Frédéric Charillon

Professeur
Science politique.
Faculté de Droit d’Economie et de Gestion

Centre Maurice Hauriou pour la Recherche en Droit Public
Responsable de la formation :
  • THESE

    Etats et acteurs non étatiques en France et en Grande-Bretagne dans la Guerre du Golfe : politique étrangére et stratégies non étatiques, soutenue en 1996 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Bertrand Badie

  • Frédéric Charillon, Guerres d'influence: les États à la conquête des esprits, Odile Jacob, 2022, 344 p. 

    Frédéric Charillon (dir.), La France dans le monde, CNRS éditions, 2021, Dans le monde, 222 p.   

    Frédéric Charillon, Thierry Balzacq, Frédéric Ramel (dir.), Global Diplomacy. An Introduction to Theory and Practice: an introduction to theory and practice, Palgrave Macmillan, 2020, The Sciences Po series in international relations and political economy, 344 p.  

    "This volume brings together different approaches to diplomacy both as an institution and a practice. The authors examine diplomacy from their own backgrounds and through sociological traditions, which shape the study of international relations (IR) in Francophone countries. The volume's global character articulates the Francophone intellectual concerns with a variety of scholarships on diplomacy, providing a first contact with this subfield of IR for students and practitioners." (4e de couv.)

    Frédéric Charillon, Thierry Balzacq, Frédéric Ramel (dir.), Manuel de diplomatie, Presses de Sciences Po et Cairn, 2018, Collection Relations internationales, 400 p.  

    La pratique diplomatique a connu plusieurs mutations majeures : elle n'est plus l'apanage de l'État et de ses agents, elle use d'instruments d'une technicité croissante, elle investit de nouveaux territoires de négociation. Ces changements ont suscité un regain d'intérêt pour l'analyse de la scène diplomatique par de nombreuses disciplines, de la science politique des relations internationales à l'histoire, en passant par la sociologie. Premier Manuel de diplomatie en langue française, cet ouvrage aborde toutes les dimensions de l'institution diplomatique au xxie siècle, en la situant dans son évolution historique et en présentant ses aspects classiques comme ses nouvelles formes d'expression. Le livre s'organise en trois parties : • vecteurs : bilatéralisme, multilatéralisme, négociation et médiation, nouvelles technologies de l'information et de la communication, diplomaties de clubs et de groupes, paradiplomatie, rituels et protocole ; • acteurs : État, organisations intergouvernementales, régions (sub- et supra-étatiques), parlements et collectivités territoriales, individus ; • secteurs : culture, entertainment, environnement, économie et entreprise, expertise, défense et humanitaire

    Frédéric Charillon, Célia Belin (dir.), Les États-Unis dans le monde, CNRS éditions, 2016, Dans le monde, 295 p.  

    La 4ème de couv. indique : "En dépit des nombreux tournants stratégiques qui ont marqué les relations internationales depuis la fin de la guerre froide, les Etats-Unis demeurent la puissance de référence, sans laquelle l'ordre mondial ne saurait être envisagé. Après les guerres néoconservatrices des années 2000 (Afghanistan, Irak), les inflexions opérées par Barack Obama ont eu pour objectif aussi bien de sortir l'Amérique de plusieurs enlisements militaires que de restaurer son image dans le monde. Dans le même temps, la contrainte budgétaire, la montée en puissance de l'Asie, les défis chinois, russes ou issus d'autres puissances encore ont dû être pris en compte. L'une des questions essentielles qui se pose désormais pour l'avenir du système international est de savoir si les orientations politiques des années Obama survivront à leur initiateur. L'Amérique a-t-elle définitivement changé, à la fois dans la sociologie de son débat interne, et dans son approche du monde ? Ou allons-nous assister à la fin, qui pourrait être brutale, d'une parenthèse Obama ? Cet ouvrage revient sur les facteurs tant internes qu'externes qui déterminent les rapports de l'Amérique au reste du monde, et propose une réflexion stimulante sur les changements et continuités de la politique étrangère américaine."

    Frédéric Charillon, Alain Dieckhoff (dir.), Afrique du nord. Moyen-Orient. 2015-2016, La Documentation française, 2015, Mondes émergents, 164 p. 

    Frédéric Charillon, Alain Dieckhoff (dir.), Afrique du nord - Moyen-Orient 2014-2015: L'échec du rêve démocratique, La Documentation française, 2014, Mondes émergents, 173 p. 

    Frédéric Charillon, La France peut-elle encore agir sur le monde ?, A. Colin, 2014 

    Frédéric Charillon, Alain Dieckhoff (dir.), Afrique du Nord-Moyen-Orient 2013-2014: La double recomposition, La Documentation française, 2013, Mondes émergents, 190 p.  

    Le site d'éditeur indique : "Le monde arabe a connu depuis janvier 2011 des mouvements de protestation d’une ampleur inégalée depuis un demi-siècle. Une grande partie des Etats de la région ont été affectés par cette mobilisation. L’édition 2013-2014 de la collection « Mondes émergents » poursuit son étude des conséquences du « printemps arabe » dans les relations internationales ainsi que du point de vue géopolitique. En 2012, la configuration géographique du « printemps arabe » a été globalement stable. Les pays qui avaient été à l’avant-garde des mouvements ont continué à être travaillés par ces révoltes. En Tunisie, en Libye et en Égypte, les anciens régimes ont disparu. Un nouvel ordre politique y voit progressivement le jour, non sans tensions et difficultés, à des rythmes variables mais toujours avec une forte audience des mouvements se réclamant de l’islam et une fragmentation du camp laïc. Ces recompositions internes ont naturellement des conséquences dépassant les frontières nationales. Elles posent la question de la stabilité politique d’ensemble et celle de la viabilité d’un pouvoir exercé par un parti religieux. Or, sous la surface d’une stabilité des situations sud-méditerranéennes (aucun nouveau régime n’est tombé), les plaques tectoniques politiques et sociales se recomposent, le plus souvent dans la douleur, en tout cas dans l’incertitude. Une transition est toujours bien à l’œuvre, dont la temporalité a changé, mais dont la profondeur, se fait jour désormais."

    Frédéric Charillon, Alain Dieckhoff (dir.), Afrique du Nord - Moyen-Orient 2012-2013: Printemps arabe : trajectoires variées, incertitudes, La Documentation française, 2012, Mondes émergents, 198 p. 

    Frédéric Charillon, Alain Dieckhoff (dir.), Afrique du Nord - Moyen-Orient 2011-2012: Révolutions civiques, bouleversements politiques, ruptures stratégiques, La Documentation française, 2011, Mondes émergents, 152 p. 

    Frédéric Charillon, La politique étrangère de la France: de la fin de la guerre froide au printemps arabe, la Documentation française, 2011, Études, 238 p. 

    Frédéric Charillon, Pierre-Alain Greciano, Patrice Liquière, La France en 2009: chronique politique, économique et sociale, la Documentation française, 2010, Les Études de la documentation française, 126 p. 

    Frédéric Charillon, Alain Dieckhoff (dir.), Afrique du Nord, Moyen-Orient: entre recompositions et stagnation, La Documentation française, 2010, Mondes émergents, 179 p.   

    Frédéric Charillon, Frédéric Ramel (dir.), Action extérieure et défense: l'influence française à Bruxelles, IRSEM, Institut de recherche stratégique de l'École militaire, 2010, Cahiers de l'IRSEM, 77 p.   

    Frédéric Charillon, La France peut-elle encore agir sur le monde ?, A. Colin, 2010, Éléments de réponse, 189 p.   

    Frédéric Charillon, Pierre-Alain Greciano, Patrice Liquière, La France en 2008: chronique politique, économique et sociale, la Documentation française, 2009, Les Études de la documentation française, 119 p. 

    Frédéric Charillon (dir.), Afrique du Nord, Moyen-Orient: vers une nouvelle donne ?, la Documentation française, 2009, Mondes émergents, 184 p. 

    Frédéric Charillon (dir.), Défense et société: les armées à l'épreuve des nouveaux défis, Centre d'études en sciences sociales de la défense, 2009, Les documents du C2SD, 417 p. 

    Frédéric Charillon, Pierre-Alain Greciano, Patrice Liquière, La France en 2007: chronique politique, économique et sociale, la Documentation française, 2008, Les Études de la Documentation française, 156 p. 

    Frédéric Charillon (dir.), La France en 2006: chronique politique, économique et sociale, la Documentation française, 2007, Les Études de la Documentation française, 139 p. 

    Frédéric Charillon, Jean-Christophe Romer (dir.), L'organisation du service militaire, reflet des évolutions de la société française: actes de la journée d'études du 22 novembre 2005, Ministère de la défense, Secrétariat général pour l'administration, 2007, 102 p.   

    Frédéric Charillon, Bernard Rougier (dir.), Afrique du Nord, Moyen-Orient: Moyen-Orient : la triple impasse, La Documentation française, 2007, Les Études de la Documentation française, 175 p. 

    Frédéric Charillon (dir.), La France en 2005: chronique politique, économique et sociale, la Documentation française, 2006, Les Études de la Documentation française, 134 p. 

    Frédéric Charillon (dir.), Relations internationales,, 2006, Les Notices, 206 p. 

    Frédéric Charillon, Bernard Rougier (dir.), Afrique du Nord, Moyen-Orient: le Moyen-Orient en crise, La Documentation française, 2006, Les Études de la Documentation française, 191 p. 

    Frédéric Charillon, Rémy Leveau (dir.), Monarchies du golfe: les micro-États de la péninsule arabique, la Documentation française, 2005, Les Études de la Documentation française, 143 p. 

    Frédéric Charillon, Rémy Leveau (dir.), Afrique du Nord, Moyen-Orient: les incertitudes du "Grand Moyen-Orient", la Documentation française, 2005, Les Études de la Documentation française, 188 p. 

    Frédéric Charillon (dir.), Cent ans d'Entente cordiale: la défense au Royaume-Uni, la Documentation française, 2004, 197 p. 

    Frédéric Charillon (dir.), L'européanisation de la défense, La Documentation française, 2004, 232 p. 

    Frédéric Charillon (dir.), Politique étrangère: nouveaux regards, Presses de sciences po, 2002, Références inédites, 437 p. 

    Frédéric Charillon (dir.), Les politiques étrangères: ruptures et continuités, la Documentation française, 2001, Les Etudes de la Documentation française.International, 311 p.   

    Frédéric Charillon, Amélie Blom, Théories et concepts des relations internationales, Hachette supérieur, 2001, Crescendo, 192 p.   

    Frédéric Charillon, La politique étrangère à l'épreuve du transnational: une étude des diplomaties française et britannique dans la guerre du Golfe, L'Harmattan, 1999, Logiques politiques, 303 p.   

    Frédéric Charillon, Youssef Courbage, Mohamed Kerrou, Lamia Radi, Péninsule arabique, La Documentation française, 1994, Monde arabe, Maghreb-Machrek, 144 p. 

    Frédéric Charillon, La politique extérieure française face à l'islamisme au Maghreb: les interactions entre politique étrangère et mouvements d'opinion, 1991 

  • Frédéric Charillon, Ariel Colonomos, « Tintin, Badie, l'Occident et l'espace mondial », in Delphine Allès, Romain Malejacq, Stéphane Paquin (dir.), Un monde fragmenté. Autour de la sociologie des Relations internationales de Bertrand Badie, CNRS Éditions, 2019, pp. 235-254 

    Frédéric Charillon, « Introduction – Histoire et théorie de la diplomatie », in Thierry Balzacq, Frédéric Ramel, Thierry Balzacq, Frédéric Charillon, Frédéric Ramel (dir.), Manuel de diplomatie, Presses de Sciences Po, 2018 

    Frédéric Charillon, « La diplomatie de défense », in Thierry Balzacq, Frédéric Ramel, Thierry Balzacq, Frédéric Charillon, Frédéric Ramel (dir.), Manuel de diplomatie, Presses de Sciences Po, 2018 

    Frédéric Charillon, « Conclusion – Les diplomates engloutis ? », in Thierry Balzacq, Frédéric Ramel, Thierry Balzacq, Frédéric Charillon, Frédéric Ramel (dir.), Manuel de diplomatie, Presses de Sciences Po, 2018 

    Frédéric Charillon, Alain Dieckhoff, « Logiques de chaos, dynamiques d’éclatement », in Alain Dieckhoff, Frédéric Charillon, Alain Dieckhoff, Frédéric Charillon (dir.), Afrique du nord. Moyen-Orient. 2015-2016, La Documentation française, 2015, pp. 9-16 

  • Frédéric Charillon, « Sécurité : quels défis pour la France en 2017 ? », Les Dossiers du CERI, 2017 

    Frédéric Charillon, « L’IRSEM et le chantier stratégique », Stratégique , 2016, n° ° 110, pp. 175-181   

    Frédéric Charillon, « Dire les relations internationales en France : acteurs et dynamiques », Revue internationale et stratégique , 2015, n° ° 99, pp. 73-82   

    Frédéric Charillon, « Occident/monde arabe : une nouvelle donne géopolitique », Politique étrangère , 2012, n° Pritemps, pp. 135-144    

    Les soulèvements dans le monde arabe en 2011 n’ont pas été anticipés par les pays occidentaux. Ces derniers doivent maintenant analyser les bouleversements qui ont eu lieu, en comprendre les causes et les conséquences. En se livrant à des exercices de prospective, au sujet notamment de l’évolution possible des mouvements islamistes, ils pourront adopter une nouvelle diplomatie qui leur permettra de renouer pleinement avec le monde arabe.

    Frédéric Charillon, « Les grands débats stratégiques à l'épreuve des faits », Revue internationale et stratégique , 2011, n° ° 82, pp. 69-75   

    Frédéric Charillon, Frédéric Ramel, « Action extérieure et défense : la France à Bruxelles », Les Cahiers de l'IRSEM, 2010, n°1, p. 78 

    Frédéric Charillon, « Nicolas Sarkozy à mi-parcours : comment réformer une politique étrangère ? », Politique étrangère , 2009, n° Eté, pp. 391-402    

    Le pragmatisme, l’activisme, la volonté de rendre la France «incontournable» dans les dossiers du moment caractérisent en politique étrangère le bilan à mi-mandat de Nicolas Sarkozy. La question reste posée de la profondeur de la rupture ainsi introduite dans la diplomatie française. Et, plus largement, celle de la malléabilité de la politique étrangère d’une puissance moyenne, en termes de rationalisation des moyens, de redéploiement des missions, et de renforcement de la capacité d’influence. politique étrangère

    Frédéric Charillon, « Les enjeux de la présidence française de l'Union européenne : opportunités et limites », Revue internationale et stratégique , 2008, n° °69, pp. 161-168    

    Résumé La présidence française de l'Union européenne suscite des attentes chez ses partenaires, allant de la relance du débat sur les grandes questions, jusqu'à la promotion de politiques concrètes. La présidence française s'annonce ainsi ambitieuse sur la lutte contre l'immigration, la protection de l'environnement, la sécurité des approvisionnements énergétiques et la poursuite d'une Europe de la défense. Elle devra aussi se pencher sur le renouvellement des institutions européennes, la politique de voisinage, la politique industrielle... Si les partenaires européens attendent ainsi des avancées sur le fond, ils craignent une certaine arrogance de la France. La présidence sera ainsi l'occasion de mesurer l'aptitude française à faire preuve d'initiative, mais aussi de talents de négociations, pour aboutir à des réalisations précises.

    Frédéric Charillon, « L'éthique : le nouveau mot d'ordre de la politique étrangère française ? », Revue internationale et stratégique , 2007, n° °67, pp. 87-94    

    Résumé L'arrivée de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République française en mai 2007 introduit une nouvelle gouvernance diplomatique et pose ainsi la question de la finalité de la politique étrangère : doit-elle être guidée par les préoccupations éthiques ou seulement conserver les intérêts de la France ? L'introduction de l'éthique dans la politique étrangère, autrement dit de considérations normatives au-delà des seuls intérêts dans les arbitrages du processus décisionnel, se trouve confrontée à des obstacles de doctrine, ou de terrain. L'amorce d'une politique étrangère éthique, si elle se prépare avec minutie, clarté et détermination, doit néanmoins, pour parvenir à une solution réalisable et pertinente, accepter l'impératif politique et la mise en avant transparente de ses valeurs.

    Frédéric Charillon, « La politique étrangère de la France : l'heure des choix », Politique étrangère , 2007, n° Pritemps, pp. 139-150    

    RésuméLes enjeux de politique étrangère s’invitent dans la campagne présidentielle française. Le prochain président devra d’abord clarifier le message du pays sur quelques dossiers clés : objectifs et fonctionnement de l’Union européenne, rapports de Paris avec Washington, choix français en Afrique et au Proche-Orient. Mais sans doute devra-t-il aussi modifier l’outil diplomatique lui-même, pour rendre la France à même d’exercer, au-delà de l’expression d’une différence, une puissance structurante.

    Frédéric Charillon, « Peut-il encore y avoir une politique étrangère de la France ? », 2002, pp. 915-929    

    Le 11 septembre a profondément modifié les caractéristiques des politiques étrangères nationales en opérant un clivage binaire, ordonnateur d'une nouvelle configuration mondiale où la question du soutien aux Etats-Unis fait offce de ligne de partage. La marge de manœuvre de la France, qui entretient traditionnellement une certaine volonté de distinction en matière de politique étrangère, s'en trouve réduite. En dépit d'un volontarisme certain, qui s'est apparenté, avec Hubert Védrine puis Dominique de Villepin, à une solidarité critique vis-à-vis de Washington évoluant vers l'élaboration d'une capacité d'entraînement sur la scène internationale, les contraintes à la fois nationales, régionales et globales réduisent le champ des possibles. Les récentes prises déposition de Jacques Chirac (sur l'Irak ou l'avenir de l'Union européenne) marquent pourtant la revendication maintenue d'un espace d'expression et d'un créneau diplomatique propres à la France.

    Frédéric Charillon, « La politique étrangère de l'Union Européenne à l'épreuve des normes américaines », 2001  

    L'Union Européenne peut-elle résister à l'énorme rouleau compresseur américain qui s'est mis en marche, en matière de définition et de gestion de la sécurité et de la menace, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 ? La question peut paraître indécente, alors que le Vieux Continent manifeste surtout sa sympathie et son soutien sincère à une Amérique touchée au cœur. C'est pourtant celle qui hante les couloirs bruxellois du Conseil européen ou de la Commission. C'est également celle qu...

    Frédéric Charillon, « De Suez à Skopje : un nouveau partenariat franco-britannique pour le XXIe siècle ? », 2001, pp. 953-971    

    Les années 1990 auront changé la donne des relations franco-britanniques : la mise en œuvre de plusieurs coopérations militaires, puis l'épreuve du feu vécue côte à côte par les deux pays dans les Balkans, en ont été parmi les facteurs les plus décisifs. On note également, dans la seconde moitié des années 1990, un rapprochement plus politique entre deux visions du monde, jusqu'alors difficilement conciliables : sur le rôle de l'Union européenne (à Saint-Malo en 1998) comme sur les relations à entretenir avec les États-Unis, mais aussi sur d'autres dossiers — l'Afrique par exemple —, Paris et Londres ont entamé un « partenariat global » qui les a conduits à cultiver ensemble le réflexe de la déclaration commune ou du « tour d'horizon à deux » de l'actualité internationale. Toutefois, le risque d'isolement encouru aujourd'hui par la France sur la scène internationale, et plus encore au sein de l'Union européenne, pourrait incommoder le pragmatisme britannique et faire douter la Grande-Bretagne de l'intérêt objectif de cette nouvelle « Entente cordiale ».

    Frédéric Charillon, « Chronique bibliographique. La politique étrangère de la France. Acteurs et processus [Marie-Christine Kessler, La politique étrangère de la France. Acteurs et processus, Paris, Presses de Sciences Po, 1999.] », 2000  

    Les ouvrages de langue française sur la politique étrangère sont rares, les travaux sur la politique étrangère de la France plus encore, et à ce double titre le livre de Marie-Christine Kessler méritait déjà d'être salué. Mais ses mérites vont naturellement au-delà du seul témoignage. On ne peut qu'apprécier, en premier lieu, le choix opéré par l'auteur de se pencher sur les processus décisionnels – et donc sur les acteurs – de la diplomatie française actuelle. Il ne s'agit pas là, en effet, ...

    Frédéric Charillon, Gilles Ivaldi, « Les opinions publiques allemandes, britannique et française face à l'Union Européenne », La Lettre de la Maison Française d'Oxford, 1996, pp. 52-76   

  • Frédéric Charillon, Gilles Kepel. Fitna. Guerre au coeur de l'islam, Institut Français des Relations Internationales, Paris : Institut Français des Relations Internationales et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 2004, pp. 863-866    

    Charillon. Gilles Kepel. Fitna. Guerre au coeur de l'islam. In: Politique étrangère, n°4 - 2004 - 69ᵉannée. pp. 863-866.

    Frédéric Charillon, Gilles Kepel. Jihad. Expansion et déclin de l'islamisme, Institut Français des Relations Internationales, Paris : Institut Français des Relations Internationales et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 2001, pp. 465-469    

    Charillon. Gilles Kepel. Jihad. Expansion et déclin de l'islamisme. In: Politique étrangère, n°2 - 2001 - 66ᵉannée. pp. 465-469.

  • Frédéric Charillon, Matthias Dembinski, Delphine Deschaux-Dutard, Hans-Georg Ehrhart, Catherine Hoeffler [et alii], France, Germany, and the Quest for European Strategic Autonomy: Franco-German Defence Cooperation in A New Era, Study Committee on French-German Relations (Cerfa), 2017, 35 p.   

  • Frédéric Charillon, « Après Daech, quel sort pour les djihadistes français arrêtés en Syrie ou en Irak ? », le 03 avril 2018  

    Organisée par le Centre Michel de l’Hospital de l‘Université Clermont-Auvergne

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Fatimaezzahrae El kbiri, Nation Branding, thèse en cours depuis 2021  

    Aujourd'hui, il n'est plus envisageable de penser aux relations internationales en excluant le concept de mondialisation. Dans ce monde hyper-connecté, l'extension géographique d'un système concurrentiel ardu, souvent violent, est devenue mainstream. En effet, tous les acteurs de la scène internationale veulent produire plus, vendre plus, gagner plus… Pour ce faire, les Etats autant que les grandes multinationales ont compris qu'il fallait jouir sur la scène internationale d'une image de marque, c'est-à-dire d'une première connotation positive qui s'installe dans les esprits dès que l'on parle d'un pays ou d'une entreprise précise afin de créer ou préserver une bonne réputation, attirer les investisseurs, aller à la conquête d'autres marchés... L'illustration la plus simple est, lorsque nous parlons aujourd'hui de l'Allemagne, nous pensons tous à l'industrie automobile de qualité. De la même manière, lorsqu'on pense aux Etats-Unis, c'est à la Tech de la Silicon Valley et aux fastfoods que nous pensons en priorité. Quand c'est la France, c'est le luxe, la mode et la tour Eiffel qui viennent à l'esprit. La construction de cet imaginaire collectif de valeur fonctionnelle et émotionnelle informe sur les stratégies d'influence adoptées. Et cela porte un nom : Il s'agit du Nation Branding. Ce terme a été utilisé la première fois par Simon Anholt, surnommé également, le Gourou du Nation Branding. Ce dernier le définit comme une pratique consistant à construire et à communiquer l'image du pays au reste du monde, par la diplomatie, le commerce, l'exportation et le tourisme. L'absence d'une définition cadrée et scientifique à la fois de la diplomatie publique et du Nation Branding a conduit à une pléthore d'interprétations et de définitions qui s'inscrivent dans la lignée des intérêts de celui qui en parle. Pour autant, Attraction, Influence, Domination, Hégémonie, Rayonnement, … autant d'expressions communes à la Diplomatie Publique et au Nation Branding. Les contributions académiques des chercheurs et la littérature autour du Nation Branding demeurent encore très modestes à ce jour, pourtant, elles sont en croissance rapide. Cela est expliqué par la prise de conscience de tous les acteurs internationaux que le Nation Branding est devenu un axe nécessaire de toute stratégie d'influence réussie et ambitieuse, en ce qu'il permet de se frayer une place de choix dans le concert des nations et de survivre à la concurrence acharnée de la globalisation. Cette thèse de doctorat aura pour vocation d'acquérir une vue d'ensemble sur le Nation Branding, et d'aborder plus concrètement ses contours, les différents enjeux et solutions qui conditionnent les stratégies d'influence – réussies ou moins réussies – de certains pays. Cette thèse a également une double ambition :  La première, académique, est d'étudier et analyser les différentes productions académiques, encore peu ou prou développée aujourd'hui.  La seconde, professionnelle, est de présenter un document de bonnes pratiques et de recommandation des politiques d'influence en lien avec le Nation Branding, dans une région distincte du bassin méditerranéen (Allemagne, France, Espagne, Portugal & Maroc). Cette thèse de doctorat tentera de répondre à la problématique suivante : « Nation Branding : an extended alternative of classic diplomacy, or a narrow vector of public diplomacy ? ». Concrètement, il s'agira de répondre aux interrogations suivantes :  Que signifie chacun de ces concepts, Nation Branding et Diplomatie Publique, en prenant en considération la pléthore d'interprétations données ?  Quel degré d'intégration, les porosités intellectuelles et l'ambiguïté entre les deux, en considérant le manque de conceptualisation et de recherches académiques ?  Quels sont les outils d'opérationnalisation et de mis en oeuvre de la Diplomatie Publique et du Nation Branding ? Comment faire du Nation Branding ?  En supposant que les stratégies d'influence des pays se positionnent au croisement des politiques publiques et de la communication publique, comment intègrent-elles le co

    Emma Soubrier, Quelle sécurité pour les « petits Etats-Princes » du Golfe ? Politiques de défense et stratégies d’acquisitions militaires du Qatar et des Emirats arabes unis, thèse soutenue en 2017 à Université Clermont Auvergne‎ 20172020, membres du jury : Jean-Jacques Roche, Frédéric Ramel, Eberhard Kienle, Bénédicte Suzan et Stéphane Lacroix  

    Ce travail étudie l’évolution des politiques de défense et des acquisitions militaires du Qatar et des Emirats arabes unis (EAU) depuis les années 1990. Il cherche à évaluer la prégnance du rôle des déterminants extérieurs et intérieurs dans l’élaboration des stratégies de ces deux petits Etats du Golfe et s’interroge sur la raison pour laquelle, confrontés à des défis en apparence assez similaires, ils ont adopté des stratégies différentes. Tandis que le Qatar a privilégié son rayonnement diplomatique et peu ou prou délégué sa sécurité à ses partenaires extérieurs, les EAU ont quant à eux organisé leur doctrine militaire autour de la consolidation de leurs outils de sécurité et de défense intérieurs tout en veillant à rayonner sur la scène régionale et internationale par divers canaux souvent identiques à ceux choisis par leurs voisins qataris. La thèse montre que les mutations du contexte régional doivent être articulées avec celles du contexte international pour comprendre les dynamiques communes aux politiques de défense et aux acquisitions militaires du Qatar et des EAU. Puis, elle montre que ces déterminants structurels doivent être articulés avec des variables intervenant au niveau national (territoire, démographie) et infranational (perception et réseaux du Prince) pour comprendre les contrastes entre leurs politiques. Pour finir, la thèse interroge la pérennité de l’économie et de la sociologie politique de ces « petits Etats-Princes » en les confrontant à des reconfigurations endogènes et exogènes susceptibles de les faire évoluer.

    Victor Valentini, Le Qatar à l’épreuve des relations internationales : lecture théorique de la politique étrangère du micro-État sous le règne de l'émir Hamad Ben Khalifa Al Thani (1995-2013), thèse soutenue en 2017 à Université Clermont Auvergne‎ 20172020, membres du jury : Jawad Kadhim Al-Hindawy (Rapp.), Silvia Serrano (Rapp.), Mélanie Albaret  

    La politique étrangère de l’émirat du Qatar a suscité beaucoup d’interrogations depuis la prise de pouvoir du cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani le 27 juin 1995. Omniprésentes depuis quelques années dans le débat public français notamment, les approches peinent cependant à formuler un cadre théorique général sous lequel appréhender la diplomatie de cet émirat. De ce constat naît une question simple : de quoi la politique étrangère du Qatar est-elle le nom ? Loin des clichés réducteurs où elle demeure le rêve d’un émir orgueilleux du Golfe, la diplomatie qatarie s’inscrit dans le contexte d’une politique étrangère d’un micro-État, d’inspiration réaliste, qui tente de conjurer un rapport de force défavorable en usant des caractéristiques du micro-étatisme et des transformations de l’environnement global afin d’optimiser ses ressources et surtout, d’instaurer un autre rapport de force.

    Thierry Irénée Yarafa, La refonte des forces de défense et de sécurité, condition d’une paix et d’un développement durable en République Centrafricaine, thèse soutenue en 2017 à Université Clermont Auvergne‎ 20172020 en co-direction avec Danièle Darlan, membres du jury : Jean Joana (Rapp.), Olivier Kempf (Rapp.), Marie-Élisabeth Baudoin  

    La République Centrafricaine, 622 984 km2 pour 4,525 millions d’habitants en 2012, est une ancienne colonie française, indépendante le 13 août 1960. Durant les premières décennies post-indépendance, un État faiblement structuré a été mis en place. Au moment où les efforts conjugués des bailleurs de fonds commençaient à inscrire une nouvelle dynamique de stabilité, la rébellion de la Séléka conduite par Michel Djotodia, a pris le pouvoir le 24 mars 2013. Depuis lors, le pays est confronté à l’une de ses crises majeures, caractérisée par l’intermittence de la violence, la pluralité des acteurs et la complexité des facteurs belligènes. Le défi de sécurité étant un déterminant incompressible, ce travail est construit autour de l’impact irréversiblement positif de la refonte des Forces de défense et de sécurité dans la construction de la paix, de la stabilité et du développement.

    Marylène Gervais, Existe-t-il un modèle de diplomatie publique japonaise ?, thèse en cours depuis 2017 en co-direction avec Jean-Jacques Roche  

    Depuis le début du 21ème siècle, les grandes puissances ont considérablement développé leur diplomatie publique afin d'influer positivement sur leur image dans le monde. A l'heure de la globalisation, la communication digitale et l'apparition de nouveaux acteurs non-étatiques sont venus modifier en profondeur les pratiques diplomatiques traditionnelles. La « nouvelle diplomatie publique » implique désormais un véritable dialogue avec la société civile et les multiples réseaux d'influence. Dans un contexte de reconfiguration régionale, le Japon a développé sa diplomatie publique afin de rompre avec son isolement et accroître son rôle sur la scène internationale. Pourtant peu d'ouvrages analysent les stratégies d'influence du Japon et la véritable nature de ces changements. De manière générale, l'utilisation du soft power par le Japon est encore sous-étudiée, les recherches portent davantage sur le hard power et le renforcement de l'alliance nippo-américaine. Dans cette étude, nous nous proposons de mettre en perspective les changements fondamentaux de stratégies adoptées par les acteurs institutionnels nippons et d'en définir les limites pour s'interroger sur la véritable nature de la diplomatie publique du Japon : existe-t-il un modèle japonais ? L'influence du Japon nous apparaît aujourd'hui davantage reposer sur une stratégie globale de communication que sur un nouveau modèle de diplomatie publique. Nous nous appuierons sur plusieurs études de cas pour analyser les freins à la formulation d'un modèle en soulignant les lacunes existantes liées au manque d'internationalisation des acteurs, de proactivité des politiques et de dialogue constructif avec la société civile.

    Jean-Baptiste Beauchard, L'action du Conseil de sécurité des Nations Unies au Proche-Orient (2004-2014) : la souveraineté libanaise à l'épreuve de la paix et de la sécurité internationales, thèse soutenue en 2015 à ClermontFerrand 1, membres du jury : Jean-Paul Chagnollaud (Rapp.), Frédéric Ramel (Rapp.), Isabelle Moulier    

    Depuis 2004 et la résolution 1559 appelant au retrait syrien, le Liban est l’objet d’une action internationale extrêmement intense. En effet, le Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU), face à la nouvelle configuration libanaise et levantine, a déployé des mécanismes issus de la sécurité collective afin de renforcer les attributs régaliens de l’État libanais. Le maintien de la paix, à travers le renforcement de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), et la justice internationale, à travers la création du Tribunal spécial pour le Liban (TSL), sont les deux principaux outils visant à maintenir la paix et la sécurité internationales par le prisme libanais. Dans les deux cas, la France, que ce soit militairement ou diplomatiquement, a été singulièrement active.Partant de ce constat, notre thèse vise, dans un premier temps, à déconstruire les mécanismes onusiens mis en oeuvre dans le cas libanais. Il s’agira, plus précisément,d’appréhender les différentes logiques qui sont constitutives de l’action du CSNU au Liban.Que ce soit en matière de maintien de la paix ou de justice internationale, les résolutions onusiennes et les organes qui en découlent font face à la souveraineté nationale et reflètent ainsi l’éternelle opposition entre les chapitres VI et VII de la Charte des Nations unies. Or,nous verrons que dans le cas libanais, le CSNU met en oeuvre une action hybride oscillant entre une logique coercitive et une logique consensuelle.Dans un second temps, notre thèse analysera la tension permanente de l’État libanais,qualifié de quasi-État, entre des dynamiques supra-étatiques traduites par les résolutions onusiennes et des dynamiques infra-étatiques incarnées par des acteurs communautaires et confessionnels, parfois transfrontaliers, et propres au système consociatif libanais. Nous tenterons alors de mesurer le degré de consolidation de deux des attributs régaliens du quasi-État libanais : la défense et la justice. Plus largement, il s’agira de s’interroger sur la possibilité pour l’action internationale, héritière du système westphalien, de remplir ses objectifs dans un environnement national et régional qui questionne plus que jamais la possibilité de maintenir et de conforter des États-nations.À l’aune de la régionalisation des conflits depuis 2004, et particulièrement depuis2011 au Levant, nous conclurons à la difficulté pour le CSNU de faire face à des États déliquescents ainsi qu’à des conflictualités d’interface qui non seulement sont en plein essor,mais qui sont par ailleurs de plus en plus liées les unes aux autres.

    Thomas Richard, Mythologies politiques et identitaires dans les conflits du Moyen-Orient à l'heure de la mondialisation, thèse soutenue en 2014 à ClermontFerrand 1, membres du jury : Ariel Colonomos (Rapp.), Riva Kastoryano (Rapp.)  

    Cette thèse a pour objet d’étudier la façon dont sont constitués et utilisés les systèmes de références des acteurs politiques dans les conflits du Moyen-Orient, de telle sorte que ces références deviennent des normes, par rapport auxquelles leurs actions sont conditionnées. Ceci en prenant en compte à la fois la dimension étatique dans la création de ces normes, et les initiatives privées, et la façon dont ces deux dimensions dialoguent. Par ailleurs, compte tenu du contexte de la mondialisation, cette étude prend en compte la dimension de métissage de ces références. Pour ce faire, elle procède par l’étude des mémoriaux et musées d’une part, et d’un corpus filmique d’autre part, sur les terrains de recherche égyptien, israélien, palestinien, libanais, jordanien et turc.

    Ilinca Mathieu, La question du sens de l'action dans les opérations extérieures : décision politique, soutien public et motivation militaire dans le cadre de la participation française à la FIAS et à la FINUL renforcée, thèse soutenue en 2014 à ClermontFerrand 1, membres du jury : Frédéric Ramel (Rapp.), Thomas Lindemann (Rapp.), Michel Goya    

    De nombreuses études concluent à la supériorité des démocraties dans la guerre. A travers notre analyse des relations unissant aujourd’hui les piliers de la trinité clausewitzienne classique – pouvoir politique, peuple et armée – notre recherche s’attache à mettre en évidence l’importance, à cet égard, de la définition du « sens de l’action ». Complexe à conceptualiser, cet objet naît de l’interaction des trois piliers de la trinité qui contribuent à le construire. Cette dynamique prend son origine dans le sens conféré, par le discours politique,à la décision de recourir à la force. Ce sens politique repose sur les intérêts nationaux tels qu’appréhendés par les décideurs, mais également, du fait de la contrainte démocratique, sur les préférences de l’opinion publique telles que perçues par le politique. Le soutien public apparaît essentiel pour alimenter la volonté politique dans le conflit, mais influence aussi le moral des militaires déployés en opérations. Notre étude s’attache donc, en second lieu, à analyser les composantes du sens conféré par les militaires à la mission qu’ils exécutent, afin de déterminer dans quelle mesure un sens politique insuffisamment clair peut influencer le soutien public et, in fine, une éventuelle perte de sens chez les soldats. Cette analyse multiscalaire cherche en définitive à répondre à la question de savoir pourquoi l’on se bat, en approfondissant deux cas d’étude : la participation de l’Armée de terre française à la FIAS, en Afghanistan, et à la FINUL renforcée, au Liban. Elle peut s’inscrire, plus largement, dans le courant d’analyse cherchant à déterminer les facteurs d’efficacité dans la guerre, en esquissant l’idée que les démocraties peuvent, du fait des contraintes qui leur sont propres, présenter une faiblesse à cet égard.

    Raphaëlle Guibert, Des commerçants au cœur de l'expérience islamiste au Soudan : rapports de - au pouvoir et recompositions des communautés darfouriennes zaghawa à l'aune des alliances du mouvement islamique soudanais (1950-2011), thèse soutenue en 2013 à ClermontFerrand 1 en co-direction avec Richard Banégas, membres du jury : Emmanuel Grégoire (Rapp.), Béatrice Hibou (Rapp.), Roland Marchal    

    Ce travail d’économie politique étudie la structuration, l’évolution et les recompositions d’un groupe de commerçants issus des communautés zaghawa du Darfour à l’aune des alliances établies par le mouvement islamique soudanais avant et après sa prise de pouvoir. Il permet l’analyse de certains ressorts de la domination politique dans un régime autoritaire en soulignant plus particulièrement les « constellations d’intérêts » (Weber, 1921) des acteurs et leurs conjonctions s’établissant dans des situations précises, à divers niveaux (local, régional, national) et dans différents contextes (professionnel, familial, du groupe ethnique). Ce travail s’appuie sur une démarche empirique (un an de terrain) conjuguée à une approche par jeux d’échelles (Revel, 1996 ; Grossetti, 2006) qui se concentre sur les dispositifs et les logiques économiques, lieux privilégiés pour observer l’articulation des intérêts des acteurs. Cette recherche souligne ainsi que les communautés zaghawa ont été très tôt associées au projet islamiste, et examine les modalités de cette association dans l’alliance hégémonique islamique (Gramsci, 1929-1935). La thèse s’attache à montrer comment s’élaborent les ressorts concrets de l’adhésion, de l’acception ou de l’accommodement (qui sont trois formes dans lesquelles l’individu obéit). Loin d’être l’unique résultat de stratégies explicites des gouvernants ou du seul enjeu de légitimité, cette recherche révèle que ces rapports d’obéissance sont les résultats de l’imbrication des stratégies des acteurs avec leurs multiples logiques d’action, leurs interdépendances, leurs réactions autonomes ou non, dans un système plus ou moins contraignant.

    Amandine Gnanguênon, La gestion des "systèmes de conflits" en Afrique subsaharienne , thèse soutenue en 2010 à ClermontFerrand 1  

    Caractérisée par un paysage politique en pleine restructuration, l'Afrique représente un laboratoire incontournable pour l'étude de la guerre. Au-delà du cadre national, la région devient un lieu d'action où se concentrent les stratégies des Etats et les modes d'actions de ceux qui contestent leur autorité et leur légitimité. Ces dynamiques s'intègrent plus largement dans l'évolution de "systèmes de conflits", définis comme des espaces sociopolitiques et transétatiques au sein desquels les représentations sociales interfèrent avec les enjeux politiques. La formation de la région témoigne ainsi de la nature de la recomposition des espaces politiques. Dans un contexte où le désordre national se propage, émerge un ordre régional dicté par la protection des intérêts étatiques. Dans sa dimension sécuritaire, la région peut être interprétée comme un moyen pour les Etats de se réapproprier leurs prérogatives en matière de sécurité. La réactualisation des organisations régionales africaines apparaît comme le cadre le plus emblématique d'un discours prônant "une appropriation africaine des problèmes africains". Depuis 2002, cette perspective se matérialise par la création d'une Architecture africaine de paix et de sécurité, soutenue par les Nations unies et l'Union européenne. Ce multilatéralisme régionalisé influe à présent sur le contenu et les modalités d'exécution des politiques de résolution de conflit. Sa mise en oeuvre dépend d'une intégration cohérente de l'ensemble des politiques publiques de sécurité à l'échelon régional africain. L'Afrique témoigne donc d'une tendance où la région, du fait de sa dualité, est centrale pour l'étude de la guerre et de la paix. Sans être spécifique à l'Afrique, la formation des espaces régionaux reste dépendante du degré d'instrumentalisation et d'appropriation dont elle fait l'objet.

  • Windata Miki Zongo, La sécurité comme enjeu de politique étrangère en Afrique , thèse soutenue en 2016 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Thierry Garcin  

    Concept des Relations Internationales justifiant l'action extérieure des États, l'intérêt national est une notion toujours omniprésente dans les discours des gouvernants, mais dont la nature et la finalité s'avèrent à la fois subtiles et diversifiées. L'avènement du Multilatéralisme et son objectif de la sécurité internationale, en constitue une parfaite mise à l'épreuve. En effet, malgré l'émergence des structures légitimes, l'État, par un discours et une implication opérationnelle dans ses actions extérieures, s'affirme en tant qu'acteur de la sécurité internationale. Cet investissement, loin du discours sur des objectifs relevant du symbolique, participe dans la réalité, à une stratégie minutieusement orchestrée au nom de l'intérêt national. Sur le continent africain, on assiste ainsi à une émergence de politiques étrangères et d'actions diplomatiques étatiques apparemment vouées à la sécurité internationale mais relevant de l'intérêt national. La présente analyse, par une approche constructiviste, entend ainsi démontrer que la pratique des médiations entreprise par le Burkina Faso dans la sous-région de l'Afrique de l'Ouest, loin des discours sur la sécurité de la zone véhiculés, est une illustration de cette tendance.

    Camille Forite, La politique étrangère du Venezuela en Afrique (1998-2013) : formulation, mise en oeuvre et résultats d'une politique d'influence, thèse soutenue en 2016 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Georges Couffignal, membres du jury : Manuel Alcántara Sáez, Olivier Compagnon, Hubert Gourdon et Yves Saint-Geours    

    Cette thèse a pour objet la politique étrangère du Venezuela d’Hugo Chavez Frias (1998-2013) vers l’Afrique. Elle analyse, au prisme des relations africaines, le lien ténu qui se tisse entre politique intérieure et politique étrangère à partir de 2005. D’entre toutes les transformations induites par l’entrée en vigueur d’un nouveau « paradigme idéologique », le « socialisme du XXIe siècle », la subordination de la politique étrangère à la politique intérieure est sans doute l’une des plus manifestes. Elle concourt, notamment, à une redéfinition des lignes traditionnelles de la politique étrangère, à une réorientation de son agenda vers de nouveaux pôles, dont l’Afrique, et à un renouvellement des élites diplomatiques en charge de structurer les relations extérieures. Ces changements affectent la politique africaine à bien des égards. En examinant les modalités de formulation, de mise en oeuvre et en évaluant les effets de la politique africaine, nous montrons que le primat de l’interne sur la politique étrangère nuit à l’accomplissement des objectifs de la politique étrangère en Afrique cependant qu’il contribue à un élargissement des fonctions du vice-ministère pour l’Afrique vers la sphère interne. En ciblant un public domestique, ses actions visent, dans le sillage d’une réflexion nationale sur l’identité impulsée par Hugo Chavez Frias, à faire redécouvrir aux Vénézuéliens l’héritage africain de leur nation.

    Windata Miki Zongo, La sécurité comme enjeu de politique étrangère en Afrique, thèse soutenue en 2016 sous la direction de Thierry Garcin, membres du jury : Danielle Cabanis (Rapp.), Valérie-Barbara Rosoux    

    Concept des Relations Internationales justifiant l'action extérieure des États, l'intérêt national est une notion toujours omniprésente dans les discours des gouvernants, mais dont la nature et la finalité s'avèrent à la fois subtiles et diversifiées. L'avènement du Multilatéralisme et son objectif de la sécurité internationale, en constitue une parfaite mise à l'épreuve. En effet, malgré l'émergence des structures légitimes, l'État, par un discours et une implication opérationnelle dans ses actions extérieures, s'affirme en tant qu'acteur de la sécurité internationale. Cet investissement, loin du discours sur des objectifs relevant du symbolique, participe dans la réalité, à une stratégie minutieusement orchestrée au nom de l'intérêt national. Sur le continent africain, on assiste ainsi à une émergence de politiques étrangères et d'actions diplomatiques étatiques apparemment vouées à la sécurité internationale mais relevant de l'intérêt national. La présente analyse, par une approche constructiviste, entend ainsi démontrer que la pratique des médiations entreprise par le Burkina Faso dans la sous-région de l'Afrique de l'Ouest, loin des discours sur la sécurité de la zone véhiculés, est une illustration de cette tendance.

  • Keyvan Piram, Pétrole et relations internationales : dynamiques, mythes et réalités, thèse soutenue en 2023 à Université ParisPanthéonAssas sous la direction de Serge Sur, membres du jury : Nicolas Haupais (Rapp.), Michel Foucher, Pascale Martin-Bidou, Jacques Percebois et Helle Kristoffersen  

    Connu depuis l’Antiquité, le pétrole a vu son exploitation s’industrialiser durant la seconde moitié du XIXe siècle et s’est imposé au cours du XXe siècle comme la principale source d’énergie primaire de l’humanité. Mais en raison de l’inégale répartition des réserves mondiales, il est par la même occasion devenu un enjeu majeur des relations internationales, impliquant des échanges entre des pays riches en ressources et ceux dont la production domestique ne suffit pas à satisfaire les besoins. De nos jours, la forte volatilité des cours du baril et le réchauffement climatique amènent à réfléchir à un éventuel « après-pétrole ». Objet de compétition entre les puissances, vecteur d’émancipation des pays en développement, source de revenus particulièrement élevés pour les Etats depuis les chocs pétroliers des années 1970, le pétrole est à la fois un élément de puissance et de vulnérabilité, de coopération et de tensions internationales. Rejetant l’idée qu’il existe une « malédiction des ressources » frappant les pays exportateurs de pétrole, ce travail de thèse propose une typologie de ces pays et examine à la lumière de celle-ci les effets contrastés de l’exploitation pétrolière. L’ambition de cette étude est ainsi de contribuer à une meilleure compréhension des implications politiques de l’exploitation des hydrocarbures, et de proposer à travers cela une réflexion générale sur l’importance du pétrole dans les relations internationales contemporaines.

    Arthur Boutellis, Les rivalités de puissance et leurs conséquences à l’ONU : le cas des opérations de paix (1948-2022), thèse soutenue en 2022 à Université ParisPanthéonAssas sous la direction de Jean-Vincent Holeindre, membres du jury : Delphine Allès (Rapp.), Guillaume Devin, Ronald Hatto, Lise Morjé Howard et Marie-Joëlle Zahar  

    Depuis leur création en 1948, les opérations de paix onusiennes se sont adaptées et ont été façonnées par les évolutions de l’ordre international. Si elles ont longtemps fait l'objet d’un relatif consensus, notre thèse démontre que ces opérations sont devenues un terrain de rivalités de pouvoir et d’influence de grandes et moyennes puissances aux intérêts et valeurs de plus en plus divergents. A rebours des thèses libérales qui dominent l’étude du maintien de la paix depuis la fin de la guerre froide, nous proposons une grille d’analyse « réaliste-constructiviste » originale de la notion de puissance et des modes d’action des États à l’ONU (contrainte, influence, résistance), enrichie des méthodes bureaucratiques et de la psychologie politique, qui à notre avis permet de mieux comprendre ces opérations de paix et leurs limites. Nous testons d’abord cette grille d’analyse à travers un historique des opérations de paix de l’ONU de la guerre froide jusqu’au tournant de la stabilisation des vingt dernières années. Nous analysons ensuite les conséquences de la résurgence des rivalités de puissances, au siège des Nations Unies et dans la conduite des opérations elles-mêmes. A New York, nous nous intéressons au Conseil de sécurité, à l’Assemblée générale mais aussi au Secrétariat des Nations Unies (ou la bureaucratie), et aux négociations des résolutions et déclarations, des budgets, mais aussi au champ des valeurs et des normes, ainsi qu’aux nominations de plus en plus politisées. Sur le terrain d’autres jeux de pouvoir se manifestent aussi à travers les contributions en troupes, le comportement des pays hôtes, et diverses forces parallèles. Malgré la capacité des membres du Conseil de sécurité de « compartimenter » leurs différences, ces rivalités risquent d’affecter durablement l’impartialité, la légitimité et la pertinence des opérations de paix. Notre étude de cas approfondie de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA, 2013-2022) illustre comment les Casques bleus finissent dans certains cas pris en étau entre les intérêts contradictoires de certains pays. Nous posons la question du futur des opérations de paix dans un contexte de rivalités exacerbées par la montée en puissance de la Chine et la guerre en Ukraine. Enfin, nous soumettons l’idée qu’un désintérêt et désengagement total des puissances serait aujourd’hui encore plus préjudiciable que leur ingérence excessive. L’ONU doit donc mieux prendre en compte cette réalité, sans s’y soumettre. Les États doivent pouvoir se servir des opérations de paix tout en les servant, mais sans les instrumentaliser, ni les compromettre car cela reviendrait à se priver à l’avenir de cet outil important du multilatéralisme.

    Valérie Le Brenne, Gouverner l'océan : les acteurs non étatiques dans la gestion mondiale de la surpêche, thèse soutenue en 2022 à Paris 1 sous la direction de Josepha Laroche  

    Selon la FAO, plus de 30% des stocks mondiaux de poissons sont actuellement surexploités. C’est trois fois plus que dans les années 1970. Or, ces tendances sont d’ores et déjà aggravées par le changement climatique. À moyen terme, des modifications substantielles d’abondance et de répartition des espèces risquent non seulement d’avoir des répercussions graves en termes de sécurité alimentaire, mais aussi de générer de nouvelles conflictualités pour l’accès à ces ressources sauvages. Formulé pour la première fois en 1854 par le scientifique écossais John Cleghorn – soit douze ans avant que le mot écologie ne soit introduit par le biologiste allemand Ernst Haeckel –, le problème de la surpêche n’a véritablement commencé à attirer l’attention internationale qu’à partir des années 1990. S’il a, jusque-là, été éclipsé par des questions environnementales plus immédiates – à l’instar du spectaculaire trou dans la couche d’ozone –, il convient cependant de s’interroger sur les conditions d’émergence de ce risque dans la sphère politique et sur les réponses qui y sont apportées depuis. C’est à ces deux questions, intrinsèquement liées, que cette thèse tente d’apporter des réponses, en explorant plus particulièrement les interactions survenues entre les sphères scientifique et politique. À partir d’une immersion complète en ONG depuis 2015, ce travail formule en effet l’hypothèse que les savoirs ont joué un rôle prépondérant dans la trajectoire politique de ce problème environnemental. D’abord, du fait d’un changement dans l’échelle d’analyse, et, d’autre part, en raison d’un empowerment épistémique des acteurs impliqués dans les multiples processus politiques.

    Gabriel Castillo, Diplomatic practices in the Brazilian Ministry of Foreign Affairs : the Lula Years (2003-2010), thèse soutenue en 2022 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Christian Lequesne, membres du jury : Olivier Dabène (Rapp.), Elodie Brun (Rapp.), Karla Gobo  

    Cette thèse a pour objectif d’analyser les pratiques diplomatiques du Ministère des Affaires Etrangères du Brésil, connu sous le nom d’Itamaraty, pendant les deux mandats du président Luiz Inácio Lula da Silva (Lula), de 2003 à 2010.Elle consiste à employer la théorie des pratiques pour analyser les changements issus de ce nouveau gouvernement, vu le caractère novateur d’une présidence Lula, eu égard à son parcours personnel et les idées qu’il défend. Pour ce faire, la thèse est divisée en cinq chapitres. Le premier chapitre est une revue de la littérature, montrant la généalogie de biais dans la littérature, notamment la tendance des travaux à se concentrer sur les objectifs de la politique étrangère au détriment de son fonctionnement. Le deuxième chapitre est une étude approfondie de la structure du Ministère des Affaires Etrangères du Brésil, soulignant le processus de socialisation du service diplomatique et ses biais sociologiques dans sa composition. Le troisième chapitre s’attache quant à lui à analyser en détail l’idéologie du parti politique de Lula – le Parti des Travailleurs (PT), montrant comment sa genèse a influencé les méthodes d’exercice du pouvoir de Lula. Le quatrième chapitre est la première étude de cas approfondie de la thèse. Elle prend l’exemple du Venezuela et de l’Amérique du Sud pour montrer comment Lula a mis en œuvre une diplomatie présidentielle parallèlement au Ministère des Affaires Etrangères. Le cinquième chapitre porte sur le cas de la médiation brésilienne de la crise nucléaire iranienne, montrant comment les échelons les plus élevés du Ministère des Affaires Etrangères ont fonctionné de manière isolée du reste de la structure bureaucratique.

    Rachid Chaker, Les politiques de puissance au XXIe siècle : Le cas du golfe Persique, thèse soutenue en 2022 à Université ParisPanthéonAssas sous la direction de Julian Fernandez et Jean-Vincent Holeindre, membres du jury : Nicolas Haupais (Rapp.), Delphine Deschaux-Dutard  

    La quête de puissance semble être une constante de la politique internationale. Les crises qui découlent des compétitions entre Etats pour la puissance sont nombreuses et l’époque contemporaine, marquée par l’essor de la démocratie et du droit international ne semble pas avoir remis en cause cet état de fait. Le golfe Persique et les huit Etats qui l’entourent sont depuis plusieurs siècles l’objet de convoitises de la part de puissances extérieures à la région, en rivalité permanente pour y accroitre leur influence. Ces compétitions connaissent cependant depuis le début du XXIe siècle une recrudescence de leur intensité. Les puissances extérieures traditionnelles et dominantes de la région, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France y sont depuis peu confrontées à l’influence grandissante de nouveaux acteurs extérieurs. Parmi eux, se trouvent la Russie, la Chine, la Turquie, l’Inde et dans une moindre mesure Israël. Dans le même temps, plusieurs Etats du Golfe semblent avoir fait de l’accroissement de leurs forces une centralité de leur politique sur leur scène régionale, avec des déclinaisons multiples. L’objectif de cette étude est de déterminer les objectifs des politiques de puissance déployées dans le Golfe au XXIe siècle par les différents acteurs, de définir, par prolongation, les usages assignés à la puissance dans ce contexte, ainsi que les degrés de puissance convoités par les Etats.

    Johanna Möhring, Pari impossible, pari indispensable : la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'avenir de la coopération en matière de défense en Europe, thèse soutenue en 2022 à Université ParisPanthéonAssas sous la direction de Serge Sur, membres du jury : Nicolas Haupais (Rapp.), Beatrice Heuser, Jean-Vincent Holeindre et Markus C. Kerber  

    Cette thèse pose la question des obstacles à la coopération en matière de défense en Europe, et si oui, et comment on pourra les dépasser. Partant de l'hypothèse que les trois pays qui façonnent en grande partie la réponse à cette question, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont des besoins de sécurité, des conceptions de puissance militaire, ainsi que des préférences institutionnelles de coopération qui divergent, et que leur capacité de s'accorder reste faible, cette thèse déploie une méthodologie mixte pour recenser les obstacles à la coopération, et pour évaluer les possibilités de les surmonter. À l'aide d'entretiens de recherche, d'une analyse logométrique de documents stratégiques, de sondages en ligne et d'un exercice scénario, cette thèse décrit et analyse le système des coopérations en matière de défense en Europe impliquant pays européens et États-Unis, en se concentrant sur les stratégies de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni des vingt dernières années qui l'animent. Sa contribution pratique est notamment d'esquisser quel outil militaire pourra être à la disposition des Européens à l'avenir. Sa contribution conceptuelle est d'explorer le système de coopérations coproduisant de la sécurité en Europe d'un point de vue théorique.

    Zivile Kalibataite, La reconnaissance internationale par la projection de la force armée : le cas de la politique d'intervention militaire extérieure de la Lituanie (1994-2019), thèse soutenue en 2020 à Paris Est sous la direction de Delphine Allès et Thierry Balzacq, membres du jury : Anne de Tinguy (Rapp.), Jean-Marc Rickli    

    À travers l’étude du cas de la politique d’intervention militaire extérieure de la Lituanie située dans son contexte historique et régional particulier, cette thèse explore la possibilité de traduire les théories de la reconnaissance, un cadre de pensée d’origine philosophique introduit en sciences sociales au début des années 1990, dans l’analyse sociologique des relations entre États. À ce titre, nous faisons appel à divers concepts des sciences sociales tels que le contexte, le don, et le rôle pour opérationnaliser cette grille de lecture théorique dans l’étude empirique des rapports interétatiques. Nous montrons que les théories de la reconnaissance ont pour avantage d’allier les dimensions symbolique et stratégique de l’action internationale dans un même cadre interprétatif, et de proposer ainsi une approche nuancée des raisons d’agir des acteurs étatiques.À partir des documents juridiques et politiques encadrant la participation de la Lituanie aux opérations militaires extérieures (OPEX) depuis 1994, d’entretiens semi-directifs avec des acteurs ayant participé au processus de prise de décision et de mise en place de cette politique, ainsi que des archives et de la littérature grise du ministère de la Défense, cette thèse montre que le déploiement des troupes lituaniennes sur des théâtres d’opération extérieurs est un outil permettant aux autorités de ce pays balte d’exprimer les demandes de reconnaissance internationale de leur État. L’engagement des forces armées en dehors du territoire national est motivé par la recherche de relations de réciprocité durables entre la Lituanie et ses alliés et partenaires fondées sur la reconnaissance de leur appartenance commune à la communauté occidentale. Pour ce faire, la participation de Vilnius aux diverses OPEX est à la fois active et « atlantiste », c’est-à-dire principalement axée sur les missions militaires internationales menées par les États-Unis et l’Otan.

    Julien Nocetti, La Russie de Vladimir Poutine au Moyen-Orient : analyses d'une ambition de "retour" (2000-2013), thèse soutenue en 2019 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Anne de Tinguy, membres du jury : Pierre Razoux (Rapp.), Alexeï Malachenko, Jean Radvanyi et Dorothée Schmid  

    Le Moyen-Orient représente un « Sud » souvent occulté dans l’analyse de la politique étrangère de la Russie. Or, la politique de Moscou au Moyen-Orient constitue un indicateur souvent révélateur des dynamiques, des atouts et des limites de la puissance russe. Sur la période étudiée (2000-2013), la poursuite d’objectifs « rationnels » – maximisation de la sécurité de l’État dans un système international perçu comme anarchique – n’exclut pas une quête identitaire éclairant la manière dont la Russie se perçoit au monde, souvent en opposition à l’Occident. Notre recherche interroge ainsi le réinvestissement du Moyen-Orient par la Russie de Vladimir Poutine en se penchant sur les logiques internes et extérieures de la politique russe. D’une part, à sa prise de fonctions, Vladimir Poutine est ainsi confronté au double défi d’éviter la polarisation ethnique et religieuse de la population russe et d’améliorer l’image de la Russie dans le monde arabo-musulman après les guerres de Tchétchénie. D’autre part, le Moyen-Orient reste le lieu traditionnel de l’affirmation de la puissance russe. À travers les grands dossiers sécuritaires de la région, Moscou jauge celle-ci à l’aune de l’Occident, en particulier des États-Unis, tout en faisant le pari, depuis la crise financière internationale et la guerre de Géorgie en 2008, d’un déclin inexorable de la puissance américaine. À partir de 2011, les « printemps arabes » révèlent une politique russe conservatrice par instinct, prudente dans son exécution, faite de manœuvres et de compromis si nécessaire et privilégiant les partenariats tactiques aux alliances contraignantes.

    Mohamed Mamadou Diatta, Statebuilding in the Central African Republic : the preeminence of the Economic Community of Central African States in the ‘transition' process between 2012-2016, thèse soutenue en 2019 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Bertrand Badie, membres du jury : Delphine Allès (Rapp.), Folashadé Ayodélé Soulé-Kohndou  

    Depuis son accession à l’indépendance en 1960, la République Centrafricaine (RCA) oscille entre périodes troubles et moments de stabilité relative, notamment sous les régimes militaires de Jean-Bedel Bokassa et d’André Kolingba. L’instabilité politique quasi-chronique de ce pays depuis la fin des années 1980 a entrainé des réponses internationales successives, sous forme de missions de paix débutées en 1997 et visant, in fine, à la reconstruction/construction étatique comme solution à la crise du politique centrafricaine. L’éclatement, en fin 2012, d’un conflit armé mené par la rébellion de la Seleka souligne cependant la faiblesse de cette entreprise internationale, qui fait fi des dynamiques politiques et sociales internes des sociétés concernées. Cette reprise violente des hostilités en RCA remet également au goût du jour la question de la rigidité du concept d’État et de sa pertinence universelle, limites des politiques internationales de « statebuiding ». La multitude d’acteurs, locaux et internationaux, qui opèrent sur le terrain centrafricain témoigne de la complexité de ce conflit et rend difficile la possibilité d’une solution durable. Le rôle premier de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) dans le « statebuilding » en RCA entre 2012 et 2016 est l’incarnation d’une lutte d’influence que cet acteur régional - en l’occurrence ses États membres - a remporté. La « victoire » de la CEEAC a été acquise au détriment d’une solution objective et viable à la question centrafricaine, « au profit » d’États tels que le Tchad et la France, et d’individus tels que Idriss Deby et Denis Sassou N’guesso. Ce succès de la « diplomatie de machination » est illustratif des logiques et lutte de pouvoir et de la convergence des régimes politiques dans la sous-région, ainsi que de la relation très paradoxale que la France entretient avec ses anciennes colonies.

    Habiba Ashraf Sherif Sherif, Travailler la communauté, dire le sens , thèse soutenue en 2019 à AixMarseille sous la direction de Bernard Rougier et Aude Signoles  

    L’objet de cette thèse vise à apporter des éléments de réponse à une question de départ simple : comment un acteur collectif parvient-il à politiser une communauté en la restructurant sur des bases « confessionnelles » et pourquoi ? Autrement dit, comment les processus de construction communautaire s’élaborent-ils et se négocient-ils entre société et État ? Pour ce faire, nous avons choisi le Yémen et le Bahrein comme terrains d’étude privilégiés. Il s’agit alors de comprendre dans quelles mesures le fait communautaire chiite, de référence dans ces deux États, est porté par deux acteurs principaux - respectivement Ansâr Allah au Yémen et al-Wifâq à Bahrein. Nous établissons que la dynamique communautaire suit trois phases successives. La première phase (fin des années 1990-2011) correspond au processus de communalisation par les leaders des deux mouvements étudiés. La deuxième phase (2011-2014) correspond à la consolidation du processus de communalisation engagé par Ansâr Allah et al-Wifâq. Nous verrons comment le moment des révoltes arabes est devenu un moment assurant la re-configuration et le renforcement du processus de communalisation sujet de notre analyse. Enfin, la troisième phase (2014-2017) illustre la prise de contrôle de la communauté par les deux mouvements en question. Pour comprendre la succession de ces trois phases ; un plan chronologique composé de trois parties correspondant à ces phases esquissées était le mieux adapté à notre recherche

    Habiba Ashraf Sherif Sherif, Travailler la communauté, dire le sens, thèse soutenue en 2019 sous la direction de Bernard Rougier et Aude Signoles, membres du jury : Franck Mermier      

    L’objet de cette thèse vise à apporter des éléments de réponse à une question de départ simple : comment un acteur collectif parvient-il à politiser une communauté en la restructurant sur des bases « confessionnelles » et pourquoi ? Autrement dit, comment les processus de construction communautaire s’élaborent-ils et se négocient-ils entre société et État ? Pour ce faire, nous avons choisi le Yémen et le Bahrein comme terrains d’étude privilégiés. Il s’agit alors de comprendre dans quelles mesures le fait communautaire chiite, de référence dans ces deux États, est porté par deux acteurs principaux - respectivement Ansâr Allah au Yémen et al-Wifâq à Bahrein. Nous établissons que la dynamique communautaire suit trois phases successives. La première phase (fin des années 1990-2011) correspond au processus de communalisation par les leaders des deux mouvements étudiés. La deuxième phase (2011-2014) correspond à la consolidation du processus de communalisation engagé par Ansâr Allah et al-Wifâq. Nous verrons comment le moment des révoltes arabes est devenu un moment assurant la re-configuration et le renforcement du processus de communalisation sujet de notre analyse. Enfin, la troisième phase (2014-2017) illustre la prise de contrôle de la communauté par les deux mouvements en question. Pour comprendre la succession de ces trois phases ; un plan chronologique composé de trois parties correspondant à ces phases esquissées était le mieux adapté à notre recherche

    Nabil Ennasri, Yûsuf al-Qaradhâwî et la politique étrangère du Qatar , thèse soutenue en 2017 à AixMarseille sous la direction de François Burgat  

    Indépendant depuis 1971, le Qatar a longtemps fait partie des micro-États. Le pays a ensuite vécu une forme de révolution avec l’accession au pouvoir de Hamad ben Khalîfa al-Thânî en juin 1995. Le nouvel émir a alors entrepris une politique volontariste de reconnaissance internationale. Le périmètre de son action diplomatique s'est renforcés dans un contexte où l’augmentation de la rente pétrolière a permis à la famille royale de satisfaire les demandes sociales des nationaux. Comme de nombreux États du monde arabe, le régime qatarien devait se doter d’une légitimité prenant en partie appui sur le socle religieux. Cette formule de légitimité a trouvé une part de sa réponse dans la relation nouée avec Yûsuf al-Qaradhâwî.Figure majeure de la scène islamiste contemporaine, cet ouléma a mené une intense activité de prédication. Sa longue présence dans l’émirat lui a permis de tisser un lien particulier avec la dynastie au pouvoir. Souffrant d’un déficit en matière de légitimité religieuse, celle-ci a cherché à utiliser le charisme de l’ouléma au service d’un dessein politique. Se faisant, quels ont été les mécanismes de cette relation originale entre les deux partenaires ? En mobilisant plusieurs concepts de la sociologie politique comme la théorie des champs ou celui des transactions collusives, notre thèse expliquera comment cette interaction a pu produire un dispositif complexe où le Qatar a tiré profit du réservoir de légitimité dont Yûsuf al-Qaradhâwî était le récipiendaire tout en assurant à ce dernier un large périmètre de liberté lui permettant de mobiliser, au profit de l’émirat, ce que nous avons qualifié de « soft power islamique de complémentarité »

    Nabil Ennasri, Yûsuf al-Qaradhâwî et la politique étrangère du Qatar, thèse soutenue en 2017 sous la direction de François Burgat, membres du jury : Baudouin Dupret, Laurence Louër, Stéphane Lacroix et Vincent Geisser      

    Indépendant depuis 1971, le Qatar a longtemps fait partie des micro-États. Le pays a ensuite vécu une forme de révolution avec l’accession au pouvoir de Hamad ben Khalîfa al-Thânî en juin 1995. Le nouvel émir a alors entrepris une politique volontariste de reconnaissance internationale. Le périmètre de son action diplomatique s'est renforcés dans un contexte où l’augmentation de la rente pétrolière a permis à la famille royale de satisfaire les demandes sociales des nationaux. Comme de nombreux États du monde arabe, le régime qatarien devait se doter d’une légitimité prenant en partie appui sur le socle religieux. Cette formule de légitimité a trouvé une part de sa réponse dans la relation nouée avec Yûsuf al-Qaradhâwî.Figure majeure de la scène islamiste contemporaine, cet ouléma a mené une intense activité de prédication. Sa longue présence dans l’émirat lui a permis de tisser un lien particulier avec la dynastie au pouvoir. Souffrant d’un déficit en matière de légitimité religieuse, celle-ci a cherché à utiliser le charisme de l’ouléma au service d’un dessein politique. Se faisant, quels ont été les mécanismes de cette relation originale entre les deux partenaires ? En mobilisant plusieurs concepts de la sociologie politique comme la théorie des champs ou celui des transactions collusives, notre thèse expliquera comment cette interaction a pu produire un dispositif complexe où le Qatar a tiré profit du réservoir de légitimité dont Yûsuf al-Qaradhâwî était le récipiendaire tout en assurant à ce dernier un large périmètre de liberté lui permettant de mobiliser, au profit de l’émirat, ce que nous avons qualifié de « soft power islamique de complémentarité »

    Aymeric Durez, Le grand large dans la politique étrangère française : penser le changement de la fin de la guerre d'Algérie à la fin de la guerre froide, thèse soutenue en 2016 à Lyon sous la direction de Frédéric Ramel, membres du jury : Valérie-Barbara Rosoux (Rapp.), Brigitte Vassort-Rousset et Maurice Vaïsse    

    La politique étrangère de la France peut être appréhendée à travers trois cercles d'appartenance privilégiés: le cercle européen, le cercle transatlantique et le cercle du "grand-large". Alors que le premier cercle correspond à la politique de voisinage et renvoie à l'Union européenne, que le deuxième cercle correspond au partenariat de sécurité et renvoie à l'OTAN, le cercle du grand-large ne peut être identifié aussi facilement par une aire géographique, une fonction ou un processus institutionnel. En partant de la fin de la guerre d'Algérie, cette thèse analyse les transformations de la politique étrangère du grand-large en articulation avec les deux autres cercles entre 1958 et 1991. A travers cet objet, ce travail a pour ambition de montrer que la politique étrangère de la France sous la Vème République ne se caractérise pas par une continuité "gaullo-mitterrandienne" mais au contraire par une inégale aptitude entre le général de Gaulle et François Mitterrand pour articuler l'ampleur du changement dans la politique des trois cercles (révision de la politique à l'intérieur d'un cercle d'appartenance/ permutation hiérarchique entre les cercles/ apparition ou disparition d'un cercle) avec les différentes formes du changement dans l'environnement extérieur (reconfiguration de la polarité à l'échelle internationale/ modification des relations entre les principaux pôles/ restructuration de la polarité au niveau régional). L'absence d'institutionnalisation de la politique du grand-large, les tentatives avortées pour modifier le contenu de ce cercle et les difficultés pour en faire un levier ont conduit à sa relégation par rapport à une dynamique euro-atlantique.

    Paloma Haschke-Joseph, Les médias, les élites et l’armée en Egypte du début des années 2000 à aujourd’hui : le rôle des chaînes satellitaires et d'internet, entre période révolutionnaire et mutation néo-autoritaire, thèse soutenue en 2016 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Gilles Kepel, membres du jury : Bernard Rougier (Rapp.)  

    L’évolution du secteur des médias en Égypte depuis les années 2000 a eu une influence déterminante sur le cap politique que prend le pays au lendemain du soulèvement populaire de 2011. Ce travail cherche à démontrer qu’en Égypte, l’intrication complexe d’intérêts entre les médias, le milieu des affaires et l’armée, a été un élément central au renouvellement des stratégies du régime militaire pour assurer sa propre survie, et que cette connivence a joué un rôle capital dans le succès de la mutation néoautoritaire du système politique égyptien. La collusion entre l’armée et le secteur privé de l’audiovisuel qui se développe au cours des années 2000, permet au régime d’encadrer le passage de l’Égypte à l’ère satellitaire, de superviser la relative libéralisation de la sphère publique qui en découle, et de coopter les discours dissidents modérés en leur offrant un accès nouveau aux médias de masse. L’arrivée d’internet en Égypte au cours de cette même période, favorise le développement d’une sphère publique parallèle qui se politise rapidement et engendre la constitution d’une opposition bien plus radicale que celle qui s’exprime à la télévision, et qui cherche à exploiter le potentiel mobilisateur des nouvelles technologies dans l’espoir de déclencher le changement politique. Mais malgré les bouleversements engendrés par la révolution dans le domaine de l’expression publique, l’industrie des médias ne parvient pas à s’émanciper des dynamiques autoritaires qui la structurent depuis des décennies, et tandis qu’ils semblaient porteurs de promesses démocratiques, les médias égyptiens sont rapidement relégués à leur fonction originelle de cerbères du régime.

    Pierre-Marie Faivre, Le traitement des questions de sécurité dans la région sahélo-saharienne : étude des approches malienne, nigérienne et burkinabè, thèse soutenue en 2016 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Pascal Chaigneau, membres du jury : Jean-Jacques Roche (Rapp.), Fouad Nohra  

    La récurrence des crises politiques et sécuritaires dans la région sahélo-saharienne continue de mettre en lumière les multiples facteurs d'instabilité qui la touchent. Plaçant l'État au centre de notre réflexion, nous verrons que, si ces fragilités peuvent être le fruit de facteurs exogènes, elles constituent surtout le résultat de décisions endogènes. Partant de ce constat, cette étude analysera les politiques mises en place par les autorités du Burkina Faso, du Mali et du Niger, le cadre régional dans lequel elles s'inscrivent et les interdépendances qu'elles contractent. Face à la faiblesse de ces pays, la solution d'une approche régionale a été plébiscitée mais son efficacité se heurte à la défense des intérêts particuliers des États et de leurs gouvernants.

    Namie Di Razza, La protection des civils par les opérations de maintien de la paix de l’ONU : le cas de la MONUC/MONUSCO en République démocratique du Congo (1999-2015), thèse soutenue en 2016 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Jacques Semelin, membres du jury : Emmanuel Decaux (Rapp.), Jean-Philippe Ganascia et Baptiste Martin  

    Les échecs des opérations de maintien de la paix de l’ONU au Rwanda et en Bosnie ont grandement entamé l’image des Casques bleus, impuissants face aux massacres et atrocités dont ils étaient témoins. Or depuis 1999, la « protection des civils » a connu une expansion et une normalisation institutionnelles au sein des Nations unies, tant dans la doctrine que dans les pratiques. En l’invoquant comme la tâche prioritaire des opérations de paix, le Conseil de sécurité et le Secrétariat se sont investis dans un développement essentiel du concept de protection des civils. De même, les activités des peacekeepers sur le terrain ont confirmé ces inflexions. La Mission des Nations unies en République démocratique du Congo (MONUC, puis MONUSCO), laboratoire des pratiques de protection depuis 15 ans, a démontré une hyperactivité remarquable pour protéger les populations. De nombreux outils et mécanismes spécifiques ont été développés pour renforcer les capacités de réponse aux besoins de protection, et les soldats de la paix ont démontré qu’ils pouvaient exploiter un pan immense de pratiques opérationnelles pour protéger les civils, de la simple présence dissuasive aux opérations offensives contre les groupes armés. Cette thèse démontre les évolutions conceptuelles et pratiques qui sont advenues et met en lumière les facteurs influençant la mise en œuvre concrète de cette politique de protection, désormais centrale dans le maintien de la paix de l’ONU. Elle explore la dynamique institutionnelle d’une part, et la dynamique politique d’autre part, dessinant toutes deux les contours des pratiques de protection, et pouvant tantôt réduire, tantôt accroître leur efficience.

    Antoine Bondaz, De l’insécurité à la stabilité : la politique coréenne de la Chine de 2009 à 2014, thèse soutenue en 2015 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de François Godement, membres du jury : Jean-Pierre Cabestan (Rapp.), Mathieu Duchâtel  

    Depuis la crise financière et économique de 2009, la politique étrangère de la Chine est présentée comme assertive et à même de déstabiliser l’Asie-Pacifique. Cependant, s’inscrivant dans un cadre néoréaliste classique, nous considérons que du fait d’un complexe d’insécurité lié à l’absence de parité avec les Etats-Unis, la Chine met en œuvre une stratégie de « maintien de la stabilité » dans la péninsule coréenne afin de garantir la poursuite de son ascension. La Chine est confrontée à un paradoxe de l’ascension, ses capacités matérielles s’accroissent mais son insécurité ne se réduit pas. Les universitaires chinois soulignent l’écart de puissance avec les Etats-Unis, présentent leur pays comme une puissance fragile et partielle, et considèrent la stratégie de rééquilibrage américaine comme une stratégie d’endiguement. Ce complexe d’insécurité conduit la Chine à éviter toute instabilité qui conduirait à un effondrement du régime nord-coréen sources de nombreuses incertitudes stratégiques. La péninsule coréenne est profondément déséquilibrée à partir de 2008 du fait de la transition politique à Pyongyang, et de l’arrivée au pouvoir des conservateurs à Séoul. La Chine met alors en œuvre une stratégie de stabilisation qui se traduit par un soutien inconditionnel à son voisin, au détriment de ses relations avec Séoul et Washington. Avec le retour d’un équilibre partiel entre les deux Corées fin 2012, la Chine maintient sa priorité à la stabilisation mais peut désormais tenter d’affaiblir l’influence américaine et d’isoler le Japon. Pékin met alors en scène un changement tactique suite au troisième essai nucléaire nord-coréen, et adopte une politique coréenne équidistante.

    Lionel P. Fatton, Explaining unilateralism in foreign security policy : the case of Japan's withdrawal from the Washington System, 1922-1936, thèse soutenue en 2015 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Karoline Postel-Vinay, membres du jury : Chikako Kawakatsu Ueki (Rapp.), Alessio Patalano  

    Cette thèse analyse les raisons qui ont poussé le Japon à se retirer en 1936 du système de contrôle des armements navals établis en 1922. La littérature sur le sujet est particulièrement pauvre pour ce qui est de la science politique et ne parvient pas à systématiser les différentes variables afin de mieux comprendre l’extrême complexité du processus de décision japonais. Appréhender ce processus permet d'aborder une problématique plus générale, qui est de comprendre pourquoi les états mettent fin à des relations de nature coopérative, préférant poursuivre une politique de sécurité unilatérale malgré les coûts que cela peut engendrer. Le modèle théorique de cette thèse propose l’hypothèse suivante: certains changements dans le système international affectent l'influence relative des différentes institutions domestiques prenant part à la formulation des politiques étrangères. En cas de tensions internationales, l'expertise des forces armées prend de l’importance pour la formulation des politiques étrangères. Dans un tel scénario, il est probable que le pays se retire de l'accord de contrôle des armements si ses forces armées s’opposent au maintien de cet accord. Les forces armées désavouent l'accord si ce dernier est intrusif dans des domaines relevant de l'expertise de l’institution militaire au point de menacer sa capacité à répondre à une nouvelle menace extérieure. Le degré d'influence des forces armées et l'intensité du conflit entre militaires et civils pour ce qui concerne la politique de défense nationale constituent les deux variables qui déterminent la propension d'un état à privilégier une approche unilatérale de sa politique étrangère en matière de sécurité.

    Anaïs Laacher, Afficher sa souveraineté , thèse soutenue en 2014 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Bertrand Badie  

    Pays fragile par excellence, le Tchad, dont le niveau de développement est parmi le plus bas au monde, pourrait se résumer par la formule d’Helman et Ratner utilisée dans leur article Failed States paru en 1994, comme un État « simplement incapables de fonctionner en tant qu’entités indépendantes ».Alors pourquoi a-t-il demandé le retrait de la MINURCAT, la mission de sécurisation européenne et onusienne déployée sur son sol en 2008. Nous postulons que la conséquence négative de la relation entre ces deux acteurs, matérialisée par l’exclusion de la MINURCAT, est à chercher dans une étude de la nature des espaces de rencontre et leurs effets, directs ou indirects, sur le Tchad. En effet, cette thèse met l’accent sur le caractère systémique du lien social entre le Tchad et les Nations unies et entend ainsi catégoriser les espaces de mise en relation comme un système à trois variables : la socialisation, l’éloignement et la rupture. L’analyse de la rencontre en termes de « spatialité » permet l’étude du lien entre « les temps et les lieux symboliques de l’interaction », qui donne la possibilité d’établir les motivations d’agir et les modes de formulation. Ces derniers consacrent l’établissement d’un nouveau langage : celui de la revendication d’une souveraineté qui ne soit pas de façade et de sa reconnaissance par la communauté internationale. Il conviendra d’étudier, d’une part, la formation progressive de cet espace de jugement et, d’autre part, la volonté manifeste de contrer le déni de reconnaissance qui permet au Tchad d’achever son rapport à sa souveraineté.

    Nicole de Paula Domingos, Brazil as an EU strategic partner : a shared preference for multilateralism ?, thèse soutenue en 2014 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Zaki Laïdi et Ana Flávia Barros-Platiau, membres du jury : Georges Couffignal (Rapp.)  

    L'émancipation économique et politique d'un groupe restreint de pays, notamment la Chine, l'Inde et le Brésil, a stimulé un nouveau programme de recherche en Relations internationales et inspiré la notion de «puissances émergentes». Avec un malaise multilatéral, évident par un nombre significatif des blocages dans certaines négociations internationales, et l'émergence d'influentes coalitions Sud-Sud, les analyses concernant les effets de ces nouvelles voix sont devenues incontournables. Pour explorer les continuités et les transformations de la coopération multilatérale dans un contexte d'absence de leadership et d'une autorité souvent contestée, cette recherche part du cas du Brésil et du partenariat stratégique Brésil-UE. L'objectif est de saisir les réalités de la construction des normes multilatérales à partir de la perspective d'une puissance émergente et ses relations avec une puissance établie qui est très intéressée à la promotion d'un ordre international fondé sur des règles. Pour accomplir cette tâche, la présente thèse analyse la raison d'être de ce partenariat stratégique, ainsi que le comportement diplomatique du Brésil pendant l'ère du président Lula (2003-2010) dans trois domaines spécifiques: le commerce, le développement durable et la sécurité. Cette analyse se développe en perspective avec le point de vue de l'UE sur chacun des thèmes choisis. D'un point de vu empirique, je défends qu'il existe un modèle de comportement diplomatique UE-Brésil dans lequel la promotion du multilatéralisme comme une norme est en effet une réalité. Cependant, après avoir examiné un certain nombre d'études de cas, il est évident que cette convergence et cette préférence sont confrontées à des défis importants. Dans ce sens, la thèse conduit à la conclusion que le Brésil et l'UE sont des partenaires stratégiques sans une stratégie. Une raison centrale en est qu’il est devenu plus difficile pour les puissances traditionnelles de convaincre le Brésil qu'il doit suivre les règles de forme, forgées notamment par l'Union européenne et les États-Unis. A travers l'exemple de la montée en puissance du Brésil, cette recherche a le mérite de favoriser la connaissance des forces motrices d'interactions et d'interdépendances mondiales, à une époque de transition du pouvoir sur la scène internationale.

    Leïla Seurat, La politique étrangère du Hamas 2006-2013 : idéologie, intérêt et processus de décision, thèse soutenue en 2014 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Bertrand Badie, membres du jury : Eberhard Kienle (Rapp.), Stéphane Lacroix  

    Bien qu’évoluant dans un cadre national dépourvu d’institutions étatiques, le Hamas exerce bel et bien une politique étrangère qui s’explique bien plus par les intérêts que par l’idéologie. L’analyse des processus de décision internes au mouvement le confirme. Agissant comme des filtrent des intérêts et des propositions idéologiques, ces processus, plus ou moins inclusifs en fonction du contexte et de la nature des décisions, illustrent l’importance des intérêts et la marginalité du rôle de l’idéologie. Seule la trêve conclue en juin 2008 avec Israël a donné lieu à des divergences idéologiques et à conduit au départ de certains membres de la branche armée du mouvement qui ont alors choisi de rejoindre des groupes salafistes. Au-delà de ces divergences, les intérêts des différents acteurs au sein du Hamas convergent au moins parce qu’ils cherchent tous à garantir la prépondérance politique de leur mouvement. La politique étrangère leur permet de réaliser un certain nombre d’intérêts à la fois extérieurs et intérieurs: obtenir la reconnaissance diplomatique et symbolique, rechercher des ressources matérielles, assurer leur domination sur la bande de Gaza et enfin concurrencer leurs adversaires nationalistes et islamistes. Les propositions idéologiques sont constamment adaptées pour accompagner la défense de ces différents intérêts.

    Eléna Morenkova, Mémoire et politique. Les représentations du passé soviétique en Russie, thèse soutenue en 2014 à Paris 2 sous la direction de Jacques Chevallier, membres du jury : Yves Déloye (Rapp.), Marie Mendras-Rosdhal, Georges Mink et Géraldine Muhlmann  

    Le présent travail met en lumière la dialectique des relations entre mémoire et politique par l’étude des processus de construction, négociation, diffusion, adoption et reproduction des représentations du passé soviétique dans la Russie postsoviétique. S’appuyant sur la multitude de sources hétérogènes véhiculant les représentations du passé soviétique, le travail révèle les raisons et les mécanismes de l’évolution de la mémoire du passé soviétique en Russie, ainsi que son rôle politique et social. Le travail démontre que la mémoire du passé soviétique a joué un rôle important dans la légitimation symbolique du pouvoir de Boris Eltsine et de Vladimir Poutine et dans la construction identitaire de la société russe postcommuniste, tout en soutenant le glissement progressif de la Russie vers un régime autoritaire. En effet, malgré des oppositions marquées entre les différents régimes politiques qui se sont succédé, la tradition d’un usage politique du passé perdure, le passé soviétique restant un enjeu de pouvoir majeur en Russie. Aussi bien à la fin de l’époque soviétique qu’au début des années 2000, le passé national a été entièrement réinterprété et reconstruit. Toutefois, la mémoire collective du passé soviétique représente également un cadre contraignant qui limite les choix institutionnels et les décisions du pouvoir. Dans la mesure où la mémoire est porteuse de références politiques, économiques et sociales, elle crée des effets de dépendance au sentier, favorisant la reproduction de schémas de fonctionnement politiques, économiques et sociaux hérités du passé soviétique.

    Anaïs Laacher, Afficher sa souveraineté, thèse soutenue en 2014 sous la direction de Bertrand Badie, membres du jury : Thomas Lindemann (Rapp.), Jean-Marc Marill    

    Pays fragile par excellence, le Tchad, dont le niveau de développement est parmi le plus bas au monde, pourrait se résumer par la formule d’Helman et Ratner utilisée dans leur article Failed States paru en 1994, comme un État « simplement incapables de fonctionner en tant qu’entités indépendantes ».Alors pourquoi a-t-il demandé le retrait de la MINURCAT, la mission de sécurisation européenne et onusienne déployée sur son sol en 2008. Nous postulons que la conséquence négative de la relation entre ces deux acteurs, matérialisée par l’exclusion de la MINURCAT, est à chercher dans une étude de la nature des espaces de rencontre et leurs effets, directs ou indirects, sur le Tchad. En effet, cette thèse met l’accent sur le caractère systémique du lien social entre le Tchad et les Nations unies et entend ainsi catégoriser les espaces de mise en relation comme un système à trois variables : la socialisation, l’éloignement et la rupture. L’analyse de la rencontre en termes de « spatialité » permet l’étude du lien entre « les temps et les lieux symboliques de l’interaction », qui donne la possibilité d’établir les motivations d’agir et les modes de formulation. Ces derniers consacrent l’établissement d’un nouveau langage : celui de la revendication d’une souveraineté qui ne soit pas de façade et de sa reconnaissance par la communauté internationale. Il conviendra d’étudier, d’une part, la formation progressive de cet espace de jugement et, d’autre part, la volonté manifeste de contrer le déni de reconnaissance qui permet au Tchad d’achever son rapport à sa souveraineté.

    Sonia Le Gouriellec, Régionalisme, régionalisation des conflits et construction de l'État : l'équation sécuritaire de la Corne de l'Afrique, thèse soutenue en 2013 à Paris 5 sous la direction de Pascal Chaigneau, membres du jury : Alain Gascon (Rapp.), Daniel C. Bach et Fouad Nohra  

    En dépit de sa complexité analytique, la situation sécuritaire de la Corne de l’Afrique peut être soumise aux outils de la Science politique afin de mieux comprendre les interactions entre les différents acteurs. Cette recherche s’efforce d’analyser les ressorts d’une équation sécuritaire qui peut paraître insoluble : le régionalisme est-il aujourd’hui un prérequis à l’émergence d’une paix régionale ? Pour répondre à cette question il est nécessaire de comprendre quels rôles jouent les processus sécuritaires régionaux (régionalisation et régionalisme) dans la construction des États de la Corne de l’Afrique. Cette étude s’efforce d’étudier les interactions entre le régionalisme, fondement de l’architecture de paix et de sécurité continentale, la régionalisation des conflits, qui semble à l’oeuvre dans cette région, et les processus de construction/formation de l’État. Les rapports entre les trois termes de l’équation dépendent du contexte et des interactions entre les différentes entités composant la région (États, acteurs non étatiques qui se dressent contre eux ou négocient avec eux et acteurs extérieurs). Deux types de dynamiques sont mises en évidence au terme de cette étude : l’une endogène, l’autre exogène. Dans la première, nous constatons que les conflits participent à la formation de l’État. Ils sont en grande partie des conflits internes et montrent qu’il existe une crise dans l’État. Ces États dominent le processus de régionalisme qui tente de réguler la conflictualité régionale avec un succès relatif puisque les organisations régionales cherchent à renforcer ou reconstruire l’État selon les critères idéalisés de l’État wébérien vu comme source d’instabilité. Le processus exogène se caractérise par le rôle des conflits régionaux dont l’existence sert de justificatif au développement et au renforcement du régionalisme, perçu comme la réponse la plus appropriée à ces problèmes de conflictualités. Cette conflictualité a pour source l’État car celui-ci est perçu comme faible. Le régionalisme permettrait de renforcer les États et diminuerait leurs velléités de faire la guerre.

    Caroline Jochaud du Plessix, La norme en Terre sainte : le système européen face à la solution de deux Etats (1973-2012), thèse soutenue en 2013 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Zaki Laïdi, membres du jury : Alfred Tovias (Rapp.), Jean-Pierre Filiu  

    Nous mettons en exergue dans cette thèse le concept de système européen en politique étrangère (SEPE) comme outil pertinent afin d’analyser la politique étrangère européenne telle qu’elle fonctionne, et non pas telle qu’elle devrait fonctionner. Le SEPE – composé des politiques étrangères des États membres et de l’action extérieure de l’UE – met en valeur le dynamisme de la gouvernance européenne, issu des interactions entre ses différents agents et leur utilisation des normes européennes. A travers le SEPE, nous démontrons que la politique étrangère commune face à la solution de deux États s’explique par les usages que fait l’UE3 – la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni – de l’UE en politique étrangère. Ces usages sont au nombre de trois : fonctionnel, réaliste et normatif. Nous montrons que l’adoption puis la promotion de la solution de deux Etats résultent de la manière dont ils se saisissent de l’UE afin de répondre à un contexte international difficile, de la Déclaration de Copenhague de 1973 au vote à l’Assemblée générale des Nations unies de 2012 concernant le statut de la Palestine. Le déploiement et test de divers outils de politique étrangère, tels que la position d’envoyé spécial en 1996, illustrent l’usage fonctionnel de l’UE. Les usages normatif et réaliste de l’UE envers les Palestiniens rendent compte de l’adoption de normes financières et politiques très contraignantes, reflétant les intérêts communs de l’UE3. Ces mêmes usages leur permettent de promouvoir la reconnaissance de l’Etat d’Israël, et d’autre part, de privilégier leurs intérêts stratégiques avec Israël au niveau bilatéral grâce à l’expression d’un linkage politique au niveau communautaire.

    Georges-Henri Bricet des Vallons, L’entreprise de guerre au XXIe siècle : Les sociétés militaires privées dans la politique étrangère et la stratégie militaire des Etats-Unis, thèse soutenue en 2012 à Paris 5 sous la direction de Pascal Chaigneau, membres du jury : Jean-Jacques Roche (Rapp.), Alain Bloch et Joseph Henrotin  

    Les guerres d’Irak et d’Afghanistan ont vu la réapparition massive de sociétés de mercenariat d’un nouveau genre.Le mercenariat occidental est ainsi passé en moins de vingt ans de structures artisanales, arrimées à la politiquepost-coloniale des grandes puissances, à un stade professionnel et industriel tendant à une transnationalisationcroissante de ses activités. Des bavures de la célèbre Blackwater à l’implication d’employés de CACI dans lescandale de la torture au sein de la prison d’Abu Grahib, en passant par les activités de la tentaculaire Aegis, lessociétés militaires privées, omniprésentes sur le champ de bataille, ont rythmé et marqué le récit de ces guerresmajeures du début du XXIe siècle. Fait crucial : c’est la première fois dans l’histoire des opérations militairesaméricaines qu’on assiste à un basculement de la démographie des forces en faveur du secteur privé. Produit del’économie de guerre permanente et ramifications expéditionnaires du complexe militaro-industriel, ces sociétésreprésentent un changement d’expression de la puissance militaire étatsunienne sans précédent. Cettemercenarisation de l’american way of war est désormais une tendance structurelle de la politique étrangère del’Empire et pourrait bien révolutionner à terme le visage même de la guerre. Cette thèse trace le récit historique deces armées privées, décrit les conditions politiques qui ont permis à ce nouveau marché de la guerre d’émerger etse propose d’analyser la portée sociopolitique de ce phénomène de mondialisation de la violence privée quant à laquestion de l’Etat. Cette question du retour du mercenariat à grande échelle dans la politique étrangère des Etats-Unis permet non seulement de former une hypothèse aiguë sur le déclin de la puissance militaire américaine maisaussi sur les évolutions de l’identité sociohistorique du monopole de la violence étatique.

    Mélanie Cathelin, Le rôle international d'un État , thèse soutenue en 2008 à Bordeaux 4 sous la direction de Daniel Compagnon  

    Les transformations de l'environnement international engendrées par la fin de la "guerre froide" ont de profondes répercussions sur la politique canadienne de maintien de la paix. En croisant les apports du constructivisme sociologique en relations internationales et ceux de l'analyse néo-institutionnaliste des politiques publiques, ce travail se propose d'identifier les possibilités de changement et de redéfinition des rôles dévolus aux acteurs étatiques dans la mise en oeuvre de leurs politiques étrangères. Le maintien de la paix est une pratique historiquement constitutive de l'identité politique canadienne, ce qui s'est traduit par l'instititionnalisation d'un certain rôle du Canada sur la scène internationale. La pratique canadienne du maintien de la paix s'est trouvée singulièrement affectée par les expériences des militaires et des diplomates sur les terrains africains, particulièrement dans l'Afrique des Grands Lacs. Les apprentissages tirés de ces expériences ont contribué à redéfinir le rôle du Canada dans le maintien de la paix, tout en ouvrant de nouveaux espaces pour les décideurs sur la scène internationale. Les formes prises par la politique canadienne du maintien de la paix au début des années 2000, caractérisées tout à la fois par une plus grande sélectivité et par la recherche de niches de spécialisation, nous renseignenet sur les modalités de reconfiguration des rôles des acteurs étatiques sur la scène internationale. La mobilisation du concept de rôle autorique ainsi à rendre compte de l'imbrication étroite existant entre les structures institutionnelles d'un espace particulier et les stratégies mises en oeuvre par les acteurs au sein de cet espace.

  • Wendy Yasmine Ramadan, La grande stratégie de la République islamique d’Iran : le cas des négociations sur le programme nucléaire iranien (2003-2015), thèse soutenue en 2022 à Paris EHESS sous la direction de Stéphane A. Dudoignon et Thierry Balzacq, membres du jury : Delphine Allès (Rapp.), Jean-Vincent Holeindre (Rapp.), Nathalie Burnay, Amine Aït-Chaalal et Hamit Bozarslan  

    Cette thèse de théorie des relations internationales (RI) a pour objectif d’étudier l’influence de la situation géopolitique de l’Iran sur la pratique de la grande stratégie iranienne par les élites politiques de la République islamique d’Iran (RII). Par grande stratégie, nous entendons les politiques à travers lesquelles un État définit son rapport à la scène internationale. Nous avons donc exploré les contraintes systémiques que génère l’appartenance de l’Iran à un type de région géographique, ici, le Moyen-Orient, et que les géopoliticiens nomment « shatterbelt » (et dont les unités sont les « États pivots »). Ces régions possèdent des atouts stratégiques, militaires, économiques ou idéationnels, qui sont convoités par au moins deux grandes puissances. Ainsi, les « shatterbelts » sont prises dans le chevauchement de sphères d’influence. Les effets structurants de l’expérience de « pivot » en République islamique d’Iran constituent l’un des principaux résultats de cette recherche. À l’aide d’outils d’analyse qualitative – les idéaux-types wébériens construits sur l’exploitation de travaux d’historiens –, nous avons développé l’idée selon laquelle les élites politiques de la RII héritaient de leurs prédécesseurs d’un « dilemme de sécurité », ainsi que d’un répertoire d’action collective pour le gérer. Ce répertoire de référence se décline en trois postures principales : « Manœuvrer dans l’ordre des puissances », « Contester l’ordre des puissances », « Se conformer à l’ordre des puissances ». Chacune de ces trois postures comprend un éventail d’actions.Nous avons identifié les traces de cet héritage à travers notre cas d’étude relatif aux négociations sur le programme nucléaire iranien (2003-2015). Le répertoire d’action collective de référence structure, jusqu’à un certain point, les élites politiques de la RII. Nous avons aussi eu l’occasion d’observer des innovations de répertoire, ainsi que des pratiques tout à fait extérieures au répertoire référentiel de l’Iran. Néanmoins, l’étude de cas nous a informée d’une incontestable inertie des manières de voir et de faire, qui s’explique par l’héritage d’expériences et de perceptions transmises depuis l’ère de Reza Shah. Enfin, il ressort que la culture stratégique iranienne du « pivot » semble, par certains aspects, caduque et inadéquate aux évolutions de l’ère post-11 septembre (renforcement des régimes internationaux de « lutte contre le terrorisme » et de non-prolifération nucléaire ; interdépendance économique croissante ; évolution de la sécurité), si bien que l’Iran ne dispose plus d’une marge de manœuvre véritable dans la compétition entre les grandes puissances.Cette thèse, qui valorise une approche systémique, apporte un argument alternatif au discours dominant selon lequel les déterminants du comportement de la RII trouvent principalement leurs sources dans les facteurs internes à l’État (nature du régime, culture religieuse chiite des élites politiques etc.). Dans le même temps, le concept de « pivot » valorise les phénomènes de hiérarchie dans le système international, par opposition au principe d’anarchie sur lequel se basent les deux grandes approches systémiques des RI, à savoir, le réalisme structurel waltzien d’une part, et le constructivisme conventionnel, d’autre part. Ainsi, nous rendons hommage à la géopolitique, qui a pensé, dès sa genèse disciplinaire, ces phénomènes dans le cadre d’une vision différenciée du système international. À travers l’étude d’un cas spécifique, que représente la grande stratégie de la République islamique d’Iran, ce travail constitue une première pierre à une étude comparatiste de la grande stratégie des États pivots.

    Adrien Schu, De la guerre à la paix : une explication clausewitzienne de la cessation du recours à la violence, thèse soutenue en 2015 à Bordeaux sous la direction de Dario Battistella, membres du jury : Thomas Lindemann (Rapp.), Jean-Vincent Holeindre (Rapp.), Benoît Durieux  

    Ce travail de thèse a pour ambition de proposer une nouvelle explication dubasculement de la guerre à la paix. Nous débutons notre recherche en nous intéressant, dans unepremière partie, à la définition de la guerre et de la fin de la guerre. Nous défendons alors l’idéeselon laquelle la guerre, conçue comme l’une des phases alternatives des relations bilatérales entregroupes sociaux, prend fin dès lors qu’au moins l’un des deux belligérants aux prises cesse derecourir à la violence. Nous établissons ensuite une typologie des différentes modalités de la fin dela guerre : nous posons qu’un belligérant arrête d’employer la violence soit parce qu’il n’en est plusphysiquement capable (nous parlons d’incapacité physique), soit parce qu’il en a pris la décision(nous parlons de renoncement politique). Nous soutenons l’hypothèse selon laquelle seul lerenoncement politique conduit à la continuation des relations entre groupes sociaux et donc à lapaix.Dans une seconde partie, nous nous réapproprions l’opposition introduite par Clausewitz entre laguerre absolue et les guerres réelles afin de mettre au jour notre propre explication du renoncementpolitique. La notion de guerre absolue nous permet de démontrer que le renoncement politiquen’est possible qu’à condition que l’Etat valorise davantage un intérêt autre que celui à l’origine deson recours à la violence. Nous proposons finalement qu’un Etat prend la décision de renoncer àla violence quand il ne pense plus pouvoir réaliser l’objectif politique qu’il poursuit violemmentsans nuire de façon inacceptable à un intérêt qu’il juge plus important.

    Manon-Nour Tannous, Un bilatéralisme de levier : les relations franco-syriennes sous les deux mandats de Jacques Chirac (1995-2007), thèse soutenue en 2015 à Paris 2 sous la direction de Serge Sur, membres du jury : François Burgat, Jean-Claude Cousseran, Julian Fernandez et Henry Laurens  

    Le présent travail vise, par une documentation renouvelée, à comprendre la relation entre une puissance moyenne mondiale, puissance agissante au Moyen-Orient, et une puissance moyenne arabe. L’arrivée au pouvoir de Jacques Chirac en 1995 correspond à la mise en oeuvre d’une nouvelle politique envers Damas. Hafez Al-Assad perçoit l’opportunité de cette ouverture. Les rapports entre les deux pays permettent de nombreuses réalisations : imposition d’une vision commune sur la scène régionale face à la volonté américaine, modération de la politique de nuisance syrienne, ou encore mise en place d’une coopération pour une réforme administrative en Syrie. Mais ils sont également confrontés à plusieurs défis : le changement de président en Syrie, les tensions libanaises ou encore la guerre en Irak. Ainsi, à partir de la fin de l’année 2003, les relations franco-syriennes glissent sur un terrain nouveau. Faisant le constat de résultats insuffisants, notamment sur le terrain libanais, et de l’incapacité syrienne à prendre en compte la nouvelle configuration née de l’intervention américaine en Irak, la France utilise le cadre multilatéral onusien pour faire pression sur Damas. Un bilatéral minimal et conflictuel se cristallise alors autour de l’intérêt qu’ont les deux pays pour le Liban. Après l’assassinat de Rafic Hariri en 2015, ce bilatéral se judiciarise. Ces fluctuations des relations franco-syriennes nous ont conduits à réinterroger la notion de bilatéral. Nous avons proposé le concept de « bilatéralisme de levier » : il s’agit de l’instrumentalisation de la relation entre deux pays pour des objectifs indirects. En nourrissant des relations bilatérales et en mettant en place une habitude de traiter avec l’autre, la France et la Syrie cherchent en réalité à obtenir des gains et une position sur la scène régionale ou internationale. Ce détournement de la relation bilatérale explique qu’elle n’ait pas pu s’inscrire dans le temps long.

    Julie Chapuis, Reconstruire le Sud du Liban, se reconstruire au Liban , thèse soutenue en 2015 à Paris EHESS sous la direction de Hamit Bozarslan  

    Cette thèse se propose d'interroger le système de domination du Hezbollah dans son rapport à l'État et à la société, à travers son investissement dans les reconstructions qui se succèdent au Liban depuis la guerre civile. En ce qu'elle constitue à la fois une ressource d'allocation et une ressource d'autorité, la reconstruction sollicite tout ou partie des secteurs résistants (muqâwama, mumâna'a, sumûd) qui structurent le système Hezbollah, et tout ou partie des espaces de pouvoir (militaire, politique, social) dans lesquels il s'objective, selon les périodes et les échelles spatiales observées. En examinant ces interactions entre les secteurs, les espaces de pouvoir et les acteurs en jeux, et en partant du « syndrome des communautés spécialisées » qu'Ahmad Beydoun a identifié pour décrire la répartition communautaire des prérogatives étatiques de «souveraineté nationale», de «libération» et de «reconstruction», cette étude montrera si et comment le Hezbollah a remis en cause cet agencement, à partir du Sud-Liban qui sollicite tout particulièrement ces trois pouvoirs.

    Grégory Daho, Une revanche des généraux : l'institutionnalisation de la coopération civilo-militaire en France, thèse soutenue en 2013 à Paris 1 sous la direction de Michel Dobry, membres du jury : Didier Georgakakis, Sandrine Lefranc et Frédéric Ramel  

    Notre objet de thèse est l'émergence des activités civilo-militaires en France depuis la fin de la guerre froide. L'ensemble de ces activités vise à coordonner les relations entre les organisations militaires et les acteurs civils sur une zone d'intervention, qu'ils soient locaux (autorités politiques, religieuses et morales, populations, entreprises et associations, administrations, relais d'opinion) ou allogènes (OI, ONG, Agences des Nations Unies, bailleurs de fonds, entreprises, Services ministériels). A partir de l'observation des interactions entre organisations militaires et civiles ayant contribué non seulement à la formalisation du «concept» civilo-militaire mais surtout, à sa matérialisation en une «fonction opérationnelle», et au moyen d'outils sociologiques empruntés à différents courants (sociologie des relations internationales, sociologie militaire et sociologie des organisations), l'enjeu est de comprendre où, avec qui et comment, la coopération civilo-militaire s'est progressivement institutionnalisée au point de devenir aujourd'hui un outil ordinaire de gestion des crises internationales.

    Nebras Naja, Système constitutionnel libanais et confessionnalisme, thèse soutenue en 2004 à Paris 5 sous la direction de Jean-Pierre Machelon