Présentation
Juliana Uhuru Bidadanure compte présenter un chapitre sur ce qu'elle appelle la « trashification » – une forme d'objectification dans laquelle les individus sont perçus comme des déchets et traités en conséquence. Étant donné que les déchets ont une valeur négative et doivent être jetés ou cachés, la trashification représente une forme d'objectification particulièrement extrême. En s'appuyant sur des exemples contemporains et sur les théories existantes de l'objectification, elle clarifie les spécificités de ce mode d’infériorisation. Son point de départ est l'insulte très courante de « white trash » aux États-Unis. La trashification a des visages multiples, mais une spécificité est qu'elle n'implique pas toujours l'instrumentalisation – l'utilisation d'individus comme instruments ou outils. La trashification résulte souvent plutôt en négligence, non-assistance et abandon. Comme les déchets, les personnes trashifiées sont perçues comme inutilisables et doivent disparaître. Le mal propre à l’objectification est qu’elle constitue un traitement des individus comme un pur moyen en vue d’une fin. En revanche, l’injustice de la trashification peut être caractérisée, dans certains cas, par le traitement de personnes comme intouchables et jetables. Les trashifiés sont perçus comme sans valeur, et des communautés entières sont abandonnées à la mort. Ils meurent jeunes à cause de négligences médicales, de maladies et d’infections évitables, de brutalité policière, de suicide ou de surdose. Leurs décès sont normalisés, attendus et peu remarqués. Elle élargit son étude à d’autres exemples, y compris la trashification des sans-abris dans les villes américaines et le cas des intouchables Dalits d’Inde.
Programme
17h00 : Intervention de Juliana Uhuru Bidadanure, Professeure associée de philosophie et membre du corps professoral affilié en droit à New York University
18h00 : Fin
Contact : camille.michel@college-de-france.fr
Conférence organisée par l'assemblée du Collège de France sur proposition de la Professeure Samantha Besson