Moncef Kdhir, « La Cour internationale de justice et la culture », École française de Rome, Rome : École française de Rome et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 2002, pp. 321-342
La notion de culture est relativement imprécise. C''est pourquoi il paraît très difficile de mesurer la relation entre la Cour internationale de justice et la culture. Pour autant la culture a toujours irrigué la «philosophie » de la cour aussi bien dans sa composition que dans sa jurisprudence. Puisque le droit appliqué par le juge n''est pas isolé du contexte culturel dans lequel il s''insère, la culture est devenue la référence obligée de tout discours moderne. C''est la raison pour laquelle il est important de préciser la méthode que la cour utilise pour observer la diversité culturelle. Une certaine prudence s''impose toutefois car si la représentation géographique dans la composition de la cour traduit la prise en compte de tous les systèmes juridiques et culturels du monde, l''étude de la jurisprudence démontre que la cour n''affirme quasiment jamais qu''elle fonde sa décision en prenant en compte la réalité culturelle des parties au litige. À l''évidence la cour applique normalement le droit international dans sa rigueur sans garantir que ce droit prend en compte telle ou telle réalité culturelle spécifique. La cour considère que le droit international positif vise à subordonner la conduite des États à la direction des règles et que celles-ci ne font que répondre à un besoin du milieu politique, économique, social et culturel.