Présentation
Le Collège de France bénéficie d'une longue tradition de réflexion sur l'Europe. En réponse aux crises (économique, sociale, politique, migratoire, et dernièrement sanitaire) qui ne cessent de secouer l'Europe et aux appels fréquemment renouvelés à sa « renaissance » ou « refondation », le Collège s'engage à nouveau dans le débat sur l'avenir de l'Europe dans le monde par le biais d'un cycle de conférences.
Chaque année, deux conférenciers sont invités au Collège pour penser l'Europe, l'un en automne et l'autre au printemps, pour une série de quatre conférences. L'Europe est ici comprise au sens large des études européennes. Le cycle accueille toute réflexion historique, politologique, philosophique, philologique, anthropologique, sociologique, juridique, économique, littéraire, théologique, religieuse ou archéologique sur l'Europe en tant que continent, civilisation, culture, idée, valeur(s), mythe, ordre ou culture juridique, institution(s), organisation internationale (Union européenne ou Conseil de l'Europe) ou marché. L'idée est de pouvoir, au fil des ans, accueillir au Collège de France des penseurs venant de toute l'Europe.
Le cycle Europe est coordonné par un comité constitué des Prs Samantha Besson, Edith Heard, Antoine Lilti, Vinciane Pirenne-Delforge et Thomas Römer. Il bénéficie du soutien de la Fondation Hugot du Collège de France.
Jan-Werner Müller est invité par l'assemblée du Collège de France, sur proposition des Prs Samantha Besson, Edith Heard, Vinciane Pirenne-Delforge et Thomas Römer.
Programme
30 Mai 2024
17h30 : Les défis de la démocratie
Jan-Werner Müller, Professeur de théorie politique et d'histoire des idées, Université de Princeton
La première conférence explique les défis de la démocratie en Europe, aujourd'hui. Elle met plus particulièrement l'accent sur la consolidation des structures autocratiques dans quelques Etats membres de l'UE. La question se posera de savoir si l'UE a le devoir et les capacités de défendre la démocratie et l'Etat de droit, d'autant plus qu'elle est souvent accusée d'être elle-même une institution non démocratique. Il est important, du point de vue de la théorie juridique et politique, de souligner que non seulement l'Etat de droit est en train d'être détruit, mais la démocratie aussi (et que c'est dès lors une erreur d'appeler les systèmes qui se construisent dans certains Etats des « démocraties illibérales »).
18h30 : Fin
6 Juin 2024
17h30 : L'histoire de la démocratie en Europe – et dans l'UE
Jan-Werner Müller, Professeur de théorie politique et d'histoire des idées, Université de Princeton
La deuxième conférence avance la thèse selon laquelle, après la Seconde Guerre mondiale, une conception particulière de la démocratie a émergé en Europe occidentale – ce que l'on peut appeler la « démocratie contrainte ». Cette conception est basée sur la peur d'une souveraineté populaire sans contrainte et sur un état d'esprit anti-totalitaire plus large. L'UE et le Conseil de l'Europe font partie intégrante de cet accord d'après-guerre sur la démocratie. Cette construction a d'ailleurs généré des possibilités juridiques et normatives pour les institutions européennes de protéger la démocratie – même si ces institutions ne sont pas directement légitimées par les citoyens.
18h30 : Fin
13 Juin 2024
17h30 : Pourquoi cela s'est-il mal passé… ?
Jan-Werner Müller, Professeur de théorie politique et d'histoire des idées, Université de Princeton
L'élargissement de l'UE a été largement considéré comme un moyen de consolider la démocratie. L'Autriche, en 2000, aura été un premier signe que cette attente était peut-être une illusion. Mais la réponse européenne à la participation du parti d'extrême droite (de Jörg Haider) au gouvernement autrichien doit être considérée comme un échec. Depuis lors, la démocratie – et pas seulement l'Etat de droit – a été gravement atteinte en Hongrie et en Pologne. Pourquoi l'UE n'a-t-elle pas réussi à relever ces défis ? Est-ce une question d'instruments juridiques ou un manque de volonté politique ? Comment analyser cet échec ? La troisième conférence propose une analyse historique, politique et juridique de ces questions.
18h30 : Fin
20 Juin 2024
17h30 : Que reste-t-il à faire... ?
Jan-Werner Müller, Professeur de théorie politique et d'histoire des idées, Université de Princeton
La quatrième et dernière conférence examine systématiquement comment l'UE pourrait mieux défendre et promouvoir la démocratie à l'avenir. Elle explique pourquoi la destruction de la démocratie, au sein des Etats membres, est une bien plus grande menace pour l'Union que les échecs, plutôt technocratiques, tels que la crise de l'euro. La conférence analyse les outils juridiques existants et propose des instruments supplémentaires. Elle offre aussi une vision plus large de l'UE comme acteur normatif.
18h30 : Fin
En libre accès, dans la limite des places disponibles
Série de conférences organisée par le Collège de France dans le cadre du cycle Europe du Collège de France consacré au thème "L'Europe démocratique"