• THESE

    Archéologie de la crise de la représentation politique, soutenue en 2004 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Jean-Marie Donegani 

  • Didier Mineur (dir.), Désordres dans la démocratie, PUF, 2020, 197 p.  

    Le « désordre » est pluriel et protéiforme. En démocratie, certains désordres tels que la désorganisation délibérée des services publics lors d’une grève, par exemple, sont considérés comme faisant partie du fonctionnement démocratique, tandis que d’autres, comme les « troubles à l’ordre public » (dont peuvent être qualifiés les mêmes comportements que ceux qui sont autorisés, comme une grève ou une manifestation, dès lors qu’ils ne sont pas déclarés), et plus généralement l’usage de la violence par les personnes privées, sont proscrits. Ainsi une première distinction apparaît-elle cruciale, entre le désordre qui s’inscrit à l’intérieur de la loi et qui est donc par là-même, en quelque sorte, ordonné, et celui qui échappe à la canalisation légale et institutionnelle. La question centrale de ce dossier porte sur cette seconde catégorie de « désordres ». Le désordre extra-légal et anti-institutionnel est-il aussi extra-démocratique et partant, illégitime ? Un événement central est venu bousculer le régime ordinaire de nos considérations sur l’ordre et le désordre : le coronavirus. La pandémie exige sans doute de repenser le rapport de l’ordre au désordre en démocratie.

    Didier Mineur, Carré de Malberg: Le positivisme impossible, Cairn et Michalon, 2019, Le Bien Commun 

    Didier Mineur, Le Pouvoir de la majorité: Fondements et limites, Éditions Classiques Garnier numérique, 2017, PolitiqueS, 403 p. 

    Didier Mineur, Felix Heidenreich, Daniel Schulz (dir.), Die Bürger und ihr Staat: Les citoyens et leur etat, LIT, 2014, Kultur und Technik, 130 p. 

    Didier Mineur, Archéologie de la représentation politique: structure et fondement d'une crise, Cairn et Presses de Sciences Po, 2011, Académique 

    Didier Mineur, Archéologie de la représentation politique: structure et fondement d'une crise, Presses de la fondation nationale de sciences politiques, 2010, Domaine Fait politique, 292 p. 

    Didier Mineur, Carré de Malberg: le positivisme impossible, Michalon Éditions, 2010, Le bien commun, 113 p. 

    Didier Mineur, Identité et représentation: les structures conceptuelles du gouvernement représentatif, 1999 

  • Didier Mineur, « L’élection, plus démocratique que le tirage au sort ? », Raison Publique, : Presses universitaires de Rennes, 2023, n°1   

  • Didier Mineur, Une certaine idée de la représentation politique sous la Ve République, 2011   

  • Didier Mineur, « Théorie de la justice 50 ans après », le 22 novembre 2021 

    Didier Mineur, « Res publica et Parlement : quelles représentations pour quelles démocraties ? », le 26 septembre 2019  

    Conférence annuelle de la Chaire de recherche en études parlementaires de l'Université du Luxembourg

    Didier Mineur, Bertrand Guillaume, « L'impact des migrations climatiques sur la démocratie », Un monde en mutation : changement climatique et migrations humaines, Paris, le 01 janvier 2012 

ActualitésPublicationsENCADREMENT DOCTORAL
  • Tong Fu, Société cachée et liberté efficace, le libéralisme étrange de Tocqueville, thèse soutenue en 2023 à Université Paris Cité, membres du jury : Charles Ramond (Rapp.), Vincent Valentin (Rapp.), Laurence Guellec, Agnès Antoine et Hélène L'Heuillet  

    En révélant les liens souterrains entre Tocqueville d'une part, Rousseau et Pascal, d'autre part, cette thèse vise à donner une nouvelle interprétation de La démocratie en Amérique et de L'Ancien Régime et la Révolution. Rousseau et Tocqueville partagent un même thème : le rapport entre l'homme et sa société. D'un côté, Rousseau déclare que l'homme est né comme un tout parfait et solitaire, de l'autre, il estime que s'il existait une société qui fonctionne bien, elle devrait aussi être un tout indépendant. Il rencontre donc un problème : comment transformer l'homme en une partie d'un plus grand tout dont il recevra sa vie et son être ? Afin de résoudre cette question, dans Du contrat social, il propose trois plans, dont le troisième est le plus étrange. Selon ce dernier plan, le Souverain doit forcer ses sujets à croire qu'ils sont nés avec des sentiments de la sociabilité. En d'autres termes, Rousseau veut que « tous » forcent « chacun » à croire qu'il aime ses devoirs. Tocqueville prend au sérieux ce dernier plan proposé par Rousseau, parce que, lors de son voyage en Amérique, il a constaté que ce plan étrange avait été mis en pratique par les habitants du Nouveau Monde. Rousseau appelait cette contrainte imposée à chacun par tous la Religion civile. Dans le tome I de La démocratie en Amérique, Tocqueville indique que cette religion est, en réalité, un culte de l'opinion publique. Grâce à ce culte, non seulement le peuple américain est devenu le véritable Souverain, mais la société américaine s'est également transformée en un tout indépendant. Mais aux yeux de Tocqueville, il n'a pas réussi à accomplir la tâche ultime que Rousseau lui avait assignée, à savoir, réaliser la transformation de l'homme. En fait, il a transformé tous les Américains en individus hypocrites. Tocqueville trouve que l'esprit de l'homme peut entrer en conflit avec ses sentiments. C'est pourquoi, son influence de Pascal devient de plus en plus évidente. Dans le second tome de La démocratie en Amérique, inspiré par la vision de l'homme de Pascal, Tocqueville a non seulement inversé l'histoire de l'humanité présentée par Rousseau, mais également remis en question l'idée-mère de ce génie du XVIIIe siècle. Il explique qu'en se croyant né libre, l'homme démocratique a trahi sa société, et est ainsi devenu un homme disproportionné : il remplit son esprit de connaissances sur sa société, mais il ne peut plus sentir sa présence. D'après Tocqueville, le conflit entre l'esprit et les sentiments des hommes démocratiques les conduira inévitablement à embrasser un nouveau type de despotisme. Et dans L'Ancien Régime et la Révolution, il propose une liberté inouïe comme seul remède contre cette division interne. La liberté dont il parle comporte les caractéristiques suivantes : elle est une fin en soi, un plaisir, et n'est partagée que par les élus de Dieu. Si personne n'a défini la liberté de cette manière, ces caractéristiques ont été utilisées par Pascal pour décrire la grâce divine dont les descendants corrompus d'Adam peuvent jouir. Ainsi, chez Tocqueville, il existe un libéralisme étrange inspiré par Pascal.

  • Qinglu Xie, La solitude : de l'individu au citoyen - L'intériorité et la norme, thèse soutenue en 2023 à Université Paris Cité sous la direction de Yves Charles Zarka, membres du jury : Stéphanie Roza (Rapp.), Jean-Luc Guichet (Rapp.), Gabrielle Radica  

    Dans la pensée de Rousseau, la solitude et la société, en tant que deux états contradictoires, se trouvent dans une tension perpétuelle, témoignée par différentes formes que prend la solitude sous sa plume. En vertu de sa relation avec la société, la solitude rousseauiste se compose de trois sens. D'abord, la solitude signifie l'éloignement de la société. Pour Rousseau, cet éloignement désigne un état moral de l'individu qui rompt tous les liens avec la société. En ce sens, la solitude est la contrepartie de la société, ou plus précisément, l'accusation de la société. À ses yeux, la raison pour laquelle l'individu "le plus sociable" fuit la société concerne les problèmes sociaux qui sont révélés dans son deux "Discours". Si le "Discours sur les sciences et les arts" manifeste les problèmes de la société civilisée, le "Discours sur l'inégalité" les analyse à travers la genèse de cette société. Selon lui, les problèmes de la société civilisée sont causés par les liens qui mettent tous les hommes dans une interdépendance inéluctable. Pour l'éclaircir, il introduit un nouveau sens de la solitude par sa théorie de l'état de nature. Ensuite, la solitude désigne la manière de vivre dans l'état de nature dont tous les éléments sociaux sont exclus. En étudiant les côtés physique, métaphysique et moral de l'homme sauvage, Rousseau trouve que son mode de vie est "simple, uniforme, et solitaire". C'est-à-dire, n'ayant pas besoin des autres pour satisfaire ses besoins, l'homme est indépendant, libre et égal. Ainsi, l'état de nature rousseauiste contient une normativité pour le genre humain, laquelle ne tient pas à un retour littéral. Enfin, la solitude décrit une situation insupportable pour les hommes, à savoir le manque d'attachement. Différent de l'homme sauvage dont le côté moral est presque vide, l'homme social désire établir un attachement avec ses semblables par la tendance expansive de l'amour de soi. De cette manière, la solitude signifie la recherche de l'attachement chez l'homme. Pour Rousseau, il existe deux sociétés idéales : la famille et l'État. Il en découle la question sur la relation entre la solitude et la société, ce ne sont pas simplement deux alternatives distinctes. Hormis sa préférence pour la solitude, il tente d'insérer son esprit dans les sociétés idéales. Dans ce cas, la solitude incarne la poursuite de l'indépendance et la liberté. Sur ce point, l'"Émile" et "Du contrat social" montrent ses projets spécifiques qui visent à réaliser les attachements interhumains qui sont dépourvus de dépendance et d'esclavage. Par conséquent, ces projets confirment l'individualisme dans la pensée de Rousseau.

  • Cécile Housset, Les moments de la pensée cosmopolitique : évolution et mutation d'un concept, thèse soutenue en 2023 à Université Paris Cité sous la direction de Yves Charles Zarka, membres du jury : Jean-Baptiste Gourinat (Rapp.), Géraldine Lepan (Rapp.), Suzanne Husson  

    Cette thèse se propose d'examiner les fondements du cosmopolitisme et son évolution pour mieux interroger son emploi actuel dans notre société contemporaine. L'ambition ici est d'appréhender la pertinence de l'idée cosmopolitique au XXIe siècle. La notion d'interdépendance des êtres de même que l'importance accordée à l'ensemble du vivant offrent une manière de concevoir le monde contemporain dans sa complexité et sa diversité. C'est à travers le prisme de ses origines antiques mais aussi de ses ruptures et de ses mutations que nous analyserons le cosmopolitisme. La Terre peut-elle redevenir un espace cosmopolitique ? A l'origine, Cyniques et Stoïciens concevaient le fait d'être cosmopolite comme un état atteint par les sages et les dieux mais néanmoins accessible à tout être humain. Cette perspective d'une cité divine et humaine se brise avec le gnosticisme. Le cosmos n'existe que s'il est un. Avec le christianisme, le monde se divise entre cité céleste et cité terrestre. Le cosmopolitisme reflue jusqu'à réapparaître avec Kant. Le philosophe prussien renouvelle le concept. Le cosmopolitisme est réinterprété sous l'angle juridique et moral. Dans Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique publiée en 1784, le cosmopolitisme devient le dessein de l'humanité, indissociable d'une paix perpétuelle, réalisable. Aujourd'hui, le cosmopolitisme cristallise l'aspiration d'une citoyenneté universelle et une reconsidération de l'environnement. Nous disposons désormais des moyens techniques pour communiquer avec les citoyens du monde entier. Une société civile mondiale reconnue et entendue serait un contrepoids à d'autres formes de pouvoirs, politique et économique. Notre planète, la Terre, gagnerait à être considérée comme cosmopolitique d'un point de vue écologique et humain. Plus que jamais, l'idée de communauté de destin est pertinente. Cela signifie autant reconnaître l'égalité et la dignité de chaque être humain que préserver la planète pour les générations présentes et futures.

    Liang Pang, Le concept de souveraineté à l'époque moderne : autonomie et hétéronomie chez Hobbes et Rousseau, thèse soutenue en 2020 à Université Paris Cité sous la direction de Yves Charles Zarka, membres du jury : Bernard Bourdin (Rapp.), Myriam-Isabelle Ducrocq (Rapp.), Raffaella Santi, Lauréline Fontaine et Wladimir Barreto Lisboa  

    Cette thèse vise à étudier la tentative philosophique à l'époque moderne qui a pour but de concilier la tension entre la souveraineté absolue et l'autonomie individuelle. Autrement dit, la constitution du pouvoir souverain sans domination est-elle possible ? Jean Bodin et Hugo Grotius fournissent une possibilité de construire ce pouvoir suprême politique, qui est pourtant non-absolutiste et susceptible de protéger la liberté de l'individu. Chez les deux penseurs, apparaissent les concepts modernes fondamentaux de la souveraineté, de la citoyenneté, du contrat, du droit subjectif, etc., qui impliquent le maintien de l'autonomie individuelle au sein de l'État. Or, leurs théories de la souveraineté ne se libèrent pas entièrement du modèle de domination. Cela conduit nécessairement à l'aliénation de l'autonomie de l'individu. Les pensées de Bodin et de Grotius inspirent les réflexions de Thomas Hobbes. Héritant les idées de ses prédécesseurs et les critiquant, le philosophe anglais, à travers sa théorie du pacte social et de l'autorisation, parvient à libérer radicalement l'homme de toute domination traditionnelle et à établir un corps politique purement artificiel dont la personne possède la souveraineté absolue. En même temps, cette théorie hobbesienne insiste sur l'inaliénabilité du droit de l'individu et envisage son autonomie lors de la constitution de l'État. Ainsi, le droit de l'individu devient la seule source juridique de la souveraineté. Or, Hobbes ne cache pas sa préférence pour le monarque souverain et c'est la volonté de celui-ci qui donne la légitimité aux actions des sujets dans la vie politique. À cet égard, il existe un retour réel de l'hétéronomie politique dans la théorie hobbesienne. Afin de sauvegarder l'autonomie de l'individu, Jean-Jacques Rousseau souligne l'absoluité et l'inaliénabilité de la souveraineté du peuple. Le pouvoir suprême reste toujours et uniquement au sein du peuple tout entier, de sorte que l'individu est libéré de toute domination individuelle ou sociale. De surcroît, par les principes d'égalité et de généralité, le contrat social rousseauiste protège l'individu contre la domination du corps politique, car celui-ci est composé d'individus et empiéter sur la liberté de l'individu porte atteinte à la souveraineté du corps tout entier. De cette manière, le citoyen s'avère du moins aussi libre que l'homme sauvage dans l'état de nature. Néanmoins, cette théorie idéale rencontre des difficultés lorsqu'elle s'applique à la réalité politique : la démocratie directe dans un large État moderne, la distinction entre la volonté générale et la volonté particulière de tous ou de la majorité, la sacralisation de la souveraineté du peuple. En d'autres termes, il existe, chez Rousseau, un décalage infranchissable entre la théorie et son exécution qui conduirait à la domination réelle au nom du peuple sacré sur l'individu. À cet égard, il conviendrait de chercher la souveraineté sans domination dans la réflexion et la modification des théories de Hobbes et de Rousseau. En gardant la souveraineté absolue du peuple, inaliénable et indivisible, il faudrait protéger par la loi l'expression de l'opinion de l'individu, et son droit inaliénable de contester et de résister. Cela ne conduirait qu'au bien commun et à celui de chaque individu.