Jacobo Grajales

Professeur
Science politique.
Département de Science politique

Centre Européen de Sociologie et de Science Politique
  • THESE

    Le pouvoir des armes, le pouvoir de la loi : groupes paramilitaires et formation de l'Etat en Colombie, soutenue en 2014 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Jean-Louis Briquet, membres du jury : David Garibay (Rapp.), Christian Lund (Rapp.), Isabelle Sommier, David Garibay, Christian Lund, Olivier Dabène et Jean-François Bayart   

    THESE

    Le pouvoir des armes, le pouvoir de la loi, soutenue en 2014 

  • Jacobo Grajales, Jacobo Grajales Lopez, Hadrien Holstein, Raphaëlle Parizet, Marie Saiget [et alii], L'aide au développement: une fenêtre sur le politique, L'Harmattan, 2022, 164 p. 

    Jacobo Grajales, Jacobo Grajales Lopez, Agrarian Capitalism, War and Peace in Colombia. Beyond Dispossession: beyond dispossession, 2021e éd., Taylor & Francis Group, 2021, Routledge studies in global land and resource grabbing series (Online), 190 p. 

    Jacobo Grajales, Pénélope Larzillière, Jacobo Grajales Lopez, Les émotions politiques des combattants, entre guerre et paix, Presses de Sciences Po, 2021, 200 p.  

    Un numéro consacré à la prégnance des émotions politiques en temps de guerre, à la croisée de l'affect et du jugement axiologique. Des contributions issues de recherches menées auprès de combattants et ex-combattants en Turquie, en Syrie, au Liban, en Jordanie, en Côte d'Ivoire et au Pakistan, illustrent ce sentiment moral. ­Electre 2021

    Jacobo Grajales, Jean-Pierre Chauveau, Jacobo Grajales Lopez, Éric Léonard (dir.), Foncier et conflits violents en Afrique, Éditions de la Sorbonne, 2020, 287 p. 

    Jacobo Grajales, Guillaume Vadot, Jacobo Grajales Lopez (dir.), Entreprises ancrées, États en jeu ?, De Boeck supérieur, 2020, 236 p. 

    Jacobo Grajales, [Compte rendu de , 2016e éd., 2019 

    Jacobo Grajales, Gouverner dans la violence. Le paramilitarisme en Colombie, 2016e éd., 2019  

    Entre le début des années 1980 et le milieu des années 2000, des groupes paramilitaires ont développé leur emprise sur de larges pans du territoire colombien. Apparus à la confluence de la criminalité et de la contre-insurrection, ils ont entretenu des liens forts avec les milieux de la politique et de l’économie, légale comme illégale. Malgré cette domination institutionnelle et armée, leur déclin a été rapide. Après leur démobilisation partielle entre 2003 et 2006, et à la suite de la crise majeure qu’ont déclenchée les révélations relatives à leurs alliances politiques, la majorité de leurs leaders ont été extradés aux États-Unis, où ils ont dû faire face à des accusations de trafic de narcotiques. Eux qui se voulaient bandits politiques ont finalement été traités en simples trafiquants de drogue. Alors que la violence est généralement vue comme la cause de la faillite des États dans les pays du Sud, cet ouvrage propose une approche sociologique non normative des rapports entre la violence et le politique. À partir d’études locales, il montre comment les paramilitaires ont participé en Colombie à la répression des opposants, au partage des ressources publiques, à la mise en exploitation capitaliste de zones marginales. À l’échelle nationale, il analyse la manière dont cette même violence est devenue un problème public qu’ont pris en charge les politiques de sécurité, non sans transformer les usages de la justice pénale. Il confirme ainsi que les groupes armés sont ancrés dans le processus historique de formation de l’État, en renouvelant un débat classique et en conférant au cas colombien de « gouvernement dans la violence » une portée paradigmatique.

    Jacobo Grajales, Gobernar en medio de la violencia, 2017e éd., 2019 

    Jacobo Grajales, Jacobo Grajales Lopez, Romain Le Cour Grandmaison (dir.), L'État malgré tout, Éditions Karthala et Cyberlibris, 2019, 274 p.  

    "Dans l’après-guerre froide, de nombreux observateurs s’inquiétaient de la multiplication de « nouveaux » conflits armés, et promettaient des États « faibles » ou en « faillite ». À rebours de ces approches, les auteurs analysent des situations dans lesquelles la violence est une forme d’action politique routinière. Les principaux protagonistes sont de multiple nature. On observe des groupes armés qui, loin de se placer simplement dans l’opposition ou la défense d’un ordre établi, naviguent dans un espace de dissidence relative. Des organisations qui exigent leur intégration à l’État, et visent à en être reconnues comme des intermédiaires, des partisans, voire des branches légitimes. Enfin, des acteurs appartenant directement à des institutions publiques. Ceux-ci cherchent à incarner l’État dès lors qu’ils tentent de se placer dans un hors-champ du conflit. Ainsi, la violence ne représente pas une remise en cause du jeu politique, mais bien une opportunité pour des acteurs de s’y intégrer, de s’y positionner, ou de s’y maintenir, et d’en tirer une forme de reconnaissance. Autrement dit, la fragmentation de l’autorité sur un territoire ne conduit pas nécessairement à l’accroissement de son autonomie par rapport au centre. Au contraire, ces contextes peuvent réaffirmer l’État en tant qu’arène politique de référence, et pousser les acteurs à poursuivre un objectif central : rester dans le jeu, plutôt que de le renverser." -- [4ème de couverture]

    Jacobo Grajales, Jacobo Grajales Lopez, Gobernar en medio de la violencia: estado y paramilitarismo en Colombia, Editorial Universidad del Rosario, 2017, Colección Textos de ciencias humanas, 242 p.   

    Jacobo Grajales, Jacobo Grajales Lopez, "La prison est notre fusil", 2009, 237 p. 

  • Jacobo Grajales, Florence Padovani, Benjamin Lysaniuk, « Saisir les transitions par l’économie politique. Un capitalisme agraire d’après-guerre en Colombie », Gestions des transitions. Anticiper, subir, réagir, planifier, 2021 

    Jacobo Grajales, Julie Alix, Olivier Cahn, « Contre-insurrection et anti-drogues dans la guerre colombienne », in Alix, Julie, Cahn, Olivier (dir.), Terrorisme et infraction politique, Mare & Martin, 2021, pp. 83-105 

    Jacobo Grajales, Mathilde Allain, Hamed Hosseini, James Goodman, Sara Motta [et alii], « The politics of the land rush. Scales of land contention and the reconfiguration of political authority », in Hosseini, Hamed, Goodman, James, Motta, Sara, Gills, Barry (dir.), The Routledge Handbook of Transformative Global Studies, Routledge, 2020, pp. 287-299 

    Jacobo Grajales, Camille Goirand, Angelica Müller, « Mapiripán, Colombie. Documenter la violence paramilitaire par l’examen du travail judiciaire », in Goirand, Camille, Müller, Angelica (dir.), Documenter les violences. Usages publics du passé dans la justice transitionnelle, Presses de l'IHEAL, 2020, pp. 197-217   

    Jacobo Grajales, « Saisir les transitions par l’économie politique. Un capitalisme agraire d’après-guerre en Colombie », in Padovani, Florence, Lysaniuk, Benjamin (dir.), Gestions des transitions. Anticiper, subir, réagir, planifier, L'Harmattan, 2019, pp. 113-139 

    Jacobo Grajales, Christian Lund, Michael Eilenberg, « Violence entrepreneurs, law, and authority in Colombia », 516fbd3a-6623-458e-bf51-302f8013c90a, 2019 

    Jacobo Grajales, « State Involvement, Land Grabbing and Counter-Insurgency in Colombia », Governing Global Land Deals: The Role of the State in the Rush for Land, 2013 

  • Jacobo Grajales, Benjamin Lévy, « Socio-Economic Order and the Legacies of Armed Governance: The Aftermath of Paramilitary Rule in Colombia », Civil Wars, 2024, pp. 1-27 

    Jacobo Grajales, Anthony Amicelle, Laurent Gayer, Sophie Russo, « Histoires et actualités de l’accumulation coercitive », Mag AFSP , 2023, n°4, pp. 12-13     

    Jacobo Grajales, Ibrahima Coulibaly, « Being a peasant is about resistance: West African peasant movements and the struggle for agrarian justice », The Journal of Peasant Studies, 2023 

    Jacobo Grajales, Annie Shattuck, Ricardo Jacobs, Sergio Sauer, Shaila Seshia Galvin [et alii], « Life on the land: new lives for agrarian questions », The Journal of Peasant Studies, 2023 

    Jacobo Grajales, Ruth Hall, Ricardo Jacobs, Sérgio Sauer, Shaila Seshia Galvin [et alii], « Intertwined histories: JPS at 50, La Via Campesina at 30 », The Journal of Peasant Studies, 2023 

    Jacobo Grajales, Marie Saiget, « From post-conflict to development, a matter of time? Timing of public action and end of conflict in Côte d’Ivoire », Cultures & Conflits, 2022, n°2022-08-15  

    Cet article étudie la transformation des politiques du foncier rural dans le contexte ivoirien. Ce domaine d’intervention a en effet changé depuis la fin du conflit armé en 2011, quand il a été défini par des acteurs de l’aide comme relevant de l’intervention « post-conflit », avant d’être redéfini comme un vecteur de développement économique et de l’« émergence ». Cette contribution analyse les multiples jeux bureaucratiques, à Abidjan comme chez les bailleurs, à l’Agence française de développement, l’Union européenne et la Banque mondiale. Elle met en lumière la manière dont les qualifications et requalifications de l’aide au développement fonctionnent comme des instruments d’orientation de l’action publique sur le foncier. Les séquences temporelles ainsi définies offrent à la fois des cadres de référence et des ressources pour justifier et maîtriser le cours de l’action. Cette recherche est basée sur sept terrains d’enquête conduits en Côte d’Ivoire et à Paris depuis 2016.

    Jacobo Grajales, Marie Saiget, « Repolitiser l’étude de l’aide au développement », Cultures & conflits, 2022, n°2022-08-15, pp. 7-18   

    Jacobo Grajales, Marie Saiget, « Du post-conflit au développement, une question de temps? Temporalités de l’action publique et sortie de conflit en Côte d’Ivoire », Cultures & conflits, 2022, pp. 61-81 

    Jacobo Grajales, Marie Saiget, « Repolitiser l’étude de l’aide au développement », 2022  

    En janvier 1949, le président étasunien Harry Truman affirmait dans un discours historique que l’aide aux pays « sous-développés » aurait vocation, dans le monde de la Guerre froide, à devenir un axe central de la politique étrangère de Washington. C’est la date choisie par commodité par nombre d’études pour faire démarrer une histoire contemporaine de l’aide publique au développement, comprise comme le financement par des États de politiques ayant pour but affiché d’améliorer la situation éc...

    Jacobo Grajales, Marie Saiget, « Du post-conflit au développement, une question de temps ? », 2022  

    L’aide au développement joue un rôle complexe dans les situations de sortie de conflit. D’une part, car elle est appelée à soutenir les effets de stabilisation, en finançant les politiques publiques qui permettent d’asseoir la présence des États sur leur territoire et de répondre aux griefs de divers groupes sociaux. D’autre part, car elle est censée jouer un rôle central dans la reconstruction des économies, consolidant les bases pour une croissance durable, dont on espère qu’elle sera facte...

    Jacobo Grajales, Guillaume Vadot, « Introduction. Entreprises, territoires et pouvoirs politiques : localiser l’analyse du capitalisme extractif », Politix, 2021, n°2020-07-16  

    Vingt ans après le début du boom des commodities, qu’en est-il des formes d’autorité politique qui prévalent dans les espaces dédiés à l’extraction des matières premières et souvent présentés comme les nouvelles frontières du capitalisme ? En prenant pour terrains d’enquêtes des sites miniers, pétroliers, métallurgiques et agro-industriels ainsi que les entreprises qui les exploitent, les contributions rassemblées dans ce dossier témoignent toutes des complications que subit, au local, le projet de cantonnement de l’État dans un rôle de courtier pour les investisseurs. La présente introduction se propose de revenir sur les processus qui produisent, le plus souvent à leur corps défendant, ces ancrages politiques et sociaux des entreprises extractives. Le recul historique dont on dispose depuis la grande vague de privatisations et de libéralisation économique de la fin des années 1990 permet désormais d’observer ces nouveaux espaces extractifs dans la durée et dans leur quotidienneté. Au vu de la résurgence de mécanismes de représentation et de formes d’autorité qui, nourries souvent par des mobilisations locales contestataires, échappent aux entreprises et parviennent même souvent à s’emparer d’un certain degré d’étaticité, il nous apparaît manifeste que ces dernières ne sont pas les enclaves extractives qu’un certain imaginaire du capitalisme contemporain continue à postuler. Au contraire, ces processus incrémentaux tendent à en faire des parties prenantes de territoires politiques négociés et qu’il s’agit de prendre au sérieux.

    Jacobo Grajales, Marie Saiget, « On the edge of the plantation. Intermediation, protest, and adaptation to “land grabbing” in Côte d’Ivoire », Entreprises ancrées, États en jeu ?, 2021, n°2020  

    Les investissements dans l’agro-industrie façonnent aujourd’hui de très diverses régions rurales. En Afrique, en Amérique latine et en Asie du Sud, mais aussi dans le monde postcommuniste, les entreprises de ce secteur sont décrites comme des « enclaves », face auxquelles se dresseraient des « communautés locales » opposées à « l’accaparement » de leurs terres. Tout en montrant les enjeux profonds de ces installations agro-industrielles, cet article propose de complexifier ce récit, mettant l’accent sur la façon dont l’implantation d’une entreprise reconfigure les rapports de force et les mobilisations à l’échelle locale. Il souligne alors l’existence d’un continuum entre les activités d’intermédiation, les formes les plus visibles de protestation et des modalités plus prosaïques d’adaptation, qui apparaissent notamment lorsqu’on s’intéresse de près aux rapports entre mobilisations locales et militantisme transnational. Ces diverses formes d’action contribuent in fine à arrimer la société agro-industrielle dans l’espace social et politique local. Cette proposition est mise en application dans l’étude d’un territoire marqué par la culture agro-industrielle du palmier à huile : la région ivoirienne du Sud-Comoé, et est documentée par plusieurs séjours de terrain répétés entre 2016 et 2019.

    Jacobo Grajales, « Losing land in times of peace: post-war agrarian capitalism in Colombia and Côte d'Ivoire », The Journal of Peasant Studies, 2021, n°5, pp. 1054-1074 

    Jacobo Grajales, Pénélope Larzillière, E.C. Calabrese, G. Manrique, V. Napolitano [et alii], « Engagements et désengagements combattants : les émotions comme outil d'analyse », Critique Internationale, 2021, n°2, pp. 163-181 

    Jacobo Grajales, Jean-Pierre Chauveau, Éric Léonard, « Introduction : foncier et violences politiques en Afrique », Revue internationale des études du développement, 2020, n°2020-09, pp. 7-35 

    Jacobo Grajales, Guillaume Vadot, « Introduction. Entreprises, territoires et pouvoirs politiques : localiser l’analyse du capitalisme extractif », Politix, 2020, n°4, pp. 7-21   

    Jacobo Grajales, Cécile Jouhanneau, « L’ordinaire de la sortie de guerre », Gouvernement et Action Publique, 2020, n°2019  

    Afin de rendre compte des processus politiques et sociaux à l’œuvre dans la sortie de guerre, ce dossier explore la production de l’action publique dans des secteurs fréquemment négligés par les spécialistes du « post-conflit ». Il se situe ainsi à rebours des approches exceptionnalistes du « post-conflit », focalisées sur les bouleversements induits par la guerre et sur des dispositifs singuliers visant la construction de la paix (peacebuilding). L’enjeu est donc de repérer empiriquement les articulations entre la guerre, les efforts visant à y mettre fin, et d’autres sphères d’action publique. L’article introductif relie cette posture à des travaux récents insistant sur l’ordinaire dans les situations de guerre, propose un bref état des lieux de la recherche et s’attarde sur les principaux objectifs du dossier : réfléchir aux usages multiples de la catégorie de « post-conflit » dans la fabrique de l’action publique et retracer les diverses manières dont un passé guerrier peut avoir une emprise sur les politiques publiques.

    Jacobo Grajales, « Les terres de la paix. Politiques foncières et sortie de conflit en Colombie », 526eb712-0a26-473f-aa6a-6d0f9c89c7c1, 2020, n°2019  

    Cette contribution s’intéresse à l’inscription d’un secteur d’action publique dans le domaine de la sortie de conflit ; elle analyse les mécanismes de ce déplacement, ainsi que ses effets sur le cadrage des problèmes et les relations entre acteurs. Prenant le cas de la politique foncière rurale en Colombie, l’article montre comment l’association entre terre et post-conflit est politiquement et socialement construite, dans des interactions qui engagent à la fois des institutions étatiques et des acteurs de l’aide publique au développement. Il décrit la transformation de la relation entre les acteurs, marquée notamment par l’internationalisation du problème du foncier rural. Enfin, l’article analyse la façon dont se nouent des concurrences pour apparaître comme un acteur central de la transition de la guerre vers la paix.

    Jacobo Grajales, « De la guerre à la prospérité ? Politiques foncières et économie de la paix en Côte d’Ivoire », Review of African Political Economy, 2020, n°2020-04-06, pp. 78-94    

    Cet article étudie la production de la domination économique après la fin du conflit armé ivoirien. Il analyse l’interaction entre les politiques de développement et sortie de conflit, les attentes et les craintes déclenchées par la fin de la guerre, et la capacité des acteurs locaux à établir des alliances externes. L’enquête se concentre sur une région située en marge du conflit, mais au cœur des programmes de développement post-conflit. Dans cette terre sans guerre, les politiques mises en œuvre au nom de la paix fournissent des ressources aux acteurs dominants qui cherchent à consolider leur position, renforçant ainsi les structures sociales du capitalisme agraire qui avaient été mises en cause pendant la guerre.

    Jacobo Grajales, « A land full of opportunities? Agrarian frontiers, policy narratives and the political economy of peace in Colombia », Third World Quarterly, 2020, n°2020-04-16, pp. 1141-1160   

    Jacobo Grajales, « Losing land in times of peace: post-war agrarian capitalism in Colombia and Côte d'Ivoire », The Journal of Peasant Studies, 2020, n°2021-06-30 

    Jacobo Grajales, « Où sont passés les criminels ? Transformations de la guerre et catégorisations de la violence en Colombie », Politix, 2020, n°2018 

    Jacobo Grajales, « L’agro-business au village. La notion d’accaparement de terres à l’épreuve du cas ivoirien », Politique africaine, 2020, n°2018 

    Jacobo Grajales, Marie Saiget, « En lisière de la plantation. Intermédiation, protestation et adaptation aux accaparements de terres en Côte d’Ivoire », Politix, 2020, n°4, pp. 99-122   

    Jacobo Grajales, « From war to wealth? Land policies and the peace economy in Côte d’Ivoire », Review of African Political Economy, 2020 

    Jacobo Grajales, « Faire la guerre contre la drogue . Relations asymétriques et adoption d’un régime répressif », Cultures & Conflits, 2019, n°2016  

    L’importation du régime global de prohibition des drogues dans des pays dépendants apparaît à première vue comme le signe éclatant de l’hégémonie de certains États dans la conduite des affaires du monde. Or, si l’asymétrie de ces relations est réelle, l’importation d’un agenda répressif, des normes qui lui sont attachées et des instruments politiques de leur mise en œuvre ne résultent pas moins des jeux politiques et bureaucratiques internes. Par une étude de l’engagement de l’État colombien dans la lutte contre la drogue entre la fin des années 1970 et le début des années 1990, cette contribution se propose de réfléchir à la manière dont la politique interne et les relations internationales s’entremêlent. La méthode consiste alors à analyser les rapports qu’entretiennent avec l’international les processus d’émergence, de politisation et de transformation d’un problème public.

    Jacobo Grajales, « Quand les juges s’en mêlent. Le rôle de la justice dans la démobilisation des groupes paramilitaires en Colombie », Critique internationale, 2019, n°2016 

    Jacobo Grajales, « El proceso de desmovilización de los paramilitares en Colombia: entre lo político y lo judicial », Desafíos, 2019, n°2011 

    Jacobo Grajales, « From Plunder to Accumulation: Violence, Pacification and Land Conflicts in Colombia », Critique internationale, 2019, n°2017-05-01  

    Le conflit armé colombien de ces dernières décennies a été marqué par l’importance des affrontements d’ordre foncier. Déterminants dans l’apparition des acteurs armés, ces affrontements ont été exacerbés par des stratégies de spoliation et d’accaparement des terres, qui ont provoqué des déplacements forcés de populations ainsi que la reconfiguration des territoires. La démobilisation des milices paramilitaires, principaux auteurs de cette spoliation, et la relative stabilisation de la situation sécuritaire depuis le milieu des années 2000 n’ont pas conduit à une remise en cause profonde des formes d’accumulation issues de la guerre. Au contraire, les transformations en cours aujourd’hui se caractérisent soit par un usage plus discret de la violence, soit par l’émergence de nouveaux acteurs économiques, en phase avec le discours et les exigences normatives d’une situation qualifiée de « sortie de guerre ». Sur la base de ce constat, cette contribution propose une discussion critique non seulement de l’économie politique du foncier rural en situation de post-conflit mais aussi, plus généralement, de la caractérisation de ces contextes en termes de rupture et de transformation.

    Jacobo Grajales, « Land grabbing, legal contention and institutional change in Colombia », Global land grabbing and political reactions 'from below', 2019, n°2015-03-16 

    Jacobo Grajales, « The rifle and the title: paramilitary violence, land grab and land control in Colombia », Journal of Peasant Studies, 2019, n°2011-10 

    Jacobo Grajales, « Violence Entrepreneurs, Law and Authority in Colombia », Development and Change, 2019, n°2016-11-01 

    Jacobo Grajales, « State Involvement, Land Grabbing and Counter-Insurgency in Colombia », Governing the Global Land Grab: The Role of the State in the Rush for Land, 2019, n°2013-03 

    Jacobo Grajales, « Privatisation et fragmentation de la violence en Colombie: L’État au centre du jeu », Revue francaise de science politique, 2019, n°2017  

    Une littérature abondante a récemment mis en cause les approches des rapports entre la violence et l’État en termes de faiblesse étatique. L’analyse fine des relations entre groupes armés et institutions étatiques fait plutôt apparaître des formes d’accommodement ou de délégation. Tout en prenant ces acquis théoriques comme point de départ, cette contribution analyse un cas « extrême », dont les caractéristiques diffèrent des cas les plus étudiés. À travers l’étude des milices paramilitaires colombiennes, ce texte analyse comment la multiplication des violences n’aboutit pas à une mise hors-jeu de l’État, mais plutôt à la réaffirmation de sa centralité.

    Jacobo Grajales, « Private Security and Paramilitarism in Colombia: Governing in the Midst of Violence », Journal of Politics in Latin America, 2019, n°2017 

    Jacobo Grajales, « Sortie de conflit et capitalisme agraire en Colombie : une esquisse d’analyse », IdeAs - Idées d’Amérique, 2019, n°2017 

    Jacobo Grajales, « Quand les juges s’en mêlent. Justice et violence dans la démobilisation des groupes paramilitaires colombiens », Critique internationale, 2019, n°2016  

    L’engagement de négociations à partir de 2003 entre le gouvernement colombien et les groupes paramilitaires en vue de la démobilisation de ces derniers a profondément transformé le rapport des institutions judiciaires à la violence organisée. En effet, les pourparlers et le processus de démobilisation qui s’est ensuivi ont été marqués par la réaffirmation de la part des magistrats placés au sommet de la hiérarchie judiciaire de leurs prérogatives dans le traitement des groupes armés. Plus largement, on a assisté au positionnement de la justice en tant qu’instance incontournable de qualification de la violence et de détermination des responsabilités dans les exactions commises durant le conflit armé. Alors que de fortes pressions existaient en faveur d’une solution qui aurait favorisé la stabilisation de la situation politique, les juges ont investi le registre du dévoilement, pour mettre au jour les collusions qui avaient sous-tendu la violence paramilitaire. Cette redéfinition du rôle de la justice découle d’une tendance à la judiciarisation du jeu politique qui s’inscrit dans une durée plus longue que celle de ce processus.

    Jacobo Grajales, « La terre, entre guerre et paix. Politiques foncières et sortie de conflit en Colombie », 2232bed5-e89e-4ef1-901a-305fef8ec2e8, 2019, n°2016  

    L’année 2016 a marqué l’aboutissement des négociations de paix entre le gouvernement colombien et les Farc, après quatre ans de tractations à la Havane. Même si durant toute la période l’issue du processus est restée aléatoire, rares ont été les acteurs politiques qui ont attendu la signature de la paix pour en réclamer les fruits. De nouvelles politiques publiques sont en marche, et dans le domaine rural et foncier, la rupture avec le passé violent est mise en scène de manière fracassante. Cependant, les transformations conduites au nom de la consolidation de la paix ont des effets plus discrets. Elles génèrent d’ores et déjà une marchandisation accrue de la terre, qui risque d’attiser l’exclusion et la dissension dans les campagnes. S’il est indéniable que l’agenda du post-conflit inclut des politiques de réparation à l’égard des victimes et de protection des petits producteurs, l’appréhension de la paix comme opportunité pour le développement économique génère également un intérêt pour des territoires définis comme de nouvelles frontières agraires. Ainsi, l’exploitation agro-industrielle et la transformation de la nature en marchandise sont non seulement légitimées, mais semblent faire partie des mutations sociales que la paix rend possibles et même souhaitables.

    Jacobo Grajales, « Le droit, la violence et la terre : le rôle de l’État dans l’accaparement foncier en Colombie », Cahiers des Amériques latines, 2019, n°2016  

    Le phénomène d’accaparement de terres a souvent été imputé à la faiblesse de l’État dans les pays du Sud. Or il est souvent impossible de le comprendre sans porter un regard sur les politiques foncières, sur les paradigmes du développement agricole et sur les visions du territoire produites par l’État. Le marché des terres est structuré par les liens qu’entretiennent des acteurs économiques – légaux comme illégaux – avec la sphère étatique. Cette contribution explore, à partir du cas de l’accaparement violent de terres en Colombie, le rôle de l’État à la fois dans sa composante institutionnelle et dans les réseaux politiques qui participent à l’exercice du pouvoir. Or, elle montre également que, malgré la place centrale de l’État dans la spoliation des ressources foncières, celui-ci demeure un lieu de dénonciation et de mobilisation, ce qui illustre la puissance du référentiel étatique et l’importance de l’État comme espace central du jeu politique.

    Jacobo Grajales, « Les terres de la paix. Politiques foncières et sortie de conflit en Colombie », Gouvernement & action publique, 2019, n°4, p. 25   

    Jacobo Grajales, Cécile Jouhanneau, « L’ordinaire de la sortie de guerre », Gouvernement & action publique, 2019, n°4, p. 7   

    Jacobo Grajales, Cécile Jouhanneau, « L'ordinaire de la sortie de guerre. Sociologie de l'action publique après la violence armée », Gouvernement & action publique, 2019, n°4, p. 186 

    Jacobo Grajales, « Où sont passés les criminels ? Transformations de la guerre et catégorisations de la violence en Colombie », Politix, 2018, n°3, pp. 171-193 

    Jacobo Grajales, « L’agro-business au village. La notion d’accaparement de terres à l’épreuve du cas ivoirien », Politique africaine, 2018, n°3, pp. 155-177 

    Jacobo Grajales, « Sortie de conflit et capitalisme agraire en Colombie : une esquisse d’analyse », 2017  

    Le vote de la loi sur les « zones d’intérêt pour le développement rural, économique et social » (ZIDRES) en janvier 2016, sa validation par la Cour constitutionnelle un an plus tard et la récente diffusion d’un projet de loi « d’aménagement social de la propriété et des terres rurales » témoignent d’une tension qui traverse la reconfiguration récente des politiques foncières et agraires en Colombie et qui sera probablement exacerbée par la mise en œuvre des accords de paix avec les FARC. Cett...

    Jacobo Grajales, « De la spoliation à l’accumulation : violence, pacification et conflits fonciers en Colombie », Critique Internationale, 2017   

    Jacobo Grajales, « De la spoliation à l’accumulation : violence, pacification et conflits fonciers en Colombie », Critique internationale , 2017, n° ° 75, pp. 21-36    

    Le conflit armé colombien de ces dernières décennies a été marqué par l’importance des affrontements d’ordre foncier. Déterminants dans l’apparition des acteurs armés, ces affrontements ont été exacerbés par des stratégies de spoliation et d’accaparement des terres, qui ont provoqué des déplacements forcés de populations ainsi que la reconfiguration des territoires. La démobilisation des milices paramilitaires, principaux auteurs de cette spoliation, et la relative stabilisation de la situation sécuritaire depuis le milieu des années 2000 n’ont pas conduit à une remise en cause profonde des formes d’accumulation issues de la guerre. Au contraire, les transformations en cours aujourd’hui se caractérisent soit par un usage plus discret de la violence, soit par l’émergence de nouveaux acteurs économiques, en phase avec le discours et les exigences normatives d’une situation qualifiée de « sortie de guerre ». Sur la base de ce constat, cette contribution propose une discussion critique non seulement de l’économie politique du foncier rural en situation de post-conflit mais aussi, plus généralement, de la caractérisation de ces contextes en termes de rupture et de transformation.

    Jacobo Grajales, « Privatisation et fragmentation de la violence en Colombie: L’État au centre du jeu », Revue Française de Science Politique, 2017, n°2, pp. 329-348   

    Jacobo Grajales, « Private Security and Paramilitarism in Colombia: Governing in the Midst of Violence », Journal of Politics in Latin America, 2017   

    Jacobo Grajales, « Sortie de conflit et capitalisme agraire en Colombie : une esquisse d’analyse », IdeAs - Idées d’Amérique, 2017 

    Jacobo Grajales, « De la spoliation à l’accumulation : violence, pacification et conflits fonciers en Colombie », Critique internationale, 2017 

    Jacobo Grajales, « Privatisation et fragmentation de la violence en Colombie », Revue française de science politique, 2017 

    Jacobo Grajales, « Private Security and Paramilitarism in Colombia: Governing in the Midst of Violence ; Seguridad privada y paramilitarismo en Colombia: Gobernar en medio de la violencia », Journal or Politics in Latin America, 2017 

    Jacobo Grajales, « Le droit, la violence et la terre : le rôle de l’État dans l’accaparement foncier en Colombie », Cahiers des Amériques latines, 2016  

    Le phénomène d’appropriations massives de terres, popularisé sous le terme de land grabbing, a souvent été interprété comme une conséquence de la faiblesse des États dans les pays du Sud [BM, 2010]. L’accaparement foncier serait lié à la faiblesse des règles de droit, à l’absence de registres fonciers fiables et à l’incapacité des administrations à faire face à la demande internationale pour la terre. Une telle vision a été abondamment critiquée depuis une perspective attentive aux ancrages s...

    Jacobo Grajales, « Le droit, la violence et la terre : le rôle de l’État dans l’accaparement foncier en Colombie », Cahiers des Amériques Latines, 2016     

    Jacobo Grajales, « Violence Entrepreneurs, Law and Authority in Colombia », Development and Change, 2016, n°6, p. 12941315     

    Jacobo Grajales, « La terre, entre guerre et paix. Politiques foncières et sortie de conflit en Colombie », Les Etudes du CERI, 2016, n°223     

    Jacobo Grajales, « Faire la  guerre contre la drogue . Relations asymétriques et adoption d’un régime répressif », conflits, 2016  

    En mai 1983, Semana, l’hebdomadaire politique le plus prestigieux de Colombie, dédiait sa Une à Pablo Escobar. Il le qualifiait de « Robin des bois » local, titre attribué en raison de la munificence dont il faisait alors preuve envers les quartiers pauvres de sa ville de Medellín . À cette même époque, Carlos Lehder, fils d’un immigré allemand et pittoresque créateur du parti national-latino dont la rhétorique antiaméricaine versait dans l’exaltation du nazisme, organisait des meetings polit...

    Jacobo Grajales, « Quand les juges s’en mêlent. Le rôle de la justice dans la démobilisation des groupes paramilitaires en Colombie », Critique internationale , 2016, n° ° 70, pp. 117-136    

    L’engagement de négociations à partir de 2003 entre le gouvernement colombien et les groupes paramilitaires en vue de la démobilisation de ces derniers a profondément transformé le rapport des institutions judiciaires à la violence organisée. En effet, les pourparlers et le processus de démobilisation qui s’est ensuivi ont été marqués par la réaffirmation de la part des magistrats placés au sommet de la hiérarchie judiciaire de leurs prérogatives dans le traitement des groupes armés. Plus largement, on a assisté au positionnement de la justice en tant qu’instance incontournable de qualification de la violence et de détermination des responsabilités dans les exactions commises durant le conflit armé. Alors que de fortes pressions existaient en faveur d’une solution qui aurait favorisé la stabilisation de la situation politique, les juges ont investi le registre du dévoilement, pour mettre au jour les collusions qui avaient sous-tendu la violence paramilitaire. Cette redéfinition du rôle de la justice découle d’une tendance à la judiciarisation du jeu politique qui s’inscrit dans une durée plus longue que celle de ce processus.

    Jacobo Grajales, « Faire la guerre contre la drogue . Relations asymétriques et adoption d’un régime répressif », Cultures & conflits, 2016, pp. 181-198   

    Jacobo Grajales, « Quand les juges s’en mêlent. Justice et violence dans la démobilisation des groupes paramilitaires colombiens », Critique Internationale, 2016, n°1, pp. 117-136 

    Jacobo Grajales, « Quand les juges s’en mêlent. Le rôle de la justice dans la démobilisation des groupes paramilitaires en Colombie », Critique Internationale, 2016 

    Jacobo Grajales, « Land grabbing, legal contention and institutional change in Colombia », The Journal of Peasant Studies, 2015, n°34, pp. 541-560   

    Jacobo Grajales, « State Involvement, Land Grabbing and Counter-Insurgency in Colombia », Development and Change, 2013, n°2, p. 211232   

    Jacobo Grajales, « The rifle and the title: paramilitary violence, land grab and land control in Colombia », Journal of Peasant Studies, 2011, n°4 

    Jacobo Grajales, « El proceso de desmovilización de los paramilitares en Colombia: entre lo político y lo judicial », Desafíos, 2011, n°2, pp. 149-194      

    El tratamiento del paramilitarismo en Colombia ha oscilado entre lo político y lo penal, en relación estrecha con la evolución del conflicto interno. Este artículo analiza las recientes negociaciones llevadas a cabo por el gobierno de Álvaro Uribe Vélez (2002-2010) con los grupos paramilitares. Después de un recuento del sendero de dependencia que determinó este episodio histórico, se analiza la utilización estraté-gica que los diferentes actores hicieron de las categorías judiciales. Se muestra cómo estas categorías –criminal de guerra, delincuente político, narcotraficante, etc. – no dependen de la naturaleza intrínseca del actor armado, sino que son construidas en un proceso conflictivo hecho de luchas materiales y simbólicas. La capacidad de categorizar las violencias privadas, entre legítimas o ilegítimas, políticas o criminales,

  • Jacobo Grajales, Pénélope Larzillière, Justice, injustice et émotions politiques, 2020   

  • Jacobo Grajales, [Compte rendu de :] Aldo Civico. The Para-State: An Ethnography of Colombia's Death Squads (Oakland, University of California Press, 2016), Sciences Po University Press, 2016, 6e éd., pp. 1034-1035 

    Jacobo Grajales, State Involvement, Land Grabbing and Counter-Insurgency in Colombia, 2013 

  • Jacobo Grajales, « From criminal entrepreneurs to agribusiness corporations. Rupture and continuity in the violence-land grabbing nexus in Colombia », le 23 octobre 2019  

    L’année 2016 a marqué l’aboutissement des négociations de paix entre le gouvernement colombien et les Farc, après quatre ans de tractations à la Havane. Même si durant toute la période l’issue du processus est restée aléatoire, rares ont été les acteurs politiques qui ont attendu la signature de la paix pour en réclamer les fruits. De nouvelles politiques publiques sont en marche, et dans le domaine rural et foncier, la rupture avec le passé violent est mise en scène de manière fracassante. Cependant, les transformations conduites au nom de la consolidation de la paix ont des effets plus discrets. Elles génèrent d’ores et déjà une marchandisation accrue de la terre, qui risque d’attiser l’exclusion et la dissension dans les campagnes. S’il est indéniable que l’agenda du post-conflit inclut des politiques de réparation à l’égard des victimes et de protection des petits producteurs, l’appréhension de la paix comme opportunité pour le développement économique génère également un intérêt pour des territoires définis comme de nouvelles frontières agraires. Ainsi, l’exploitation agro-industrielle et la transformation de la nature en marchandise sont non seulement légitimées, mais semblent faire partie des mutations sociales que la paix rend possibles et même souhaitables.

    Jacobo Grajales, « Les bandits qui se croyaient héros. Crime, violence et groupes paramilitaires en Colombie », Colloque international "Violences extrêmes : comment en sortir ? Ce que nous enseigne l'Amérique latine", Paris, le 14 décembre 2017 

    Jacobo Grajales, « Terrorisme et infraction politique », le 16 novembre 2017  

    Journée d’étude organisée sous la direction de Julie Alix et Olivier Cahn

    Jacobo Grajales, « L’État au centre du jeu. Violence et groupes paramilitaires en Colombie », Forum international "Guerre et politique", Paris, le 03 novembre 2017 

    Jacobo Grajales, « Où sont passés les bandits ? Criminalisation de la guerre et qualifications de la violence en Colombie », Congrès de l'Association française de science politique (AFSP), Montpellier, le 10 juillet 2017 

    Jacobo Grajales, « From criminal entrepreneurs to agribusiness corporations. Rupture and continuity in the violence-land grabbing nexus in Colombia », International colloquium Global governance/politics: climate justice & agrarian/social justice: linkages and challenges, La Haye Netherlands (NL), le 04 février 2016 

    Jacobo Grajales, « La terre, entre guerre et paix. Politiques foncières et post-conflit en Colombie », Colloque "Négociations de paix et enjeux du post-conflit en Colombie", Bruxelles Belgium (BE), le 30 mai 2016 

  • Jacobo Grajales, Justice, injustice et émotions politiques, Colloque international « Sortir de la violence », Session 3 

    Jacobo Grajales, Question sociale, créations culturelles | Colloque Colombie 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Benjamin Levy, Terre, travail et violence à la périphérie du capitalisme agraire : contradictions sociales et conflit armé au sein des plantations du Magdalena, Colombie (1964-2006), thèse soutenue en 2023 à Université Grenoble Alpes en co-direction avec Anne-Laure Amilhat-Szary et Jacobo Grajales Lopez, membres du jury : Laurent Gayer (Rapp.), Benedikt Korf (Rapp.), Pierre Gautreau  

    Cette thèse explore les articulations du développement agro-industriel et du conflit armé dans la production de l’espace ainsi que dans l’organisation des relations sociales et politiques. En Colombie, le conflit armé a frappé de manière particulièrement intense les espaces de production agro-industrielle. En retraçant la géohistoire des bananeraies du nord est du pays, dans le département du Magdalena, cette recherche interroge à différentes échelles les liens entre ce mode de développement rural, les conflits sociaux et les expressions locales du conflit armé de 1964 à 2006. Elle fait l’hypothèse que la violence est non seulement déterminée par les rivalités politiques colombiennes, mais aussi par les structures et les dynamiques socio-économiques des plantations agricoles. Elle démontre que cette violence trouve une expression particulière au sein des arrangements et des disputes formés autour de la terre, du travail et de la sécurité. Ces conflits apparaissent conditionnés par les dynamiques de la chaîne de valeur et des marchés agricoles internationaux. La thèse révèle enfin que les spécialistes de la violence deviennent des intermédiaires entre planteurs, ouvriers et paysans au sein du régime local de contrôle des ressources et du travail.

    Maxime Poirion, Du déclin à 'l'exemplarité' ? Mise à l'agenda et matérialité des politiques de transition énergétique dans les Hauts-de-France, thèse en cours depuis 2022  

    Dans la Région Hauts-de-France, bon nombre de territoires ont été touchés par la fin de l'industrie minière ou textile faisant entrer ces espaces dans une phase de décroissance urbaine (Miot, 2021). Pour autant, malgré ce contexte de déclin, la Région et certaines de ces communes se sont vues progressivement construites comme des sites exemplaires en matière de transition énergétique. Cette thèse vise alors à comprendre comment des territoires ayant traversé un processus de déclin économique sont dorénavant construits comme des espaces exemplaires dans les processus de transition énergétique. En d'autres termes, ce travail vise à saisir la fabrique politique de l'exemplarité de ces territoires à partir de l'étude des politiques de transition énergétique qui y sont déployées. Il repose pour cela sur l'étude comparée de plusieurs territoires de la région Hauts-de-France, illustrative de ce type de processus.

    Toni-giovanni Pegurri, Foncier rural et construction de la paix en Côte d'Ivoire., thèse en cours depuis 2021 en co-direction avec Jacobo Grajales Lopez  

    Cette thèse s'intéresse à la mise en œuvre de la politique foncière dans le processus de sortie de conflit en Côte d'Ivoire.

    Meryam El BOUHATI, Nexus Environnement-Construction de la Paix , thèse en cours depuis 2020  

    Les questions environnementales semblent préoccuper les dirigeants, et depuis le Sommet de la Terre en 1992, les organisations internationales (OI), les agences de développement internationales et les organisations non gouvernementales (ONG) accordent une attention accrue aux risques environnementaux. Des recherches antérieures ont examiné l'intérêt croissant de ces organisations pour les questions environnementales en étudiant leur impact sur les politiques locales et internationales ainsi que leur rôle dans les conflits armés et les processus de consolidation de la paix. Cependant, les connaissances scientifiques sur les implications et les impacts potentiels des stratégies et des politiques liées à la paix environnementale et à la sécurité au niveau mondial, national et local sont limitées et fragmentées. Cette thèse aura pour objectif de proposer une analyse des discours et des pratiques d'une organisation internationale dans une zone définie du continent africain. Nous examinerons les conditions de succès de cette approche et ses limites. Cette recherche contribuera à la littérature en approfondissant le concept de 'Nexus Environnement-construction de la paix' et proposera un guide méthodologique pour l'intégration de cette approche dans les organisations internationales.

    Ronan Crézé, La gouvernance foncière en milieu rural. Analyse comparée de trois institutions de gestion du foncier en France (Safer, SCTL, ZDUC), thèse en cours depuis 2019  

    La thèse porte sur la comparaison de trois institutions participant à la gouvernance du foncier en milieu rural.

  • Robin Beaumont, Prophètes d'État : formes et figures des islams politiques chiites en Irak (2003-2018), thèse soutenue en 2022 à Paris EHESS sous la direction de Sabrina Mervin, membres du jury : Olivier Roy (Rapp.), Elvire Corboz, Stéphane Lacroix, Laurence Louër et Patrick Michel  

    Le retour en Irak en 2003 des mouvements d’opposition à Saddam Hussein donne lieu à une configuration inédite : le contrôle de l’État par un oligopole de partis issus de l’islam politique chiite, qui doivent composer avec l’existence d’une institution cléricale autonome du pouvoir étatique. Cette thèse interroge les façons dont les islamismes chiites se trouvent contraints par les autorités cléricales de la marja‘iyya dans leur usage de la ressource religieuse, les stratégies qu’ils mobilisent pour la contourner dans leurs pratiques politiques, et les recompositions idéologiques auxquelles donne lieu la guerre contre l’État Islamique (2014-2017), où une partie de ces mouvements combat sous la bannière de la Mobilisation populaire. Partant, nous faisons l’hypothèse de trois grands effets produits par cette configuration : la marginalisation politique de l’institution cléricale chiite par des acteurs secondaires du champ religieux, la participation de groupes armés à la consolidation d’un imaginaire d’État, et la diffraction de l’autorité religieuse chiite. L’enquête se fonde sur l’étude de sources écrites originales et un corpus d’entretiens conduits principalement en Irak depuis 2013 auprès d’acteurs politiques, religieux et miliciens. Ce travail entend ainsi nourrir plusieurs débats de la sociologie politique, tels que l’opposition entre quiétisme et activisme des autorités religieuses chiites, l’effondrement de l’État par la milicisation du politique, ou la centralité de la variable religieuse dans la pratique des mouvements islamistes. Ce faisant, nous espérons contribuer à intégrer le cas du chiisme irakien à la réflexion sur les islams politiques contemporains.

    Maïlys Mangin, La conversion de l'AIEA à la lutte contre la prolifération nucléaire : une internationalisation tactique des jeux gouvernementaux nord-américains, d'Atoms for peace aux sanctions contre les « Atomic ayatollahs », thèse soutenue en 2022 à Université de Lille 2022 sous la direction de Yves Buchet de Neuilly, membres du jury : Grégoire Mallard (Rapp.), François-Xavier Dudouet (Rapp.), Florent Pouponneau    

    Cette thèse analyse les transformations des missions de non-prolifération nucléaire de l’AIEA (Agence Internationale de l'Énergie Atomique) et des usages qui en sont faits, de sa création pendant la guerre froide à la crise nucléaire iranienne. Elle expose les fondements sociaux d'un processus de politisation de l’AIEA, caractérisé par l'intensification et la conflictualisation des échanges de coups entre les acteurs et secteurs sociaux qui mobilisent les ressources institutionnelles de cette OI. A partir d'entretiens et d'archives variés, la thèse met ainsi en lumière les contraintes que ce contexte de politisation exerce sur les perceptions et les pratiques des acteurs à l'intérieur comme à l'extérieur des frontières institutionnelles de l'AIEA. La thèse retrace d’abord comment le système bipolaire, puis son effondrement, pèsent sur la façon dont les acteurs de la politique étrangère nord-américaine se saisissent du problème de la prolifération nucléaire, et structurent les formes de mobilisation de l'AIEA à cet égard. Après avoir été un effet secondaire de la politique d'exportation nucléaire civile des États-Unis, les activités de non-prolifération de l'AIEA sont remises en question dans le cadre de luttes étasuniennes pour la restructuration post-guerre froide de la politique étrangère au Moyen-Orient. Cette thèse analyse ensuite comment ce processus de politisation, en tant que logique de situation, structure la façon dont l’expertise de l'AIEA est produite et mobilisée dans le cadre du dossier iranien. Elle démontre que l'enquête de l'AIEA en Iran, à partir de 2003, constitue autant un processus technique autonome qu'un carburant de la compétition pour la définition des activités nucléaires iraniennes (in)acceptables. En cela, cette thèse propose une alternative à la sociologie « circulatoire » en substituant à l'étude des logiques d'import-export entre espaces nationaux celle d'une interdépendance tactique entre des espaces sociaux sans proximité géographique. Dépassant l’opposition entre usages instrumentaux et vertus légitimantes des OI, cette approche participe à renouveler l’analyse des usages stratégiques des OI et leurs effets.

  • Camille Popineau, Faire la guerre, faire l'État : sociohistoire de la rébellion des forces nouvelles de Côte d'Ivoire (1990-2020), thèse soutenue en 2023 à Paris 1 sous la direction de Gilles Dorronsoro et Richard Banégas, membres du jury : Sandrine Lefranc (Rapp.), Ricardo Soares de Oliveira et Didier Péclard  

    L’auteure propose une sociohistoire de la rébellion des Forces nouvelles en Côte d’Ivoire (2002-2011) et interroge la façon dont la guerre a changé la trajectoire de l’État ivoirien du début des années 1990 à aujourd’hui. En analysant la trajectoire des acteurs et des groupes sociaux actifs dans la rébellion, cette thèse donne à voir l’évolution du champ politique ivoirien. D’abord, les trajectoires de ces acteurs avant, pendant et après la guerre montrent que, si la guerre amène à une reconfiguration des élites dirigeantes, elle n’affecte que marginalement les critères d’entrée dans le champ du pouvoir et les modes de production et de reproduction de la classe dirigeante ivoirienne, qui passent par des logiques d’assimilation de nouveaux groupes. Ensuite, la thèse montre que les logiques de patronage continuent d’être au fondement de l’exercice du pouvoir dans la Côte d’Ivoire post-conflit, mais que les réseaux bénéficiant de ces relations de dépendance se complexifient après la guerre, en intégrant les hommes en armes à la suite des accords de paix. De ce fait, le nouveau régime qui s’impose dans l’après-guerre repose sur une économie politique violente. Ainsi, cette thèse redonne à la guerre sa place dans la compréhension des trajectoires historiques de formation de l’État et de la domination en Afrique.

    Giovanni Zanoletti, Le "djihad de la vache" : pastoralisme et formation de l'État au Mali, thèse soutenue en 2020 à Paris 10 sous la direction de Béatrice Hibou, membres du jury : Louisa N. Lombard (Rapp.), Olivier Roy, Marielle Debos, Charles Grémont et Mahaman Sanoussi Tidjani Alou    

    Pourquoi choisir la « vache » pour guider l’analyse de la formation de l’État au Mali ? L’angle du pastoralisme permet d’analyser la formation de l’État à partir de l’articulation de deux registres, celui de la sécurité ontologique et celui de l’économie du développement, et des deux temporalités qui leur correspondent : la temporalité de l’adaptation - où priment les institutions historiques fondées sur l’itinérance et sur les liens entre terroirs et individus - et la temporalité d’un mode de vie « bureaucratique », où priment l’anticipation et la prévisibilité du futur. Par exemple, en fonction des situations, la vache peut constituer une réserve de valeur économique, un outil de gouvernement, et parfois même les deux à la fois. Le sens que la société malienne confère aujourd’hui aux différents modes d’existence semble donc être façonné de concert par ces deux registres. Le « djihad de la vache » l’illustre de manière exemplaire : face aux bouleversements entraînés par la construction de l’État-nation, les relations de production dans le milieu pastoral deviennent prévisibles grâce à la systématisation du « confiage » - institution historique qui consiste à confier des troupeaux à des bergers selon des logiques complexes et instables d’alliances entre terroirs. Cette systématisation se réalise grâce à une bureaucratie, qui n’est pas étatique mais qui est incarnée par la « conduite de vie » djihadiste. À travers l’analyse de la « vache », cette thèse suggère donc que le « djihad » ne s’oppose pas à l’État mais qu’il est au contraire une modalité de sa formation, fut-elle « distordue » : il répond en effet aux demandes de sécurité « ontologique » des gens, mais il le fait essentiellement en faisant coïncider « prévisibilisation » des modes d’existence et salut de l’âme.

    Miguel Andrés Herrera Ríos, Gouverner la justice en Équateur (1979-2019) : réformes institutionnelles et modes concurrents de régulation d'un pouvoir d'État, thèse soutenue en 2019 à Paris 1 sous la direction de Jean-Louis Briquet, membres du jury : Camille Goirand (Rapp.), Cécile Vigour et Delphine Dulong  

    Cette thèse porte sur les transformations du pouvoir judiciaire survenues en Équateur entre 1979 et 2019. En se démarquant des approches dominantes en Amérique latine qui se concentrent sur l’ indépendance» du pouvoir judiciaire envers les acteurs politiques, cette recherche propose une analyse en termes de gouvernement de la justice qui permettra d’aborder cette problématique selon un autre angle d’observation. Il ne s’agit donc pas de mesurer le degré d’indépendance de la justice ou la qualité des décisions judiciaires, mais plutôt d’examiner comment ont changé les règles et les logiques qui régulent le mode de fonctionnement de ces institutions en Équateur. S’appuyant sur des débats parlementaires, des articles de presse et des entretiens réalisés auprès de magistrats de la Cour suprême, cette thèse tente de reconstituer, d’une part, la trajectoire de la question judiciaire depuis 1979 – année qui marque la fin des gouvernements militaires en Équateur – et d’autre part, les principales initiatives de réforme concernant la composition et les compétences des institutions au sommet du pouvoir judiciaire : la Cour suprême de justice et le Conseil de la magistrature. À partir de ces deux axes, l’on pourra envisager la place qu’occupe la question de la justice dans la lutte politique, les enjeux qui entourent les tentatives de réforme et surtout la manière dont se sont reconfigurés les liens unissant justice et politique au cours des quatre dernières décennies. Autant d’éléments qui peuvent nous fournir des pistes pour mieux comprendre les transformations de l’État équatorien durant cette période.

    Mehdi Labzaé, "La Terre est au Gouvernement" : droits fonciers, encadrement bureaucratique et conflictualité politique dans deux périphéries éthiopiennes., thèse soutenue en 2019 à Paris 1 sous la direction de Johanna Siméant-Germanos, membres du jury : Jay Rowell (Rapp.), Sabine Planel  

    Comment se déploie le pouvoir dans les périphéries d’un État dit autoritaire ? À partir d’une ethnographie menée entre 2013 et 2019 dans deux régions de basses terres éthiopiennes, cette thèse complète les études de sociogenèse de l’État sur le temps long pour restituer par l’ethnographie les dynamiques contemporaines de formation de l’État. Des paysans, sélectionnés sur la base de leur appartenance identitaire réifiée, sont expropriés violemment par l’État pour attribuer leurs terres à des investisseurs. Des fonctionnaires procèdent à leur autocritique devant des cadres partisans qui détermineront de la poursuite de leur carrière, voire de leur maintien en liberté. Non loin de ces cadres partisans, des expatriés occidentaux installés dans les mêmes bâtiments co-conçoivent et financent les programmes qui mènent à l’expropriation des paysans pré-cités. Des combats meurtriers dans les campagnes empêchent les fonctionnaires de mener à bien les relevés de terrain prévus dans le cadre de ces programmes. De longues réunions permettent cependant aux agents de l’État de vanter les bienfaits de la formalisation des droits fonciers aux paysans, et d’appeler au travail commun pour le développement. Cette thèse articule ces phénomènes, tous liés à la mise en place d’un cadastre au Bénishangul-Gumuz et à Gambella, pour saisir certaines des dynamiques de l’exercice du pouvoir d’État au concret. Depuis ces espaces intégrés sur le tard à l’ensemble éthiopien et marqués par la prédation et la violence d’État, l’étude ethnographique propose une compréhension du déploiement de l’État, en analysant la mise en marché de la ressource foncière, les formes de conflictualité politique et les dynamiques de légitimation du régime, notamment internationales, qui en découlent.

  • Léonard Colomba-Petteng, Décentrer l’analyse de la politique de sécurité et de défense commune de l’Union européenne : ethnographie de la mission EUCAP Sahel Niger, thèse soutenue en 2023 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Christian Lequesne, membres du jury : Julien Jeandesboz (Rapp.), Kalypso Nicolaïdis (Rapp.), David Ambrosetti  

    En 2011, l’Union européenne a adopté une Stratégie pour la sécurité et le développement au Sahel. Cette feuille de route devait permettre de contribuer à la lutte contre le terrorisme et le crime organisé en Mauritanie, au Mali et au Niger dans un horizon temporel défini sur dix ans. Un volume impressionnant de ressources a été mobilisé pour parvenir à ces objectifs. Or la situation sécuritaire n’a cessé de se dégrader au fil du temps. Cette thèse propose de décentrer l'analyse pour rendre compte des difficultés de mise en œuvre de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) au Sahel. L’enquête ethnographique sur la mission de renforcement des capacités des forces de sécurité intérieure du Niger (EUCAP Sahel)permet d’éclairer trois dimensions. D'abord, dans un contexte où la survie des élites politico administratives nigériennes dépend largement des financements internationaux, la mission EUCAP Sahel est perçue avant tout comme une ressource d'accumulation économique suivant une logique d’extraversion. Ensuite, la thèse montre que le processus de mise en œuvre de la PSDC échappe au contrôle absolu des États membres de l’UE : les agents en poste à Niamey et Agadez ont une autonomie qui leur permet d'interpréter les contours du mandat qui leur est confié et de redéfinir leurs priorités opérationnelles localement. Enfin, l'analyse montre que la mission EUCAP Sahel est travaillée par des conflits institutionnels, bureaucratiques et sectoriels internes qui nuisent à la cohérence de l'action de l'UE au Niger à une échelle plus large. Imaginée comme un cadre original, modulable et temporaire, la mission EUCAP Sahel s'est progressivement bureaucratisée et enracinée dans le paysage institutionnel nigérien. Il est dès lors difficile d'envisager son retrait, indépendamment de sa capacité à remplir les objectifs déterminés initialement. Ces dynamiques ne sont pas repérables sans un décentrement de l'analyse, entendu comme un déplacement du regard vers des espaces, des agents et des enjeux, le plus souvent considérés comme secondaires ou périphériques dans la littérature sur la PSDC.

    Luis Miguel Rivera-Vélez, Les politiques du cannabis en Amérique latine : légalisations divergentes en Colombie, au Mexique et en Uruguay (2010-2021), thèse soutenue en 2021 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Yves Surel, membres du jury : Laurie Boussaguet (Rapp.), Camille Goirand (Rapp.), Henri Bergeron  

    Cette thèse étudie l’émerge de différents modèles de régulation du cannabis en Amérique latine, pendant la décennie 2010. De manière plus spécifique, elle analyse les processus de création d’un marché légal du cannabis récréatif en Uruguay, le développement d’une industrie de production de cannabis médicinal en Colombie, et les autorisations des usages médicinaux et récréatifs du cannabis au Mexique. À partir d’une recherche de terrain auprès des acteurs clé et d’une démarche de process-tracing, cette recherche permet de comprendre les raisons pour lesquelles ces politiques divergent significativement alors même qu’elles sont conçues de manière simultanée par des acteurs proches. Les résultats de l’enquête montrent que les divergences dans les politiques du cannabis résultent de la capacité des pays à s’affranchir des normes internationales et des ambitions de réforme de la part des présidents et des administrations. L’établissement d’une chronologie détaillée des processus et notre capacité à suivre les acteurs pendant une période d’enquête longue (2014-2021) nous a permis de comprendre que les pressions internationales sont déterminantes pour orienter le contenu des réformes, notamment en ce qui concerne la différence entre cannabis récréatif et médicinal. Les entretiens semi-directifs auprès d’un grand nombre de parties prenantes, nous a montré que l’ampleur des réformes est déterminée par la volonté politique des présidents et des administrations publiques. En somme, plus un président encourage une réforme, plus l’administration imagine des modèles innovants et plus les soutiens politiques augmentent.

    Clémence Guimont, Politique(s) du vivant. : la fabrique territoriale des politiques de biodiversité dans le Nord-Pas-de-Calais (1992 –2020), thèse soutenue en 2020 à Université de Lille 20182021 sous la direction de Anne-Cécile Douillet, membres du jury : Céline Granjou (Rapp.), François-Mathieu Poupeau (Rapp.), Ève Fouilleux et Patrick Hassenteufel    

    Politique(s) du vivant. La fabrique territoriale des politiques de biodiversité dans le Nord-Pas-de-Calais (1992 –2020). Depuis les années 1990, la crise de biodiversité, en tant que disparition accélérée d’espèces et d’écosystèmes en raison des activités anthropiques, devient un problème public et plusieurs politiques se développent sur le territoire du Nord-Pas-de-Calais. Elles prennent la forme de politiques de connaissance scientifique, d’aménagement du territoire ou encore de gestion savante (introduction d’espèces, gestion d’espaces naturels). À partir d’entretiens et de l’étude d’archives institutionnelles, cette thèse étudie les processus politiques et administratifs de mise en politique de la biodiversité sur un territoire d’échelle régionale. L’analyse se situe à la croisée de la sociologie de l’action publique et de la sociologie politique environnementale, dans le souci d’intégrer les caractéristiques biologiques et comportementales du vivant à l’étude de la fabrique des politiques de biodiversité.La thèse met en exergue le rôle structurant de l’expertise scientifique et du cadrage naturaliste dans les politiques de biodiversité, les dispositifs de gestion écologique étant co-produits par les acteurs politiques, administratifs et associatifs du territoire. Elle montre également un processus de chosification du vivant qui s’explique par l’hétéronomie des politiques du vivant: les contraintes politiques et administratives non liées à la préservation du vivant pèsent en effet fortement sur l’élaboration de ces politiques. Pour autant, l’étude des interactions entre la mise en œuvre des politiques de biodiversité et le vivant met au jour des réactions de certaines espèces, qui rappellent que le vivant n’est pas réductible à sa chosification. Enfin, l’étude de l’organisation politique et administrative des politiques de biodiversité donne à voir la sectorialisation différenciée du problème intersectoriel de la crise de biodiversité et met en avant les difficultés politiques des acteurs territoriaux à représenter le vivant et à en défendre les intérêts sur la scène politique. Cette recherche est non seulement une contribution à l’analyse de la fabrique politico-administrative des politiques territoriales, elle participe aussi d’une réflexion sur l’épistémologie de la sociologie politique pour étudier les politiques environnementales.