Lina Penagos Sanchez, Transposiciones burocráticas funcionales , thèse soutenue en 2023 à Université Gustave Eiffel
La situation de la frontière colombo-vénézuélienne dépasse les seuls intérêts nationaux. Étant un lieu de passage important pour la contrebande, les trafics d'armes, drogues et d'autres économies souterraines, cette région focalise une attention particulière sur les fragmentations de pouvoir et l'organisation des marchés du travail. Fort pénalisée en termes de développement économique, cette frontière témoigne d'un haut degré de vulnérabilité et d'inégalités, transformés le long de trois événements marquants entre 2015 et 2020 : vague migratoire vénézuélienne, signature de l'accord de paix avec les FARC-EP (2016) et pandémie Covid-19. Combinée avec la présence insuffisante des États, la cohabitation d'acteurs illégaux, les économies souterraines, la dynamique des marchés internationaux et les tensions diplomatiques binationales, cet espace géographique frontalier révèle des rapports de domination singuliers entre la légalité et l'illégalité, là où la souveraine est à la fois l'un des attributs de l'État le plus revendiqué et l'un des plus contesté. La thèse propose un regard du phénomène de la fragmentation du pouvoir dans la zone frontalière entre la Colombie et le Venezuela dans un approche interdisciplinaire entre la science politique, l'économie et les relations internationales
Lina Penagos Sanchez, Transposiciones burocráticas funcionales, thèse soutenue en 2023, membres du jury : Alexander González-Chavarría (Rapp.), Lucile Medina, Sergiu Mişcoiu et Sylvie Thoron
La situation de la frontière colombo-vénézuélienne dépasse les seuls intérêts nationaux. Étant un lieu de passage important pour la contrebande, les trafics d'armes, drogues et d'autres économies souterraines, cette région focalise une attention particulière sur les fragmentations de pouvoir et l'organisation des marchés du travail. Fort pénalisée en termes de développement économique, cette frontière témoigne d'un haut degré de vulnérabilité et d'inégalités, transformés le long de trois événements marquants entre 2015 et 2020 : vague migratoire vénézuélienne, signature de l'accord de paix avec les FARC-EP (2016) et pandémie Covid-19. Combinée avec la présence insuffisante des États, la cohabitation d'acteurs illégaux, les économies souterraines, la dynamique des marchés internationaux et les tensions diplomatiques binationales, cet espace géographique frontalier révèle des rapports de domination singuliers entre la légalité et l'illégalité, là où la souveraine est à la fois l'un des attributs de l'État le plus revendiqué et l'un des plus contesté. La thèse propose un regard du phénomène de la fragmentation du pouvoir dans la zone frontalière entre la Colombie et le Venezuela dans un approche interdisciplinaire entre la science politique, l'économie et les relations internationales
Lyda Garcia Delgado, La construction de la paix et ses limites : réflexion à partir du cas de la Colombie, thèse soutenue en 2022 à Université Gustave Eiffel sous la direction de Isabelle Blondiaux, membres du jury : Eduardo Pizarro Leongómez (Rapp.), Christine Verschuur
Cette recherche propose de mener une réflexion partant d'un examen sur les conditions de possibilité de construction de la paix, ceci à la lumière de l'histoire du cas de la Colombie. L'intention qui la guide est, au départ, de reprendre à nouveaux frais l'analyse de l'ensemble de ce qu'il est convenu d'appeler le conflit armé, ses origines politiques, économiques et sociales, ses acteurs et les effets qui apparaissent comme les plus importants, en soulignant notamment la polysémie des phénomènes qui sont ainsi désignés. La normalisation de la violence, par exemple.Traiter du cas de la Colombie, de sa problématique spécifique de la guerre et de la paix implique de toute évidence une contextualisation historique qui mette en valeur les causes structurelles de la violence et les facteurs belligènes en prenant les importantes bases du droit, de la philosophie politique et de la science politique. Ce point d'entrée en matière vise à établir une base de compréhension de la complexité du conflit et à proposer des formes de construction de la paix qui soient aussi bien réalistes que créatives et utiles, et qui par conséquent, puissent être transformées en politiques publiques opérant au milieu même des confrontations armées actuelles lesquelles persistent et se transforment malgré la signature de l’Accord de paix de 2016 entre le gouvernement de Juan-Manuel Santos et les membres la guérilla des FARC. Les acteurs liés aux intérêts politiques et économiques de la guerre sont en effet nombreux et en changent constamment les dynamiques spécifiques.L'ensemble de cette réflexion est à la fois théorique c’est-à-dire propre à ce travail universitaire, car la paix est toujours, et par excellence un concept philosophique et moral (lié au concept de la justice), mais aussi pratique, dans la mesure où elle vise à obtenir les connaissances essentielles qui pourraient, en outre, permettre de renforcer les capacités positives des acteurs sociaux (les survivants, les réintégrés et les membres des institutions) pour développer les processus indispensables à l'équité et l'approfondissement de la démocratie. Ces connaissances permettent, par ailleurs, de mieux envisager des formes de travail en vue de la construction de la paix en Colombie, tout en en signalant les limites
Johanne Darcourt, Les Droits de l'homme , thèse soutenue en 2022 à Paris Est sous la direction de Joseph Krulic
Les Droits de l’Homme sont aujourd’hui partout sans que nous sachions réellement de quels « droits » ou de quel « homme » nous parlons. Pourtant, la poursuite de cet idéal philosophico-politico-juridique façonne notre quotidien et notre environnement, au point de devenir par lui-même un concept ayant élaboré notre cosmos. Or, dans celui-ci, les minorités sont devenues non seulement un pilier et un étalon de mesure pour apprécier l’assimilation de ces Droits mais apparaissent dorénavant comme le fer de lance nécessaire à l’instauration et au développement du concept à vocation universelle que sont justement ces Droits de l’homme. Tel un miroir européen, les pays issus de l’ex-Yougoslavie permettent alors d’illustrer cette dynamique en action, puisque au sein même de la culture européenne, truisme du creuset des minorités et objet de l’implantation des Droits de l’homme depuis trois décennies. Mais, souffrant à leur tour d’un certain désenchantement, ces Droits de l’homme pourront-ils demeurer encore longtemps ce concept révolutionnaire se voulant affranchi de toute hétéronomie ?
Johanne Darcourt, Les Droits de l'homme, thèse soutenue en 2022 sous la direction de Joseph Krulic, membres du jury : Jean-Vincent Holeindre (Rapp.), Sergiu Mişcoiu
Les Droits de l’Homme sont aujourd’hui partout sans que nous sachions réellement de quels « droits » ou de quel « homme » nous parlons. Pourtant, la poursuite de cet idéal philosophico-politico-juridique façonne notre quotidien et notre environnement, au point de devenir par lui-même un concept ayant élaboré notre cosmos. Or, dans celui-ci, les minorités sont devenues non seulement un pilier et un étalon de mesure pour apprécier l’assimilation de ces Droits mais apparaissent dorénavant comme le fer de lance nécessaire à l’instauration et au développement du concept à vocation universelle que sont justement ces Droits de l’homme. Tel un miroir européen, les pays issus de l’ex-Yougoslavie permettent alors d’illustrer cette dynamique en action, puisque au sein même de la culture européenne, truisme du creuset des minorités et objet de l’implantation des Droits de l’homme depuis trois décennies. Mais, souffrant à leur tour d’un certain désenchantement, ces Droits de l’homme pourront-ils demeurer encore longtemps ce concept révolutionnaire se voulant affranchi de toute hétéronomie ?
Valentina Martinez vanegas, L'indéfini dans les crimes contre l'humanité, thèse en cours depuis 2020 en co-direction avec Jérôme Roudier
Cette thèse vise à explorer le concept de crimes contre l'humanité dans le cadre des accords de paix colombiens de 2016 et à comprendre le rapport entre ce concept et l'impunité. Comprendre ce rapport passe par une étude de la complexité et de la démystification de la notion de crime contre l'humanité. Pour cela une étude de cas prouvant le décalage entre la théorisation de cette notion en droit international et son application dans l'après conflit colombien sera développée. et une étude du contexte exceptionnel de génèse de ce concept. La génèse de ce concept juridique provient plus d'une nécessité morale de juger les horreurs de la Seconde Guerre mondiale que d'une théorisation prédictive de la justice. La particularité de la légifération de ces crimes explique en partie la complexité du concept et ses vides juridiques. Grâce à une analyse de ce dernier dans le cadre des accords colombiens, nous tenterons de conjuguer les réflexions de philosophie juridique et de droit pénal international, pour mieux comprendre les enjeux et la symbolique des jugement de la Juridiction Spéciale pour la Paix (JEP).
María Andrea Garcia Ruiz, La transformación del paramilitarismo en Guatemala, Perú y Colombia : una perspectiva comparada, thèse soutenue en 2019 à Paris Est, membres du jury : Alexander González-Chavarría (Rapp.), Jérôme Roudier
Dans les conflits armés du Guatemala, du Pérou et de Colombie, des groupes paramilitaires ont été créés afin de lutter contre les guérillas et aussi d’empêcher la mobilisation des secteurs sociaux intéressés à transformer l’ordre social établi. Dans ces pays, différentes circonstances ont mené à la désactivation officielle des structures paramilitaires.Les groupes paramilitaires du Guatemala (PAC) ont été créés par l’État au début des années 80 et ont été officiellement démobilisés en 1996, après la signature des accords de paix entre le gouvernement et la guérilla URNG. Au Pérou, les rondes paysannes ont été créées dans la cordillère sud-centrale au cours des années 1980. En 2003, après la chute du Fujimori, l’État péruvien cesse de motiver l’organisation de ces groupes. En Colombie, les groupes paramilitaires ont été promus pendant les années 80 par différents acteurs, parmi lesquels figuraient les élites régionales, l’armée et les narcotrafiquants. En 2003, ces groupes armés ont signé un accord de paix avec le gouvernement du président Uribe, dans lequel ils s’engagent à remettre les armes et à commencer un processus progressif de démobilisation.Même si au Guatemala, au Pérou et en Colombie, des processus pour désactiver les groupes paramilitaires ont été mis en place, ceux-ci continuent d’exister. Ainsi, il est pertinent de se demander si ces structures sont encore une forme de paramilitarisme et d’identifier les raisons pour lesquelles elles sont toujours présentes. En vue de répondre à cette question, l’objectif principal de recherche est d’analyser depuis une perspective comparative les processus de transformation des PAC, des rondes paysannes et des paramilitaires colombiens à partir du moment où les États respectifs prennent la décision officielle de désactiver ces groupes. Ce travail est développé en trois chapitres.Le premier chapitre compare l’émergence des groupes paramilitaires étudiés. A partir de cette perspective comparative et en utilisant certains éléments des approches systémique et structurelle fonctionnaliste, nous élaborons une conceptualisation théorique du phénomène paramilitaire. Selon cette conceptualisation, la fonction principale du paramilitarisme dans les trois cas d’étude est la protection de l’ordre social menacé.Le deuxième chapitre étudie les processus qui ont conduit à la désactivation officielle du paramilitarisme dans les trois pays analysés. À cette fin, nous comparons les conditions dans lesquelles se sont terminés les conflits armés respectifs, le contexte où chaque État a pris la décision de désactiver le paramilitarisme et les processus de Désarmement, de Démobilisation et de Réintégration (DDR).Le troisième chapitre compare la transformation des PAC, des rondes paysannes et des paramilitaires colombiens après leur désactivation officielle.La recherche se base sur la méthode comparative. Pour chaque chapitre, des variables de comparaison sont construites. Les sources d’information principales sont, premièrement, une révision bibliographique sur la conceptualisation théorique du paramilitarisme, les conflits armés et l’origine et l’évolution des PAC, des rondes paysannes et des paramilitaires colombiens. Deuxièmement, l’analyse des caractéristiques actuelles des groupes étudiés se base principalement sur une étude de presse on line.L’analyse comparative de l’émergence du paramilitarisme au Guatemala, au Pérou et en Colombie permet de conclure que l’existence d’un ordre social perçu comme menacé est à l’origine de la création de structures armées dont la fonction principale n’est pas de lutter contre la guérilla, mais la protection de cet ordre social. En conséquence, la persistance d’un contexte dans lequel l’ordre social ou le statu quo sont toujours considérés en danger est l’élément qui explique la poursuite du paramilitarisme. Ainsi, les structures qui existent actuellement au Guatemala et en Colombie sont, en effet, une forme de paramilitarisme, à la différence du Pérou.
Alexander González-Chavarría, Requerimientos de innovación institucional para la regulación y cumplimiento efectivo de los derechos humanos a nivel doméstico. Lecciones de la evolución del modelo de regulación de los derechos humanos en Colombia en el período 2006-2014, thèse soutenue en 2019 à Sorbonne Paris Cité, membres du jury : Sébastien Velut, Sergiu Mişcoiu, Yann Basset et Jérôme Roudier
Dans cette recherche, je prends comme objet d´étude les modifications dans le modèle de régulation de la problématique des droits de l'homme en Colombie dans la période 2006-2014. Plus précisément, je me concentre sur l'analyse des deux principaux résultats de ce processus de changement. En premier lieu, la formulation de la Politique intégrale des droits de l'homme et droit international humanitaire (PIDH-DIH), qui a commencé à être discuté en 2006 et a été formulée finalement en 2013. En deuxième lieu, le design et mise en œuvre du Système national des droits humains de l´État colombien (SNDHC), créé en 2011 et qui intégra comme cadre normative la PIDH-DIH en 2014. Ces deux résultats définissent l'état actuel du modèle de régulation. D´une part, une politique publique concertée d´après un schéma intersectoriel multi-agent, avec la participation des acteurs tant étatiques comme non étatiques et qui a été intégrée dans le fonctionnement du SNDHC. D´autre part, la ré-concentration de la fonctionne de régulation dans l'Etat colombien, laissant peu de place pour l'incidence politique aux acteurs non étatiques. Cet état actuel du modèle de régulation des droits de l'homme en Colombie est le principal résultat que je veux analyser et expliquer dans cette recherche.Dans ce processus ils ont participé activement plusieurs acteurs de différents domaines de la coopération internationale au développement avec la Colombie, ainsi que le Bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les droits de l'homme basé en Colombie (HCDH-C). Cela a permis que tant le processus de changement dans le modèle de régulation, ainsi que les deux résultats centraux de ce processus étaient directement liés et déterminés par les dynamiques internationales, en particulier les dynamiques propres du système international des droits de l'homme centré sur les Nations Unies (SIDH-ONU). Ce système a subi des changements importants au cours de la première décennie des années 2000 qui ont conduit à la génération de nouvelles réquisitions en termes de régulation et d'accomplissement des droits de l'homme au niveau national. En tant que l'État colombien fait partie du SIDH-ONU et que, par conséquent, l'évolution domestique du modèle de régulation est partiellement déterminée par la dynamique du régime international des droits de l´homme, donc on doit prendre en compte ces nouvelles réquisitions de régulation générées au niveau international pour l'analyse du processus de changement dans le modèle de régulation au niveau domestique en Colombie.
Jessie Duval, Le concept d'Etats défaillants dans les relations internationales : une étude politique, thèse soutenue en 2019 à Paris Est, membres du jury : Gérard Cahin (Rapp.), Pascale Delormas et Jérôme Roudier
Dans les années 1990/2000, les termes Failling State, Failed State, Collapsed State, Quasi-State et Weak State bouleversent la pensée politique internationale. On s’est alors posé la question de savoir s’ils n’étaient pas en train de créer une nouvelle catégorie d’États dans le champ de la science politique, une catégorie des États « déviants » ? De quelles déviances s’agissait-t-il alors ? Quelles normes politiques et internationales avaient-t-ils transgressé ? Au final, quelle(s) définition(s) pouvions-nous apporter à ces États dans un ou des sens que la science politique entendrait ? En quoi contribueraient-t-elles à enrichir la théorie politique ? Craignant les effets normatifs et l’absence d’objectivité scientifique d’une définition provisoire de départ, nous avons choisi de définir le concept de manière descriptive c’est-à-dire au terme d’une analyse empirique. Le problème était alors d’ordre méthodologique : comment décrire un objet dont on ne soupçonnait pas l’existence il y a peu? Et comment l’analyser ? Nous sommes parties de l’idée que les Failling State, Failed State, Collapsed State, Quasi-State et Weak State étaient des notions synonymes issues d’un même concept, « États défaillants ». L’emploi de ce terme philosophique nous donnait donc pour tâche de déterminer tous les sens, notions et usages rattachés. Le concept pouvait également être caractéristique d’un paradigme. Ce terme emprunté à la philosophie des sciences permettait d’envisager l’existence d’une communauté de penseurs, co-auteurs du concept-paradigme grâce à leurs usages lexicaux socio-politiques voire à leurs théories.Il nous restait à emprunter la démarche du lexicographe. Appuyée sur les outils de l’analyse du discours, en particulier sur les méthodes formulaire et lexicologiques, il s’est agi de retracer l’histoire du concept sur un temps long : de sa genèse, ses phases de construction et de déconstruction à nos jours.De cette approche diachronique, trois résultats ont été dégagés :Le premier a été de découvrir le théoricien du concept-paradigme « État-défaillant » en la personne de René de Lucinge, Sieur des Allymes. L’ambassadeur de la Savoie à la Cour de France sous le roi Henri III, proche un temps de Giovanni Botero, expose pour la première fois, la théorie de la défaillance c’est-à-dire de la chute de l’État dans son petit traité politique De la Naissance, Duree et Cheutte des Estats, publié en 1588 à Paris. Disgracié en 1602 pour avoir signé le traité de Lyon, son nom et ses œuvres ont été damnati trois cents ans durant. À travers la découverte de René de Lucinge, la communauté originelle des penseurs du paradigme peut ainsi être révélée. L’ « État défaillant » apparaît donc au même moment que le concept d’ « État », lui-même, c’est-à-dire au XVIe siècle.Le second résultat porte sur les évolutions cognitives du concept-paradigme entre Naissance et les années 2000. Il perd, par exemple, une de ses notions phares, la notion antonyme de conservation de l’État. Et, la domination des juristes, à plusieurs moments de la « vie » du concept, exerce un effet dirimant sur son sens. Les mots ayant une « mémoire », il n’est, en effet, plus possible de le penser ou de l’employer sans lui associer les termes de « manquements », « devoirs » ou « obligations ». Ce second résultat permet de révéler d’autres communautés de savants grâce à leurs usages socio-politiques. Le dernier résultat permet d’évaluer l’apport américain dans l’histoire du concept. Certes, cette innovation pousse le paradigme vers son apogée. Il s’enrichit de modélisations qui révèlent l’existence de règles analytiques communes aux communautés du paradigme. Cependant, la domination américaine le fait entrer dans le champ politique international. Or, cette évolution conduit à la création d’un concurrent, le Fragile State, dont l’émergence progressive provoque, au final, l’extinction concomitante du concept-paradigme « États défaillants »
Valeria Arguello Castro, L'institutionnalisation des relations multilatérales en Amérique latine, thèse soutenue en 2016 à Sorbonne Paris Cité, membres du jury : Sébastien Velut, Jean-Michel Blanquer, Isabelle Blondiaux, Jérôme Roudier et Nicolas Vaillant
Aujourd’hui, en Amérique latine, il existe une véritable multiplication de l’activité multilatérale par la création de différents types d’espace de coopération : l’Union des Nations Sud-américaine (UNASUR), l’Alliance Bolivarienne Pour les Peuples de Notre Amérique (ALBA), l’Alliance du Pacifique et la Communauté des Etats Latino-américains et des Caraïbes (CELAC). Actuellement, pour définir ces nouvelles organisations multilatérales, les politiciens, les académiciens, les scientifiques et les juristes ont utilisé divers notions : processus d’intégration, intégration maximaliste, intégration politique, intégration énergétique, régionalisme post-néolibéral, nouveau régionalisme, nouveau processus d’intégration, convergence, coopération sociale, culturelle et économique, et instance de concertation du dialogue et de la politique. Pourtant l’intégration latino-américaine est une intégration discursive. Et parfois, elle est utilisée pour les processus de coopération.Cette nouvelle dynamique multilatérale latino-américaine entraine une problématique sur l’avenir et l’ampleur de la participation de l’Amérique latine, en tant que regroupement d’Etats, dans la nouvelle configuration de la gouvernance internationale. Ainsi, pour comprendre ces nouvelles formes de relations interétatiques, la construction et la consolidation de leurs niveaux d’institutionnalisation permettent d’obtenir des résultats sur le modèle de l’intégration et des relations multilatérales dans la région.
Luis Fernando Macías Gómez, El Medio Ambiente y la Naturaleza como Instrumentos del Arte de Gobernar. Una Contribución al Estudio de la Razón de Estado, thèse soutenue en 2016 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Javier Torres Velasco, membres du jury : Jean-François Jolly, Olivier Chopin et Richard Tovar Cárdenas
Réfléchir à partir de la philosophie politique nous permet d’établir que la vision selon laquelle on conçoit actuellement l’environnement et la nature contribuent à modifier les conduites de la population afin de parvenir à une nouvelle façon de la gouverner. De même, les problèmes environnementaux et le changement climatique engendrent des risques pour la stabilité des États, rendant inévitable le renforcement de leur pouvoir, ce pourquoi ceux-ci invoquent la sécurité comme nécessité fondamentale pour leur conservation. On pourrait avancer que de la même manière que ce qui s’est produit au début de la modernité, lorsqu’on a découvert la nature et l’État comme entités objet d’étude avec leurs propres lois et rationalité, on repense actuellement la façon d’utiliser la nature et la problématique environnementale dérivée du changement climatique comme mécanisme de transformation des conduites et de renforcement de l’État, se manifestant maintenant dans l’idée de sécurité nationale. En procédant à une révision de la théorie de la raison d’État, de ses principaux théoriciens et des apports latino-américains à la sécurité nationale, on peut considérer qu’à partir du changement climatique et de la problématique environnementale elle permet de générer de nouvelles formes de gouverner afin de modifier les comportements de la population et par là même fortifier l’État. Ceci conduit à la nécessité de réfléchir à la nécessité de revoir les positions sur ce phénomène dans la mesure où cela peut entraîner des façons irrationnelles d’exercer le pouvoir. C’est-à-dire qu’il faut regarder la nature et l’environnement selon une perspective politique pour comprendre la portée de cette situation provenant de la manière dont on aborde actuellement la nature et l’environnement.
Jaime Pinto, L'UNASUR : la nouvelle voie d'intégration régionale sud-américaine sous l'hégémonie du Brésil, thèse soutenue en 2016 à Paris Est, membres du jury : Carlos Quenan (Rapp.), Jérôme Roudier
Dans un contexte international où la faiblesse relative de la superpuissance américaine a permis l'émergence de nouveaux acteurs étatiques qui commencent à modifier l'ordre mondial occidental, les processus d'intégration comme ceux d'Amérique du Sud peuvent être interprétés comme un moyen d'acquérir l'autonomie face aux puissances du monde. Mais jusqu'à présent les efforts des pays pour s'intégrer ont été infructueux. Les divergences entre gouvernements de la région et l'inexistence d'une véritable volonté politique de cession de souveraineté auprès des organismes supranationaux ont remis en cause la faisabilité d'organismes existants comme le Mercosur ou la Communauté Andine. Cependant, malgré plusieurs échecs d'essais d'intégration régionale en Amérique Latine, le pouvoir accru des pays émergents dans l'actuel monde unimultipolaire donne la possibilité d'initier un processus de régionalisation sous l'hégémonie du Brésil. L'hégémonie brésilienne est en train de forger une nouvelle configuration géopolitique en Amérique du Sud, par l'intermédiaire institutionnel de l'Unasur. Cet organisme régional est un reflet de la volonté du Brésil de s'insérer de manière complètement autonome dans le système international, créant ainsi progressivement l'un des pôles de puissance qui donneront sa forme au siècle actuel.
Hector Heraldo Rojas Jimenez, La politique extérieure de la Colombie, entre la soumission et l'auto-détermination. Le débat sur le rôle du président et de l’académie de formation des diplomates, thèse soutenue en 2016 à Sorbonne Paris Cité, membres du jury : Sébastien Velut, Chantal Delsol, Jérôme Roudier et Yann Basset
Depuis ses origines, la Colombie a souvent eu des gouvernants dont l’exercice du pouvoir n’a pas toujours visé le bien-être des citoyens sous toutes ses formes. Un clair exemple de cela, c’est la pratique concernant le choix de ceux qui assument des fonctions diplomatiques qui par règle générale n’accomplissent pas les demandes de capacités exigées pour une telle responsabilité ; il s’agit plutôt des personnes proches du haut pouvoir et qui reçoivent ces nominations comme faisant partie d’une rétribution de l’État. Le résultat de cette démarche se traduit dans la pratique d’une diplomatie encombrée d’entraves dont les projections pour l’avenir se limitent aux périodes présidentielles en cours. Les représentations stéréotypiques négatives ou l’absence de crédibilité dans la capacité de l’État colombien et de ses fonctionner pour diriger des actions internationales sont le résultat d’un « nanisme auto-imposé » (selon la formule de B. Bagley), résultat de toute une série de méfaits historiques. Par ailleurs, l’absence des capacités de direction des hommes colombiens d’état a contribué à renforcer cette mauvaise image et à créer un état de soumission dans le contexte mondialisé d’aujourd’hui. C’est ainsi que la construction des stratégies de la part des acteurs colombiens engagés dans les affaires internationales pourrait être un repère pour ouvrir des perspectives par rapport à la politique étrangère dans l’oscillation entre la soumission et l’auto-détermination. Le débat concernant le pouvoir discrétionnaire du président de la République dans la prise des décisions internationales et aussi l’existence d’une académie de formation de fonctionnaires diplomatiques, constituent la problématique générale de notre recherche. Dans la mesure où le système présidentiel exercé en Colombie octroie un caractère discrétionnaire au Président, en particulier dans la gestion de la politique extérieure et dans la nomination de ses fonctionnaires, les efforts visant à sélectionner le corps diplomatique possédant les études adéquates, à évaluer leurs services et à améliorer leurs compétences, seraient plus performatifs si l’on dépassait les particularités conjoncturelles pour déboucher sur une politique extérieure enrichissante au service des institutions et des Colombiens.
Guillaume Segond, Etudes des couplages thermohydrauliques en régime variable d'un système thermique avec stockage : application à la production d'eau chaude sanitaire à partir de la valorisation d'une source de chaleur basse température, thèse soutenue en 2015 à AixMarseille sous la direction de Lounès Tadrist, membres du jury : Gilles Fraisse (Rapp.), Bernard Lachal (Rapp.), Rachid Outbib
Le travail présenté ici a pour objectifs d’étudier et d’optimiser les performances énergétiques d’un chauffe-eau thermodynamique couplé à un stockage par chaleur sensible. La ressource utilisée consiste en la récupération de chaleur sur l’air extrait d’un logement de type collectif. L’enjeu est de caractériser les conditions dans lesquelles le système est capable d’assurer les besoins avec des performances requises lorsque les conditions aux limites sont très fluctuantes. Sur le plan fonctionnel, le système doit être le plus simple possible du point de vue de sa configuration hydraulique et de sa stratégie de régulation.Pour cette étude, nous avons développé un modèle physico-corrélatif sur TRNSYS pour simuler et analyser les différents scenarios et les couplages thermohydrauliques entre les composants du système. En parallèle de cette démarche de modélisation, nous avons conçu et mis en œuvre un dispositif expérimental à l’échelle 1 à des fins de validation du modèle sur une large plage de conditions opératoires.L’analyse des résultats, notamment sur la nature des écoulements au sein du ballon de stockage, a mis en évidence l’influence majeure d’un certain nombre de paramètres sur les performances du système. En particulier, la robustesse des performances face à des fluctuations importantes des conditions aux limites peut être assurée grâce à une stratégie de régulation adaptée.Cette étude a finalement conduit à proposer un modèle réduit pour le dimensionnement du système qui prend en compte les paramètres le plus pertinents pour la stratégie de régulation.
Kifah Sarraf, Echangeurs à plaques corruguées en mode monophasique et en condensation : études expérimentale, numérique et analytique, et analyse des écoulements et des transferts thermiques, thèse soutenue en 2014 à AixMarseille en co-direction avec Lounès Tadrist, membres du jury : Christophe Marvillet (Rapp.), Marc Miscevic (Rapp.), Hassan Peerhossaini
Ce travail de recherche examine aux échelles globale et locale les caractéristiques thermo-hydrauliques au sein des échangeurs à plaques ondulées pour les écoulements monophasiques et en mode condensation. Il comprend deux parties :La première partie concerne l'analyse des structures d'écoulement en mode monophasique à partir d'un outil de simulations numériques, et dont les résultats sont validés à partir d'une campagne expérimentale. L'exploitation des résultats de simulations, à partir d'observables judicieusement sélectionnées, a permis de quantifier les grandes classes d'écoulement en fonction des paramètres géométriques et fluidiques de l'échangeur. Ce nouvel éclairement sur les structures d'écoulement a conduit à la proposition d'un modèle général original sur les lois de friction au sein de ces échangeurs de géométrie d'écoulement complexe.La deuxième partie concerne l'étude de la condensation de la vapeur avec et sans surchauffe en entrée de l'échangeur. Ainsi, un dispositif expérimental permettant le contrôle précis des conditions aux limites a été développé, et une métrologie spécifique, basée sur la thermographie infrarouge a également été mis au point, afin de remonter à certaines grandeurs locales le long du condenseur (titre de vapeur, coefficient d'échange thermique...). On observe ainsi une très forte variabilité des coefficients d'échanges thermiques et de la densité de flux de chaleur le long du condenseur, et la surchauffe de la vapeur tend à intensifier les transferts thermiques. Ce complément de mesures remet en question certaines hypothèses de la littérature quant à l'élaboration de corrélations sur les transferts de chaleur dans les condenseurs.
Javier Leonardo Garay Vargas, Idées fausses, actions erronées : le contexte international comme empêcheur du développement, thèse soutenue en 2014 à Paris Est, membres du jury : Frédéric Lambert (Rapp.), Patrick Troude-Chastenet (Rapp.)
L'hypothèse est que le contexte international a une influence négative sur la génération de ces politiques. En raison de l'interaction, les pays ont adopté des idées fausses - et donc - des politiques erronées de développement. En fin de compte, cette approche peut être exprimée en que le contexte international a conduit aux pays moins avancés à ne pas adopter des politiques de libéralisation, d'une part, ou qu'il n´y a pas des incitations suffisantes pour que les institutions formelles et informelles dans ces pays soient favorables à l'adoption de telles politiques, d'autre part.Cette recherche part de la conception selon laquelle c'est l'existence de politiques, institutions et sociétés de nature libérale (c'est-à-dire des sociétés qui sont ouvertes dans le sens proposé par, entre autres, Karl Popper) qui mieux résolvent le problème de la création de richesses. En ce sens, le contexte international n'a pas atteint l'objectif du développement international car il ne favorise pas la génération des sociétés ouvertes.Pour prouver l'hypothèse, la recherche est basée sur les contributions apportées par deux corps théoriques. D'une part, de la scène internationale, on utilise le constructivisme d´Alexander Wendt, Martha Finnemore, Gerard Ruggie, entre autres. D´autre part, pour comprendre l'impact du contexte international au niveau interne, la contribution de la nouvelle économie institutionnelle, entre autres, Douglass North et Elinor Ostrom sont utilisés.De ce qui précède, ce travail est composé de trois parties. La première examine le cadre théorique proposé. Dans le premier chapitre, on fait un examen des concepts clés autour desquels tournera la démonstration. Avec ces concepts, on propose un modèle pour expliquer l'impact soulevé par l'hypothèse et les phénomènes qui sont stimulés afin d'éviter la production de changements aux échecs répétés. Le deuxième chapitre porte sur la démonstration des postulats de la pensée libérale comme essentielle dans les actions conduisant à la création de richesses.Après du débat théorique, la deuxième partie porte sur la démonstration du modèle proposé pour la scène internationale. Cela se fait en trois chapitres. Dans le premier, on fait un parcours historique à travers des programmes promus du régime de développement international pour démontrer deux aspects.Dans le deuxième chapitre, on décrit les principaux acteurs sur la scène internationale et montre, à partir de la relation entre identité - intérêts, les actions et les contributions à la promotion des idées fausses reflétées dans les programmes développés. Le troisième chapitre examine la construction que le régime international de libéralisme intégré a stimulée et les phénomènes qui entravent la promotion de changements dans les idées et dans les programmes proposés, en raison de l'existence d'un phénomène de dépendance du chemin.La troisième partie porte sur l'étude des pays non développés. Dans le premier chapitre on fait une caractérisation générale de ceux-ci, à partir de la proposition faite par Douglass North, John Joseph Wallis et Weingast R. Barry dans son livre la Violence et des ordres sociaux (2010). Le deuxième chapitre montre comment les pays moins développés ont agi sur le régime international du libéralisme intégré. Le troisième chapitre, d'une manière analogue à la partie précédente, montre comment fonctionne le phénomène de dépendance du chemin pour ces pays.En conclusion, le modèle proposé est utilisé pour conjecturer les effets que peut avoir la crise économique qui, depuis 2008, est passée à travers le monde. Il est considéré qu'il y a suffisamment de preuves pour dire que cette crise sera une nouvelle fenêtre d'opportunité manquée et qui permettra d'approfondir la croyance et la promotion des idées fausses, illibérales, qu'entravent les progrès dans la promotion du développement dans les pays qui ont toujours échoué à résoudre les problèmes de création de richesse.
Diana Rojas, Les transformations de l´intervention à l'ère de la mondialisation : le cas des Etats-Unis en Colombie (1961-2010), thèse soutenue en 2012 à Paris Est, membres du jury : Georges Couffignal (Rapp.), Francisco Leal Buitrago (Rapp.), Olivier Chopin
Cette recherche part de la volonté de comprendre et d‘expliquer l‘interaction entre la politique intérieure et la politique internationale dans les processus de construction étatique des pays les moins développés et avec une histoire de forte dépendance extérieure. Son objectif central consiste donc à étudier les transformations du phénomène de l‘intervention internationale dans le contexte de la mondialisation à partir de l‘analyse du cas colombien. C‘est pourquoi, en premier lieu, y sont examinés les théories qui, selon les relations internationales, ont rendu compte de l‘intervention comme partie de la dynamique de la politique internationale contemporaine. Un type spécifique d‘intervention, la construction étatique, est analysé dans le cadre de la politique extérieure nord-américaine au XXe siècle. En second lieu, l‘étude de cas présentée analyse l‘intervention des États-Unis en Colombie lors de trois moments distincts : l‘Alliance pour le progrès (1961-1972), la lutte contre les drogues (1975-1994) et le Plan Colombie (2000-2010). A travers ceux-ci est exposé de quelle manière l‘intervention de la superpuissance dans le pays sud-américain a changé tant dans sa conception que dans sa mise en place au long d‘un demi-siècle. L‘examen détaillé de ces trois périodes permet d‘identifier les point de comparaison afin d‘établir s‘il s‘agit ou non d‘une intervention orientée vers la construction étatique.
Jacques Carbou, La critique sociale de Raymond Ruyer, thèse soutenue en 2012 à Paris 3, membres du jury : Philippe Raynaud, Frédéric Lambert, Christian Bachelier et Paulette Choné
La critique sociale de Raymond Ruyer (1902-1987) fait partie de son œuvre , surtout connue par les ouvrages de philosophie des sciences et la réflexion sur la biologie dont Georges Canguilhem avait souligné l’originalité dès 1947. Nous montrons que la critique sociale existe dès la thèse complémentaire de 1930, "L’Humanité de l’avenir d’après Cournot" se poursuit avec la réflexion sur l’utopie. L’articulation de la critique sociale avec la philosophie unie à la science que propose Ruyer se trouve dans les valeurs et l’axiologie originale qu’il développe dès 1948. Ce serait une erreur, selon nous, de négliger la critique sociale de Ruyer et nous présentons ici, pour la première fois, une vue d’ensemble des idées de Ruyer sur les sociétés humaines et leur avenir.
Paul André, La notion d'État dans la pensée politique chinoise et ses conséquences sur la scène internationale, thèse soutenue en 2009 à Paris Est
La relance du processus de réformes en République populaire de chine en 1992 a conduit à une profonde évolution et redéfinition de l’Etat. Loin de chercher à satisfaire les exigences d’un modèle communiste, l’Etat chinois semble davantage être pensé dans une optique nationaliste, celle du fuguo bingqiang [???? : un Etat riche et une armée forte]. Les réformes sont donc pensées afin de réaliser cet objectif. Mais les réformes économiques impliquent aussi une dynamique propre qui conduit à une évolution du mode de gouvernance. Cet objectif du fuguo bingqiang cherche à relever le défi du développement. Mais, au-delà de la problématique interne, l’Etat est pensé comme un moyen de donner à la Chine la place qu’elle estime être la sienne sur la scène internationale, celle de grande puissance
Cécile de Glas, La relation États-Unis – Europe, du délitement du lien transatlantique à la relégation du Vieux Continent. Fondements géopolitiques et culturels., thèse soutenue en 2018 à Paris Est sous la direction de Chantal Delsol, membres du jury : Jean-Marie Salamito (Rapp.), Catherine Marshall
L’Europe est progressivement devenue, pour les Américains, un contre-modèle. Les divergences entre les États-Unis et l’Europe résultent d’une césure politique et culturelle, masquée depuis le début de la Guerre froide (et même depuis la Première Guerre mondiale) par les impératifs de la bipolarité.L’étude des fondements anthropologiques de l’Occident, met en évidence l’unité théologique, juridique et logique de l’Europe et l’Amérique de l’Antiquité aux Lumières. La civilisation occidentale se situe à l’intersection de l’orbite institutionnelle de la civilisation du droit civil romano-canonique et de celle du christianisme.Ces divergences entre l’Europe et les États-Unis se dessinèrent en fait dès les origines de la modernité politique. Sur tous les points essentiels de la philosophie politique – liens entre religion et pensée éclairée, laïcité et sécularisation, conceptions de la liberté et de l’égalité, rapport dialectique entre république et démocratie, fondements du prométhéisme politique et social, conception de l’universalisme –, tout oppose l’Amérique et l’Europe.Pour ce qui relève de la post-modernité, nous montrons comment la philosophie libérale a recyclé les idées faussement révolutionnaires pour conduire l’Europe à une crise multiforme, un nihilisme qui se dissimule sous le masque avenant de la marchandisation généralisée et de l’esprit libertaire. À la différence de l’Europe postmoderne, l’Amérique a partiellement réussi à se mettre à l’abri de ces dynamiques de désintégration. La « nation indispensable » a su entretenir le style national américain dont l’attachement sans faille à la nation et la religiosité sont les principales caractéristiques.
Michael Rabier, Philosophie, gnose et modernité. Nicolás Gómez Dávila lecteur d'Éric Voegelin., thèse soutenue en 2016 à Paris Est sous la direction de Chantal Delsol, membres du jury : Alfredo Andrés Abad Torres (Rapp.), Francia Elena Goenaga et Béatrice Fonck
Par-delà la dispersion thématique et aphoristique de l’œuvre du philosophe colombien Nicolás Gómez Dávila (1913-1994), un spectre hante sa pensée : le spectre du gnosticisme. Quel lien ce courant religieux ou para religieux né au sein de l’Empire romain entre le Ier et le IIIe siècle de notre ère, peut-il avoir avec notre monde moderne ? Quel rapport entretien ce courant avec la philosophie ? En effet, la connaissance philosophique est totalement différente de la « connaissance » gnostique (gnosis). Alors que la philosophie, d’une part, se fonde sur une recherche de la vérité à partir d’un questionnement sur la réalité, la gnose est étroitement liée à une expérience de révélation, de sorte que la réception de la vérité, par illumination intérieure, remplace la théorie et l’argument rationnel. D’autre part, elle a pour objet la voie du salut, sans enseignement théorique, par transformation ou destruction de la réalité. On ne peut donc que s’interroger sur les coïncidences entre la gnose ancienne et ce que le philosophe austro-américain Éric Voegelin (1901-1985) a nommé « la modernité sans frein ». Ne pourrait-on pas voir dans les idéologies modernes (communisme, socialisme, nationalisme, libéralisme, etc.) à l’instar d’Éric Voegelin, des « religions politiques » ou, comme il le développera ensuite dans son œuvre une résurgence et excroissance du gnosticisme cherchant ici-bas le salut par la divinisation de l’homme ? C’est la thèse de Gómez Dávila qui radicalise celle de Voegelin en faisant de la gnose l’origine de la religion démocratique et de ses dérivations dans l’ordre théologico-politique (athéisme, progressisme, relativisme, étatisme et totalitarisme) et anthropologico-juridique (égalitarisme, jusnaturalisme et individualisme).
Thierry Paulmier, Les fondements émotionnels du politique : Essai de théorie politique post-girardienne, thèse soutenue en 2015 à Paris Est sous la direction de Chantal Delsol, membres du jury : Philippe Bénéton (Rapp.), Pierre Manent
Cette thèse propose un double dépassement de la théorie mimétique de René Girard. Le premier consiste à confronter la théorie mimétique à la psychologie de l’admiration et de l’envie, afin de montrer comment les comportements mimétiques procèdent essentiellement de ces deux émotions. Dès lors, le mimétisme ne doit plus être considéré comme une cause première du comportement humain mais comme une cause seconde, subordonnée à l’admiration ou à l’envie. Le second dépassement, plus radicale, consiste à proposer une théorie émotionnelle du comportement humain plus complète que la théorie mimétique, intégrant non seulement l’envie et l’admiration mais aussi la peur et la piété filiale. Il est alors possible de proposer une théorie émotionnelle du politique distinguant quatre types de rapports hiérarchiques : le pouvoir tyrannique fondé sur la peur, régnant par la menace et le châtiment et visant à la sécurité de tous, le pouvoir fascinant fondé sur l’envie, régnant par la séduction et la récompense et visant à la supériorité de tous, l’autorité vertueuse fondée sur l’admiration, régnant par l’exemplarité et la vertu et visant à l’excellence de tous ; et l’autorité pieuse fondée sur la piété filiale, régnant par la responsabilité et le don de soi et visant à la communion de tous.
Lucia Pereira, Communistes et chrétiens en France de 1958 a 1978 : des valeurs humaines et sociales en commun?, thèse soutenue en 2013 à Paris Est sous la direction de Chantal Delsol, membres du jury : François Mabille
Au début du XXe siècle en France, contrairement Pays de l'Est où l'anticléricalisme d'Etat était de mise, Maurice Thorez avec son appel « de la main tendue » aux catholiques manifeste sa volonté de rassemblement des communistes avec les chrétiens. En France, « ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n'y croyaient pas » ont mêlé leurs forces et leur sang contre l'ordre nazi. Ce rapprochement des catholiques et des communistes se poursuit autour du second concile du Vatican ouvert sous le pontificat de Jean XXIII (1958-1963) et clos sous le pontificat de Paul VI (1963-1978). L'histoire de l'Eglise a toujours été traversée par deux principaux courants opposés. Le « courant constantinien » qui a freiné ou combattu les luttes des opprimés en situant dans un autre monde la conquête du bonheur et le « courant protestataire », opposé, au nom des valeurs et textes fondateurs, à l'ordre social et politique établi. Nous allons étudier au-delà de la croyance ou non croyance à Dieu, au-delà des actions partielles, les valeurs humaines et sociales communes des communistes et des catholiques de 1958 à 1978 en ne niant pas les différences réelles de l'organisation religieuse de l'organisation politique. Nous émettons l'hypothèse que les outils conceptuels issus de la pensée de Marx et d'autres dont usaient les communistes français à cette époque étaient proches des convictions de nombreux catholiques.
Ana Milena Velasquez Angel, Le jeu du clown dans la Colombie contemporaine : la renaissance du clown, un acteur social et politique et le rire du spectateur de résistance et de liberté, thèse soutenue en 2013 à Paris 3 sous la direction de Christine Hamon-Siréjols, membres du jury : Philippe Goudard, Jean-Louis Besson et Jean-Bernard Bonange
Le jeu du clown dans la Colombie contemporaine est en voie de développement. Bien que la figure du clown n’ait jamais cessé d’exister dans la société, quelles que fussent ses formes à travers l’histoire, on assiste à la renaissance de l’art du clown dans notre pays depuis ces dix dernières années. L’art du clown devient une possibilité de revalorisation du langage comique et poétique de l’artiste dans la société colombienne actuelle, conférant à l’acteur clown un rôle social et politique et permettant au spectateur de vivre une forme de résistance et de libération de sa réalité quotidienne violente.La mise en perspective historique du cirque comme langage artistique moderne permet de comprendre comment le clown va se constituer et se développer tout au long des XIXe et XXe siècles jusqu’à devenir un art autonome avec son incursion dans le théâtre et les écoles de formation théâtrale. Cette démarche vise à donner les fondements théoriques de la naissance et de l’évolution du cirque et du clown dans le cirque depuis l’époque de l’Amérique préhispanique jusqu’à la Colombie contemporaine. La perspective historique remarque que, bien avant l’arrivée des clowns dans les cirques modernes après le XVIIIe siècle, on peut constater l’existence de personnages comiques et clownesques dans la culture précolombienne et pendant la période de la colonisation. L’histoire des fêtes populaires de l’Amérique latine, les personnages itinérants et comiques vont se développer parallèlement aux formes spectaculaires religieuses de l’idéologie espagnole. Les cirques européens et américains arriveront dans une atmosphère de résistance et, plus tard, d’indépendance et commencera à s’écrire l’histoire du cirque en Amérique latine.Le modèle économique latino-américain, la récente industrie culturelle et le manque d’écoles de formation du cirque marqueront l’évolution du cirque comme institution sociale, cherchant à travers la discipline et ses techniques à former des jeunes et enfants en situation de violence. D’autre part, le théâtre subira des divisions entre la tradition et l’apparition d’idéologies modernes sur la formation de l’acteur jusqu’à la consolidation de la méthode artistique de création collective. Le clown du cirque traditionnel deviendra une sorte de stéréotype avec les duos clownesques à la télévision, les clowns dans la rue, les restaurants, et les mendiants habillés en clowns. Cette étude aborde les éléments sémiotiques de la figure des nouveaux clowns en tant qu’art autonome impulsé par la pédagogie du français Jacques Lecoq diffusée dans le monde entier, avec une incidence importante en Amérique latine, où elle rencontre la création collective basée sur l’improvisation. Cette pédagogie arrive à travers les festivals internationaux du théâtre où artistes et public accèdent au panorama de l’art du clown dans le monde, au travers de stages et de spectacles. Rénovant ainsi le phénomène de marginalisation du clown par un changement de statut artistique et social. La pratique enracinée de la création collective, letravail du collectif et l’implication du théâtre dans les transformations sociales et politiques du pays, rencontre le langage des nouveaux clowns, pour donner forme à des créations clownesques collectives tout à fait solides et originales. Nous nous concentrons sur la fonction qu’exercent les clowns contemporains au présent de la société colombienne résultant d’une vaste période de crises marquée par des affrontements et des vagues successives de violence. L’humour comme trait particulier de la culture devenant une forme incontestable d’affronter une réalité douloureuse rencontre le clown que par le rire permettra de récupérer la valeur sacrée du chaman, bobo, bouffons et fous de l’histoire. Ainsi nous reconnaissons l’incursion du langage du clown sur plusieurs terrains (l’hôpital, l’humanitaire et le social) pour admettre que le spectateur vive une forme de libération par la communication établie avec le clown dans le rire.
Adriana Ivonne Marinescu, Les Représentations de l’Altérité dans le discours de l’extrême droite roumaine, thèse soutenue en 2012 à Paris Est sous la direction de Chantal Delsol, membres du jury : Philippe Claret (Rapp.)
Le thème central de cette thèse est constitué par les représentations de l'Altérité dans le discours de l'extrême droite roumaine. Pour plus de précision, ce qui nous intéresse c'est la façon dont sont produites les représentations de l'Autre et quel est leur enjeu politique dans la Roumanie de l'entre les deux guerres, et également, après 1989, dans la nouvelle Roumanie libérée du communisme.C'est une démarche principalement discursive, centrée au premier égard sur une analyse sémantique des discours de l'élite politique et intellectuelle des deux époques, qui se donne de dévoiler les stratégies de manipulation et de mise en altérité (de l'anglais othering) auxquelles sont sujets les différentes catégories d'Autres (les Juifs, les étrangers, les gitans, les minorités sexuelles et religieuses).La méthodologie choisie délimite d'abord les outils et les concepts de chaque discipline et les définit clairement, ainsi que le but auquel ils servent. Par exemple, pour les deux premiers chapitres, l'analyse du discours que nous utilisons est une analyse qualitative, sémantique, qui essaie de rendre compte des façons dont le discours est construit, ainsi que du rôle des tropes et du type des arguments. Pour le dernier chapitre, nous envisageons des explications qui puisent dans des perspectives différentes : de celle de l'histoire ou des sciences politiques à celle de la religion, en passant par celle de l'anthropologie ou de la psychologie.Le but de notre thèse est d'essayer d'expliquer l'évolution de ce processus - du « comment » (les moyens) au « pourquoi » (les raisons) de la mise en altérité, en réorientant la question de départ sur le portrait ou la représentation du Soi, du Nous, des Roumains.Mots clé : Identité, Soi altéré, Roumanie, Altérité discursive, Représentations sociales
Georges Tassiopoulos, Le centre droit français et grec : l'UMP et la ND, thèse soutenue en 2012 à Paris Est sous la direction de Chantal Delsol, membres du jury : Georges Prévélakis (Rapp.), Élisabeth Du Réau
L'objectif de cette thèse est la comparaison de deux partis politiques en France et en Grèce,de l'UMP et de la ND, tous les deux membres du PPE au parlement européen. Ils représentent dans les deux cas le centre droit et couvre la période de 2002 à 2009.Elle comprend quatre volets : celui de la création de l'UMP et de la ND ; celui de leur organisation ; leur volet idéologique, et ces deux partis face à des échéances électorales, en insistant à chaque fois sur leurs similitudes et leurs différences.En même temps, par le biais de ces deux partis politiques, elle permet la comparaison de deux régimes politiques : de la Ve République Française et de la IIIe République Hellénique, ainsi que les systèmes des élites en France et en Grèce.
Alexandra Borsari, L'impossible retour à la Nature : analyse du fantasme de retour à la nature et mise en lumière des structures archaïques de l'imaginaire contemporain (Europe occidentale), thèse soutenue en 2010 à Paris Est sous la direction de Chantal Delsol, membres du jury : Jean-Jacques Wunenburger (Rapp.), Corin Braga (Rapp.), François Bon
Le fantasme de retour à la nature, entendu comme un retour à une matrice originelle a surtout pris la forme, en Occident, d'une recherche d'un paradis perdu ou d'un retour à un âge d'or.La première partie vise à illustrer la permanence de ce fantasme avec l'approche de quelques manifestations ayant traversé les âges. Ces expressions du fantasme de retour à la nature sont présentées en deux grandes thématiques : le rapport à l'altérité radicale avec les figures du barbare et du sauvage depuis la haute Antiquité jusqu'au premier voyage de Christophe Colomb dans le chapitre 1, puis la quête d'un monde meilleur avec les millénarismes chrétiens dans le chapitre 2. Le chapitre 3 est, quant à lui, consacré à l'évocation des traces préhistoriques de ce fantasme et, en particulier, aux conséquences de la fracture néolithique.La deuxième partie s'intéresse à l'identité du fantasme de retour à la nature et à sa fonction dans les imaginaires. En Occident, ce fantasme a donné naissance à un paradis terrestre permettant la synthèse de trois fantasmes fondamentaux : jeunesse éternelle, facilité et perfection. Cet aspect du fantasme est abordé dans le chapitre 5. La question de l'existence d'un imaginaire primordial est également approchée de même que les problèmes soulevés par l'élaboration d'une théorie générale de l'imaginaire, cette fois dans les chapitres 4 et 6.La troisième partie cherche à mettre au jour l'origine de ce fantasme : à savoir, sa généalogie évolutive. L'homme bénéficie d'un niveau de sécurité dont nul autre animal ne semble profiter. Homo sapiens doit ainsi son apparition et son essor à sa capacité à se soustraire à l'arbitraire du monde sauvage. Gain de l'évolution, cette liberté de l'être humain signifie son expulsion irréversible de la nature et pourrait être à l'origine du fantasme fondateur de retour à la nature. Le chapitre 7 s'intéresse plus particulièrement à la recherche de l'ailleurs, tandis que le chapitre 8 est focalisé sur les notions de transformation et de maîtrise du monde et le chapitre 9 sur la question de la liberté.