Instabilité politique soudanaise et adaptabilité des pratiques de l’asile

Appel à communication

Instabilité politique soudanaise et adaptabilité des pratiques de l’asile

Journée d’étude du Centre d’études en sciences sociales sur les mondes africains, américains et asiatiques, 29 septembre 2022

Date limite le samedi 30 avril 2022

1. Présentation

Les événements survenus au Soudan depuis la chute de l'ancien président al-Bachir en avril 2019 ne cessent de redéfinir les dynamiques migratoires et les politiques juridiques de l'asile se rapportant à cet Etat d'Afrique de l'Est. La Déclaration constitutionnelle d'août 2019 et l'accord de paix de Juba d'octobre 2020 avaient formellement mis un terme au plus long conflit armé interne du continent, modifiant radicalement la perception des risques de persécution et d'atteintes graves auxquels les migrants soudanais sont confrontés dans leur pays. La situation politique, économique, sociale et sécuritaire au Soudan et dans la sous-région reste, pourtant, particulièrement volatile. Le coup d'Etat militaire de Khartoum du 25 octobre 2021, ou encore la dégradation du conflit armé éthiopien, ne sont que les derniers exemples de cette instabilité systémique. Cette instabilité réajuste les épreuves auxquelles les migrants sont confrontés dans leur parcours d'exil et leurs demandes d'asile à l'étranger. Cela vaut tant au Soudan à l'égard des migrants centrafricains, érythréens, éthiopiens ou sud soudanais, que dans les pays d'accueil et de transit des migrants soudanais (comme le Tchad, l'Egypte, Israël, le Liban, ou les Etats membres de l'Union européenne). Qu'il soit question du trafic d'êtres humains sur les routes migratoires changeantes d'Afrique de l'Est, des conditions d'accès et de prise en charge dans les pays d'accueil des demandeurs d'asile et des personnes protégées, ou encore des circonstances de renvoi et de réadmission dans le pays d'origine ou de transit, les migrants originaires de cette région doivent en effet composer avec de multiples contraintes jalonnant leurs parcours d'exil. Nouveau Pacte européen pour l'asile et la migration, instruments élaborés dans le cadre de l'Union africaine ou de la Ligue arabe, programmes de réinstallation et de relocalisation, ou encore accords de coopération relatifs à la gestion des flux migratoires : comment les cadres institutionnels existants répondent-ils à l'instabilité politique soudanaise et régionale ? Le Soudan constitue un cadre pertinent pour l'analyse de l'adaptabilité des pratiques de l'asile à l'instabilité politique régionale et étatique. Cela est d'autant plus vrai qu'il présente la double qualité d'Etat d'origine et d'Etat de transit et d'accueil des demandeurs d'asile et des personnes protégées.

De même, on cherchera à savoir, à l'appui de l'exemple soudanais, si les pratiques de l'asile façonnent (parfois de façon inappropriée) les représentations des situations instables dans les pays d'origine, au point de modifier parfois la composition identitaire des personnes protégées originaires d'un même Etat. A ce titre, la temporalité des pratiques de l'asile paraît jouer un rôle fondamental. Entre le moment de la fuite du pays d'origine et celui de la prise en charge du demandeur d'asile, l'instabilité politique dans l'Etat d'origine affectera bien souvent les représentations que se font les instances nationales ou internationales compétentes des risques de persécution ayant motivé la fuite initiale des demandeurs.

Ces deux cadres thématiques (effets de l'instabilité politique sur les régimes de l'asile et pratiques des représentations des situations instables par les instances chargées de l'asile) interrogent la possibilité pour le demandeur d'asile soudanais d'obtenir une protection, ou d'être protégés « adéquatement ». La même interrogation se pose pour les migrants érythréens, éthiopiens ou sud soudanais établis au Soudan.

Cette journée d'étude ambitionne de traiter ce double cadre thématique en répondant à trois séries de questions principales :

- L'inconstance des pratiques de l'accueil et des logiques de protection, tant au Soudan que dans les pays voisins (Tchad, Egypte, Israël, Liban), est-elle simplement symptomatique de cette instabilité politique persistante ? Faut-il au contraire considérer cette inconstance comme constitutive de cette instabilité ?

- Dans quelle mesure l'exemple soudanais permet de tirer des enseignements sur l'adaptabilité des outils de protection élaborés par diverses organisations régionales (Union européenne, Union africaine, Ligue arabe) ou encore dans le cadre des mandats strict et large du HCR ? Cette liste n'est pas exhaustive et peut inclure des outils élaborés par certains Etats seuls (comme Israël).

- Quels sont les comportements, tant stratégiques qu'affectifs, adoptés par les migrants soudanais, ou encore ceux centrafricains, érythréens, éthiopiens ou sud soudanais arrivés au Soudan, pour tenter de surmonter les obstacles inhérents à l'accès et au maintien d'une protection internationale ?

Cette journée d'étude est destinée tant aux professionnels de l'asile qu'aux anthropologues, géographes, historiens, juristes, politistes, et sociologues. Les interventions pourront porter sur toute question susceptible d'entrer dans le cadre thématique proposé et de se rapporter à au moins l'une des trois questions retenues pour cette journée d'étude. Elles devront cependant se positionner vis-à-vis du Soudan pour considérer cet Etat soit comme pays d'origine, soit comme pays de transit ou d'accueil des demandeurs d'asile et des personnes protégées.

Les actes sont destinés à être publiés (Collection Cahiers Afriques, PUM).

 

2. Soumission d'une proposition :

Les propositions peuvent être rédigées en français ou en anglais et les communications peuvent être faites dans l'une de ces deux langues. Les propositions doivent comporter un total de 4000 caractères maximum (espaces non compris) et être accompagnées d'un bref CV. Elles doivent : 1) présenter l'objet d'étude choisi ; 2) faire émerger l'intérêt du sujet au regard de l'une ou plusieurs des trois questions traitées par la journée d'étude ; et, enfin ; 3) comporter une courte bibliographie.

Le texte doit être envoyé à l'adresse électronique suivante : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Date limite de l'envoi : 30 avril 2022