Présentation de l'éditeur
Comment une institution prend-elle son essor en période de guerre civile, de conflit politique et religieux ? Comment l’information politique et diplomatique circule-t-elle dans le champ de force des relations internationales de l’Europe de la première modernité ? Quelles techniques administratives nouvelles les souverains mobilisent-ils pour faire face aux contestations radicales et violentes de leur légitimité ? Quel rôle, enfin, l’administration joue-t-elle dans la mise en ordre politique d’une réalité rétive et oppositionnelle ?
Jérémie Ferrer-Bartomeu pose ces questions à la foisonnante production écrite des hommes de plume de la monarchie des derniers Valois et du premier Bourbon et relit l’histoire politique de la première modernité. Il montre comment ce conflit civil puis européen devint le creuset d’une nouvelle gouvernementalité. Au bruit des armes s’ajouta progressivement le crissement de mille plumes au renfort de la gloire du roi, participant ainsi à la réduction à l’obéissance et à la pacification d’un royaume déchiré par la guerre. Secrétaires de la main, des commandements, clercs du secret et du conseil privé, espions, transfuges et grands officiers allaient former le socle de l’État.
Temps de chaos et de confrontation politique et religieuse, le second XVIe siècle est ici relu comme une séquence d’innovations administratives majeures. Les professionnels de l’écrit forment la pointe avancée de la société politique. Ils contribuent à l’élargissement des domaines d’intervention de l’État et assurent, concrètement et quotidiennement, l’exercice de l’autorité. Cette république européenne des bureaux en formation traduit la mise en circulation transnationale de savoirs administratifs et le transfert de modèles de gouvernement entre puissances adverses et alliées.
Jérémie Ferrer-Bartomeu est docteur en histoire moderne de l’École nationale des chartes et ancien membre de la Casa de Velázquez. Il est actuellement chargé de recherches du F.R.S.-FNRS à l’université de Liège (UR Transitions) et à l’université catholique de Louvain (GEMCA).