Présentation de l'éditeur
Selon le Haut-Commissariat pour les Réfugiés des Nations Unies, le seuil symbolique des 100 millions de personnes contraintes de se déplacer sera atteint à la fin de l’année 2022. La plus grande part se déplace au sein de leur État, mais ce sont malgré tout plus de 30 millions de réfugiés et demandeurs d’asile qui en auront franchi les frontières. La principale cause de ces déplacements est la violence suscitée par les conflits armés. Parmi les premiers pays d’origine, on retrouve, par exemple, depuis plusieurs décennies l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie, la Somalie, les Soudans, l’Éthiopie ou encore l’Érythrée et, en son temps, le Sri-Lanka. Sur le continent européen, les Balkans hier et l’Ukraine aujourd’hui illustrent également l’ampleur des mouvements de population que les conflits armés entraînent systématiquement.
Que ce soit en tant qu’États d’origine, États de transit ou États d’accueil, aucune région du monde n’échappe au phénomène. Pour autant, bien que les membres de la communauté internationale s’accordent sur le constat, ils peinent à se coordonner pour satisfaire le besoin de mise à l’abri de ces personnes. Il n’est par ailleurs pas certain que les instruments internationaux et régionaux destinés à leur accorder une protection permettent de correctement appréhender les demandes d’asile présentées par celles et ceux qui fuient les conflits armés qui se sont développés depuis la fin du second conflit mondial et intensifiés à partir des années quatre-vingt-dix. Caractérisées par l’effritement du pouvoir étatique, par la diversification et la multiplication des belligérants et de leurs motivations, par la confusion entre les acteurs et les victimes de la violence armée, ces « nouvelles conflictualités » (conflits non-internationaux, « guerres asymétriques », « guerres civiles », ou encore « guerre contre le terrorisme ») ne sont en effet pas seulement un défi pour le droit humanitaire, elles le sont également pour le droit des réfugiés et de l’asile.
Ce sont ces différents aspects de la protection des exilés de guerre qu’étudient les auteurs – universitaires et praticiens, juristes et politistes – réunis ici à l’initiative du projet ANR « Refwar ».