Par la suite, la politique de lutte connaît un âge d'or, jusqu'en 2005, une fois passés la « grande peur de l'an 2000 » et le foisonnement de mouvements apocalyptiques. Une circulaire met fin à l'emploi du terme « secte ». Les grands mouvements religieux ont disparu ou se sont « normalisés », le phénomène sectaire recouvre désormais une nébuleuse de micro-mouvements insaisissables et peu définis au regard du public. La politique entame un lent déclin, qui apparaît inéluctable, lié à l'éclatement de son objet tout comme à une méfiance grandissante envers les institutions qui apparaissent censurer le libre arbitre religieux. Au milieu des années 2010 cependant, le « jihad » devient un problème public central, à la suite des attentats. Les institutions de lutte, détentrices d'une expertise considérable dans le domaine de la radicalisation religieuse, sont soudain sollicitées, alors que parallèlement, la lutte contre les dérives sectaires se poursuit avec l'apparition de nouvelles dérives qui s'entrelacent, soutenues par les théories conspirationnistes. Cette thèse reprend donc, au double prisme de l'analyse des politiques publiques et de la socio-histoire, la chronologie de la création, du développement et du relatif déclin de la politique de lutte contre les dérives sectaires.

    Didier Gauvin, Un intellectuel communiste illégitime : Roger Garaudy, thèse soutenue en 2018 à Université Grenoble Alpes ComUE, membres du jury : Jérôme Tournadre (Rapp.), Anne Daguerre (Rapp.), Alain Fernex et Michel Dreyfus  

    Après avoir atteint l'excellence en tant qu'intellectuel de parti stalinien pendant la Guerre froide, Roger Garaudy s'est construit comme intellectuel "véritable" contre la doxa du PCF qu'il était pourtant chargé d'incarner, à la faveur de son autonomisation suite au choc du XX° Congrès du PCUS périmant sa foi en Staline. C'est ainsi que la résurgence progressive de son habitus théologico-philosophique a fait de lui l'homme du dialogue par excellence adapté à la démarginalisation du PCF dans le champ intellectuel des années 1960. Mais si son engagement sur la tagente hérétique a fait de lui l'un des intellectuels communistes poussant le plus loin le projet de rénovation du PC en offrant une véritable stratégie alternative à celle du Parti après 1968, l'exclusion qui s'en est suivie s'est traduite par un retour du refoulé religieux qui, couplé à la posture prophétique d'un intellectuel désormais excentré dans le champ intellectuel français, a largement contribué à la délégitimation de l'ancien philosophe du PC avant même sa radicalisation ultime qui a achevé de le disqualifier suite à sa condamnation pour négationnisme.

    Renaud Gay, L'Etat hospitalier , thèse soutenue en 2018 à Université Grenoble Alpes ComUE  

    L’étatisation libérale du système hospitalier français est un paradoxe bien établi que notre recherche propose de réinterroger par deux détours. Le premier est historique. Il s’agit d’ouvrir la focale temporelle en s’intéressant à un réformisme gestionnaire qui apparaît dès les années 1960, alors que la littérature sur la politique hospitalière se concentre sur la période postérieure aux années 1980. Le second est organisationnel. L’étatisation est moins appréhendée à travers la multiplication de normes et de procédures dans les hôpitaux que comme une mise en administration se traduisant par l’apparition et la stabilisation d’organisations publiques spécialisées. Au croisement de la sociologie de l’action publique et de l’étude de l’administration, notre questionnement porte sur la façon dont les réformes hospitalières successives peuvent contribuer à la définition, à l’affirmation et à la reconnaissance d’un centre politico-administratif dans une perspective sociohistorique. Nous avançons l'hypothèse générale que ces réformes cristallisent trois processus étroitement imbriqués participant à l'institutionnalisation d'une organisation administrative spécialisée que l'on appelle l'Etat hospitalier. Premièrement, elles soutiendraient une redistribution et une concentration des prérogatives administratives en matière hospitalière au sein d'une seule organisation (processus de monopolisation). Deuxièmement, elles favoriseraient l'accumulation par cette organisation de capacités administratives nouvelles qui lui donneraient une plus grande autonomie à l'égard des groupes extérieurs (processus d'autonomisation). Troisièmement, elles produiraient et seraient éclairées par un ensemble de savoirs spécialisés qui fonderaient la légitimité des interventions étatiques (processus de légitimation). Notre observation historique des activités réformatrices permet de dégager trois séquences temporelles qui montrent l’inégale continuité de ces processus et leur plus ou moins forte articulation en fonction des périodes historiques. Si les réformes contribuent à forger un Etat hospitalier relativement autonome, ses frontières organisationnelles et ses principes de légitimation ne sont pas définitivement arrêtés. Notre enquête s’appuie sur un protocole combinant travail archivistique, entretiens semi-directifs avec des conseillers ministériels, des hauts fonctionnaires et des experts du ministère de la Santé, lecture de la littérature grise (rapports administratifs et experts, publications ministérielles), de la presse professionnelle et généraliste, étude des débats parlementaires et analyse biographique du personnel administratif d'encadrement du ministère de la Santé.

    Renaud Gay, L'Etat hospitalier, thèse soutenue en 2018, membres du jury : Yves Déloye (Rapp.), Françoise Dreyfus (Rapp.), Philippe Bezes et Frédéric Pierru      

    L’étatisation libérale du système hospitalier français est un paradoxe bien établi que notre recherche propose de réinterroger par deux détours. Le premier est historique. Il s’agit d’ouvrir la focale temporelle en s’intéressant à un réformisme gestionnaire qui apparaît dès les années 1960, alors que la littérature sur la politique hospitalière se concentre sur la période postérieure aux années 1980. Le second est organisationnel. L’étatisation est moins appréhendée à travers la multiplication de normes et de procédures dans les hôpitaux que comme une mise en administration se traduisant par l’apparition et la stabilisation d’organisations publiques spécialisées. Au croisement de la sociologie de l’action publique et de l’étude de l’administration, notre questionnement porte sur la façon dont les réformes hospitalières successives peuvent contribuer à la définition, à l’affirmation et à la reconnaissance d’un centre politico-administratif dans une perspective sociohistorique. Nous avançons l'hypothèse générale que ces réformes cristallisent trois processus étroitement imbriqués participant à l'institutionnalisation d'une organisation administrative spécialisée que l'on appelle l'Etat hospitalier. Premièrement, elles soutiendraient une redistribution et une concentration des prérogatives administratives en matière hospitalière au sein d'une seule organisation (processus de monopolisation). Deuxièmement, elles favoriseraient l'accumulation par cette organisation de capacités administratives nouvelles qui lui donneraient une plus grande autonomie à l'égard des groupes extérieurs (processus d'autonomisation). Troisièmement, elles produiraient et seraient éclairées par un ensemble de savoirs spécialisés qui fonderaient la légitimité des interventions étatiques (processus de légitimation). Notre observation historique des activités réformatrices permet de dégager trois séquences temporelles qui montrent l’inégale continuité de ces processus et leur plus ou moins forte articulation en fonction des périodes historiques. Si les réformes contribuent à forger un Etat hospitalier relativement autonome, ses frontières organisationnelles et ses principes de légitimation ne sont pas définitivement arrêtés. Notre enquête s’appuie sur un protocole combinant travail archivistique, entretiens semi-directifs avec des conseillers ministériels, des hauts fonctionnaires et des experts du ministère de la Santé, lecture de la littérature grise (rapports administratifs et experts, publications ministérielles), de la presse professionnelle et généraliste, étude des débats parlementaires et analyse biographique du personnel administratif d'encadrement du ministère de la Santé.

    Baptiste Barbarossa, Luttes des classes, thèse en cours depuis 2017  

    Mon projet souhaite étudier la réalité de la luttes des classes à partir des années 2000. En partant du concept de base établie par Marx puis repris par d'autres auteurs, et de regarder qu'elle est la réalité de ce concept dans les années 2000.

    Rene Jara, Un vote sans voix : la réforme des technologies et rituels de vote au Chili (1823-1920), thèse soutenue en 2016 à Université Grenoble Alpes ComUE, membres du jury : Yves Déloye (Rapp.), Alfredo Joignant (Rapp.), Nathalie Dompnier et Christophe Voilliot  

    Alors que la démocratie électorale chilienne commence à se défaire lentement de l’héritage du régime de Portales, la modernisation des techniques et rituels de vote devient une question centrale. La réforme électorale de 1874 est ainsi désignée comme le point de départ de la démocratisation du vote. Cependant, l’ampleur des incertitudes qui s’ouvrent avec les modifications que cette réforme introduit nous obligent à remettre en question les rapports, très souvent présupposés, entre innovations technologiques et démocratisation. Afin d’examiner en détail cette problématique, notre thèse explore les transformations successives du cadre légal, des discours et des représentations iconographiques du vote, à partir de la démarche employée par la sociologie historique. La restitution des controverses, des débats et les différentes représentations de l’acte de vote contribuent à mieux nous faire comprendre les limites que la technologie du vote imposent à l‘expression d’une voix politique, dans une période où le système politique est en train de s’institutionnaliser et les métiers politiques en train de se professionnaliser.

    Julien Rajaoson, La présence économique chinoise et le processus de démocratisation en Afrique, thèse soutenue en 2015 à Université Grenoble Alpes ComUE en co-direction avec Jacques Barou, membres du jury : Gilles Ferréol (Rapp.), Catherine Wihtol de Wenden (Rapp.)    

    La « présence chinoise » en Afrique est devenue une réalité démographique incontournable, elle a pris de l'ampleur au cours des dernières années ; la diaspora chinoise sur le territoire africain représente pas moins d'un million de personnes, contre moins de 100 000 en 2001. Afin d'appréhender notre objet de recherche, et saisir les mécanismes économiques intrinsèques aux sociétés africaines, nous adopterons une approche « par le bas » car le niveau local semble plus approprié pour comprendre les ressorts de la croissance économique.

    Antoine Faure, Des(-)ordres journalistiques dans une crise révolutionnaire : chroniques de l'être journalistique chilien durant l'Unité populaire (1970-1973), thèse soutenue en 2014 à Grenoble, membres du jury : Arnaud Mercier (Rapp.), Emmanuel Taïeb (Rapp.), Nicolas Kaciaf et Carlos Ossandón B.  

    Comment ont réagi les journalistes à l’élection de Salvador Allende ? Comment le projet de société communément synthétisé dans la « voie chilienne vers le socialisme » a-t-il influé sur le travail journalistique ? Voilà d’où part cette thèse. Elle a finalement interrogé ce qu’a pu signifier « être journaliste » durant ces trois années d’une crise sociale et politique trop souvent réifiée.Autrement dit, de quoi le journalisme est-il le nom au Chili entre 1970 et 1973 ? En cessant de lire l’Unité populaire depuis son résultat traumatique, le coup d’Etat du 11 septembre 1973, et une grille de lecture exclusivement idéologique, apparaissent alors des lignes de continuité (des normalités) et des lignes de fuite (des singularités) dans la pratique du journalisme entre 1970 et 1973, tout comme se dégage la perception normalisée qu’en ont les journalistes dans la spécificité de ce moment historique. L’idée défendue est alors la suivante : lejournalisme est un discours en institutionnalisation permanente qui légitime ses pratiques et ses identités dans son rapport historique au temps de l’actualité. Pour ce faire, le propos articule un travail sur archives de presse croisé à une enquête par entretien non-directifs, le tout enrichi de nombreux documents de l’époque (archives juridiques, revues universitaires, archives des écoles de journalisme, archives des organismes corporatistes, discours politiques, films, disques musicaux) comme de sources de seconde main (études historiques, films, documentaires, témoignages écrits, etc.).

    Vakana Miaina Andriamasinoro, Territoire et répertoire du lobbying patronal : le cas des Chambres de commerce et d'industrie en Rhône-Alpes, thèse soutenue en 2014 à Grenoble, membres du jury : Yves Déloye (Rapp.), Alain Chatriot (Rapp.)  

    "Le pouvoir n'est rien, seule compte l'influence". Cette pensée du philosophe grec Hérodote constitue le points de départ et le fil conducteur de la présente recherche. Elle pose l'idée de l'influence qui fait partie intégrante du processus décisionnel. La décision politique contemporaine obéit à ce même principe, celui d'un pouvoir qui ne peut plus décider seul, sans concertation, sans choisir de subir la pression des lobbies de toute nature qui se constituent à l'occasion d'une décision (Giuliani, 1991). Le lobbying, en tant qu'activité d'influence, apparaît alors comme un phénomène indissociable de la décision publique. Pour déterminer l'État, il faut alors prendre en considération les « rapports de forces mouvants » (Culpepper et al., 2006) qui y existent. En France, lobbying et groupes d'intérêt connaissent un discrédit qui tend à ignorer le rôle qu'ils peuvent jouer dans les politiques publiques. Les Chambres de commerce et d'industrie font partie de ces groupes qui restent méconnus malgré leur mission de représentation de l'intérêt économique des entreprises. Il est alors intéressant de rendre compte de ce lobbying dans le contexte français à travers l'usage qu'en font les Chambres de commerce et d'industrie. La recherche représente un double intérêt : celui d'étudier un acteur de politique publique original et le répertoire d'action qu'il mobilise pour tenter d'influer sur la décision publique. Ainsi, si Robert Dahl s'interrogeait de savoir « qui gouverne » (1961), il nous apparaît important de nous demander aussi : « comment gouverner » et « avec qui gouverner » aujourd'hui ? Notre recherche vise alors à répondre à la problématique : dans quelle mesure un groupe d'intérêt peut-il concrètement agir sur le processus de politique publique ? Ainsi, pourrons-nous analyser ce que le groupe, notamment ses moyens d'action, enseignent sur le fonctionnement de l'action publique contemporaine, car comme l'avait affirmé Arthur Bentley dès 1908 dans son célèbre ouvrage The process of government : A study of social pressure : « Quand le groupe est expliqué, tout est expliqué ».

    Ouassim Hamzaoui, A l'épreuve démographique de l'immigré : chronique généalogique du lancement de la politique d'intégration en France (1988-1998), thèse soutenue en 2014 à Grenoble, membres du jury : Yves Déloye (Rapp.), Catherine Wihtol de Wenden (Rapp.), Didier Bigo et Dominique Linhardt  

    Comment appréhender le sens socio-politique de l'officialisation de la catégorie d'inspiration démographique « immigré » dans le cadre du lancement de la politique d'intégration au début des années 1990 ? Telle est question à laquelle cette thèse s'efforce de répondre au travers d'une sociologie foucaldienne de la quantification de l'immigration en tant que population. Ce travail en vient ainsi notamment à formuler l'hypothèse selon laquelle l'enrôlement du savoir démographique participe, dans le cadre du travail de réorganisation de la production des statistiques publiques en matière d'immigration entrepris entre 1990 et 1997 au sein du groupe « Statistiques » attaché au HCI (Haut Conseil à l'intégration), à la formalisation statistique d'une représentation cognitive de l'immigration en tant que séries d'agrégats totalisés et temporalisés d'individus par et dans leur mobilité juridico-légale. Replaçant notamment le processus de mise en catégorie de l'« immigré » en vis-à-vis de l'élaboration d'une méthode comptable de mesure des flux annuels d'immigrations et des tentatives de pré-formater l'exploitation d'AGDREF (Application nationale pour la gestion des dossiers des ressortissants étrangers en France du ministère de l'Intérieur), cette recherche suppose et propose de substituer à l'analyse du processus socio-historique d'objectivation du critère de l'« origine », celle des logiques dispositives de sécurisation (statistique) des flux.

    Laetitia Rouvière, A la frontière de l'Etat : gouvernement et territorialités aymaras au Chili, thèse soutenue en 2012 à Grenoble, membres du jury : Yves Déloye (Rapp.), Georges Couffignal (Rapp.), Anne-Laure Amilhat-Szary, Sergio González Miranda et David Recondo  

    Comment les frontières sont-elles redéfinies par les territorialités qui les traversent ? Par qui les territorialités transfrontalières sont-elles investies ? Quelle est la place laissée à l’Etat, lorsque des autorités frontalières mobilisent une culture indigène, préexistante à la nation, pour (re)construire un territoire ? Les dynamiques récentes de coopération transfrontalière aymara entre le Chili, le Pérou et la Bolivie interrogent les reconfigurations politiques et territoriales qui affectent une institution étatique élémentaire : la frontière. Ce travail de thèse analyse l’action publique transfrontalière des maires ruraux aymaras depuis la perspective de long terme de construction de l’Etat chilien. En abordant l’Etat par ses périphéries, politiques, sociales et territoriales, il questionne les jeux d’acteurs qui contribuent aux transformations du gouvernement du territoire. Les continuités dans les pratiques politiques et administratives sur la frontière et les usages de rôles institutionnels hérités, dans un contexte de reconnaissance des droits des populations indigènes, démontrent que l’Etat, au-delà de son prétendu affaiblissement, connait un redéploiement paradoxal prenant la forme d’un processus complexe de sécurisation d’un espace transfrontalier diplomatiquement disputé.

    Cintia Gil Gutierrez, Le Mexique et l'UE les relations intergouvernementales : étude de la relation bilatérale entre le Mexique et l'Allemagne, thèse soutenue en 2011 à Grenoble, membres du jury : Luis Antonio Huacuja (Rapp.), Célia Himelfarb (Rapp.)  

    Les relations internationales ont mis en évidence le rôle intégrateur du dialogue politique dans la promotion des objectifs, des intérêts nationaux, des engagements et des perceptions de l'État, et des organisations non gouvernementales. Les études consacrées à la relation entre l'UE et le Mexique concluent à une véritable transformation de la relation politique en raison de la signature de l'Accord global. Dès les premières années, les analyses se sont attachées à décrire les perceptions des négociations, le règlement ainsi que la perspective qui a complété les nouvelles composantes de la relation: le dialogue politique et la coopération. D'une façon générale, l'opinion commune semble faciliter le dialogue et les différentes propositions qui définissent la coopération, malgré l'ambiguïté de la situation qui résulte de la complexité de la communication entre les partenaires. L'objectif de cette recherche est d'analyser les interactions au sein du dialogue politique destiné à un approfondissement de la relation bilatérale, mais aussi d'analyser les éléments qui le composent et les formes de dialogue constituées par les autorités mexicaines et européennes. Deuxièmement, étant donné la nécessité de maintenir un programme commun bilatéral, il est important de réviser la coopération. Pour le cas de l'Allemagne et le Mexique, l'étude vise à présenter les effets de la relation dans des termes différents. Autrement dit, il y a de nouvelles formes de collaborations distinguées par l'action consensuelle afin de bénéficier d'une participation plus large. A ce processus il faut ajouter d'autres organisations non gouvernementales liées aux différents niveaux de gouvernement et des institutions qui mettent en évidence l'action des communautés épistémiques transnationales à travers les coalitions et les réseaux qui apparaissent entre les acteurs.

    Aline Prévert, La lutte contre les discriminations dans le travail en France. : sociogenèse d'un dispositif d'action publique (1980-2004), thèse soutenue en 2011 à Grenoble    

    La lutte contre les discriminations dans le travail en France. Sociogenèse d'un dispositif d'action publique (1980-2004) « Lutter contre les discriminations » résonne aujourd'hui en France comme un mot d'ordre naturel accompagné d'un dispositif d'actions et d'un réseau d'acteurs. Mais ceci n'est que très récent. Ce n'est qu'à la fin des années 1990 que la question des discriminations entre dans l'arène publique et qu'elle est perçue comme un problème crucial à traiter. L'ambition de cette recherche doctorale est de mieux comprendre le dispositif d'action publique français de lutte contre les discriminations dans le travail, à travers l'étude de sa genèse et de ses usages. Dans cette perspective, la loi relative à la lutte contre les discriminations du 16 novembre 2001 est essentielle, venant symboliser l'émergence et la formation de cette action publique et déterminer sa mise en œuvre. C'est au travers et à partir de son étude que l'analyse de la conception, de l'institutionnalisation et de l'application de ce dispositif a été conduite. Ce travail doctoral permet de saisir le processus d'émergence de la lutte contre les discriminations en France et sa formation en catégorie d'action publique. Il propose également une étude des pratiques d'acteurs ayant contribué à la cristallisation de cette cause dans l'espace public. Il s'intéresse aussi aux usages de cette politique au travers et à partir du cas d'une entreprise publique, la SNCF ; l'objectif étant de saisir le processus de transposition de l'action publique de lutte contre les discriminations en objectif entrepreneurial.

    Élisa Chelle, Gouverner les pauvres : genèse, pratiques et usages de la conditionnalité comportementale en France et aux Etats-Unis, thèse soutenue en 2011 à Grenoble sous la direction de Jacques Commaille    

    Comment gouverne-t-on les pauvres aujourd'hui ? Sur la base d'une enquête comparative et qualitative entre un dispositif français (le Revenu de solidarité active) et un programme new-yorkais (Opportunity NYC), cette thèse propose d'analyser les mécanismes de la lutte contre la pauvreté reposant sur la conditionnalité comportementale. Porter l'indigence à l'agenda, justement par qu'elle est éminemment politique, fait l'objet d'un important travail de dépolitisation. Importation de modèles de l'étranger, construction de données chiffrées, mobilisation d'un protocole expérimental : tels sont les principaux procédés d'objectivation et de légitimation mobilisés. La teneur de l'aide apportée aux pauvres change. Se démarquant d'une logique simplement économique qui voudrait que la récompense monétaire engendre un comportement prédéfini, et desserrant une méthode strictement punitive où la sanction tient lieu de formule de commandement, ces politiques sociales conditionnelles renouvellent les termes des relations entre populations pauvres et pouvoir politique. Les techniques de gouvernement mises en œuvre s'inspirent du « nudge », c'est-à-dire d'une forme paradoxale d'autonomie institutionnalisée où les bons comportements tiennent lieu d'échappatoire à la pauvreté. L'aide sociale comme relevant du droit ou du statut est dépassée. Sa légitimité ne se fonde plus sur l'efficacité, dans la veine du new public management, mais sur un sens commun réformateur ayant le mérite pour objet. Les clivages partisans paraissent s'affaisser autour de cette forme de gouvernement moral. L'éthique du travail et la « bonne volonté » des pauvres sont mises en scène pour justifier l'octroi de subsides sociaux. L'expérimentation sociale, passée au prisme du jeu politique, confère un caractère « scientifique » et « objectif » à ces présupposés. Au final, c'est à un gouvernement de la pauvreté fait de politique et d'usages de la scientificité que ce travail est consacré.

    César Guevara Gonzalez, La mise en forme et la transformation d'un champ de l'action publique , thèse soutenue en 2008 à Université Pierre Mendès France Grenoble 19902015  

    Cette thèse explique les transformations qu'a éprouvées la "culture populaire" en tant que champ d'intervention publique au Mexique. À la différence des perspectives qui s'attachent à la "diversité culturelle" considérée comme un ensemble de pratiques devant être stimulées, le texte analyse de quelle façon les acteurs politiques et intellectuels se sont appliqués à redéfinir la culture populaire en fonction de conjonctures politiques concrètes. La période étudiée va de 1920 (débuts de l'État post-révolutionnaire) jusqu'à l'an 2000. Trois référentiels importants se dégagent au cours de cette période, qui vont influencer la perception de la culture populaire : le référentiel nationaliste, celui de l'anthropologie critique et celui de la gestion culturelle. Pour comprendre la montée en puissance de ce dernier référentiel, lié aux cultural studies, il est nécessaire de le relier aux réformes économiques et politiques que connait le pays à la fin des années 1980. Ainsi, l'objectif principal de la thèse est-il d'analyser l'étroite relation entre politique et culture, dans une perspective sociohistorique qui permette de comprendre la sociogenèse des catégories de l'intervention publique

    Delphine Deschaux-Dutard, De l'Eurocorps à une armée européenne ? , thèse soutenue en 2008 à Université Pierre Mendès France Grenoble 19902015  

    Cette thèse porte sur la construction, la pratique et les usages de la Politique Européenne de Sécurité et de Défense depuis les années 1990. L'enjeu est d'étudier cette politique en privilégiant un angle d'approche franco-allemand au départ, et en mettant en œuvre une démarche comparative entre les deux pays, afin de saisir les pratiques, les représentations mais également les points d'achoppement de cette politique de défense d'un type inédit. L'objet « Politique Européenne de Sécurité et de Défense » se situe à la croisée des relations internationales, de l'analyse des politiques publique, de la sociologie de l'action publique, des processus d'européanisation et peut donc faire l'objet d'approches très différentes selon les variables qu'on entend privilégier. Nous avons choisi de l'étudier autrement selon une démarche de sociologie historique et constructiviste qui nous conduit à privilégier certains concepts clés : sociologie des acteurs (trajectoires, habitus et ethos professionnels), configurations de relations entre acteurs structurant un nouvel espace social d’interactions, accent mis sur les processus de socialisation et d’apprentissage. D'un point de vue méthodologique, cette thèse s'appuie sur une démarche qualitative et privilégie l'usage de l’entretien semi-directif : le corpus se compose de 135 entretiens, complétés par la lecture de la presse, de la littérature spécialisée et grise sur le sujet. Elle se compose de trois parties, découpées en 9 chapitres totaux. Dans une première partie, la thèse se concentre sur la genèse de la politique européenne de défense en prenant en compte tant les facteurs conjoncturels que structurels, en l'occurrence le cadre de socialisation de la coopération militaire franco-allemande. Cela correspond à la phase d'émergence et de « mise à l’agenda » de cette politique. Cette partie précise le contexte géopolitique initial particulier qui a constitué une première fenêtre d’opportunité (fin de la guerre froide, réforme de l'OTAN) et souligne le rôle d'entrepreneurs politiques du président Mitterrand et du chancelier Kohl et de leur relation étroite. Elle revient ensuite sur la tentative avortée de constitution d’une Communauté européenne de défense (CED) au début des années 1950 afin de montrer que la Politique Européenne de Sécurité et de Défense ne naît pas ex nihilo, mais s'inscrit dans une longue tradition de réflexion et de tentatives en matière de défense de l'Europe. Enfin, cette partie précise le contexte et le jeu des différents acteurs à l'origine du développement progressif de cette politique aujourd'hui : rôle de l’expérience de l'éclatement de l'ex Yougoslavie, action déterminante des acteurs diplomatique qui prennent le relais des politiques, entrée plus tardive des acteurs militaires.

    Adeline Trombert-Grivel, D'un délit d'opinion l'autre , thèse soutenue en 2007 à Paris 1  

    Etudier l'institutionnalisation de la diffamation politique selon une démarche socio-historique permet de dégager l'existence d'une dynamique de contention de la parole publique. Une telle police du bien dire entend, dès 1819, réguler la libre expression des opinions au sein d'un espace public soumis à l'emprise croissante des médias. Ce mode de règlement judiciaire des atteintes à la considération des hommes politiques doit se substituer au duel et faire œuvre pacificatrice. Avec l'ouverture du marché politique et des contraintes qui découlent de l'extension du droit de suffrage, la diffamation s'érige en savoir-faire professionnalisé. Et devient l'un des moyens majeurs de disqualification de l'adversaire. Sa répression, déférée aux Cours d'assises jusqu'en 1944, participe alors du difficile apprentissage des règles de la civilité démocratique.

    Yvan Boude, Les portraits officiels des présidents de la République en France , thèse soutenue en 2005 à Université Pierre Mendès France Grenoble 19902015  

    Les portraits officiels des présidents de la République sont des mises en image du pouvoir investies par l’institution présidentielle d’une certaine efficacité symbolique. Ils sont des clichés médiateurs dont la dimension symbolique s’exprime dans une mise en scène particulière qui permet de figurer et de dramatiser le pouvoir, de lui offrir un corps visible et une identité apparente. L’effigie présidentielle s’affirme donc comme un exercice de perpétuation et de légitimation, comme une image révélée du pouvoir. Toutefois, loin de n’être qu’un simple cliché immortalisant son investiture ou pérennisant son apparence physique, le portrait du Président est destiné à être distribué puis affiché dans les principales administrations. Aussi, afin de définir ses usages propres, il s’agit de prolonger la lecture connotative de ces images par une approche socio-historique s’articulant autour d’un discours global portant aussi bien sur l’image que sur ses différents contextes — la « chaîne sensitive » d’une photographie. Cette lecture des liens existant entre l’image et le pouvoir s’intéresse alors aux dispositifs de production et aux mécanismes de vulgarisation mis en œuvre par l’institution pour provoquer la rencontre entre le citoyen et le portrait — mécanismes d’attribution, statut de l’image… Elle interroge ensuite les usages proprement administratifs du portrait officiel, c’est-à-dire les problèmes liés à l’acquisition de ces images particulières par leurs bénéficiaires institutionnels — circonstances d’acquisition et d’affichage du portrait… Elle questionne enfin les usages publics et les gestes populaires du portrait — appropriation partisane, détournement mémoriel…

    Olivier Ferrand, La République et le problème de l'espace public culturel , thèse soutenue en 2004 à Université Pierre Mendès France Grenoble 19902015  

    Ce travail se propose de jeter un nouvel éclairage sur les conditions dans lesquelles un dispositif de contrôle du cinéma voit le jour en France, au début du vingtième siècle. Pour comprendre l'épisode, il est indispensable de penser à nouveaux frais le concept d'espace public. Contrairement à ce que l'on a coutume de répéter, cette sphère est intrinsèquement duale : elle comporte un versant politique qui a fait l'objet de nombreux travaux, et un versant culturel, qui a jusqu'à présent été laissé dans l'ombre. Chansons, spectacles, pièces de théâtre : autant de distractions, fondées sur un usage public de la parole, qui, à compter de 1880, s'inscrivent dans les modes de vie du grand nombre. Le cinéma fait à son tour l'objet d'un vif engouement : à la veille de la guerre, il s'impose comme l'un des passe-temps préférés des Français. La censure du cinéma se conçoit comme une tentative pour enrayer l'influence supposée des œuvres de divertissement sur les mœurs de la population. Il s'agit principalement d'interdire les films policiers, soupçonnés d'inciter la jeunesse au crime. C'est à l'analyse des raisons pour lesquelles cette représentation fait autorité que nous avons consacré l'essentiel de notre réflexion.

    Renaud Payre, A la recherche de la "science communale" , thèse soutenue en 2002 à Grenoble 2  

    Deux détours sont suivis pour étudier le gouvernement des villes. Le premier consiste à se défaire d'un regard stato-centré. Le pouvoir municipal est observé à travers la circulation de savoirs entre les municipalités. Le second procède à un déplacement dans le temps. En contrepoint d'une lecture téléologique, la démarche socio-historique privilégie un moment, la première moitié du vingtième siècle. Au cours de ce moment s'affermit le projet d'intermunicipalité. Les discours de la réforme municipale sont lus comme le fruit de coopérations entre institutions et acteurs dévoués à la transformation de l'organisation municipale. C'est là la genèse de mondes de la réforme. Un langage commun s'y développe sur la complexité croissante et la rationalisation du travail municipal répondant aux besoins de la population urbaine. Des évolutions qu'une science de l'action municipale satisferait. La thèse dévoile les conditions d'élaboration et les enjeux politiques de cette science de gouvernement.

    Nathalie Dompnier, La clef des urnes , thèse soutenue en 2002 à Grenoble 2  

    Loin de constituer un phénomène marginal, les fraudes se trouvent au coeur de la définition des pratiques et des représentations électorales. Elles ont contribué, durant la période du suffrage universel, à l'élaboration des règles du jeu électoral qui prévalent aujourd'hui. Fruits d'un processus de stigmatisation, les fraudes ne peuvent être comprises comme des méthodes à priori répréhensibles, ou intrinsèquement contraires au bon déroulement des scrutins. Envisagées dans une perspective sociologique de la déviance, elles sont avant tout des constructions politiques répondant à des enjeux partisans. Mais le point de vue et les stratégies des acteurs ne suffisent pas à expliquer les fondements de ces pratiques. Le contexte social est aussi déterminant dans l'apparition des manoeuvres comme dans les formes qu'elles revêtent. Enfin, les représentations politiques, les manières de penser les élections, conditionnent le recours à ces manoeuvres et les réactions qu'elles suscitent.

    Isabelle Benoit, Politique de mémoire , thèse soutenue en 2001 à Université Pierre Mendès France Grenoble 19902015  

    Cette thèse analyse les enjeux politiques et symboliques des musées historiques. Cette question est traitée pour la France et l'Allemagne de 1945 à 1995 selon une posture socio-historique et comparée. La recherche se fonde sur des données quantitatives - 1200 musées - et qualitatives - sources écrites orales et iconographiques. L'analyse est centrée sur les notions de "politique de mémoire", de "mise en récit" et de "paysage muséal". L'auteur établit deux modèles nationaux de fabrication de la mémoire. L'un, français, construit selon les attributs de l'Etat-nation et de la République ; l'autre, allemand, fédéré autour de la notion de Bildung, l'éducation de soi. La thèse comporte trois parties ("Ruines, mémoire et occupation ", "la mémoire divisée ou l'art allemand du détour", "les musées de la Nation française : le paradoxe républicain"). La conclusion générale tire le bilan de la comparaison et propose des résultats de portée plus générale sur le musée comme pratique politique.

  • Paul Max Morin, Leur guerre d’Algérie : enjeux de mémoire dans la socialisation politique des jeunes Français, thèse soutenue en 2022 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Anne Muxel, membres du jury : Vincent Martigny (Rapp.), Sylvie Thénault (Rapp.), Denis Peschanski et Todd Shepard  

    39% des jeunes âgés de 18 à 25 ans ont aujourd’hui un lien familial avec une personne affectée par la guerre d’Algérie. Sur la base d’une enquête auprès de 3 000 jeunes et de 75 entretiens avec des petits-enfants d’appelés, de pieds-noirs, de harkis, de juifs d’Algérie, de militants au FLN ou à l’OAS, la thèse permet de faire le constat de ce que les jeunes savent et retiennent de ce passé, de ce qui a été transmis dans les millions de familles affectées par cette histoire, et de la façon dont cette nouvelle génération interprète, négocie et utilise cette héritage au quotidien. Plus généralement, cette recherche interroge le rôle de la mémoire collective sur la construction identitaire et la socialisation politique des jeunes.Elle démontre que si la transmission familiale détermine un plus fort intérêt des jeunes pour cette histoire et parfois la forme que peuvent prendre certains de leurs récits, le jugement sur le passé reste quant à lui d’abord déterminé par l’orientation politique et la teneur de la socialisation politique familiale. Les jeunes descendants se distinguent par une relation intime à ce passé, des questionnements identitaires propres et une politisation plus marquée. Mais les antagonismes dans le rapport au passé relèvent davantage du clivage gauche-droite. La permanence du racisme, de l’antisémitisme et le rapport à l’immigration et à l’altérité constituent l’héritage politique principal de l’histoire algérienne de la France. Ils restent pour une minorité de jeunes politisés une source de clivage et des vecteurs de politisation. Cependant, dans sa grande majorité, la nouvelle génération nous projette déjà dans un rapport plus apaisé au passé.

    Garance Tardieu, La réception des arrêts de la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme par l'Etat du Mexique : des transformations en trompe l'œil, thèse soutenue en 2020 à Université Grenoble Alpes sous la direction de Jean-Charles Froment, membres du jury : Olivier Dabène (Rapp.), Mauricio García Villegas (Rapp.), Tania Reneaum Panszi    

    Si la responsabilité de protéger défendue par Kofi Annan semble s’imposer comme une évidence au cœur de la mondialisation actuelle, les États doivent repenser leurs relations vis-à-vis de leurs pairs et des différents systèmes de régulations internationaux. Les droits se sont peu à peu internationalisés et les organes supranationaux de prévention et de protection des droits de l’homme deviennent des interlocuteurs de premier plan, susceptibles d’influencer les décisions nationales. C’est d'autant plus vrai pour la région latino-américaine qui a développé et consolidé au fil des années, un véritable système de protection rendant exigible le respect des droits des individus. Celui-ci se matérialise par la possibilité de recours pour les victimes à la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme. L’État mexicain, avec sa réforme constitutionnelle de 2011, n’a pas échappé à ces évolutions. Mais dans les faits, face à des résistances nationalistes et une volonté latente et récurrente de souveraineté, les arrêts de la Cour Interaméricaine des droits de l’homme ont-ils réellement été des vecteurs de transformations pour le Mexique ? À travers ce questionnement, en se fondant sur une recherche empirique importante de plus de 40 entretiens, l’étude cherche à montrer quels ont été les impacts des premiers arrêts de la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme dans l’administration publique mexicaine ; et comment, bien que l’État ait créé des institutions en charge de l’agenda des droits de l’homme, un certain nombre de freins, qu’ils soient juridiques ou politiques, ont rapidement émergés remettant en cause la réalité et la pérennité de ces transformations. Ces limites ne trouvent pas encore aujourd’hui de solutions durables. Le rôle et l’ingéniosité des acteurs et des institutions à s’adapter aux contextes sont la clé de lecture dans ce processus de réception et de mise en application du droit international.

    Josie Dominique, Machines de guerre et Appareils d’État : sociologie historique des forces armées à Madagascar, thèse soutenue en 2018 à Paris Sciences et Lettres ComUE sous la direction de Rémy Bazenguissa et Solofo Randrianja, membres du jury : Françoise Blum, Mariane Conchita Ferme et Didier Nativel  

    Notre travail de recherche se propose de faire une sociologie historique des forces armées pour comprendre les relations civilo-militaires prévalant à Madagascar. Ces forces contribuent, tout autant, à y instituer les pouvoirs politiques qu’à les défaire. Pour saisir cette tension, nous avons choisi de nous inspirer de l’approche relative à la théorie de la machine de guerre et de l’appareil de capture de Gilles Deleuze et de Félix Gattari. Pour ce faire, notre principal hypothèse pose que, depuis le XIXe siècle que l’Etat se forme et se reproduit dans la confrontation entre son appareil de capture et les différentes machines de guerre. Nous proposons de tester cette hypothèse sur trois cas qui sont : premièrement, la situation des guerriers Mainty, serviteurs royaux et premiers fonctionnaires militaires et la conquête de Madagascar par l’armée royale de Madagascar au XIXe siècle ; deuxièment, la non reconnaissance des forces armées malagasy tirailleurs par l’État dans la guerre insurrectionnelle de 1947; troisièment, la formation des officiers à l’Académie militaire d’Antsirabe. À partir du traitement spécifique de ces trois cas, des intelligibilités générales seront construites pour nous permettre de modéliser les relations civilo-militaires qui prévalent depuis le XIXe siècle. À travers l’analyse des continuités et les ruptures de cette histoire militaire, la thèse éclaircit le lien des forces armées malgaches à l’appareil d’État en partant de l’époque précoloniale jusqu’ à la période républicaine actuelle. Ce travail de recherche s’appuie sur des documents d’archives récoltées en France et à Madagascar, ainsi que des données empiriques recueillies suite à des séries d’entretiens avec des officiers militaires.

    Guillaume Ladmiral, L’empire des expédients : achat de voix, répression des fraudes électorales et système politique dans le Japon d'avant-guerre (1890-1937), thèse soutenue en 2018 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Paul-André Rosental, membres du jury : Jean-Pascal Bassino (Rapp.), Bernard Thomann (Rapp.), Stefano Bartolini et Carol Gluck  

    La thèse consiste en un réexamen des traits saillants des systèmes politique et partisan du Japon d’avant-guerre (1890-1937). L’analyse de données quantitatives et qualitatives sur l’achat de voix et les pratiques d’ingérence des gouvernements dans le déroulement des campagnes électorales démontre que la première pratique était massive et généralisée et les secondes systématiques. L’achat de voix massif et généralisé et les pratiques d’ingérence étaient liés par une relation de complémentarité fonctionnelle, l’ingérence consistant le plus communément en la répression partiale des fraudes électorales. Le système partisan s’ordonnait autour de ce binôme d’expédients. Les acteurs collectifs de ce système furent des spécimens du type « parti-cartel, stratarchique, clientélistes et attrape-tout », des partis qui n’activaient pas de clivage sociologique ou idéologique. Le binôme d’expédients structurants eut de nombreuses conséquences systémiques et constitua la plus puissante des modalités de la politisation des rapports sociaux. En conclusion, les résultats de l’examen de la pratique de l’achat de voix dans le Japon d’avant-guerre sont confrontés à ceux que proposent des études de cette pratique en d’autres sociétés, les États-Unis d’Amérique et le Royaume-Uni au XIXe siècle ou, au XXe siècle, des pays d’Amérique Latine et Taiwan.

    Fabiola Miranda perez, Action publique et justice dans le Chili post-dictatorial : Le traitement étatique des violences envers les femmes, thèse soutenue en 2017 à Université Grenoble Alpes ComUE sous la direction de Martine Kaluszynski, membres du jury : Anne Revillard (Rapp.), Carolina Rojas Lasch (Rapp.), Jacques Commaille et Franck Gaudichaud    

    Depuis le retour à la démocratie au Chili en 1990, on assiste à un repositionnement des politiques à caractère social et des politiques qui cherchent à corriger les violations aux Droits de l’Homme commises pendant le régime autoritaire (1973-1990). De cette manière, l’objectif est de mettre en place une série d’instruments qui permettent la validation de la nouvelle démocratie tout au long des années 1990. Ainsi, dans ce contexte de reconnaissance des droits sociaux, le(s) mouvement(s) des femmes réussissent à intégrer dans l’agenda public leur demande de création d’une loi permettant la protection des femmes qui subissent des violences intimes de la part de leur partenaire : la loi de violence intrafamiliale de 1994. Sous une logique de protection sociale et de focalisation des politiques publiques, ce pays développe différents dispositifs qui font irruption de manière timide entre 1994 et 2004. Cependant, en 2005 une réforme du système de justice pénal et familial tout comme de la loi sur les violences intrafamiliales, permet la mise en œuvre d’une politique publique de prise en charge des violences faites aux femmes, qui met au travail différentes institutions et acteurs tant du secteur public que du secteur privé. Malgré ces dernières initiatives, les logiques de type assistanciel propres à un État néolibéral s’imposent peu à peu dans ce champ d’action, comme une manière de répondre aux inégalités. Ainsi, les situations de maltraitance que subissent les femmes seront mesurées en fonction du risque qu’elles représentent pour celles-ci et leurs familles, ou bien en raison de leur exposition aux situations de vulnérabilité.Partant des travaux sur les sciences du gouvernement (Ihl, Kaluszynski, Pollet, 2003), de la sociologie de l’action publique (Hassenteuffel, 2011 ; Lascoumes et le Galès, 2004 ; 2012), de la sociologie du droit et de la justice (Commaille et al, 2000), et des études sur le genre et les politiques publiques (Dauphin, 2010 ; Bereni et al, 2012), ce travail doctoral cherche à interroger la manières dont la politique publique de prise en charge des violences à l’encontre des femmes s’est configurée et légitimée au sein de l’État, notamment à l’intérieur des organismes de protection sociale comme le Service national de la Femme, et des institutions de justice (Tribunaux des affaires familiales, Ministère public, Tribunaux pénaux, entre autres). Grace à une méthodologie mixte de recueil de données, composée par des entretiens semi-directifs (67) réalisés avec des acteurs de la mise en œuvre de la politique publique mais aussi d’observations ethnographiques au sein des tribunaux des affaires familiales, l’étude s’intéresse à la relation qu’établit l’État avec les destinataires de l’action publique, sous l’objectif de comprendre comment les subjectivités des fonctionnaires ont des incidences sur le traitement des violences, s’établissant en elles-mêmes comme un dispositif de gouvernement de ces affaires. Elle rend aussi compte des modèles d’intervention sociale et du gouvernement du domaine social au Chili.

    Capucine Mezeix, La fabrique de l'enseignement technique : trois écoles professionnelles en France à la fin du XIXe siècle, thèse soutenue en 2014 à Grenoble sous la direction de Jacques Baillé et Alain Fernex, membres du jury : Fabienne Maillard (Rapp.), Gilles Moreau (Rapp.), Serge Tomamichel  

    Cette thèse vise à rendre compte de la création et du développement de l'enseignement technique scolaire intermédiaire en France entre les années 1880 et 1919, à travers l'examen de trois écoles techniques : l'Ecole Nationale Professionnelle de Voiron, l'Ecole Nationale d'Horlogerie de Cluses et l'Ecole Professionnelle Vaucanson de Grenoble. Une triple méthodologie guide le travail, associant histoire totale, études monographiques et sociologie du curriculum. L'histoire totale montre comment les contextes technique, économique, industriel, politique, géopolitique et éducatif entrent dans la construction de l'enseignement technique et dans les débats à son égard. Cet enseignement prend naissance dans une période de démocratisation de l'enseignement, sur fond de progrès technique et d'industrialisation de la France et reflète ces bouleversements. L'étude monographique et comparative des trois écoles analyse les étapes de la création de ces établissements. Elle met en lumière les tâtonnements, les modifications et les évolutions des écoles dans leur installation au sein du paysage scolaire local et national, la construction de l'offre de formation, la délimitation du recrutement, l'instauration d'une certification, la détermination de débouchés pour les élèves et l'élaboration de partenariats avec les entreprises et territoires locaux. L'analyse des curricula focalise sur la nature de l'enseignement dispensé et son évolution, afin de définir les modèles d'éducation proposés par ces établissements. Les nombreuses forces en jeu vont dessiner le contour des réflexions, principalement autour de la répartition entre enseignement général, scientifique et technique, et vont guider l'élaboration des curricula. L'examen porte alors sur la détermination des objectifs d'éducation des écoles et sur la construction des composantes de l'organisation pédagogique telles que la sélection, la différenciation en section, la discipline et l'évaluation des élèves. L'analyse des programmes d'enseignement par l'intermédiaire des volumes horaires des matières montre les choix différents des écoles, allant d'un enseignement professionnel pour ouvrier à un enseignement d'élite destiné à des techniciens voire des ingénieurs. A la suite de ces analyses, nous proposons la notion de fabrique pour caractériser la mise en place de l'enseignement technique à cette période. Elle souligne la multiplicité des facteurs entrant dans la construction d'institutions d'enseignement technique et les négociations qui en découlent, la dimension longue, expérimentale et non prédéfinie d'un tel processus. Elle souligne également la vocation de reproduction et de diffusion de ses produits, constitués par des institutions, une formation technique et des élèves formés. La caractérisation et la définition générique du concept de fabrique de l'enseignement technique proposées pourraient alors servir de modèle à l'étude d'établissements dans d'autres pays ou à d'autres époques. Nos analyses de trois écoles techniques au tournant du XXe siècle montrent que pendant un temps, ces écoles techniques intermédiaires ont dispensé un enseignement de haut niveau, appuyé sur les progrès des techniques et éclairé des avancées de la science, tout en portant une vraie ambition individuelle et collective pour leurs élèves. Ces établissements prototypiques, qui peuvent être qualifiés d'élites, ne seront cependant pas développés par la suite. Les possibilités qui s'étaient ouvertes pendant ces quelques années de bouleversements se referment avec la guerre. Le choix des décideurs politiques, en étendant l'offre de formation technique intermédiaire à tout le territoire, sera de privilégier des établissements moins ambitieux.

    Adrián Albala, Coalitions gouvernementales et système présidentiel : les cas de l'Argentine, du Chili et de l'Uruguay (1989-2010)., thèse soutenue en 2013 à Paris 3 sous la direction de Georges Couffignal et Jorge Luis Lanzaro, membres du jury : Stéphanie Alenda, Olivier Dabène et Josep María Reniu    

    Bien que la littérature française n’ait presque pas abordé le sujet, les théories des coalitions ont constitué, dans la littérature dite “mainstream”, un des principaux champs d’étude en science politique, ces deux dernières décennies. Appliquées à l’analyse de gouvernements, ces études ont permis de développer un ensemble de connaissances théoriques et des outils d’analyse quant à l’étude des processus liés à la formation, le maintien et la conclusion de ce type de gouvernements. Toutefois, le fait que la plupart des politistes ayant contribués à l’expansion de ces théories proviennent d’Europe Occidentale, ces études se sont alors -pour leur majeure partie- concentrées à l’analyse des coalitions gouvernementales suivant les particularismes de leur région d’origine : les systèmes parlementaires d’Europe Occidentale. L’étude du phénomène en régime présidentiel, longtemps considéré comme accidentel du fait de la supposée « combinaison indésirable » entre présidentialisme et multipartisme, est de ce fait demeurée limitée. Ceci conduit à ce que, jusqu’à présent, la littérature en science politique ne dispose que d’un faible niveau de connaissance quant à la manifestation des coalitions gouvernementales sous la configuration présidentielle. Cette thèse se propose donc de combler cette lacune ontologique, en centrant l’analyse sur les particularités structurelles des systèmes présidentiels, tout en faisant le lien avec les théories les plus récentes issues de la littérature portant sur les systèmes parlementaires. En se basant sur les trois pays du Cône Sud, et l’analyse de huit gouvernements récents de coalition qui ont connus différentes fortunes, cette thèse viendra insister sur l’impact de la configuration présidentielle quant à la formation et la gestion des gouvernements de coalition. Cette « présidentialisation » de la théorie des coalitions, va ainsi mettre en avant deux éléments généraux propres à la matérialisation du phénomène coalitionnaire en régime présidentiel : la récurrence de la formation de coalitions électorales, et la tendance à la bipolarité de la compétition politique.

  • Clément Lopez, L'articulation entre les politiques sportives fédérales et locales : une analyse des enjeux de pouvoir par la sociologie de l'action publique dans le contexte de "réforme" de la gouvernance du sport en France, thèse soutenue en 2022 à université ParisSaclay sous la direction de Dominique Charrier et Mathieu Djaballah, membres du jury : Marina Honta (Rapp.), Hélène Joncheray  

    Dans le contexte de réforme de la gouvernance du sport en France, l’analyse de l’articulation entre les politiques sportives fédérales et locales nécessite d’identifier les thématiques, niveaux d’échelles, déterminants et enjeux des relations entre les fédérations sportives et les collectivités territoriales. Il s’agit donc de « plonger au cœur » d’un phénomène social appréhendé comme l’une des composantes de la gouvernance multiscalaire du sport. Cette étude s’appuie, dans cette optique, sur une méthodologie principalement inductive (analyse documentaire, entretiens semi-directifs, observations immergées, etc.) ainsi que sur les apports théoriques de la sociologie de l’action publique.La première partie porte sur le « chantier » de la réforme de gouvernance du sport, engagé en France depuis 2018. Elle analyse le rôle joué par les groupes qui représentent les intérêts sportifs fédéraux et territoriaux dans cette séquence de la politique sportive nationale, envisagée comme un « terrain de jeu » fertile pour l’analyse. Une seconde partie s’intéresse aux ressources, représentations et intérêts de ces organisations en interrogeant les moteurs de leur convergence et/ou de leur confrontation. Ces résultats sont, enfin, affinés par une étude de cas portant sur la politique sportive de la communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines. En les replaçant dans leur contexte historique, politique et organisationnel, il s’agit d’analyser les partenariats engagés par cette collectivité avec les fédérations françaises de cyclisme (autour de la programmation du Vélodrome National et de l’accueil des Jeux Olympiques et Paralympiques) et de golf (autour de l’organisation de la Ryder Cup).

    Gaëlle Charcosset, Le politique au village. Histoire sociale de l'institution municipale, 1800-1940. Arrondissement de Villefranche (Rhône), thèse soutenue en 2018 à Lyon sous la direction de Jean-Luc Mayaud, membres du jury : Jean-Claude Caron (Rapp.), Tiphaine Barthélémy de Saizieu et Claude-Isabelle Brelot  

    L’institution municipale est restée à l’écart des recherches menées en histoire sur le 19e siècle sinon sous l’angle d’une prosopographie des maires et sous celui des élections municipales de la monarchie de Juillet. Les apports des autres sciences sociales – sociologie, anthropologie, ethnologie – ont renouvelé les approches, ainsi que l’histoire sociale fine. Cette recherche propose une analyse sociale et politique de cette institution, inscrite sur la longue durée (1800-1940) et sur un terrain resserré (un arrondissement et plus particulièrement cinq communes). Au moyen de bases de données relationnelles permettant une agrégation des données à différentes échelles de temps et d’espaces, elle vise à identifier les édiles (maires, adjoints, conseillers municipaux) pour eux-mêmes, dans une approche prosopographique, puis relativement pour définir leur représentativité (échelle de l’arrondissement) et pour les inscrire dans les relations qu’ils entretiennent avec les autres acteurs de la vie municipale (échelle communale).Cette analyse permet de mettre au jour une institution municipale que les villageois se sont appropriés au cours du 19e siècle, en reconnaissant une autorité au maire qui s’est construite d’abord dans l’opposition à celle du desservant et qui dépasse le cadre donné par la loi. De fait, les outrages à leur encontre sont peu nombreux et permettent d’appréhender non les limites de l’autorité consentie à la fonction mais le défaut d’exercice de son dépositaire. De même, les élections municipales font l’objetd’une préparation, d’une mobilisation et d’un contrôle – parfois jusqu’à la protestation électorale qui constitue alors un troisième tour – qui donnent la légitimité aux élus.L’identification des édiles a également permis de nuancer le portrait qu’il en est généralement dressé : s’il existe bien des familles éligibles parfois très anciennement implantées dans les communes d’exercice, la part de conseillers municipaux mobiles reste forte pendant tout le 19e siècle avant de se réduire progressivement. La reconstitution des carrières municipales montre aussi que l’accession au conseil municipal n’est pas définitivement acquise du fait d’une compétition électorale réelle.Quoiqu’un cadre légal précis préside la prise de décision au sein de l’institution municipale, la comparaison des modes de gouvernement d’une commune à l’autre fait émerger deux extrêmes, de l’exercice solitaire du maire à une décision prise collégialement par le conseil municipal dont le maire se fait le porteur. Entre ces deux extrêmes, les situations sont nombreuses et, si dans certaines communes, l’un s’impose davantage que l’autre, il existe aussi des mouvements de fluctuation en fonction des rapports de force qui se dessinent.Enfin, ce politique défini comme organisation du pouvoir au sein de la société, n’est pas enfermé dans les limites communales : les conflits au sein des conseils municipaux mettent au jour des réseaux sociaux qui sont également culturels et porteurs de sensibilités politiques ; c’est alors à une échelle intercommunale qu’ils prennent sens, marqués par les scansions nationales.

    Antoine Mandret-Degeilh, Gouverner par le rite : socio-histoire des rites d'institution municipaux autour de la parenté en France, au miroir de la situation en Allemagne (1789-1989), thèse soutenue en 2015 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Yves Déloye, membres du jury : Vincent Gourdon (Rapp.), Florence Faucher-King et Dieter Gosewinkel  

    Cette thèse a pour objet les rites d’institution municipaux autour de la parenté célébrés en France – mariage civil, baptême civil, anniversaires de mariage, Fête des mères ou encore fêtes virginales –, dont elle vise à retracer l’histoire depuis la Révolution française, à partir de matériaux de première main recueillis dans trois communes (Bobigny, Nice et Göttingen), ainsi qu’auprès de l’administration centrale, complétés par des sources de seconde main, en suivant une démarche comparative (au miroir de la situation en Allemagne), ethnographique et socio-historique. Trois temps principaux sont ainsi identifiés : l’invention de ces rites, comme résultat de la laïcisation de rites catholiques, de la Révolution française aux années 1960 avec l’entre-deux-guerres comme date charnière, puis la libéralisation de ces rites dans les décennies 1970 et 1980 et, enfin, leur individualisation dans les décennies suivantes, laquelle constitue le point de départ de nos interrogations. Cette thèse montre aussi la spécificité locale et nationale de certains des rites étudiés, ainsi que la diversité, dans le temps et dans l’espace, des figures d’exemplarité morale sur lesquelles ils reposent, en dépit de traits récurrents (ces figures sont essentiellement féminines et empruntent aux registres de la parenté mais aussi de la citoyenneté). Enfin, elle rappelle la plasticité des rites de parenté municipaux qu’illustre la diversité des usages par le bas (mode d’action collective, action politique individuelle, pratique recentrée sur ses seules fonctions de parenté, etc.) comme par le haut (instrument d’action publique, outil de légitimation, pratique clientélaire, etc.) dont ils font l’objet.

    Rodrigo Torres, Emergence historique et construction contemporaine de la question éducative dans le Chili du Bicentenaire, thèse soutenue en 2015 à Paris 1 sous la direction de Yves Déloye, membres du jury : Alfredo Joignant (Rapp.), Georges Couffignal  

    S’intéresser aux politiques éducatives chiliennes contemporaines implique le développement d’une perspective socio-historique autour des évolutions de ce champ et leurs conséquences au niveau social et politique. Ainsi, deux objectifs marquent cette recherche doctorale. D’une part, comprendre tant les continuités que les discontinuités d'une politique éducative sur la longue période (de la période de l'Indépendance à nos jours) en reliant cette politique à la singularité de la construction étatique et de la construction nationale au Chili. D’autre part, prendre la mesure des changements de régime politique (démocratie, puis autoritarisme et enfin transition et consolidation démocratique) sur les politiques éducatives (centralisation versus municipalisation, contrôle politique versus autonomie éducative, effets sur les programmes scolaires, entre autres).

    Sylvain Antichan, Mettre la France en tableaux : la formation politique et sociale d'une iconographie nationale au musée historique du château de Versailles (1830-1950), thèse soutenue en 2014 à Paris 1 sous la direction de Yves Déloye, membres du jury : Vincent Dubois (Rapp.), Pierre Birnbaum et Jean-François Chanet  

    En 1837, le château de Versailles est « converti » en un vaste musée visant à « réunir tous lessouvenirs historiques nationaux qu’il appartient aux arts de perpétuer ». Durant près d’unsiècle, cette histoire muséale de la France est reconduite, remaniée et actualisée jusqu’auprésent du Second Empire puis de la Troisième République. Notre thèse tente de comprendre,à partir d’un matériau archivistique dense, la contribution du musée à l’élaboration tout autantqu’à la diffusion d’un imaginaire national et civique.L’analyse iconographique de près de 1300 peintures, réinscrites dans leur cadre palatial,permet d’approcher les mises en forme picturales et matérielles du politique, ses variations etses invariants. Dès lors, l’enjeu est d’appréhender comment ces visions historicisées d’unÉtat-nation ont pu tenir et être appropriées. Leurs succès ne relèvent pas seulement d’uneaction politique et administrative mais s’arriment à l’agencement réciproque de différentessphères sociales et strates d’appartenance. Cette histoire nationale se forme en retraduisant lesunivers les plus familiers des acteurs, en empruntant à la mémoire domestique des « grandsnotables », aux normes et aux enjeux de groupements professionnels (peintres, historiens,militaires) ou encore en solennisant les pratiques routinières d’un « public mêlé ». L’histoirede France s’objective dans cette interpénétration des identités et des loyautés, dans cesconsolidations croisées de secteurs sociaux, dans ces dynamiques de politisation du social etde socialisation du politique. Saisir la formation, le contenu et la diffusion de cet imaginairenational équivaut alors à scruter des systèmes de relation entre groupements sociaux, desarticulations variables entre le quotidien et le national, entre l’art et l’histoire, entre le social etle politique.

    Raphaël Barat, « Les élections que fait le peuple » , thèse soutenue en 2013 à Lyon 2 sous la direction de Olivier Christin  

    Se pencher sur « les élections que fait le peuple » dans la République de Genève revient à se fixer un double objectif. Il s’agit d’une part d’éclairer un des points obscurs de l’historiographie genevoise pendant les quelques trente dernières années du « long sommeil » du Conseil général, avant la crise de 1707 ; d’autre part d’approfondir des questionnements plus généraux concernant l’histoire du vote et de la procédure électorale sous l’Ancien Régime à partir du terrain genevois, qui est de ce point de vue d’une richesse exceptionnelle. Ces deux approches permettront de réinterroger le concept de formalité, qui a été souvent utilisé à propos de ces élections, en faisant varier les échelles et les points de vue.Sans occuper une place centrale dans le système constitutionnel genevois ni dans l’accession aux charges, les élections populaires gardent une importance autant théorique que pratique à Genève (1ère partie, à quoi sert-il d’élire ?). Si la légitimité vient d’ailleurs, que ce soit dans la théorie gouvernementale qui conçoit le pouvoir comme le patrimoine de certaines familles, ou dans l’opposition bourgeoise en 1707, qui veut avant tout restaurer l’exercice direct de la souveraineté par le Conseil général (vote des lois, de l’impôt etc.), et n’envisage à aucun moment un système représentatif, l’élection populaire crée néanmoins un lien particulier entre certains magistrats et le peuple (Ch.1). Si les résultats sont souvent prévisibles, ils ne le sont pas totalement et des enjeux demeurent si l’on y regarde d’assez près : le jeu est plus ouvert quand un poste de syndic est vacant et, si les syndics sortants sont toujours reconduits sur notre période, il est arrivé plusieurs fois que les citoyens menacent de « faire sauter les vieux » (Ch.2). Les multiples précautions qui sont adoptées dans la manière d’élire montrent aussi que ces élections populaires demeurent importantes, d’une façon d’ailleurs différente pour le gouvernement et pour les citoyens (2ième partie, comment élire ?). Malgré l’ordre aristocratique qu’affirment les préséances, la fiction de la souveraineté théorique du peuple doit être préservée par le rituel électoral (Ch.3). Si l’organisation spatiale du vote et la technique du vote auriculaire mettent les électeurs sous pression, les citoyens s’insurgent finalement contre ce système et obtiennent le vote par billet et l’isoloir, grande nouveauté dans l’Europe d’alors (Ch.4). Certains citoyens s’impliquent enfin d’une manière quelque peu particulière dans l’élection à travers les brigues, qui sont pour les brigueurs comme pour les brigués un grand moment de sociabilité, dont nous pouvons découvrir les différents acteurs grâce aux sources exceptionnelles que constituent les dossiers d’enquête des procès pour brigue (Ch.5).

    Raphaël Barat, « Les élections que fait le peuple », thèse soutenue en 2013 sous la direction de Olivier Christin, membres du jury : Thomas Maissen et Hugues Daussy    

    Se pencher sur « les élections que fait le peuple » dans la République de Genève revient à se fixer un double objectif. Il s’agit d’une part d’éclairer un des points obscurs de l’historiographie genevoise pendant les quelques trente dernières années du « long sommeil » du Conseil général, avant la crise de 1707 ; d’autre part d’approfondir des questionnements plus généraux concernant l’histoire du vote et de la procédure électorale sous l’Ancien Régime à partir du terrain genevois, qui est de ce point de vue d’une richesse exceptionnelle. Ces deux approches permettront de réinterroger le concept de formalité, qui a été souvent utilisé à propos de ces élections, en faisant varier les échelles et les points de vue.Sans occuper une place centrale dans le système constitutionnel genevois ni dans l’accession aux charges, les élections populaires gardent une importance autant théorique que pratique à Genève (1ère partie, à quoi sert-il d’élire ?). Si la légitimité vient d’ailleurs, que ce soit dans la théorie gouvernementale qui conçoit le pouvoir comme le patrimoine de certaines familles, ou dans l’opposition bourgeoise en 1707, qui veut avant tout restaurer l’exercice direct de la souveraineté par le Conseil général (vote des lois, de l’impôt etc.), et n’envisage à aucun moment un système représentatif, l’élection populaire crée néanmoins un lien particulier entre certains magistrats et le peuple (Ch.1). Si les résultats sont souvent prévisibles, ils ne le sont pas totalement et des enjeux demeurent si l’on y regarde d’assez près : le jeu est plus ouvert quand un poste de syndic est vacant et, si les syndics sortants sont toujours reconduits sur notre période, il est arrivé plusieurs fois que les citoyens menacent de « faire sauter les vieux » (Ch.2). Les multiples précautions qui sont adoptées dans la manière d’élire montrent aussi que ces élections populaires demeurent importantes, d’une façon d’ailleurs différente pour le gouvernement et pour les citoyens (2ième partie, comment élire ?). Malgré l’ordre aristocratique qu’affirment les préséances, la fiction de la souveraineté théorique du peuple doit être préservée par le rituel électoral (Ch.3). Si l’organisation spatiale du vote et la technique du vote auriculaire mettent les électeurs sous pression, les citoyens s’insurgent finalement contre ce système et obtiennent le vote par billet et l’isoloir, grande nouveauté dans l’Europe d’alors (Ch.4). Certains citoyens s’impliquent enfin d’une manière quelque peu particulière dans l’élection à travers les brigues, qui sont pour les brigueurs comme pour les brigués un grand moment de sociabilité, dont nous pouvons découvrir les différents acteurs grâce aux sources exceptionnelles que constituent les dossiers d’enquête des procès pour brigue (Ch.5).

    Thomas Marty, Mobilisations politiques et expertise électorale : la question de la « représentation proportionnelle ». Histoire sociale de la réforme électorale sous la Troisième République, thèse soutenue en 2011 à Paris 10 sous la direction de Bernard Lacroix, membres du jury : Renaud Payre (Rapp.), Gilles Le Béguec, Claude Emeri et Didier Georgakakis    

    Au début du vingtième siècle, après deux décennies sans réforme électorale, le mode de scrutin devient un sujet de controverse. Cette étude se propose d’examiner les conditions du choix de la représentation proportionnelle par les membres de la Chambre des députés française ainsi que par d’autres militants. Au-delà de la rééligibilité législative, c’est à travers le changement du mode de scrutin (introduction du scrutin de liste et de la représentation proportionnelle) que le problème de la réélection apparaît sous la Troisième République. Les professeurs de droit constitutionnel, tant à Paris qu’en province, délaissent cette expertise malgré quelques entreprises militantes éparses. Leurs étudiants formulent alors un savoir académique vite enserré par les contraintes récurrentes des jurys de thèse. Nous cherchons à examiner pourquoi et comment le parlement s’est emparé de cette question. Si les conservateurs et les socialistes sont les plus zélés partisans de la représentation proportionnelle, on ne peut en rester au fait que les partis défendent des systèmes qui les favorisent le plus. Notre étude insiste sur la stabilité socio-biographique du recrutement parlementaire plutôt que sur les variations de majorité et donc d’intérêts. Il faut expliquer pourquoi et comment ce fut le débat parlementaire lui-même qui a pu aboutir à une réforme électorale. Le système mixte de 1919, entre proportionnelle et principe majoritaire, exprime cette tendance des députés à l’ « auto-critique » qui dessine in fine un « auto-portrait ». Progressivement, les circulaires ministérielles adressées aux préfets confondent ces problèmes en un seul mouvement qui tente de codifier l’organisation des candidatures qui pourrait être au fondement du renouvellement souhaité. Ce travail préfectoral retire aux seuls entrepreneurs électoraux le monopole de l’anticipation des résultats et en ménage une co-production administrative. Dans la production préfectorale, de nouvelles cartes des circonscriptions uninominales ont eu tendance à perpétuer le traditionnel « scrutin d’arrondissement ». Ces tentatives de réforme électorale spatiale ont également introduit une nouvelle échelle dans le déroulement des campagnes électorales. Cet élargissement de la capacité électorale a été rendu possible par une nouvelle représentation : la circonscription administrative du département a eu tendance à devenir le critère principal de la mobilisation électorale que ce soit pour la loi électorale de 1919 ou celle de 1927.

  • Alice Cartier, Les relations bilatérales France – Québec à l’épreuve de l’OMC et de l’Union Européenne, thèse soutenue en 2022 à Université ParisPanthéonAssas sous la direction de Gilles J. Guglielmi, membres du jury : Sarah Cassella (Rapp.), François David (Rapp.), Jean-Jacques Roche  

    Pour étudier l’évolution des relations France – Québec, nous empruntons le regard historique – retraçant le temps long et les différents cycles historiques, économiques, sociaux et culturels de nos civilisations – qui éclaire l’évolution de nos institutions, les formes et les bases du droit. Comprendre d’où l’on vient pour éclairer le présent et le futur. Les échanges commerciaux et le développement du droit international engendrent de nouvelles règles de droit ayant de fortes incidences sur notre monde en évolution, tant àl’OMC qu’au sein de l’Union Européenne. Ces accords et traités, certains dits de « nouvelle génération », dont le CETA, participent à la multi-polarisation du monde, modifiant les règles et accords de droits internationaux, révélant de nouveaux partenariats et enjeux internationaux. La relation bilatérale France – Québec s’en voit malheureusement affaiblie.

    Pascal Clouaire, Les réseaux sociothechniques dans la formation des portails des Universités de Grenoble (1998-2008), thèse soutenue en 2013 à Grenoble sous la direction de Bernard Miège, membres du jury : Françoise Paquienséguy (Rapp.), Adrian Staii et Roxana Ologeanu    

    L'objet de cette thèse est d'analyser l'émergence d'un objet technique, un portail numérique de produits de formation, en identifiant tous les actants qu'un tel projet a mobilisés et en tentant de saisir la logique de leurs interactions pour en dégager les différentes configurations sociotechniques qui se succèdent, les lois ou les régularités qui les rendent représentatives d'un processus d'innovation technique. À partir d'une enquête de terrain fortement inspirée d'une démarche ethnographique, cette recherche dresse l'inventaire de douze portails numériques qui se sont succédés entre 1998 et 2008 dans les Universités de Grenoble et décrit dans le même mouvement les acteurs, leurs positions (convergentes ou contradictoires), les différents points de vue en présence et les enjeux politiques, techniques, économiques, etc.Empruntant le concept d'objet-frontière pour englober cet ensemble d'environnements numériques successifs et communs à un territoire universitaire, l'étude donne une importance aux objets dans l'action et offre une méthode de compréhension des points d'association et de rupture entre les différents actants mobilisés. L'objectif est de modéliser les interactions qui s'établissent à chaque nouveau « prototype » de portail et qui traduisent des chaînes d'associations (techniques, économiques, politiques et d'utilisation) faisant apparaître différents réseaux.En référence à la théorie de l'acteur-réseau, l'analyse des processus de fabrication des portails consiste à identifier les mécanismes à l'œuvre dans les mouvements générateurs de ces réseaux. Cette sociologie conduit à porter un regard particulier sur le portail, considéré comme la résultante d'une combinaison d'associations entre des actants humains et non-humains. Le portail est alors une mise en forme des relations d'entités hétérogènes sociales et techniques. Pour comprendre ces mécanismes de construction, d'ajustement ou de stabilisation des liens entre les entités du réseau, la démarche consiste, dans un premier temps, en partant de l'historique des douze portails, à transposer l'ensemble des données observées dans un espace topographique (schémas, tableaux) et d'y faire figurer les relations qui se nouent entre les différents actants par la médiation de l'objet technique.Cette mise en scène des douze réseaux, à partir de l'objet technique en tant que point de repère des transformations successives de l'objet-frontière, permet dans un second temps de réaliser une analyse de la structure des réseaux, c'est-à-dire de l'ensemble des données et des agencements entre ces données qui structurent un espace. L'analyse consiste alors à interpréter la structure obtenue pour rendre compte des agencements particuliers. Pour chacun des douze portails, cette recherche met en lumière des structures particulières de réseaux et des propriétés spécifiques de constitution, de déformation et de disparition auxquelles sont soumis ces collectifs hybrides. Le rapprochement itératif et méthodique entre ces structures permet de les classer en trois ensembles distincts : les réseaux autocentrés, les réseaux coopératifs et les réseaux ouverts. Ces derniers révèlent des propriétés spécifiques, notamment : - que la compétition symbolique ou économique est une force structurante du réseau ; – que l'objet technique est un composant dont la plasticité dépend davantage de la structure du réseau que de ses caractéristiques techniques ; – que le potentiel d'action d'une entité (c'est-à-dire sa capacité à créer de la différence au sein du réseau) est lié à sa capacité à établir des associations. L'ensemble de ces propriétés traduit des processus d'innovation qui amènent à questionner le modèle de l'innovation de P. Flichy quant à la distinction des deux cadres dans l'objet-frontière et le modèle de la traduction quant à son principe de symétrie.