Giulia Scalettaris

Maître de conférences
Science politique.
Faculté des Sciences Juridiques, Politiques et Sociales

Centre d'Études et de Recherches Administratives, Politiques et Sociales
Responsable de la formation :
PUBLICATIONS ENCADREMENT DOCTORAL
  • THESE

    La fabrique du gouvernement international des réfugiés : bureaugraphie du HCR dans la crise afghane, soutenue en 2013 à Paris EHESS sous la direction de Michel Agier 

  • Giulia Scalettaris, Le HCR et la crise afghane. Une bureaucratie internationale à l'épreuve: une bureaucratie internationale à l'épreuve, 2022e éd., Karthala et Cyberlibris, 2023, 408 p.  

    Etude d'anthropologie politique explorant le fonctionnement du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés à partir du cas afghan dans les années 2000. Fonctionnaire du HCR, l'auteure décrit son fonctionnement interne, son déploiement et le travail de ses acteurs en soulignant que sa vision du monde centrée sur les Etats-nations participe des problèmes qu'elle a pour mission de résoudre.

  • Giulia Scalettaris, Yasmine Bouagga, Albena Tcholakova, Béla Galgóczi, « A reliance on diversified delivery: the case of asylum seekers and refugees in France », in Béla Galgóczi (dir.), Betwixt and between: Integrating Refugees into the EU Labour Market, ETUI aisbl, 2023, pp. 109-133   

    Giulia Scalettaris, Marion Fresia, Philippe Lavigne Delville, « L’ethnographe embarqué et la pensée institutionnelle du HCR. Sortir du terrain, entrer dans la critique anthropologique », Hommes et sociétés, 2019 

    Giulia Scalettaris, Thomas Ribemont, « Le "renforcement des compétences institutionnelles" de l’État afghan. Enjeux de pouvoir d’une démarche qui se veut technique », Figures des bénéficiaires dans l’action humanitaire. À la croisée des regards et des disciplines, 2019  

    Qu’il s’agisse d’actions d’urgence ou de programmes de développement, l’aide humanitaire se donne en principe pour mission de soulager les souffrances des personnes les plus vulnérables dans le monde. Or, les récipiendaires de l’aide n’en sont pas toujours les seuls « bénéficiaires ». Factions armées, gouvernements nationaux ou locaux, clans, réseaux criminels, organisations internationales ou encore bailleurs de fonds institutionnels peuvent de façon concomitante voir leurs intérêts satisfaits via l’action humanitaire. Le plus souvent, les bénéficiaires ne sont de surcroît que peu associés aux actions censées les servir, au point qu’ils peuvent apparaître comme des impensés de l’action humanitaire. Dans une perspective interdisciplinaire croisant les regards des chercheurs et des acteurs humanitaires, le présent ouvrage aborde donc la pluralité des figures des bénéficiaires. Il met ainsi parfois à jour certains des effets pervers de l’action humanitaire.

    Giulia Scalettaris, Hélène Thiollet, « Les demandeurs d’asile manipulent-ils les systèmes d’asile européens ? », Migrants, Migrations. 50 questions pour vous faire votre opinion, 2019 

    Giulia Scalettaris, Hélène Thiollet, « Réfugiés, migrants, quelle est la différence ? », Migrants, Migrations. 50 questions pour vous faire votre opinion, 2019 

  • Giulia Scalettaris, « Refugee Studies and the International Refugee Regime. A Reflection on a Desirable Separation », Refugee Survey Quarterly, 2023, n°2007 

    Giulia Scalettaris, « Bureaugraphier le HCR. Une approche empirique et englobante d’une organisation internationale », Critique internationale, 2023, n°2020  

    Je présente ici la démarche théorique et méthodologique qui m’a permis de développer une approche à la fois empirique et englobante de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR). En m’appuyant sur une ethnographie embarquée et des outils d’analyse issus de l’anthropologie politique j’ai étudié le fonctionnement interne de l’organisation et les relations dans lesquelles sont pris ses agents et ses bureaux, ce qui m’a permis de saisir aussi la portée de l’action planétaire de l’organisation des années 2000. En plus de souligner le renouveau théorique que connaît l’anthropologie lorsqu’elle déploie ses méthodes pour étudier des institutions bureaucratiques, le terme de « bureaugraphie » fait ressortir l’importance que l’infrastructure matérielle de l’organisation a eu au niveau de la construction de l’objet HCR et dans l’analyse de mes données. Après une introduction sur le renouveau des études consacrées aux organisations internationales, j’explique comment j’ai pu « désinstituer » le HCR et envisager son dispositif bureaucratique éclaté comme un terrain. Ensuite, je montre la manière dont j’ai délimité le périmètre de mon enquête et décris les procédés qui m’ont permis de passer d’une observation localisée à une réflexion englobante. Enfin, je relate le parcours de distanciation épistémologique qu’il m’a fallu entreprendre pour identifier, dans la production de savoirs experts, une forme d’autorité majeure de l’organisation.

    Giulia Scalettaris, « The Afghan Ministry of Refugees: an Unruly Trainee in State Capacity Building », Third World Quarterly, 2023, n°2020 

    Giulia Scalettaris, Alessandro Monsutti, Antonio Donini, « Young Afghans at the Doorsteps of Europe: The Difficult Art of being a Successful Migrant », Journal of Ethnic and Migration Studies, 2023, n°2019 

    Giulia Scalettaris, Flore Gubert, « Return schemes from European countries. Assessing the challenges », International Migration, 2023, n°2018 

    Giulia Scalettaris, « Would-be places for displaced Afghans. The UNHCR, landless returnees and the enforcement of the national order », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, 2019, n°2013 

    Giulia Scalettaris, Flore Gubert, « Return Schemes from European Countries: Assessing the Challenges », International Migration, 2019, n°4, pp. 91-104 

    Giulia Scalettaris, « Would-be places for displaced Afghans – The UNHCR, landless returnees and the enforcement of the national order », 2013  

    Introduction Building on the anthropological literature that tackles the social production of place (Lefebvre 1974; Appadurai 1996; Gupta and Ferguson 1997; Turton 2005), this article examines the intervention of the United Nations High Commissioner for Refugees (UNHCR) vis-à-vis landless returnees in Afghanistan. Social scientists have mainly studied place-making rationales and practices by examining how refugees and migrants produce places, and what they consider ‘home’ (Malkki 1992; Warner...

  • Giulia Scalettaris, « Refugees’ protection and refugees’ mobility : and irremediable hoximoron? », le 23 octobre 2019 

Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Louise Perrodin, Négocier les contours du droit international de l'asile : l'ancrage des exilés rohingyas dans les interstices sociaux-politiques malaisiens, thèse soutenue en 2024 à Paris 12 sous la direction de Delphine Alles, membres du jury : Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky (Rapp.), Natália Frozel Barros, Loïs Bastide et Julian Fernandez  

    Des communautés d’exilés rohingyas se développent en Malaisie depuis les années 1990. Ils y résident sans-papiers car le gouvernement malaisien refuse d’inscrire un droit d’asile dans sa législation. Cette thèse explore la négociation au quotidien de la mise en œuvre de ce statut. La portée universelle de la Convention de Genève de 1951 est en effet refusée par le gouvernement malaisien, mais défendue par des exilés rohingyas, par des ONG mobilisées autour de cette cause et par le bureau du HCR implanté à Kuala Lumpur. Ces trois derniers se constituent comme passeurs des normes internationales dérivées de cette Convention. Ils soutiennent l’institutionnalisation d’un système de l’asile depuis des interstices désormais organisés autour des exilés rohingyas, où l’autorité du bureau de l’organisation internationale se renforce. Cette recherche analyse les ressources véhiculées par un instrument de droit international pour des acteurs a priori en marge de son application. En mobilisant la référence au droit international pour affirmer leur place dans des nœuds de relations à la jonction des scènes locale, nationale et internationale, ces acteurs participent à la redéfinition des normes associées au droit d’asile depuis les marges du système international. Ils contribuent alors à construire la « force » d’un droit international dont la portée en Malaisie était incertaine. Pour l’analyser, cette recherche associe une année d’enquête qualitative (entretiens et observation participante) en Malaisie, une cartographie des réseaux transnationaux d’acteurs mobilisés autour de la cause rohingya et une analyse textométrique des discours des représentants de la Malaisie à l’ONU.

    Sabine Dini, Gouverner les migrations internationales par le don. Une ethnographie économique de l'intervention du Haut-Comissariat des Nations unies pour les réfugiés et de l'Organisation internationale pour les migrations à Djibouti (1977-2019), thèse soutenue en 2021 à Paris 13 sous la direction de Antoine Pécoud, membres du jury : Philippe Steiner (Rapp.), Dominique Vidal (Rapp.), Nora El Qadim et Catherine Colard-Fabregoule    

    La thèse interroge les conditions de félicité de l’intervention du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) entre 1977 et 2019 à Djibouti, un petit État de la Corne de l’Afrique. La preuve a été administrée selon une « sévère discipline inductive » : dix-huit mois d’observation participante, l’analyse de 1524 pages d’archives du ministère de l’Intérieur djiboutien, quatre terrains de saturation, et 27 entretiens. Elle a conduit à mettre en perspective les logiques d’intervention des deux OIGs comme deux variations d’une « relation asymétrique » des OIGs avec l’État djiboutien. Si l’intervention mise en œuvre par le HCR s’enlise dans le conflit, à l’inverse celle de l’OIM permet de fonder une alliance avec l’État-hôte. Le régime des migrations internationales met en œuvre une logique de transformation des politiques migratoires nationales qui repose sur un régime d’aide. Dans ce cadre, le travail organisationnel réalisé par les deux OIGs consiste à orchestrer un transfert de ressources, permettant d’apparier des États bailleurs de fonds avec l’État djiboutien récipiendaire. Mobiliser les travaux traitant de la sociologie du don, notamment le concept de « don organisationnel » a permis de rendre compte de la divergence des résultats des interventions fondées sur l’aide des deux cas analysés. Sous quelles conditions, en dépit de leur distance tant normative que géographique, le travail organisationnel permet-il de construire un lien de solidarité entre des États de l’ordre international en situation d’asymétrie, mis en rapport par un transfert de ressources ? La démonstration mobilise le concept de don au sens maussien comme un fait social total doté d’une force contraignante. Elle défend l’idée que, sous certaines conditions, la nature de la relation d’aide forgée par les organisations est à même d’obliger l’État récipiendaire, en instituant une véritable détermination au plan de la relation et en parvenant à enclencher une logique de réciprocité entre les États. La thèse repose sur trois grands arguments théoriques qu’elle ancre empiriquement en décrivant le travail organisationnel des deux OIGs. Le premier souligne l’indistinction entre ordre juridique et échange économique. Il met en valeur la manière dont, la norme de protection pour le HCR, et, le principe de souveraineté pour l’OIM, se confondent avec l’acte matériel du transfert des ressources. Le second met en lumière la manière dont le régime de don fabrique des logiques de valorisation qui gomment la distinction entre les hommes pris dans l’échange, sujets juridiques, et les choses échangés, biens en circulation. Le dernier argument dévoile le mécanisme précis d’effectuation de la contrainte sociale. Il montre comment la possibilité de la contrainte se fonde sur le formalisme et l’artifice qui donnent au don toute son efficace. La thèse a plus généralement pour ambition de montrer que, en situation d’asymétrie, la conditionnalité de la relation contractuelle échoue à fonder une relation d’obligation entre les États. Elle mobilise le paradigme du don afin de défendre l’idée que, tout au contraire, la possibilité d’établir un ordre normatif contraignant entre des États en situation d’asymétrie repose sur un socle relationnel qui ressort du symbolique.