Jean-Vincent Holeindre

Professeur
Science politique.
Université Paris Panthéon-Assas

Centre Thucydide - Analyse et Recherche en Relations Internationales
Responsable de la formation :
  • THESE

    Le renard et le lion : la ruse et la force dans le discours de la guerre, soutenue en 2010 à Paris EHESS sous la direction de Pierre Manent 

  • Jean-Vincent Holeindre, Julian Fernandez (dir.), Annuaire français de relations internationales 2024, Université Panthéon-Assas, 2024, 1055 p. 

    Jean-Vincent Holeindre, Geoffroy Murat (dir.), La démocratie et la guerre au XXIe siècle: de la paix démocratique aux guerres irrégulières, Hermann et Numérique Premium, 2023  

    Au début du XXIe siècle, la guerre est à la fois absente et omniprésente dans les démocraties occidentales. Si la plupart des pays démocratiques ne vivent plus dans l’horizon de la guerre, les nouvelles formes de violence armée, comme le terrorisme et les conflits asymétriques en Afghanistan et en Irak, occupent l’espace médiatique et les discours politiques. Le but de ce livre est de faire le point sur les relations complexes qu’entretiennent la démocratie et la guerre dans la politique internationale au XXIe siècle. Peut-on dire, après Kant, que la démocratie est un régime politique facteur de paix ? Quels sont les effets de la guerre sur la politique intérieure en démocratie ? À l’âge des guerres irrégulières, comment les stratégies militaires des États démocratiques évoluent-elles ? Telles sont les principales questions posées dans un ouvrage qui réunit pour la première fois les meilleurs spécialistes français et étrangers, qu’ils soient philosophes et historiens, politistes et spécialistes de la guerre. Ce que met au jour l’étude des conflits actuels, c’est non seulement la part d’ombre des politiques démocratiques, mais aussi les mutations de la démocratie, confrontées à une mondialisation qui redistribue les cartes de la puissance.

    Jean-Vincent Holeindre, Julian Fernandez (dir.), Annuaire français de relations internationales 2023, Université Panthéon-Assas, 2023, 1118 p. 

    Jean-Vincent Holeindre, La Démocratie: Entre défis et menaces, Éditions Sciences Humaines et Cairn, 2023, Petite bibliothèque  

    La démocratie désigne un régime politique, c'est-à-dire un mode d'organisation de la vie commune reposant sur des institutions. C'est aussi une forme de société constituée de deux piliers, la liberté et l'égalité. Toute expérience démocratique est indéterminée, ce qui est une force et une faiblesse. Si l'avenir est toujours ouvert, cette ouverture se double d'une incertitude qui peut se muer en inquiétude, voire en défiance réciproque entre gouvernés et gouvernants. Cette tendance est aujourd'hui perceptible dans de nombreux pays. Certes, les aspirations démocratiques, à travers le monde, n'ont jamais été aussi fortes. Mais elles sont souvent réprimées par les pouvoirs en place et cohabitent avec une montée de la demande autoritaire que révèle le succès électoral des partis « populistes ». Dans les « vieilles » démocraties, le modèle libéral est mis en cause sur fond d'affaiblissement, perçu ou réel, du monde occidental. Toutefois, l'histoire doit nous inciter à relativiser ces menaces. La démocratie ne pourra sans doute jamais les faire disparaître, mais elle représente un défi sans cesse recommencé

    Jean-Vincent Holeindre, Julian Fernandez, Annuaire français de relations internationales: 2020, Éditions Panthéon-Assas et Cairn, 2023, Hors collection  

    L'Annuaire français de relations internationales (AFRI) a une vocation généraliste. Il s'intéresse aux relations internationales dans toutes leurs dimensions - politiques, stratégiques, économiques, culturelles, technologiques... Il rassemble dans un esprit pluridisciplinaire les spécialistes, universitaires et chercheurs, diplomates, experts, français ou étrangers. L'annuaire comprend deux parties : les études traitent de sujets divers, en liaison avec les événements de l'année de référence, mais aussi avec des thèmes plus permanents, regroupés sur une base thématique. Les rubriques régulières comprennent actuellement quatorze entrées, chacune sous la direction d'un responsable, comportant chacune deux ou trois articles : la France dans les relations internationales ; la France et la construction européenne ; le couple franco-allemand ; l'Union européenne acteur des relations internationales ; politique étrangère des États-Unis ; l'Afrique dans les relations internationales ; politiques juridiques extérieures ; désarmement, maîtrise des armements, non prolifération ; théories et doctrines de la sécurité ; crises et conflits internationaux ; économie politique internationale ; mondialisation, multilatéralisme et gouvernance globale ; médias et société internationale ; sciences, hautes technologies et relations internationales. L'annuaire propose également une chronologie de l'année écoulée ainsi qu'une bibliographie sélective

    Jean-Vincent Holeindre, Julian Fernandez (dir.), Nations désunies ?: la crise du multilatéralisme dans les relations internationales, CNRS éditions, 2022, Biblis, 361 p.  

    Le multilatéralisme renvoie à la concertation pacifique entre au moins trois Etats dans un cadre défini en commun. L'Organisation des Nations Unies en est l'incarnation la plus connue, mais elle n'est pas la seule. Sécurité, commerce, droits de l'homme, justice pénale, numérique, environnement, santé : aucun domaine n'échappe désormais à l'effort multilatéral. Pourtant, les différents cadres et régimes institués se portent mal. Le multilatéralisme connaît aujourd'hui une crise multidimensionnelle, reflet d'un monde en miettes encore à la recherche d'un nouvel élan collectif. Mélanie Albaret, Niki Aloupi, Bertrand Badie, Laurence Burgorgue-Larsen, Frédéric Charillon, Pierre Grosser, Auriane Guilbaud, Andrea Hamann, Joël Hubrecht, Lucile Maertens, Chloé Maurel, Anne-Thida Norodom, Alexandra Novosseloff, Kevin Parthenay, Olivier Schmitt, Serge Sur, Caroline Tixier et Laurent Warlouzet : les meilleurs spécialistes du multilatéralisme proposent ici des analyses transversales sur ce phénomène central des relations internationales.

    Jean-Vincent Holeindre, Yves Petit, Camille Trotoux, Julien Malizard, Joël Zaffran [et alii], L'armée dans la société, La documentation française, 2022, 118 p.  

    "Plus professionnelle, plus féminisée, moins visible mais davantage polyvalente dans ses missions, l'armée a connu d'importants changements depuis la disparition du service militaire en 1997. Dans ce numéro, Cahiers français en partenariat avec l'IRSEM, se penche sur les multiples relations qu'entretient la société française avec cette institution majeure de la République."

    Jean-Vincent Holeindre, Julian Fernandez (dir.), Annuaire français de relations internationales 2022, Université Panthéon-Assas, 2022, 996 p. 

    Jean-Vincent Holeindre, Jean Baechler (dir.), Guerre et politique, Hermann et Cyberlibris, 2021, 284 p. 

    Jean-Vincent Holeindre, Jean Baechler (dir.), Penseurs de la stratégie, Hermann et Cyberlibris, 2021, 296 p. 

    Jean-Vincent Holeindre, Benjamin Loveluck (dir.), Les ruses du hacking, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, 2021, 155 p. 

    Jean-Vincent Holeindre, Julian Fernandez (dir.), Annuaire français de relations internationales 2021, Université Panthéon-Assas, 2021, 946 p. 

    Jean-Vincent Holeindre (dir.), Les grands enjeux du monde contemporain, Sciences humaines éditions, 2021, 71 p. 

    Jean-Vincent Holeindre (dir.), La démocratie: entre défis et menaces, Sciences Humaines Éditions, 2020, La Petite bibliothèque de Sciences Humaines, 307 p. 

    Jean-Vincent Holeindre, Héloïse Lhérété (dir.), Démocratie: Histoire et concepts-Avancées et reculs dans le monde-Défis et menaces, Sciences humaines éditions, 2020, 69 p. 

    Jean-Vincent Holeindre, Laurent Testot (dir.), La guerre: des origines à nos jours, Cairn et Ed. Sciences humaine, 2019, Essais 

    Jean-Vincent Holeindre, Benoît Richard, La Démocratie: Histoire, théories, pratiques, Cairn et Editions Sciences Humaines, 2019, Synthèse 

    Jean-Vincent Holeindre (dir.), Robots tueurs: que seront les soldats de demain ?, Armand Colin, 2018, Engagements, 173 p.  

    "« Robots tueurs », le terme est à la mode mais il fausse d'emblée toute réflexion sur le sujet. Car ce seront des robots soldats qui combattront peut-être dans le futur, non des exterminateurs de la race humaine. Or, qui dit soldat dit faiblesses et vertus au combat. Pour que ces machines soient moralement acceptables, il faut donc qu'elles puissent agir au moins aussi bien qu'un soldat humain, qu'elles puissent « raisonner » d'elles-mêmes sur le plan moral. En d'autres termes, ces robots doivent être dotés d'une éthique artificielle. Brice Erbland analyse la psychologie humaine au combat afin de mieux proposer ce que pourrait être la programmation d'une éthique artificielle pour les futurs robots de combat. Une approche originale qui n'est ni celle d'un philosophe, ni celle d'un roboticien, mais celle d'un soldat."

    Jean-Vincent Holeindre, Daniel R. Brunstetter (dir.), The ethics of war and peace revisited: moral challenges in an era of contested and fragmented sovereignty, Georgetown University Press, 2018, 336 p. 

    Jean-Vincent Holeindre, Jean-Baptiste Jeangène Vilmer (dir.), La relève stratégique, Institut de recherche stratégique de l'Ecole militaire (IRSEM) et Presses de Sciences Po, 2018, 155 p. 

    Jean-Vincent Holeindre, Jean-Baptiste Jeangène Vilmer (dir.), La relève stratégique: [Supplément], Institut de recherche stratégique de l'Ecole militaire (IRSEM) et Presses de Sciences Po, 2018, 501 p. 

    Jean-Vincent Holeindre (dir.), Introduction à la science politique: cours, exercices corrigés, Armand Colin et BiblioOnDemand, 2018, Portail, 334 p.  

    L'organisation de l'État, la compétition électorale, l'action publique et son évaluation, les idéologies, les formes nouvelles et traditionnelles d'action collective... Ce manuel couvre de manière exhaustive les grands thèmes de la science politique et analyse leurs évolutions contemporaines.Son exigence pédagogique et la clarté de l'exposition du savoir en font un outil particulièrement adapté à l'élève ou l'étudiant soucieux de réussir ses examens mais aussi de s'ouvrir à la compréhension de l'univers politique contemporain.À la fin de chaque chapitre, des Entraînements entièrement corrigés permettent de s'exercer et tester ses connaissances.Rédigé par trois professeurs de science politique de l'Université de Versailles-Saint-Quentin et de Sciences-Po Saint-Germain-en-Laye, ce manuel constitue une excellente entrée dans la discipline.

    Jean-Vincent Holeindre, Jean-Baptiste Jeangène Vilmer (dir.), Varia, Institut de recherche stratégique de l'Ecole militaire (IRSEM) et Presses de Sciences Po, 2018, 151 p. 

    Jean-Vincent Holeindre, La ruse et la force: une autre histoire de la stratégie, Cairn et Éditions Perrin, 2017, Hors collection, 464 p.  

    "Au VIIIe siècle avant J.-C., Homère expose de manière frappante la dualité qui fonde la stratégie. Dans l'Iliade et l'Odyssée, le poète grec met en scène la guerre à travers deux personnages phares. Achille, héros de la force, est un soldat : son honneur est au-dessus de tout. Ulysse, héros de la ruse, est un stratège : seule la victoire compte. Cette opposition entre force et ruse structure dès l'origine l'histoire de la stratégie dans le monde occidental. Jusqu'à présent, la force a davantage attiré l'attention des historiens. La ruse apparaît rarement comme un élément majeur de la stratégie. Au contraire, elle fait figure de repoussoir et se présente comme l'apanage du faible ou de l'étranger. Cet "orientalisme" militaire et stratégique n'est pas recevable, parce qu'il ne reflète pas la réalité historique et se fait l'écho d'un discours idéologique. Il s'agit donc d'en finir avec cette lecture stéréotypée, afin de comprendre ce que la stratégie doit à la ruse, en identifiant les moments clés, des guerres antiques aux mouvements terroristes du XXIe siècle. Se déploie ainsi une histoire longue de la stratégie, dégagée des préjugés culturels et ethniques, qui met en scène, pour la première fois et de manière systématique, le dialogue ininterrompu de la ruse et de la force."

    Jean-Vincent Holeindre, Laurent Testot (dir.), La guerre: des origines à nos jours, Ed. Sciences humaines, 2014, 271 p.  

    Doit-on parler d’un retour de la guerre ? La réponse est difficile, la guerre ayant pris mille visages à travers le temps et l’espace. Elle est ce « caméléon » que décrivait Carl von Clausewitz, difficile à repérer et à identifier. Aujourd’hui, elle semble à la fois présente, si l’on songe au climat belliqueux qui s’est installé sur la scène internationale depuis le 11septembre 2001, et absente, car les États occidentaux ne vivent plus dans l’horizon de la guerre. Pour y voir plus clair, cet ouvrage propose un grand voyage dans l’histoire : de la Grèce au Soudan, de Rome aux États-Unis, des samouraïs aux Moghols... Une histoire globale de la guerre, qui remonte aux origines de l’humanité, ne se limite pas à l’aire occidentale, ne se réduit pas à l’étude des stratégies et des tactiques. Car la guerre n’est pas seulement un phénomène militaire. À travers elle se jouent les grandes évolutions sociales, économiques, culturelles et politiques qui façonnent l’histoire humaine. Elle est un prisme permettant de mieux saisir l’évolution des sociétés. Ce livre, qui fait appel à des spécialistes de tous horizons, se propose donc de mieux appréhender la guerre. Sans fascination ni rejet, mais avec une réelle volonté de comprendre et de transmettre.

    Jean-Vincent Holeindre (dir.), Le pouvoir: concepts, lieux, dynamiques, Éditions Sciences humaines, 2014, 399 p. 

    Jean-Vincent Holeindre, Daniel R. Brunstetter (dir.), Guerres justes, Presses de Sciences Pô, 2012, 249 p. 

    Jean-Vincent Holeindre, Geoffroy Murat (dir.), La démocratie et la guerre au XXIe siècle: de la paix démocratique aux guerres irrégulières, Hermann, 2012, 237 p.    

    Au début du XXIe siècle, la guerre est à la fois absente et omniprésente dans les démocraties occidentales. Si la plupart des pays démocratiques ne vivent plus dans l’horizon de la guerre, les nouvelles formes de violence armée, comme le terrorisme et les conflits asymétriques en Afghanistan et en Irak, occupent l’espace médiatique et les discours politiques. Le but de ce livre est de faire le point sur les relations complexes qu’entretiennent la démocratie et la guerre dans la politique internationale au XXIe siècle. Peut-on dire, après Kant, que la démocratie est un régime politique facteur de paix ? Quels sont les effets de la guerre sur la politique intérieure en démocratie ? À l’âge des guerres irrégulières, comment les stratégies militaires des États démocratiques évoluent-elles ? Telles sont les principales questions posées dans un ouvrage qui réunit pour la première fois les meilleurs spécialistes français et étrangers, qu’ils soient philosophes et historiens, politistes et spécialistes de la guerre. Ce que met au jour l’étude des conflits actuels, c’est non seulement la part d’ombre des politiques démocratiques, mais aussi les mutations de la démocratie, confrontées à une mondialisation qui redistribue les cartes de la puissance.

    Jean-Vincent Holeindre, Laurent Testot (dir.), La guerre des origines à nos jours, Éditions Sciences humaines, 2012, 126 p. 

    Jean-Vincent Holeindre, Frédéric Ramel (dir.), La fin des guerres majeures ?, Editions Economica, 2010, Stratégies & Doctrines, 288 p. 

    Jean-Vincent Holeindre, Benoît Richard (dir.), La démocratie: histoire, théories, pratiques, Sciences humaines éd., 2010, 351 p. 

  • Jean-Vincent Holeindre, Thibaud Boncourt, Jean Joana, Nonna Mayer, « Political Science Communities Challenged by Internationalisation. The Case of France », European Political Science, Palgrave Macmillan, 2022, n°21, p. 610626   

    Jean-Vincent Holeindre, Benjamin Loveluck, « Politiques du hacking : enquête sur les ruses numériques », Les éditions de la Maison des sciences de l’Homme, 2021  

    «  Les hackers sont des collectionneurs de ruses pour supprimer et contourner la normalisation de l’usage inscrite dans l’objet  »Nicolas Auray, EHESS, Paris, 2000, p. 15. Dans sa plus simple expression, le hacking informatique peut se résumer à une solution ingénieuse apportée à un problème tech­nique ou à la découverte de fonctionnalités imprévues. Toutefois, définir plus précisément le hacking est délicat, tant les pratiques qui s’y rapportent sont diverses, et peuvent même paraître contra...

    Jean-Vincent Holeindre, Estéban Georgelin, « Des ruses de guerre numériques ? Le hacking comme ressource stratégique dans les conflits contemporains », Les éditions de la Maison des sciences de l’Homme, 2021  

    «  Une manière de penser investie dans une manière d’agir, un art de combiner indissociable d’un art d’utiliser  ». Michel de Certeau, L’invention du quotidien. 1. Arts de faire, Paris, Gallimard, 1980, p. XLI. Le hacking informatique implique une forme d’intelligence pratique, celle des «  bricoleurs  » qui apprennent et progressent non par héritage et accu­mulation de théories, mais par acquisition «  empirique  » de savoirs pra­tiques glanés par l’expérience. S’il existe une grande diversi...

    Jean-Vincent Holeindre, Benjamin Loveluck, « Politiques du hacking : enquête sur les ruses numériques », Quaderni, Éditions de la Maison des Sciences de l'Homme, 2021, n°103, pp. 9-24     

    Jean-Vincent Holeindre, Luc Foisneau, Catherine Maire, « CESPRA-CRPRA – Centre de recherches politiques Raymond-Aron », EHESS, 2011  

    Luc Foisneau, directeur de recherche au CNRS Contractualismes et anticontractualismes (II) : la théorie de la justice mondiale Notre enquête sur les fonctions, les justifications et les critiques du contractualisme dans la philosophie politique contemporaine a consisté cette année à étudier la façon dont l’argumentaire contractualiste de Rawls a pu inspirer un renouveau de la pensée cosmopolitique. Conçue à partir de l’hypothèse d’une société fermée, la Théorie de la justice n’aurait pas dû c...

    Jean-Vincent Holeindre, Ran Halevi, Agnès Antoine, Frédéric Cohen, Diego Vernazza, « Centre de recherches politiques Raymond-Aron – CRPRA », EHESS, 2009  

    Ran Halevi, directeur de recherche au CNRS Histoire politique de l’Ancien Régime et la Révolution Partant du mot fameux de Pareto – « l’histoire est le cimetière des aristocraties » – et de l’interprétation tocquevillienne de l’histoire moderne comme le théâtre d’une longue transition entre temps aristocratique et temps démocratique, on s’est proposé d’analyser les modalités particulières, politiques et sociales, que cette mutation a empruntées dans la France d’Ancien Régime, et les réflexion...

  • Jean-Vincent Holeindre, « Décentrer les études stratégiques », le 03 octobre 2024  

    2e édition des Journées des Études Stratégiques organisées par l'Université Paris Panthéon Assas et le Centre Thucydide

    Jean-Vincent Holeindre, « Liberté, République, Démocratie », le 27 juin 2024  

    Colloque en l'honneur du professeur Philippe Raynaud, organisé par le Centre Thucydide, Université Paris Panthéon-Assas sous la direction scientifique de Jean-Vincent Holeindre, Centre Thucydide et François Saint-Bonnet, Institut Michel-Villey

    Jean-Vincent Holeindre, « Le réarmement naval », le 08 mars 2024  

    Colloque organisé par l’Ecole navale (Marine nationale), l’Institut de l’Océan (Sorbonne Université) et le Centre Thucydide (Université Paris-Panthéon-Assas), avec le soutien de la Fondation française de l’Ordre de Malte

    Jean-Vincent Holeindre, « Fracturations, transformations : Vingt ans de relations internationales », le 14 décembre 2023  

    Colloque du 20e anniversaire du Centre Thucydide organisé en partenariat avec l’Annuaire français de relations internationales et la revue Questions internationales

    Jean-Vincent Holeindre, « La guerre », le 25 octobre 2023  

    Table ronde organisée par l'Université de Galatasaray avec le soutien du Consortium des Universités françaises et Grandes écoles en coopérations pluriannuelles avec l'Université de Galatasaray

    Jean-Vincent Holeindre, « Nations désunies ? - La crise du multilatéralisme dans les relations internationales », le 12 octobre 2023  

    Entretien de l'IRENEE, Faculté de droit, Université de Lorraine organisé sous la direction scientifique de Mélanie Dubuy, Maître de conférences HDR

    Jean-Vincent Holeindre, « Diplomatie militaire, diplomatie par les militaires : le rôle des militaires dans la conduite des relations internationales », le 22 septembre 2023  

    Colloque organisé par le Centre Thucydide, Université Paris Panthéon-Assas

    Jean-Vincent Holeindre, « 6ème Congrès de l’Association pour les études sur la guerre et la stratégie », le 07 juin 2023  

    Organisé par l'AEGES - L’Association pour les études sur la guerre et la stratégie (AEGES) avec les Université de Bordeaux-Montaigne et de Bordeaux

    Jean-Vincent Holeindre, « Appréhender et s'adapter à la "guerre hybride" », le 14 avril 2023  

    Colloque organisé par le Centre de recherche de Saint-Cyr Coëtquidan (CREC) en partenariat avec le laboratoire IRENEE de l'Université de Lorraine et le laboratoire IODE de l'Université de Rennes

    Jean-Vincent Holeindre, « La menace terroriste : 20 ans après le 11 septembre », le 24 février 2023  

    Organisé par le Centre Thucydide, Paris Panthéon Assas et l'AFNU dans le cadre du cycle "Les atteintes non étatiques à la sécurité internationale"

    Jean-Vincent Holeindre, « La situation en Ukraine. Regards croisés et premières leçons », le 18 novembre 2022  

    Organisé par l’Université de Galatasaray

    Jean-Vincent Holeindre, « Démocraties et relations civilo-militaires », le 29 septembre 2022  

    Organisées par l’Institut Louis Favoreu et l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM) avec le soutien de l’Association pour les études sur la guerre et la stratégie (AEGES)

    Jean-Vincent Holeindre, « La guerre russo-ukrainienne et le droit de la sécurité et de la défense », le 23 juin 2022  

    9e séminaire de l'Association Française de Droit de la Sécurité et de la Défense (AFDSD) avec le soutien de l'IHEI, coordonné par Olivier Gohin, Pascale Martin-Bidou et Bertrand Warusfel

    Jean-Vincent Holeindre, « Corps et guerre », le 19 décembre 2019  

    Colloque annuel de l'Association pour les Études sur la Guerre et la Stratégie - AEGES

    Jean-Vincent Holeindre, « 30 ans après la chute du Mur : quoi de neuf à l'Est ? », le 13 novembre 2019  

    Conférence organisée dans le cadre des "rendez-vous des politistes", avec le Heinrich-Böll-Stiftung Paris.

    Jean-Vincent Holeindre, « 70 ans après l'adoption des Conventions de Genève : le droit international humanitaire confronté à de nouveaux défis ? Réflexions sur les interactions normatives », le 07 novembre 2019  

    Organisé parle Centre de recherche sur les droits de l'homme et le droit humanitaire (C.R.D.H., Université Paris 2 Panthéon-Assas), avec le concours de la délégation régionale du C.I.C.R. à Paris.

    Jean-Vincent Holeindre, « La ruse et la force" une autre histoire de la stratégie », le 13 mai 2019  

    Organisée par la faculté de droit, Université Lyon III Jean Moulin dans le cadre des Conférences du collège de droit

    Jean-Vincent Holeindre, « Quelle internationalisation pour la science politique française ? », le 06 mai 2019  

    Organisée par l’Association française de science politique (AFSP) avec le Centre Thucydide dans le prolongement du rapport intitulé « Quelle internationalisation pour la science politique française ? » publié en février 2019.

    Jean-Vincent Holeindre, « Gagner la guerre ou gagner la paix ? », le 05 décembre 2018  

    Colloque organisé en association avec le C3RD de la Faculté de Droit de l’Université catholique de Lille et l’équipe d’accueil Histoire, Territoire, Mémoires (HisTeMé) de l’Université de Caen.

    Jean-Vincent Holeindre, « Achever Clausewitz, 10 ans après », le 27 mars 2018  

    Journée d’étude organisée par le Centre Thucydide, l’Association Recherches Mimétiques et l’Institut de Recherche Stratégique de l’Ecole militaire

    Jean-Vincent Holeindre, « Autour de Raymond Aron, Penseur des relations internationales », le 12 février 2018  

    Une table ronde organisée par le Centre Thucydide sous la présidence de Julian Fernandez

    Jean-Vincent Holeindre, « La ruse et la force. Une autre histoire de la stratégie », le 25 janvier 2018  

    Les conférences de l’IDP

    Jean-Vincent Holeindre, « Le soldat et le citoyen », le 13 décembre 2017  

    Organisé par le Centre Thucydide

    Jean-Vincent Holeindre, « La France et l'arme nucléaire au XXIe siècle », le 29 septembre 2017  

    L’objet de cette journée d’études est de rendre compte de l'actualité des évolutions de la question du nucléaire militaire dans notre monde et de déterminer comment la France y fait face.

    Jean-Vincent Holeindre, « Penser la politique par gros temps. Raymond Aron au XXIe siècle », le 22 juin 2017  

    Colloque organisé par le CESPRA, l’IRSEM et la Société des Amis de Raymond Aron.

    Jean-Vincent Holeindre, « US Presidential election. Quelle(s) Amérique(s) ? », le 10 novembre 2016 

  • Jean-Vincent Holeindre, 1. Penser la modernité 

ActualitésPublicationsENCADREMENT DOCTORAL
  • Pierre Doutre-balzac, La perte d’influence de la France en Afrique sub-saharienne depuis le début du XXIe siècle, thèse en cours depuis 2023  

    Actuellement, je suis officier au bureau des opérations psychologiques d’un état-major de l’OTAN. Au cours de ma carrière largement empreinte de l’aspect interculturel, j’ai exercé des responsabilités de commandement qui m’ont amené à partir en opération dans trois pays différents en Afrique, à entrainer les armées locales et mener des missions conjointes. Répondre aux problématiques - que j’ai déjà commencé à esquisser - autour du sujet de thèse évoqué supra, dont le thème est brûlant d’actualité et d’intérêt majeur pour nos forces armées, me permettrait non seulement d’accroitre mes connaissances autour du domaine de l’influence dans lequel je travaille depuis près de deux ans, mais également de mettre à profit les recherches effectuées jusque lors. Surtout, la soutenance de cette thèse me permettrait de devenir un référent, au sein des Armées, d’un domaine en plein essor appelé « effets dans les champs immatériels » que j’ai découvert lors de ma dernière affectation. Passionné depuis par ces mécanismes qu’on peut décliner du plus petit échelon subordonné à l’échelle stratégique et internationale, les comprendre m’apparaît désormais indispensable pour apprécier l’évolution du monde actuel. Ma qualité d’officier me permettrait en outre d’enrichir mon projet par une étude qualitative menée sur le terrain lors d’une opération extérieure programmée en novembre prochain. Je pourrais également m’appuyer sur une très bonne connaissance de la sous-région, ainsi que sur la « mémoire » de mon institution au travers de différentes générations de soldats qui se sont succédées en opérations dans cette zone.

    Albert Kandemir, La trajectoire de la puissance turque depuis 2002, thèse en cours depuis 2022 en co-direction avec Nicolas Haupais  

    Déterminer les éléments réels et les éléments virtuels de la puissance turque depuis 2002 en dessinant les traits de la stratégie de puissance menée par Ankara.

    Amélie Faltot, L’Etat islamique en Afrique centrale, thèse en cours depuis 2022 

    Arthur Boutellis, Les rivalités de puissance et leurs conséquences à l’ONU : le cas des opérations de paix (1948-2022), thèse soutenue en 2022 à Université ParisPanthéonAssas, membres du jury : Delphine Allès (Rapp.), Frédéric Charillon (Rapp.), Guillaume Devin, Ronald Hatto, Lise Morjé Howard et Marie-Joëlle Zahar  

    Depuis leur création en 1948, les opérations de paix onusiennes se sont adaptées et ont été façonnées par les évolutions de l’ordre international. Si elles ont longtemps fait l'objet d’un relatif consensus, notre thèse démontre que ces opérations sont devenues un terrain de rivalités de pouvoir et d’influence de grandes et moyennes puissances aux intérêts et valeurs de plus en plus divergents. A rebours des thèses libérales qui dominent l’étude du maintien de la paix depuis la fin de la guerre froide, nous proposons une grille d’analyse « réaliste-constructiviste » originale de la notion de puissance et des modes d’action des États à l’ONU (contrainte, influence, résistance), enrichie des méthodes bureaucratiques et de la psychologie politique, qui à notre avis permet de mieux comprendre ces opérations de paix et leurs limites. Nous testons d’abord cette grille d’analyse à travers un historique des opérations de paix de l’ONU de la guerre froide jusqu’au tournant de la stabilisation des vingt dernières années. Nous analysons ensuite les conséquences de la résurgence des rivalités de puissances, au siège des Nations Unies et dans la conduite des opérations elles-mêmes. A New York, nous nous intéressons au Conseil de sécurité, à l’Assemblée générale mais aussi au Secrétariat des Nations Unies (ou la bureaucratie), et aux négociations des résolutions et déclarations, des budgets, mais aussi au champ des valeurs et des normes, ainsi qu’aux nominations de plus en plus politisées. Sur le terrain d’autres jeux de pouvoir se manifestent aussi à travers les contributions en troupes, le comportement des pays hôtes, et diverses forces parallèles. Malgré la capacité des membres du Conseil de sécurité de « compartimenter » leurs différences, ces rivalités risquent d’affecter durablement l’impartialité, la légitimité et la pertinence des opérations de paix. Notre étude de cas approfondie de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA, 2013-2022) illustre comment les Casques bleus finissent dans certains cas pris en étau entre les intérêts contradictoires de certains pays. Nous posons la question du futur des opérations de paix dans un contexte de rivalités exacerbées par la montée en puissance de la Chine et la guerre en Ukraine. Enfin, nous soumettons l’idée qu’un désintérêt et désengagement total des puissances serait aujourd’hui encore plus préjudiciable que leur ingérence excessive. L’ONU doit donc mieux prendre en compte cette réalité, sans s’y soumettre. Les États doivent pouvoir se servir des opérations de paix tout en les servant, mais sans les instrumentaliser, ni les compromettre car cela reviendrait à se priver à l’avenir de cet outil important du multilatéralisme.

    Marie Robin, The strategic values of revenge : the case of Jihadist terrorist propaganda (Al Qaeda, Islamic State, Boko Haram) 2001-2020, thèse soutenue en 2022 à Syddansk Universitet Danemark en co-direction avec Vincent Keating, membres du jury : Thierry Balzacq, Thomas Hegghammer et Kira Vrist Rønn  

    Cette thèse étudie les gains stratégiques que les récits de vengeance apportent aux groupes terroristes djihadistes. Elle analyse les stratégies narratives de vengeance développées en anglais, français et arabe, par trois groupes terroristes djihadistes dans leur propagande : Al Qaïda, l’État islamique et Boko Haram, entre 2001 et 2020. L’argument central de cette thèse est que les récits de vengeance peuvent être analysés comme une " ressource narrative " qui peut être exploitée par des « vengeance advocates » pour renforcer et/ou affaiblir une cause. Après avoir fourni une enquête approfondie sur les types de récits de vengeance développés par les trois groupes (venger quoi, qui, quand, où) et identifié huit histoires de vengeance - la vengeance légitimise, mobilise, intimide, est une vertu, un vice, est entreprise contre le groupe, est une boussole de politique étrangère, et élève le moral - dans leur propagande, deux gains sont identifiés : 1) Les récits de vengeance contribuent à sécuritiser l’islam ordinaire en un problème de sécurité nécessitant un ensemble de mesures exceptionnelles telles que le djihad, la hijrah et les attaques dans le pays d’origine ; 2) Les récits de vengeance renforcent la sécurité ontologique des membres des groupes et du groupe lui-même. La vengeance, en définitive, a le potentiel de donner de l'ordre, de la stabilité et du sens à une violence exceptionnelle, apparemment perturbatrice. Les récits de vengeance, en d'autres termes, ont le potentiel de stabiliser le chaos.

    Amélie Chalivet, L'influence de la culture stratégique indienne sur son ambiguïté stratégique vis-à-vis de la Chine et des Etats-Unis, thèse en cours depuis 2022  

    Dans le contexte de la montée des tensions entre grandes puissances, l’Inde représente un acteur régional pivot sans pour autant être un allié officiel des États-Unis ou des pays européens. L'Inde maintient une ambiguïté stratégique (ou hedging) quant à son alignement dans la rivalité entre grandes puissances. Ce constat va à l’encontre de ce que l’on pourrait attendre d’un pays confronté à la montée en puissance d’un voisin qui menace sa frontière himalayenne. La question de l’évolution de la stratégie indienne reste donc en suspens : Pourquoi l’Inde maintient-elle cette incertitude et que peut-on attendre d’elle dans un contexte de polarisation et de montée des tensions ? Il est nécessaire de mieux comprendre les raisons pour lesquelles New Delhi adopte cette stratégie, surtout à l’aune de la guerre en Ukraine et de la montée des tensions autour de Taïwan. Il s’agit donc d’analyser le présent et le passé afin de mieux anticiper l’avenir et la position future de l’Inde. Afin d’y parvenir, je propose d’analyser une variable dépendante qui serait l’alignement de l’Inde et de son comportement dans le contexte d’une polarisation des grandes puissances dans la région indopacifique et ce, par le biais d’une variable indépendante qui serait la culture stratégique indienne. Ce projet de thèse donne lieu à deux questions principales : Comment se (trans)forme la culture stratégique indienne et quelles sont les dynamiques de pouvoir qui la sous-tendent ? Et comment cette culture stratégique (qui n’est ni stable, ni immuable, ni homogène) influence-t-elle le comportement de l’Inde sur la scène internationale ?

    Amaury Colcombet, Quel Autre pour quelle guerre?, thèse en cours depuis 2022 en co-direction avec Adrien Schu  

    Il s'agit d'étudier l'influence du facteur philosophico-religieux (la conception du monde) sur la représentation de l'ennemi et sur la nature de la guerre, en particulier autour de la période axiale (Vème- IIIème siècle avant notre ère). L'hypothèse consiste dans l'idée que la façon qu'ont les entités politiques de concevoir le monde, c'est-à-dire le sens qu'elles donnent à la vie terrestre, en relation avec le monde du divin ou de l'au-delà, ou en l'absence de relation avec ce monde, influence leur regard sur l'Autre. Cet Autre, dès lors qu'il se trouve en situation d'inimitié, peut alors prendre plusieurs natures : ennemi total, ennemi absolu, ennemi-Même... Cette identité de l'ennemi influence la manière d'envisager la guerre, aussi bien dans son sens que dans sa forme.

    Tiphaine de Champchesnel, Mobiliser au sein des Nations Unies : le cas de l'interdiction des armes nucléaires, thèse soutenue en 2022 à Université ParisPanthéonAssas, membres du jury : Sylvie Ollitrault (Rapp.), Frédéric Ramel (Rapp.), Delphine Placidi et Serge Sur  

    L’ouverture de la négociation pour un traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) en 2017 fait suite à une initiative sur les « conséquences humanitaires de l’arme nucléaire » (CHAN) qui s’est développée dans les enceintes onusiennes mais également à travers des conférences internationales ad hoc. Revendiquant une filiation avec les processus dits d’Ottawa sur les mines antipersonnel et d’Oslo sur les armes à sous-munitions, cette initiative CHAN en a repris des éléments de stratégie, notamment le (re)cadrage dit « humanitaire » des armes nucléaires. Cette thèse analyse en termes de mobilisation ce processus en grande partie diplomatique. Cela se justifie, d’une part, en raison du caractère essentiel de cette dynamique de mobilisation pour porter le sujet du TIAN à l’agenda formel de l’ONU et, d’autre part, compte tenu de l’implication, aux côtés des États, de plusieurs catégories d’acteurs non-étatiques. Le fait que cette initiative soit parvenue à un résultat concret constitue l’énigme de la genèse du TIAN et de cette thèse (variable dépendante). Considérant l’apport du tournant cognitif pour la sociologie des mouvements sociaux, nous avons utilisé le cadrage « humanitaire » en tant que variable indépendante. Nous n’avons pas ignoré la mobilisation des ressources ni la théorie des opportunités politiques. À cet égard, d’autres éléments de la stratégie des prohibitionnistes ont été décisifs, notamment le travail diplomatique consistant à poser les jalons institutionnels de la mise à l’agenda. Quant au cadrage, son rôle a été majeur pour aplanir les différences, faire apparaître une unité, susciter des émotions et faire qu’agir devienne impératif.

    Rachid Chaker, Les politiques de puissance au XXIe siècle : Le cas du golfe Persique, thèse soutenue en 2022 à Université ParisPanthéonAssas en co-direction avec Julian Fernandez, membres du jury : Frédéric Charillon (Rapp.), Nicolas Haupais (Rapp.), Delphine Deschaux-Dutard  

    La quête de puissance semble être une constante de la politique internationale. Les crises qui découlent des compétitions entre Etats pour la puissance sont nombreuses et l’époque contemporaine, marquée par l’essor de la démocratie et du droit international ne semble pas avoir remis en cause cet état de fait. Le golfe Persique et les huit Etats qui l’entourent sont depuis plusieurs siècles l’objet de convoitises de la part de puissances extérieures à la région, en rivalité permanente pour y accroitre leur influence. Ces compétitions connaissent cependant depuis le début du XXIe siècle une recrudescence de leur intensité. Les puissances extérieures traditionnelles et dominantes de la région, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France y sont depuis peu confrontées à l’influence grandissante de nouveaux acteurs extérieurs. Parmi eux, se trouvent la Russie, la Chine, la Turquie, l’Inde et dans une moindre mesure Israël. Dans le même temps, plusieurs Etats du Golfe semblent avoir fait de l’accroissement de leurs forces une centralité de leur politique sur leur scène régionale, avec des déclinaisons multiples. L’objectif de cette étude est de déterminer les objectifs des politiques de puissance déployées dans le Golfe au XXIe siècle par les différents acteurs, de définir, par prolongation, les usages assignés à la puissance dans ce contexte, ainsi que les degrés de puissance convoités par les Etats.

    Alix Vuitton, Les conséquences juridiques et politiques de l’arrêt Front Polisario c. Conseil sur l’action de l’Union européenne, thèse en cours depuis 2022 en co-direction avec Fabrice Picod  

    Par son arrêt du 29 septembre 2021, rendu à la requête du Front populaire pour la libération de la Saguia el-Hamra et du Rio de oro (dit « Front Polisario ») et contre le Conseil de l’Union européenne (n° T 279/19), le Tribunal (neuvième chambre élargie) de première instance de l’Union européenne, statuant en chambre élargie, a annulé la décision (UE) 2019/217 du Conseil, du 28 janvier 2019, relative à la conclusion de l’accord sous forme d’échange de lettres entre l’Union européenne et le Royaume du Maroc sur la modification des protocoles no 1 et no 4 de l’accord euro-méditerranéen établissant une association entre les Communautés européennes et leurs États membres, d’une part, et le Royaume du Maroc, d’autre part. L’arrêt du Tribunal du 29 septembre 2021 marque un tournant jurisprudentiel important sur ce point, qui est de nature à affecter profondément l’action extérieure de l’Union européenne, dont on rappellera qu’elle n’a pas officiellement reconnu la République arabe sahraouie démocratique (RASD). C’est une prise de position importante pour l’Union européenne à raison du caractère obligatoire des décisions du Tribunal, bien qu’il ne s’agisse que d’une décision de première instance et qu’il soit fort probable que la CJUE soit à présent saisie. Par cette décision, le Tribunal a en effet reconnu la capacité d’ester en justice et la personnalité morale du Front Polisario et, partant, au moins certains attributs de la personnalité morale. Cet arrêt pose de nombreuses questions, notamment en ce qui concerne ses possibles conséquences juridiques et politiques pour l’Union et son action extérieure.

    David Elkaim, L’alliance entre les Etats-Unis et Israël, entre « pivot vers l’Asie » et montée en puissance de la Chine au Proche Orient, thèse en cours depuis 2022  

    Différents éléments suscitent des questions sur l’évolution de l’alliance israélo-américaine. A l’image de l’Australie ou de la Corée du Sud, Israël se trouve face à un dilemme : le soutien américain est la pierre de touche de sa politique étrangère et de défense mais ses liens économiques avec la Chine, déjà importants, ont vocation à prendre une place encore plus centrale dans son modèle de croissance tourné vers les exportations à forte valeur ajoutée. Dans quelle mesure le pivot américain vers l’Asie l’affectera-t-elle ? La rivalité sino-américaine va-t-elle amener les Etats-Unis à exercer une pression plus grande sur Israël dans les différents dossiers proche- orientaux où des divergences se sont d’ores et déjà fait jour, de la question palestinienne (le Président Biden a réaffirmé son soutien à la solution à deux Etats), au nucléaire iranien (Washington a repris les discussions avec Téhéran pour relancer le JCPOA) et plus largement de la dénucléarisation du Proche Orient (discussions sur la création d’une Zone exempte d’armes nucléaires) ? Faute d’autre allié régional et ne disposant pas d’alternative stratégique, Israël sera-t-il en mesure de maintenir une position équilibrée entre la Chine et les Etats-Unis ? La création d’un mécanisme de sécurité collective de type AUKUS (Royaume-Uni, Etats-Unis, Australie) est-elle envisageable dans la région, dans le prolongement des Accords d’Abraham (2020) qui ont concrétisé le rapprochement entre Israël et plusieurs Etats arabes sunnites ?

    Clara Maria Dragnev, Les routes de la soie numériques, thèse en cours depuis 2022 en co-direction avec Julian Fernandez  

    La Chine a annoncé en 2013 son projet de Nouvelles routes de la soie (Belt and Road Initiative). Si ce projet a été maintes fois analysé et a fait l'objet de nombreux travaux de recherche, un volet de la Belt and Road Initiative est systématiquement mis de côté : la dimension numérique du projet. Cette thèse aura vocation à analyser, décrire et montrer l'intérêt stratégique majeur des Routes de la soie numériques. Celles-ci pourraient notamment engendrer une fragmentation de l'Internet et du numérique mondial. Ce travail se dissèquera en trois parties : un retour en première partie sur l’histoire de la République populaire de Chine et du Parti communiste chinois, sur la personnalité de Xi Jinping, sur le système économique chinois ainsi que sur le rapport à l’innovation et aux « mégaprojets » dans un Etat autoritaire. Ensuite, dans une seconde partie, la thèse dressera un état des lieux du numérique chinois : hardware, infrastructures indépendantes (cloud, réseaux) et software. Cette partie visera notamment à montrer les synergies entre secteur public et privé et à mettre en lumière le mouvement de friction entre ces protagonistes depuis près d’un an : loi sur les données personnelles, règlementations anti-trust, répression du libéralisme débridé de certaines grandes firmes de la tech chinoise. Dans une troisième partie, la thèse montrera la façon dont la Chine exporte son modèle numérique à l’international et tente de ravir la première place aux Etats-Unis : commercialisation de ses téléphones, exportation de la smart city et des systèmes de surveillance, sécurisation des câbles Internet, bataille autour de la 5G et du cloud computing, course à l’intelligence artificielle, proposition de projet « New IP », expansion des softwares, montée en puissance du yuan numérique. Enfin, cette partie abordera les « moyens de défense » à la disposition de la France et de l’Union européenne

    Camille Trotoux, « Définissez “être aviateur” ? » Identités professionnelles militaires et processus décisionnels : une analyse multiniveaux à partir du cas français, thèse soutenue en 2021 à Paris 2 en co-direction avec Christophe Pajon, membres du jury : Sébastien Jakubowski (Rapp.), Jean Joana (Rapp.), Delphine Deschaux-Dutard, Nina Leonhard, Pascal Vennesson et Anne Muxel  

    La thèse examine l’influence des identités professionnelles sur les processus décisionnels dans la politique militaire, à partir d’une étude sur le personnel militaire de l’armée de l’air. Elle analyse la profession d’aviateur, a priori homogène, à partir d’un cadre théorique interactionniste. Celle-ci est traversée par des phénomènes de concurrence entre différents segments qui partagent une identité construite dont celui, dominant, des pilotes. De plus, au vu des multiples corps et spécialités, de la division du travail et de sa perception par les acteurs, la définition d’une identité professionnelle unique est complexe. Toutefois, des marqueurs communs peuvent être identifiés : rapports à la militarité, au milieu, aux systèmes d’armes, etc. Ensuite, la thèse s’appuie sur une approche institutionnaliste centrée sur les acteurs afin d’atteindre un double objectif. Il s’agit d’abord de compléter la démonstration avec une conversion des variables prédéfinies et de nouvelles composantes (normes, orientations et préférences des acteurs). Puis, de proposer une solution théorique multiscalaire qui fasse le lien entre les acteurs individuels et collectifs d’une politique publique. L’identité professionnelle, envisagée comme variable explicative « transcendantale » (Scharpf) à toutes les autres, devient un facteur influençant les processus décisionnels des acteurs. Toutefois, le poids de cette variable identitaire est fonction du contexte : bien que, au sein de l’armée de l’air, les pilotes occupent la plupart des postes à hautes responsabilités, leur influence semble se diluer dans l’espace interarmées.

    Efthymia Panagiotou, Quelle doctrine européenne de défense en Méditerranée orientale ?, thèse en cours depuis 2021  

    La Méditerranée orientale a fait l’objet de nombreux rapports et travaux, dont plusieurs d’une très grande qualité. Ce travail a pour ambition de placer la réflexion des européens dans le contexte d’une doctrine de défense commune au sein d’un environnement d’une grande importance géopolitique pour la sécurité européenne. L’espace méditerranéen est traversé par une dynamique issue d’une instabilité régionale tout en provoquant des conflits politiques et militaires. À cette dynamique s’ajoutent aussi des conflits plus anciens - conflit israélo-palestinien, conflit gréco-turc, instabilité dans les Balkans. Ces derniers ont pour conséquence de dégrader le contexte sécuritaire de l’espace méditerranéen. C’est dans cet espace qu’il faudra une coopération structurée permanente pour compléter les lacunes capacitaires de l’UE et de l’Europe. Dans cette perspective, une question centrale se pose : Comment renforcer la sécurité européenne contre la dégradation sécuritaire actuelle dans la région de la Méditerranée orientale? Dans cette perspective de répondre aux nouveaux enjeux sécuritaires, je me décide à conduire une étude consacrée à une doctrine de défense commune dans l’espace entre la Grèce et Chypre. Cette doctrine s’inscrit dans la perspective d’un système commun européen de sécurité par le biais de l’Espace Unique Défensif(EUD). Il s’agit d’une doctrine commune qui contribue au renforcement de la prise en compte du risque sécuritaire.

    Gilles Haberey, Audace et prise de risque dans la décision de nature opérationnelle, thèse en cours depuis 2021  

    La question de l’aptitude du stratège à l’audace et à la prise de risque ouvre des espaces d’étude multiples, mais complexes : l’accès à la prise de décision par l’étude des ordres écrits et l’analyse des actions conduites se heurte à la difficulté d’ausculter les esprits au moment où s’élabore la prise de décision. Pour autant, ces travaux, dont l’ambition demeure technique sur beaucoup d’aspects, pourront certainement offrir un regard différent et de nouvelles pistes de compréhension de l’intégration du risque dans la prise de décision et des perturbations multiples des intelligences. Volontairement pluridisciplinaire, mais centrée autour des sciences sociales et de l’histoire militaire, la démarche de recherche pourrait s’articuler autour de l’analyse des méthodes et techniques de prise de décision, de l’environnement culturel et de la formation du stratège, tant dans la conception que de la conduite de l’action, et, in fine, de l’appétence à sortir de cette « dépendance au sentier » qui contraint les esprits : l’idée est de croiser les champs cognitifs – et leurs perturbations -, entre acquis et inné, dans le périmètre particulier de l’affrontement physique et psychologique en temps de guerre, en focalisant l’étude sur la notion de prise de risque.

    Kevan Gafaïti, La politique extérieure de la France à l'égard de l'Iran depuis 1995. , thèse en cours depuis 2021 en co-direction avec Serge Sur  

    La thèse cherche à exposer la production, la mise en œuvre et la réception de la politique extérieure de la France, puissance mondiale moyenne, à l’égard de l’Iran, puissance régionale incontournable du Moyen-Orient. L’étude de la politique extérieure française à l’égard de l’Iran se révèle particulièrement cruciale de par quatre facteurs : l’ancrage historique de celle-ci, son extension à des domaines dépassant le seul commerce, mais aussi son caractère fluctuant selon les présidences de part et d’autre et son impact dans la région du Moyen-Orient. La politique extérieure française à l’égard de l’Iran est particulièrement intéressante sur la période allant de 1995 à nos jours car la France a mis en oeuvre une stratégie basée sur un dialogue pragmatique avec l’Iran. 1995-2007 correspond ainsi à un premier mouvement de la politique extérieure française : c’est la période où les relations se réchauffent le plus avec la réinstauration de multiples canaux directs de discussion. 2007-2017 constitue un second mouvement, en sens inverse cette fois-ci. Les Présidents Sarkozy et Hollande affichent une plus grande fermeté face à un Iran dirigé par Ahmadinejâd. Avec l’arrivée du Président Rohani en 2013, l’Iran peine à apaiser les relations qui sont profondément marquées par la lutte française contre ce qu’ils identifient comme un programme nucléaire militaire iranien occulte. La période allant de 2017 à nos jours offre alors un troisième temps de la stratégie française, marqué par la volonté du Président Macron de renouer un dialogue pragmatique avec l’Iran. Un parallèle avec la période 1995-2007 semble alors se profiler. En effet, de par le caractère constructif de la politique adoptée par la France sur cette période, peut sérieusement être avancée la voie de réflexion selon laquelle la France pourrait relever les stratégies diplomatiques efficaces sur cette période pour tenter de les approfondir et de les appliquer à l’avenir envers l’Iran. Il apparaît ainsi que la recherche universitaire de la politique extérieure française à l’égard de l’Iran à travers une thèse de doctorat est inédite quant à la période d’étude présentée et l'état des relations entre les deux pays (dialogue post-révolution islamique). Le projet de thèse présenté répond donc à un triple besoin de la recherche en science politique concernant la politique extérieure française envers l’Iran, et plus largement les relations France-Iran : seule une thèse de doctorat a porté sur l’étude des relations post-révolution, cette thèse est ancienne (plus de 20 ans) et finalement aucun travail universitaire n’a cherché à identifier les facteurs ayant entraîné une politique extérieure constructive de la France envers l’Iran et dont la France pourrait tirer parti à l’avenir. Ce projet de thèse s’affranchirait d’une approche seulement historique de l’analyse de la posture française pour déterminer, à partir de ladite politique extérieure allant de 1995 à nos jours, des perspectives de rapprochement futur pour la France et l’Iran.

    Emmanuel Dreyfus, La réforme des forces armées en Russie, un cas d’émulation militaire : le rôle de la circulation des savoirs américains dans le changement militaire en Russie (2008-2019), thèse soutenue en 2021 à Paris 2 en co-direction avec Jean Radvanyi, membres du jury : Marlène Laruelle, Olivier Schmitt et Anne de Tinguy  

    Cette thèse est consacrée à l’étude de la réforme des forces armées russes envisagée selon le cadre conceptuel du changement militaire, et le cadre théorique de l’émulation militaire. L’hypothèse à vérifier porte sur le rôle des influences occidentales, et plus particulièrement des influences américaines, dans le développement, la création et la montée en puissance de trois cas d’études, les forces des opérations spéciales (FOS), la police militaire (PM) et les sociétés militaires privées (SMP). La première partie est composée de trois chapitres. Le premier est consacré à un état de l’art des travaux effectués sur la question du changement militaire en Russie depuis le début des années 1990. Le second est dévolu à la construction du cadre conceptuel et du cadre théoriques employés. Le troisième présente la méthodologie suivie et les deux catégories de sources primaires utilisées : une série d’entretiens menés au printemps 2018 à Chisinau, Kiev et Tbilissi auprès d’acteurs des institutions militaires moldaves, géorgiennes et ukrainiennes et une exploitation des publications appartenant au ministère russe de la Défense. La seconde partie est composée de deux chapitres. Le chapitre 4 constitue une mise en perspective historique de la question des influences occidentales dans l’introduction de réformes militaires en Russie. Le chapitre 5 porte sur l’évolution dans la perception des menaces et des caractéristiques des conflits armés contemporains tel qu’illustré notamment par la science militaire russe, dont les principaux acteurs et structures sont présentés. La troisième partie est composée de 3 chapitres correspondant aux trois cas d’études : le chapitre 6 est consacré aux FOS, le chapitre 7 à la PM et le chapitre 8 aux SMP.

    Adrien Estève, De la justification à l’anticipation : la construction d'une responsabilité environnementale et climatique des acteurs de la défense en France et aux États-Unis, thèse soutenue en 2020 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Ariel Colonomos, membres du jury : Thomas Lindemann (Rapp.), Sylvie Ollitrault (Rapp.), Daniel R. Brunstetter  

    À partir des cas de la France et des États-Unis, cette thèse montre que l’incorporation des enjeux écologiques dans les politiques de défense dépend des manières de définir la responsabilité environnementale et climatique et de l’attribuer aux forces armées. Le premier type de responsabilité, issu de la tradition de la guerre juste et du droit de la guerre, est défini comme l’obligation de limiter les destructions et les pollutions. Elle est attribuée par des victimes, des scientifiques et des juristes qui demandent des comptes aux organisations de défense pour les dommages écologiques causés en temps de guerre et de paix. Cette responsabilité n’est inscrite que tardivement et de manière limitée dans les doctrines militaires. Le deuxième type de responsabilité, issu d’une synthèse entre la norme stratégique de précision et le développement durable, est défini comme l’obligation d’économiser l’emploi de la force. Elle est issue d’une démarche de responsabilisation des organisations de défense, qui prend la forme d’un investissement dans des technologies et des équipements plus performants et alimentés par des énergies renouvelables. Cette exigence peine à dépasser le cadre de l’expérimentation. Le troisième type de responsabilité, issu de la synthèse entre l’adaptation climatique et l’anticipation stratégique, est la responsabilité d’anticiper et de prévenir les risques climatiques. Elle est issue de la réflexion prospective et géostratégique sur les implications du changement climatique pour la sécurité nationale. Elle représente le type de responsabilité le mieux intégré dans les politiques de défense, et en particulier dans les doctrines stratégiques qui accordent une place de plus en plus importante à l’emploi des forces armées dans le renforcement de la résilience climatique des sociétés.

    Christelle Bethencourt, La conflictualité armée en Somalie depuis 1960 , thèse en cours depuis 2020  

    La thèse étudie l'évolution des conflits armés en Somalie depuis l'indépendance de ce pays en 1960. Outre le caractère monographique de l'étude, la réflexion met l'accent sur les évolutions stratégiques (asymétrie, hybridité) que révèle le terrain somalien.

    Isabelle Dufour, S'adapter et innover , thèse en cours depuis 2020  

    La façon dont les organisations militaires innovent et s'adaptent est chose bien décrite par la littérature stratégique. De nombreux travaux ont contribué à dessiner, pour ces deux notions, un cadre conceptuel solide, et surtout, relativement cohérent. Pour autant, la façon dont les deux concepts s'articulent reste à explorer. L'idée guidant ce travail de recherche est donc la suivante : à partir d'un élément structurant de l'affrontement militaire ' les engins explosifs improvisés ' concernant aussi bien les échelons tactiques que le niveau politico-stratégique, il s'agira de faire le lien entre ces deux modalités de transformation d'un acteur.

    Camille Bayet, Repenser la légitimité politique des opérations de maintien de la paix , thèse en cours depuis 2020  

    A l'heure de la défiance de certains États envers le multilatéralisme, du retrait de la puissance hégémonique des sphères onusiennes et de l'émergence de nouveaux acteurs dans le processus décisionnel, cette thèse étudie la légitimité des opérations de maintien de la paix des Nations unies. Ainsi, nous étudierons en quoi cette recomposition stratégique affecte à la fois le mode de gouvernance et le corpus de normes et systèmes de valeurs au sein de Conseil de sécurité en matière d'opérations de maintien de la paix. Comment s'opère le processus de légitimation ? Quels acteurs entrent en jeu dans ce procédé intersubjectif ? Quel est le rôle des États dans ce processus ? En définitive, l'intérêt de ce travail de recherche réside dans une volonté d?inscrire l'étude des opérations de maintien de la paix dans un contexte international renouvelé, en combinant de manière originale une approche institutionnelle des organisations internationales avec une réflexion théorique sur la légitimité en relations internationales.

    Hervé Pierre, Entre paix et guerre : Variations sur la pensée stratégique du général Beaufre, thèse soutenue en 2020 à Paris 2, membres du jury : Frédéric Ramel (Rapp.), Olivier Forcade (Rapp.), Jacques Frémeaux, Benoît Durieux, Philippe Lagrange, Beatrice Heuser et Julian Fernandez  

    La pensée stratégique du général André Beaufre (1902-1975) est peu connue. Quand le stratégiste est cité, il l’est quasi-exclusivement pour son Introduction à la stratégie, le premier et le plus court de ses textes. Auteur de quinze livres, d’une centaine de conférences et de plus de deux cents articles, il mérite pourtant d’être redécouvert et sans doute d’être réinterprété de manière créative. Non pas que l’officier soit l’inventeur d’un concept clef dont la « magie » aurait jusqu’à maintenant échappé à ses commentateurs, mais, en articulant « diverses conceptions » de la stratégie, il est parvenu à élaborer une herméneutique suffisamment plastique et englobante pour faire sens aujourd’hui. Le génie d’André Beaufre est moins d’avoir inventé que d’avoir réinventé des concepts pour les rendre compatibles les uns avec les autres : son logos – à la fois raisonnement et langage – est un créole qui refonde les concepts autant qu’il forge de nouveaux mots, à l’instar de celui de « paix-guerre ». Cette thèse est l’occasion de revisiter son système de pensée, en mettant à jour ses fondements, en expertisant ses mécanismes et tentant de les remettre en fonctionnement. Que Beaufre mérite d’être lu aujourd’hui ne signifie pas qu’il faille pour autant abandonner tout sens critique. Mais ce qui pouvait apparaître comme totalement « hors sujet » au début des années 70 peut offrir des clefs de lecture intéressantes pour penser le monde cinquante ans plus tard, du djihad révolutionnaire à la prolifération nucléaire en passant par les menaces hybrides et le réarmement des États.

    Manon Laroche, Du nationaliste au "pragmatisme panarabe" ? Enquête sur la politique étrangère de l'Égypte du maréchal al-Sissi., thèse en cours depuis 2018  

    Ce projet de recherche s'appuie sur le constat qu'il existe un panarabisme affirmé en Égypte. Celui-ci, hérité de l'histoire longue du pays, a longtemps régulé ses rapports avec les pays voisins (Libye, Israël, et Arabie Saoudite en particulier). Aujourd'hui, sous la férule du maréchal al-Sissi, cette politique nationaliste est davantage empreinte d'« égyptianité », laissant place à ce que nous pouvons caractériser comme étant un « pragmatisme panarabe ». Ce pragmatisme entend répondre à la situation sécuritaire préoccupante de l’Égypte, depuis notamment la destitution en 2013 du président Mohammed Morsi, issu des Frères musulmans. Cette politique a accéléré le durcissement de nombreux groupes islamistes et terroristes, indifférenciés volontairement par le régime. Cette thèse entend explorer cette dialectique à l'oeuvre entre, d'un côté, l'affirmation nationaliste, et d'un autre côté, l'expression nouvelle d'un « pragmatisme panarabe ».

    Pierre-William Fregonese, De cendres et de braises : la stratégie culturelle de la France au XXIe siècle, thèse soutenue en 2018 à Paris 2 en co-direction avec Pascale Martin-Bidou, membres du jury : Michel Hastings (Rapp.), Olivier Forcade (Rapp.), Beatrice Heuser et Philippe Raynaud  

    La stratégie culturelle est une composante essentielle de la stratégie globale de puissance d'un Etat au XXIe siècle. La France, puissance culturelle historique dotée d'un réseau diplomatique fort, structurant son action culturelle extérieure, voit une concurrence émerger sur la scène internationale. Pour garder son statut, elle défend la diversité culturelle, démarche complémentaire de celle d'exception culturelle, en conservant les acteurs traditionnels de l'influence. Or, dans une époque du tout numérique et de l'immédiateté, et de l'essor des acteurs privés, les codes de l'influence sont renouvelés, remettant en question la pertinence d'une action culturelle extérieure principalement publique.

    Aleksandra Bolonina, Le rôle de la Chine et de la Russie dans la formation d'un nouveau système régional en Asie centrale., thèse en cours depuis 2017  

    Les États d'Asie centrale ont connu un changement important suite à l'effondrement de l'URSS. La rupture brusque des liens entre Moscou et la région, présents autrefois, a résulté en la réapparition de l'Asie centrale sur la scène internationale en tant qu'« espace de vacuité ». Cette région présente en effet plusieurs intérêts économiques et énergétiques, géopolitiques et sécuritaires, et cette thèse souhaiterait s'y consacrer, en adoptant le regard de la science politique et en s'interrogeant plus particulièrement sur la constitution d'un système régional en Asie centrale. Nous structurons notre recherche autour de l'hypothèse selon laquelle les différends entre les États centrasiatiques observés à l'heure actuelle, par exemple les « guerres » hydrauliques, les conflits frontaliers et le trafic de drogue, représentent un obstacle sérieux à la construction d'un espace pacifique intégré en Asie centrale. Cependant, nous présumons que l'intégration peut être facilitée non par des forces intérieures, mais par une influence extérieure, notamment par l'engagement de la Chine et de la Russie. Dans le cadre de notre recherche, il s'agira donc d'analyser les paramètres de la « cohabitation » entre la Russie et la Chine en Asie centrale, au même titre que les implications de leur coopération et compétition, avec l'intention d'étudier la formation d'un nouveau système régional en Asie centrale.

    Oumar Sylla, L'opération Tacaud de l'armée française au Tchad (1978-1980), thèse en cours depuis 2017  

    Depuis la fin de la guerre d'Algérie seize ans plus tôt, l'armée française n'était sortie de ses casernes qu'avec discrétion : à la demande de dirigeants des anciennes colonies quelques actions d'AMT (assistance militaire technique) constituées d'effectifs peu nombreux, avaient été mises en place sans attirer l'attention du public. En 1978 commence une série d'interventions extérieures d'un style nouveau. L'opération Tacaud ouvre le chapitre des « opex » dans la longue histoire de l'Armée française. Le 17 février 1978, Faya-Largeau est prise par les bandes rebelles du FROLINAT qui progressent en direction de la capitale tchadienne, Ndjamena. Le président Félix Malloum demande alors l'aide de la France. La France décide l'envoi de forces militaires pour soutenir l'armée régulière tchadienne et dépêche au total 2200 hommes et des chasseurs-bombardiers. Ainsi "Tacaud" entraîne la décision d'amplifier la professionnalisation de l'armée française, notamment sa composante logistique. L'étude de l'opération Tacaud revêt un intérêt essentiel au sens où elle préfigure des concepts qui structurent la Défense nationale : la professionnalisation, l'emploi des armes, la logistique, le renseignement, le Retex à chaud, la construction et le renforcement d'une sécurité collective en Afrique. A travers le jeu des puissances étrangères et l'implication de la Lybie, « Tacaud » permet de questionner la politique étrangère sous l'angle des relations internationales.

    Oumar Sylla, Le Cameroun au Conseil de sécurité des Nations Unies (1974-1975) (2002-2003), thèse soutenue en 2017 à Poitiers 

    Iris Marjolet, Les politiques de coopération sino-latino-américaines , thèse en cours depuis 2016 en co-direction avec Jean-François Huchet 

    Jean-François Huchet, Une politique publique de renseignement. Changement et trajectoire de réformes en France 1989-2020, thèse soutenue en 2016 à Poitiers 

    Jean-François Huchet, La rivalité sino-américaine dans le cadre de l'innovation militaire, le cas des drones aériens, thèse soutenue en 2015 à Poitiers 

  • Olivier Galon, La France face à la crise migratoire actuelle : résignation ou possibilité(s) d'action. L'exemple de la Gendarmerie, thèse soutenue en 2023 à Université Paris Cité sous la direction de Pascal Chaigneau, membres du jury : Philippe Lagrange (Rapp.), Ludovic François (Rapp.), Derek El Zein, Fouad Nohra et Sylvie Ciabrini  

    Le continent européen est aujourd'hui confronté à une crise qui dépasse les simples frontières des pays qui le composent. Alors même que ces derniers ont choisi de libéraliser les déplacements entre eux, la France constate aujourd'hui la crise qui la frappe de plein fouet. Droit national et international limitent ou encadrent, formellement ou théoriquement, le champ d'action de l'État et de ses représentants, qu'il s'agisse de l'hypothèse de repousser les navires surchargés de migrants comme de refuser à ces derniers le droit de rester sur le territoire. Les accords de Schengen et le traitement de la problématique migratoire par l'Union Européenne semblent aujourd'hui montrer leurs limites et chaque nation se doit de reprendre la main, en réinventant au besoin la façon de s'unir avec ses voisines. Accueillir dignement celles et ceux qui arrivent légalement sur le territoire national est une question de principe mais aussi de respect de la personne humaine tout autant que de nos concitoyens. Des Alpes-Maritimes à la Basse-Normandie, des Pyrénées orientales à l'Alsace, de jour comme de nuit, par des schémas d'action différents mais toujours dans le respect du droit, les unités élémentaires de la Gendarmerie Nationale sont en première ligne, à l'œuvre, pour empêcher les entrées irrégulières sur le territoire ou identifier les personnes en situation irrégulière sur le territoire national au regard du droit au séjour. Qu'il s'agisse de prodiguer des conseils ou avis à distance, de créer une équipe dédiée au traitement des procédures administratives liées à l'immigration irrégulière ou de laisser à la manœuvre les unités de terrain, de surveiller et planifier le retour forcé, de traiter cette matière au milieu des procédures traditionnelles, chaque groupement de gendarmerie départementale s'adapte et tente de faire de son mieux avec les moyens humains et légaux mis à sa disposition pour lutter contre l'immigration irrégulière. Nombreux sont les organismes existants qui paraissent pouvoir apporter une solution si l'on se contente de faire des déclarations sans étudier dans le détail leurs attributions. Il s'agit d'ailleurs souvent d'organisations supranationales existantes ou rêvées mais aucune n'apporte de réponse définitive. Il est plus facile de dire que la solution viendra de l'union européenne, impliquant des négociations et un délai de mise en œuvre long, pour ne pas avoir à se saisir à bras-le-corps d'une difficulté, plutôt que de chercher des solutions plus immédiates mais moins populaires. Nombreuses sont les idées qui ont germé pour chercher une solution à une crise latente dont on ne voit pas la fin. La montée en puissance de FRONTEX pourrait laisser à penser que la solution miracle est en train d'apparaître. Mais est-ce véritablement le cas ? Rien n'est moins sûr. Réformer la législation existante, renforcer le contrôle aux frontières terrestres, maritimes et aériennes, développer et croiser les fichiers, collaborer plus avant avec les États coopérants tout en étant fermes avec ceux qui se montrent particulièrement réticents à récupérer leurs ressortissants sont autant de pistes pour combattre l'immigration clandestine. Car une fois le migrant arrivé sur le territoire européen, il obtient la garantie quasi-certaine de rester et de ne jamais repartir. Nous pouvons retrouver les moyens d'agir, ne pas céder au renoncement, ne pas être résignés mais des mesures juridiques fortes et politiquement impopulaires seront nécessaires. Mais il faut faire un choix. "Il y a, en effet, dans le monde trop de drames, de pauvreté, de famine pour que l'Europe et la France puissent accueillir tous ceux que la misère pousse vers elles. Aussi bien, et si pénible que cela soit pour les fonctionnaires quotidiennement confrontés à des situations humaines déchirantes, nous faut-il résister à cette poussée constante." (Michel ROCARD)

    Kevin Buton-Maquet, L'individualité militaire et ses vertus : Ethique et écrits tactiques de la Révolution française à la décolonisation, thèse soutenue en 2020 à Lyon sous la direction de Isabelle Delpla, membres du jury : Ghislain Waterlot (Rapp.), Sophie Guérard de Latour (Rapp.), Cécile Fabre, Hervé Drévillon et Christopher Kuzt    

    Ce travail voudrait esquisser une histoire philosophique de la tactique française de la fin du XVIIIe siècle aux guerres de décolonisation, sous l’angle de l’individualité militaire. En effet, l’ émergence de l’individu, déjà entamée avant la Révolution , mais éclatant pleinement alors que le soldat devient un citoyen à part entière, soulève la question de sa prise en compte et de sa problématisation par l’institution militaire. Le soldat, dans son individualité, est-il un facteur d’irrationalité et d’imprévisibilité de la manoeuvre, qu’il s’agit alors de ramener à la régularité par l’élaboration d’une tactique scientifique. Ou bien la singularité du combattant doit elle être au contraire le point de départ d’une pensée militaire soucieuse de fidélité empirique ? C’est cette individualisation progressive que nous étudions sous ses différentes modalités sur le champ de bataille, dans la caserne et dans le rapport à la cité ) à partir d’un corpus peu étudié jusqu’à présent par la philosophie. Celui d’écrivains militaires(souvent des officiers) qui, avec plus ou moins de distance par rapport à la doctrine officielle, cherchent à rendre intelligible la guerre moderne et la place de l’individu en son coeur.

    Alexandre Zourabichvili, La sécurité nationale et le droit international, thèse soutenue en 2019 à Poitiers sous la direction de Vincent Correia et Philippe Lagrange, membres du jury : Geneviève Bastid Burdeau (Rapp.), Nicolas Haupais (Rapp.)  

    Loin de se limiter à figurer dans les traités internationaux sous la forme d'une simple clause d'exception qui permet à l'Etat de déroger aux obligations qu'il a contractées, la sécurité nationale se manifeste sous différentes formes dans de nombreux traités et est sous-jacente aux principes de base de l'ordre juridique international. L'objet de cette thèse est d'étudier la place et le rôle de la sécurité nationale dans le droit international. La sécurité nationale contribue à l'équilibre des droits et obligations d'un traité où elle est présente. Cet équilibre atteint ses limites lorsque les clauses de sécurité sont formulées de façon ambigüe et que leur interprétation et application donnent lieu à des différends entre États. Ces limites sont liées au caractère variable et évolutif de la sécurité nationale, dont le contenu est modelé par chaque État en fonction de sa puissance, des menaces qu'il perçoit et de la place qu'il entend prendre dans les relations internationales. Lorsque les clauses de sécurité nationale ne suffisent plus à prendre en considération les besoins, évolutifs, de sécurité des États, ceux-ci recourent aux actes unilatéraux avec des conséquences qui peuvent déstabiliser l'ordre juridique international ou en modifier le paysage normatif. Dans ce dernier cas, les actes unilatéraux amènent de nouvelles normes coutumières ou élargissent des normes existantes notamment dans le domaine du recours à la force armée, révélant ce faisant le rôle créatif de la notion de sécurité nationale dans l'évolution du droit international.

    Paul Soyez, Australian-French Mutual Empowerment : Middle Powers. Strategies to Overcome Pacific & Global Challenges, thèse soutenue en 2018 à Sorbonne université sous la direction de Olivier Forcade et John Vance Langmore, membres du jury : Stewart Firth, Patrick Hénault et Nathalie Mrgudovic    

    Cette thèse de doctorat démontre pourquoi et comment la France et l’Australie sont actuellement engagées dans un processus de renforcement mutuel, diplomatiquement et économiquement, dans le cadre de leurs propres stratégies de « smart power ». Ce rapprochement a été possible grâce à trente ans d’efforts diplomatiques pour dépasser tensions et incompréhensions culturelles entre acteurs diplomatiques français et australiens. Cette recherche met en lumière les dynamiques historiques de cette relation bilatérale ambiguë. L’analyse se porte sur les acteurs, mécanismes et résultats de la transformation de la relation bilatérale franco-australienne, depuis 1985, années de vives tensions entre Paris et Canberra en raison de la politique française dans le Pacifique, jusqu’au temps présent où les deux pays n’ont jamais été aussi proches depuis la signature de leur partenariat stratégique approfondi en 2017. Cette thèse met en œuvre une approche originale : elle est fondée sur l’étude d’archives françaises et australiennes ainsi que sur des entretiens avec les acteurs principaux de la relation bilatérale. Ces sources sont étudiées à la lumière des théories constructivistes des Relations Internationales et du concept de « smart power » mis au point par Joseph Nye. Cette thèse affirme que la stratégie franco-australienne de renforcement mutuel est la réponse de deux puissances moyennes, une mondiale et l’autre régionale, face aux menaces du contexte international. Il s’agit également d’un outil de modernisation des diplomaties française et australienne. Ce renforcement progressif a été possible grâce à la résolution des trois principaux conflits qui empoisonnèrent la relation bilatérale, liés à la Politique Agricole Commune (PAC), aux essais nucléaires français dans le Pacifique Sud et à la politique française liée aux tensions en Nouvelle-Calédonie. Cependant, cette thèse démontre que le rapprochement progressif de la France et de l’Australie a été possible parce que leurs acteurs diplomatiques ont mis en œuvre de nombreuses opportunités de dialogue et de coopération afin de dépasser leur méfiance traditionnelle. La coopération franco-australienne, soutenue tout d’abord par les intérêts de leurs communautés économiques, a désormais la sécurité pour enjeu principal. Canberra et Paris partagent de plus en plus de menaces traditionnelles et non-traditionnelles, dans un contexte de transformation du concept de puissance par son déplacement à de nouveaux acteurs étatiques et sa diffusion à des acteurs non-étatiques. L’approfondissement du partenariat stratégique franco-australien constitue une réponse à ce défi mondial et témoigne du réengagement des deux pays dans l’aire Indo-Pacifique. Cette thèse permet de comprendre un enjeu crucial des Relations Internationales actuelles : l’adaptation des puissances moyennes aux enjeux régionaux et mondiaux par des processus de renforcement mutuel et la mise en œuvre de stratégies de « smart power ».

    Guilhem Penent, L'Amérique en orbite ou l'anomalie de la sous-arsenalisation de l'espace depuis la fin de la guerre froide : une analyse réaliste reflexive, thèse soutenue en 2017 à Bordeaux sous la direction de Dario Battistella, membres du jury : Thomas Lindemann (Rapp.), Xavier Pasco (Rapp.)  

    Ce travail offre une analyse holistique de la politique spatiale américaine après laguerre froide vue sous l’angle de l’armement limité de l’espace extra-atmosphérique. Prenantappui sur la distinction entre les notions de « militarisation » et d’« arsenalisation » del’espace, il cherche à répondre à la question suivante : pourquoi les États-Unis n’ont-ils pas,depuis la fin de la guerre froide, arsenalisé l’espace ? Dans le cadre de la théorie réalisteréflexive, la thèse montre que ce profil bas s’explique par la quête de l’honneur, laquelleimpose la mise en place d’une politique « hégémonique » fondée sur la recherche de lalégitimité et de la reconnaissance mutuelle entre les États-Unis, les autres puissancesspatiales établies et le reste du monde. La « sous-arsenalisation », en tant qu’alternative audéploiement d’armes spatiales, se situe à l’intersection de trois logiques liées, chacuned’entre elles, à la fameuse triade classique : le prestige, le profit et la sécurité. Plusprécisément, cette étude porte sur les différents programmes de coopération et efforts delibéralisation de l’espace par le marché et de régulation des armements dans l’espaceconduits par les États-Unis depuis l’administration Reagan jusqu’à la présidence Obama.

  • Mark Corcoral, Du droit pour protéger la nation : le lawfare du Département de la Justice américain, thèse soutenue en 2024 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Thierry Balzacq, membres du jury : Sébastien-Yves Laurent (Rapp.), Cornelia Woll  

    Dans un monde à la fois conflictuel et juridicisé, la politique de sécurité nationale des États de droit se heurte à une double difficulté. D’un côté, transgresser la loi pour protéger la nation expose l’action sécuritaire de l’État à une perte de légitimité politique et à des risques juridiques trop importants. De l’autre, s’en tenir à un respect scrupuleux du cadre légal de la politique de sécurité nationale peut avoir un effet débilitant. Cette thèse analyse la manière dont le Département de la Justice (DOJ) américain use stratégiquement du droit pour y répondre. Ces usages stratégiques du droit à finalité sécuritaire – ou lawfare – comportent un volet défensif et un volet offensif autour desquels se structure notre réflexion. Sur le plan défensif, les juristes du ministère recourent à des manoeuvres juridiques pour délier l’action sécuritaire de certaines contraintes normatives sans mettre en péril sa légitimité ni l’immunité des personnes qui la mettent en oeuvre. Ces manoeuvres prennent la forme d’abus de droit – consistant à mettre à l’écart les contre-pouvoirs pour nier l’existence de contraintes légales sans qu’ils s’y opposent – ou d’accommodements juridiques – consistant à rallier les contre-pouvoirs à des modifications permissives du droit. Après les attentats du 11 septembre, l’exécutif américain a ainsi été habilité à utiliser plus facilement des techniques de renseignement à des fins judiciaires, étendre ses activités de surveillance électronique et maltraiter des détenus suspectés d’être des combattants djihadistes. Sur le plan offensif, les procureurs du DOJ recourent au lawfare pour faire de la justice pénale un instrument de la politique de sécurité nationale, malgré son indépendance et les exigences d’équité qui la régissent. Selon l’objectif sécuritaire poursuivi, ces procureurs jouent avec des qualifications pénales – pour engager la responsabilité de personnes d’intérêt plus tôt, plus loin ou plus facilement – ainsi que sur les procédures judiciaires – pour moduler la gravité des accusations, leur publicité, la nature et l’intensité des peines encourues. La justice pénale américaine est ainsi devenue un moyen d’entrave, un vecteur d’enrôlement et un outil de communication stratégique au service de la politique de sécurité nationale des États-Unis. In fine, cette thèse montre que le lawfare du DOJ utilise des règles et des procédures juridiques formelles pour les détourner de leurs fonctions premières et permettre à l’exécutif de déroger à certains principes substantiels du droit pour mieux protéger la nation américaine

    Laure de Roucy-Rochegonde, Heurs et malheurs du contrôle de la force : le cas de la régulation internationale des systèmes d'armes létales autonomes, thèse soutenue en 2023 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Ariel Colonomos, membres du jury : Olivier Schmitt (Rapp.), Amélie Férey  

    Comment contrôler la force ? Bien que largement mobilisée dans les débats sur la régulation des nouvelles technologies militaires, cette question s’avère insuffisamment travaillée dans le champ de la science politique et des relations internationales. Afin d’y répondre, notre travail entreprend d’analyser le contrôle de la force sous un angle original, à travers le cas spécifique de la régulation des systèmes d’armes létales autonomes (SALA).Nous formulons l’hypothèse que le principe de contrôle de la force est en train de se transformer au gré de l’innovation militaire. En effet, plusieurs processus de mutation de cette norme sont simultanément en cours. D’abord, les États se saisissent de plus en plus des nouvelles technologies dans le domaine des SALA, et la manière dont ils le font contribue à faire évoluer les attentes, les évaluations et les réactions sur le contrôle de la force. Dans le même temps, les travaux du groupe d’experts gouvernementaux (GGE) sur les SALA, engagés dans le cadre de la Convention sur certaines armes classiques (CCAC) depuis 2014, participent d’une adaptation juridique de cette norme. Ballotée entre ces deux mouvements contradictoires, la norme de contrôle de la force pourrait alors se rigidifier (dans le cas où les discussions internationales sur les SALA donneraient lieu à un instrument juridiquement contraignant) ou s’éroder (si les pratiques associées à l’autonomie des systèmes d’armes rendent un moindre contrôle acceptable).Nous proposons une approche conceptuelle du contrôle de la force, fondée sur l’effet normatif produit par le débat international sur les SALA. À l’aune de celle-ci, nous établissons que le recours à la force n’est considéré comme acceptable que s’il est contrôlé. La manière dont s’exerce ce contrôle demeure toutefois peu investiguée. Nous nous attachons par conséquent à en expliciter la substance, en construisant une théorie du contrôle de la force. Pour étudier plus précisément ces dynamiques, nous distinguons trois dimensions du contrôle de la force – humaine, politique et internationale – au sein desquelles se joue cette transformation, en fonction de ce que les acteurs estiment être le niveau « approprié » de contrôle. Ainsi pouvons-nous expliquer les différents points de blocage de la régulation des SALA, qui reflètent autant d’aspects de cette norme au cœur de l’ordre international.

    Wendy Yasmine Ramadan, La grande stratégie de la République islamique d’Iran : le cas des négociations sur le programme nucléaire iranien (2003-2015), thèse soutenue en 2022 à Paris EHESS sous la direction de Stéphane A. Dudoignon et Thierry Balzacq, membres du jury : Delphine Allès (Rapp.), Nathalie Burnay, Amine Aït-Chaalal, Hamit Bozarslan et Frédéric Charillon  

    Cette thèse de théorie des relations internationales (RI) a pour objectif d’étudier l’influence de la situation géopolitique de l’Iran sur la pratique de la grande stratégie iranienne par les élites politiques de la République islamique d’Iran (RII). Par grande stratégie, nous entendons les politiques à travers lesquelles un État définit son rapport à la scène internationale. Nous avons donc exploré les contraintes systémiques que génère l’appartenance de l’Iran à un type de région géographique, ici, le Moyen-Orient, et que les géopoliticiens nomment « shatterbelt » (et dont les unités sont les « États pivots »). Ces régions possèdent des atouts stratégiques, militaires, économiques ou idéationnels, qui sont convoités par au moins deux grandes puissances. Ainsi, les « shatterbelts » sont prises dans le chevauchement de sphères d’influence. Les effets structurants de l’expérience de « pivot » en République islamique d’Iran constituent l’un des principaux résultats de cette recherche. À l’aide d’outils d’analyse qualitative – les idéaux-types wébériens construits sur l’exploitation de travaux d’historiens –, nous avons développé l’idée selon laquelle les élites politiques de la RII héritaient de leurs prédécesseurs d’un « dilemme de sécurité », ainsi que d’un répertoire d’action collective pour le gérer. Ce répertoire de référence se décline en trois postures principales : « Manœuvrer dans l’ordre des puissances », « Contester l’ordre des puissances », « Se conformer à l’ordre des puissances ». Chacune de ces trois postures comprend un éventail d’actions.Nous avons identifié les traces de cet héritage à travers notre cas d’étude relatif aux négociations sur le programme nucléaire iranien (2003-2015). Le répertoire d’action collective de référence structure, jusqu’à un certain point, les élites politiques de la RII. Nous avons aussi eu l’occasion d’observer des innovations de répertoire, ainsi que des pratiques tout à fait extérieures au répertoire référentiel de l’Iran. Néanmoins, l’étude de cas nous a informée d’une incontestable inertie des manières de voir et de faire, qui s’explique par l’héritage d’expériences et de perceptions transmises depuis l’ère de Reza Shah. Enfin, il ressort que la culture stratégique iranienne du « pivot » semble, par certains aspects, caduque et inadéquate aux évolutions de l’ère post-11 septembre (renforcement des régimes internationaux de « lutte contre le terrorisme » et de non-prolifération nucléaire ; interdépendance économique croissante ; évolution de la sécurité), si bien que l’Iran ne dispose plus d’une marge de manœuvre véritable dans la compétition entre les grandes puissances.Cette thèse, qui valorise une approche systémique, apporte un argument alternatif au discours dominant selon lequel les déterminants du comportement de la RII trouvent principalement leurs sources dans les facteurs internes à l’État (nature du régime, culture religieuse chiite des élites politiques etc.). Dans le même temps, le concept de « pivot » valorise les phénomènes de hiérarchie dans le système international, par opposition au principe d’anarchie sur lequel se basent les deux grandes approches systémiques des RI, à savoir, le réalisme structurel waltzien d’une part, et le constructivisme conventionnel, d’autre part. Ainsi, nous rendons hommage à la géopolitique, qui a pensé, dès sa genèse disciplinaire, ces phénomènes dans le cadre d’une vision différenciée du système international. À travers l’étude d’un cas spécifique, que représente la grande stratégie de la République islamique d’Iran, ce travail constitue une première pierre à une étude comparatiste de la grande stratégie des États pivots.

    Mathieu Gonzalez, Réceptions de Thucydide : l'héritage de sa pensée dans la politique de l'après-guerre, thèse soutenue en 2022 à Sorbonne université sous la direction de François Lefevre, membres du jury : Sophie Gotteland (Rapp.)  

    Cette thèse est une analyse de la réception de l’Histoire de la Guerre du Péloponnèse de Thucydide dans la pensée politique après la Deuxième Guerre mondiale. Elle est divisée en trois parties. Dans la première nous analysons comment Thucydide est approprié dans les discours politiques et les sciences politiques, surtout dans la théorie des relations internationales, avec les multiples problèmes que cet exercice entraîne. La deuxième partie est dédiée à la réception de Thucydide par les hellénistes. Un long chapitre est consacré à Jacqueline de Romilly et sa rigoureuse interprétation de l’Histoire. Puis différents spécialistes sont étudiés. Les exemples les plus importants sont ceux de M. I. Finley, Ste. Croix, Chatelet, Loraux, Lisa Kallet et Sthal. Nous montrons comment Thucydide peut être interprété dans toute sa complexité par ces différents chercheurs. La dernière partie traite de la réception de Thucydide dans la philosophie politique, où des philosophes comme Leo Strauss, Castoriadis ou Voegelin sont étudiés. Car Thucydide est un auteur fondamental, autant dans la compréhension historique de l’être humain que dans les analyses philosophiques. En effet, Thucydide a écrit un texte qui est, comme il l’indique lui-même, un trésor pour toujours. Surtout pour ceux qui veulent comprendre en profondeur en quoi consiste l’aspect politique de l’homme.

    Ali Kareem Nore, International Politics and the Right to Self-Determination : The Case of Iraqi Kurdistan, thèse soutenue en 2022 à Université Clermont Auvergne 2021 sous la direction de Frédéric Charillon et Marie-Élisabeth Baudoin, membres du jury : Jean-Jacques Roche (Rapp.), Pierre Razoux  

    Le sujet de l’autodétermination en tant que principe fondamental et droit légal des peuples, qui leur permet de façonner leur avenir conformément au droit international actuel, reste juridiquement et politiquement problématique. Cette thèse est une étude analytique ; il met l’accent sur l’influence de la politique internationale et l’équilibre des forces politique sur la mise en œuvre du droit à l’autodétermination. L’objectif principal de cette thèse est de fournir une interprétation scientifique du droit à l’autodétermination, en se concentrant sur le cas de la région du Kurdistan irakien au regard du droit international, et l’équilibre des forces politique régionale et internationale. L’importance de ce sujet réside dans son lien avec la liberté des peoples de déterminer leur avenir, de faire face aux conflits ethno-nationaux et d’assurer la paix et la sécurité nationales et internationales. Le principal problème reste autour du principe juridique face à l’équilibre des forces politique. L’hypothèse clé est que la réalisation du droit à l’autodétermination dépend de l’équilibre des forces politique et de la politique internationale plus que de la légitimité juridique. La question du Kurdistan a commencé avec la Première Guerre mondiale, lorsque le Kurdistan a été divisé entre quatre pays: la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie, selon le traité Sykes-Picot (1916). Le cas de la Région du Kurdistan, et ses prétentions à l’autodétermination, est un sujet complexe, en raison de ses dimensions nationales, régionales et internationales, et du rôle joué par les superpuissances. Le peuple du Kurdistan a le droit à l’autodétermination, mais en raison de l’absence d’équilibre des forces et des politiques d’opposition des pays voisins en plus de la politique internationale non favorable, il ne peut pas encore exercer ce droit. Si l’IKR continue à demander l’indépendance, il doit changer sa stratégie à long terme pour modifier l’équilibre politique actuel .

    Johanne Darcourt, Les Droits de l'homme , thèse soutenue en 2022 à Paris Est sous la direction de Stephen Launay et Joseph Krulic  

    Les Droits de l’Homme sont aujourd’hui partout sans que nous sachions réellement de quels « droits » ou de quel « homme » nous parlons. Pourtant, la poursuite de cet idéal philosophico-politico-juridique façonne notre quotidien et notre environnement, au point de devenir par lui-même un concept ayant élaboré notre cosmos. Or, dans celui-ci, les minorités sont devenues non seulement un pilier et un étalon de mesure pour apprécier l’assimilation de ces Droits mais apparaissent dorénavant comme le fer de lance nécessaire à l’instauration et au développement du concept à vocation universelle que sont justement ces Droits de l’homme. Tel un miroir européen, les pays issus de l’ex-Yougoslavie permettent alors d’illustrer cette dynamique en action, puisque au sein même de la culture européenne, truisme du creuset des minorités et objet de l’implantation des Droits de l’homme depuis trois décennies. Mais, souffrant à leur tour d’un certain désenchantement, ces Droits de l’homme pourront-ils demeurer encore longtemps ce concept révolutionnaire se voulant affranchi de toute hétéronomie ?

    Audrey Hérisson, Penser la guerre , thèse soutenue en 2022 à Paris 8 sous la direction de Ninon Grangé  

    Comment penser la guerre aujourd’hui dans une attitude critique vis-à-vis du courant dominant des War Studies ? La philosophie française des années 1960 et 1970, et plus particulièrement celle de Foucault, Deleuze et Derrida, ouvrent sur un « structuralisme infinitiste », suivant un concept inspiré par Balibar, capable de proposer une alternative au paradigme-doublet de la guerre dite classique et de la lutte des classes. La pensée de l’épistémè moderne, évoquée par Foucault, reste enfermée dans un doublet empirico-transcendantal qui se traduit de façon dominante dans un positivisme et une eschatologie humaniste. La crise des catégories de guerre, de politique et de religieux, que font ressortir les conflits et les violences actuels, est l’expression de cette limitation de la pensée de la guerre par une rationalité politique qui n’admet pas de transcendance éthique. Cette thèse propose, à partir de lectures croisées de philosophes mais aussi de théoriciens ou de praticiens de la guerre, une approche structurale « infinitiste » des différents paradigmes de la guerre, qu’ils soient majeurs ou mineurs, se rapportant aux guerres actuelles. Elle s’intéresse, entre autres, aux questions soulevées par les violences terroristes et par l’utilisation du cyberespace comme vecteurs d’attaques à dimension politique, que ce soit en vue d’entraver le fonctionnement de l’État ou de manipuler la population. Tout en abordant la variété des guerres, cette thèse cherche aussi à développer les bases d’une méthodologie comparatiste adaptée à la pensée de la guerre, permettant de concevoir un concept de guerre « à venir », selon l’expression derridienne.

    Johanne Darcourt, Les Droits de l'homme, thèse soutenue en 2022 sous la direction de Stephen Launay et Joseph Krulic, membres du jury : Sergiu Mişcoiu    

    Les Droits de l’Homme sont aujourd’hui partout sans que nous sachions réellement de quels « droits » ou de quel « homme » nous parlons. Pourtant, la poursuite de cet idéal philosophico-politico-juridique façonne notre quotidien et notre environnement, au point de devenir par lui-même un concept ayant élaboré notre cosmos. Or, dans celui-ci, les minorités sont devenues non seulement un pilier et un étalon de mesure pour apprécier l’assimilation de ces Droits mais apparaissent dorénavant comme le fer de lance nécessaire à l’instauration et au développement du concept à vocation universelle que sont justement ces Droits de l’homme. Tel un miroir européen, les pays issus de l’ex-Yougoslavie permettent alors d’illustrer cette dynamique en action, puisque au sein même de la culture européenne, truisme du creuset des minorités et objet de l’implantation des Droits de l’homme depuis trois décennies. Mais, souffrant à leur tour d’un certain désenchantement, ces Droits de l’homme pourront-ils demeurer encore longtemps ce concept révolutionnaire se voulant affranchi de toute hétéronomie ?

    Audrey Hérisson, Penser la guerre, thèse soutenue en 2022 sous la direction de Ninon Grangé, membres du jury : Jean-Claude Monod (Rapp.), Patrice Maniglier    

    Comment penser la guerre aujourd’hui dans une attitude critique vis-à-vis du courant dominant des War Studies ? La philosophie française des années 1960 et 1970, et plus particulièrement celle de Foucault, Deleuze et Derrida, ouvrent sur un « structuralisme infinitiste », suivant un concept inspiré par Balibar, capable de proposer une alternative au paradigme-doublet de la guerre dite classique et de la lutte des classes. La pensée de l’épistémè moderne, évoquée par Foucault, reste enfermée dans un doublet empirico-transcendantal qui se traduit de façon dominante dans un positivisme et une eschatologie humaniste. La crise des catégories de guerre, de politique et de religieux, que font ressortir les conflits et les violences actuels, est l’expression de cette limitation de la pensée de la guerre par une rationalité politique qui n’admet pas de transcendance éthique. Cette thèse propose, à partir de lectures croisées de philosophes mais aussi de théoriciens ou de praticiens de la guerre, une approche structurale « infinitiste » des différents paradigmes de la guerre, qu’ils soient majeurs ou mineurs, se rapportant aux guerres actuelles. Elle s’intéresse, entre autres, aux questions soulevées par les violences terroristes et par l’utilisation du cyberespace comme vecteurs d’attaques à dimension politique, que ce soit en vue d’entraver le fonctionnement de l’État ou de manipuler la population. Tout en abordant la variété des guerres, cette thèse cherche aussi à développer les bases d’une méthodologie comparatiste adaptée à la pensée de la guerre, permettant de concevoir un concept de guerre « à venir », selon l’expression derridienne.

    Maíra Dos Santos Matthes da Costa, Les raisons de la guerre : Le jus ad bellum entre le pacifisme libéral et la guerre juste, thèse soutenue en 2021 à Université Paris Cité sous la direction de Yves Charles Zarka, membres du jury : Bernard Bourdin (Rapp.), Anne-Thida Norodom, Jean-Baptiste Jeangène Vilmer et Lauréline Fontaine  

    Dans quelles circonstances le recours à la force est-il légitime ? Le droit international relatif à l'usage de la force admet trois possibilités : 1/les États membres peuvent se prévaloir d'une légitime défense contre une agression armée ; 2/les États membres peuvent recourir à la force si le Conseil de sécurité émet une résolution l'autorisant; 3/ les États membres peuvent recourir à la force à l'intérieur d'un autre État avec son libre consentement. Tous les autres recours à la force militaire, ou les menaces de recours à la force, sont illégaux. Cette thèse montrera, dans un premier moment, comment cette construction juridique prend racine dans la pensée libérale occidentale, qui remonte au XVIIIème siècle et conçoit la guerre comme une force corrosive, aux antipodes des véritables intérêts de l'humanité. Conceptuellement, la pensée libérale sur l'usage de la force s'oppose à la pensée de la guerre juste qui prend ses racines dans une conception chrétienne de l'ordre mondial. Sa version classique accepte en effet trois causes justifiant la guerre : la défense de droits contre une attaque injuste, la restauration de droits en cas de tort subi, la vindicte de la justice violée. Nous avons donc pour objectif de montrer, dans un second moment, les bases philosophiques de ce second paradigme qui justifie la guerre. Nous soutenons l'idée qu'il existe deux paradigmes principaux visant à justifier la guerre et dont les origines et les enjeux diffèrent largement - le pacifisme libéral et la guerre juste. Le premier est régi selon une logique de présomption contre la guerre. Il juge la guerre immorale et essaie de trouver une solution politique à son problème. Dans la perspective de la guerre juste, la guerre peut à l'inverse être une activité morale à condition de ne pas se laisser subsumer par des logiques de puissance. Une logique de permissivité sous condition est donc mise en avant. La manière dont la moralité et le politique sont articulés s'avère donc très différente selon chacune de ces traditions, ce qui engendre certaines conséquences pour l'évaluation morale de la guerre. À la fin, deux conclusions seront développées. Premièrement, du point de vue logique, la synthèse entre pacifisme libéral et guerre juste ne s'avère pas possible. Deuxièmement, la multitude de compromis possibles entre ces deux paradigmes génère la possibilité de conciliations, mais ces dernières sont précaires.

    Arnaud Fontaine, L'herméneutique politique de Machiavel, thèse soutenue en 2021 à Rennes 1 sous la direction de Frédéric Lambert, membres du jury : Jean-Jacques Marchand (Rapp.), Marie Gaille et Gwendal Châton  

    Ce travail est né d’une question laissée en suspens par Léo Strauss : pourquoi Machiavel n’a-t-il pas intitulé les Discours sur la Première décade de Tite-Live, le « De Republica » alors que tel était son propos ? La réponse se trouve en partie dans la biographie de Machiavel et dans les souffrances dont il paya son attachement à la République. La clé se trouve aussi dans l’écriture même du Florentin qui troque une approche scolastique au profit d’une idéologie de l’engagement et de l’action. Pour Machiavel, la capacité de la raison à appréhender le réel se nourrit de la compréhension et de l’imitation de précédents illustres, réels ou romancés. Son rapport à l’Histoire et aux mythes qui nourrissent sa pensée et illustrent ses recommandations feront de lui un logographe de la République. Il est celui qui ouvre une porte sur la science politique moderne. Pour en défendre l’entrée aux profanes il forgera un trousseau de clés herméneutiques que nous nous efforcerons de rassembler. Son œuvre, du Prince jusqu’à ses lettres familières ou à ses écrits littéraires forme un champ clos où se mêlent sciemment le vrai et le faux. Au cœur de ce « Machiavelli Code », le Secrétaire a enfoui son trésor le plus précieux, son legs intellectuel qui vise à apprendre à ses héritiers comment fonder et conserver une République. Cette thèse, après avoir jeté les bases de l’herméneutique machiavélienne tentera d’en appliquer les principes. Ainsi, aura-t-on une chance de reconstituer le « De Republica » que Machiavel a volontairement dissimulé au commun des mortels.

    Mireille Abou Chahla, Comprendre le Liban et son armée : analyse du discours du chef de l'armée libanaise, le Général Michel Sleiman de 1998 à 2004., thèse soutenue en 2021 à Normandie sous la direction de Eloi Diarra, membres du jury : Philippe Lagrange (Rapp.), Arnaud Haquet, Fabien Bottini, Ǧūrǧ Saʿd et Jean Le Gloan  

    Cette thèse est faite dans une ambition particulière : analyser les discours du chef de l’armée libanaise le Général Michel Sleiman. Une analyse statistique, mathématique, d’abord, puis tirer les conclusions politiques. Quels sont les mots utilisés dans les discours de Michel Sleiman ? Pourquoi certains mots se répètent plus que d’autres ? Quel est le but de la répétition. But politique, but psychologique. A travers cette étude statistique, base de notre méthode de travail, nous allons obtenir des résultats fort intéressants pour mieux comprendre ce qui se passe au pays du cèdre. Car les mots trahissent. Comment apparaissent à travers les mots de Sleiman la relation avec la Syrie, l’ennemi israélien, le Hezbollah.. Et pourquoi à chaque fois l’invocation de la mère patrie, la France ! Pour bien saisir la relation privilégiée entre le Liban et la France, il fallait revenir aux origines lointaines. Nous avons dû précéder notre travail d’analyse statistique et méthodologique par une partie qui évoque les grandes questions relatives à mon pays : l’importance du confessionnalisme, le Mandat français et ses répercussions, le phénomène de libanisation qui envahit l’Europe et sème des craintes. Il fallait aussi passer en revue les événements graves passés durant le règne de Sleiman. Il fallait insister sur des étapes qui ne pouvaient qu’influencer son discours pour dire plus tard dans notre analyse si la direction de l’armée a eu les réactions adéquates

    Tafadzwa Zvobgo, Sociologie politique de la violence électorale au Zimbabwe, thèse soutenue en 2020 à Paris EHESS sous la direction de Rémy Bazenguissa, membres du jury : Daniel Compagnon (Rapp.), Sylvie Strudel, John F. McCauley et Nicolas Van de Walle  

    Cette thèse propose une analyse des enjeux socio-politiques liés au contrôle du capital guerrier dans le cadre des compétitions électorales. Plus précisément, ce travail a pour objectif, par l’étude de cas du Zimbabwe, de contribuer à une explication basée sur des individus et leurs actions comme cause fondamentale de la violence électorale. De manière descriptive, nous nous concentrons sur une analyse des caractéristiques liées au capital guerrier qui expliquent la configuration de la violence électorale au Zimbabwe lors des trois périodes électoraux de 2002 à 2013. D’abord, nous aborderons la construction de notre problématique. Nous y présenterons une revue de la littérature pour passer en revue les différentes théories et études sur la violence liée au vote. Nous verrons qu’elles tournent autour du lien de trois notions : la démocratie, les élections et le vote. Notre approche revient à éclaircir comment ce phénomène se passe et à appréhender les raisons pour lesquelles les acteurs la mettent en œuvre et y participent au lieu de rester pacifiques ou paisibles. Nous considérons qu’il est possible de bien comprendre les causes et dynamiques autour de la violence électorale par un regard plus approfondi porté sur le bourreau et la victime. Après, nous considèrerons comment le mouvement nationaliste et la guerre anticoloniale ont conduit à un système politique au Zimbabwe où la force et la violence étaient devenues les moyens principaux pour garantir la mobilisation et le châtiment lors des élections. D’un côté, nous montrerons que les stratégies nationalistes et de guérilla mise en œuvre durant les élections expliquent le déclenchement, la prolifération et la participation de ses associés et partisans à la violence électorale. Le déclenchement de la violence électorale intervient lors des étapes fragiles du cycle électoral des élections présidentielles du Zimbabwe, précédant le vote. Ces stratégies incluent la mobilisation de toutes ses mains d’œuvre pour la mise en place en œuvre de la violence (l’implication des acteurs étatiques et des partisans de la ZANU-PF) et la mise en place de ressources des guerriers nationalistes (sa tactique de ciblage de victimes, la modalité d’exécution des atouts des guerriers et la mise en œuvre du savoir-faire de la ZANU-PF). De l’autre, notre travail montre que les agressions ont des conséquences sur les institutions et le processus électoral du pays qui renforce, se renouvelle et se reproduit la violence électorale.

    Mahdi Aghajanloo, La mondialisation des politiques des droits de l'homme : une comparaison France-Canada-Turquie, thèse soutenue en 2020 à Paris 10 sous la direction de Pascale Laborier, membres du jury : Valentine Zuber (Rapp.), Françoise Dreyfus, Zeynep Kivilcim Forsman et Mehdi Zakerian  

    L'indivisibilité des droits de l'homme est mentionnée dans tous les instruments internationaux. Toute divergence, en limitant certaines dimensions des droits fondamentaux, mette en danger la réalisation de l'ensemble des droits. En présentant une base juridique et pratique de convergence entre les droits civils et politiques, cette convergence est examinée en comparant le niveau de religiosité sociale et les droits intangibles. Puis, en présentant une histoire résumée de la ratification de deux Pactes, la divergence trouve son origine dans les différences idéologique et politique. Les conditions de la divergence, et, de même, la nature positive différente des droits socio-économiques, sont examinées à partir des droits du travail.La considération d'une responsabilité nationale, selon la nature positive des droits socio-économiques, aboutit au risque de la divergence et de la réalisation inappropriée de ces droits, sous des engagements internationaux non contraignants. Donc, seul le principe de non-discrimination forge une obligation quasi contraignante par rapport aux droits en cause. L'extension du champ d'application de ce principe, au-delà des frontières nationales, peut garantir l'indivisibilité des droits fondamentaux. En revanche, la nature vague des droits socio-économiques et le principe de restrictions accentuent la nécessité d'un besoin objectif pour l'établissement d’engagements internationaux contraignants. L’objectif est souligné à propos de la crise sanitaire causée par la propagation mondiale du Coronavirus.En comparant la liberté religieuse, les droits du travail et le droit à la santé, nous pouvons constater que l'existence d’obligations contraignantes, à propos des droits négatifs, est prise en compte au niveau international. En revanche, il faut un besoin objectif pour persuader les États de prendre des mesures conjointes et établissement des obligations similaires, contraignantes, par rapport aux droits socio-économiques. De fait, le niveau d’obligations internationales des États dépend du type et du niveau de ce besoin objectif.

    Ivan Sand, Géographie politique et militaire de la projection aérienne des armées françaises depuis 1945, thèse soutenue en 2020 à Sorbonne université sous la direction de Philippe Boulanger, membres du jury : Sébastien-Yves Laurent (Rapp.), Olivier Forcade et Jérôme de Lespinois    

    Les opérations de projection aérienne se caractérisent par l’emploi de l’aviation pour intervenir rapidement et souvent loin du territoire national. Seul un petit nombre d’États dispose des capacités militaires pour en faire un instrument géostratégique. Dans le cas de la France depuis 1945, ces opérations se déroulent essentiellement dans des zones difficilement accessibles par voies maritime ou terrestre (pays enclavés, vastes étendues désertiques), et plus récemment, dans les centres urbains, Sur le plan politique, la France utilise majoritairement la projection aérienne au sein de ses espaces d’influence, en premier lieu les pays francophones du continent africain. Pour y intervenir, les armées françaises bénéficient de réseaux diplomatiques et militaires qui leur permettent d’agir de façon autonome. Parallèlement, l’armée de l’air a également construit un outil de projection à l’échelle mondiale. La mission de dissuasion nucléaire y a largement contribué : ses vecteurs et ses unités ont peu à peu apporté une culture et des capacités nouvelles qui ont révolutionné la géographie des opérations aériennes. Dans ces zones plus éloignées de la métropole, où les appuis militaires et politiques sont moindres, les opérations se font généralement sous commandement américain. Les différences entre les opérations menées au sein des espaces d’influence de la France d’une part, et celles conduites dans le reste du monde d’autre part, font ressortir l’importance des appareils de transport à long rayon d’action, du réseau de bases aériennes à l’étranger et des soutiens diplomatiques régionaux, notamment si ces interventions sont amenées à durer.

    Mohamad Moustafa Alabsi, Exception, normativité et unité politique : l'Etat et son ennemi au Moyen-Orient,entre le démembrement l'empire ottoman et l'apparition de l'Etat islamique, thèse soutenue en 2020 à Université Grenoble Alpes sous la direction de Thierry Ménissier et Eligio Resta, membres du jury : Alessandro Arienzo (Rapp.), Leyla Dakhli  

    A la lumière de la guerre civile en Irak et en Syrie, la réflexion de ce travail de thèse s’interroge sur la question de "légitimité" et tourne autour le rapport entre l’ordre et le droit et la crise théorique et pratique de la normativité au sein du système étatique et constitutionnel des Etats du Moyen-Orient. Cette thèse se situe donc aux frontières indéterminées et incertaines de la logique du droit et de sa fonction organisatrice, car elle oscille entre le champ méthodologique de l’ordre et le champ expérimental de l’observation de l’exception et de l’indétermination. En effet, l’étude d’un contexte post-étatique -ou pré-étatique- nécessite la mobilisation de théories et de concepts issus du territoire de l’exception, ceci rend inévitable de se trouver au carrefour de plusieurs disciplines et de plusieurs domaines académiques.La rupture territoriale en Irak et en Syrie et la disponibilité spatiale pour la rébellion imposent une visibilité et une historicité de l’état de nature que traduit cette guerre civile et transfrontalière. Devant ces événements, les présupposées juridiques du caractère finalisé de l’Etat et de la continuité de l’ordre constitutionnel en sortent profondément ébranlées, ce qui rappelle, surtout sur le plan méthodologique et doctrinaire, les deux conceptions de l’ordre, celle du temps normal attribué à Hans Kelsen et celle du temps d’exception attribuée à Carl Schmitt.Ainsi notre texte de thèse se divise-t-il en trois parties :La première porte sur le statut juridique de l’Etat à partir de la norme internationale de la reconnaissance interétatique. Ceci nous a permis de décrire la fragilité de l’ordre spatial lorsque s’opposent diverses conceptions de la légalité et de la norme. Avec Hans Kelsen, chez qui se dessine une conception interne et externe de la norme pure et de la fonction nomologique du droit, nous avons voulu mettre en lumières les contradictions profondes de l’ordre concret au levant avec les présupposées théoriques et abstraites de l’Etat constitutionnel.Dans notre deuxième partie, où il s’agit de ‘rupture métaphysique et spatiale’, nous avons fait recours à la pensée de Carl Schmitt, chez qui la légitimité ne se réduit pas à la légalité ni l’Etat à la constitution. Le Moyen-Orient moderne offre une illustration concrète des concepts schmittiens. D’abord par la contradiction des données de cet ordre interétatique avec celui du Jus publicum europaeum, produit de l’ordre spatial et physique européen, puis en raison de la rupture totalitaire durant laquelle l’Etat se réduit au Parti et le politique à la religiosité et à l’unicité. Le destin de l’Etat post-totalitaire, tel celui de l’Irak et de la Syrie, invoque également les travaux d’Arendt sur le totalitarisme et ceux de Gauchet sur la métaphysique de l’unité et l’expression politique du phénomène religieux. En fait, la Potestas indirecta, notion hobbesienne et schmittienne, pourrait expliquer à l’occasion de cette crise de l’unité les logiques de continuité et de rupture dont il est question chez ces trois auteurs. A la lumière de cette association théorique, nous définissons l’Exception comme la crise de la Décision et non comme l’appel de recouvrement sollicitant la Décision.Notre troisième partie porte sur le Katechon, le principe théologico-politique de la continuité et de la conservation. Nous définissons d’abord la valeur conceptuelle de cette notion chez Hobbes et chez Schmitt, puis nous la prolongeons à la condition hégélienne de la société civile et aux aspirations actuelles des sociétés arabes au sujet du changement politique. Cette partie revient d’abord sur la crise de légalité, plutôt que de légitimité, qui caractérise le projet politique islamiste (surtout l’islamisme modéré). Puis elle évoque le nominalisme politique et le rapport dialectique qu’il définit entre idées et action d’une part et projet de changement de l’autre.

    Youssef Saber Hanna, La politique étrangère égyptienne à l'égard des Etats-Unis : le rôle de l'Economie Politique dans la définition des enjeux réciproques, thèse soutenue en 2020 à Bordeaux sous la direction de Daniel Compagnon, membres du jury : Yves Buchet de Neuilly (Rapp.), Andy Smith  

    La thèse porte sur l'examen de l'influence de trois facteurs économiques majeurs, sur l'élaboration de la politique étrangère égyptienne vis-à-vis les Etats-Unis. Ces trois facteurs sont : l'aide américaine, le commerce extérieur et les investissements. A partir de ces trois pistes d'analyse, nous pouvons mesurer le degré d'asymétrie de l'économie égyptienne vis-à-vis les Etats-Unis. Cela se fait en introduisant des paramètres, plutôt quantitatifs, qui nous servent comme des indices au degré de réciprocité ou celui de dépendance unilatérale. Cette analyse sera complétée par l'élaboration d'autres indicateurs, plutôt politiques, qui reflètent le degré de subordination ou d'indépendance de la politique étrangère égyptienne à l'encontre des Etats-Unis. De plus, la thèse met l'accent sur les relations existantes entre les décideurs de la politique étrangère dans le champ interne. Cela comportera une analyse minutieuse des réseaux d'intérêts des acteurs de la politique étrangère égyptienne selon un modèle bureaucratique. Il s’agit plutôt d’approfondir ces questions à travers une combinaison de l’approche de l’économie politique internationale et les théories d'analyse de la politique étrangère, en démontrant jusqu’à quelle mesure l’aspect économique des relations égypto-américaines rend les pratiques d'interdépendance banales.

    Amara Binate, Le retour à la vie civile des ex-combattants en Côte d'Ivoire "post-crise" : que deviennent les jeunes recrues ?, thèse soutenue en 2019 à Bourgogne FrancheComté sous la direction de Jean-Michel Bessette, membres du jury : Sid Abdellaoui (Rapp.), Dominique Jacques-Jouvenot  

    Cette recherche porte sur les questions de jeunesse d’après-guerre et de reconstruction « post-crise ». S’inscrivant dans l’amorce d’un ensemble d'études menées sur le territoire Ouest-Africain, précisément en Côte d’Ivoire, elle s’appuie sur une enquête ethnographique conduite auprès de jeunes recrues communément appelées ex-combattants. Face au nombre de trajectoires et parcours de réinsertion sociale qui se dévoilent dans les différentes régions du pays, en des lieux et des temps choisis de la grande ville d’Abidjan, cette thèse est consacrée à celles suivies par des jeunes recrues (ex-combattants) résidant dans les anciennes cités universitaires de deux grandes banlieues périphériques d’Abidjan (Abobo et Williamsville). C’est sous cette optique que le processus de construction de leur réinsertion sociale y compris les dispositifs de réinsertion4 mis en place par les instances dirigeantes pour y parvenir, vont faire l’objet d’un examen critique et d’une analyse approfondie. Comment observer et interpréter ce qui se passe lorsqu’un ex-combattants retourne à la vie civile ? Comment retrouve-t-il un cadre normalisé de relation sociale ? En quoi consiste ce retour à la vie civile ? Est-ce une bonne manière de penser cette réintégration à partir des pôles d’intégration et de production identitaires que sont (le travail, la famille, le voisinage et la citoyenneté) qui, pour nous, forment un ensemble permettant à l’ex-combattant d’être épanoui dans sa réintégration. A partir d’une analyse par « le bas », c’est-à-dire à travers des expériences, des modes de vie et des ajustements qu’ils entraînent pour s’adapter à des situations particulières, nous tenterons de retracer leurs parcours depuis le recrutement, le processus de transformation en soldat, jusqu’à leur vie d’ex-combattants et l’usage qu’ils font des dispositifs. Les analyses successives développées permettent ainsi d’avancer, sinon de tester l’hypothèse suivante : avec le dispositif - au sens de Michel Foucauld5-, préparé par toutes les mesures gouvernementales et internationales antérieures dont il représente à la fois le prolongement et la globalisation, on assiste à l’émergence d’un nouveau mode de resocialisation post-crise, spécifique aux jeunes recrues dépourvues de titres scolaires, originaires des fractions les plus démunies et les plusarriérées des classes populaires. Par mode de resocialisation post-crise, nous désignons à la fois un ensemble d’instances spécifiques, destinées à assurer la prise en charge sociale de ces fractions de jeunes et un ensemble d’activités fondées sur l’alternance démilitarisation/resocialisation, formation et travail, destinées à les préparer aux nouvelles conditions de fonctionnement du marché du travail issues de la crise. Chacun des thèmes correspond à un critère et fera l’objet d’un développement, auquel nous ajouterons des extraits d’entretiens qui appuieront notre analyse. Nous allons nous interroger sur les facteurs d’unité de notre corpus, en exposant les critères pris en compte par l’ensemble de nos informateurs.

    Pierre Bourgois, Est-il l’un des leurs ? Francis Fukuyama et le néoconservatisme américain, thèse soutenue en 2018 à Bordeaux sous la direction de Patrick Troude-Chastenet, membres du jury : Bernard Bruneteau (Rapp.), Dario Battistella et Maud Quessard-Salvaing  

    Francis Fukuyama s’est fait connaître aux yeux du grand public à la fin des années 1980 et au début des années 1990, suite à sa célèbre thèse controversée de « la fin de l’histoire ». Érigé comme un parfait défenseur du modèle politique et économique libéral occidental, le politologue fut régulièrement associé au néoconservatisme américain, cela jusqu’à sa rupture clairement affichée au milieu des années 2000. Si Fukuyama dénonce alors la vision « agressive » de la génération post-Guerre froide du mouvement en politique étrangère, on s’aperçoit par ailleurs également, avant cette période, de l’existence de certaines divergences avec les premiers néoconservateurs, notamment en politique intérieure. Dès lors, on peut s’interroger sur la place réelle qu’occupe l’auteur de « la fin de l’histoire » au sein du néoconservatisme américain. À ce titre, nous défendons la thèse selon laquelle l’œuvre fukuyamienne, loin d’être marginale, incarne au contraire pleinement le socle intellectuel du néoconservatisme. Preuve, au-delà de la diversité indéniable, d’une unité idéologique plus large au sein du courant.

    André-Michel Berthoux, Au fondement de l’arte dello stato : la tension entre règle et exception dans l'œuvre politique de Nicolas Machiavel, thèse soutenue en 2018 à Montpellier sous la direction de William Genieys, membres du jury : Jean-Jacques Marchand (Rapp.), Yves Déloye et Mohammad-Saïd Darviche  

    Cette thèse a pour but de montrer que Machiavel a forgé sa conception toute personnelle de l’arte dello stato en établissant une tension entre la règle et l’exception. C’est-à-dire, l’ensemble des normes qui permet à un prince ou un ordonnateur de république de mener les choses de l’état en recourant à des moyens ordinaires conformes à l’attitude d’un homme prudent respectueux de la morale (de l’éthique), et la suspension momentanée de cette conduite normative par l’usage de moyens extraordinaires mais nécessaires au maintien de son état ou des institutions républicaines, contraires à la prudence et à ladite morale. Cette approche de la réflexion machiavélienne sur l’arte dello stato permet de rendre compte de la grande homogénéité des textes qui composent son œuvre politique et couvrent une période presque trentenaire. La méthode employée est principalement herméneutique et s’inspire de travaux sur le langage de Machiavel.

    Pauline Ségard, La négociation diplomatique dans une perspective constructiviste : Identité et refus de négocier., thèse soutenue en 2018 à Bordeaux sous la direction de Dario Battistella et Dan O'Meara, membres du jury : Pierre Binette (Rapp.), Thomas Lindemann et Alexandre Macleod  

    Cette thèse propose une étude des représentations de la négociation diplomatique et de leurs implications sur la décision de négocier. A travers une analyse comparée de la politique étrangère des dirigeants américains confrontés aux programmes nucléaires nord-coréen et iranien de 1993 à 2012, elle entend mettre en lumière le rôle des pratiques représentationnelles dans l’acceptation et le refus de négocier et sur les modalités de négociation.L’analyse des discours des membres des administrations Clinton, Bush et Obama à l’aide d’une méthodologie constructiviste permet l’identification de leur imaginaire sécuritaire, grille de lecture à travers laquelle les dirigeants américains ont appréhendé la complexité des problématiques nucléaires nord-coréenne et iranienne et agi en conséquence. L’opérationnalisation de leurs interprétations a toutefois donné lieu à des politiques distinctes en matière de négociation. La thèse discute les implications identitaires que les dirigeants américains ont attribuées à ces politiques, en matière de sécurité ontologique des États-Unis face à la Corée du Nord, en matière de préservation de l’identité de la « communauté internationale » face à l’Iran. Ce faisant, elle propose une compréhension des différences de traitement des problématiques nucléaires nord-coréenne et iranienne et de leur évolution.

    Amélie Férey, Les politiques d’assassinats ciblés en Israël et aux Etats-Unis : juger de la légitimité de la violence étatique en démocratie libérale, thèse soutenue en 2018 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Astrid von Busekist et Ariel Colonomos, membres du jury : Valérie-Barbara Rosoux (Rapp.), Sharon Weill  

    Les assassinats ciblés désignent l’utilisation étatique de la force létale avec l’intention préméditée et délibérée de tuer individuellement les personnes sélectionnées se trouvant en dehors des frontières nationales. Sont-ils légitimes au regard de notre compréhension des règles démocratiques et libérales ? Pour répondre à cette question, cette thèse de doctorat dresse une comparaison entre les pratique israélienne et américaine. Les assassinats ciblés participent d’une discussion sur la légitimité de l’assassinat politique en même temps qu’ils procèdent des évolutions des théories des bombardements et de l’utilisation préventive/préemptive de la force. (Chap. I) La discussion générale sur leur légitimité doit donc être complétée par une étude soulignant les spécificités nationales de ces politiques. (Chap. II) Israël et les États-Unis se sont servis de ces pratiques pour conduire une reformulation partielle du droit international. (Chap. III) L’absence de mécanismes efficaces de contrôle des normes juridiques lors de conflits armés pose problème. Nous évaluons les procédures et institutions existantes et proposons un élargissement du régime de responsabilité des drones proposés par Allan Buchanan et Robert Keohane aux opérations d’assassinats ciblés. (Chap. IV) Leur efficacité tactique ne garantit pas leur pertinence pour une stratégie de long terme contrant le terrorisme. (Chap. V) Leurs conséquences sur la politique étrangère sont-elles bénéfiques ? Nous montrons qu’ils contribuent à renforcer la souveraineté des États faisant la guerre aux « illégitimes ». (Chap. VI) Ceux-ci sont-ils compatibles avec les valeurs morales prônées par les démocraties israéliennes et américaines ? Ils promeuvent une conception libérale de l’action politique légitime en renouvelant les exigences de transparence à l’égard de l’utilisation secrète de la force. (Chap. VII) Ce débat ouvre des pistes pour un aménagement de la raison d’État en démocratie libérale en précisant le contenu théorique d’une moralité d’exception. (Chap. VIII).

    Dimitri Deat, De la tribu à l'empire : le rôle des représentations primitives dans le processus de politisation nomade. L'influence du loup clanique dans la construction et l'expansion de l'Empire mongol de Gengis Khan, thèse soutenue en 2017 à Lyon sous la direction de Jean-Paul Joubert, membres du jury : Christian Grataloup, Gérard Chaliand et Jean-Pierre Leca    

    Participant à une certaine opacité dans son étude générale, la civilisation nomade des steppes Eurasiatiques fut longtemps considérée comme apolitique et symboliquement ancrée dans la barbarie. Cependant, cette dernière demeure un sanctuaire d’investigation scientifique à l’intérieur duquel le politique s’est considérablement manifesté par la création de nombreuses confédérations tribales. Opérant son entrée dans l’histoire de l’humanité en tant qu’élément perturbateur des sociétés sédentaires, les peuples de la Haute Asie ont ainsi participé, durant près de deux mille ans, à la chute, au bouleversement ou au renouveau des plus grandes civilisations. La création et l’expansion de l’empire gengiskhanide, dès le début du XIIIème siècle a permis de démontrer la faculté pour ces populations de pasteurs nomades d’opérer d’importantes modifications au sein même de leur morphologie sociale, et ce pour les besoins du politique et de la guerre vers l’extérieure. Cependant examinée de l’intérieur, cette civilisation atypique n’en reste pas moins problématique, notamment du fait de son actualisation culturelle. Cette dernière, accomplie au travers de concepts socio culturels alliant pensée animiste, spiritualité chamanique et utilisation de représentations sociales à aspects zoomorphiques, ne semble rentrer dans aucune grille de lecture impériale. La symbolique du loup est ainsi devenue omniprésente dans l’évolution de la morphologie tribale altaïque, participant à une unification massive des tribus turco-mongoles sous l’hégémonie hiérocratique de Gengis Khan. Devenu progressivement élément mythologique attracteur, l’animal carnassier s’est ainsi frayé une place de choix au sein de la mentalité collective nomade, participant directement au chamboulement de la morphologie tribale, pour les besoins du politique et de l’expansion de la civilisation des steppes en terres sédentaires. Au delà de la simple utilisation lycanthropique de l’ancêtre clanique, sa symbolique, réutilisée habilement par Gengis Khan, est en mesure de démontrer à la fois le dynamisme politique à apposer aux sociétés considérées à tort comme «primitives», tout comme l’instauration d’une identité sociale et d’une idéologie guerrière prédatrices. Etablissant de ce fait l’entité nomade comme antagonique mais complémentaire avec la pensée et l’histoire humaine sédentaire.

    Adrien Schu, De la guerre à la paix : une explication clausewitzienne de la cessation du recours à la violence, thèse soutenue en 2015 à Bordeaux sous la direction de Dario Battistella, membres du jury : Thomas Lindemann (Rapp.), Frédéric Charillon et Benoît Durieux  

    Ce travail de thèse a pour ambition de proposer une nouvelle explication dubasculement de la guerre à la paix. Nous débutons notre recherche en nous intéressant, dans unepremière partie, à la définition de la guerre et de la fin de la guerre. Nous défendons alors l’idéeselon laquelle la guerre, conçue comme l’une des phases alternatives des relations bilatérales entregroupes sociaux, prend fin dès lors qu’au moins l’un des deux belligérants aux prises cesse derecourir à la violence. Nous établissons ensuite une typologie des différentes modalités de la fin dela guerre : nous posons qu’un belligérant arrête d’employer la violence soit parce qu’il n’en est plusphysiquement capable (nous parlons d’incapacité physique), soit parce qu’il en a pris la décision(nous parlons de renoncement politique). Nous soutenons l’hypothèse selon laquelle seul lerenoncement politique conduit à la continuation des relations entre groupes sociaux et donc à lapaix.Dans une seconde partie, nous nous réapproprions l’opposition introduite par Clausewitz entre laguerre absolue et les guerres réelles afin de mettre au jour notre propre explication du renoncementpolitique. La notion de guerre absolue nous permet de démontrer que le renoncement politiquen’est possible qu’à condition que l’Etat valorise davantage un intérêt autre que celui à l’origine deson recours à la violence. Nous proposons finalement qu’un Etat prend la décision de renoncer àla violence quand il ne pense plus pouvoir réaliser l’objectif politique qu’il poursuit violemmentsans nuire de façon inacceptable à un intérêt qu’il juge plus important.

    Clément Morier, Du politique comme dimension morphologique : la théorie des catastrophes et la question des formes de société, thèse soutenue en 2015 à Lyon 3 sous la direction de Jean-Paul Joubert, membres du jury : Jacques Viret (Rapp.), Camille Froidevaux-Metterie et Bruno Pinchard    

    Ce travail a pour objet une étude théorique des formes de société politique et des contraintes de production de leur unité collective. Le questionnement qui l’anime interroge les modalités de base génératrices d’une dimension collective, par laquelle faire tenir les agents sociaux ensemble, dans un espace commun. Ces formes sont considérées à partir de l’enseignement apporté par l’œuvre de Marcel Gauchet. Les travaux de ce dernier ont approfondi les modes différenciés de structuration de l’existence collective, selon le déploiement d’un fonctionnement autonome des collectivités humaines-sociales, par extraction hors de l’hétéronomie. Autour de l’instauration et de la modification possible des configurations d’un espace humain-social, il s’agit de s’interroger spécifiquement sur les contraintes de mise en forme, inhérentes aux possibilités de déploiement de cet espace. Cette formation interne sera appréhendée par un angle dynamique, issu des travaux fournis par l’œuvre morphologique de René Thom. Au travers de la théorie des catastrophes (TC), il a dressé une liste de formes stables et de processus de changement, instables dans le temps, mais robustes dans les dimensions qui en permettent le déploiement. Depuis l’analyse d’un système dynamique nécessaire à l’intelligence de ce déploiement, une articulation problématique se découvre : l’organisation de la dimension collective dans l’immanence, et la gestion politique de la dimension historique, incitent à questionner l’historicité interne des collectivités, à partir de la notion de processus morphologique et selon les déformations que ce processus peut connaître. Les éclairages que cette notion de processus apporte, indiquent l’effectivité d’un travail de la forme, dans l’étude du tenir ensemble des collectivités politiques.

  • Daniel Magalhães Costa Dos Santos, Communes et provinces au Brésil au temps des monarchies : les origines d'un fédéralisme tropical, thèse soutenue en 2022 à Université ParisPanthéonAssas sous la direction de Hugues Portelli, membres du jury : Claudia Damasceno Fonseca, Jean Gicquel et Jean-Frédéric Schaub  

    La coopération entre le gouvernement fédéral, les états fédérés, le district fédéral et les communes est la clé de voute du système politique brésilien. Établi en 1988, ce schéma est le résultat de tensions historiques entre des intérêts locaux, des demandes régionales et des projets nationaux. « L’Histoire est écrite par les vainqueurs » et l’actuelle prédominance des instances fédérales, dans le cas brésilien, est à la fois la cause et la conséquence d’une surévaluation de leur rôle dans la genèse de l’État-nation au Brésil. La thèse propose une analyse de l’organisation institutionnelle de l’administration territoriale brésilienne avant l’adoption du régime républicain en 1889. L’Empire du Brésil, a-t-il véritablement été un État unitaire et centralisé ? Les communes et les provinces impériales, ont-elles participé au processus de « state-building » au Brésil ? Grâce à une étude historique qui remonte jusqu’à l’époque coloniale, il sera vu comment les échelons locaux et régionaux de l’Administration impériale brésilienne occupaient une place bien plus importante que celle qu’on leur reconnait usuellement. Pour mieux comprendre les problématiques présentes dans l’éternel « pays du futur », quoi de mieux que de revisiter les expériences passées.

    Johanna Möhring, Pari impossible, pari indispensable : la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'avenir de la coopération en matière de défense en Europe, thèse soutenue en 2022 à Université ParisPanthéonAssas sous la direction de Serge Sur, membres du jury : Frédéric Charillon (Rapp.), Nicolas Haupais (Rapp.), Beatrice Heuser et Markus C. Kerber  

    Cette thèse pose la question des obstacles à la coopération en matière de défense en Europe, et si oui, et comment on pourra les dépasser. Partant de l'hypothèse que les trois pays qui façonnent en grande partie la réponse à cette question, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont des besoins de sécurité, des conceptions de puissance militaire, ainsi que des préférences institutionnelles de coopération qui divergent, et que leur capacité de s'accorder reste faible, cette thèse déploie une méthodologie mixte pour recenser les obstacles à la coopération, et pour évaluer les possibilités de les surmonter. À l'aide d'entretiens de recherche, d'une analyse logométrique de documents stratégiques, de sondages en ligne et d'un exercice scénario, cette thèse décrit et analyse le système des coopérations en matière de défense en Europe impliquant pays européens et États-Unis, en se concentrant sur les stratégies de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni des vingt dernières années qui l'animent. Sa contribution pratique est notamment d'esquisser quel outil militaire pourra être à la disposition des Européens à l'avenir. Sa contribution conceptuelle est d'explorer le système de coopérations coproduisant de la sécurité en Europe d'un point de vue théorique.

    Pascal Coovi Fanou, Les limites de la démocratie pluraliste et le processus électoral au Bénin : analyse des élections presidentielles de 1991 à 2016, thèse soutenue en 2021 à Paris 2 sous la direction de Hugues Portelli, membres du jury : Jean Gicquel (Rapp.), Bernard Bourdin (Rapp.)  

    Le Bénin, à la faveur d’une Conférence Nationale des Forces de la Nation en février 1990, fait l’option du multipartisme intégral et devient ainsi le premier pays parmi les Etats africains francophones à initier le passage pacifique d’un régime monocratique à un régime démocratique pluraliste avec des élections libres. Avec la Constitution du 11 décembre 1990, l’élection présidentielle est devenue la plus haute compétition électorale, l’élection phare de la vie politique nationale. Élection au suffrage universel, elle touche l’ensemble des citoyens disposant du droit de vote. Dans cet enjeu électoral, les partis politiques jouent un rôle de premier plan car ils sont les vecteurs majeurs de l’animation de la démocratie électorale. Selon la charte des partis politiques, la mission première des partis politiques est la conquête et l’exercice du pouvoir. Mais l’expérience électorale a montré que les partis politiques au Bénin, dans leur majorité, ont failli à cette mission. En réalité, après vingt-cinq ans du multipartisme intégral dans le pays, aucun leader politique n'a réussi à accéder à la magistrature suprême, grâce à son parti. Peut-on être élu président de la République sans appartenir à aucun parti politique ? Notre étude a pour objectif de montrer à partir des élections présidentielles de 1991 à 2016, les faiblesses structurelles du système partisan au Bénin, ses facteurs et ses implications sur les institutions républicaines. Elle propose des pistes de réflexion pour améliorer le fonctionnement actuel des formations politiques et plus précisément de corriger les dysfonctionnements observés.

    Marie-Anne Besnier-Guez, Juifs de Tunisie au combat dans les deux guerres mondiales, thèse soutenue en 2021 à Paris 1 sous la direction de Pierre Vermeren, membres du jury : Ḥabīb al- Qazdaġlī, Julie d' Andurain et Colette Zytnicki  

    Les juifs de Tunisie constituent une minorité au sein du protectorat français (1881-1956). Au début du XXème siècle, 90 % d’entre eux sont de nationalité tunisienne, et la naturalisation ne s’obtient que difficilement. Au regard de l’armée ils ont une situation particulière : selon la loi de recrutement instituée par le bey de Tunis et maintenue par le protectorat, les juifs tunisiens, sujets du bey, ne sont pas mobilisables. Lorsqu’éclatent les deux guerres mondiales, une partie de ces hommes fait la démarche de s’engager volontairement, encouragés par leurs coreligionnaires devenus Français et qui sont à ce titre mobilisés. Il a fallu multiplier les sources archivistiques, en France et en Tunisie, pour documenter au plus près les parcours d’un millier d’hommes et de femmes qui ont choisi de se battre pour la France dans les deux guerres mondiales. Le travail prosopographique fait apparaître leurs motivations au moment de l’entrée en guerre, leurs expériences combattantes sur tous les théâtres d’opérations des deux guerres mondiales et enfin, leur fierté et leurs désillusions à la sortie des guerres. Les anciens combattants juifs de Tunisie participent activement aux commémorations de l’entre deux-guerres et veulent lutter contre l’antisémitisme qui se renforce dans les années 1930. Le statut des juifs, instauré en Tunisie à partir de novembre 1940, puis les six mois de souffrances sous l’occupation allemande (novembre 1942-mai 1943) sont une épreuve qui entame le lien de confiance entre les juifs et la France. Pourtant, dès l’automne 1940 des centaines de juifs de Tunisie s’engagent dans les Forces françaises libres, et combattent jusqu’en 1945. Quelles sont les motivations et les spécificités de ces combattants juifs de Tunisie d’une guerre à l’autre ?

    Marc Julienne, Les stratégies chinoises de lutte contre le terrorisme : reflet de la montée en puissance de l'État sécuritaire, thèse soutenue en 2021 à Paris INALCO sous la direction de Jean-François Huchet, membres du jury : Jean-Pierre Cabestan (Rapp.), Rémi Castets (Rapp.), Delphine Allès et Stéphanie Balme  

    L’objectif de cette thèse est de comprendre les stratégies antiterroristes chinoises, intérieures et internationales, afin d’analyser ce qu’elles révèlent de la nature du régime politique de la Chine contemporaine. L’approche chinoise du terrorisme et du contre-terrorisme a significativement évolué ces vingt dernières années, et tout particulièrement depuis l’arrivée au pouvoir du secrétaire général Xi Jinping en 2012. Nous examinons ainsi l’évolution de la réflexion universitaire et du corpus juridique chinois sur le terrorisme, ainsi que le discours politique de sécuritisation qui l’accompagne. Nous explorons ensuite les réponses mises en œuvre par les autorités, de la montée des tensions dans la région du Xinjiang dans les années 1990, aux récentes campagnes antiterroristes et anti-extrémistes, en tentant d’en évaluer les conséquences politiques. Les stratégies antiterroristes sont en outre d’ampleur internationale désormais. Elles visent d’abord à lutter contre des menaces sécuritaires (la protection des Nouvelles routes de la soie par exemple). Elles servent aussi à promouvoir un contre discours aux critiques accusant Pékin de violations des droits de l’Homme au Xinjiang. Enfin, elles visent à neutraliser les diasporas ouïghoures à l’étranger considérées dans leur ensemble comme une menace à la sécurité nationale. Les politiques antiterroristes chinoises, dans leur expression intérieure et internationale, reflètent ainsi la montée en puissance d’un État sécuritaire décomplexé, et en incarnent même le paroxysme. Elles nous donnent à voir et à comprendre la trajectoire d’un régime obsédé par le contrôle, désormais engagé sur une voie néo-totalitaire.

    Cédric Merle, Le Grand bond dans le vert ? L’écologie politique face à l’expérience chinoise, thèse soutenue en 2021 à Paris 2 sous la direction de Philippe Corbier de Lara, membres du jury : Julien Damon, Gil Delannoi, Alice Ekman et Stéphanie Monjon  

    La dévastation de la nature illustre la crise des transitions en Chine. Le miracle d’une croissance à deux chiffres multi-décennale s'est transformé en dystopie environnementale et sanitaire. Une gronde écologique s’exprime au sein de la population. « Le Grand Collapsus » alimente la panique des dirigeants qui redoutent le retrait du mandat du ciel. Le Parti communiste chinois (PCC) identifie néanmoins dans la lame de fond au verdissement des sociétés des opportunités géostratégiques et politiques. Rien ne garantit que le totalitarisme chinois ait épuisé le stock de ses métamorphoses. C’est l’une d’entre elles — son verdissement — que nous avons examinée. Ce « Bond dans le vert » nourrit le fantasme d’un contrôle intégral et panoptique des affaires humaines par un pilote central. Le PCC veut « développer des familles, des écoles et des communautés écologiques » et des plans « intégrant tous les facteurs ». L’alibi écologique justifie une extension de la mainmise du Parti, annihilant les interstices de liberté par un « contrôle de tous par tous » intrusif et technologique. La Chine polarise les problèmes et les espoirs écologiques mondiaux en raison de son poids démographique et carbone. Toutes les préoccupations pour le climat mènent à Pékin. L’Accord de Paris tient entre ses mains et la Chine veut prendre « le volant de l’action climatique internationale », convaincue que si l’édification d’une civilisation écologique se déroule sans heurt, le socialisme à la chinoise remportera une bataille décisive dans la compétition idéologique face à l’Occident. Cette thèse alerte sur le rôle de creuset de l’écologie politique de la Chine.

    Mirna Jammal, La question de l’eau au Proche-Orient : enjeux géopolitiques et perspectives, thèse soutenue en 2019 à Paris 2 sous la direction de Hugues Portelli, membres du jury : Guillaume Devin (Rapp.), Jean-Pierre Maury (Rapp.)  

    L’eau douce est une ressource clé à la santé, prospérité et sécurité humaine. Elle est essentielle à l’éradication de la pauvreté, à l’égalité des gens et à la sécurité alimentaire. Néanmoins, des milliards d’êtres humains sont confrontés à de sérieux défis liés à l’eau. Le Proche-Orient est la région du monde où la ressource en eau est la plus susceptible de mener à des guerres. La dislocation de l’Empire ottoman a enlevé aux bassins hydrographiques leur unité politique, les nouvelles frontières les ayant partagés entre plusieurs États, à la suite des événements qui ont marqué la création de l’Irak, de la Transjordanie, du Liban, de la Syrie et de la Palestine. La région du Proche-Orient qui a une histoire mouvementée, vit un stress hydrique. La situation géopolitique influence directement les besoins des populations en eau. En l’absence d’une stratégie de l’eau, cette dernière est devenue un moyen de pression politique pour les États. Certains d’entre eux utilisent l’eau comme une arme hydraulique permettant d’obtenir des concessions de leurs voisins, l’exemple de la Turquie avec la Syrie et l’Irak, et l’Iran avec l’Irak et les tensions régionales relatives au partage de l’eau du Jourdain et les eaux du Nil. L'importance de travailler sur un sujet de ce genre se base sur le fait d'une grande probabilité que la prochaine guerre au Proche-Orient sera une guerre de l'eau.

    Colomban Lebas, La dialectique ambiguë de la puissance, à l’heure d’une transition majeure du système international, thèse soutenue en 2018 à Paris 2 sous la direction de Jean-Jacques Roche, membres du jury : Thomas Lindemann et Yann Richard  

    Le concept de puissance connaît aujourd’hui de profondes mutations, tant liées à la globalisation qu'à l'apparition d'acteurs transnationaux influents dont les actions parfois fort efficaces exercent aujourd'hui une contrainte significative sur les Etats. L'omniprésence des médias, comme la progressive émergence d'une opinion publique mondiale informée et éduquée, renforcent le rôle des idées sur l’échiquier planétaire. Sur une planète où sont redistribués atouts et vulnérabilités, où de nouvelles lignes de fracture opèrent et où de nouvelles dynamiques réticulaires agissent, en particulier dans le cyberespace, comment se redessine la dialectique de la puissance, dans ses rapports à l'espace géographique, aux Etats, aux structures macrorégionales comme aux acteurs transnationaux ? Afin de répondre à cette question, seront étudiés le concept de puissance et ses mutations ; puis les nouveaux lieux de déploiement de cette puissance ; les contraintes historiques pesant sur les modalités d'exercice de cette puissance – tenant en particulier aux vestiges de la guerre froide – ; pour enfin aborder les nouveaux visages de l'influence internationale, laissant entrevoir comme un "au-delà de la puissance" dont l'interprétation inciterait à élargir, voire à redessiner, la plupart des concepts classiques des relations internationales. Une attention particulière sera accordée aux rapports qu’entretiennent géographie et théorie des relations internationales ainsi qu’à l'éclairage apporté par les outils de la géographie comme de la sociologie. Enfin, des conclusions concernant le cas français seront tirées de l’analyse scientifique ici menée ainsi que des évolutions mondiales étudiées.

    Grégoire Gayard, Projection internationale des entités fédérées : comparaison des politiques internationales en matière de climat du Québec et de la Wallonie, thèse soutenue en 2018 à Paris 2 sous la direction de Serge Sur, membres du jury : Jacques Palard (Rapp.), François Rangeon (Rapp.), Françoise Massart-Pierard  

    Les entités fédérées sont de plus en plus actives au-delà des frontières nationales. Leurs stratégies de projection internationale dépendent en partie du contexte institutionnel et de la dynamique fédérale dans laquelle ces entités fédérées s’inscrivent. Les cas du Québec, au Canada, et de la Wallonie, en Belgique, illustrent les différentes manières dont ces acteurs peuvent participer à la politique extérieure de leur fédération et développer leurs propres marges de manœuvre pour agir directement sur la scène internationale. Au Canada, la faible institutionnalisation des relations entre Ottawa et les provinces et le silence des textes constitutionnels sur le partage des responsabilités internationales ont laissé la mainmise au gouvernement fédéral sur la politique étrangère de la fédération. Dans ce contexte, le Québec a pu se tourner vers la paradiplomatie pour agir de manière autonome sur la scène internationale, en parallèle à Ottawa. En Belgique, au contraire, les responsabilités en matière de relations internationales ont été partagées entre le gouvernement fédéral et les entités fédérées au fil des réformes institutionnelles. Les communautés et les régions disposent d’une grande autonomie en vertu du principe « in foro interno, in foro externo » et sont intimement associées au développement de la politique étrangère belge. Ces éléments éclairent les stratégies contrastées de ces deux entités fédérées pour s’impliquer dans les discussions internationales sur le climat. Alors que le Québec a privilégié la paradiplomatie, la Wallonie a surtout choisi de s’impliquer dans la coordination intra-belge pour défendre ses intérêts via la voix de la Belgique.

    Frederic Cohen, La question du meilleur régime politique à l'epreuve des relations internationales dans la pensée de Raymond Aron., thèse soutenue en 2018 à Paris Sciences et Lettres ComUE sous la direction de Pierre Manent, membres du jury : Philippe Raynaud, Monique Castillo et Jean-Claude Monod  

    Cette thèse cherche à comprendre pourquoi Aron juge essentiel d’étudier la question du meilleur régime politique à l’épreuve des relations internationales. Il s’agit de s’interroger sur l’ampleur et le sens politique de ce que Raymond Aron appelle le drame humain, en précisant la nature de la distinction entre l’intérieur et l’extérieur, entre la politique domestique et les affaires étrangères qu’il juge essentiel, tout en examinant les rapports complexes qui se nouent entre ces deux domaines de la vie politique. Nous tâchons d’éclairer la signification que revêt aux yeux d’Aron la primauté de la politique dans l’organisation des choses humaines, alors que pourtant l’organisation politique des sociétés modernes lui apparaît essentiellement indéterminée. Ceci nous amène à nous interroger sur la conception aronienne singulière de la démocratie et du libéralisme, au regard des tensions fondamentales de la vie politique entre les réquisits du bon gouvernement et les contraintes du jeu international. L’étude des antinomies de l’action politique, nous conduit à revenir sur les principaux débats entre réalistes et idéalistes au sujet du problème de la guerre et de la paix, qu’Aron examine à travers ses réflexions sur le « problème machiavélien » et « le « problème kantien ». Il s’agit de préciser le sens de la prudence politique selon Aron, en s’interrogeant sur les limites inhérentes à la recherche du meilleur ordre politique qui soit et en tenant compte du défi que représente la menace thermonucléaire.

    Alexis Deprau, Renseignement public et sécurité nationale, thèse soutenue en 2017 à Paris 2 sous la direction de Olivier Gohin, membres du jury : Sébastien-Yves Laurent (Rapp.), Bertrand Warusfel (Rapp.), Olivier Forcade et Christian Protar  

    Si les activités de renseignement public n’étaient pas encadrées, la loi du 24 juillet 2015 relative au renseignement a permis de créer un cadre juridique du renseignement, tout en mettant en avant la communauté du renseignement. Cet encadrement juridique des activités de renseignement s’exerce dans le but de faire face aux menaces à la sécurité nationale. Cet encadrement juridique est aussi une avancée qui a permis d’ériger le renseignement public comme une politique publique, nécessaire pour protéger les intérêts fondamentaux de la Nation, et a été complété par un contrôle concret de ces activités de renseignement.

    Kathrin Graf, La médiation , thèse soutenue en 2017 à Paris 2 sous la direction de Pascale Martin-Bidou  

    Ce présent travail a pour vocation de fournir une approche multidisciplinaire – historique, socio-politique, économique, et psychologique – pour comprendre l’intérêt général de la gestion constructive de conflit, et en particulier les opportunités liées à la méthode de la médiation. La thèse reflète le chemin parcouru - de la déconstruction à la reconstruction du sujet – débutant par une analyse théorique (les origines, les spécificités, les différences avec d’autres méthodes, les valeurs et principes), passant par une prise en considération des phénomènes individuels et collectifs inhérents au conflit et à sa gestion (les niveaux de conflit, les dimensions de la gestion, les fondements psychologiques individuels, les opportunités d’une démarche intégrative mais aussi les limites et risques liés à la méthode de médiation). Le travail tient également compte de l’évolution personnelle du chercheur, de sa pratique de médiateur, des échanges avec d'autres professionnels ainsi que ses constats de réalisabilité (conseils de mise en pratique, organisation logistique, outils concrets pour les différentes phases, et restitution des étapes clés d’un cas pratique).Mots clés : accompagnement, arbitrage, compréhension mutuelle, confidentialité, consensus, dialoguer, doubler, écoute active, empathie, facilitation de communication, gestion de conflit effective et constructive, impartialité, médiation, méthodes alternatives de règlement de conflit, modération, négociation intégrative, prévention/traitement auto-responsable de futures conflits, résolution créative de problèmes, solutions « pareto optimales », rétablissement de la paix, gestion des processus, rapprochement, réconciliation, science décisionnelle, supervision, zone d’accords possibles

    Béatrice Hainaut, Emergence et promotion de la norme sur la sécurité des activités spatiales, thèse soutenue en 2017 à Paris 2 sous la direction de Serge Sur, membres du jury : Lucien Rapp, Philippe Achilleas, Xavier Pasco et Isabelle Sourbès-Verger  

    Dès les années 1970, à l’appui de travaux scientifiques et statistiques, un groupe de scientifiques de la NASA convainc les plus hautes autorités américaines des conséquences désastreuses de la prolifération des débris dans l’espace extra-atmosphérique. Déjà, ils mettent en garde contre les tests antisatellites, accélérateurs du phénomène. Ces chercheurs essaiment leurs croyances au-delà des frontières américaines, et au-delà de la communauté scientifique. Ils sont aidés en cela par la popularisation du thème plus global de développement durable. Le résultat est qu’aujourd’hui, presque n’importe quel citoyen est capable de discourir sur le problème des débris dans l’espace. Une communauté épistémique s’est formée autour de ce sujet rassemblant scientifiques, ingénieurs, militaires, diplomates, étudiants et citoyens. Les savants et les profanes. Fort de ce contexte, la nécessité d’une norme semble s’imposer afin de sécuriser les activités spatiales. Bien qu’existante depuis la conquête de l’espace de manière latente, cette norme n’a jamais fait l’objet de consensus entre les Etats permettant d’aboutir à un régime. Or, de 2007 à 2016 il devient l’objet de toutes les attentions mais aussi de toutes les divisions entre puissances spatiales, amenant même à créer de manière schématique deux camps opposés. Cette thèse interroge la supériorité américaine dans l’espace au 21ème siècle, le rôle des institutions supranationales dans leur capacité à réguler les relations entre Etats, mais aussi la place de ces derniers face aux acteurs non étatiques. Dans cette même idée, elle analyse le rôle, l’influence voire le pouvoir des communautés épistémiques sur les Etats et inversement.

    Kathrin Graf, La médiation, thèse soutenue en 2017 sous la direction de Pascale Martin-Bidou, membres du jury : Lucie Cluzel-Métayer (Rapp.), Myriam Klinger (Rapp.)    

    Ce présent travail a pour vocation de fournir une approche multidisciplinaire – historique, socio-politique, économique, et psychologique – pour comprendre l’intérêt général de la gestion constructive de conflit, et en particulier les opportunités liées à la méthode de la médiation. La thèse reflète le chemin parcouru - de la déconstruction à la reconstruction du sujet – débutant par une analyse théorique (les origines, les spécificités, les différences avec d’autres méthodes, les valeurs et principes), passant par une prise en considération des phénomènes individuels et collectifs inhérents au conflit et à sa gestion (les niveaux de conflit, les dimensions de la gestion, les fondements psychologiques individuels, les opportunités d’une démarche intégrative mais aussi les limites et risques liés à la méthode de médiation). Le travail tient également compte de l’évolution personnelle du chercheur, de sa pratique de médiateur, des échanges avec d'autres professionnels ainsi que ses constats de réalisabilité (conseils de mise en pratique, organisation logistique, outils concrets pour les différentes phases, et restitution des étapes clés d’un cas pratique).Mots clés : accompagnement, arbitrage, compréhension mutuelle, confidentialité, consensus, dialoguer, doubler, écoute active, empathie, facilitation de communication, gestion de conflit effective et constructive, impartialité, médiation, méthodes alternatives de règlement de conflit, modération, négociation intégrative, prévention/traitement auto-responsable de futures conflits, résolution créative de problèmes, solutions « pareto optimales », rétablissement de la paix, gestion des processus, rapprochement, réconciliation, science décisionnelle, supervision, zone d’accords possibles

    Pape Moussa Beye, Libéralisme et exception : l'état de droit et le système onusien de sécurité collective à l'épreuve du jihadisme international, thèse soutenue en 2016 à Paris 2 sous la direction de Philippe Raynaud, membres du jury : Jean-Claude Monod et François Saint-Bonnet  

    Évènement exceptionnel, les attentats du 11 septembre ont marqué l'entrée de la politique mondiale dans l'ère de la crise du jihadisme international. Si l'apparition de la menace jihadiste est antérieure à 2001, l'attaque qaidiste perpétrée à l'encontre des États-Unis a en effet représenté un saut qualitatif d'envergure, en ce qu'elle a été synonyme d'agression commise par des acteurs privés aucœur de l'hyperpuissance d'après-Guerre froide, et en ce qu'elle a constitué le point de départ d'un essor considérable du péril jihadiste. De la destruction du World Trade Center aux attentats du 13 novembre, en passant par le rapt des lycéennes de Chibok ou l'érection de l'État islamique, le jihadisme en est ainsi arrivé à représenter un défi protéiforme et véritablement global. Ciblesprivilégiées des forces jihadistes, les démocraties libérales occidentales ont dès lors répondu à ce challenge en s'engageant dans une « guerre contre le terrorisme » aux facettes multiples (interventions armées, mesures antiterroristes, etc.). Si plusieurs intellectuels d'extrême gauche, inscrits dans une perspective de critique du libéralisme politique, ont considéré, en s'inspirant de la réflexion de Carl Schmitt, que les États occidentaux contemporains sont plongés dans un étatd'exception permanent, dont la lutte contre le jihadisme a constitué soit le déclencheur, soit le révélateur, nous estimons pour notre part, que cette thèse ne permet tout simplement pas de se faire une idée exacte des retombées juridico-politiques de l'anti-jihadisme post-11 septembre. D'où la nécessité de la discuter en procédant à l'étude approfondie des éléments contextuels et principiels auxquels elle renvoie.

    Élie Baranets, La démocratie irrésistible ? : une explication des défaites des démocraties à travers l'étude des guerres menées par les Etats-Unis au Vietnam et par Israͭl au Liban, thèse soutenue en 2015 à Bordeaux sous la direction de Dario Battistella, membres du jury : Thomas Lindemann (Rapp.), Jonathan Paquin (Rapp.), Patrick Troude-Chastenet  

    Les déboires, notamment récents, des démocraties en guerre ne peuvent êtreexpliqués par les théories de la « victoire démocratique ». Dominantes dans le champacadémique contemporain des Relations internationales, celles-ci confèrent aux démocraties unavantage militaire décisif. Rendre compte de cette anomalie, tel est l’objectif de cette recherche.Pour cela, nous posons l’hypothèse que la défaite survient pour un État démocratique lorsquel’exécutif présente publiquement des objectifs de guerre fallacieux : nous parlons de« contournement » (de la démocratie).Une telle pratique rend la guerre illégitime en interne. Les gouvernants en ont conscience et,anticipant la réaction négative du public, ils se restreignent dans l’engagement armé. Leurschoix stratégiques dépendent de cette contrainte. Trop prudents, et surtout trop discrets pourêtre efficaces, ils connaissent des difficultés sur le terrain. Constatant finalement l’existenced’une tromperie quant aux objectifs de la guerre, le public la conteste à mesure qu’elle provoquela mort des soldats de la nation. Les contraintes pesant sur les gouvernants augmentent, et avecelles les difficultés militaires et donc la contestation. Ces facteurs se renforcent mutuellementjusqu’à ce que les gouvernants renoncent à atteindre les objectifs majeurs qu’ils se sont fixés,trop coûteux politiquement. Un temps affaiblie, la démocratie se rétablit irrésistiblement, auxdépens de ceux qui l’ont contrariée. Ainsi les démocraties perdent-elles des guerres, ce quenous tentons de démontrer par l’analyse minutieuse de deux cas d’études représentatifs : laguerre du Vietnam pour les États-Unis et celle du Liban en 1982 pour Israël.

    Okan Germiyanoglu, La lutte contre le terrorisme vue par les hauts fonctionnaires du Quai d'Orsay : pour une contribution française au concept d'operational code, thèse soutenue en 2014 à Lille 2 sous la direction de Thomas Lindemann, membres du jury : Frédéric Ramel (Rapp.), Yves Viltard (Rapp.), Christian Olsson    

    La lutte contre le terrorisme est une préoccupation contemporaine des diplomaties, alors que sa définition internationale demeure introuvable. Dans une approche organisationnelle, les hauts fonctionnaires du ministère français des Affaires étrangères partageraient une vision commune sur la violence terroriste et un « savoir-faire » qui leur permettraient de prendre des décisions efficaces pour la prévenir et la combattre. Or, dans une approche constructiviste, la lutte contre le terrorisme relève de relations intersubjectives comprenant l’activation de systèmes de croyances ou Operational Codes (OPCODES) différents, selon que les diplomates français viennent de l’ENA ou du Concours d’Orient. Ces croyances jouent un rôle dans la façon que les hauts fonctionnaires voient le monde, l’ennemi, mais aussi se perçoivent dans leurs fonctions. Ce sont aussi des croyances préexistantes, forgées à partir des expériences et des engagements personnels, qui font que les décisions en matière d’antiterrorisme ne relèvent pas seulement de considérations sécuritaires, mais aussi de motivations matérielles, émotionnelles, cognitives et morales pour un État comme la France.