La liberté de disposer de son corps, dans le champ du droit médical, est encore un concept juridique en construction, qui prend peu à peu sens autour d’une reformulation originale de principes déontologiques, de règles étatiques relatives à la protection de la santé publique et de la dignité de la personne humaine, dans un contexte de valorisation contemporaine des droits subjectifs du malade renforcée par la loi « Kouchner » du 4 mars 2002 relative aux droits des malades. Le droit médical est ici un révélateur privilégié de la promotion de ces nouvelles prérogatives de l’individu à l’égard de son corps, élément indissociable de son identité, dont le respect s’impose à l’autorité médicale. La libre disposition du corps, en droit public, apparaît substantiellement liée au droit au respect de la vie privée dans sa double acception de protection contre les atteintes non consenties à l’intégrité physique ou aux informations corporelles, d’une part, et d’autonomie de décision quant à l’usage de son corps dans le cadre de la relation médicale, d’autre part. Si les diverses composantes et manifestations d’une telle liberté ne bénéficient pas encore d’une égale protection, elles revêtent progressivement une plus forte cohérence autour du concept de « consentement ». Par ailleurs, l’analyse de son régime juridique dans le champ du droit médical permet de mettre en valeur sa profonde singularité, en ce qu’elle est confrontée, au-delà des limitations traditionnelles imposées dans l’intérêt général, à des contraintes plus spécifiques, propres aux institutions et acteurs du système de santé qui assurent son effectivité, sous la forme originale d’une liberté assistée et médiatisée.