Pierre Gilbert

Maître de conférences
Science politique.
Département de science politique

Centre de Recherches Sociologiques et Politiques de Paris - Cresppa
  • THESE

    Les classes populaires à l’épreuve de la rénovation urbaine : transformations spatiales et changement social dans une cité HLM, soutenue en 2014 à Lyon 2 sous la direction de Jean-Yves Authier, membres du jury : Olivier Schwartz, Sylvie Tissot, Sylvia Faure et Christine Lelévrier   

  • Pierre Gilbert, Quartiers populaires: défaire le mythe du ghetto, Éditions Amsterdam, 2024, 268 p.  

    "Au sommet d’une colline s’élèvent d’imposants bâtiments rectilignes, bordés d’un côté par des champs et, de l’autre, par des pavillons. Le paysage des cités charrie tout un imaginaire. Elles sont, depuis plusieurs décennies, le support d’une profusion de fantasmes. Après avoir symbolisé le confort moderne et le progrès social de l’après-guerre, leur image s’est rapidement dégradée. On a d’abord dénoncé les cages à lapin et la sarcellite ; plus récemment, on a fustigé des ghettos, des territoires perdus gangrenés par le séparatisme. Pour combattre ces fausses évidences, qui renforcent la stigmatisation des minorités racisées et des fractions précaires des classes populaires, Pierre Gilbert rétablit ici la réalité des faits. S’appuyant sur une synthèse inédite des travaux en sciences sociales, il met en évidence les formes de ségrégation subies par ces quartiers, expose leurs particularités sur le plan des styles de vie, des relations sociales, du rapport à l’État, de l’emploi, des normes de genre, des aspirations. Et produit ce constat spectaculaire : les cités sont des lieux banals, et leurs habitants très semblables au reste des classes populaires."

    Pierre Gilbert (dir.), Les armes de la transition: l'intelligence collective au service de l'écologie, Les petits matins, 2021, 175 p.  

    Face au changement climatique, l'immensité du défi a de quoi susciter la crainte et la paralysie. Ce livre se veut pourtant message d'espoir, en ce qu'il tente de montrer que l'intelligence collective, bien organisée, peut tracer concrètement la voie d'une sortie de crise. Réunissant aussi bien un climatologue, une juriste, un économiste ou un philosophe qu'un auteur de science-fiction, un vidéaste ou un général d'armée, entre autres, il démontre que chacun, dans sa pratique et sa discipline, détient une partie de la solution. L'une des armes de la transition. Ce sont donc quatorze experts qui ont accepté, ici, de répondre à un même ensemble de questions. Quelle pierre leur discipline apporte-t-elle à la ransition ? Quels concepts ou certitudes ont-ils déjà forgés ? Comment transformer leurs conclusions en politiques publiques ? Quels éléments de programme pourraient-ils souffler à un candidat à la présidentielle ? Etc. En préambule et en pages de fin, deux jeunes activistes ajoutent aux réflexions de ces contributeurs leur voix de citoyennes engagées pour le climat. Ensemble, loin de la peur et de la résignation, ils et elles ouvrent des pistes pour un futur non seulement vivable, mais enviable

    Pierre Gilbert, Mathias Millet, Laurence Faure, Eliane Le Dantec, Frederic Rasera, Julien Bertrand, Gaële Henri-Panabiere (dir.), S'en sortir malgré tout , La Dispute, 2019, 168 p. 

    Pierre Gilbert (dir.), Les classes sociales au foyer, Seuil, 2016, 125 p. 

  • Pierre Gilbert, « Frontières du privé et frontières dans le privé. Classe, genre et espace domestique », in Charlène Arguence, Aziza Chihi, Clémence Michoux, Fabienne Montmasson-Michel, Nina Moubeyi-Koumba, Guillaume Teillet (dir.), Les frontières du privé. Un travail du social, Presses universitaires de Limoges, 2021 

    Pierre Gilbert, Sylvia Faure, « Des parcours résidentiels sous contraintes : les classes populaires face à la rénovation urbaine », in Sylvia Faure, Daniel Thin (dir.), S’en sortir malgré tout. Parcours en classes populaires, La Dispute, 2019 

    Pierre Gilbert, « Rénovation urbaine et fragmentation des classes populaires », in Nicolas Duvoux, Cédric Lomba (dir.), Où va la France populaire ?, Presses universitaires de France, 2019 

    Pierre Gilbert, « Fragmenter la population et défaire les collectifs militants. La rénovation urbaine comme dispositif de désarmement des mobilisations collectives », in Stéphanie Dechézelles, Maurice Olive (dir.), Politisation du proche. Les lieux de vie comme espaces de mobilisation, Presses universitaires de Rennes, 2019   

    Pierre Gilbert, « Des logiques structurelles aux mobilités individuelles. L'effet de la rénovation sur les trajectoires », in Agnès Deboulet et Christine Lelévrier (dir.), Rénovations urbaines en Europe, Presses universitaires de Rennes, 2014, pp. 235-245 

    Pierre Gilbert, « Démolir et reconstruire aux Minguettes. La construction locale d'une politique de diversification de l'habitat et ses effets sociaux », in Martine Berger et Lionel Rougé (dir.), Être logé, se loger, habiter. Regards de jeunes chercheurs, L'Harmattan, 2012, pp. 71-88 

  • Pierre Gilbert, « Classe, race et autochtonie : tri institutionnel des  bons locataires  et ségrégation dans les cités HLM », 2022  

    La ségrégation résulte de divers processus : logiques économiques de marché et de la ville capitaliste, manière dont l’histoire se cristallise dans la morphologie urbaine, politiques publiques d’aménagement et de l’habitat, stratégies et préférences résidentielles des individus (Oberti & Préteceille, 2015 ; Chabrol et al., 2016). En France, si elle prend des formes variables d’une agglomération à l’autre (Cusin, 2015), son intensité apparaît moins forte que dans les pays anglo-saxons, en rais...

    Pierre Gilbert, « Classe, race et autochtonie : tri institutionnel des bons locataires et ségrégation dans les cités HLM », Sociologie, 2022, n°2, pp. 159-180 

    Pierre Gilbert, Camille François, Narguesse Keyhani, Camille Masclet, « Espaces non mixtes : l'entre-soi contre les inégalités ? Introduction au dossier », Métropolitiques, 2021 

    Pierre Gilbert, Marie Cartier, Anaïs Collet, Estelle Czerny, Marie-Hélène Lechien [et alii], « Allez, les pères ! Les conditions de l’engagement des hommes dans le travail domestique et parental », Travail, genre et sociétés, 2021, n°46, pp. 33-53 

    Pierre Gilbert, Sylvie Monchatre, Marie Cartier, Anaïs Collet, Estelle Czerny [et alii], « Allez, les pères ! », Travail, genre et sociétés, 2021, n°46, pp. 33-53 

    Pierre Gilbert, Camille Noûs, « Le covid-19, la guerre et les quartiers populaires », Sociétés contemporaines, 2020, n°16, pp. 187-201   

    Pierre Gilbert, « Comment la rénovation urbaine transforme les classes populaires », Métropolitiques, 2018 

    Pierre Gilbert, Emmanuel Bellanger, Anaïs Collet, Fabien Desage, « Rénovation urbaine. L’espace comme remède à la question sociale  ? », Métropolitiques, 2018, pp. ---------   

    Pierre Gilbert, Henri Coing, Emmanuel Bellanger, « Rénovation urbaine et changement social. Entretien avec Henri Coing - en ligne », Métropolitiques, 2017   

    Pierre Gilbert, « Compte rendu de : “M. Gribaudi, Paris ville ouvrière. Une histoire occultée, 1789-1848. La Découverte, 2014, 444 p.” », Sociologie du Travail, 2017, n°3   

    Pierre Gilbert, Christophe Batardy, Emmanuel Bellanger, Jean Rivière, « Élections présidentielles : les votes des grandes villes françaises au microscope », Métropolitiques, 2017     

    Pierre Gilbert, Marie Cartier, Anaïs Collet, Estelle Czerny, Marie-Hélène Lechien [et alii], « Pourquoi les parents préfèrent-ils la crèche ? Les représentations hiérarchisées des modes de garde professionnels », Revue française des affaires sociales, 2017, n°20172, pp. 247-264 

    Pierre Gilbert, « Classes, genre et styles de vie dans l'espace domestique », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 2016, pp. 4-15 

    Pierre Gilbert, « Troubles à l'ordre privé. Les classes populaires face à la cuisine ouverte », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 2016, pp. 102-121 

    Pierre Gilbert, « Les classes sociales au foyer », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 2016, n°5 

    Pierre Gilbert, Camille François, « Construire et gouverner les populations par l’espace », Genèses. Sciences sociales et histoire, 2016, n°104, pp. 155-162 

    Pierre Gilbert, « Devenir propriétaire en cité HLM. Petites promotions résidentielles et évolution des styles de vie dans un quartier populaire en rénovation », Politix, 2013, n°101, pp. 79-104 

    Pierre Gilbert, « Promouvoir l'accès à la propriété dans les cités HLM. Rénovation urbaine et fragmentation des classes populaires », Savoir/Agir, 2013, n°24, pp. 61-66 

    Pierre Gilbert, « L'effet de légitimité résidentielle : un obstacle à l'interprétation des formes de cohabitation dans les cités HLM », Sociologie, 2012, n°1, pp. 61-74 

    Pierre Gilbert, Anaïs Collet, Violaine Girard, « Les territoires du vote. Introduction au dossier », Métropolitiques, 2012   

    Pierre Gilbert, « Ghetto, banishment, neighborhood effects. A critique of the ghetto image of French housing projects », Métropolitiques, 2011 

    Pierre Gilbert, «  Ghetto ,  relégation ,  effets de quartier . Critique d'une représentation des cités », Métropolitiques, 2011, pp. 2011?9?2011--- 

    Pierre Gilbert, « Social stakes of urban renewal : recent French housing policy », Building Research and Information, 2009, n°56, pp. 638-648 

  • Pierre Gilbert, Marie Cartier, Anaïs Collet, Estelle Czerny, Lechien Marie-Hélène [et alii], Les arrangements conjugaux autour des modes de garde : arbitrages sous contraintes et effets de socialisation, Rapport final DREES, Juillet 2016., 2016 

    Pierre Gilbert, Anaïs Collet, Marie Cartier, Estelle Czerny, Marie-Hélène Lechien [et alii], Les arrangements conjugaux autour des modes de garde : arbitrages sous contrainte et effet de socialisation, 2016   

    Pierre Gilbert, Daniel Thin, Mathias Millet, Laurence Faure, Frédéric Rasera [et alii], Formes et conditions de sortie de la vulnérabilité en milieux populaires, 2013   

    Pierre Gilbert, Jean-Yves Authier, Jennifer Bidet, Anaïs Collet, Hélène Steinmetz, État des lieux sur les trajectoires résidentielles, 2012 

    Pierre Gilbert, Jean-Yves Authier, Jennifer Bidet, Anaïs Collet, Hélène Steinmetz, État des lieux sur les trajectoires résidentielles, 2010   

    Pierre Gilbert, Jennifer Bidet, Loïc Bonneval, Anaïs Collet, Colin Giraud [et alii], La réhabilitation d’un grand ensemble à Vaulx-en-Velin vue par les habitants, 2007   

  • Pierre Gilbert, Compte-rendu de lecture de : Mustafa Dikeç, "Badlands of the Republic. Space, Politics, and Urban Policy", Oxford, Blackwell Publishing, 2007. Pour : Journal of Urban Affairs, vol. 302, 2010 

  • Pierre Gilbert, « Politiques du logement : l’alerte des sciences sociales », le 16 mai 2024  

    Journée d'études organisée par le CRESPPA-CSU, CNRS

    Pierre Gilbert, Sylvie Monchatre, « Les arrangements conjugaux, entre logiques de socialisation et rapports de pouvoir. Le cas de la division sexuée du travail parental et domestique », 7ème Congrès de l'Association Française de Sociologie (AFS), Amiens, le 03 juillet 2017 

    Pierre Gilbert, Anaïs Collet, Sylvie Monchatre, « Les arrangements conjugaux autour des modes de garde : une enquête auprès de parents de jeunes enfants », Journée d’études « Enquêter auprès de ménages employés et ouvriers » - ANR CLASPOP, PARI, le 11 janvier 2017 

    Pierre Gilbert, Sylvie Monchatre, Marie Cartier, Anaïs Collet, Estelle Czerny [et alii], « Les conditions sociales de l’engagement des pères », Colloque inter-congrès « Prendre soin et gagner sa vie : normes, pratiques, inégalités », PARIS, le 06 octobre 2016 

    Pierre Gilbert, « Les effets de la rénovation urbaine sur les trajectoires. Mobilités contraintes, ressources différenciées et représentations subjectives », Congrès de l'Association française de sociologie, réseau thématique 9 " Sociologie de l'urbain et des territoires ", Nantes, le 06 septembre 2013 

    Pierre Gilbert, « Les styles de vie populaires à l'épreuve de la rénovation urbaine. Le dispositif de la cuisine ouverte, entre rejet et appropriations hétérodoxes », congrès de l'Association française de sociologie, réseau thématique 5 " Classes sociales, inégalités, fragmentation ", Nantes, le 03 septembre 2013 

    Pierre Gilbert, Sylvia Faure, « Colloque "formes et conditions de sortie de la "vulnérabilité sociale" en milieux populaires, 3-4-5 juin 2013 Université Lyon2 », Des parcours résidentiels sous contraintes : les milieux populaires face à la rénovation urbaine, Lyon, le 04 juin 2013 

    Pierre Gilbert, « L' "effet de légitimité résidentielle" : un obstacle à l'interprétation des rapports sociaux dans les quartiers populaires », Colloque " Territoire (s) et réseaux locaux. Quelles perspectives théoriques et méthodologiques en sciences sociales ?, le 29 mai 2013 

    Pierre Gilbert, « L'absence de mobilisation face à la rénovation urbaine. Individualisation des trajectoires et affaiblissement des collectifs militants », Colloque " Engagements et tensions autour de la rénovation urbaine ", Paris, le 25 janvier 2013 

    Pierre Gilbert, « Manières d'habiter dans un contexte de changement urbain. Dispositions populaires face à la cuisine ouverte », Séminaire Logement, ENS Jourdan, Paris, le 19 mai 2011 

    Pierre Gilbert, « Effet de légitimité et rapport au stigmate : un problème d'interprétation des rapports sociaux dans les quartiers populaires », ournée doctorants du réseau thématique " Sociologie de l'urbain et des territoires " (RT9) de l'Association Française de Sociologie, Paris, ENSA Paris Val de Seine, le 02 décembre 2010 

    Pierre Gilbert, « Vingt ans de recherches sur les trajectoires résidentielles », Séminaire du collectif " Formes et conditions de sortie de la vulnérabilité sociale en milieux populaires ", Lyon, le 04 juin 2010 

    Pierre Gilbert, « Les effets de la rénovation urbaine sur les trajectoires résidentielles. Monographie d'un quartier populaire en transformation », Séminaire du Ceries, Lille III, Lille, le 10 mai 2010 

    Pierre Gilbert, Sylvia Faure, Daniel Thin, Claire Bidart, Sophie Denave [et alii], « Journées d'étude "Parcours, carrièr et trajectoires", du projet ANR Formes et conditions de sortie de la vulnérabilité sociale en milieux populaires », journée d'étude "Parcours, carrière et trajectoire", Lyon, le 10 juin 2010 

    Pierre Gilbert, « Trajectoires résidentielles et cohabitation dans un quartier rénové », journée d'étude jeunes chercheurs du Réseau Logement-Habitat, Toulouse, le 13 novembre 2009 

    Pierre Gilbert, « La rénovation urbaine, une forme de violence symbolique ? », congrès de l'Association Française de Sociologie, Paris, le 15 avril 2009 

    Pierre Gilbert, « Rénover un quartier populaire : trajectoire, rapports sociaux et modes de vie », séminaire du Groupe de recherche sur la socialisation, Lyon, le 27 février 2009 

    Pierre Gilbert, « Mobilisation associative et rapports au quartier dans un contexte de rénovation urbaine. Deux associations de quartier dans une cité des Minguettes », colloque " Espaces de vie, Espaces-enjeux : entre investissements ordinaires et mobilisations politiques ", Rennes, le 05 novembre 2008 

    Pierre Gilbert, « Demolitions and reconstructions in a large housing estate: on some social effects of urban renewal », congrès de l'European Network of Housing Research, Rotterdam, le 27 juin 2007 

    Pierre Gilbert, « La production d'une politique urbaine et ses effets sociaux : le renouvellement urbain aux Minguettes », journée d'étude jeunes chercheurs du GIS Socioéconomie de l'habitat, " Le logement et l'habitat comme objets de recherche ", Paris, le 22 mai 2007 

  • Pierre Gilbert, Politiques du logement : l’alerte des sciences sociales 

    Pierre Gilbert, L'enjeu scolaire des mobilités spatiales 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Sarah Rétif, Formes d'engagement de « mères du quartier » : ethnographie d'un monde minoritaire, féminisé et populaire, thèse soutenue en 2023 à Tours sous la direction de Hélène Bertheleu, membres du jury : Élise Palomares (Rapp.), Julien Talpin (Rapp.), Camille Hamidi    

    Cette recherche doctorale analyse sous l'angle de l'imbrication des rapports sociaux de sexe, de classe et de race, les formes d'engagement de mères issues des migrations dans des associations implantées en quartier populaire. Ce travail repose sur une ethnographie de 28 mois, complétée par une quarantaine d'entretiens, au sein d'associations (centres sociaux et association de mères d'enfants scolarisés) dans trois quartiers classés prioritaires de la politique de la ville de la région Centre-Val de Loire. Les femmes enquêtées sont toutes des mères de famille, majoritairement issues des fractions précaires des classes populaires. Certaines sont nées en France ou arrivées lorsqu'elles étaient encore enfants, d'autres ont migré à l'âge adulte lors de la mise en couple et dans le cadre du regroupement familial. En portant un regard renouvelé sur la maternité, ce travail étudie à partir d'une approche sociologique le rapport mobilisé que ces mères entretiennent à leur condition sociale, mais également les processus de politisation de leurs expériences vécues. L'enquête montre d'une part les rapports différenciés à la maternité à l'aune des trajectoires migratoires, matrimoniales, professionnelles et des aspirations sociales. Elle propose une typologie des mères en fonction de leur rapport à la maternité, à partir de laquelle sont mises en lumière les différentes formes d'engagement observées. Ces rapports à la maternité, reflétant une reproduction d'une division sexuée du travail domestique, conduisent ces femmes à se mobiliser à l'école en espérant améliorer le destin scolaire et social de leurs enfants et les aider à faire face au risque de stigmatisation raciale. Ce travail montre d'autre part que la constitution d'un réseau de sociabilité dans l'espace local et la circulation des ressources matérielles, relationnelles et symboliques entre les sphères associative, familiale, religieuse et professionnelle, favorisent l'engagement et le maintien dans les associations étudiées. Les mères rencontrées prennent appui sur ces associations ou détournent certains espaces institutionnels pour réaliser des tâches domestiques, des démarches administratives, du suivi scolaire ou encore parfaire l'éducation religieuse des enfants. L'engagement au sein de ces associations facilite souvent l'inscription dans des réseaux professionnels informels (auto-entrepreneures, assistantes maternelles), ou des reconversions professionnelles dans le milieu associatif pour les employées de l'aide à la personne. Pour celles qui sont exclues du marché de l'emploi, il devient un substitut professionnel et un espace de requalification symbolique. Enfin, la dimension collective de ces engagements alimente la production d'un « nous » minoritaire, féminin et populaire, traversé par des hiérarchies internes. Ces dernières définissent la position sociale de chacune dans des jeux de différenciation où être une « bonne » mère et une pratiquante musulmane « respectable » sont des qualités discutées et valorisées. L'autre dimension du « nous » est la capacité à faire entendre un point de vue minoritaire. Elle se traduit par l'expression d'injustices dont certaines se font les porte-parole et dénoncent le racisme et les représentations négatives liées à l'islam. Lorsque ces mères inscrivent leur association dans la scène politique locale, elles travaillent collectivement à la respectabilité de leur action, notamment auprès des élu·e·s municipaux.

    Hélène Jeanmougin, Entre compétitions et recompositions socio-spatiales : cohabiter en contexte de gentrification (Berlin, Palerme, Marseille), thèse soutenue en 2022 à AixMarseille sous la direction de Sylvie Mazzella et Florence Bouillon, membres du jury : Sonia Lehman-Frisch (Rapp.), Jean-Yves Authier (Rapp.), Hélène Bélanger et Agnès Deboulet    

    Cette thèse porte sur les cohabitations quotidiennes entre habitants de trois quartiers en cours de gentrification dans les villes de Berlin, Palerme et Marseille. Ce processus est saisi comme cadre d’interactions spécifiques, marqué par les compétitions pour l’espace local entre habitants aux ressources inégales, confrontés à une proximité spatiale inédite. Comment s'articulent les transformations de l'espace résidentiel d'une part et des espaces publics d'autre part, au sein de ces quartiers en transformation ? Quels sont les modalités et les enjeux des cohabitations entre individus aux caractéristiques sociales et aux « manières d'habiter » très diverses, et que nous apprennent-elles des (dés)appropriations locales ? Quels sont les effets de ces cohabitations sur les pratiques et les représentations citadines comme sur les trajectoires résidentielles des habitants, et donc, in fine, sur les recompositions socio-spatiales de ces quartiers ? C’est à ces questionnements qu’entend répondre cette thèse, qui saisit les fluctuations des ressources mobilisées par les uns et par les autres, ainsi que les redéfinitions des groupes sociaux comme des positions sociales et symboliques induites par ces cohabitations souvent tendues ou conflictuelles. Il s'agira au final de rompre avec une catégorisation rigide des acteurs et des processus de dominations dans de tels contextes de gentrification, pour en montrer la complexité et le dynamisme, tout en soulignant les compétences des habitants de ces quartiers, à même de réajuster voire de freiner, de façons différenciées selon les contextes, les logiques ségrégatives induites par les politiques de revalorisation des centres urbains.

    Emilie Balteau, Rénovation urbaine et continuités populaires : une recherche socio-filmique en ville moyenne, thèse soutenue en 2019 à Université ParisSaclay ComUE sous la direction de Joyce Sebag et Stephen Bouquin, membres du jury : Christine Lelévrier (Rapp.), Jean-Yves Authier (Rapp.), Maryse Bresson et Pascale Moulévrier    

    Ancrée dans la monographie d'un quartier d'habitat social situé en ville moyenne (Auxerre) et adossée à un cadre théorique réhabilitant la classe sociale, cette thèse interroge, à travers les deux formes qu'elle revêt (un texte et un film), les effets de la politique de rénovation urbaine contemporaine sur les populations des quartiers ciblés.La recherche montre la manière dont la rénovation urbaine, en transformant les espaces physiques et la composition de la population locale, procède d'un mouvement de différenciation entre quartiers et entre secteurs, qui tend à rejouer le clivage entre la cité et le pavillon (lequel confère notamment ses allures au « nouveau » quartier étudié). Ce faisant, la rénovation urbaine retravaille le statut socio-résidentiel des habitant qui se prêtent dans ce cadre à un jeu de distanciation complexe – visible dans les rapports (variés) qu'ils entretiennent à l'espace, tant en termes de représentations que des conduites.En même temps, à travers ces rapports à l'espace pourtant faits de différences et oppositions, la recherche donne à voir la rénovation urbaine comme une mise à l'épreuve générale où se réaffirme l'appartenance commune des habitants aux classes populaires. En éprouvant inévitablement leurs richesses et leurs relations, elle contribue en particulier à souligner l'étroitesse des ressources économiques des habitants et révèle également l'importance que conserve la sociabilité locale.Cette dernière participe d'un ensemble de tentatives de réappropriation qui jalonnent les paroles et pratiques des habitants et enjoignent de ne pas succomber à l'image d'une domination unilatérale, aussi fondamentales que puissent apparaitre les contraintes pratiques et symboliques dans lesquelles les classes populaires évoluent.