• THESE

    Les classes populaires à l’épreuve de la rénovation urbaine : transformations spatiales et changement social dans une cité HLM, soutenue en 2014 à Lyon 2 sous la direction de Jean-Yves Authier présidée par Stéphane Beaud, membres du jury : Olivier Schwartz, Sylvie Tissot, Sylvia Faure et Christine Lelévrier   

  • Pierre Gilbert, Quartiers populaires: défaire le mythe du ghetto, Éditions Amsterdam, 2024, 268 p.  

    Au sommet d’une colline s’élèvent d’imposants bâtiments rectilignes, bordés d’un côté par des champs et, de l’autre, par des pavillons. Le paysage des cités charrie tout un imaginaire. Elles sont, depuis plusieurs décennies, le support d’une profusion de fantasmes. Après avoir symbolisé le confort moderne et le progrès social de l’après-guerre, leur image s’est rapidement dégradée. On a d’abord dénoncé les cages à lapin et la sarcellite ; plus récemment, on a fustigé des ghettos, des territoires perdus gangrenés par le séparatisme. Pour combattre ces fausses évidences, qui renforcent la stigmatisation des minorités racisées et des fractions précaires des classes populaires, Pierre Gilbert rétablit ici la réalité des faits. S’appuyant sur une synthèse inédite des travaux en sciences sociales, il met en évidence les formes de ségrégation subies par ces quartiers, expose leurs particularités sur le plan des styles de vie, des relations sociales, du rapport à l’État, de l’emploi, des normes de genre, des aspirations. Et produit ce constat spectaculaire : les cités sont des lieux banals, et leurs habitants très semblables au reste des classes populaires

    Pierre Gilbert, Stéphanie Dechézelles, Maurice Olive, Isabelle Berry-Chikhaoui, Doris Buu-Sao [et alii], Politisation du proche: les lieux familiers comme espaces de mobilisation, Presses universitaires de Rennes et OpenEdition, 2022   

    Pierre Gilbert (dir.), Les armes de la transition: l'intelligence collective au service de l'écologie, Les petits matins, 2021, 175 p. 

    Pierre Gilbert, Mathias Millet, Laurence Faure, Eliane Le Dantec, Frederic Rasera, Julien Bertrand, Gaële Henri-Panabiere (dir.), S'en sortir malgré tout , La Dispute, 2019, 168 p. 

    Pierre Gilbert (dir.), Les classes sociales au foyer, Seuil, 2016, 125 p. 

  • Pierre Gilbert, « Frontières du privé et frontières dans le privé. Classe, genre et espace domestique », in Charlène Arguence, Aziza Chihi, Clémence Michoux, Fabienne Montmasson-Michel, Nina Moubeyi-Koumba, Guillaume Teillet (dir.), Les frontières du privé. Un travail du social, Presses universitaires de Limoges, 2021 

    Pierre Gilbert, Sylvia Faure, « Des parcours résidentiels sous contraintes : les classes populaires face à la rénovation urbaine », in Sylvia Faure, Daniel Thin (dir.), S’en sortir malgré tout. Parcours en classes populaires, La Dispute, 2019 

    Pierre Gilbert, « Rénovation urbaine et fragmentation des classes populaires », in Nicolas Duvoux, Cédric Lomba (dir.), Où va la France populaire ?, Presses universitaires de France, 2019 

    Pierre Gilbert, « Fragmenter la population et défaire les collectifs militants. La rénovation urbaine comme dispositif de désarmement des mobilisations collectives », in Stéphanie Dechézelles, Maurice Olive (dir.), Politisation du proche. Les lieux de vie comme espaces de mobilisation, Presses universitaires de Rennes, 2019  

    Pierre Gilbert, « Des logiques structurelles aux mobilités individuelles. L'effet de la rénovation sur les trajectoires », in Agnès Deboulet et Christine Lelévrier (dir.), Rénovations urbaines en Europe, Presses universitaires de Rennes, 2014 

    Pierre Gilbert, « Démolir et reconstruire aux Minguettes. La construction locale d'une politique de diversification de l'habitat et ses effets sociaux », in Martine Berger et Lionel Rougé (dir.), Être logé, se loger, habiter. Regards de jeunes chercheurs, L'Harmattan, 2012, pp. 71-88 

  • Pierre Gilbert, « Classe, race et autochtonie : tri institutionnel des  bons locataires  et ségrégation dans les cités HLM », Sociologie, Presses Universitaires de France (PUF), 2022, n°2  

    La ségrégation résulte de divers processus : logiques économiques de marché et de la ville capitaliste, manière dont l’histoire se cristallise dans la morphologie urbaine, politiques publiques d’aménagement et de l’habitat, stratégies et préférences résidentielles des individus (Oberti & Préteceille, 2015 ; Chabrol et al., 2016). En France, si elle prend des formes variables d’une agglomération à l’autre (Cusin, 2015), son intensité apparaît moins forte que dans les pays anglo-saxons, en rais...

    Pierre Gilbert, Camille François, Narguesse Keyhani, Camille Masclet, « Espaces non mixtes : l'entre-soi contre les inégalités ? Introduction au dossier », Métropolitiques, Métropolitiques, 2021 

    Pierre Gilbert, Marie Cartier, Anaïs Collet, Estelle Czerny, « Allez, les pères ! Les conditions de l’engagement des hommes dans le travail domestique et parental », Travail, genre et sociétés, L'Harmattan - Armand Colin - La Découverte |2009-....], 2021, n°46, pp. 33-53 

    Pierre Gilbert, Sylvie Monchatre, Marie Cartier, Anaïs Collet, Estelle Czerny, « Allez, les pères ! », Travail, genre et sociétés, L'Harmattan - Armand Colin - La Découverte |2009-....], 2021, n°46, pp. 33-53 

    Pierre Gilbert, Camille Noûs, « Le Covid-19, la guerre et les quartiers populaires », Sociétés contemporaines, Presses de Sciences Po, 2020, n°4 

    Pierre Gilbert, Camille Noûs, « Le covid-19, la guerre et les quartiers populaires », Nouvelle Revue du travail, Nouvelle revue du travail, 2020, n°16 

    Pierre Gilbert, « Comment la rénovation urbaine transforme les classes populaires », Métropolitiques, Métropolitiques, 2018 

    Pierre Gilbert, Henri Coing, Emmanuel Bellanger, « Rénovation urbaine et changement social. Entretien avec Henri Coing - en ligne », Métropolitiques, Métropolitiques, 2017  

    Pierre Gilbert, « Compte rendu de : “M. Gribaudi, Paris ville ouvrière. Une histoire occultée, 1789-1848. La Découverte, 2014, 444 p.” », Sociologie du Travail, Association pour le développement de la sociologie du travail, 2017, n°3  

    Pierre Gilbert, Christophe Batardy, Emmanuel Bellanger, Jean Rivière, « Élections présidentielles : les votes des grandes villes françaises au microscope », Métropolitiques, Métropolitiques, 2017   

    Pierre Gilbert, Marie Cartier, Anaïs Collet, Estelle Czerny, « Pourquoi les parents préfèrent-ils la crèche ? Les représentations hiérarchisées des modes de garde professionnels », Revue française des affaires sociales, La documentation française, 2017, n°20172 

    Pierre Gilbert, « Classes, genre et styles de vie dans l'espace domestique », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, Editions du Seuil, 2016, pp. 4-15 

    Pierre Gilbert, « Troubles à l'ordre privé. Les classes populaires face à la cuisine ouverte », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, Editions du Seuil, 2016 

    Pierre Gilbert, « Les classes sociales au foyer », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, Editions du Seuil, 2016, n°5 

    Pierre Gilbert, Camille François, « Construire et gouverner les populations par l’espace », Genèses. Sciences sociales et histoire, Belin, 2016, n°104 

    Pierre Gilbert, « Devenir propriétaire en cité HLM. Petites promotions résidentielles et évolution des styles de vie dans un quartier populaire en rénovation », Politix, De Boeck Supérieur, 2013, n°101 

    Pierre Gilbert, « Promouvoir l'accès à la propriété dans les cités HLM. Rénovation urbaine et fragmentation des classes populaires », Savoir/Agir, Editions du Croquant, 2013, n°24, pp. 61-66 

    Pierre Gilbert, « L'effet de légitimité résidentielle : un obstacle à l'interprétation des formes de cohabitation dans les cités HLM », Sociologie, Presses Universitaires de France (PUF), 2012, n°1, pp. 61-74 

    Pierre Gilbert, Anaïs Collet, Violaine Girard, « Les territoires du vote. Introduction au dossier », Métropolitiques, Métropolitiques, 2012  

    Pierre Gilbert, « Ghetto, banishment, neighborhood effects. A critique of the ghetto image of French housing projects », Métropolitiques, Métropolitiques, 2011 

    Pierre Gilbert, «  Ghetto ,  relégation ,  effets de quartier . Critique d'une représentation des cités », Métropolitiques, Métropolitiques, 2011 

    Pierre Gilbert, « Social stakes of urban renewal : recent French housing policy », Building Research and Information, Taylor & Francis (Routledge), 2009, n°56 

  • Pierre Gilbert, Hervé Marchal, Jean-Marc Stébé, La ville au risque du ghetto, Liens Socio, 2010    

    Après avoir connu un succès grandissant dans les discours médiatiques et politiques sur les quartiers populaires, l'image du ghetto semble depuis quelques années gagner les sciences sociales françaises. À la différence des approches qui s'interrogent sur les processus sociohistoriques de construction des représentations sur les quartiers, Hervé Marchal et Jean-Marc Stébé se proposent, dans La ville au risque du ghetto, de reprendre cette notion du sens commun pour la « retravailler sociologi...

  • Pierre Gilbert, Marie Cartier, Anaïs Collet, Estelle Czerny, Les arrangements conjugaux autour des modes de garde : arbitrages sous contraintes et effets de socialisation, Rapport final DREES, Juillet 2016., 2016 

    Pierre Gilbert, Anaïs Collet, Marie Cartier, Estelle Czerny, Les arrangements conjugaux autour des modes de garde : arbitrages sous contrainte et effet de socialisation, 2016   

    Pierre Gilbert, Daniel Thin, Mathias Millet, Laurence Faure, Formes et conditions de sortie de la vulnérabilité en milieux populaires, 2013   

    Pierre Gilbert, Jean-Yves Authier, Jennifer Bidet, Anaïs Collet, État des lieux sur les trajectoires résidentielles, 2012 

    Pierre Gilbert, Jean-Yves Authier, Jennifer Bidet, Anaïs Collet, État des lieux sur les trajectoires résidentielles, 2010   

    Pierre Gilbert, Jennifer Bidet, Loïc Bonneval, Anaïs Collet, La réhabilitation d’un grand ensemble à Vaulx-en-Velin vue par les habitants, 2007 

    Pierre Gilbert, Loïc Bonneval, Jennifer Bidet, Anaïs Collet, La réhabilitation d'un grand ensemble de Vaulx-en-Velin vue par ses habitants, 2007   

  • Pierre Gilbert, Compte-rendu de lecture de : Mustafa Dikeç, Badlands of the Republic. Space, Politics, and Urban Policy, Oxford, Blackwell Publishing, 2007. Pour : Journal of Urban Affairs, vol. 302, 2010 

  • Pierre Gilbert, « Politiques du logement : l’alerte des sciences sociales », le 16 mai 2024  

    Journée d'études organisée par le CRESPPA-CSU, CNRS

    Pierre Gilbert, Sylvie Monchatre, « Les arrangements conjugaux, entre logiques de socialisation et rapports de pouvoir. Le cas de la division sexuée du travail parental et domestique », 7ème Congrès de l'Association Française de Sociologie (AFS), Amiens, le 03 juillet 2017 

    Pierre Gilbert, Anaïs Collet, Sylvie Monchatre, « Les arrangements conjugaux autour des modes de garde : une enquête auprès de parents de jeunes enfants », Journée d’études « Enquêter auprès de ménages employés et ouvriers » - ANR CLASPOP, PARI, le 11 janvier 2017 

    Pierre Gilbert, Sylvie Monchatre, Marie Cartier, Anaïs Collet, « Les conditions sociales de l’engagement des pères », Colloque inter-congrès « Prendre soin et gagner sa vie : normes, pratiques, inégalités », PARIS, le 06 octobre 2016 

    Pierre Gilbert, « Les effets de la rénovation urbaine sur les trajectoires. Mobilités contraintes, ressources différenciées et représentations subjectives », Congrès de l'Association française de sociologie, réseau thématique 9 " Sociologie de l'urbain et des territoires ", Nantes, le 06 septembre 2013 

    Pierre Gilbert, « Les styles de vie populaires à l'épreuve de la rénovation urbaine. Le dispositif de la cuisine ouverte, entre rejet et appropriations hétérodoxes », congrès de l'Association française de sociologie, réseau thématique 5 " Classes sociales, inégalités, fragmentation ", Nantes, le 03 septembre 2013 

    Pierre Gilbert, Sylvia Faure, « Colloque formes et conditions de sortie de la vulnérabilité sociale en milieux populaires, 3-4-5 juin 2013 Université Lyon2 », Des parcours résidentiels sous contraintes : les milieux populaires face à la rénovation urbaine, Lyon, le 04 juin 2013 

    Pierre Gilbert, « L' effet de légitimité résidentielle : un obstacle à l'interprétation des rapports sociaux dans les quartiers populaires », Colloque " Territoire (s) et réseaux locaux. Quelles perspectives théoriques et méthodologiques en sciences sociales ?, le 29 mai 2013 

    Pierre Gilbert, « L'absence de mobilisation face à la rénovation urbaine. Individualisation des trajectoires et affaiblissement des collectifs militants », Colloque " Engagements et tensions autour de la rénovation urbaine ", Paris, le 25 janvier 2013 

    Pierre Gilbert, « Manières d'habiter dans un contexte de changement urbain. Dispositions populaires face à la cuisine ouverte », Séminaire Logement, ENS Jourdan, Paris, le 19 mai 2011 

    Pierre Gilbert, « Effet de légitimité et rapport au stigmate : un problème d'interprétation des rapports sociaux dans les quartiers populaires », ournée doctorants du réseau thématique " Sociologie de l'urbain et des territoires " (RT9) de l'Association Française de Sociologie, Paris, ENSA Paris Val de Seine, le 02 décembre 2010 

    Pierre Gilbert, « Vingt ans de recherches sur les trajectoires résidentielles », Séminaire du collectif " Formes et conditions de sortie de la vulnérabilité sociale en milieux populaires ", Lyon, le 04 juin 2010 

    Pierre Gilbert, « Les effets de la rénovation urbaine sur les trajectoires résidentielles. Monographie d'un quartier populaire en transformation », Séminaire du Ceries, Lille III, Lille, le 10 mai 2010 

    Pierre Gilbert, Sylvia Faure, Daniel Thin, Claire Bidart, Sophie Denave, « Journées d'étude Parcours, carrièr et trajectoires, du projet ANR Formes et conditions de sortie de la vulnérabilité sociale en milieux populaires », journée d'étude "Parcours, carrière et trajectoire", Lyon, le 10 juin 2010 

    Pierre Gilbert, « Trajectoires résidentielles et cohabitation dans un quartier rénové », journée d'étude jeunes chercheurs du Réseau Logement-Habitat, Toulouse, le 13 novembre 2009 

    Pierre Gilbert, « La rénovation urbaine, une forme de violence symbolique ? », congrès de l'Association Française de Sociologie, Paris, le 15 avril 2009 

    Pierre Gilbert, « Rénover un quartier populaire : trajectoire, rapports sociaux et modes de vie », séminaire du Groupe de recherche sur la socialisation, Lyon, le 27 février 2009 

    Pierre Gilbert, « Mobilisation associative et rapports au quartier dans un contexte de rénovation urbaine. Deux associations de quartier dans une cité des Minguettes », colloque " Espaces de vie, Espaces-enjeux : entre investissements ordinaires et mobilisations politiques ", Rennes, le 05 novembre 2008 

    Pierre Gilbert, « Demolitions and reconstructions in a large housing estate: on some social effects of urban renewal », congrès de l'European Network of Housing Research, Rotterdam, le 27 juin 2007 

    Pierre Gilbert, « La production d'une politique urbaine et ses effets sociaux : le renouvellement urbain aux Minguettes », journée d'étude jeunes chercheurs du GIS Socioéconomie de l'habitat, " Le logement et l'habitat comme objets de recherche ", Paris, le 22 mai 2007 

  • Pierre Gilbert, Politiques du logement : l’alerte des sciences sociales 

    Pierre Gilbert, L'enjeu scolaire des mobilités spatiales 

ActualitésPublicationsENCADREMENT DOCTORAL
  • Pierre Joffre, Un autre XVIIIe : socio-histoire d'un micro-quartier parisien, de 1880 à nos jours., thèse soutenue en 2024 à Paris EHESS sous la direction de Isabelle Backouche et Sylvie Tissot présidée par Loïc Vadelorge, membres du jury : Charlotte Vorms (Rapp.), Fabrice Ripoll    

    Comment expliquer la présence d’un bâti d’apparence bourgeoise dans un arrondissement parisien réputé populaire ? C’est à la résolution de cette énigme que se consacre cette thèse. Plongeant dans un micro-quartier du XVIIIe arrondissement, dont la forme urbaine laisse présumer une occupation de populations favorisées, ce qui ne manque pas de surprendre dans un arrondissement qui compte parmi les plus populaires de la capitale, ce travail interroge les interactions entre le matériel, le social et les représentations depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à la période contemporaine. La thèse s’inscrit à la fois en histoire urbaine et sociale et en sociologie urbaine, inspirée par une analyse bourdieusienne de l’espace. Elle questionne d’abord la genèse du quartier, analyse ses spécificités relativement à l’arrondissement et à la ville, notamment eu égard à ses façades et à son parc de logements. Elle met en valeur l’importance de familles de propriétaires locaux·ales dont le travail sur l’espace le marque durablement, produisant le peuplement du début du XXe siècle et posant une première pierre dans le processus d’embourgeoisement qui le caractérisera tout au long du siècle. En parallèle, elle interroge le coût du logement pour ses habitant·es sur une longue période, en montrant comment la différenciation sociale de l’habitat – une des caractéristiques marquantes de cet espace – se reflète dans le marché local du logement. Elle questionne aussi de façon plus succincte le rôle des pouvoirs publics dans l’urbanisation locale et la présence ponctuelle de logements sociaux. L’évolution du peuplement entre 1880 et la période contemporaine compose une partie centrale de l’analyse, à travers diverses sources démographiques qui permettent une discussion de catégories telles que celles de « classes moyennes » ou d’« employé·es ». La perspective croisée entre habitat et positions socio-professionnelles nourrit cette discussion, car on constate une certaine homologie – constituée historiquement – entre le haut du quartier, caractérisé par des logements de qualité et un peuplement plutôt aisé et le bas du quartier, dont les caractéristiques sont inverses. Les représentations des habitant·es de la période contemporaine sont en partie produites par la matérialité urbaine qui est observée – héritage de l’histoire du quartier – ce qui contribue à renforcer la grille de lecture haut/bas, dans leurs perceptions d’elles et eux et des autres. C’est aussi autour de la notion de « mixité » souvent convoquée par les habitant·es contemporain·es que s’interroge cette thèse. Elle la traite essentiellement par une vision statistique, à travers la coprésence de classes sociales différenciées au début de la période – permise par la différenciation de l’habitat – et la coprésence de fractions des classes supérieures à la période actuelle – résultat du processus d’embourgeoisement. Ce dernier point permet alors d’interroger les relations sociales de ces fractions de classes et quelques-unes de leurs stratégies de distinction et d’appropriation symbolique et matérielle de l’espace, qui vont de l’échelle de l’immeuble à celle plus large du quartier.

    Sarah Rétif, Formes d'engagement de mères du quartier : ethnographie d'un monde minoritaire, féminisé et populaire, thèse soutenue en 2023 à Tours sous la direction de Hélène Bertheleu présidée par Élise Palomares, membres du jury : Julien Talpin (Rapp.), Camille Hamidi    

    Cette recherche doctorale analyse sous l'angle de l'imbrication des rapports sociaux de sexe, de classe et de race, les formes d'engagement de mères issues des migrations dans des associations implantées en quartier populaire. Ce travail repose sur une ethnographie de 28 mois, complétée par une quarantaine d'entretiens, au sein d'associations (centres sociaux et association de mères d'enfants scolarisés) dans trois quartiers classés prioritaires de la politique de la ville de la région Centre-Val de Loire. Les femmes enquêtées sont toutes des mères de famille, majoritairement issues des fractions précaires des classes populaires. Certaines sont nées en France ou arrivées lorsqu'elles étaient encore enfants, d'autres ont migré à l'âge adulte lors de la mise en couple et dans le cadre du regroupement familial. En portant un regard renouvelé sur la maternité, ce travail étudie à partir d'une approche sociologique le rapport mobilisé que ces mères entretiennent à leur condition sociale, mais également les processus de politisation de leurs expériences vécues. L'enquête montre d'une part les rapports différenciés à la maternité à l'aune des trajectoires migratoires, matrimoniales, professionnelles et des aspirations sociales. Elle propose une typologie des mères en fonction de leur rapport à la maternité, à partir de laquelle sont mises en lumière les différentes formes d'engagement observées. Ces rapports à la maternité, reflétant une reproduction d'une division sexuée du travail domestique, conduisent ces femmes à se mobiliser à l'école en espérant améliorer le destin scolaire et social de leurs enfants et les aider à faire face au risque de stigmatisation raciale. Ce travail montre d'autre part que la constitution d'un réseau de sociabilité dans l'espace local et la circulation des ressources matérielles, relationnelles et symboliques entre les sphères associative, familiale, religieuse et professionnelle, favorisent l'engagement et le maintien dans les associations étudiées. Les mères rencontrées prennent appui sur ces associations ou détournent certains espaces institutionnels pour réaliser des tâches domestiques, des démarches administratives, du suivi scolaire ou encore parfaire l'éducation religieuse des enfants. L'engagement au sein de ces associations facilite souvent l'inscription dans des réseaux professionnels informels (auto-entrepreneures, assistantes maternelles), ou des reconversions professionnelles dans le milieu associatif pour les employées de l'aide à la personne. Pour celles qui sont exclues du marché de l'emploi, il devient un substitut professionnel et un espace de requalification symbolique. Enfin, la dimension collective de ces engagements alimente la production d'un « nous » minoritaire, féminin et populaire, traversé par des hiérarchies internes. Ces dernières définissent la position sociale de chacune dans des jeux de différenciation où être une « bonne » mère et une pratiquante musulmane « respectable » sont des qualités discutées et valorisées. L'autre dimension du « nous » est la capacité à faire entendre un point de vue minoritaire. Elle se traduit par l'expression d'injustices dont certaines se font les porte-parole et dénoncent le racisme et les représentations négatives liées à l'islam. Lorsque ces mères inscrivent leur association dans la scène politique locale, elles travaillent collectivement à la respectabilité de leur action, notamment auprès des élu·e·s municipaux.

    Hélène Jeanmougin, Entre compétitions et recompositions socio-spatiales : cohabiter en contexte de gentrification (Berlin, Palerme, Marseille), thèse soutenue en 2022 à AixMarseille sous la direction de Sylvie Mazzella et Florence Bouillon présidée par Marie-Hélène Bacqué, membres du jury : Sonia Lehman-Frisch (Rapp.), Jean-Yves Authier (Rapp.), Hélène Bélanger et Agnès Deboulet    

    Cette thèse porte sur les cohabitations quotidiennes entre habitants de trois quartiers en cours de gentrification dans les villes de Berlin, Palerme et Marseille. Ce processus est saisi comme cadre d’interactions spécifiques, marqué par les compétitions pour l’espace local entre habitants aux ressources inégales, confrontés à une proximité spatiale inédite. Comment s'articulent les transformations de l'espace résidentiel d'une part et des espaces publics d'autre part, au sein de ces quartiers en transformation ? Quels sont les modalités et les enjeux des cohabitations entre individus aux caractéristiques sociales et aux « manières d'habiter » très diverses, et que nous apprennent-elles des (dés)appropriations locales ? Quels sont les effets de ces cohabitations sur les pratiques et les représentations citadines comme sur les trajectoires résidentielles des habitants, et donc, in fine, sur les recompositions socio-spatiales de ces quartiers ? C’est à ces questionnements qu’entend répondre cette thèse, qui saisit les fluctuations des ressources mobilisées par les uns et par les autres, ainsi que les redéfinitions des groupes sociaux comme des positions sociales et symboliques induites par ces cohabitations souvent tendues ou conflictuelles. Il s'agira au final de rompre avec une catégorisation rigide des acteurs et des processus de dominations dans de tels contextes de gentrification, pour en montrer la complexité et le dynamisme, tout en soulignant les compétences des habitants de ces quartiers, à même de réajuster voire de freiner, de façons différenciées selon les contextes, les logiques ségrégatives induites par les politiques de revalorisation des centres urbains.

    Emilie Balteau, Rénovation urbaine et continuités populaires : une recherche socio-filmique en ville moyenne, thèse soutenue en 2019 à Université ParisSaclay ComUE sous la direction de Joyce Sebag et Stephen Bouquin présidée par Maryse Bresson, membres du jury : Christine Lelévrier (Rapp.), Jean-Yves Authier (Rapp.), Pascale Moulévrier    

    Ancrée dans la monographie d'un quartier d'habitat social situé en ville moyenne (Auxerre) et adossée à un cadre théorique réhabilitant la classe sociale, cette thèse interroge, à travers les deux formes qu'elle revêt (un texte et un film), les effets de la politique de rénovation urbaine contemporaine sur les populations des quartiers ciblés.La recherche montre la manière dont la rénovation urbaine, en transformant les espaces physiques et la composition de la population locale, procède d'un mouvement de différenciation entre quartiers et entre secteurs, qui tend à rejouer le clivage entre la cité et le pavillon (lequel confère notamment ses allures au « nouveau » quartier étudié). Ce faisant, la rénovation urbaine retravaille le statut socio-résidentiel des habitant qui se prêtent dans ce cadre à un jeu de distanciation complexe – visible dans les rapports (variés) qu'ils entretiennent à l'espace, tant en termes de représentations que des conduites.En même temps, à travers ces rapports à l'espace pourtant faits de différences et oppositions, la recherche donne à voir la rénovation urbaine comme une mise à l'épreuve générale où se réaffirme l'appartenance commune des habitants aux classes populaires. En éprouvant inévitablement leurs richesses et leurs relations, elle contribue en particulier à souligner l'étroitesse des ressources économiques des habitants et révèle également l'importance que conserve la sociabilité locale.Cette dernière participe d'un ensemble de tentatives de réappropriation qui jalonnent les paroles et pratiques des habitants et enjoignent de ne pas succomber à l'image d'une domination unilatérale, aussi fondamentales que puissent apparaitre les contraintes pratiques et symboliques dans lesquelles les classes populaires évoluent.