Valérie Lozac'h

Professeur
Science politique.
Sciences Po Strasbourg

Sociétés, Acteurs, Gouvernement en Europe
  • THESE

    Le transfert du modèle de gouvernement local ouest-allemand dans les nouveaux Länder : une comparaison entre Eisenhüttenstadt et Hoyerswerda, soutenue en 1999 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Erhard Friedberg 

  • Valérie Lozac'h, Des doctrines aux réformes ?: la modernisation de l'État en Allemagne, Presses universitaires de Rennes et OpenEdition, 2019, 282 p.  

    Il faut réformer l'État : ce mot d'ordre rencontre un large écho en Allemagne, où l'unification coïncide avec la diffusion de discours modernisateurs portés par une coalition d'experts issus du champ académique, de fondations et d'agences de conseil. Ils puisent à la fois dans le New Public Management et la « bonne » gouvernance, dont ils reprennent les slogans – efficience, performance, transparence, proximité – et s'approprient les outils – contractualisation, budgétisation, contrôle de gestion, etc. Les nouveaux Länder offrent a priori un terreau propice à l'expérimentation de ces préceptes, en raison des défaillances communément imputées à la bureaucratie postcommuniste. Peu de travaux s'intéressent néanmoins aux modalités concrètes de leur circulation, qui demeurent relativement obscures. Elles constituent l'objet de ce livre, qui s'appuie sur une enquête dans le Land de Saxe pour appréhender les différentes formes d'articulation entre la production des doctrines modernisatrices et la fabrique des réformes. Il montre que la modernisation de l'État relève d'une activité technico-bureaucratique, où les emprunts doctrinaux se résument à une sélection d'instruments gestionnaires, et répond à une logique d'économicisation, où la réduction des dépenses publiques tient lieu de programme de réforme. Le transfert d'Ouest en Est représente un autre trait saillant de la circulation des doctrines modernisatrices dans l'Allemagne unifiée. Elle repose en effet sur une importation d'experts, de savoirs et de pratiques, qui caractérise plus généralement le processus de transformation dans les nouveaux Länder. Contrairement aux attentes des cercles réformateurs ouest-allemands, ceux-ci témoignent toutefois d'une faible réceptivité aux doctrines modernisatrices, à l'instar de l'ensemble de l'espace postcommuniste

    Valérie Lozac'h, François Bafoil, La restructuration des facultés de sociologie dans l'ex-RDA: les exemples de Berlin-Est, Halle et Leipzig,, 1994, 75 p. 

  • Valérie Lozac'h, « L'ancienne RDA : un laboratoire pour la réforme de l'action publique locale ? », 2008, pp. 13-31    

    L'unification allemande a coïncidé avec l'émergence de projets réformateurs dans le domaine de l'action publique locale. Les communes de l'ancienne RDA ont alors fait figure de laboratoires pour l'expérimentation de ces projets qui empruntent tant aux doctrines néomanagériales issues de l'entreprise qu'aux formes de la démocratie participative. L'analyse met toutefois en lumière que ces aspirations modernisatrices n'ont pas rencontré le succès escompté par leurs promoteurs. Différents héritages politiques et administratifs se conjuguent en effet pour limiter l'application des réformes sur le terrain est-allemand.

    Valérie Lozac'h, « Jeux bureaucratiques en regime communiste », Sociétés contemporaines , 2005, n° 57, pp. 5-19   

  • Valérie Lozac'h, « Actualité des études européennes », le 23 novembre 2023  

    Colloque organisé par le laboratoire SAGE, UNISTRA sous la direction de Marie Acabo - SAGE, Strasbourg et Maxime Behar - SAGE, Strasbourg

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Melaine Robert, L’appel du marché : l'entrepreneurialisation de l'administration française des Télécommunications (1960-1991), thèse soutenue en 2023 à Strasbourg en co-direction avec Vincent Dubois, membres du jury : Philippe Bezes (Rapp.), Fabien Éloire (Rapp.), Antoine Roger    

    En 1991, l’administration des Postes et Télécommunications (PTT) disparaît et donne notamment naissance à l’entreprise France Télécom. Cette sortie de l’État n’est pas brutale : elle est le produit de réformes successives et de luttes entre acteurs administratifs depuis les années 1960. Cette thèse prend pour objet ces transformations de l’administration publique des Télécommunications, des années 1960 au début des années 1990. Elle met en évidence un processus d’entrepreneurialisation, défini comme l’autonomisation progressive des Télécommunications vis-à-vis de l’État et leur encastrement dans un champ entrepreneurial. À partir d’une enquête mêlant entretiens biographiques, archives ministérielles, base de données prosopographiques et traitements statistiques, la thèse développe une analyse dynamique des champs de l’action publique. Elle montre comment l’entrepreneurialisation est provoquée par les luttes entre hauts fonctionnaires ; contrainte par les logiques des champs politique et syndical ; modelée par l’état du champ spécifique de la réforme des télécommunications ; aiguillée par l’empilement des réformes successives qui, sans opérer de basculement, rendent de moins en moins probables les possibles alternatifs. La thèse propose ainsi une explication à l’apparent paradoxe qui voit les luttes entre des acteurs très majoritairement liés à l’État produire la sortie de l’État d’un de ses segments. Elle contribue plus largement à documenter la construction d’un ordre économique marchand par l’État et selon des logiques et enjeux qui lui sont propres.

    Hannes Käckmeister, Die behördliche Konstruktion ‘unbegleiteter Minderjähriger‘ : ein deutsch-französischer Vergleich der Verfahren der Alterseinschätzung, thèse soutenue en 2021 à Strasbourg en co-direction avec Albert Scherr, membres du jury : Daniel Gredig (Rapp.), Nikola Tietze (Rapp.)    

    Cette étude sociologique porte sur le processus d’évaluation de l’âge de jeunes migrants se déclarant « mineurs isolés ». Au prisme d’une analyse comparative, on analyse les dynamiques d’interaction, les critères de sélection et les pratiques de travail dans deux services de protection de l’enfance, en France et en Allemagne. L’enquête de terrain en leur sein montre que la distinction entre minorité et majorité est souvent difficile à établir : cadre juridique peu formalisé, caractère approximatif de la décision et communication stratégique – conférant un pouvoir discrétionnaire considérable aux travailleurs sociaux. Les processus décisionnels s’avèrent ainsi perméables à des facteurs extérieurs et aux convictions intimes des évaluateurs, rendant visible le rapport conflictuel entre contrôle migratoire et protection de l’enfance – et les injonctions paradoxales qui en découlent dans l’interaction. Face à ces injonctions, les travailleurs sociaux développent des pratiques et justifications qui mettent en évidence des différences entre la France et l’Allemagne. Un des intérêts centraux de la thèse, tant sur le plan épistémologique que théorique, est d’inverser et de croiser les perspectives, permettant d’observer les interactions à travers le prisme de la parole des « usagers », et d’ajouter à l’étude « classique » des agents au guichet (Lipsky, 1980) une dimension intersubjective. Celle-ci permet de saisir la catégorisation non pas comme un processus formel et linéaire, mais comme une co-construction à laquelle participent travailleurs sociaux, mais aussi interprètes et jeunes migrants de façon active et créative.

  • Victor Violier, Façonner l’Etat, former ses serviteurs : les reconfigurations de la politique des cadres de la fin de l'Union soviétique à la Russie de Vladimir Poutine, thèse soutenue en 2021 à Paris 10 sous la direction de Béatrice Hibou et Frédéric Zalewski, membres du jury : Gilles Favarel-Garrigues (Rapp.), Françoise Daucé et Carole Sigman    

    Cette recherche s'intéresse à la construction de l'État et de sa légitimité dans l'espace post-communiste en prenant la Russie comme cas et son administration comme entrée, à rebours des approches en termes d'aire culturelle et à partir des outils ordinaires des sciences sociales du politique. Elle se concentre, dans une perspective diachronique, sur l'étude des dispositifs institutionnels de formation des cadres et de leur transformation en mêlant travail d'archives, entretiens sociologiques et enquête ethnographique. Elle se penche sur les reconfigurations des institutions fédérales, régionales et locales, de l'Académie des sciences sociales de l'Union soviétique (1946) et des écoles régionales du PCUS à l'Académie Présidentielle (2010) et ses filiales régionales. Elle montre comment les reformulations soviétiques tardives puis post-soviétiques de la politique des cadres stalinienne nourrissent, d’une part, les luttes et les affrontements autour de ses redéfinitions matérielle et symbolique et, d’autre part, les transformations de l’État et la reconfiguration de l’action publique en Russie soviétique et post-soviétique. Dans cette optique, la thèse se concentre plus précisément sur des moments critiques, au cours desquels se (re)jouent les négociations, se (re)nouent et se dénouent les tensions, et se concentrent les affrontements autour des définitions de ce qu’était, ce qu’est et enfin ce que doit être l’État en Russie. Elle entend restituer, par-delà les discours des pouvoirs et des institutions successives, l’intelligibilité des reconfigurations de la relation de pouvoir entre l’État et la société, du périmètre de l’action publique et, consubstantiellement, de la mission dévolue aux agents de l’État et de l’administration en tant qu’appareil bureaucratique d’encadrement et de contrôle social en étudiant les luttes matérielles et symboliques autour des définitions/redéfinitions du modèle du cadre soviétique puis russe. Par l’étude de la transition des institutions de formation et des réformes successives du cursus honorum et des curricula des serviteurs de l’État, cette sociogenèse de la kadrovaja politika donne à voir les modalités de redéfinition matérielles et symboliques de l’État et de son administration, sa place dans la société et les rapports entretenus avec elle. La thèse vise ainsi à porter un nouveau regard sur les transformations des rapports entre l’État et la société, par l’étude des lieux de production d’une pensée d’État à des moments charnières et une attention particulière portée aux processus de délégitimation-relégitimation du monopole d’administration de la domination politique et de l’action publique.

    Egidio Guambe, Réformer l'administration pour renégocier la centralité de l'Etat : une analyse à partir du cas des municipalités de Beira, Mueda et Quissico (Mozambique), thèse soutenue en 2016 à Bordeaux sous la direction de Michel Cahen, membres du jury : Joana Pereira Leite (Rapp.), Dominique Darbon, Gilles Massardier et Rozenn Nakanabo Diallo  

    Ces dernières années les États du Sud aussi bien que du Nord, se sont engagés dans une succession de réformes des administrations qui semblent suivre les mêmes modèles. La plupart des lectures de ces réformes, dans le contexte des pays du Sud, notamment africains, ne cessent d’invoquer leur caractère imposé, auquel les soumettent les bailleurs de fonds. Sans une vraie analyse au niveau local et sans une étude approfondie, ces réformes sont, grosso modo, présentées comme des échecs successifs. Cette thèse se veut donc une contribution à une lecture critique de ces réformes, de leur mise en oeuvre et des pratiques résultant de leur apprentissage, comme modes d’exercice de pouvoir.À partir d’une restitution empirique de la mise en oeuvre des réformes de décentralisation,notamment à travers le fonctionnement des municipalités, pour la ville de Beira et les bourgs de Mueda et Quissico au Mozambique, la thèse montre que l’apprentissage d’une réforme est influencé par les trajectoires spécifiques des rapports entre État et Sociétés, dans les espaces de mise en oeuvre.En combinant diverses approches de sociologie historique pour l’étude de l’administration à travers ces réformes successives, de sociologie de construction de l’État et de sociologie de l’action publique, ce travail défend la thèse que la réforme de l’administration, notamment décentralisatrice, en permettant une modification des modes d’articulation entre administration et citoyens, participe au redéploiement de l’État. En effet, les observations empiriques du fonctionnement quotidien des municipalités permettent de les voir comme de nouvelles arènes de diffusion et d’apprentissage entre État et administrés. C’est un processus qui doit forcément être resitué à l’intersection des enjeux spécifiques des lieux de mise en oeuvre et des cadres sous-jacents des réformes.

  • Josef Kavka, L’exigence de professionnalisation à l’université : émergence, réceptions et effets en Europe, en France et en République tchèque, thèse soutenue en 2021 à Strasbourg sous la direction de Jay Rowell, membres du jury : Dorota Dakowska (Rapp.), Antoine Roger (Rapp.), Romuald Bodin    

    Cette thèse étudie la montée en puissance de la professionnalisation à l’université durant les années 2000. Elle définit la professionnalisation comme une politique publique qui vise à adapter les études universitaires au marché de l’emploi mais aussi comme une « exigence » qu’il faut situer socialement et historiquement. Pour cela, une enquête multi-située interroge d’abord l’essor de la professionnalisation dans la politique universitaire française, tchèque et européenne. Elle explore ensuite un secteur économique émergent centré sur les services du conseil d’orientation professionnelle. Les réceptions et effets de la professionnalisation sont analysés par une enquête ethnographique auprès d’étudiants et enseignants dans quatre facultés de philosophie. La philosophie est envisagée comme un cas « limite », une discipline réputée pour sa conception du savoir désintéressé, a priori éloignée de l’exigence de professionnalisation.