Présentation de l’éditeur
L'idée que nous serions entrés dans une période de dislocation générale de l'État social - ou État-providence - sature le débat public français. On lui oppose le plus souvent que les dépenses sociales atteignent au contraire des niveaux inédits. De tels débats restent cependant stériles tant qu'ils ne s'appuient pas sur une véritable définition de l'État social et de ce qu'il a représenté au sein de la société française. C'est l'objet de cet ouvrage, qui l'analyse depuis sa naissance jusqu'à ses évolutions les plus récentes, à travers un cadre théorique emprunté à la sociologie durkheimienne et enrichi d'une approche comparative avec le welfare state américain.
L'État social apparaît alors comme une institution qui assume d'abord une fonction de diffusion d'une conception de l'individu dans laquelle ce dernier ne peut être tenu pour responsable de sa situation socio-économique. C'est pourtant ce principe fondateur qu'il a progressivement cessé de porter dans les dernières décennies, allant jusqu'à intégrer au coeur de ses protections des formes de responsabilisation morale inédites.
Ce grand renversement plonge la société française dans des déséquilibres majeurs, qui façonnent en grande partie la période politique contemporaine.
Sacha Lévy-Bruhl est philosophe et politiste, postdoctorant au Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS) et chercheur associé au Centre des Savoirs sur le Politique - Recherches et Analyses (CESPRA). Il a récemment réédité aux Puf l'ouvrage classique du sociologue durkheimien Paul Fauconnet, La Responsabilité. Étude de sociologie (2023).