Jérôme Tournadre

Chargé de recherche
Politique, pouvoir, organisation.
Centre National de la Recherche Scientifique

Institut des Sciences Sociales du Politique

Responsabilités administratives et scientifiques :

PUBLICATIONS ENCADREMENT DOCTORAL
  • THESE

    Au-delà de la gauche et de la droite, une troisième voie ? Histoire sociale, politique et intellectuelle du "nouveau progressisme" britannique (de 1994 à nos jours), soutenue en 2005 sous la direction de Evelyne Pisier   

  • Jérôme Tournadre, Arnault Skornicki, La nouvelle histoire des idées politiques, La Découverte, 2024, Collection Repères, 127 p.  

    L'histoire des idées politiques s'est longtemps résumée au commentaire savant de grands penseurs discutant de grandes questions éternelles. De par le monde, les entreprises de refondation se sont pourtant multipliées depuis les années 1960, portées par des approches parfois divergentes, mais s'accordant sur la nécessité de traiter les idées comme des faits insérés dans la réalité historique. Longtemps restée en marge, la France a fini par être gagnée par ces courants étrangers et par développer à son tour de nouvelles entreprises collectives originales. Ce panorama national et international met en relation les divers courants de cette historiographie renouvelée. Disséquant les apports d'écoles consacrées (Cambridge School, sémantique historique allemande, généalogie foucaldienne, histoire sociale des idées politiques, etc.) et mettant en perspective des thématiques ayant peu fait l'objet de synthèses (idées et milieux populaires, idées et décision publique, etc.), il offre des réponses à des questions essentielles : qu'est-ce qu'une idée politique ? Les idées politiques sont-elles le fruit du seul génie créateur de leurs auteurs ? Gouvernent-elles le monde ?

    Jérôme Tournadre, Politique du proche: un mouvement de pauvres en Afrique du Sud, CNRS éditions, 2024, 405 p.    

    Depuis la fin des années 1990, l’Afrique du Sud est le théâtre régulier de protestations, qui basculent parfois dans la violence. Elles viennent rappeler les manquements à la «vie meilleure pour tous» pourtant promise par l’African National Congress (ANC) au sortir de l’apartheid. Cette enquête nous conduit au cœur de ce mécontentement, dans les rangs d’un mouvement de pauvres dénonçant leurs mauvaises conditions de vie. Elle le fait de façon quelque peu inhabituelle en privilégiant, au bruit des manifestations, l’ordinaire de la vie sociale des militants, de leurs proches et des habitants des quartiers populaires d’une ville moyenne. Une telle démarche permet de redonner un peu de leur épaisseur à des notions aussi fondamentales que la quête de reconnaissance, la souffrance sociale ou la dignité. S’aventurer dans le quotidien de ces femmes et de ces hommes, dans une intimité où affleurent leurs attentes et déceptions, autorise surtout à porter un autre regard sur la «nation arc-en-ciel» ; un regard sensible au fait que, trente ans après l’avènement de la démocratie, l’entrelacement de la pauvreté et de la race ne s’est toujours pas desserré.

    Jérôme Tournadre, Après l'apartheid: La protestation sociale en Afrique du Sud, Presses universitaires de Rennes et OpenEdition, 2019, 270 p.    

    C'est au cœur de l'Afrique du Sud contemporaine que nous entrai��ne cet ouvrage ; vers l'horizon monotone que dessinent les maisons alignées des townships ; dans les ruelles de terre battue sinuant entre les cabanes en tôle et les échoppes de fortune. Louée pour sa transition démocratique, la « Nation arc-en-ciel » connaît, depuis la fin des années 1990, un cycle presque ininterrompu de protestation sociale. Chaque jour ou presque, des femmes et des hommes manifestent pour avoir un toit et, peut-être plus encore, pour dénoncer l'inachèvement de leur citoyenneté et les renoncements de l'ANC. Mêlant entretiens, observations de moments protestataires et description du quotidien des plus pauvres, l'auteur souligne les contours d'un monde en soi, où se réfléchissent les transformations des élites survenues depuis les années Mandela, la mémoire de la lutte contre l'apartheid et la persistance de pratiques politiques propres aux quartiers populaires

    Jérôme Tournadre, Arnault Skornicki, La nouvelle histoire des idées politiques, La Découverte, 2015, Collection Repères ( Sciences politiques, droit ), 123 p. 

    Jérôme Tournadre, Au-delà de la gauche et de la droite, une troisième voie britannique ?, Dalloz, 2006, Nouvelle bibliothèque de thèses ( Science politique ), 273 p. 

    Jérôme Tournadre, La troisième voie selon Anthony Giddens: au-delà de la social-démocratie "traditionnelle" et du néolibéralisme, l'auteur, 2000 

  • Jérôme Tournadre, Chloé Gaboriaux, Martine Kaluszynski, « Itinéraire d'une socio-historienne : les sciences de gouvernement comme idées en action ? Entretien avec Martine Kaluszynski », in Chloé Gaboriaux, Arnault Skornicki (dir.), Vers une histoire sociale des idées politiques, Presses Universitaires du Septentrion, 2017, pp. 279-291   

    Jérôme Tournadre, « Penser le “dépassement de la gauche et de la droite.” Genèse et fonctionnement de l'espace de théorisation de la “troisième voie” britannique », in Jacques Le Bohec et Christophe Le Digol (dir.), Gauche/droite. Genèse d'un clivage politique , Presses Universitaires de France, 2012   

    Jérôme Tournadre, « « We have to win the battle of ideas ». Engagements intellectuels autour de la Troisième Voie dans la Grande-Bretagne des années 1990 », in François Hourmant et Arnauld Leclerc (dir.), Les intellectuels et le pouvoir. Déclinaisons et mutations, Presses Universitaires de Rennes, 2012, pp. 225-249     

    Jérôme Tournadre, « La naissance du New Public Management en Grande-Bretagne et sa reformulation par les néo-travaillistes », in Bonelli Laurent, Pelletier Willy (dir.) (dir.), L'État démantelé. Enquête sur une révolution silencieuse, La Découverte, 2010, pp. 87-91 

    Jérôme Tournadre, « The Third Way and the governance of the social in Britain », A city of one's own, Ashgate, 2008, pp. 201-212   

  • Jérôme Tournadre, « Away from Demonstrations. South African Poor People's Movements and the 'Regime of the Near' », Social Analysis, 2022, pp. 87-107   

    Jérôme Tournadre, « ‘I am a full-time activist’ », 2021  

    ‘I have a base, you know?’ It’s a late November afternoon, and Ayanda and I are strolling down the long street that runs along the buildings of the social science departments of Rhodes University. A few minutes ago we were in one of the main pubs in the city. He ordered a pizza to go. I paid, without him having to ask me. As if it went without saying. I was almost surprised that he should choose this place which, to my eyes as a foreigner, embodies perhaps a little too well the White face of ...

    Jérôme Tournadre, « ‘I am a full-time activist’ »: Activism and sense of community in a South African township, Terrain : revue d'ethnologie de l'Europe , 2021, p. 20921   

    Jérôme Tournadre, «  Je suis un activiste à temps plein  », 2020  

    « J’ai une base, tu sais ? » En cette fin d’après-midi de novembre, Ayanda et moi-même arpentons sans but précis la longue rue qui longe les bâtiments des départements de sciences sociales de l’université de Grahamstown, dans la province sud-africaine du Cap-oriental. Il y a quelques minutes, nous étions dans l’un des plus anciens pubs de la ville. Ayanda y a commandé une pizza à emporter. J’ai payé, sans qu’il ait eu besoin de me le demander. Comme si cela allait de soi. J’étais presque surp...

    Jérôme Tournadre, « Between Boredom, Protest, and Community »: Ethnography of Young Activists in a South African Township, Journal of Contemporary Ethnography, 2020, n°3     

    Jérôme Tournadre, « Je suis un activiste à temps plein. Militantisme et sens de la communauté dans une township sud-africaine », Terrain : revue d'ethnologie de l'Europe , 2020 

    Jérôme Tournadre, « ‘Because we are the only ones in the community!’ Protest and daily life in poor South African neighborhoods », Focaal, 2017, n°78, pp. 52-64   

    Jérôme Tournadre, « Sur les bords de la protestation sociale. Illustrations sud-africaines », Cultures & conflits, 2016, n°101, pp. 121-138      

    L’analyse des mouvements sociaux serait trop étroitement balisée, à en croire les appels relativement récents et explicites à « élargir notre conceptualisation […] au-delà de la politique contestataire  ». À ceux-ci, ont semblé répondre diverses tentatives en vue de placer sous l’étendard mouvementiste des formes d’actions collectives qui en avaient jusqu’alors été écartées . C’est cependant une autre façon de concevoir l’élargissement que l’on trouvera au principe de ce texte, à distance de ...

    Jérôme Tournadre, « La Troisième Voie et la lutte contre la pauvreté au Royaume-Uni »: L'expérience des gouvernements Blair et Brown, Politiques sociales et familiales, 2011, n°104, pp. 37-47   

    Jérôme Tournadre, « Le choix dans les services publics. Entre consensus transpartisan et luttes politiques », Observatoire de la société britannique, 2010, n°9, pp. 43-55 

    Jérôme Tournadre, « L'heure du choix »: Compétition et personnalisation dans l'État social britannique, Raisons politiques, 2010, n°37, pp. 147-170   

    Jérôme Tournadre, « Une cuillère en argent pour tout le monde . »: L’Asset-based Welfare : diffusion, appropriations et usages d’une « nouvelle » théorie de l’État, Revue Française de Science Politique, 2009, n°4, pp. 633-653   

    Jérôme Tournadre, « Un intellectuel consacré dans l'espace politique : le cas d'Anthony Giddens », Socio-logos, 2008, n°3     

    Jérôme Tournadre, Jérôme Tournadre-Plancq, « Un  intellectuel consacré  dans l’espace politique : le cas d’Anthony Giddens », 2008  

    La mise en forme, à partir du milieu des années 1990, du projet politique du New Labour a emporté certaines recompositions au sein du marché britannique des idées. Volontiers campés en simples pragmatiques par leurs opposants, les membres de la « nébuleuse modernisatrice » travailliste ont en effet compris que le « succès » du thatchérisme s’était pour partie construit sur une hégémonie culturelle longuement travaillée par un efficace système d’action. Les « modernisateurs » autoproclamés de ...

  • Jérôme Tournadre, « La conviction de l'inéluctable. Effondrisme et action collective dans la France contemporaine », Séminaire « Les recompositions contemporaines du croire » 2022, Paris, le 25 mars 2022   

    Jérôme Tournadre, « La gauche britannique et le "e-word" : débats sur l'égalité dans les années 1980 et 1990 », Séminaire Chaire Histoire moderne et contemporaine du politique au Collège de France, Paris, le 01 mars 2011 

    Jérôme Tournadre, « La Troisième voie et les politiques de lutte contre la pauvreté », Lutte contre la pauvreté : fondements de l'intervention publique et effets politiques, Paris, le 01 octobre 2010 

    Jérôme Tournadre, « Définitions et usages des frontières de l'espace des mouvements sociaux en Afrique du Sud post-apartheid », Lutter dans les Afriques, Paris, le 01 janvier 2010 

    Jérôme Tournadre, « L'introduction du choix dans les services publics britanniques », La Grande-Bretagne de l'Après-Blair : crises et renouveau, Aix-en-Provence, le 01 octobre 2009 

Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Margaux Schramm Decroix, Le Gouvernement de la misère : l'intervention à destination des enfants des rues à Dakar, thèse soutenue en 2022 à Paris 10, membres du jury : Charles-Édouard de Suremain (Rapp.), Valérie Delaunay (Rapp.), Élisa Chelle, Anne Le Naëlou et Gabriela Matei    

    Cette thèse analyse l’intervention à destination des enfants des rues à Dakar. Elle met en lumière les mécanismes d’une action publique coproduite par des acteurs privés et publics, nationaux et internationaux. Ces mêmes mécanismes s’enracinent dans la coexistence d’une gouvernance officielle et de pratiques officieuses. Derrière un apparent consensus quant à la nécessité d’intervenir à l’intention des enfants des rues, les désaccords, les concurrences et les conflits émergent. Ils font l’objet d’une mise en conformité à travers des instruments partagés par les acteurs en présence. Ainsi, l’intervention est produite et reproduite, malgré des résultats très relatifs pour les enfants, adolescents et jeunes adultes qui font l’expérience de la rue à Dakar, et donne corps à un gouvernement de la misère.

  • Didier Gauvin, Un intellectuel communiste illégitime : Roger Garaudy, thèse soutenue en 2018 à Université Grenoble Alpes ComUE sous la direction de Olivier Ihl, membres du jury : Anne Daguerre (Rapp.), Alain Fernex et Michel Dreyfus  

    Après avoir atteint l'excellence en tant qu'intellectuel de parti stalinien pendant la Guerre froide, Roger Garaudy s'est construit comme intellectuel "véritable" contre la doxa du PCF qu'il était pourtant chargé d'incarner, à la faveur de son autonomisation suite au choc du XX° Congrès du PCUS périmant sa foi en Staline. C'est ainsi que la résurgence progressive de son habitus théologico-philosophique a fait de lui l'homme du dialogue par excellence adapté à la démarginalisation du PCF dans le champ intellectuel des années 1960. Mais si son engagement sur la tagente hérétique a fait de lui l'un des intellectuels communistes poussant le plus loin le projet de rénovation du PC en offrant une véritable stratégie alternative à celle du Parti après 1968, l'exclusion qui s'en est suivie s'est traduite par un retour du refoulé religieux qui, couplé à la posture prophétique d'un intellectuel désormais excentré dans le champ intellectuel français, a largement contribué à la délégitimation de l'ancien philosophe du PC avant même sa radicalisation ultime qui a achevé de le disqualifier suite à sa condamnation pour négationnisme.

    Clotilde Riotor, Une réconciliation contestée , thèse soutenue en 2017 à Paris EHESS sous la direction de Élisabeth Claverie  

    Pourquoi certains crimes d’État ou de masse sont-ils jugés au sortir d’un régime autoritaire ou d'une guerre civile, tandis que d'autres épisodes de violence voient leur traitement judiciaire en suspens ? Pourquoi passe-t-on parfois par des procédures ou institutions dites de « réconciliation » ? Ces dernières constituent-elles des formes de contournement de la justice ? La thèse tente de répondre à ces questions à l'aune d'un cas de violence survenu en 1984 en Indonésie. Tranchant avec un climat national souvent qualifié d'impunité des auteurs suspectés de violations graves passées, la « tragédie de Tanjung Priok » n'est pas restée sans suites. En 2003, cinq années après la démission de Suharto, quelque quinze militaires qui avaient été déployés sur les lieux lors du massacre furent jugés pour « crimes contre l'humanité » devant un tribunal national ad hoc des droits de l’homme. Or, une charte de « réconciliation », dite charte d'ishlah, se référant au droit islamique, signée avant le procès par les accusés et une partie des victimes, a déclenché une controverse et suscité l'embarras des acteurs institutionnels. Pour comprendre les enjeux de cette « réconciliation », ce travail fait dialoguer une revue comparative des mécanismes de justice transitionnelle à l'échelle internationale, avec un portrait de l'Indonésie en transition et une reconstitution historique des scènes-clés et polémiques ayant marqué l'ensemble d'une l'affaire qui s'étend sur plus de vingt ans. La thèse se démarque des descriptions surplombantes des lendemains de violence en insistant sur les dynamiques locales à l’œuvre sur une temporalité longue, à partir de sources variées (entretiens, tracts, procès, presse), depuis la contestation souterraine de la violence sous Suharto jusqu'aux années 2000. L'approche ici développée se distingue néanmoins des analyses centrées sur le déterminisme des structures pour mettre en lumière les effets de concaténation générés par la mondialisation des pratiques de justice transitionnelle.

    Clotilde Riotor, Une réconciliation contestée, thèse soutenue en 2017 sous la direction de Élisabeth Claverie, membres du jury : John Bowen, Jean-Louis Margolin et Sandrine Lefranc    

    Pourquoi certains crimes d’État ou de masse sont-ils jugés au sortir d’un régime autoritaire ou d'une guerre civile, tandis que d'autres épisodes de violence voient leur traitement judiciaire en suspens ? Pourquoi passe-t-on parfois par des procédures ou institutions dites de « réconciliation » ? Ces dernières constituent-elles des formes de contournement de la justice ? La thèse tente de répondre à ces questions à l'aune d'un cas de violence survenu en 1984 en Indonésie. Tranchant avec un climat national souvent qualifié d'impunité des auteurs suspectés de violations graves passées, la « tragédie de Tanjung Priok » n'est pas restée sans suites. En 2003, cinq années après la démission de Suharto, quelque quinze militaires qui avaient été déployés sur les lieux lors du massacre furent jugés pour « crimes contre l'humanité » devant un tribunal national ad hoc des droits de l’homme. Or, une charte de « réconciliation », dite charte d'ishlah, se référant au droit islamique, signée avant le procès par les accusés et une partie des victimes, a déclenché une controverse et suscité l'embarras des acteurs institutionnels. Pour comprendre les enjeux de cette « réconciliation », ce travail fait dialoguer une revue comparative des mécanismes de justice transitionnelle à l'échelle internationale, avec un portrait de l'Indonésie en transition et une reconstitution historique des scènes-clés et polémiques ayant marqué l'ensemble d'une l'affaire qui s'étend sur plus de vingt ans. La thèse se démarque des descriptions surplombantes des lendemains de violence en insistant sur les dynamiques locales à l’œuvre sur une temporalité longue, à partir de sources variées (entretiens, tracts, procès, presse), depuis la contestation souterraine de la violence sous Suharto jusqu'aux années 2000. L'approche ici développée se distingue néanmoins des analyses centrées sur le déterminisme des structures pour mettre en lumière les effets de concaténation générés par la mondialisation des pratiques de justice transitionnelle.