Présentation de l'éditeur
Comment expliquer la survie des États de facto, ces régions séparatistes qui échappent au contrôle des capitales et qui proclament leur indépendance sans pour autant obtenir la reconnaissance internationale ? Bien qu’ils possèdent les attributs étatiques, ils sont considérés comme des « trous noirs » et restent de ce fait invisibles et isolés aux yeux du monde entier.
Alors que la plupart des écrits se concentrent sur l’impasse diplomatique et les jeux de pouvoir géopolitique, l’auteure, sans nier l’importance de ces facteurs, met en lumière les processus internes de ces anomalies du système international. Elle montre comment ces entités politiques fabriquent une capacité économique et institutionnelle ainsi qu’une identité collective, qui, au fil du temps, réussissent à institutionnaliser les États de facto et à les ancrer dans l’imaginaire collectif.
Appuyée par une impressionnante documentation et une connaissance intime du terrain – notamment en Abkhazie et en Transnistrie –, l’auteure rompt avec l’image de simples marionnettes d’un État-patron. Ainsi, malgré le gel des conflits dans une situation qui se maintient entre guerre et paix, la construction des États de facto se poursuit et confère à ces derniers un certain degré de légitimité.
Cet ouvrage remarquable présente une lecture fort originale du monde postsoviétique.
Magdalena Dembińska est professeure au Département de science politique et directrice académique du Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CÉRIUM).