Marie-Claire Lavabre

Directeur de recherche
Politique, pouvoir, organisation.
Centre National de la Recherche Scientifique

Institut des Sciences Sociales du Politique

Responsabilités administratives et scientifiques :

  • Marie-Claire Lavabre, Marie Cornu, Jérôme Fromageau, François Julien-Laferrière, Denis Merklen (dir.), Archives des dictatures sud-américaines: entre droit à la mémoire et droit à l'oubli, Presses universitaires de Paris Nanterre, 2023, Les passés dans le présent, 390 p.  

    Les archives constituent un pilier de la mémoire collective des nations et des sociétés. Conservant les traces du passé collectif, sources de connaissance pour l’histoire, elles garantissent l’accès des citoyens à l’information. Elles sont par conséquent essentielles à l’exercice de la démocratie. Centré sur les pays du Cône Sud (Argentine, Brésil, Chili, Paraguay, Uruguay), le présent ouvrage porte sur la période des dictatures militaires inaugurée par le coup d’État au Brésil de 1964 et close avec le retour à la démocratie au Chili en 1990. Il traite du sort et de l’utilisation des archives administratives à la chute de ces dictatures, dans une visée internationale. Dans les périodes de transition post conflit, et bien au-delà, tant que les plaies du passé restent ouvertes, elles sont au coeur des revendications d’un droit à la « mémoire », à la « vérité historique », à la justice. Elles sont un lieu privilégié pour cette aspiration à la vérité qu’il convient de connaître, mais aussi de faire connaître, quand l’occultation des crimes d’État devient une technique privilégiée par les régimes autoritaires.

    Marie-Claire Lavabre, Pilar Gonzalez Bernaldo de Quirós, Marianne Amar (dir.), Migraciones y museos - Una aproximación global: una aproximación global, Prohistoria Ediciones, 2020, Colección Actas, 194 p. 

    Marie-Claire Lavabre, Claire Andrieu, Danielle Tartakowsky (dir.), Politiques du passé: usages politiques du passé dans la France contemporaine, Presse universitaires de Provence et OpenEdition, 2017  

    Les gouvernements et les acteurs politiques nationaux mettent en œuvre des politiques de la mémoire. Le fait n'est pas nouveau, mais la fréquence et l'intensité de ce type d'action publique semblent croître depuis une trentaine d'années. Le constat peut paraître paradoxal : entre l'éclatement du passé commun mis à mal par la crise de l'État-Nation et l'évanouissement de tout avenir radieux, l'échelon national peut-il encore promouvoir de grandes mythologies collectives, ou même mener une politique symbolique ? L'ouvrage s'attache à répondre à ces questions en analysant la construction des politiques du passé par les pouvoirs publics et par certains acteurs politiques nationaux. Les premiers, aux prises avec les zones d'ombre de la mémoire nationale, créent de nouvelles commémorations et s'essaient à dire le juste et le vrai en matière d'histoire. Ce faisant, ils répondent à une demande sociale qui, souvent contradictoire, les contraint à négocier la redéfinition du passé. Quant aux autres acteurs nationaux, ils revisitent aussi leur histoire pour consolider ou refonder leur identité. Fondé sur des études empiriques, ce livre est une contribution à la réflexion contemporaine sur la question des régimes d'historicité et des rapports entre histoire et mémoire

    Marie-Claire Lavabre, Sarah Gensburger (dir.), D'une "mémoire européenne" à l'européanisation de la "mémoire", l'Harmattan, 2012, 194 p. 

    Marie-Claire Lavabre, Florence Haegel, Destins ordinaires, Cairn et Presses de Sciences Po, 2011, Académique  

    La forme de cet ouvrage est inhabituelle. Deux histoires en constituent la trame: celle d'une femme, habitante d'une cité dite « difficile » de la banlieue parisienne, et celle, racontée par trois générations, d'une famille, dite « ordinaire», issue du monde rural. A travers ces deux récits, c'est la question, centrale, des effets des transformations de la société française sur le rapport au politique des individus qui se trouve posée. Comment se compose, à l'échelle d'un individu, une identité problématique? Quels sont les mécanismes de transmission entre générations ? En quoi le politique intervient-il dans l'éventuelle constitution d’une identité singulière ou d’une mémoire familiale ? En s’interrogeant sur les phénomènes de socialisation politique, les auteures mettent à l’épreuve les notions d’identité et de mémoire, couramment utilisées, si ce n’est galvaudées, dans le débat public et scientifique. En privilégiant le cadre de l’individu, elles tentent de comprendre les formes d’indétermination et les marges de manœuvre qui accompagnent, voire autorisent, adaptations et mutations. Au delà, cette expérimentation par l’exemple des attendus de l’étude de cas en sociologie politique illustre plus largement les exigences, les enjeux et les possibles apports d’un travail fondé sur des matériaux qualitatifs

    Marie-Claire Lavabre, Florence Haegel, Destins ordinaires. Identité singulière et mémoire partagée: identité singulière et mémoire partagée, Les Presses de Sciences Po, 2010, Sciences Po ( Fait politique ), 144 p. 

    Marie-Claire Lavabre, Marie-Claire Lavabre, Jersy Holzer, Gesine Schwan, Gesine Schwan, Birgit Schwelling, Birgit Schwelling, Jerzy Holzer (dir.), Demokratische Politische Identität: Deutschland, Polen und Frankreich im Vergleich, 1e éd., VS Verlag für Sozialwissenschaften, 2006, 396 p.  

    Wie konstituiert sich demokratische politische Identität? Wie und aufgrund welcher Einflussfaktoren entsteht sie empirisch nach dem Ende diktatorischer Regime? Zu welchen alternativen Konsequenzen führt es, wenn solchem Ende institutionell Demokratien oder Diktaturen folgen? Wie gehen nachdiktatorische Gesellschaften mit ihren Vergangenheiten um und wie gestalten sie ihre identitätsstiftenden Erinnerungen? Diesen Fragen geht der Sammelband aus sozialwissenschaftlicher und historischer Perspektive und anhand von ausgewählten Beispielen im deutsch-polnisch-französischen Vergleich nach

    Marie-Claire Lavabre, Claire Andrieu, Danielle Tartakowsky (dir.), Politiques du passé : usages politiques du passé dans la France contemporaine, Publications de l'Université de Provence, 2006, Usages politiques du passé dans la France contemporaine, 264 p. 

    Marie-Claire Lavabre, François Platone, Que reste-t-il du PCF ?, Editions Autrement, 2003, Collection CEVIPOF-Autrement, 158 p. 

    Marie-Claire Lavabre, Henri Rey, Les Mouvements de 1968, Casterman et Giunti, 1998, XXe siècle, 127 p.   

    Marie-Claire Lavabre, François Dosse, Patrick Garcia, Mémoire et histoire: un procès réciproque, Nouvelles éd. Rationalistes, 1998, N° spécial de "Raison présente", 159 p. 

    Marie-Claire Lavabre, Le fil rouge: sociologie de la mémoire communiste, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1994, 319 p.   

    Marie-Claire Lavabre, Histoire, mémoire et politique: le cas du Parti communiste francais, 1992, 583 p.  

    La notion de mémoire est polysémique. Distincte de l'histoire, la mémoire est définie comme "présent du passé", commandée par la vérité du présent plutôt que par la réalité du passé. Mémoire historique, fixée par l'écrit et entretenue par les commémorations, mémoire vive des individus, mémoire commune, mémoire collective : ces diverses notions renvoient à des réalités différentes. Cette recherche sur la mémoire communiste s'est donnée pour objet d'articuler l'histoire collective et les itinéraires individuels, l'historiographie partisane et les souvenirs des militants communistes. Dans cette perspective, trois "figures de la mémoire" ont été étudiées, la première fondée sur la référence à la Révolution française, la deuxième sur le souvenir et l'évocation des crimes de Staline, la troisième sur l'image du général De Gaulle. La mise en relation d'une série de sources écrites (presse, manuels d'histoire, autobiographies de dirigeants communistes...) et d'une série de sources orales (entretiens non-directifs, histoires de vie tests projectifs recueillis auprès de militants communistes) permet de montrer que, s'il y a bien un effet de l'appartenance au PCF sur les souvenirs que restituent les individus, les mécanismes de la mémoire collective sont complexes, différents dans chacun des cas étudiés. C'est dans l'interaction entre mémoire historique et mémoire vive que se situe, quant elle existe la mémoire collective. En aucun cas, on ne peut déduire la mémoire collective du constat qu'existe une

  • Marie-Claire Lavabre, « Préface », in Julie Lavielle (dir.), Sociologie des mobilisations pour la mémoire en Colombie, Éditions L'Harmattan, 2021, pp. 1-14 

    Marie-Claire Lavabre, « Théories et pratiques de la mémoire, Préface », in Renaud Bouchet, Hélène Lecossais, Delphine Lefort, Stéphane Tison (dir.), Résurgences conflictuelles, Presses Universitaires de Rennes, 2021, pp. 7-14 

    Marie-Claire Lavabre, Pilar Gonzalez Bernaldo de Quirós, Marianne Amar, « Introducción. Migraciones y museos: instituciones en tensión », in Pilar González Bernaldo de Quirós, Marianne Amar, Marie-Claire Lavabre (dir.), Migraciones y museos - Una aproximación global, Prohistoria Ediciones, 2020, pp. 13-25 

    Marie-Claire Lavabre, « Collective Memory », in Ricard Vinyes (dir.), Diccionario historico de usos, conceptos y expresiones relativos a la memoria historica, Ed. Gedisa, 2018 

    Marie-Claire Lavabre, Irène dos Santos, « A la recherche des rapports ordinaires du passé : l'iconographie comme méthode d'enquête », Le politique par l'image. Iconographie politique et sciences sociales, 2017   

    Marie-Claire Lavabre, Sophie Duchesne, « Pas de chrysanthèmes pour le ‘sentiment national’ », in Olivier Fillieule, Camille Hamidi, Florence Haegel et Vincent Tiberj (dir.), Sociologie plurielle des comportements politiques. Je vote, tu contestes, elle cherche… , Presses de Sciences Po, 2017, pp. 371-396   

    Marie-Claire Lavabre, « Memoria, Identidad Y Nation », in Luis Donatello, Fortunato Mallimacci (dir.), Nationalismus, Religiones Y Globalization, Ed. Biblos, 2017, pp. 339-358 

    Marie-Claire Lavabre, « La nation entre mémoire morte et mémoire vive », in Francis Démier, Elena Musiani (dir.), Les nations européennes entre histoire et mémoire, XIXe-XXe, Presse de l'Université Paris Ouest Nanterre, 2017, pp. 323-334 

    Marie-Claire Lavabre, « La Grève, l'émancipation à l’œuvre », in Etienne François, Thomas Serrier (dir.), Europa, notre histoire, Les Arènes, 2017, pp. 423-432 

    Marie-Claire Lavabre, « ¿Qué nombra la memoria hoy? », in Cuestas, Fedra (dir.), Una memoria sin testamento, LOM ediciones, 2016 

    Marie-Claire Lavabre, Raphaëlle Branche, Sarah Gensburger, « Les mémoires : lecture historique », in Sébastien Cote, Emmanuelle Picard (dir.), Regards historiques sur le monde actuel, Nathan, 2012, pp. 53-96 

    Marie-Claire Lavabre, Sarah Gensburger, « Un autre point de vue sur la controverse autour de la "Maison de l'histoire de France" : La sociologie de la mémoire comme tierce position », in Backouche Isabelle et Duclert Vincent (dir.), Quel musée pour l'histoire de France ?, Armand Colin, 2011, pp. 89-98   

    Marie-Claire Lavabre, Florence Haegel, « Identité et mémoire : des trajectoires individuelles dans des mondes qui disparaissent », in Denis-Constant Martin (dir.), L’identité en jeux. Pouvoirs, identifications, mobilisations, Centre de recherches internationales, 2010, pp. 225-243 

    Marie-Claire Lavabre, Dimitri Nicolaïdis, « Can we Act on Memory in the Mediterranean?: the Case of Algeria », in Dimitar Bechev, Kalypso Nicolaïdis (dir.), Mediterranean Frontiers: Borders, Conflict and Memory in a Transnational World, I. B. Tauris, 2010 

    Marie-Claire Lavabre, « Memory and Historiography », in Aviezer Tucker (dir.), A Compagnion to the Philosophy of History and Historiography, John Wiley & Sons, 2008, pp. 362-370 

    Marie-Claire Lavabre, Marion Charpenel, « Question : 'Liquider l’héritage' », in Henri Rey et Jacques Capdevielle (dir.) (dir.), Dictionnaire de mai 1968, Editions Larousse, 2008, pp. 15-22 

    Marie-Claire Lavabre, Marion Charpenel, Jacques Capdevielle, Henri Rey, « Liquider l’héritage ? », Dictionnaire de 1968, Larousse, 2008 

    Marie-Claire Lavabre, Marina Chauliac, « Demokratische Identität und Erinnerung. Mikrosoziologie der intergenerationellen Vermittlung », in Gesine Schwan, Marie-Claire Lavabre, Jerzy Holzer et Birgit Schwelling (dir.) (dir.), Demokratische politische Identität. Deutschland, Frankreich und Poland im Vergleich, VS Verlag für Sozialwissenschaft, 2006, pp. 317-358 

    Marie-Claire Lavabre, Danielle Tartakowsky, « Acteurs politiques et sociaux », in Claire Andrieu, Marie-Claire Lavabre et Danielle Tartakowsky (dir.) (dir.), Politiques du passé. Usages politiques du passé dans la France Contemporaine, Presses Universitaires de Provence, 2006 

    Marie-Claire Lavabre, Sarah Gensburger, « Entre "devoir de mémoire" et "abus de mémoire" : la sociologie de la mémoire comme tierce position », in Bertrand Müller (dir.), Histoire, mémoire et épistémologie. A propos de Paul Ricoeur, Payot, 2005, pp. 76-95   

  • Marie-Claire Lavabre, « Premières larmes politiques. Dire, voir, témoigner », Hommes & migrations, 2020, pp. 130-132 

    Marie-Claire Lavabre, « La mémoire collective comme métaphore », 2020  

    « On n’est pas encore habitué à parler de la mémoire d’un groupe, même par métaphore ». Faut-il inverser le constat de Maurice Halbwachs pour souligner qu’on est aujourd’hui tellement habitué à penser la mémoire des groupes que celle-ci n’est guère plus qu’une métaphore ? Ce constat permet de souligner d’emblée que la notion de mémoire collective, si abondamment usitée aujourd’hui, a une histoire. Mais il convient surtout de rappeler que la question de la mémoire collective comme métaphore s’...

    Marie-Claire Lavabre, « Memoria social, políticas de la memoriay conmemoraciones », ISTOR, Revista de Historia International, 2019 

    Marie-Claire Lavabre, Sarah Gensburger, « D'une mémoire européenne à l'européanisation de la mémoire. Introduction », Politique européenne, 2012, n°37, pp. 8-17   

    Marie-Claire Lavabre, « D'une  mémoire  européenne à l'européanisation de la  mémoire  », Politique européenne , 2012, n° ° 37, pp. 9-17   

    Marie-Claire Lavabre, Philippe Joutard, Michèle Baussant, Bogumil Jewsiewicki, « Mémoires historiques d’ici et d’ailleurs : regards croisés », 2009  

    Philippe Joutard, professeur à l’Université Aix-Marseille-IMichèle Baussant, chargée de recherche au CNRSBogumil Jewsiewicki, professeur à l’Université Laval, QuébecMarie-Claire Lavabre, directrice de recherche au CNRS La mémoire, un enjeu politique d’aujourd’hui Le séminaire « Mémoires historiques d’ici et d’ailleurs : regards croisés » (Centre d’études européennes de Sciences-Po-EHESS-Université de Laval) s’est organisé en 2007-2008 selon deux séquences distinctes. Faisant suite au séminair...

    Marie-Claire Lavabre, « Paradigmes de la mémoire », Transcontinentales, 2007, n°5, pp. 139-147   

    Marie-Claire Lavabre, Nina Leonhard, « Ein Gespräch mit der französischen Soziologin Marie-Claire Lavabre zur aktuellen Debatte über den richtigen Umgang mit der Vergangenheit in Frankreich », Zeitgeschichte-online, 2006 

    Marie-Claire Lavabre, Françoise Mayer, « Avant-propos », 2006, pp. 5-12    

    Lavabre Marie-Claire, Mayer Françoise. Avant-propos. In: Revue d’études comparatives Est-Ouest, vol. 37, 2006, n°3. Mémoire à l'Est. pp. 5-12.

    Marie-Claire Lavabre, « Témoignage oral et mémoire », 2004, pp. 177-189    

    Lavabre Marie-Claire. Témoignage oral et mémoire. In: Exils et migrations ibériques au XXe siècle, n°1, 2004. Témoignages d'exil entre parole et silence : regards et points de vue, sous la direction de Andrée Bachoud et Geneviève Dreyfus-Armand. pp. 177-189.

    Marie-Claire Lavabre, Dominique Damamme, « Les historiens dans l'espace public », 2000, pp. 5-21    

    Damamme Dominique, Lavabre Marie-Claire. Les historiens dans l'espace public. In: Sociétés contemporaines N°39, 2000. pp. 5-21.

    Marie-Claire Lavabre, « Usages et mésusages de la notion de mémoire », 2000, pp. 48-57    

    Lavabre Marie-Claire. Usages et mésusages de la notion de mémoire. In: Critique internationale, vol. 7. 2000. Culture populaire et politique, sous la direction de Denis-Constant Martin. pp. 48-57.

    Marie-Claire Lavabre, « Maurice Halbwachs et la sociologie de la mémoire », 1998, pp. 47-56    

    Lavabre Marie-Claire. Maurice Halbwachs et la sociologie de la mémoire. In: Raison présente, n°128, 4e trimestre 1998. Mémoire et histoire. pp. 47-56.

    Marie-Claire Lavabre, Dominique Damamme, « Entre science et politique. La première science sociale », 1995, pp. 5-30    

    Entre science et politique. La première science sociale. Dominique Dammame [5-30]. L'article revient sur l'invention à la fin du XVIIIe siècle, souvent inaperçue, d'une nouvelle catégorie utilisée par les physiocrates, les «économistes», les «hauts fonctionnaires royaux» : la science sociale. L'article interroge également les nouveaux usages politiques que celle-ci autorise au XIXe siècle.

    Marie-Claire Lavabre, « Témoignage oral et mémoire », 1992, pp. 128-137    

    Lavabre Marie-Claire. Témoignage oral et mémoire. In: Exils et émigrations hispaniques au XXe siècle, n°1, 1992. pp. 128-137.

    Marie-Claire Lavabre, « Du poids et du choix du passé. Lecture critique du “syndrome de Vichy” », 1991, pp. 177-185    

    Lavabre Marie-Claire. Du poids et du choix du passé. Lecture critique du “syndrome de Vichy”. In: Les Cahiers de l'Institut d'Histoire du Temps Présent, n°18, juin 1991. Histoire politique et sciences sociales. pp. 177-185.

    Marie-Claire Lavabre, Denis Peschanski, « L'image de l'U.R.S.S. diffusée par le Parti communiste français : soixante ans d'Almanachs », 1985, pp. 637-647    

    Lavabre Marie-Claire, Peschanski Denis. L'image de l'U.R.S.S. diffusée par le Parti communiste français : soixante ans d'Almanachs. In: Revue des études slaves, tome 57, fascicule 4, 1985. Aspects des relations intellectuelles entre la France, la Russie et l'U.R.S.S., sous la direction de Robert-Henri Bautier, sous la direction de Robert-Henri BAUTIER. pp. 637-647.

    Marie-Claire Lavabre, Marc Lazar, « Se rassembler à sa ressemblance, lectures de quelques autobiographies de militants », Communisme, 1984, n°4, pp. 114-121 

  • Marie-Claire Lavabre, Pollak (Michael), L'expérience concentrationnaire. Essai sur le maintien de l'identité sociale, Paris, Métailié, 1990, Association des étudiants en science politique de Paris 1, Paris : Association des étudiants en science politique de Paris 1 et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1991, pp. 85-87    

    Lavabre Marie-Claire. Pollak (Michael), L'expérience concentrationnaire. Essai sur le maintien de l'identité sociale, Paris, Métailié, 1990. In: Politix, vol. 4, n°15, Troisième trimestre 1991. La politique en campagnes, sous la direction de Jean-Louis Briquet et Yves Déloye. pp. 85-87.

    Marie-Claire Lavabre, Noëlle Gérôme et Danielle Tartakowsky, La fête de l'Humanité, culture communiste, culture populaire, EHESS, Paris : Armand Colin et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1990, pp. 685-686    

    Lavabre Marie-Claire. Noëlle Gérôme et Danielle Tartakowsky, La fête de l'Humanité, culture communiste, culture populaire. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 45ᵉ année, N. 3, 1990. pp. 685-686.

    Marie-Claire Lavabre, Jeannine Verdes-Leroux, Le réveil des somnambules. Le parti communiste, les intellectuels et la culture (1956-1985), EHESS, Paris : Armand Colin et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1988, pp. 943-945    

    Lavabre Marie-Claire. Jeannine Verdes-Leroux, Le réveil des somnambules. Le parti communiste, les intellectuels et la culture (1956-1985). In: Annales. Economies, sociétés, civilisations. 43ᵉ année, N. 4, 1988. pp. 943-945.

  • Marie-Claire Lavabre, Henri Rey, Étude sur les identités territoriales en banlieues, 1993 

  • Marie-Claire Lavabre, Benoît Hervieu-Léger, Un nouveau récit national réconciliera-t-il les mémoires ?, Usbek & Rica, 2021, pp. 151-155 

    Marie-Claire Lavabre, Communisme : conversions, déconversions et reconversions, 2021 

    Marie-Claire Lavabre, Sarah Gensburger, D'une "mémoire européenne" à l'européanisation de la "mémoire", 2013, 194 p. 

    Marie-Claire Lavabre, Paul-Laurent Assoun, Jacques Maître, Bernard Vernier, Dominique Memmi [et alii], Transferts disciplinaires. Psychanalyse et sciences sociales. Table ronde avec Paul-Laurent Assoun, Marie-Claire Lavabre, Jacques Maître, Bernard Vernier, introduite par Dominique Memmi et Bernard Pudal, Association des étudiants en science politique de Paris 1, Paris : Association des étudiants en science politique de Paris 1 et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1995, pp. 186-221    

    Assoun Paul-Laurent, Lavabre Marie-Claire, Maitre Jacques, Vernier Bernard, Memmi Dominique, Pudal Bernard. Transferts disciplinaires. Psychanalyse et sciences sociales. Table ronde avec Paul-Laurent Assoun, Marie-Claire Lavabre, Jacques Maître, Bernard Vernier, introduite par Dominique Memmi et Bernard Pudal. In: Politix, vol. 8, n°29, Premier trimestre 1995. Frontières disciplinaires, sous la direction de Loïc Blondiaux et Brigitte Gaïti. pp. 186-221.

    Marie-Claire Lavabre, Usages du passé, usages de la mémoire, Association française de science politique, Paris : Fondation nationale des sciences politiques (France), Paris : Association française de science politique et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1994, pp. 480-493    

    Lavabre Marie-Claire. Usages du passé, usages de la mémoire. In: Revue française de science politique, 44ᵉ année, n°3, 1994. pp. 480-493.

  • Marie-Claire Lavabre, « Le procès des attentats terroristes du 13 novembre 2015 vu par les sciences sociales », le 10 novembre 2022  

    Journées organisées par l'équipe de recherche ProMeTe, le Centre d'études européennes et de politique comparée et le CERI, avec le soutien du Centre Schaeffer de l'American University of Paris sous la direction scientifique de Sharon Weill, American University of Paris; Sandrine Lefranc, Sciences Po-CEE et Nadia Marzouki, Sciences Po-CERI

    Marie-Claire Lavabre, Philippe Joutard, Bogumil Koss, « Mémoires, identités, frontières en Méditerranée », Séminaire « Histoire et mémoire croisées » consacré en 2006-2007 au post-colonialisme, Aix en Provence, le 26 juin 2007 

    Marie-Claire Lavabre, « Les cadres de la mémoire du communisme », Les cadres de la mémoire du communisme, Université de Sarajevo Bosnia and Herzegovina (BA), le 01 avril 2007 

    Marie-Claire Lavabre, « Les paradigmes de la mémoire », Journée transversale en présence d’Alon Confino, Sciences Po, Paris, le 26 mars 2007 

    Marie-Claire Lavabre, « Approches, méthodes et objets », Colloque La micro-analyse en sciences sociales, Paris, le 01 février 2007 

    Marie-Claire Lavabre, Sarah Gensburger, Michèle Baussant, « La construction d’une sociologie de la mémoire », Séminaire EHESS, Paris, le 01 janvier 2007 

    Marie-Claire Lavabre, « Trois paradigmes pour une histoire de la notion de mémoire : introduction générale du séminaire « Histoire et sociologie de la mémoire dans le post-communisme » », Séminaire Histoire et sociologie de la mémoire dans le post-communisme, Paris, le 01 octobre 2005 

    Marie-Claire Lavabre, « Nations, nationalismes, identités, théories et pratiques : discussion », Séminaire de recherche : Nations, nationalismes, identités, Paris, le 01 juin 2005 

    Marie-Claire Lavabre, « Présidence et conclusions du colloque Mémoire du communisme », Les vendredi de l’histoire, Nanterre, le 01 mai 2005 

    Marie-Claire Lavabre, « Mémoires du communisme algérien », Histoire et mémoire croisées, discussion, Paris, le 01 février 2005 

  • Marie-Claire Lavabre, Paradigmes de la mémoire 

    Marie-Claire Lavabre, Mémoires du communisme 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Malena Bastías Sekulovic, Visiter le passé : le Musée de la Mémoire et des droits humains à Santiago comme expérience, thèse soutenue en 2021 à Paris 10 sous la direction de Sarah Gensburger, membres du jury : Olivier Compagnon (Rapp.), Joëlle Le Marec (Rapp.), Sandrine Lefranc  

    Cette thèse a pour sujet l’institutionnalisation de la mémoire de la dictature au Chili à travers sa constitution comme catégorie d’action publique. Elle examine l’un des outils mis en place par l’État à cet effet, le Musée de la mémoire et des droits humains, en analysant sa genèse, son récit et sa réception auprès du public. C’est l’entrecroisement entre le faire voir du lieu et le voir des visiteurs qui est au cœur de l’analyse. Inspiré par d’autres lieux de ce type existants dans le monde, à la fois objet d’éloges et de critiques, le musée s’avère être un endroit privilégié pour observer les circulations et les appropriations sociales de la mémoire en vue de son processus d’institutionnalisation. À partir d’entretiens semi-directifs, d’observations ethnographiques et de l’application de questionnaires, menés auprès de l’équipe du musée et des visiteurs, ce travail interroge les manières dont l’institution muséale crée, renforce ou va à l’encontre des représentations sociales du passé récent. Il montre que, en tant que dispositif socialement reconnu et légitime, le musée contribue à la consécration sociale de la mémoire promue par l’État. Le musée agit en tant que lieu cadre, qui rend visibles les consensus qui ont accompagné l’élaboration publique du passé depuis le retour à la démocratie, fondés sur un discours déconflictualisé et de rupture avec le passé. La mémoire est mobilisée dans des sens différents mais complémentaires par l’institution et les visiteurs. Si pour la première, la mémoire constitue un outil de gouvernance qui témoigne d’une société démocratique, la mémoire agit comme un repère pour les seconds, pour se positionner et adhérer aux valeurs du collectif. Pour tous les deux, l’exercice de la mémoire est quelque chose de bon, qui rend les sociétés et les individus meilleurs. Cependant, les mobilisations sociales de 2019 au Chili ont montré des rapports au passé récent bien plus complexes que ceux présentés par le discours public jusqu’alors. Le décalage entre les évocations diverses de la mémoire dans et hors les murs du musée, et les questions ouvertes par ce constat au sujet de la mise en récit du passé offrent une nouvelle grille d’analyse qui est également présentée dans la thèse.

    Hande Topaloglu, Filmer la mémoire : une recherche sur les représentations cinématographiques du génocide des Arméniens dans le cinéma de Turquie, thèse soutenue en 2021 à Paris 10, membres du jury : Ferhat Kentel (Rapp.), Philippe Mesnard (Rapp.), Pascale Laborier et Hamit Bozarslan  

    La présente thèse se propose d’analyser tous les films de fiction et les documentaires qui ont été produits en Turquie sur le génocide arménien – par des réalisateurs turcs, kurdes et arméniens – et en étudiant aussi ses traces dans la société turque, afin de réaliser une recherche sur la mémoire de ce ‘crime fondateur’. Ce travail part d’une conceptualisation de la mémoire collective et de sa relation avec l’appartenance à l’identité nationale turque. Le premier constat de cette recherche est le fait que tous les films sur le génocide arménien en Turquie ont été réalisés à partir des années 2000. Alors que plus d’un siècle s’est écoulé depuis les massacres de 1915-16 perpétrés contre les Arméniens de l’Empire Ottoman, c’est depuis 20 ans seulement que la loi du silence qui entourait ce génocide dans la société Turque a pu être rompue. De plus, dans un pays négationniste, seuls deux films, sur les quatorze films analysés dans cette recherche, défendent les thèses négationnistes. Afin de trouver une réponse cohérente à ce paradoxe et se pencher sur la question du sens que de telles représentations peuvent avoir aujourd’hui, nous avons divisé la thèse dans deux parties principales. La première partie de la thèse, divisée en deux grands chapitres, cherche à expliquer l’absence de films sur le sujet avant les années 2000 – qu’ils soient négationnistes ou œuvrant pour la reconnaissance du génocide. Pour cela, nous proposons une lecture historique parallèle, entre l’histoire du négationnisme en Turquie et celle du cinéma, qui sont contemporains. En étudiant les différentes étapes du négationnisme et les changements dans le champ cinématographique, nous examinons ici l’effet du ‘tournant mémoriel’ (qui a émergé d’abord à l’échelle mondiale) sur ces productions et sur le réveil de mémoire en Turquie, dans une période marquée par un changement du régime d’historicité. La deuxième partie de la recherche, divisée en trois chapitres, est d’abord consacrée à l’étude de ces nouveaux cinéastes acteurs de mémoire, leur positionnement dans le champ cinématographique ainsi que leur approche du génocide. Dans ce but, nous les avons presque tous rencontrés pour des entretiens semi-directifs. Puis, nous analysons en détail les quatorze films portant sur le sujet, en étudiant leur production mémorielle et leur politique de représentation. Les résultats de cette recherche permettent de mettre en lumière les différentes approches mémorielles sur le génocide, ainsi que la variété des constructions narratives sur un événement catastrophique, qui résiste à toute représentation. Ainsi, nous avons souhaité éclairer les caractéristiques propres aux ‘films de mémoire’, en soulignant le rôle du cinéma en tant que producteur de mémoire collective.

    Giorgia Foscarini, Mémoire collective et identité culturelle : une étude comparative des politiques de mémoire et d'identité chez les Israéliens d'origine polonaise et tunisienne, thèse soutenue en 2020 à Paris 10 sous la direction de Dario Miccoli, membres du jury : Valérie-Barbara Rosoux (Rapp.), Piera Rossetto (Rapp.), Marie-Pierre Ulloa (Rapp.), Michèle Baussant et Arturo Marzano    

    L'objectif principal de cette thèse est d'étudier comment les identités et les mémoires des Israéliens d'origine ashkénaze et mizrahi en Israël ont été créées et développées à travers le temps, jusqu'à aujourd'hui. Comme étude de cas, deux groupes ethniques spécifiques seront considérés : les Israéliens d'origine polonaise et les Israéliens d'origine tunisienne. Les questions auxquelles mon travail tentera de répondre sont les suivantes : comment les identités juives israéliennes se sont-elles construites dans le temps et dans l'espace ? Quel est le rôle de la stratification ethnique dans leur création et pourquoi l'ethnicité joue encore un rôle central dans l'Israël d'aujourd'hui ? Mon objectif est de questionner le paradoxe d'une judéité partagée qui a été utilisée à la fois comme facteur d'unification (récit biblique, loi et tradition juives) et comme ligne de démarcation (différentes communautés juives de la diaspora), ce qui m'a poussé à me demander comment les références du passé ont été retravaillées dans le présent pour établir ce que signifie être "ethniquement juif" en Israël aujourd'hui.

    Anemona Constantin, Changement de régime et genèse d’une nouvelle histoire officielle : combats autour du passé fasciste et communiste en Roumanie après 1989, thèse soutenue en 2019 à Paris 10, membres du jury : Nadège Ragaru (Rapp.), Frédérique Matonti (Rapp.), Annie Collovald, Patrick Garcia et Antonela Capelle-Pogăcean      

    La chute de Nicolae Ceauşescu en 1989 conduit à de fortes mobilisations intellectuelles pour la condamnation du régime communiste de Roumanie dans un contexte politique où l’exercice du pouvoir est assuré dès 1990 par une formation composée d’anciens membres de la nomenklatura. Marginalisé dans un premier temps, ces demandes de condamnation aboutissent au milieu des années 2000 à l’officialisation d’un discours de criminalisation du passé par le chef de l’État fortement appuyé dans sa démarche par une minorité d’historiens. Elle suit de près à la déclaration de reconnaissance par la Roumanie de sa participation à l’Holocauste durant la Deuxième Guerre mondiale. Cette thèse interroge les recompositions politiques et intellectuelles qui se déploient après 1989 sur le terrain des combats d’interprétation du passé pour montrer comment se structure un espace où cet exercice d’exégèse de l’histoire nationale devient consubstantiel à la légitimation démocratique du nouveau régime.

    Julie Lavielle, Mémoires d’une violence rémanente : genèse, appropriations et contestations des lieux de mémoire en Colombie, thèse soutenue en 2019 à Paris 10, membres du jury : Luc Capdevila (Rapp.), David Garibay (Rapp.), Denis Merklen et Sandrine Lefranc    

    Cette recherche a pour objectif de saisir les mobilisations plurielles et éclatées autour de la mise en récit publique du conflit armé dans un contexte de violence en Colombie. Inspirée par les travaux sur les sorties de conflit et la sociologie de la mémoire, elle prend comme terrain d’observation les lieux de mémoire (musées et maisons de la mémoire, monuments) qui se multiplient depuis la fin des années quatre-vingt-six. Elle envisage les lieux de mémoire comme des objets pertinents pour saisir les rapports de force politiques et sociaux qui se nouent dans un contexte de sortie de conflit très relatif. À partir d’entretiens et d’observations ethnographiques menées dans trois lieux de mémoire, ce travail questionne les effets des lieux de mémoire sur le politique. Il met en évidence les limites du pouvoir des lieux de mémoire à encadrer les mémoires et à participer à la fin du conflit. En revanche, ils pacifient le rapport historiquement conflictuel qu’entretient l’État avec certains groupes sociaux en reformulant des problèmes politiques et économiques sous l’angle du symbolique et en créant de nouvelles formes de luttes et d’engagement politique. Les lieux de mémoire reconfigurent les rapports entre gouvernants et gouvernés : à travers mise en récit du conflit armé, des revendications sociales et politiques en sortent pacifiées et re-politisées.

    Emmanuelle Hébert, Passé(s) recomposé(s) : les commissions d'historiens dans les processus de rapprochement en Pologne (Pologne-Allemagne, Pologne-Russie), thèse soutenue en 2018 à Paris 10 sous la direction de Valérie-Barbara Rosoux, membres du jury : Thomas Serrier (Rapp.), Frédéric Ramel (Rapp.), Tanguy De Wilde d'Estmael, Bogumił Jewsiewicki-Koss, Jean-Charles Szurek et Christophe Wasinski    

    L’objectif de notre thèse de doctorat est d’analyser les commissions d’historiens dans les processus de rapprochement en Pologne. Deux cas d’étude sont privilégiés : la commission polono-allemande sur les manuels scolaires et le groupe polono-russe sur les questions difficiles. Ce travail se base sur deux sources principales : une série d’entretiens et des recherches dans les archives. A ce corpuss’ajoutent des sources complémentaires : observations participantes et analyse de discours politiques, de sondages et de la presse.Les points de vue de part et d’autre divergent, voire s’opposent. Les historiens cherchent alors, selon Ricoeur, un récit qui peut favoriser le rapprochement. Ce dialogue sur l’histoire correspond tout à fait à ce qui est demandé aux commissions d’historiens. Dès lors, pourquoi ces commissions ont-elles été créées ? Comment fonctionnent-elles et pourquoi continuent-elles de fonctionner ? Nous formons les hypothèses que, premièrement, ces commissions ont été créées dans un objectif de rapprochement, voire de réconciliation. Deuxièmement, leur fonctionnement — et sa prolongation— dépend de trois variables : le contexte, les mandats, les acteurs.Notre thèse s’articule en cinq points. Les trois premières parties portent sur chacune des trois variables évoquées : contexte, mandats, acteurs. La quatrième partie porte sur les sphères d’influence de ces commissions et les débats qu’elles engendrent : politique et religion, débats publics, débats scientifiques. La dernière partie se concentre sur les projets de ces commissions :l’ouvrage commun ou les centres de dialogue du côté polono-russe, le manuel commun d’histoire du côté polono-allemand.

    Marion Charpenel, "Le privé est politique !" : sociologie des mémoires féministes en France, thèse soutenue en 2014 à Paris Institut détudes politiques, membres du jury : Catherine Achin (Rapp.), Lilian Mathieu (Rapp.), Michelle Zancarini-Fournel  

    Cette thèse prend pour objet les évocations du passé par les militantes de la cause des femmes. Inspirée par les travaux de M. Halbwachs et par la sociologie de l’action collective, elle vise à comprendre comment des représentations partagées du passé peuvent émerger dans un espace aussi ouvert et pluriel que le mouvement féministe. A partir de récits de vie, d’entretiens projectifs, d’observations ethnographiques et d’archives écrites, la thèse montre que l’existence d’une mémoire collective féministe repose sur trois facteurs. Premièrement, il existe dans cet espace un consensus sur la nécessité de visibiliser les femmes dans l’histoire. Ce « devoir de mémoire » fournit aux militantes des raisons politiques d’actualiser régulièrement le passé par des actions collectives. Deuxièmement, au niveau mezzo des collectifs s’accordent sur des interprétations du passé au gré des débats politiques présents et des rapports de pouvoir internes. Eminemment conjoncturelles, ces convergences restent peu propices à l’élaboration d’une histoire officielle féministe. Troisièmement, au niveau micro les histoires personnelles de chaque militante donnent lieu à des récits comparables. L’affirmation selon laquelle « le privé est politique » permet l’existence d’une grille d’interprétation du passé commune centrée sur l’affirmation de soi comme sujet autonome. En effet depuis les années 1970 des pratiques de partage de vécus privés en collectif conduisent les militantes à exposer régulièrement leurs trajectoires au sein d’« espaces du dicible » féministes. C’est par ce processus d’encadrement réciproque des discours biographiques que se réalise une homogénéisation des souvenirs des militantes.

    Cécile Jouhanneau, La résistance des témoins : mémoires de guerre, nationalisme et vie quotidienne en Bosnie-Herzégovine (1992-2010), thèse soutenue en 2013 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Jacques Rupnik, membres du jury : Xavier Bougarel (Rapp.), Franck Mermier (Rapp.)  

    Pour rendre compte des dynamiques sociales et politiques à l’œuvre au sortir d’un conflit, cette thèse prend pour objet les mémoires de la guerre de 1992-1995 en Bosnie-Herzégovine. Inspirée par la sociologie de la mémoire de Maurice Halbwachs, par la sociologie des mobilisations et par celle des relations internationales, elle se penche sur les conditions sociales de l’expression des souvenirs de la détention en camps. A partir d’entretiens et d’observations ethnographiques et grâce au dépouillement d’un large corpus d’archives écrites, cette thèse prend à bras le corps l’hypothèse selon laquelle les mémoires de la guerre seraient clivées selon des lignes ethnonationales. Elle met au jour, dès les années de guerre, un processus de politisation nationaliste des récits publics de la détention. La judiciarisation internationale de la guerre favorise paradoxalement la construction par des acteurs politiques et militants bosniens d’une figure du détenu de camp comme témoin par excellence de la nature de la guerre. Or en déplaçant le regard vers l’échelle locale, on constate les limites de la politisation des récits de la détention. En effet, le devoir de témoignage assigné aux individus y rentre en concurrence avec des normes de civilité retravaillées au quotidien. Loin de l’image d’une « guerre des mémoires » ethnonationale, cette thèse donne à voir, dans les interactions locales, l’évitement du politique et la discrétion des « témoins ». Elle invite ainsi à prendre en compte les régulations sociales locales dans une sortie de conflit que l’étude des entreprises nationalistes et des interventions internationales de construction de la paix ne suffit pas à élucider.

    Min-Yuan Huang, Mémoire collective et conflit d'interprétation sur l'identité nationale , thèse soutenue en 2009 à Paris EHESS  

    Ce travail adopte la perspective de la mémoire collective d'Halbwachs pour examiner les facteurs ayant entraîné un changement des discours et de l'identité nationale chez les littéraires à différentes époques (1970, 1980, 1990-2000). Nous avons tenté d'expliquer, outre la sociogenèse de la pensée désinisante à Taïwan, pourquoi et comment les discours identitaires des littéraires se transforment au cours de ces années, ce que n'apparait pas toujours dans les travaux déjà existants. L'effet mémoriel est un facteur non négligeable dans la discussion sur le nouveau problème identitaire, notamment sur le conflit d'interprétation entre les « indépendantistes» et les « réunificationnistes» à Formose. Notre enquête montre la fluidité et l'hétérogénéité de la conviction politique chez les intellectuels. À travers les cadres sociaux des époques données, nous avons indiqué la raison de la fluctuation de certains écrivains dans leur positionnement politique; d'autre part, nous avons montré la façon dont ils revisitent de nos jours leurs anciens discours.

    Sarah Gensburger, Essai de sociologie de la mémoire , thèse soutenue en 2006 à Paris EHESS  

    Cette thèse étudie la pratique d'expression des souvenirs à travers le titre de Juste parmi les Nations pour le cas français. Ce titre est décerné par l'État d'Israël et Yad Vashem afin d'honorer la mémoire des non-Juifs qui ont aidé les Juifs dans l'Europe occupée. Ces nominations reposent sur les «témoignages» de personnes juives ayant bénéficié d'une telle aide. Depuis 2000 et le vote d'une loi, l'État français rend hommage à ces «Justes de France». Ce doctorat s'intéresse à la dynamique sociale de la mémoire. Il s'interroge sur les rôles respectifs du cadre institutionnel, de la politique publique de la mémoire et de la position sociale des individus dans le processus d'expression des souvenirs. À travers cette étude de cas, l'auteur propose une réflexion sur les concepts susceptibles d'aider à penser la mémoire en sciences sociales. Il confronte notamment la pensée sociologique de Maurice Halbwachs à un objet empirique analysé en profondeur et selon le principe du jeu d'échelles.

    Antonia Garcia Castro, "Où sont-ils ?", comprendre une intrigue, la permanence des disparus dans le champ politique chilien , thèse soutenue en 2001 à Paris EHESS  

    A partir d'une réflexion sur la pratique de la disparition-forcée sous le gouvernement militaire chilien (1973-1989), cette étude tente de restituer les différentes étapes de la gestation d'un débat politique actuellement centré sur trois mots clés : vérité, justice, réconciliation. Quelle est la part de vérité qu'il "convient" d'établir aujourd'hui sur les crimes du passé ?. . .

    Nina Leonhard, Politik- und Geschichtsbewusstsein im Wandel , thèse soutenue en 2001 à Freie Universität Berlin en co-direction avec Gesine Schwan 

  • Guadalupe Deza, Clinique et critique de la mémoire : Deleuze et l'Argentine, thèse soutenue en 2019 à Paris 8 sous la direction de Patrice Vermeren et Susana Villavicencio, membres du jury : Julia Gabriela Smola (Rapp.), Julian Ferreyra, Frédéric Rambeau et Peter Pál Pelbart  

    S’inscrivant dans une réflexion philosophique sur le temps et sa dynamique, cette recherche porte sur la représentation hégémonique du concept de mémoire du terrorisme d’État en Argentine, et propose une critique de cette représentation à partir de la philosophie de Gilles Deleuze. Lorsque nous sommes confrontés à un événement traumatique qui représente un moment charnière dans le temps d’une vie ; lorsque nous faisons l’expérience d’un temps déchainé dont la durée suit le rythme marqué par l’événement ; lorsque la véracité du souvenir perd tout intérêt face aux bouleversements de la subjectivité qu’il suscite ; alors surgissent des questions : qu’est-ce que la mémoire ? Qu’est-ce que le passé et comment le garder pour nous ? Dans l’horizon tracé par ces interrogations, l’analyse proposée dans ce travail cherche à mettre en pratique, à travers l’introduction de la philosophie deleuzienne dans le domaine des études de mémoire, une critique des usages et des manières de comprendre la notion de mémoire. Le rapprochement de ces domaines de la pensée – jusqu'à présent scindés – complexifie la compréhension courante du concept de mémoire en Argentine, mais produit aussi une ouverture vers de nouveaux enjeux de la philosophie deleuzienne. Ainsi, à travers cette thèse, nous proposons une lecture marquée par une perspective régionale de l’œuvre de Deleuze, et une ouverture théorique à d’autres manières possibles – et profondément problématiques – de penser le concept de mémoire.

    Julien Mary, Réparer l’histoire : les combattants de l'Union française prisonniers de la République démocratique du Vietnam de 1945 à nos jours, thèse soutenue en 2017 à Montpellier 3 sous la direction de Frédéric Rousseau, membres du jury : Sylvie Thénault (Rapp.), Luc Capdevila (Rapp.), Pierre Journoud  

    Durant la guerre dite « d’Indochine » (1945-1954), plus de 20 000 combattants français, légionnaires et africains, sont portés « prisonniers et disparus ». Pour la majorité prisonniers de guerre (PG) de la République démocratique du Vietnam (RDV), ils sont soumis à un régime alimentaire et sanitaire qui, s’il est proche de celui des Vietnamiens, fait des ravages dans leurs rangs. Mais le rythme terrible des morts n’est pas le seul choc qui les attend en captivité, où ils se voient imposer une éducation politique visant à leur ouvrir les yeux sur la condition du prolétariat militaire qu’ils forment ainsi que sur celle du peuple vietnamien exploité par le colonialisme français. Désorientés par ces conditions de captivité, les PG voient leurs repères sociaux et moraux singulièrement mis à l’épreuve. Les PG se voient en effet contraints, pour survivre, de « jouer le jeu » de la propagande de leurs geôliers, enfreignant de ce fait leur devoir de soldat. Dans chaque camp, des microsociétés de captifs s’agrègent et se désagrègent, occasionnant entre eux d’importants clivages – encore sensibles aujourd’hui. Tous ensemble, ces éléments contribuent à assoir dès les années 1950 une analyse à charge de la captivité : les PG auraient été « exterminés » par leurs geôliers, fortement « soupçonnés » par leur hiérarchie après leur libération, et immédiatement « oubliés » de leurs compatriotes. Cette triple lecture – ici sensiblement nuancée – forge ainsi, pour les décennies à venir, les conditions de possibilité pour les anciens PG de la RDV de s’ériger en victimes.Mais l’expérience n’est pas également douloureuse chez tous les PG : au contact des Vietnamiens, ils deviennent également les sujets d’une expérience inter-nationale hors normes ; certains estiment même avoir retiré de cette expérience « une certaine vision enrichissante », à tout le moins font-ils part de leur soif de comprendre l’extraordinaire expérience qu’ils viennent de vivre. Pour les cadres militaires notamment, cette expérience est porteuse d’un premier « devoir de mémoire ». Plus jamais pareille défaite réclament ainsi nombre d’« anciens d’Indochine » basculant dans la « Guerre d’Algérie », modélisant « l’action psychologique » subie en captivité dans la perspective d’une « contre-insurrection » à la française. « Plus jamais ça ! » clament également nombre d’anciens PG, munis de la légitimité d’un anticommunisme empirique, pour condamner en France le mouvement de mai 1968, l’Union de la Gauche, ou les massacres commis au nom du marxisme ailleurs dans le monde. Pour certains, l’expérience de la captivité est même sublimée en une forme d’éthique pratique qui contribuera à conduire certains d’entre eux jusqu’aux plus hautes sphères, d’où ils participeront à initier le combat qui prendra son essor à partir des années 1980 pour la reconnaissance et la réparation des traumatismes subis par les PG de la RDV.Dans l’air du temps de la fin du XXe siècle, les témoins vont en effet mobiliser le traumatisme comme ressource pour la mobilisation initiée au nom de la mémoire de leur expérience. Le témoignage devient alors, tout à la fois, un matériau d’expertise historique avec la thèse de l’ancien PG R. Bonnafous en 1985, d’expertise médicolégale après l’adoption en 1989 du « statut de prisonnier du Viet-Minh », et d’expertise judiciaire lors de l’« affaire Boudarel ». La chute du bloc soviétique, l’affaissement du tiers-mondisme et de l’anticolonialisme et l’avènement de « l’ère de la victime », autorisent en effet les anciens PG de la RDV, dont le collectif s’institutionnalise et s’élargit avec la création en 1985 de l’ANAPI, à se reconnaître en tant que victimes et à travailler à être reconnus comme tels. Cette lecture victimaire de la captivité de guerre en Indochine offre au final la clé d’une patrimonialisation relative de leur expérience sur le mode paradigmatique de la mémoire des crimes et génocides nazis… le tout sur fond de réhabilitation de la colonisation française.

    Valentin Behr, Science du passé et politique du présent en Pologne : l'histoire du temps présent (1939-1989), de la Genèse à l'Institut de la Mémoire Nationale, thèse soutenue en 2017 à Strasbourg sous la direction de Vincent Dubois et Yves Déloye, membres du jury : Frédérique Matonti (Rapp.), Dorota Dakowska (Rapp.), Tomasz Zarycki    

    La thèse étudie les relations entre science et politique, à partir de la production historiographique consacrée à l’histoire des passés dits totalitaires (nazi et communiste) en Pologne. Cette histoire du temps présent est étudiée depuis sa genèse, durant la période communiste (1945-1989), jusqu’à la période post-communiste, après 1989. Elle fait l’objet de luttes entre acteurs, savants et profanes, dont les prises de position antagonistes s’expliquent par les positions différenciées qu’ils occupent dans l’espace du débat historiographique. L’autonomie de cet espace est limitée par une contrainte politique externe, exercée par le pouvoir politique, mais aussi par les logiques, internes à cet espace, de réponse à la contrainte externe. La thèse invite à relativiser la pertinence, en matière de production historiographique, de la césure de 1989, et souligne les formes de continuité entre la République populaire de Pologne et la situation présente.

    Danielle Papiau, Psychiatrie, psychanalyse et communisme : essai de sociobiographie des psychiatres communistes (1924 – 1985), thèse soutenue en 2017 à Paris 10 sous la direction de Bernard Pudal, membres du jury : Frédérique Matonti (Rapp.), Patrice Pinell (Rapp.), Laurent Jeanpierre et Francine Muel-Dreyfus      

    Cette thèse se donne pour objet les relations entre psychiatrie, psychanalyse et communisme durant la période 1934-1985, du Front populaire au déclin du PCF dans les années 1980. Elle étudie cette histoire dans sa relation au courant réformateur de l’ordre psychiatrique institué par la loi sur les aliénés du 30 juin 1838 qui émerge dans le champ médical dans les années trente, jusqu’à la normalisation du sous-champ de la psychiatrie publique à la fin des années 80, courant conforté par l’introduction en France de la psychanalyse. A partir de l’analyse des trajectoires biographiques des psychiatres communistes et de la biographie collective du groupe qu’ils constituent en 1945, il s’agit d’articuler l’analyse compréhensive des raisons d’agir avancées par les acteurs et l’objectivation des positions occupées, tant au plan professionnel qu’au plan politique, dans la perspective d’un engagement partisan rapporté à son insertion dans l’histoire sociale du groupe des psychiatres publics. Articulant sociologie des mobilisations et sociologie des professions, l’étude se centre sur les formes d’hybridation sociale pratique et intellectuelle qui se nouent dans l’action entre pratiques militantes et activité professionnelle vécue comme un engagement.Après avoir mis au jour les dispositions des acteurs et les événements qui créent les prémisses d’une identité de psychiatre communiste, seront étudiées l’action conjointe des mécanismes d’homogénéisation et d’encadrement mis en place par le PCF et les appropriations réalisées par les acteurs, en relation avec les différentes configurations de l’entreprise militante et les reconfigurations de l’espace professionnel. On montre en quoi le capital acquis dans l’espace professionnel est mis au service des objectifs de l’entreprise politique, et en quoi le capital militant est une ressource dans les luttes de reconnaissance de la psychiatrie dans le champ médical. Dans le jeu de ces interactions se construit une identité de psychiatre communiste appelée à se rénover suite à la crise internationale du communisme de 1956 et à l’autonomisation de la psychiatrie qui se réalise en 1968.A la différence d’autres espaces médicaux spécialisés, la nature de l’objet de la psychiatrie, la maladie mentale, met en jeu des conceptions indissociablement médicales et philosophiques quant à la nature de l’individu, à son rapport au monde social et aux normes qui définissent le normal et le pathologique. A ce titre les débats qui traversent la psychiatrie ne sont pas indépendants des controverses philosophiques et du développement des sciences sociales. L’étude s’inscrit donc aussi dans une sociologie historique des intellectuels et dans la problématique du rapport des professions intellectuelles avec le politique. Sont aussi interrogées, les relations entre professions intellectuelles et cadres ouvriers devenus des intellectuels d’institution au sein de l’intellectuel collectif communiste, le lien entre discours savant et discours politique, et les tensions entre définition identitaire et clôture du groupe, et vocation messianique impliquant une ouverture aux évolutions du monde social. En modulant l’image d’un affrontement irréconciliable entre marxisme et psychanalyse, la thèse met au jour un lien fort, fait d’alliances et de concurrences entre le marxisme et la psychanalyse, contre les conceptions biologiques du psychisme.

    Chloé Josse-Durand, Bâtir les mémoires locales, « pluraliser » le récit national : le musée communautaire au prisme des usages politiques de la mémoire et du patrimoine au Kenya et en Éthiopie, thèse soutenue en 2016 à Bordeaux sous la direction de Dominique Darbon, membres du jury : Christian Le Bart (Rapp.), François-Xavier Fauvelle (Rapp.), Hervé Maupeu  

    Cette recherche aborde la scène politique de deux pays d’Afrique de l’Est (Éthiopie-Kenya) en s’appuyant sur une analyse des enjeux politiques inhérents à la mise en place d’institutions mémorielles telles que les musées, les mausolées et autres lieux de mémoires. Notre thèse est que ces musées sont à comprendre avant tout comme des espaces intermédiaires de négociation entre les groupes qui les portent, l’État qui les finance ou les autorise, et les organisations internationales qui soutiennent et influencent les projets patrimoniaux des gouvernements. Cette recherche se concentre ainsi sur deux études de cas : le musée Konso en Éthiopie et le musée-mausolée de Koitalel Samoei au Kenya. Ces institutions s’inscrivent dans des contextes politiques particuliers au début des années 2000, à savoir l’application effective du pluralisme politique au Kenya et le renforcement de l’autoritarisme en Éthiopie. Au Kenya, la négociation autour de l’interprétation du passé en termes politiques se fait au sein même du musée-mausolée dédié au héros Koitalel Samoei, tandis que le cas éthiopien souligne plutôt que les rapports de pouvoir sont restructurés ou réorganisés par la présence d’un premier musée ethnographique en région, le musée Konso.L’apparition de musées communautaires témoigne, au Kenya comme en Éthiopie, d’un retour de l’identité ethnique en politique, qui est à la fois brandie comme une bannière par les gouvernements, mais également utilisée comme une catégorie opératoire ou une ressource par des acteurs particuliers, qu’on appellera ici des « entrepreneurs de patrimoine ». Par l’usage d’un nouveau capital, le patrimoine et sa préservation, ces « entrepreneurs de patrimoine » s’imposent ainsi à la fois comme des « entrepreneurs de soi » au sens de Michel Foucault, mais également comme des « entrepreneurs du nous » en politique, occupant une position graduelle dans les négociations et les prises de décisions publiques. Dès lors, il faut décentrer le regard pour s’intéresser à ce que le musée fait au politique, et non plus seulement à ce que la politique fait des musées.En incluant également l’analyse des usages politiques de la mémoire étatiques et internationaux, ce travail cherche à renverser la perspective en adoptant une entrée microsociologique et ethnographique en science politique, étudiant les déterminants et les modalités de la reconstruction nationale du point de vue des musées communautaires. Cette approche « par le bas », articulée aux niveaux d’analyse macro (État, idéologie, cadre institutionnel) et micro (les institutions et acteurs du patrimoine, les élites politiques locales) invite ainsi à une réflexion plus générale sur la construction, la qualification et les perceptions des régimes politiques, entamant une réflexion sur la nature de l’État qui se dévoile à travers ces nouvelles politiques mémorielles et patrimoniales, ainsi que sur le rôle joué par ces nouveaux « entrepreneurs de patrimoine » dans la reconfiguration de la compétition politique.

    Silvina Campo, Le PCF et les usages du passé résistant (1944-1974), thèse soutenue en 2014 à Paris 1 sous la direction de Olivier Wieviorka, membres du jury : Philippe Buton (Rapp.), Marc Lazar (Rapp.), Pascal Ory  

    Les usages politiques du passé de la Résistance sont au cœur de cette thèse. Cette recherche n’entend donc pas se centrer sur la Résistance au sens strict, mais sur les formes d’instrumentalisation de ce passé, au sein d’un groupe : le Parti Communiste Français. Parmi les passés choisis par le PCF, la Résistance occupe une place déterminante, en raison du réel engagement communiste dans l’armée des ombres, ainsi qu’en raison du brevet de patriotisme qu’elle offrait à une formation créditée d’une fidélité aveugle à Moscou. La participation des communistes à l’épopée résistante leur a permis de reconquérir de la crédibilité et de consolider leur position dans un espace public où ils risquaient d’être disqualifiés en raison des positions adoptées par le parti en 1939-1941. La pluralité des significations attachées à ce passé et la fluidité des interprétations attribuées ont permis l’adaptation à la réalité dans laquelle agissaient les communistes. Ainsi, il a été possible de répondre aux objectifs divers que s’assignait le PCF. La période étudiée s’ouvre en 1944, avec la libération d’une grande partie du territoire français, même si la guerre n’est alors pas finie. L’étude s’achève avec l’année 1974, date significative que signale le XXXème anniversaire de la Libération dans le contexte national de la fin des Trente Glorieuses.

    Juan Enrique Serrano Moreno, Mémoires de vainqueurs, mémoires de vaincus. : la construction démocratique à l'épreuve des conflits autour des mémoires de la Guerre Civile et du franquisme, thèse soutenue en 2013 à Paris 1 sous la direction de Yves Déloye, membres du jury : Hubert Peres (Rapp.), François Godicheau (Rapp.), Paul Zawadzki  

    Cette thèse analyse les effets des conflits autour des mémoires de la Guerre Civile espagnole et du franquisme sur la construction démocratique dans le temps long et à l’échelle locale, régionale et nationale. L'étude socio-historique des pratiques, des discours et des interactions entre des acteurs tels que l'État, l'Église, les partis, l'historiographie, les associations des victimes ou les familles permet de comprendre comment la mémoire de la Guerre Civile a passé d'être un récit manichéen à un sujet dépolitisé pendant la transition et, une fois la démocratie a été consolidé, un domaine d'action publique et une cause militante hautement conflictuels. La circulation inter sectorielle de savoirs, d’actions et d’acteurs politiques, religieux, historiographiques et juridiques véhiculent des interprétations divergentes et peu réflexives de l'histoire et participent à la formation , de matrices culturelles à travers desquelles les citoyens ordinaires traduisent les enjeux politiques du présent. Les conflits entre les mémoires des vainqueurs et les mémoires des vaincus sont à la fois la cause et l'effet de la politisation de la mémoire et de la mémorisation de la politique participant ainsi à la contestation de la légitimité d'origine du régime démocratique espagnol.

    Federica Rossi, La « lutte armée » entre justice, politique et histoire : usages et traitements des « années de plomb » dans l'Italie contemporaine (1968-2010), thèse soutenue en 2011 à Paris 10 sous la direction de Annie Collovald, membres du jury : Jean-Louis Briquet (Rapp.), Alfio Mastropaolo (Rapp.), Lilian Mathieu    

    Les « années de plomb » en Italie demeurent un passé qui est souvent mobilisé dans des contextes très divers et dont l’interprétation divise et oppose de nombreux acteurs. Cette thèse analyse les usages de ce passé, des années 1970 jusqu’à nos jours, et montre comment s’est élaboré et imposé en Italie un cadre interprétatif dominant des événements de la période. A partir de matériaux empiriques variés (entretiens, autobiographies, archives, débats parlementaires), elle étudie les multiples arènes où s’élaborent les mises en récit des événements passés et les controverses qui marquent leur interprétation. A la différence des travaux qui mettent en avant le caractère « exceptionnel » ou « traumatisant » d’un passé pour rendre compte de sa récurrence dans les débats postérieurs, ce travail déplace la focale du passé au présent. Il porte l’attention sur les acteurs qui interviennent dans les débats sur le passé et sur les enjeux qui leur sont propres : magistrats, victimes, anciens militants, hommes politiques. Il montre comment le passé est construit et reconstruit sans cesse dans et par ces différentes mobilisations et controverses qui se déroulent dans des conjonctures éloignées. C’est donc dans la rencontre entre trajectoire d’acteurs (et groupes d’acteurs) et contextes sociopolitiques que l’on peut saisir et expliquer les vies ultérieures des années 1970 en Italie.

    Rémi Guillot, Le meurtre de Bruay en Artois : quand une affaire judiciaire devient une cause du peuple (1972-1974), thèse soutenue en 2010 à Paris 10 sous la direction de Annie Collovald, membres du jury : Érik Neveu (Rapp.), Frédéric Sawicki (Rapp.), Francis James et Violaine Roussel    

    Le 6 avril 1972, le corps d’une fille de mineurs de 15 ans, Brigitte Dewèvre, est découvert sans vie, sur un terrain vague d’une cité ouvrière du Pas-de-Calais, à Bruay-en-Artois. Le juge Henri Pascal est chargé de l’instruction et inculpe Me Pierre Leroy, le notaire de la ville. L’inculpation du notable est immédiatement interprétée par les journalistes comme le début d’une bataille d’un « petit juge contre les gros »; en effet, dans le contexte de l’après soixante-huit, l’action iconoclaste de ce juge qui incarcère un notable et ses discours aux accents de lutte des classes prônant une « justice à ciel ouvert » intriguent. De nombreuses rédactions dépêchent des reporters sur place. Dans la foulée, des maoïstes de la Gauche Prolétarienne (GP) présents dans la région s’emparent de ce fait divers et mobilisent à plusieurs reprises la population locale au nom de la « justice populaire ». Des manifestations réunissant plusieurs milliers de personnes sont organisées pour soutenir le « petit juge ». Les prises de positions du juge Pascal contre le secret de l’instruction, sa collaboration ouverte avec les journalistes et la politisation de l’enquête entraînent son dessaisissement le 20 juillet 1972. Le dossier Dewèvre est transféré à Paris. Le contexte post-soixante-huitard de démobilisation et le classement du dossier contribuent à renvoyer l’affaire à la rubrique des faits divers, de l’agitation « gauchiste » et, finalement, des énigmes judiciaires irrésolues puisqu’on ne saura jamais qui a tué Brigitte Dewèvre. La médiatisation intensive de cette cause de justice transformée en cause politique reste dans les mémoires sous le nom d’« affaire de Bruay-en-Artois ».Notre thèse interroge les raisons pour lesquelles un dossier de justice, tiré d’un triste fait divers comme on peut en lire des dizaines dans les colonnes des quotidiens régionaux, a été transformé en une cause politique. Comment et selon quelles logiques des agents aussi différents qu’un juge d’instruction, des journalistes de presse locale ou nationale et des acteurs politiques tels que les maoïstes de l’ex-Gauche Prolétarienne se sont retrouvés pour faire du meurtre de la jeune Brigitte Dewèvre une cause commune défendue au nom « du peuple » ?

  • Maylis Ferry, L'histoire scolaire comme champ de bataille. La conflictualité de l'enseignement de l'histoire interrogée à partir des controverses sur l'histoire de l'esclavage en France et en Angleterre (décennie 2000)., thèse soutenue en 2019 à Bordeaux sous la direction de Yves Déloye, membres du jury : Charles Heimberg (Rapp.), Claire H. Griffiths et Pascal Ragouet  

    L'affirmation est si souvent répétée qu'elle a peu de chances de surprendre : l'histoire que l'on enseigne à l'école fait l'objet de polémiques. Par-delà toutes les oppositions que promet cette situation, il y a donc au moins un point sur lequel s'accordent celles et ceux qui investissent l'enseignement de l'histoire de la sorte : c'est un sujet qui compte et qui vaut la peine qu'on s'émeuve, s'indigne et s'affronte en son nom.Il y a au cœur de cette thèse à la fois un inconfort vis-à-vis de cette évidence et un étonnement face à la virulence qu'ont parfois les débats publics sur l'enseignement de l'histoire. La littérature sur les savoirs scolaires nous donne des clés pour comprendre ces emballements mais pas toutes. En particulier, les processus par lesquels les questions dites sensibles le deviennent ont été moins travaillés que les interactions particulières qu'elles génèrent en classe (perspective qui n'en reste pas moins légitime). En mobilisant des travaux produits dans différents cercles de discussion académique - didactique de l'histoire, sociologie des curricula, de la mémoire, du nationalisme et des controverses - la thèse vise à mieux comprendre comment des contenus d'enseignement peuvent devenir polémique à partir d'une étude de cas.Il s'agit des débats qui ont porté sur la (ré)introduction de l'histoire de l'esclavage colonial et de la traite négrière en France et en Angleterre au cours de la décennie 2000. Il est particulièrement illisible si l'on s'en tient à une explication en termes de conflictualité intrinsèque dont seraient porteurs certains savoirs scolaires. En effet, l'histoire de l'esclavage et de la traite a été enseignée (ou présente dans les programmes) à différents moments au cours du XX° siècle dans ces deux pays et cela n'a pas toujours suscité de l'émoi, loin s'en faut.À l'appui d'une analyse de discours de matériaux divers (archives, presse et autres genres de discours tenus publiquement, entretiens semi-directifs), la thèse retrace le fil de ces controverses et, chemin faisant, explore les différentes manières dont peut se dire - ou non - le sens que l'on donne à l'enseignement de l'histoire.

    Deniz Günce Demirhisar, Les acteurs contestataires en Turquie (2007-2014). Mémoire, marginalité, utopie, thèse soutenue en 2019 à Paris EHESS sous la direction de Michel Wieviorka, membres du jury : Antimo Farro (Rapp.), Hamit Bozarslan et Derya Firat  

    La thèse étudie le régime de subjectivité des acteurs contestataires en Turquie afin d'interroger la nature des mouvements contemporains et les particularités de l'engagement à gauche. L'enquête qualitative qui débute avec les mobilisations consécutives à l'assassinat de Hrant Dink en 2007, se termine à la première commémoration du mouvement Gezi en 2014. Les données recueillies par entretiens et par observation auprès de plusieurs générations de militants et d'activistes sont analysées sous le prisme de la subjectivation et de la désubjectivation. Quels sont les effets des émotions, de la mémoire collective et des horizons d'attente sur la capacité d'agir des acteurs contestataires ? La première partie met en lumière la diversité des modalités d'action telles que les mobilisations de choc moral, les initiatives intellectuelles, les stratégies électorales, un festival de musique anti-guerre issu du mouvement altermondialiste. Les mobilisations qui rassemblent les générations révolutionnaires et les jeunes activistes relèvent des logiques globales de l'action collective. Les revendications de démocratie s'expriment à la fois par la transition de l'horizon révolutionnaire vers un paradigme des droits humains, et par des pratiques préfiguratives. La seconde partie examine la dialectique entre la mémoire et l'utopie dans l'imaginaire politique des acteurs. L'analyse des manifestations culturelles et politiques variées de la mémoire d'une gauche fragmentée, montre à la fois les permanences et les mutations dans les valeurs, les symboles, les habitus et le répertoire d'action. Tandis que le régime de subjectivité marqué par la défaite se transforme avec les représentations de soi comme victime de violence, les jeunes générations contribuent à l'élaboration d'une mémoire communicative. La lutte pour la démocratie se révèle aussi comme une lutte mémorielle afin de construire des récits partageables au niveau de la mémoire sociale. Conjuguée à une réflexion sur la fonction de l'utopie pour la capacité d'agir, la mémoire fait partie des outils de la grille d'analyse déployée pour étudier le mouvement Gezi de juin 2013. L'occupation du Parc Gezi révèle plusieurs caractéristiques concomitantes des mouvements contemporains, avec sa configuration affective, les dynamiques intergénérationnelles, la resymbolisation de l'espace, et la transgression des frontières symboliques de l'altérité. L'occupation du Parc Gezi est analysée comme la performance publique de l'utopie. La création de tels espaces d'expérience et de subjectivation ne présagent pas pour autant de la traduction en politique des mouvements. La marginalité et la condition minoritaire de la gauche constituent à la fois une ressource et une limite. La thèse propose une sociologie de la marginalité en contexte conservateur et autoritaire, et par là-même, la démonstration de la créativité de l'agir et de ses limites. En somme, les mouvements contemporains en Turquie comportent à la fois des composantes de mouvement social, de mouvement éthique et de mouvement d'expérience. Ils contestent les cadres historiques de l'altérité et du nationalisme par l'incarnation des pratiques démocratiques, et en créant un monde symbolique et axiologique alternatif aux orientations culturelles dominantes.

    Yves Mirman, Des engagements à l'épreuve du temps : la cause des disparus au Liban, 2011-2018, thèse soutenue en 2019 à AixMarseille sous la direction de Christophe Traïni et Myriam Catusse, membres du jury : Franck Mermier (Rapp.), Éric Gobe et Stéphanie Latte Abdallah    

    Cette thèse décrit des engagements pour la cause de personnes disparues au Liban (enlèvement, meurtre ou emprisonnement) durant la guerre civile (1975 à 1989) et les occupations militaires qui ont suivi. Certains proches – notamment des femmes – se sont publiquement engagés depuis les années 1980 pour les retrouver, désigner des responsabilités, faire entendre leurs propres droits. Alliés à d’autres acteurs, ils et elles ont inscrit leur mobilisation de manière plurielle dans l’espace politique où rares sont les dispositifs de traitement du conflit. S’est ainsi façonnée au fil des ans une cause commune malgré leur fragmentation initiale, les drames intimes et les contraintes politiques rencontrées. Le nombre de plus en plus réduit de militants n’a pas tué la cause, mais, à l’épreuve du temps, a transformé les logiques de l’action collective. Par des dispositifs de sensibilisation, l’usage d’outils juridiques et un travail mémoriel, ces militants s’efforcent de faire entendre leur souffrance, mais également de lutter contre l’oubli du conflit voire à obtenir justice. L’observation de leurs activités et l’analyse de leurs témoignages entre 2011 et 2018 m’ont permis de mesurer les effets de leur action sur la cause comme sur leur engagement. Mettre en récit les crimes passés via la formulation d’un problème d’amnésie généralisée n’a pas permis de désigner de responsabilités claires. La remémoration publique des disparus et les procédures engagées en justice par des cause-lawyers ont suscité des dilemmes tant affectifs que stratégiques. C’est finalement à une sociologie des politiques de l’après-conflit au Liban que se propose de contribuer cette thèse

  • David Emler, La politique, l’histoire, la mémoire : les usages politiques du passé en France depuis les années 1990, thèse soutenue en 2014 à Paris 10 sous la direction de Georges Mink et Jiří Pešek, membres du jury : Dominique Colas (Rapp.), Vladimíra Dvořáková (Rapp.), Lenka Anna Rovná et Michel Perottino    

    Cette thèse analyse la question des usages politiques du passé en France depuis les années 1990 jusqu’à nos jours. Cette problématique est traitée au niveau de trois sphères aux relations mutuelles interactives : la politique, l’histoire et la mémoire. La partie introductive comprend une interprétation des plus importantes conceptions françaises de la mémoire (Halbwachs, Nora, Ricœur). Trois parties étudient ensuite successivement les interactions entre politique et histoire (à partir de ce que l’on nomme les « lois mémorielles » et la réaction qu’elles provoquent de la part des historiens), les relations entre mémoire et politique (à partir de l’analyse des usages de la mémoire dans les discours des présidents de la République) et l’influence mutuelle de l’histoire et de la mémoire (en suivant l’évolution de l’historiographie de la période contemporaine).

    Cilia Martin, Les temps de la (re)composition urbaine à Istanbul , thèse soutenue en 2014 à Paris EHESS sous la direction de Nathalie Clayer  

    De la fin de l'Empire ottoman à nos jours, Kurtuluş, connu pour être un des quartiers minoritaires d'Istanbul, connaît une série de changements tant sur le plan spatial, social, ethno-confessionnel que sur le plan des représentations collectives. Avec la revitalisation du passé du quartier depuis la fin des années 1990. Le quartier est largement décrit comme un monde clos et isolé dans lequel le départ des minoritaires, en raison des exactions exercés à leur encontre, est perçu comme la rupture majeure du quartier connaissant alors un âge d'or et une période de déclin. À leur départ, est systématiquement opposé la venue de migrants venus d'Anatolie puis des courants migratoires internationaux tenus responsables de l'enlaidissement de la ville. S'appuyant sur une étude des mobilités et des mémoires urbaines, cette thèse remet en question les grands récits qui caractérisent l'histoire des anciens quartiers d'Istanbul et permet de mener une reconstruction de l'histoire par le local. À travers une étude de la fabrique physique et imaginaire du quartier, défini comme un espace à géométrie variable, cette thèse interroge donc les modalités et les temporalités de la recomposition urbaine tout en questionnant la notion de rupture et d'événement en histoire urbaine. La mise en série des différents temps de la recomposition a permis de donner de la profondeur et de l'élasticité aux changements urbains et d'analyser la fabrication des territoires et des frontières.

    Gérôme Truc, Le 11-septembre européen , thèse soutenue en 2014 à Paris EHESS sous la direction de Daniel Cefaï et Louis Quéré  

    Repartant des thèses de Simmel, Durkheim et Elias, ce travail rend compte de la sensibilité morale des Européens au début du XXIe siècle, saisie au travers de leurs réactions aux attentats du 11 septembre 2001, du 11 mars 2004 et du 7 juillet 2005. Nourri par une enquête de plusieurs années en France, aux États-Unis, à Madrid et à Londres, et par l’exploitation d’une grande diversité de matériaux empiriques dont, en particulier, un corpus inédit de plusieurs dizaines de milliers de messages de condoléances et de solidarité, il établit en quoi des individus ordinaires se sont sentis concernés par ces événements et ont compati au sort de leurs victimes. La première partie examine les opérations de cadrage médiatique et institutionnel dont ces attentats firent l’objet. Elle restitue de quelle manière « les Européens » ont pu former un sujet collectif en ayant eu une expérience spécifique sans qu’un sentiment de commune appartenance à l’Europe ne s’affermisse dans un deuil partagé. La seconde partie montre que la communauté de sentiments apparue en réaction aux attentats islamistes ne se laisse pas simplement rabattre sur un sentiment de communauté univoque. Elle met en évidence la formation de différents publics d’individus s’étant sentis concernés aussi bien par l’entremise d’un « nous », dont la nature et l’échelle varient, que sur un mode plus personnel, où prime le sens du « je ». La troisième partie, enfin, explore le contraste entre la mémoire américaine du 11-Septembre et le quasi-oubli en Europe des attentats de Madrid et Londres, les principaux vecteurs dont procédèrent les publics du 11-Septembre européen n’ayant pas constitué les cadres d’une mémoire européenne.

    Aurélie Denoyer, L’exil comme patrie : les réfugiés communistes espagnols en RDA (1950-1989). Trajectoires individuelles, histoire collective, thèse soutenue en 2012 à Paris Est sous la direction de Fabienne Bock, membres du jury : José María Faraldo (Rapp.), Philippe Rygiel (Rapp.), Thomas Lindenberger    

    Les réfugiés communistes espagnols accueillis en RDA sont au centre de ce travail de recherche. Cependant, l'exil politique des Espagnols en Allemagne de l’Est n'est pas ici traité comme un objet, mais comme un terrain qui nous permet d'appréhender différentes thématiques : la politique française à l'égard des communistes étrangers réfugiés sur son territoire à l'aune de la guerre froide, la politique d'intégration est-allemande, les relations entretenues entre la SED et le PCE (Partido Comunista de España, Parti communiste d'Espagne) ainsi que l'impact de l'exil sur la construction identitaire. Cette étude poursuit par ailleurs multiple objectifs : ce travail souhaite non seulement enrichir l'histoire de l'exil espagnol en particulier et les études migratoires en général, mais également contribuer au renouvellement de la recherche sur le communisme, et plus précisément, sur l'État est-allemand. Pour ce faire, nous avons travaillé à partir des archives de multiples pays, aussi bien en France, en Allemagne, qu'en Espagne. Nous avons également conduits quelques entretiens à Berlin, Paris et Barcelone auprès des enfants de la première vague de réfugiés politiques espagnols accueillis en RDA. Suite à cela, nous avons procédé à la reconstruction des trajectoires biographiques de ces individus en nous efforçant de ne pas perdre de vue la diversité des trajectoires individuelles et des situations collectives.