ActualitésPublicationsENCADREMENT DOCTORAL
  • Ali Choukroun, Gouverner le risque épidémique : une socio-histoire des politiques publiques de lutte contre les maladies infectieuses émergentes (MIE) en France (1990 – 2021), thèse soutenue en 2024 à Lyon 2 présidée par Philippe Zittoun, membres du jury : Romy Sauvayre (Rapp.), David Smadja (Rapp.), Michel Dubois et Gwenola Le Naour      

    Cette thèse explore le gouvernement contemporain du risque épidémique à travers l’étude de la circulation du terme « maladies infectieuses émergentes » (MIE) dans les sphères scientifiques et politiques. Initialement forgé par divers spécialistes de la lutte contre les épidémies aux États-Unis, ce concept a émergé suite à l'apparition inattendue du sida et de la maladie à virus Ebola, malgré les avancées techniques de la fin du XIXème siècle et du XXème marquées par l'éradication de la variole en 1979. En France, la théorie des MIE, d'abord négligée, a été intégrée par le secteur de la biosécurité avant de s'imposer, à partir de la fin des années 2000, sous l’impulsion d’une communauté épistémique influente. La pandémie de covid-19 (2020-2022), marquée par la création d’une agence de recherche sur les MIE (ANRS-MIE), a en effet mis en lumière l'engagement proactif d’entrepreneurs scientifiques et la dimension agonistique de leur intervention dans l’action publique de lutte contre les épidémies.

    Théo Sabadel, La PrEP : construction, enjeux, appropriations de la médicalisation de la prévention du VIH à Paris, Lyon et Cayenne., thèse soutenue en 2023 à Lyon 2 en co-direction avec Frédéric Le Marcis présidée par Ilana Löwy, membres du jury : Henri Bergeron (Rapp.), Charlotte Brives (Rapp.), Estelle Carde, Gwenola Le Naour et Gabriel Girard    

    La période 2000-2018 voit la recombinaison des molécules antirétrovirales (ARV) issues des trithérapies et leur usage progressif en prévention. Cette thèse s’intéresse aux conséquences du développement des outils biomédicaux et, plus particulièrement de la PrEP, sur l’évolution des politiques publiques préventives, dans l’Hexagone et en Guyane française, mais également sur les pratiques ordinaires de prévention. Ce travail souligne aussi comment la mobilisation des molécules ARV participe à la reconfiguration des rapports de forces du champ de la prévention du VIH, et induit des modifications dans les pratiques médicales, l’appréciation portée sur le risque de contamination et les usages sociaux de la prévention. L’analyse de la séquence réformatrice au tournant des années 2010 renseigne sur le réseau d’acteurs engagé en faveur des outils biomédicaux et le développement de politiques répondant au standard de la « santé sexuelle ». L’attention portée à la réception de cette politique par ses « ressortissants » (associations, professionnels du soin, usagers et usagères), dans une perspective comparative permet de saisir les logiques de traduction et/ou de domestication de la prévention biomédicale et ses effets en termes de pratiques et de subjectivation. Enfin, les molécules antirétrovirales utilisées en PrEP participent d'une reconfiguration des rapports entre humains et non humains, mais aussi des humains à leur propre corps à travers l’évolution des normes et des pratiques préventives.

    Léo Vennin, Administrer l'émancipation : socio-histoire de l'éducation populaire en France (1944-1985), thèse soutenue en 2022 à Université Grenoble Alpes en co-direction avec Olivier Ihl présidée par Laurent Gutierrez, membres du jury : Brigitte Gaïti (Rapp.), Patricia Loncle-Moriceau (Rapp.), Elsa Guillalot et Francis Lebon      

    Cette thèse vise à questionner les tensions et les ambivalences dans l'action publique en matière d'éducation populaire, à travers l'étude des relations historiquement tissées entre les mouvements d'éducation populaire et l'État. A l'appui d'un matériau empirique croisant les archives administratives et celles des mouvements et fédérations d'éducation populaire, de la Libération jusqu'au milieu des années1980, il s'agit d'historiciser et de mettre à plat les mécanismes à l'œuvre dans ce secteur des politiques publiques en revenant sur sa genèse. Inscrit dans une sociologie historique de l'administration, ce travail fait l'hypothèse que la constitution et l'inscription dans le paysage institutionnel de l'éducation populaire est rendu possible par un consensus façonné par la confrontation d'acteurs publics et privés. A travers leurs interactions, inscrites pour partie dans l'appareil d'État, on observe la production d'une nouvelle norme éducative au cœur des processus de socialisation démocratique et de formation du citoyen. La convergence vers l'institutionnalisation agit alors comme consécration d'une norme co-construite, participant en retour à développer et à légitimer des discours et des pratiques en voie de consolidation et à évincer des voies plus directement contestataires de l'action publique.. Marqués par la diversification des modes d'intervention et des logiques d'action ainsi que par la bureaucratisation et la spécialisation des formes d'entrée dans la sphère publique, les processus que traverse ces pays agissent comme des révélateurs d'un mouvement plus large de recomposition et de renouvellement de la régulation sociale d'un certain rapport au savoir éducatif.

    Jean-Baptiste Devaux, L'Etat technologique , thèse soutenue en 2021 à Lyon en co-direction avec Martine Kaluszynski  

    Le Crédit d'impôt recherche, les pôles de compétitivité, les structures de valorisation de la recherche ou de transfert de technologie sont autant d’instruments au travers desquels les pouvoirs publics se proposent de « soutenir l’innovation ». Cette thèse cherche à comprendre comment et pourquoi « l’innovation » est devenue un problème d’Etat et un enjeu d’action des pouvoirs publics. À rebours des discours qui envisagent l’émergence de ces politiques publiques comme la conséquence mécanique des transformations des systèmes économiques ou scientifiques, celles-ci apparaissent plutôt comme le produit de luttes et concurrences au sommet de l’État entre le début des années 1960 et le début des années 2000. Cette thèse porte sur ces concurrences. Alliant sociologie des instruments de gouvernement, sociologie des institutions et sociologie des administrations, nous explorons les ressorts du changement dans l’action publique. Pour cela, nous nous intéressons aux activités de réformateurs, c'est-à-dire de hauts fonctionnaires, d’acteurs du monde patronal, de professionnels de la politique ou d’experts patentés qui, au sein ou auprès des administrations de la Recherche et de l’Industrie entre 1963 et 2003 ont transformé les règles, les normes et principes organisationnels qui structuraient la politique technologique en France depuis 1945. En éclairant ces transformations, nous contribuons empiriquement à une analyse des interdépendances entre l’État et le capitalisme en France. Il apparaît que l’innovation est un instrument de pouvoir à deux niveaux. D’abord, de l’appareil administratif sur l’espace économique. La politique d’innovation naturalise certaines pratiques scientifiques et industrielles au regard d’un ordre économique présenté comme allant de soi. Ensuite, elle est un instrument de pouvoir des hauts fonctionnaires généralistes à l’intérieur de l’État, contribuant pas à pas au dépérissement de l’État technique.

    Jean-Baptiste Devaux, L'Etat technologique, thèse soutenue en 2021 en co-direction avec Martine Kaluszynski présidée par Cécile Crespy, membres du jury : Delphine Dulong (Rapp.), Philippe Bezes (Rapp.), Jérôme Aust et Benjamin Lemoine    

    Le Crédit d'impôt recherche, les pôles de compétitivité, les structures de valorisation de la recherche ou de transfert de technologie sont autant d’instruments au travers desquels les pouvoirs publics se proposent de « soutenir l’innovation ». Cette thèse cherche à comprendre comment et pourquoi « l’innovation » est devenue un problème d’Etat et un enjeu d’action des pouvoirs publics. À rebours des discours qui envisagent l’émergence de ces politiques publiques comme la conséquence mécanique des transformations des systèmes économiques ou scientifiques, celles-ci apparaissent plutôt comme le produit de luttes et concurrences au sommet de l’État entre le début des années 1960 et le début des années 2000. Cette thèse porte sur ces concurrences. Alliant sociologie des instruments de gouvernement, sociologie des institutions et sociologie des administrations, nous explorons les ressorts du changement dans l’action publique. Pour cela, nous nous intéressons aux activités de réformateurs, c'est-à-dire de hauts fonctionnaires, d’acteurs du monde patronal, de professionnels de la politique ou d’experts patentés qui, au sein ou auprès des administrations de la Recherche et de l’Industrie entre 1963 et 2003 ont transformé les règles, les normes et principes organisationnels qui structuraient la politique technologique en France depuis 1945. En éclairant ces transformations, nous contribuons empiriquement à une analyse des interdépendances entre l’État et le capitalisme en France. Il apparaît que l’innovation est un instrument de pouvoir à deux niveaux. D’abord, de l’appareil administratif sur l’espace économique. La politique d’innovation naturalise certaines pratiques scientifiques et industrielles au regard d’un ordre économique présenté comme allant de soi. Ensuite, elle est un instrument de pouvoir des hauts fonctionnaires généralistes à l’intérieur de l’État, contribuant pas à pas au dépérissement de l’État technique.

    Marie-Charlotte Allam, Innover pour réformer l'école ? : politiques et pratiques d'expérimentation dans l'enseignement public, thèse soutenue en 2020 à Université Grenoble Alpes en co-direction avec Martine Kaluszynski présidée par Françoise Lantheaume, membres du jury : Bertrand Geay (Rapp.), Laurent Gutierrez (Rapp.), Guillaume Gourgues et Agnès Van Zanten    

    Cette thèse porte sur l'histoire des pratiques, des mobilisations collectives et des politiques en faveur depédagogies qui se revendiquent comme « alternatives » à l'enseignement public français depuis lesannées 1970 jusqu'en 2005. Adoptant une perspective de sociohistoire de l'action publique, elle met aujour les interactions entre l'élaboration d'une politique d'innovation et d'expérimentation pédagogique,son appropriation par les enseignants qui l'investissent, et ses effets sur leurs pratiques pédagogiques« alternatives ». Elle met au jour les influences réciproques entre les mobilisations collectives en faveurd'une « autre École » et la fabrique de l'action publique éducative grâce à l'observation des circulationsd'acteurs qui promeuvent ces pédagogies.La réflexion articule l'ethnographie historique d'une expérience éducative locale avec l'analyse del'élaboration de la politique qui l'encadre. D'un côté, la collecte d'archives publiques et privées, et laconduite d'une trentaine d'entretiens avec des enseignants et des militants, ont permis de réaliser unemonographie de l'expérience socioéducative du quartier de la Villeneuve de Grenoble. De l'autre, laconstruction de la politique d'expérimentation et d'innovation est analysée à partir d'archives desinstitutions centrales et déconcentrées de l'Éducation nationale. Celles-ci sont complétées par destémoignages oraux et par des entretiens semi-directifs menés avec des fonctionnaires du ministère.La politique d'innovation et d'expérimentation introduit des instruments de gouvernement à distancedes conduites pédagogiques et fait reposer la responsabilité du changement éducatif sur les enseignants.Les enseignants de la Villeneuve interprètent les politiques scolaires au prisme de leur politisation etdéploient des stratégies (de résistance, de contournement, ou d'adhésion) face aux nouvelles contrainteset normes institutionnelles. Ce faisant, la mise en administration de leurs expériences - jusqu'alorsretranchées dans le domaine du militantisme et de l'informel - réoriente leur engagement militant.

    Kevin Brookes,  Ce n’est pas arrivé ici  : sociologie politique de la réception du néo-libéralisme dans le système politique français depuis les années 1970, thèse soutenue en 2018 à Université Grenoble Alpes ComUE en co-direction avec Raul Magni Berton présidée par Christophe Bouillaud, membres du jury : Monica Prasad (Rapp.), François Facchini (Rapp.), Sébastien Caré et Florence Haegel    

    Cette recherche rend compte des difficultés de la diffusion des idées néo-libérales dans la vie politique française de 1974 jusqu’à 2012. Son premier apport consiste à démontrer – à travers un large panel de données sur les politiques publiques, l’opinion publique et les programmes des partis – qu’en France le succès des idées néo-libérales a été moindre par rapport aux autres pays européens. Son deuxième apport consiste à expliquer cette anomalie française, en contribuant plus généralement à la question de la diffusion des idéologies dans un système politique. La réponse se base sur une double étude : une analyse micro-historique centrée sur les acteurs (à partir d’entretiens et d’un travail sur les archives des organisations internationales de promotion du néo-libéralisme), couplée à une analyse macro-sociologique centrée sur les caractéristiques du contexte national. Il est montré que si la diffusion du néo-libéralisme a été moins importante en France par rapport à d’autres pays voisins, c’est en raison de la forte résistance de l’opinion publique à son égard. Celle-ci a restreint la fenêtre d’opportunité de ses partisans de manière directe en incitant les hommes politiques à ne pas mettre en œuvre des politiques publiques trop congruentes avec cette idéologie, et de manière indirecte, en exerçant une influence sur le discours économique et social des principaux partis politiques pouvant légitimer la mise en œuvre de mesures libéralisant les politiques publiques. De plus, la structure des institutions françaises a renforcé l’effet de « dépendance au sentier » dans la fabrique des politiques publiques en valorisant l’expertise d’État contre celle d’acteurs susceptibles de remettre en cause le consensus existant comme les universitaires et les think tanks. Enfin, à partir de la réalisation d’une socio-histoire inédite du mouvement néo-libéral depuis les années 1970, d’autres facteurs plus contingents sont identifiés. La fragmentation et la radicalité des partisans du néo-libéralisme, ainsi que la quasi absence d’entrepreneur politique susceptible d’incarner ces idées, ont contribué à la marginalité de ces idées dans le débat public.

  • Georges Meyer, L'Etat, l'art et les moeurs : sociologie historique de la censure du cinéma (1961-1975), thèse soutenue en 2017 à Paris 8 sous la direction de Violaine Roussel et Laurent Jeanpierre, membres du jury : Brigitte Gaïti (Rapp.), Gisèle Sapiro (Rapp.), Philippe Bouquillion  

    Cette thèse a pour objet la transformation de l’institution de la censure d’État du cinéma en France, entre 1961, date d’une réforme qui la durcit, à 1975, année de la mise en place de la classification « X » et de l’octroi de la liberté d’expression au cinéma. Son enjeu principal est d’interroger, à travers cette institution et sa mutation, ce qui se joue dans-la bifurcation des années 1968. Pour cela, cette thèse est construite autour d’un cadre théorique spécifique articulant notamment la sociologie politique des institutions et la théorie de la « civilisation » de Norbert Elias. Ses matériaux sont essentiellement des archives étatiques, mais aussi des sources imprimées comme la presse.

    Ouassim Hamzaoui, A l'épreuve démographique de l'immigré : chronique généalogique du lancement de la politique d'intégration en France (1988-1998), thèse soutenue en 2014 à Grenoble sous la direction de Olivier Ihl, membres du jury : Yves Déloye (Rapp.), Catherine Wihtol de Wenden (Rapp.), Didier Bigo et Dominique Linhardt      

    Comment appréhender le sens socio-politique de l'officialisation de la catégorie d'inspiration démographique « immigré » dans le cadre du lancement de la politique d'intégration au début des années 1990 ? Telle est question à laquelle cette thèse s'efforce de répondre au travers d'une sociologie foucaldienne de la quantification de l'immigration en tant que population. Ce travail en vient ainsi notamment à formuler l'hypothèse selon laquelle l'enrôlement du savoir démographique participe, dans le cadre du travail de réorganisation de la production des statistiques publiques en matière d'immigration entrepris entre 1990 et 1997 au sein du groupe « Statistiques » attaché au HCI (Haut Conseil à l'intégration), à la formalisation statistique d'une représentation cognitive de l'immigration en tant que séries d'agrégats totalisés et temporalisés d'individus par et dans leur mobilité juridico-légale. Replaçant notamment le processus de mise en catégorie de l'« immigré » en vis-à-vis de l'élaboration d'une méthode comptable de mesure des flux annuels d'immigrations et des tentatives de pré-formater l'exploitation d'AGDREF (Application nationale pour la gestion des dossiers des ressortissants étrangers en France du ministère de l'Intérieur), cette recherche suppose et propose de substituer à l'analyse du processus socio-historique d'objectivation du critère de l'« origine », celle des logiques dispositives de sécurisation (statistique) des flux.

  • Eva Soteras, Le conspirationnisme : formation et diffusion d'une mythologie postmoderne, thèse soutenue en 2017 à Montpellier 3 sous la direction de Jean-Bruno Renard présidée par Patrick Tacussel, membres du jury : Jean-Marie Seca (Rapp.), Antigone Mouchtouris et Céline Bryon-Portet      

    Il s'agit de démontrer la portée politico-religieuse du mythe conspirationniste. Dans un premier temps, aborder la question pluridisciplinaire des champs théoriques. Dans un deuxième temps, traiter de la formation d'une véritable mythologie postmoderne inscrite dans la résurgence mythique à l’œuvre dans notre contemporanéité et dans un troisième temps, appréhender les différents supports de diffusion du conspirationnisme.

    Antoine Faure, Des(-)ordres journalistiques dans une crise révolutionnaire : chroniques de l'être journalistique chilien durant l'Unité populaire (1970-1973), thèse soutenue en 2014 à Grenoble sous la direction de Olivier Ihl présidée par Éric Darras, membres du jury : Arnaud Mercier (Rapp.), Nicolas Kaciaf et Carlos Ossandón B.      

    Comment ont réagi les journalistes à l’élection de Salvador Allende ? Comment le projet de société communément synthétisé dans la « voie chilienne vers le socialisme » a-t-il influé sur le travail journalistique ? Voilà d’où part cette thèse. Elle a finalement interrogé ce qu’a pu signifier « être journaliste » durant ces trois années d’une crise sociale et politique trop souvent réifiée.Autrement dit, de quoi le journalisme est-il le nom au Chili entre 1970 et 1973 ? En cessant de lire l’Unité populaire depuis son résultat traumatique, le coup d’Etat du 11 septembre 1973, et une grille de lecture exclusivement idéologique, apparaissent alors des lignes de continuité (des normalités) et des lignes de fuite (des singularités) dans la pratique du journalisme entre 1970 et 1973, tout comme se dégage la perception normalisée qu’en ont les journalistes dans la spécificité de ce moment historique. L’idée défendue est alors la suivante : lejournalisme est un discours en institutionnalisation permanente qui légitime ses pratiques et ses identités dans son rapport historique au temps de l’actualité. Pour ce faire, le propos articule un travail sur archives de presse croisé à une enquête par entretien non-directifs, le tout enrichi de nombreux documents de l’époque (archives juridiques, revues universitaires, archives des écoles de journalisme, archives des organismes corporatistes, discours politiques, films, disques musicaux) comme de sources de seconde main (études historiques, films, documentaires, témoignages écrits, etc.).

    Julien Giry, Le conspirationnisme dans la culture politique et populaire aux Etats-Unis : une approche sociopolitique des théories du complot, thèse soutenue en 2014 à Rennes 1 sous la direction de Frédéric Lambert présidée par Nonna Mayer, membres du jury : Jean-Bruno Renard (Rapp.), Christine Guionnet    

    Du 11 septembre aux extraterrestres, des camps de concentration américains à l'assassinat de Kennedy, cette thèse a pour objectif d'éclairer sous un angle sociopolitique les fondements, les mécanismes et les enjeux de la pensée conspirationniste aux États-Unis depuis la révolution jusqu'à nos jours. S'il ne s'agit pas de dresser un catalogue exhaustif de toutes les théories du complot en vogue, le but demeure de démontrer que le conspirationnisme est un véritable fait social aux États-Unis, un élément de culture politique et populaire. Cette thèse se propose alors d'étudier les rouages et les origines du conspirationnisme sous trois aspects différents et complémentaires qui forment un triangle. D'abord, sous l'angle factuel, c'est-à-dire en étudiant les thèses du complot relatives à un événement extraordinaire (9/11, assassinat de JFK, etc.). Ensuite, sous l'angle des acteurs du conspirationnisme : les leaders conspirationnistes (LaRouche, Icke, etc.), les citoyens enquêteurs et les boucs-émissaires (communistes, juifs, illuminatis, etc.). Enfin, sous l'angle culturel en mettant en perspective le conspirationnisme avec la culture américaine : l'anti-étatisme, la présence de mafias ou encore le cinéma de masse.

  • Marine Malet, Inquiétudes contemporaines et futurs menaçants dans les séries dystopiques , thèse soutenue en 2023 à Université ParisPanthéonAssas sous la direction de Rémy Rieffel  

    Depuis le milieu des années 2010, alors que l’industrie télévisuelle est marquée par le développement des plateformes de VOD et l’augmentation sans précédent de l’offre sérielle, les séries dystopiques se multiplient et séduisent un large public. Traditionnellement entendues comme des discours d’alerte reflétant des angoisses contemporaines, les dystopies permettent à leurs auteurs de formuler des critiques et inquiétudes quant aux orientations que prennent leurs sociétés contemporaines. Mais que devient cette dimension critique et politique lorsque qu’elle est le produit d’industries culturelles, régies par des logiques de séduction de l’attention ? Cette thèse en Science de l’information et de la communication interroge les séries dystopiques comme vecteurs de réflexivité sociale et politique en se concentrant sur trois références du genre : Black Mirror (Channel 4, 2011–2014 ; Netflix, 2016–en cours), The Handmaid’s Tale (Hulu, 2017–en cours) et The 100 (2014–2020). Afin de saisir la manière dont elles sont susceptibles de reconfigurer les grilles de lecture de l’actualité sociale et politique et de conduire à la création d’arènes publiques alternatives spécifiques à leurs contenus, ce travail interroge le cycle de vie de chaque série : leur contexte de production et leur promotion, les représentations dystopiques des problèmes publics mis en récit, leur réception et leur mise en conversation en ligne. Plusieurs méthodes sont déployées, parmi lesquelles l’analyse des représentations mises en récit, l’étude de leur réception à partir de quarante entretiens – conduits auprès de critiques de séries français, de sériephiles et de fans –, ainsi qu’une ethnographie en ligne de trois groupes Facebook dédiés à ces séries.

    Marine Malet, Inquiétudes contemporaines et futurs menaçants dans les séries dystopiques, thèse soutenue en 2023 sous la direction de Rémy Rieffel, membres du jury : Mélanie Bourdaa (Rapp.), Christine Thoer-Fabre (Rapp.), Marjolaine Boutet et Frédéric Lambert   

    Depuis le milieu des années 2010, alors que l’industrie télévisuelle est marquée par le développement des plateformes de VOD et l’augmentation sans précédent de l’offre sérielle, les séries dystopiques se multiplient et séduisent un large public. Traditionnellement entendues comme des discours d’alerte reflétant des angoisses contemporaines, les dystopies permettent à leurs auteurs de formuler des critiques et inquiétudes quant aux orientations que prennent leurs sociétés contemporaines. Mais que devient cette dimension critique et politique lorsque qu’elle est le produit d’industries culturelles, régies par des logiques de séduction de l’attention ? Cette thèse en Science de l’information et de la communication interroge les séries dystopiques comme vecteurs de réflexivité sociale et politique en se concentrant sur trois références du genre : Black Mirror (Channel 4, 2011–2014 ; Netflix, 2016–en cours), The Handmaid’s Tale (Hulu, 2017–en cours) et The 100 (2014–2020). Afin de saisir la manière dont elles sont susceptibles de reconfigurer les grilles de lecture de l’actualité sociale et politique et de conduire à la création d’arènes publiques alternatives spécifiques à leurs contenus, ce travail interroge le cycle de vie de chaque série : leur contexte de production et leur promotion, les représentations dystopiques des problèmes publics mis en récit, leur réception et leur mise en conversation en ligne. Plusieurs méthodes sont déployées, parmi lesquelles l’analyse des représentations mises en récit, l’étude de leur réception à partir de quarante entretiens – conduits auprès de critiques de séries français, de sériephiles et de fans –, ainsi qu’une ethnographie en ligne de trois groupes Facebook dédiés à ces séries.

    Lucie Raymond, La construction médiatique de la revendication antisystème : enquête sur les stratégies de création et de renouvellement d'une (im)posture journalistique et politique, thèse soutenue en 2020 à Sorbonne université sous la direction de Valérie Jeanne-Perrier présidée par Isabelle Garcin-Marrou, membres du jury : Nikos Smyrnaios (Rapp.), Adeline Wrona    

    Cette recherche interroge la construction médiatique de la revendication « antisystème » sur une période de plus de trente ans (1990-2020). Notre problématique questionne les modalités de construction et de renouvellement de la « posture antisystème », en lien avec les transformations de l’écosystème médiatique au sein duquel évoluent les figures porteuses de cette revendication. Pour ce faire, nous proposons, dans un premier temps, d’identifier et de classer les figures de l’« antisystème » pour examiner, dans un second temps, leurs trajectoires médiatiques et discursives. Trois principaux axes analytiques guident cette démarche. En premier lieu nous montrons comment une rhétorique du ressentiment permet aux acteurs de l’« antisystème » de construire une double image de « combattant » et de « victime » du « système ». Nous proposons ensuite d’étudier le potentiel médiagénique des figures étudiées, c’est-à-dire la manière dont elles s’adaptent aux supports et aux formats par lesquels elles sont médiatisées. Nous examinons ainsi les procédés sémio-discursifs qui permettent aux « antisystème » d’interagir avec les grands médias d’information qu’ils critiquent par ailleurs, tout en déployant une « panoplie » communicationnelle sur l’internet. Enfin, nous proposons d’étudier la manière dont les personnalités de l’« antisystème » construisent des espaces numériques « contre-informationnels » pour imposer une vision du monde en lien avec leur idéologie politique.