Présentation
Les pratiques mortuaires qui n'incluent ni funérailles, ni sépulture, méritent une attention particulière. En effet refuser l'accès à des funérailles témoigne de la disqualification de certains individus selon leurs statuts, les circonstances de leur mort ou certains de leurs actes, ce qui apporte des informations essentielles sur le fonctionnement des sociétés d'hier à aujourd'hui. Ainsi les historiens et les anthropologues sociaux ont montré que certaines sociétés privaient les esclaves de funérailles, cependant que d'autres traitaient la dépouille des suicidés de façon discriminante, et que pour d'autres encore le cadavre des criminels ou des vaincus de la guerre devait être simplement jeté aux ordures après leur mise à mort. Et, la question du sort fait aux enfants mort-nés continue de faire couler beaucoup d'encre signalant la difficulté à statuer sur la nature véritablement funéraire du traitement de leur dépouille. Par ailleurs, en contextes archéologiques, s'il est admis, qu'un dépôt de restes humains n'est pas systématiquement le fruit d'un traitement funéraire, il n'y a eu, à ce jour, que peu de tentatives pour référencer et comparer de façon ordonnée les pratiques mortuaires qui privent certains individus de funérailles. Le fait que ce pan de recherche ait tardé à se développer est dû à plusieurs causes. Il est d'une part probable qu'un traitement non-funéraire des dépouilles a moins de chance de produire des traces matérielles exploitables par les archéologues, mais ce retard pose aussi le problème de l'identification des traitements qui ne sont pas funéraires à partir de données archéologiques.
Cette troisième journée d'étude qui fait suite aux deux journées réalisées à Montpellier en juin 2021 et consacrées à la privation intentionnelle de funérailles, se propose de poursuivre notre réflexion interdisciplinaire et diachronique sur l'absence de traitement funéraire en se focalisant sur des modalités problématiques de mise en terre, et en questionnant leurs enjeux.
Programme
9h00 : Introduction de la journée
Aurore Schmitt, CNRS, UMR 5140 ASM, Montpellier
Elisabeth Anstett, CNRS, UMR 7268 ADES, Marseille
9h15 : La sépulture des morts-nés : un enjeu politique dans la France impériale
Vincent Gourdon, CNRS, UMR 8596, Centre Roland Mousnier, Paris
Nathalie Sage, CNRS, UMR 7219, Laboratoire SPHERE, Paris
10h00 : "Ca ne se jette pas". Malaises et évolutions du droit français quant au traitement des embryons morts
Lisa Carayon, Université Paris 13UMR 8156 CNRS, IRIS, Paris
10h45 : Pause
11h00 : Le refus de sépulture paroissiale à Troyes aux XIVe-XVe siècles : la découverte d'un lieu d'inhumation de prisonniers
Cécile Paresys, Inrap Grand Est/UMR 7264 CEPAM
Vincent Marchaisseau, Inrap Grand Est/UMR 6298 ARTEHIS, Dijon
Cédric Roms, Inrap Grand Est/UMR 8589 LaMOP, Paris
11h45 : Discussion générale
animée par Aurore Schmitt & Elisabeth Anstett
12h15 : Pause médiane
14h00 : Mourir en bord de mer : naufrages et inhumations des « corps noyez » sur les côtes du golfe du Lion au XVIIIe siècle
Léa Tavenne, Université Paul Valéry-Montpellier 3, UMR 5140 ASM
Sébastien Berthaut-Clarac, Université de Perpignan, UR 7379, CRESEM
14h45 : Système funéraire perturbé, Bergame 2020, Italie
Chiara Alfieri, LPED, IRD, Aix-Marseille Université
Marc Egrot, LPED, IRD, Aix-Marseille Université
15h30 : Discussion générale
animée par Aurore Schmitt & Elisabeth Anstett
16h30 : Conclusion
Inscription gratuite mais obligatoire : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Organisée par Aurore Schmitt, CNRS, UMR 5140 Archéologie des Sociétés Méditerranéennes et Elisabeth Anstett, CNRS, UMR 7268 Anthropologie bio-culturelle, Droit, Ethique et Santé