Olivier Ihl, Le Vieux de la Montagne: Filippo Buonarroti à Grenoble, Éditions du Croquant, 2023, Sociologie historique, 319 p.
Premier véritable révolutionnaire « professionnel », Buonarroti a été placé en « surveillance spéciale » à Grenoble. Expulsé de Genève, il s'y est installé, fin janvier 1813, avec sa compagne, Teresa Poggi. Il restera quinze mois sur les bords de l'Isère. Étrangement, ce séjour avait sombré dans l'oubli. L'exhumer, mieux : en rendre raison, tel est le but de cet ouvrage. Une enquête tout entière tournée vers le souci de ramener à la lumière les ramifications conspiratives que Buonarroti s'était employé à étendre à travers les Alpes. Plongé dans les coulisses des conspirations républicaines du début du XIXe siècle, ce livre intéressera les lecteurs attirés par les premières manifestations du socialisme en Europe. Il invite à renouer avec une époque dominée par les sociétés secrètes et le rêve d'égalité hérité de la Révolution française. Olivier Ihl est professeur de sociologie historique à Sciences Po Grenoble. Après plusieurs ouvrages sur les rituels politiques (dont La fête républicaine, Paris, Gallimard, 1996 ou Le mérite et la République, Paris, Gallimard, 2007), il s'est consacré à l'histoire de la représentation (Le premier portrait photographique. Paris 1837 et La barricade renversée. Histoire d'une photographie, Paris 1848, Vulaines-sur-Seine, Le Croquant).
Olivier Ihl, Bruno Dumons, Gilles Pollet, Frédéric Audren, Xavier Boniface [et alii], La fabrique de l'honneur: les médailles et les décorations en France (XIXe-XXe siècles), Presses universitaires de Rennes et OpenEdition, 2019
Depuis longtemps, la pérennisation du pouvoir royal s'était appuyée sur un ensemble de techniques, de dispositifs et de pratiques de gouvernement parmi lesquelles se distinguait l'attribution d'une médaille ou d'une décoration qui permettait de mettre à l'honneur un sujet. Si les révolutionnaires de 1789 ont décrété la suppression de ces ordres royaux, l'Assemblée nationale de 1791 a considéré qu'il y avait toujours lieu d'attribuer des marques d'honneur aux citoyens. Bonaparte reconnaît au Conseil d'État en 1802 qu'une telle technique n'est pas incompatible avec l'idéal républicain : « Je défie qu'on me montre une République ancienne ou moderne dans laquelle il n'y a pas eu de distinctions... » Ainsi, l'honneur devient une affaire de mérite, rationalisable et génératrice d'un nouveau modèle d'élites.Recevoir une décoration, c'est donc être mis à l'honneur publiquement par l'institution qui la décerne. L'individu récompensé incarne un exemple de « vertu » et de « mérite ». L'attribution d'une médaille appartient à une logique de « distinction » et devient progressivement une « technique de gouvernement ». Dès le début du XIXe siècle, un véritable engouement pour les médailles et les décorations s'empare d'ailleurs de la nouvelle société bourgeoise. L'Empire et la République mais également l'Église ont distribué chacun à profusion ces marques de reconnaissance. Cette inflation de récompenses honorifiques qui ne se dément pas jusqu'au milieu du XXe siècle, et dans une large mesure jusqu'à nos jours, appelle une réflexion générale et une analyse socio-historique qui n'a jusqu'alors guère suscité l'intérêt des chercheurs en sciences sociales.Préalablement considéré comme poussiéreux et futile, réservé aux numismates et aux érudits, cet objet d'étude peut être revisité sous une double approche qui envisage la médaille et la décoration comme une technique relevant des « sciences de gouvernement » et un outil de fabrication des nouvelles élites. Pour la première fois, une confrontation entre politistes, juristes et historiens a permis d'envisager, à partir de synthèses et d'études de cas empiriques, les multiples aspects qui entourent cette « technique de gouvernement » et les différents profils d'élites générés et légitimés par la « pratique décorative » d'État
Olivier Ihl, Le premier portrait photographique, Paris 1837, Editions du croquant, 2018, Sociologie historique, 238 p.
Olivier Ihl, Olivier Ihl, Gilles J. Guglielmi, Gilles J. Guglielmi (dir.), El voto electrónico: presentación de Ángel Sánchez Navarro, Centro de Estudios Políticos y Constitucionales. Mº de la Presidencia, 2017, Cuadernos y Debates, 415 p.
Olivier Ihl, La barricade renversée: histoire d'une photographie, Paris 1848, Éditions du Croquant, 2016, Collection Champ social, 147 p.
Paris, juin 1848. La révolution gronde dans les rues de la capitale. Partout, des barricades sont dressées. L'une d'elle, rue du Faubourg-du-Temple, va accompagner l'avènement du photo-journalisme. Dans l'éveil d'un petit matin parisien, trois forteresses obstruent une rue presque déserte. Une image aussi célèbre que méconnue. Due à un certain Thibault, elle montre une insurrection en acte. Qui en est l'auteur ? Et d'où vient ce mystérieux daguerréotype ? Cette enquête inédite nous plonge en fait dans la petite histoire d'un homme, là, dans la grande histoire de la République. Suffrage universel, soulèvements populaires, industrialisation de la presse et de l'art : en revenant sur les pas de cet étrange reportage, ce livre nous fait découvrir la naissance d'une culture visuelle. Celle dont dépend notre conception même de la représentation politique. Olivier Ihl est professeur de science politique à l'Institut d'études politiques de Grenoble. Né en 1965, il est l'auteur d'une douzaine d'ouvrages sur la socio-histoire des rites politiques, notamment La fête républicaine, Paris, Gallimard, 1996 (Bibliothèque des Histoires) et Le mérite et la république. Essai sur la société des émules, Paris, Gallimard, 2007. Pour une présentation plus complète de ses publications : http://www.olivierihl.fr/.
Olivier Ihl, Une histoire de la représentation: Louis Marie Bosredon et le Paris de 1848, Éditions du Croquant, 2016, Collection Champ social, 421 p.
Olivier Ihl, Gilles J. Guglielmi (dir.), Le vote électronique, LGDJ-Lextenso éd., 2015, 323 p.
Olivier Ihl, Olivier Cogne, Jean-Claude Duclos, Jacques Loiseau (dir.), Grenoble en résistance, Le Dauphiné, 2015, 169 p.
Olivier Ihl, Yves Déloye, Alfredo Joignant (dir.), Gouverner par la science : perspectives comparées, Presses universitaires de Grenoble, 2013, Libres cours, 288 p.
Olivier Ihl, Henri-Jacques Stiker, Jean-Louis Ribes, Corinne Théobald-Segalen, Nicolas Flamant, Réfléchir le management au miroir du handicap, Le bord de l'eau, 2013, 257 p.
Olivier Ihl, Yves Déloye, L'acte de vote, Cairn et Presses de Sciences Po, 2012, Références, 567 p.
Ce livre se veut une invitation à redécouvrir les savoirs et les pratiques qui façonnent notre expérience du vote. N'en déplaise aux commentateurs de nos soirées électorales, l'élection n'est pas seulement le moyen de faire valoir une opinion, c'est aussi un rituel social, une mise en scène codifiée en fonction de multiples enjeux - Bulletin, scanner optique, carte électorale, urne, machine à voter : notre rapport aux instruments de la vie électorale se métamorphose. De nouvelles interrogations sur la façon d'élire et de se faire élire émergent, et l'histoire matérielle de la démocratie représentative ouvre à la réflexion de stimulantes pistes. - Cet ouvrage de synthèse sur la dimension matérielle et sociohistorique des opérations électorales rassemble les résultats de plusieurs enquêtes menées depuis une quinzaine d'années. Une histoire qui révèle les défis de l'acte de vote, entre technique et politique, mises en scène et mobilisation, archaïsme et modernité.
Olivier Ihl, Yves Déloye, Alfredo Joignant (dir.), Les sciences du gouvernement en France et au Chili: pratiques, usages, dispositifs, De Boeck, 2012, 200 p.
Olivier Ihl, Janine Chêne, Éric Vial, Ghislain Waterlot (dir.), La tentation populiste au coeur de l'Europe: [colloque, Grenoble, septembre 2001], Éditions La Découverte, 2010, Recherches, 313 p.
Olivier Ihl, Le mérite et la République: essai sur la société des émules, Gallimard, 2007, NRF ( Essais ), 495 p.
Olivier Ihl, Delphine Deschaux-Beaume, Jean-Pierre Galland, André Gauron, Frédérique Niel, Robert Fraisse, Alexandra Jonsson, Pierre Muller, Jean-Louis Quermonne, Anne-Cécile Douillet, Alain Faure, Jean-Pierre Gaudin, Laura Michel, Odile Join-Lambert, Yves Lochard, Jacqueline Estades (dir.), Les sciences de l'action publique, Presses Universitaires de Grenoble, 2006, Collection Symposium, 288 p.
Quelle place les savoirs produits par la science politique tiennent-ils dans le gouvernement des hommes et des territoires ? Comment ces outils d’analyse sont-ils mobilisés concrètement par les pouvoirs publics ou les groupes d’intérêt ? Par qui sont-ils certifiés et sous quelles conditions ? En retour, quelle incidence a cette instrumentalisation sur la nature et le statut des laboratoires où s’élaborent ces concepts politiques ? Dans l’Europe contemporaine, jamais ces questions n’ont paru si sensibles. Il est vrai qu’une véritable industrie des « études » et « expertises » s’est développée. Longtemps cantonnée à la fonction Recherche des administrations nationales, la voilà qui s’organise dans et autour des institutions européennes : Conseil de l’Europe, Commission, Banque centrale européenne, Parlement, Cour de Justice, etc. Phénomène entièrement nouveau ? Sans doute pas. Que la recherche scientifique participe des processus de régulation publique est un fait ancien. Pourtant les formes prises par cette « participation » appellent de nos jours une réflexion spécifique. Invoquées ou contestées, elles sont au cœur des controverses sur les façons d’administrer la Cité. Défendues par les uns comme un garde-fou contre la démagogie et le populisme, elles sont attaquées par les autres comme mettant en péril les règles de la représentation politique, voire comme une manière de « confisquer » la décision publique. Derrière ce débat, une question se pose : comment les savoirs de l’action publique hérités des Trente Glorieuses se sont-ils recomposés notamment sous la double action de l’européanisation des politiques publiques et de la redéfinition du rôle de l’État face au marché ? Quelles figures du pouvoir sont associées à cette transformation fondamentale, celle du passage d’un monopole étatique à une pluralité de systèmes d’action publique, celle de rapports renouvelés entre ingénierie de gouvernement, sciences sociales et action politique.
Olivier Ihl, Jean-Claude Duclos (dir.), Grenoble en résistance: parcours urbains, Éd. "Le Dauphiné", 2004, 129 p.
Olivier Ihl (dir.), Catalogue des ouvrages du CERAT: 1968-2004, PACTE-Cerat, 2004, 173 p.
Olivier Ihl, El voto, LOM Ediciones, 2004, Serie universitaria, 170 p.
Olivier Ihl, Martine Kaluszynski, Gilles Pollet (dir.), Les sciences de gouvernement, Economica, 2003, Études politiques, 218 p.
Olivier Ihl, Le vote, 2e éd., Montchrestien, 2000, Clefs ( Politique ), 160 p.
Olivier Ihl, Jean-William Dereymez, Gérard Sabatier (dir.), Un cérémonial politique: les voyages officiels des chefs d'Etat, l'Harmattan, 1998, Collection Logiques politiques, 315 p.
Olivier Ihl, La fête républicaine, Gallimard, 1996, Bibliothèque des histoires, 402 p.
Olivier Ihl, Le vote, Monchrestien, 1996, Clefs ( Politique ), 158 p.
Olivier Ihl, Yves Déloye, Claudine Haroche (dir.), Le protocole ou la mise en forme de l'ordre politique: [colloque international, 7, 8 et 9 juin 1995, Paris], l'Harmattan et Impr. Lavauzelle graphic, 1996, Logiques politiques, 352 p.
Olivier Ihl, Nathalie Dompnier, Vichy à travers chants: pour une analyse politique du sens et de l'usage des hymnes sous Vichy, 1995, 215 p.
Olivier Ihl, Yves Déloye, Claudine Haroche (dir.), Le protocole,, Institut international d'administration publique, 1995
Olivier Ihl, Rites politiques et intégration nationale: Les Fêtes républicaines dans les campagnes de la Haute-Vienne (1880-1914), sn, 1988, 154 p.
Olivier Ihl, Nathalie Dompnier, « Entrée : Observation of elections », in Déloye, Yves;Bruter, Michael; (dir.), Encyclopaedia of European elections, Palgrave Macmillan, 2007, pp. ??
Olivier Ihl, Nathalie Dompnier, « Observation des élections », in Déloye Yves (dir.), Dictionnaire des élections européennes, Economica, 2005
Olivier Ihl, Martine Kaluszynski, Gilles Pollet, « Introduction. Pour une socio-histoire des sciences de gouvernement », in Ihl, Olivier;Kaluszynski, Martine;Pollet, Gilles; (dir.), Les sciences de gouvernement, Economica, 2003, pp. 1-21
Olivier Ihl, Yves Déloye, « Politix. », Des votes pas comme les autres, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1993, pp. -
Olivier Ihl, Yves Déloye, Avant-propos, Association française de science politique, Paris : Fondation nationale des sciences politiques (France), Paris : Association française de science politique et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1993, pp. 3-5
Ihl Olivier, Deloye Yves. Avant-propos. In: Revue française de science politique, 43ᵉ année, n°1, 1993. pp. 3-5.
Olivier Ihl, « L’obsession du réalisme. Sur trois expériences primitives de photographie (1837-1851) », Presses universitaires de Saint-Étienne, 2019
Le critique de cinéma André Bazin proposa, au moment de la Libération, de caractériser la photographie par une donnée psychologique : la capacité de combler « notre appétit d’illusion par une reproduction mécanique dont l’homme est exclu ». Comme le cinéma, ce médium aurait rompu avec le souci esthétique, celui de représenter le monde. En organisant « un transfert de réalité de la chose sur sa reproduction », il viendrait satisfaire « définitivement et dans leur essence même l’obsession du ré...
Olivier Ihl, « Ce que le populisme nous dit des évolutions de la démocratie représentative », Aix-en-Provence : Presses Universitaires d'Aix-Marseille, Paris : Economica et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 2019, pp. 713-723
Ihl Olivier. Ce que le « populisme » nous dit des évolutions de la démocratie représentative. In: Annuaire international de justice constitutionnelle, 34-2018, 2019. Égalité, genre et constitution - Populisme et démocratie. pp. 713-723.
Olivier Ihl, « L’atelier du regard », Durand, Jean-Pierre, 2017
Figure n° 1 – Lithographie de Louis-Marie Bosredon, chez Lemercier, Paris, rue de Seine, 1857 BNF, Estampes et photographie : SNR – 3 (BOSREDON, M. L.), cliché pers. En se constituant en champ de recherche (Terrenoire, 2006), la sociologie visuelle s’est principalement intéressée à la photographie et au film. Elle a délaissé, en revanche, les pratiques de représentation graphique qui restent, du coup, largement à découvrir. Le dessin ouvrier constitue l’un de ses temps forts. Sa capacité à m...
Olivier Ihl, « Dans l’œil du daguerréotype », Société française de photographie, 2016
Le cliché ci-contre passe pour la « première illustration photographique d’un reportage dans les journaux » (fig.1).La rue du Faubourg-du-Temple lors des sanglantes journées de juin 1848 : telle est la scène capturée par ce célèbre daguerréotype. Sur l’image, une barricade se tient en travers de la rue déserte, tandis qu’en face une femme portant un bonnet blanc est penchée à une fenêtre. Elle regarde le photographe. Il est 7 h 30 du matin. En ce dimanche 25 juin, elle est la seule présence h...
Olivier Ihl, « Louis Marie Bosredon et l’entrée dans le suffrage universel . Sociogenèse d’une lithographie en 1848 », Société d’histoire de la révolution de 1848, 2015
L’image est devenue emblématique. Un ouvrier, poitrine découverte, délaisse d’une main son fusil pour déposer, de l’autre, un bulletin de vote dans l’urne du « suffrage universel ». La scène tient même lieu d’« icône incontournable ». Manuels scolaires, catalogues d’exposition, articles de presse, ouvrages spécialisés : tous célèbrent sa dimension allégorique. Comme pour en faire un contrepoint à la fameuse déclaration à la salle Saint-Jean au soir du 24 février. Là, au milieu des sabres et d...
Olivier Ihl, Yves Déloye, Alfredo Joignant, « Les sciences du gouvernement en France et au Chili : pratiques, usages, dispositifs », Revue internationale de politique comparée, De Boeck, 2012, p. 200
Olivier Ihl, « Une fidélité épinglée. Récompenses honorifiques et stratégies clientélaires dans le Grenoble du ministre Alain Carignon », Rome : École Française de Rome et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 2008, pp. 493-513
L’attribution d’une décoration est l’un des rituels les plus éprouvés pour faire corps : autour d’une figure de notable, autour d’une équipe municipale, autour d’une fierté territoriale. Cérémonie familière, la remise de médaille est pourtant rarement interrogée. Comme si cette pratique était abandonnée au carnet mondain. Elle est pourtant un des moyens les plus efficaces pour comprendre combien la politique peut se transformer en relations personnelles : les mandats d’Alain Carignon dans le Grenoble des années 1983-1995 en offrent une illustration. Cependant, pour en saisir le rôle en matière de récompenses honorifiques, une vigilance toute particulière s’impose. Qui sont véritablement les récipiendaires ? Pour quelles raisons sont-ils distingués ? À qui doivent-ils leur reconnaissance ? Interroger les conditions d’obtention de telles marques d’exemplarité, c’est rencontrer le problème de leurs usages et cela au coeur des stratégies de constitution et de reproduction d’un fief électoral.
Olivier Ihl, Yves Déloye, « Pour une histoire matérielle de la démocratie », Critique : revue générale des publications françaises et étrangères, Éditions de Minuit, 2005, n°697698
Olivier Ihl, « Récompenser la vertu: sur la charité scientifique de l’Académie des Sciences morales et politiques », Rome : École française de Rome et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 2005, pp. 871-892
Depuis le XIXe siècle, l’Académie des sciences morales et politiques s’emploie à récompenser des «actes de vertu et des services rendus à la société et à l’humanité» par les plus pauvres. Cette rétribution des vertus de la misère ne se limite pas au célèbre prix Montyon. Rien qu’entre 1850 et 1900, ce sont près de 80 concours à caractère humanitaire et philanthropique qui ont été confiés à la «première institution française à couvrir le champ des sciences humaines» . Aujourd’hui encore, cette dernière dispense plus d’une cinquantaine de prix, bourses, médailles et diplômes auxquels s’ajoutent de nombreux secours caritatifs. Cet article vise à prendre la mesure de tels concours de la misère. La préoccupation qui sert de bannière à cette justice distributive ? Transformer des conduites jugées exemplaires en objets de récompense, susciter une émulation apte à moraliser le corps social. Au nom d’un idéal de connaissance se décline une vocation. La science est élevée ici au tribunat d’une «oeuvre» : elle doit célébrer l’indigence vertueuse. C’est pourquoi il importe de revenir sur les attendus de ce qu’il faut bien appeler une technique de gouvernement : celle d’une science politique des récompenses dont il est nécessaire de comprendre les fondements et les enjeux, les origines et l’actualité.
Olivier Ihl, « Le pouvoir de la règle », Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (LESC), 2004
La réforme du mode de scrutin ne manque jamais en France de soulever les plus vives controverses. Quelle que soit son ampleur, elle provoque des réactions passionnées, et déjà chez ceux dont la position dépend des configurations de jeu que cette règle délimite. Quel est au juste le pouvoir de régulation d’un mode de scrutin ? De quelle force bénéficie ce type de disposition électorale ? Si le vote est un procédé par lequel les voix recueillies conditionnent une décision collective, ce que l’o...
Olivier Ihl, « Socialisation et événements politiques », Association française de science politique, Paris : Fondation nationale des sciences politiques (France), Paris : Association française de science politique et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 2002, pp. 125-144
political judgments for a long time, reducing them to an often one-dimensional construction. This article reconsiders what this work has brought, with a question that acts as the main idea : how can a political experience become a symbol and thus an agent of socialization in and of itself ? In the last few years, stimulating answers have been given to this question, at the intersection of the problematics, concepts and stakes for each of the major study traditions that organize the understanding of political socialization. This leads to an invitation to widen the usual definition of political socialization so as to better understand the way in which the junction between political events and the formation of attitudes occurs.
Olivier Ihl, « La république des titres et des honneurs », Seuil, Paris : Seuil et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 2000, pp. 115-137
Ihl Olivier. La république des titres et des honneurs. In: Communications, 69, 2000. La déférence, sous la direction de Claudine Haroche. pp. 115-137.
Olivier Ihl, « De bouche à oreille. Sur les pratiques de commensalité dans la tradition républicaine du cérémonial de table », Association française de science politique, Paris : Fondation nationale des sciences politiques (France), Paris : Association française de science politique et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1998, pp. 387-408
Depuis deux siècles, la pratique des banquets publics est devenue à la lettre un rituel de représentation politique. D'où l'intérêt de s'interroger sur les vertus démonstratives de cette commensalité subordonnée à des fonctions précises. Dégager la structure ordonnatrice de ces repas en commun, c'est en fait se donner les moyens de comprendre comment, à égale distance de l'idéal de civilité aristocratique et de la frugalité ascétique de la Cène chrétienne, cette convivialité d'apparat a pu donner forme à des modes spécifiques de sociabilité et de mobilisation. Comment ce cérémonial de table a pu mettre en scène une intimité collective présentée et parfois expérimenté comme une alternative au rapport de délégation célébrée par le développement de l'État parlementaire.
Olivier Ihl, Yves Déloy, « Le XIXe siècle au miroir de la sociologie historique », Société d’histoire de la révolution de 1848, 1996
Olivier Ihl, « La civilité électorale : vote et forclusion de la violence en France (Partie 1) », Centre d'études sur les conflits - Liberté et sécurité, 1993
Les incitations ne manquent pas qui poussent les acteurs sociaux à concevoir l'ordre politique moderne comme un idéal de rationalité et de fonctionnalité garant d'une véritable pacification des esprits et des corps. En caractérisant l'Etat à travers sa capacité à revendiquer "le monopole de la contrainte physique légitime", Max Weber établit une affinité très forte entre la forclusion de la violence privée et l'avènement d'un mode de domination rationnelle-légale. Parce qu'"il n'existe de nos...
Olivier Ihl, « La civilité électorale : vote et forclusion de la violence en France (Partie 2) », Centre d'études sur les conflits - Liberté et sécurité, 1993
L'ordre du vote contesté On l'a vu : construit spatialement et normativement, le vote instaure un ordre symbolique qui impose une éradication complète des expériences de violence. Aussi, dans l'imaginaire démocratique, l'électeur-citoyen a-t-il pour figure symétriquement inverse l'insurgé : celui, dont la conduite dans l'espace public opère une sorte d'inversion du comportement idéal que les manuels scolaires assignent au futur citoyen. Cependant, cet ordre aux multiples figures n'a pas a...
Olivier Ihl, « Les territoires du politique. Sur les usages festifs de l'espace parisien à la fin du XIXe siècle », Association des étudiants en science politique de Paris 1, Paris : Association des étudiants en science politique de Paris 1 et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1993, pp. 15-32
Les territoires du politique. Sur les usages festifs de l'espace parisien à la fin du XLXe siècle.
Olivier Ihl [15-32].
L'examen du rôle tenu par Paris dans le système festif républicain permet de saisir l'incidence des représentations territoriales dans le processus de construction de la citoyenneté. Il en dévoile surtout les coordonnées symboliques : au travers des pratiques festives initiées par les autorités, Paris se vit assignée un mode de centralité original, fondée sur la dissociation fonctionnelle du dispositif empirique de la ville et du support imaginaire de la capitale. Une dissociation qui a abouti à déterritorialiser le sentiment d'appartenance à la nation, en suscitant des formes de connivences et de sociabilité affranchies des logiques traditionnelles de l'univers communautaire.
Olivier Ihl, « L'urne électorale. Formes et usages d'une technique de vote », Association française de science politique, Paris : Fondation nationale des sciences politiques (France), Paris : Association française de science politique et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1993, pp. 30-60
Instrument essentiel de la pratique électorale, l'urne a connu, à l'instar de la plupart des équipements du vote, une mise en œuvre largement improvisée. Véritable « objet total », elle symbolise à elle seule la primauté acquise par cet idéal de rationalité politique que l'on désigne comme démocratique. L'étude de son inscription au cœur du dispositif électoral permet de mieux comprendre le rôle des protocoles techniques qui encadrent la pratique du vote. Car, avant d'être un produit standardisé, la boîte de scrutin a fait l'objet de multiples expériences : des tâtonnements, des résistances, des transactions dont l'importance est révélatrice des attentes qui pèsent sur le suffrage universel.
Olivier Ihl, Yves Déloye, « Légitimité et déviance. L'annulation des votes dans les campagnes de la IIIe République », Association des étudiants en science politique de Paris 1, Paris : Association des étudiants en science politique de Paris 1 et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1991, pp. 13-24
Déloye Yves, Ihl Olivier. Légitimité et déviance. L'annulation des votes dans les campagnes de la IIIe République. In: Politix, vol. 4, n°15, Troisième trimestre 1991. La politique en campagnes, sous la direction de Jean-Louis Briquet et Yves Déloye. pp. 13-24.
Olivier Ihl, Yves Déloye, « Des voix pas comme les autres. Votes blancs et votes nuls aux élections législatives de 1881 », Association française de science politique, Paris : Fondation nationale des sciences politiques (France), Paris : Association française de science politique et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1991, pp. 141-170
L'acte de vote représente un terrain d'observation privilégié du travail d'éducation politique à la fin du 19e siècle. Entreprendre une ethnographie de ce geste électoral suppose que l'on soit tout aussi attentif à ses formes légitimes qu'à celles, contestataires ou déviantes, que sont généralement l'abstention ou le vote « blanc et nul ». L'étude approfondie des bulletins annulés au cours des élections législatives de 1881 met notamment en évidence la pluralité des savoir-faire engagés dans cette procédure de désignation. Elle informe également sur la nature des résistances qui ont pu se manifester lors de la mise en œuvre de la citoyenneté républicaine. Une telle perspective aboutit ainsi à reformuler la valeur du suffrage : celui-ci n'est plus envisagé à partir des significations propres à la scène politique mais du point de vue de l'électeur, des attentes qui pèsent sur lui, de l'apprentissage auquel il lui a fallu consentir.