Présentation de l’éditeur
"On ne peut poursuivre un développement infini dans un monde fini." Partisan dès les années 1930 d'une limitation volontaire de la croissance économique, Bernard Charbonneau (1910-1996) voulait faire du "sentiment de la nature" au sein du personnalisme ce qu'avait été la conscience de classe pour le socialisme. Selon lui, l'homme a autant besoin de nature que de liberté, mais la civilisation techno-industrielle menace les deux.
Dans ses nombreux livres, il fustige la standardisation des goûts et les méfaits d'une agro-industrie provoquant la triple éradication des paysans, des paysages et des nourritures savoureuses. Il souligne le paradoxe du tourisme de masse qui correspond à un désir authentique d'échapper à l'enfer urbain, mais qui saccage les espaces découverts par les pionniers et entraîne ce à quoi le touriste voulait échapper : la promiscuité, le béton et la réglementation. La croissance mène à une impasse et Charbonneau fut le premier à le dire en France. Sa pensée écologiste, humaniste et ironique constitue une joyeuse invitation à la réflexion et à l'action.
Patrick Chastenet est professeur émérite en science politique à l'université de Bordeaux et président de l'Association internationale Jacques Ellul. Ses récents travaux portent sur la démocratie, le personnalisme, l'écologie politique et la pensée anarchiste. Il a notamment publié Introduction à Jacques Ellul (La Découverte, " Repères ", 2019), Les Racines libertaires de l'écologie politique (L'Échappée, 2023) et À contre-courant. Entretiens avec Jacques Ellul (La Table ronde, " La petite vermillon ", 2023).
Sommaire
Introduction
I. Le précurseur (français) de l'écologie politique
Témoin de la " Grande Mue " (1910‑1939)
Un enfant rebelle qui étouffe en ville
Bernard Charbonneau et Jacques Ellul
Les années personnalistes
Le groupe de Bordeaux des amis d'Esprit
Encadré : Couper le nerf publicitaire
Encadré : Révolutionnaires malgré nous
Le sentiment de la nature, force révolutionnaire
Encadré : " Le progrès contre l'homme " [1936]
Encadré : " Le sentiment de la nature, force révolutionnaire " [1937a]
Un divorce et un mariage
La traversée du désert (1939‑1969)
Par la force des choses
Le jour d'après
Un agnostique chez les protestants
Le feu vert (1969‑1996)
Après nous le déluge
La Gueule ouverte
Combattre pour la nature
Défendre la côte aquitaine
Un écologiste pas comme les autres
II. Une conception tragique de la liberté
Un rapport paradoxal avec la nature
La nature est l'un des noms de notre liberté
Choisir la liberté plutôt que la servitude
La liberté c'est quelqu'un
Encadré : Pierre Teilhard de Chardin. Prophète d'un âge totalitaire [1963]
Encadré : Le style c'est l'homme
L'homme en son temps et son lieu
L'enracinement
Une pensée élitiste ?
Encadré : Le Grand Inquisiteur
Anarchiste ?
Encadré : Prométhée réenchaîné [1972d]
III. Une critique du totalitarisme industriel
Contre l'industrie touristique
Le tourisme détruit tout ce qu'il touche
Le tourisme de masse est inséparable de la société technicienne
Comment en sortir ?
Contre la bouffe industrielle
La perte du goût
Que faire ?
Contre la civilisation de la bagnole
Comment pourrait-on flâner juché sur un obus ?
L'homme, c'est le piéton
IV. Une critique du développement exponentiel
Le développement abîme la ville comme la campagne
La loi du changement
L'air de la ville ne rend plus libre
La campagne n'est plus
La monoculture
Retrouver l'équilibre
Le développement accéléré renforce l'organisation
Le système ou le chaos
Encadré : Ultima ratio [1986]
La science moderne dans une société technicienne
L'homme augmenté
Reprendre le contrôle ?
Se réformer soi-même avant de réformer le monde
Un autre rapport à la science et à la technique
V. Une autocritique du mouvement écologiste
Les origines
Envers et contre (presque) tous
La mouvance écologique
Écologie et christianisme
Le christianisme joue dans les deux sens
Les contradictions
Les dérives
Fascisme vert versus néolibéralisme
Réfléchir au milieu des flammes
Tous écologistes ?
Un projet de société
Une communauté écologique
Une politique écologiste
S'autolimiter
Encadré : Dimanche et lundi [1966b]
Conclusion / Penser dans une maison qui prend feu