Surprenante, angoissante, la crise que nous vivons depuis le printemps dernier a chahuté nos habitudes, notre organisation, nos principes. Notre faculté d’adaptation fut mise à l’épreuve : l’urgence, la réglementation, les nécessités sanitaires nous contraignirent à achever nos enseignements à distance. Mais en avions-nous les moyens techniques ? Ne risquions-nous pas de diluer la qualité de nos enseignements dans le « défi numérique » imposé par les circonstances ? Les étudiants étaient-ils tous prêts, équipés, concentrés pour accueillir ces nouveautés au risque de subir des inégalités de traitement ? Deux camps s’opposèrent. D’un côté les modernes, les optimistes qui « vivent avec leur temps » ; de l’autre les anciens, les méfiants, adeptes de la critique du « bluff technologique » (J. Ellul : Hachette, 1988).
In medio stat virtus, comme souvent. Car s’il est vrai que le « système technicien » (Ellul encore, Calmann-Lévy, 1977) s’est malheureusement perfectionné avec la crise sanitaire, nous demeurons maîtres de nos enseignements. Aussi l’enjeu pédagogique ne consistait pas à opposer de contestables cours à distance à d’excellents enseignements traditionnels, mais à mettre en balance l’action au profit des étudiants et l’inaction à leurs dépens. Tandis que le combat des anciens et des modernes n’avait pour seul horizon que l’irréductible affrontement de positions dogmatiques, la solution adoptée pencha naturellement vers l’action et non l’inaction, vers la continuité pédagogique et non son interruption ou son report.
La distanciation, pédagogiquement critiquable, engendra un surcroît global de communication charriant sa masse de « bruits parasites » (M. Serres, Le Parasite : Grasset, 1980) parfois, hélas, au détriment du sens. En dépit de ces réserves, tous les cours et travaux dirigés ont été dispensés, les examens afférents organisés et mis en délibération avant la mi-juillet, permettant ainsi à nos étudiants de poursuivre leur cursus.